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PATHOLOGIE DE LA LIBERTE Essai sur la non-identiication. Une analyse de la situation de l'homme dans le monde nous avait révélé, dans les grandes lignes, les conclusions suivantes * ‘Ala différence de animal qui connait d’instinet le monde matériel ‘qui lui appartiont et qui lui est néooseaire — ainsi Poisean migrateur le sud, et In guépe, sa proie — l'homme ne prévoit pas son monde. Ti n'en @ qu'un a priori formel, Tl nest taillé pour aucun monde ‘matériel, iL ne peut Vantieiper en sa détermination, il doit bien plutet apprendre & le eonnaitre e aprés coup x, a posterior, ita besoin de Peepérience, Sa relation avee une détermination de fait du ‘monde est relativement faible, ilse trouve dans l'attente du pos- sible et duu queleonque, Auoun monde de méme ne lui est effective ‘ment imposé (comme par exemple & tout animal un miliea spéci fique), mais il transforme plutat le mondeet édifie par dessus cei selon mille vatiantes historiques et en quelque sorte en tant que superstructure, tantét tel « monde second », tantét tel autre. Car, pour en donner une expression paradoxale, Vartificalité est ta nature de Thomme et son essence ext Pinstabilité, Les constructions pratiqnes de homme, mais tout autant ses facultés théoriques de rwprésentation, témoignent de son abstraction. 11 doit, mais aussi il peut faire abstraction du fait que le monde est tel qu'il est : car ‘st Iui-méme un étre « abstrait-» : non seulement: partie du monde (est de eet aspeot quo traite le matérialisme), mais il est, eussi ‘exola » de lui, « non de oe monde ». Liabstraction — la lberté done vis-i-vis du monde, le fat d’8tre taillé pour In généralité tle quel- ‘cong, la retraite hors du monde, la pratique et la transformation de ‘ce monde—estla catégorie anthropologique fondamentale, quirévéle aussi bien Ia condition métaphysique de Phomme que son 25,25, 1. tne intnptation de Pa prio, Rooker PMlisophiguen, YY, 65 6. Stem, — pantorocre De 14 tinier 3 ‘80 productivité, gon intériorité, son libre arbitre, son historicité ‘Lehomme prouve en tons ses actes sa liberté vis-a-vis du monde, ‘Mais en aucun aussi exprestément qu’en Facte de se retrancher en soi. Car il prend maintenant en main par eelui-i le destin de sa rup- tiure avee le monde, il Vintensife jusqu’a en faire une actuelle porte du monde, il compense le monde par eoi-méme. Ce qui vasuivre pro- fede de cette exptrience de soi et des péripéties de cette « conscience ‘alheureuse » comme dit Hegel. Elle se raménera en une premiére partie & la description du Nihiliste simplement, de "homme qui, parce que tantét libre et tantét non, tantét de co monde et tantét ‘non de ce monde», perd la possiblité de identifier avec lui-méme. Cet Schee de identification sera rendu manifeste par une analyse des dats dame nibilistes, En une seconde partic on opposera at tableau du nihiliste une antithése, celle de Phomme historique. En tune conclusion, en place de aynthése, la problématique sera mise ‘en question en tant que telle ; et on tentera de déterminer si cette ‘question relative & l'anthropologie philosophique, de savoir e& que homme en général pourrait étre, est, selon cette formule, justifée 1. Tuise : tamceac pu Nuwuisrs 1. Le choc du contingent : « Que je suis précisément moi-méme », itdentifcation du Se et son échee. IL n'est pas névessaire & Thomme daccomplir un acte expres «d's auto-position », d'«anto-production »( exprescions qui reviennent sans cesse dans Ja philosophic transcendentale, partiouligrement chez Fichte) pour obtenir la garantio ot le couronnement de sa liberté. La faoulté de faire abstraction du mondo, qui se révéle dans Ia retraite de Vhomme en Ini-méme, prove assox de liberté dja. Mais les expressions existent avee toute leur excessive prétention. “Ht elles dissimulent Vensemble de diffcultés et d’antinomies qu’en- traine oct acte libre do retraite on sol: c'est-d-dire le jait paradaral ‘que si homme ne ae découere que librement, par un acte émanant Wbrement de lui, it se décowere précisément comme non libre, comme ‘non déerminé per Tui-méme. Ce caraetére de Ia « non-position par soi-méme » a un aspect double. D’une part Vhomme qui se 4 [RROHROHES PmLosorATQUES trouve Ini-méme dans 'état de Liberté so déoouvre en tant « qu’exis- tant ld dés auparavant », en tant que « livré », « condamné » & Iui- ‘méme, en tant que non « constitué par sol », en tant que véritahle présupposition irrévoeable de Tui-méme, en tant que partie du monde, en tant qu'a priori de soi défiant toute liberté ultérieure. En tant que somme de tont co contre quoi le terme d’Amor faté tente de s’élever. D'autre part et cela est en corrélation étroite avee le premier point, cot isrévocable apparait en sa qualité commo quelque chose d'absolument queleonque, L'homme s'expérimente fen tant que contingent}, en tant que queleonque, en tant que «mi ppeéciadments (tel qu'il ne s'est pas choisi); en tant qu’homme qui fst préciadment tel qu'il est (bien qu'il puisse étre tout autre) ; en tant que provenant d'une origine dont il ne répond pas et avee laquelle il a copendant & s'identifer ; en précixément que « ici», en tant que « maintenant », Ce paradoxe foncier de V'appartenance réeiproque de la liberté et de Is contingenoe, ee paradoxe qui est ‘une imposture, le don fatal de la Liberté, «'élucide de la fagon sui wante, Bire libre, cola signe : tre étranger ;n'étre ié rien de précis 5 n’étre taillé pour rien de précis ; se trouver dans horizon du quel- conque ; dans une attitade telle que lo queleongue puisse étre @ussi renoontré parmi d'autres queloonques. Dans le queleonque, que je puis trouver grico A ma liberté, o'est aussi mon propre moi que je rencontre ; de méme, pour autant qu'il est du monde, il est étranger | luiméme, Reneontré comme contingent, le moi est pour ainsi dite ‘viotime do sa propre liberté. Lo terme de contingent doit par eons quent désigner ces deux earactéres: «la non-constitution de soi par soi » du moi ot son « existonce précisément telle ot ainsi ». Ceci est vvalable pour tout ce qui va suivre ® 1. ce: Taaexose, Die Baden der Bagi der Kotingens, ure compiler, Bait. Te mee “ liga pent mn Gnetgoe que nous avons ilalement gin lle so rapport lie sist 8 naires J sr an pope formation” Lexpsion feelers owe do pi, Aout Sout ltd comingon ae "is scvlent Ie mal! expan part, rompecm, Car chan Mle etchant 60 done aa esac ogy 8 Iivroneneidenel (ain ol Tl apparienaenttoujure) ett forme Je x penal {lke al nest ps beclement stone) Une ponition pate 6 Stern, — ratuoxocre px oa uumesrt 2. Formulation du choc du contingent; jalsifiation de eelwi-ci. «« Pourquoi », demande Schopenhauer en ses Tagebicern ? « To ‘maintenant est-il done précisément maintenant ?/» Ceci est une ‘question de contingence typique. Car Schopenhauer ne désire pas de réponse ; la question n'est rion autre que le choe formulé. TEL oependant la traduction du choe (« que je suis précisément ‘moi-méme «) en tne proposition interrogative — et c'est sous cette forme seulement que le probléme de la contingence apparait dans histoire de la philosophie — nous semble émaner déja d'un point do vue théorique, et nous parait falifge, Le choe véritable ne peut te formaler qu’en une sabordonnée anacoluthe, il est beaucoup trop fondamental, beaucoup trop absurde pour qu'on y puisse donner tune réponse. Car seules sont susceptibles de réponses les questions ‘qui se présentent comme formulations des lacunes qu'un contexte, Jnoontestable en lui-méme, peut comporter. Mais dans le eas du choo de contingence oe contexte ot von état non problématique sont précisément ébranlés, Plus ilégitime encore que de traduire le chioe ‘en un énonoé interrogatf serait dele transformer en un jugement de lo rendre par exemple par la proposition « je ne suis pas moi- ‘méme », que Von peut rencontrer telle ou semblable en ce nombrewses formule imitées de Hegel. Tout jugement, méme le jugement dia- Tectique, constate, Mais la constatation qui est & ln base du choo est ‘précisément eelle-ci : que moi malheureusement, cependant, je suis ‘cependant moi-méme, Traduisons : «je suis moi-méme ». 'A coup sfir, le jugement connait ini aussi en tant que tel une rupture, la distinction entre S et P. Mais cette coupure présuppose, bien qu'il soit possible de transformer ow d’éhanger le prédicat, identité du sujet aveo Iui-méme, Crest précisément cette identité ‘qui va se trouver ébranlée dans la subordonnée, Car ce qui choque ddansle choc oe nest pas méme tout d’abord le fait «que je suis ainsi ‘ounon, mais précisément lo fait quecmoi-méme, jesuismoi-mémer. — Liintention de formuler cot état de choses par une formule dia- Tectique se heurte au fait que dans la logique dialectique, Ie « est» signifie presque toujours un « devient », la transformation d'une ‘détermination en une autre, par Vintermédiaire d'une phase do 1, Bakon Dessoen, 1 26 RRCITEROHES ranLosorHQUES transition en elle-méme ambigué, Il n’en peut étre question dans notre eas, Co qui IA n'est qu'une phase de transition plus ou moins équivoque devient le théme de notre recherche, 3. Extension de ce qui eat matiére de contingence La contingenoe que le Je déouvre en Ini-méme ne doit. pas " poor tne sapere paceman logy qu pour ie sdilncnent ‘applique 8 tour lor asm objet Ce qu st fue Carlo gral jou ene Ii iireatn doa see aitrnts utes cer Tanimal par exemple que chee homme) sll ne deviant on aba os want quer tappore a iaivetation ft la spsintion, do ttle oe yd Toe, das tones gantenx poms pou haguo laws ‘bjot ue eet et uno dni eaten. homme Ee pon em um so tran m liso pag sl tne ae fore op ‘deo pedvua ovalublo on inde oan gut iuilquont I ve quetidenne edi, mlon de nombee type aiente L"homne et a pl « homme > fun tout ast one quo Pasi et spose «neuen» a Inder nt ‘luna sie peloont In uncalite d apt danse premorYensembe Sox ROmrenss spetfcatons de ganged Cf pure mente beaucoup pls gus (des varantes arlementeanpanguee dunes bomanite" aprorige en lleméae ‘Gest io faie do Im variations et'nom paste conatante du vaca, ul dito ‘Seduopologipilosophiqs, To nplasquesnt humain. Par cela, est vex. ‘qvigu show tun de él eat enor exprimds Dans quelle speaure une dtee ‘Binalion gindrale eat vaabie® fat do tee Sd maean onde iP pies mate, de nto nil evr avean ‘monde, dp navote mune diteriination privon, done lve inddarming, dense ‘Fromm eaonitlement aint que nour fevone monte allem, Recherches hi Thpin, TV) te ents pen qu erin ine an pa Pre eta pint da on he‘seut pa lier ener ¢n mi toma Vindterninds Le cae diet i ‘Ferpltu'Uinstabs et Pindtenmionion de 20m ego ne sae en aver atoune dcemination st ul confond maw come Tindeatis peat avec eco tonnes purest» qu ne weut ren ure queso trouve lame en sone le ‘lor fos en note ape Nour whenaveae per par ie ele &oroduie a ‘een, oo ds mlvant» poe Pathog np ‘Now Avous consence de nous fave aa Tavoca du conopt de typ emo96 ce ton dens tov sue vague Le eiiqur quaon sean A ine Stvoie qu'il ta pasa iractare anivoqne days, on devrae fe tyaamette & {ing auf inant, La elm cows bon Dieu ove logue le islgiat 1h insu propos do son cliguc le mathemati at veal el uss ‘S:'Tecontel sent pas exe parte ploial, Ie question te sao 9 une hee teritginiale bu spate pourait kee arti coma non plowphie {eres Fentepise phlonophigu, novo A une glndraeé moyenne event Instaio sn ranongantprtendre au genralelle no eit ps fuga ul Spal eg geen npr doles acer, Use iu xa do Erne dna Ta sehen hserigu I oh sm daouvre agus om in dace ae couaiionnent et omiget mataniement ca Fela sl wlan, gr did dog do speietion et oa ci “E'tee doounents ‘Shon que fon ddcouvr 6. Stem, — rannotocrn De 1A neers an 5. La honte comme réaité de la conscience du contingent, ‘et comme forme classique de ta dissimeulation de cllec. ‘Nous revenons ainsi & la contingence. Li'tat- de choo du contingent, comme attitude dans Is vie, et épouillé autant quill est possible de tout earactére choquant, 86 nnonaume fa honte. La honte n'est pas & Vorigine honte avoir fait cect fn cela, bien que cette forme de la honte signifie déja que je ne m'identifie pas aveo quelque chose qui émane de moi, mon action, ‘et que copendant je devrais, cest-i-dire par contrainte, m’identifier avec elle. Le fait d'@tre eapable de cette honte morale spéciale cexige Iui-méme déja comme condition formelle le fait. que je suis ‘en méme temps identique et non identique avec moi-méme 5 le fait (que je ne puis pas sortir de ma peau, tout axdant que je puis la conce- ‘oir comme tele ; quo je me rencontre dans la liberté de Pexpérience de soi — mais en tant quo non-libre. La honte ne nait pas de cette incongruenee, mais celle-o est ello-méme déjala honte. Dans la honte le moi veut se libérer, dans Ia mesure ott il se vent définitivement cot ierévocablement livré & Iui-méme, mais, ot qu‘il s’enfuie, il demeure dans l'impasse, il demeure & Ia merci de Pirnévocable, done de Iui-méme, Et copendant homme fait en eela une découverte : prévisément, tandis quil s'expérimente en tant que non-posé-par-so, il pressent pour la premiére fois qu'il provient de quelque chose qui n'est pas Jui ; il pressent pour la premiére fois le passé ; non pas eependant ce que nous avons coutume de nommer le « passé » : non pas le passé propre, familie, historique ; mais justement le passé totalement Stranger, imévocable, transcendant ; celui de Vorigine, L’homme pprosiont le monde dont il proviont mais augue! il nappartiént plus fen tant que moi. Ainsi la Konte est avant tout honte de Uorigine. 1. Los tata inn dont tra tats ph Ton, a qaengobe le terme alla o's Seam ne sont pan i orf s Monte pata pee al ‘Beat lon tant rota ot tant per Honte reel que om ety oe de ‘ope ator, done de tun come de pecan rt Se eet h {Mt sagt done Wan deat actif inbinene k whe exstenon, mom b uno ation. La Ihont'de art eat lo mor. La honte de Ie ee aver sgh rope et ‘tain partunishonte de Acta, tas Hote» doot test question ve done dutenct A el mi pase et pay ln pro abo on mh ak ost pe Ul gee heer vous ea 2) 2 ‘RBCHERCINES PHILOSOPITQUES Reportons-nous aux premiers exemples bibliques de la honte :& la coincidence de Is honte et de la chute, et & exemple des fils de Noé aqui vle visage détourné de honte » couvriront a nudité de leur pire. Bien que Torigine se présente comme oe que Von mest pas en tant que libre, et ce que Pon ne pourrait dire par un libre choix, Ia ceatdgorie de lorigine est une catégorie humaine caractéristique. animal n'a pas accompli le saut’ définitit (Sprung aus dem Ur- sprang) de Yorigine dans la libert6. TI demeure sans cesse lié & la 6alité dont il provient et demeure confondu en ell, de telle sorte ‘que celle-ci joue tout aussi peu comme réalité antérieure que l'ani- ‘mal no jouo un rile propre qua individuum, Pour cet ate seulement, qui est sdpané de la réalité dont il ‘provient, pour quicello-i n'est pas Ia pour Phommeseul, cette réalité ‘est quelque chose do particulier; elle est origine et en tant que tele elle fest en quelque sorte douéo d'une transcondance qui se présente sous aspect de 'antériorité, (Pranszendenz nach rackwarts.) Par homme seulement, la liaison aveo ee dont il provient peut étre maintenue. Co qui commence comme honte (Schande) se termine comme honneur : colui qui a honto retourne sans doute & lui-méme, Mais de le pouvoir, de ne pas demeurer en proie au monde, ave son héri- ‘tage de I'stre-prévisément-moi et de Vétro-aussi-du-monde, mais de pouvoir se reporter Anouveau A lui-méme, témoigne déja do la double ‘condition de l'homme : bien qu'il soit autre chose que lui-méme, iL ‘est cependant Iui-méme, Celui qui est dans l'état de honte fuit sans doute, mais 0° n’estque vers Iui-méme. Il voudrait, par honte, ren- tor sous terre, maisilnerentre qu’en lui. Jusqu’’ cw qu'il oublie, fier de pouvoir s'évader (en lui-mémo) lo motif qu'il avait de s‘enfuir (de n'@tze pas Tuiméme). Alors celui qui est dans Tétat de honte s'enorgueillt de son poucvir de dissimnlation. THe sublime etl falsifie son véritable motif qui s'était présenté comme le scandale de la hhonte dans l'éohee de identification. 11 jait maintenant de la mistre de la honte ne vertu, En le disimalant, il réhabilite le dissimulé sous Paspeet du secret, ou bien il en fait réserve, on tant quo son ‘moi expris et le plusintime,en tant quece qui m’appartiont expres- ‘sément et n'appartient qu’ moi, En dissimulant, il s'approprio co 2. Dale ct dns srg ct I She (ner eras) Ce ‘ie ln wpoct conn pes sisal hone, Hee cet approche ceo: Be ee ae aS ps Gt ns deat pn ms 6. Stem, — ramuowoats pe ra camer 33 quil faut dissimuler, co qui est du monde, ee qui est « commun » dans le monde, ce qu'il ya de « commun » aveo le monde, de telle sorte que cela devien’: maintenant ew privé »eble« propre». La lasi- ‘tuste de I’étre-précisément-mmoi-méme ot les motifs originaires de dissi- ‘mulation sont maintenant non seulement étoufféeet désavoués, mais ils sont Yoceasion d'un affermissement de soi-méme et Pune positive fierté. Lyhomme qui a ainsi transformé la honte nes'engage plus main- tenant en ce monde, il ne s'ofire plus lui, Ht ildémentaprés coup, en s'abstenant du monde, par Pendurcissement et par la pureté, Ie fait «tre venu au monde par contingence et Nimposture dela «mon- danité », Précisément & cause de cette happy end morale, Ia honte est indice le plus caractéristique. Hn elle, puisquela vie continue, 'sn jomie s'est transformée en un modus vivendi, Parmi beaucoup autres indices pareillement instructifs, le plus important est le dégoit de soi, car il présuppose dja Yaccoutumance du Je & Tui ‘méme, qui s'accomplit au cours de la vie, et done T'identification malgré Ini ». Le dégodt de soi est la protestation oocasionnelle contre cette accoutumance automatique du Je « précisément & Iui-méme ». A Tinstant of se produit le dégost, Ia vie prend pour ainsi dire la fonction d'un milieu externe, dans lequel le Je se trouve fourvoyé & perpétuité, Dans le dégotit de soi, on n’est pas est en quelque sorte dja un désaveu de ‘mon moi en tant que je libre ; et plus encore le plus-que-parfait, jusqu'auquel on peut encore remonter. Car le plus-que-parfait ‘annonce que « ce qui avait été I8, ce ne fut pas moi » Cette liberté doutouso de se poursuivre jusqu’au plus-que- ‘parfait, de faire comme si Y'on aovédait & co qui est en dessous de ‘soi, a maintenant un aymétrique dans la possibilité qu’ homme Gatteindre au futur antéricur, Cotte possibilité est-lle aussi tout fautant Te signe de sa liberté et de sa non-liberté ; elle aussi con- duit & I'écheo de V'identification de soi Le futur simple, pour commencer avee Iui, est Vindice le phos simple de la. liberté humaine. Que le futur soit la dimension de Vindéterminé, In dimension & Tintériour de laquelle je puis disposer, voila qui est un lieu commun, Que les philosophies qui, de Hegel & ‘Heidegger, proviennent de la théorie Kantienno do la liberté, soiont dos philosophies du Temps, voill qui est peu surprenant, ‘Mais en tant que Phomme no éalise pas cette liberté dans la prati- ‘que, en tant qu'il utilise Ia dimension du fatur pour outropasser son ‘Gtre-précisément-maintenant » (gerade-jetzt-Sein) contingent, en tant quil néserve toute énergie qui est néeesstée par Vexigeneo do heute, en tant qu’illa dépense pour réaliser la dimension comme tlle ‘et qu'lls engage de plusen plus, les mains lige, dansle sens positif duu ‘temps, ad infinitum — il compromet aa Iiberté: ear plus il poursuit, Aélaissant ses attaches, dansla direction del’avenir quo cette ibert6Iui faitentrevoir, plus ils'égaredansle domaine de 'indéterminé. L'avenie ‘inal prolongé se transforme qualitativement, il se renverse dialecti- jquement, et voici que tout & coup il n’est plus le propre futur de homme, Celuici s'égare en quelque chose qui ne lui est plus dispo- niible; & ce » temps» ne convient méme plus direction spécifique du. temps le sons posit i se raméne a quelque chose qui ne sera plus futur, bun niiy irrelevant au moi. L’homme certes peut encore penser ct indiquer Texistonce de oot aid, mais d'une maniére stérile, sans Je comprendre ot sans le réalizer; il est trop éloigns dle son horizon de vie propre et proche. 6. Stem, — rarnoroorn De 14 mri 3% Le « je-verai » s'est désormais changé.en un « co qui sera, jo nolo serai pas ». L’expression positive de cette formule est le futur anté- riewr :« Frat été», Que homme puisse déclarer « jfaurai été», qu'il puisee pour ainsi dire se suryivre & lui-méme en pensée, cela constitue un acto sux- prenant de liberté et abstraction do soi. Dans Io souvenir anti- Cipant, il evient a Iui-méme comme si n’état pas emprisonné dans le cadre de sa vie actuelle, comme s'il était capable de vivre #a vie par avance, de se transporter andl de eelle-i et d'en conserver la ‘mémoire ; une mémoire a laquelle il se reporte cependant en un rioment de sa vie présente, pour laquelle Ie futur est neutre désor- mais. Mais ee qu'il découvre en ees actes de libre transposition de soi est & nonvean quelque chose de négatif il se voit repoussé dans Je passé le plus profond et voit déja sa mort — future enoore — paseée comme so naissanee. Et toute chose deja est vue comme passée, et tout, ausens de! Heelésiaste, quine formule pas par hasard son nibilisme an futur antérieur, est conga corame « vanité», A ceux ‘quiseront, aucune mémoire ne cere aecordée par ooux qui viendront apréseux, earilsaurontsimplement été. Et déjale futur devient passé. Cette liberté de se dépasser soi-méme (dont le futur antévieur est ‘en méme temps le triomphe ot Péshec) a son pendant dans la ierts spatiale de Thomme. Ello est partiouligrement’ importante, car espace, plus que toute autre chose, reprisente une possibilité dVévasion de l'étre que je suis préeisément : elle dégénére en panique de Fespaco ot en esprit de fugue. On peut envisager Peepace comme milieu, comme le fait Max ‘Scheler, comme produit mémo dela liberté motrive, comme indépen- dance du ici et du Ta, et comme leur permutabilité. Cette liberté peut maintenant s'égarer, se fourvoyer en des régions

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