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E-TIENNE LE PREMIER MARTYR: pu LIVRE GANONIQUE AU RECIT. APOCRYPHE Frangots Bovon Ev Bertranp Bouvier reckhardl Plamacher t fait connaitre par la monographie qu'il a ee A 8 ae * sonsacrée au livre des Actes des apétres et par Particle quill a rédigé cosa aur es Actes apocryphes des ap6tres.' En s'associant a Phommage qui jujest rendu ici, les auteurs de ces pages partagent ce double intérét: ils aitirent Pattention sur la fin de la vie d’Etienne dans le canon et au-dela du canon; du livre des Actes aux narrations apocryphes, Outre les chapitres du NT (Ac 6,8-8,3),? il existe en effet, relative au premier martyr, une abondante littérature de la fin de Pantiquité et de repoque byzantine. Il y a d’abord les références au martyre d’Etienne. Dés le récit des martyrs de Lyon et de Vienne, par exemple,’ la mort dEtienne sert de modéle aux victimes des persécutions. Il y a ensuite les sermons qui sont prononcés en son honneur, par Hésychius de Jéru- salem, Grégoire de Nysse, Pierre Chrysologue et Maxime de Turin en particulier! Stimulée enfin par la découverte des reliques que fit un prétre de Palestine, Lucien Caphar Gamala, en 415 aprés Jésus-Christ, la vénération du saint se développe de fagon fulgurante. Que ce soit & 'E. Phimacher, Lukas als hellenistischer Sc schichte (SUNT 9), (1978) 1-70, Voir la bibliographie sur Ac 6-8 dans les commentaires de J. Jervell, Die Apostel- (hich dbersetzt und erklart (KEK 5), Gottingen 1998, 223-257; et de C.K. Barrett Critical and Exegetical Commentary on the Acts of the Apostles (ICC), 2 vols., Edin- a 1994-1998, 1: 318-88; voir aussi Particle de F Bovon, La figure de Moise dans igh Luc, dans: R. Martin-Achard (éd.), La figure de Moise (PFTUG 1), Genéve 18, 47-65, Référence & 1 ce & c Tere as ifisteller. Studien zur Apostelge- Gottingen 1972; idem, art. apokryphe Apostelakten, PRE.S 15 -xte préservé par Eusébe de Césarée, Hist. eccl. V,2,5; voir aussi “en, De patientia 14,1 + Voir BD, . : : AUBoll 86 (ygggre, 4¢ Panégyrique de saint Etienne par Hésychius de Jérusalem, sen, oh 12) 81725 M. Aubineau, Les homes festales d’Hesychius de Jéru- ne Dead * homélies LXV (SHG 59), Bruxelles 1978, 289-350; il s'agit de lho- M Sanctum Stace dition et du numéro BHG 16576; Grégoire de Nysse, Encomium hen mit apps AME Protomartyrem, Griechischer Text, cingeleitet und herausge- TENG (gba crticus und Ubersetzung von Otto Lendle, Leiden 1968; il s'agit Ten, Homily ge Chrysologue, Sermo 154 (PL 52, 608-609); Pseudo-Maxime de Mls etitge tL 57, 379-384), aujourd'hui considérée comme Pccuvre de Césaire ‘comme Sermo 219 (CCSL 104, 867-870). 310 FRANGOIS BOVON & BERTRAND BOUVIER Jerusalem ou en Occident, les restes sacrés du chrétien helléniste pro. ‘voquent des miracles et suscitent des récits de miracle, convertisens Minorque® et provoquent admiration d’un Augustin d’Hippone.’ La révélation des reliques, racontée en grec par Lucien," est aussitat ime duite en latin par Avitus, un compagnon de Paul Orose envoyé a FEst pour grossir les rangs des adversaires de Pélage.’ Outre le grec et le latin, elle est préservée en diverses langues dont le syriaque, le géorgien, Ie slavon et Parménien."” C’est cette révélation surtout qui a retenu Pat. Voir les sermons d’Augustin, Sermo 50,9,10 (PL 38,325); Sermones 314-319 (PL. 38,1425-1442); Sermones 320-324 (PL 38,1442-1447), et les articles de H. Delehaye, Les premiers «Libelli miraculorum», AnBoll 29 (1910), 427-434, et Les recueils antiques de miracles des saints, ibid. 43 (1925) 5-85 et 305-325, particuliérement 74-85; R. Etaix/B. de Vregille (éd.), Le «libellus» bisontin du XI° siécle, ibid. 100 (1982), 581— 605; B.A. Clark, Claims on the Bones of Saint Stephen: The Partisans of Melania and Church History 51 (1982), 141-156; P. Force, La spiritualité des miracles de snne, dans: Studia Patristica go, E.A. Livingstone (éd.), Leuven 1997, 183-190. © Voir le récit contemporain rédigé par Sévére de Minorque dans V’édition critique de J. Amengual i Batle, Els origens del cristianisme a les Balears i el seu desenvolupa- ment fins a Pépoca musulmana, vol. 2, apéndix (fonts, bibliografia i index), Majorque, 1992, 10-64; voir E.D. Hunt, St. Stephen in Minorca: An Episode in the Jewish Christian Relations in the Early 5 Century A.D., JThS NS. 33 (1982), 106-123, 7 Ouuze les sermons signalés ci-dessus & la n. 5, voir De civitate Dei, 22,8; P. Brown, Augustine of Hippo, Londres, 1967, 413-418. I s'agit des numéros BHG 1648x, 164By et 16482. Seule la pice BHG 1648y a été éditéc, dans une publication critiquée par H. Delehaye (Quelques dates du marty- rologe hiéronymien, AnBoll 49 [1931] 25): N. Franco, L’Apocalisse del prete Luciano di Kaphar Gamala e la versione di Avito, ReO 8 (1914), 293-307. Nous espérons publier la version BHG 1648x en tenant compte principalement du manuscrit en onciales, Sinaiticus graecus 493. A propos de ce récit, on lira avec profit les remarques métho dologiques de P. Peeters, Le tréfonds oriental de Phagiographie byzantine (SHG 26), Bruxelles, 1950, 53-385 voir aussi F: Nau, Notes sur les mots nohruxés et nobirevouevos et sur plusicurs textes relatifs saint Etienne, ROG 2 série, 1 (1906), 198-216, Tl existe deux recensions latines qui ont été éditées critiquement: voir E, Van- derlinden, Revelatio sancti Stephani (BHL 7850.6), REByz 4 (1946), 178-217; la relax tion entre ces deux recensions a provoqué dintenses discussions; voir H. Leclercq, art Etienne (martyre et sépulture de saint), DACL 5,1 (1922) 624-671, qui offre aux col. 641-646 une traduction frangaise de la recension A. ™ BHO 1087a pour le syriaque; voir H. Leclercq, art. cit., 640-641; il existe des frag- ments christo-palestiniens (BHO 1087b), voir F. Schulthess, Christlich-Palaestinische Fragmente aus der Omajjaden-Moschee zu Damaskus, AGWG-PH NE. 83 (1905), 102-106; pour le géorgien, voir M. van Esbroeck, Jean Il de Jérusalem et le culte de s Brienne, de la Sainte-Sion et de la Croix, AnBoll 102 (1984), 99-127, particuliérement 101-105, qui renvoie aux éditions; pour le slavon, voir I. Franko, Beitrage aus dem Kir- chenslavischen zu den neutestamentlichen Apokryphen, III, Revelatio sancti Stephani, ZNW 7 (1906), 151-171; pour Parménien, voir B-Ch. Mercier, L'invention des reliques de saint Etienne, édition et traduction de la recension arménienne inédite, ROC 30 (1946), 341-369. ETIENNE LE PREMIER MARTYR gut tention des chercheurs, Placé en téte de cette dxoxddvyg ou circu fagon indépendante, un récit des detniers jours d’Etienne de a aye et de ss funcralles se répandl abondamment a Vépequetenae tine. II existe sous diverses formes en grec." Un autre récit est ae parlois 4 ces deux documents dans les manuscrits byzantins, celui de la translation des reliques du saint de Jérusalem & Constantinople. Ce den. nier texte peut lui-méme s’achever, suivant certains témoins, par un ser- mon prononcé par ’évéque Métrophanés a larrivée des reliques dans de la capitale." ‘Tant que le dossier d’Etienne n’aura pas été examiné dans sa totalité iI ne sera pas facile de dater le récit non canonique de la passion, ni de décider de sa relation a la révélation du prétre de Caphar Gamala," Pour y parvenir, il faudra en particulier rechercher les souvenirs que le martyre d’Etienne a laissés dans la littérature chrétienne des deuxiéme et troisiéme siécles pour constater si le récit de la passion s’appuic sur des données traditionnelles anciennes. En attendant, il est possible déditer les diverses formes grecques que ce récit a prises au cours des siécles, Certaines ont été éditées il y a longtemps par C.Ch. Douka- kis en 1893 et A. Papadopoulos-Kerameus en 1898."* D’autres l’ont été récemment par A. Strus.'° I] en est une qui, 4 notre connaissance, est restée inédite jusqu’a présent. Elle porte le numéro 164gc dans la Biblio- theca Hagiographica Graeca éditée par F. Halkin. C'est Pédition de cette "Tl s‘agit des numéros BHG 1649, 16492, 1649b, 1649¢, 16494, 1649f, 1649h. Ces rélérences sont & prendre avec précaution, car il ya des variations non seulement d'un numéro a autre, mais un manuscrit a Pautre, Certains documents, classés parm les passions, peuvent contenir aussi le récit de la translation des reliques. "= Ts'agit des numéros BHG 164ge, 1650, 1651, 1651b, 1651c et 16514. La remarque faite & la note précédente vaut ici aussi. Sur ces divers textes, voir la présentation de _ Abel, art. Etienne (saint), DBS 2 (1934) 1134-1139- Ged, A Strus, Lotigine de Papoeryphe grec de la Passion de s. Eien ; lux manuscrits récemment publiés, Ephemerides liturgicae 112 (1998), 18-57 SY es "sué de fagon aventureuse a notre sens. iva nee Doukakis, Méyag Zuvagagueriig névtww vv ‘Awan TOURTOY Eogratonévan, Athénes 1894 28-451 A. ang itt Hoooci yung oravohoyias, vol. 5, Saint Péte Phqu iu 54-69, cet éciteur publie la piece BH 165, 1864, tn «Jerusalem 4 Constantinople, voir aussi 418-4205 ¢ 1b pn loge a ) Sime ¢ pike BG i6ggb a été éditée par A. Sirus, Una Hoag Santa ete Ing re Stefi Prana Sale 98 se "ces, ' et 1 lans , La pa mi sage MaMoscritt led. 38 (1996), 21-61. Nous remercions ui a attiré notre attention sur ces travaux. 1. A propos de dey vay xo" Gravee TOY Papadopoulos-Kerameus, rsbourg 1898, 28-33: vor a savoir la translation des aux 70-73, la pice BHG familiare sulla pas” 1-96; le meme rassione di santo Je B. Marek 312 FRANGOIS BOVON & BERTRAND BOUVIER recension telle que la reproduit le nous souhaitons offrir en homn que deux autres manuscrits 3 A 83) et Athos, Laura 15} contentons de pré Bibliotheque vati manuscrit Vaticanus graecus 679 que ¢ A Eckhard Plimacher. Nous savons tu moins la transmettent, Athos, Lavra 459 > (A 70). Pour Pheure, toutefois, nous nous nter le texte fourni par le manuscrit conservé a la ane." Nous le désignons par le sigle A dans apparat, A\ la lecture de ce document, ce qui frappe, c'est la combinaison elements canoniques et apocryphes. Le récit commence par une pre- miere partie, en-deca du livre des Actes des apétres. Il cherche a expli- quer Vorigine d'une opposition qui, tout en épargnant les apétres, se manifeste a Vencontre d’Etienne (Ac 6,8-15 et 8,1-3). Pour ce faire, il décrit le risque pris par Helléniste qui simmisce dans une dispute au sujet de Jésus-Christ, dispute qui met aux prises divers groupes juifs. Par ailleurs, alors que la christologie occupe une place limitée dans le discours d’Etienne, tel que le transmettent les Actes canoniques (Ac 7.52), elle occupe ici la premiere place dans l’intervention initiale du saint. Celui-ci souligne en effet les étapes de la vie de Jésus dés son enfance, ainsi que le caractére providentiel et salvifique de l'incar- nation. Aprés ce premier discours d’Etienne, le récit rejoint, en une deuxiéme partie, le texte canonique moyennant une transition: sila présentation d’Etienne (Ac 6.8), qui a déja été faite, s'avére inutile, 'op- position face au témoin du Christ est formulée, mais elle lest en termes plus généraux que dans le texte canonique (Ac 6,9); le cadre solennel, le sanhédrin, est mentionné avant affirmation du succés rhétorique d’Etienne (Ac 6,12 et 10) et Pénoncé des griefs fusionne deux données canoniques distinctes (voir Ac 6, 11 et 13-14). I faut noter surtout que auteur ne dit pas qu'il cite, ni ne rédige aucune introduction, dés qu’il cite Ecriture.”” Aprés avoir repris de fagon libre Ac 6,8-13, il cite doré- navant le texte canonique de fagon littérale dés Ac 6,14 (il y a certes de menues variantes). Ce sont ainsi le visage rayonnant d’Etienne que contemplent les participants aux débats (Ac 6,15), la bréve intervention ‘© Voir P. Franchi de” Cavalieri et hagiographi Bollanciani, Catalogus_codicum hagiographicorum graecorum Bibliothecae vaticanae (SHG 7), Bruxelles 1899, 22°"; S. Eustratiadis, Souxdijooua dnogernxéy xaraksyov Barozediov xai Aavgas. Mvnneta Gnohoyud (Aynopertaxi BiBuoPipen, 4), Paris-Chenneviéres-sur-Marne, 71; A. Ehrhard, Uberlieferung und Bestand der hagiographischen und homiletischen Literatur der griechischen Kirche (TU 50-52), Leipzig 1937-1952, Il, 487" et 4874, © Le scribe, toutefois, dés qu'il reconnait l'Ecriture sainte, surtout les Actes des aptres, le signale par des guillemets dans la marge. Il s'agit de la marge des lignes 35 36. 38-44. 46-129 et 132-135, Les guillemets que nous avons retenus ne correspondent pas & ceux du scribe: ils encadrent non les citations bibliques, mais les discours tenus. seme F 4 beso! du Fils et laP Jes mot priére « “Accent questic retomt enlevé port at prendt Crest cruelle du sob confes canon yn Q une p quil suit Pp NNE LE PREMIER MARTYR étre (Ac 7,1) et surtout le long discours @Etien 53) quii sont cités intégralement. Les lectern Mipris de lire la forme dite byzantine ow impe " as surpris de : : a ides apatres, ce qui fournit un indice de AdEeS Fqussi que de fagon quas ici le sont riale du texte des 1 datation du texte." Is ystématique auteur rapporte notent aussi ee tout ce guia trait a Tsraél a la deuxiéme personne du pluriel (par exemple vos peres» a la ligne 5 de la page 322), 1a oi le livre des Actes porte ta premiere personne du pluriel (par excmple, «nos péres», Ac 7.1) la rupture avec Israél est consommée au temps oi notre auteur écrit, ‘Arrivé a ce point du récit, auteur songe déja a donner, en une troi- seme partie, une suite apocryphe au texte canonique et pour cela il a besoin d'une nouvelle transition. Il cite Phostilité des Juifs, la vision du Fils de Phomme (Ac 7,54-57a) ainsi que la condamnation d’Etienne et la présence de Saul (Ac 7,57b-59a); mais il garde pour plus tard les mots «Seigneur Jésus, regois mon esprit» (Ac 7,59b) et la derniére priére du martyr: «Seigneur, ne leur impute pas ce péché» (Ac 7,60). ‘Accentuant opposition au judaisme, il ajoute au texte des Actes une question rhétorique du martyr, qui se référe a Mt 27,25 (que son sang retombe sur nous), et une exclamation des grands prétres (qu'il soit enlevé de la terre). Vient alors, presque entiérement nouvelle par rap- port au livre des Actes, la fin de histoire. Gamaliel y surgit pour s’en prendre a Saul, son ancien éléve. Le portrait de Saul y est noirci. Crest lui qui dirige l’exécution capitale, une lapidation particuligrement cruelle («les jets de pierre étaient si drus qu’ils masquaient les rayons du soleil»),'” alors que Gamaliel prend le parti d’Etienne de fagon plus confessante qu'il ne V’a fait en protégeant les apétres dans les Actes canoniques (Ac 5,34-40): il souhaite partager lui-méme le sort du mar- tyr. Quant a Etienne, a cette heure qui est sa derniére heure, il ajoute une prophétie A sa double priére (Ac 7, 59-60): il prédit a Saul le sort qu'il lui fait subir, a savoir le martyre. Le récit apocryphe se pour- suit par la mention de la persécution contre PEglise de Jérusalem et de Fensevelissement d’Etienne (Ac 8,1-2). Il contient toutefois certains Deux exemples: notre manuscrit porte dwooev en Ac 7,17, 14 oft le texte feppicn 4 Guokéynoey; il a &yyehos xugl ‘Ac 1a of le texte égyptien a simplement ; il a &yythog xugiov en Ac 7,30, zyptien Sritios. On note également quelques legons propres au texte dit occidental (par ex. WSN. 24, 34 et 37 d’AC q ‘Ac 7): : dee LY lt reprise d'un motif qui remonte & Hérodote dans le contexte de la bats xe s Thermopyls, Enquétes 7,226, Quand on annonce au valeureux guervies Spar Abe les féches des ennemis, en raison de leur nombre, cacheront les rayons dt S010 Poste avec fierté qu'il pourra ainsi se battre a l'ombre. 314 FRANGOIS BOVON & BERTRAND ouVIER détails non canoniques tls la localisation de la tombe, i . dtu cercucil employe et Vinseription qui y figurait Le fy ce tion comprend la requéte de Gamaliel aux apotres Coffin a f tune sépulture sur ses terres, ainsi que le baptéme de Nic ‘ed 2), baptéme qui risque de le conduire au martyre par la mention du décés naturel du visteur noche puis par une référence curieuse & Lucien, le prétre liel possédait ses terres, et enfin par la date du man décembre. devenu chrétien du lieu ot Gama, re d' Etienne, le 35 Toutes les recensions greeques de ce récit, nous Pavons 1 as encore éditées. En comparant celles qui sont access vons dire ce qui suit: BHG 164gb est un récit différent du nowe (@HG 1649¢): Etienne y comparait devant Hérode. BHG 1649h est paralléle A notre texte, a ceci prés que le premier discours Etienne s'achéve par tune envolée apocalyptique. Il en différe aussi par la présence de Pilate, de sa femme et de ses enfants aux cétés d’Abibos, Nicodéme et Gama. Hel. Il sen distingue enfin par la mention d'un Alexandre, qui garde Etienne en prison (un personage de ce nom tient le réle de gardien de la tombe d’Etienne dans le récit de la translation, BUG 1650), BHG 164o¢ est lui aussi proche de notre texte, mais il s'en distingue par la Présence, encore plus forte, de Pilate, la mort, sous les jets de pierres, @Abibos, Nicodéme et Gamaliel, soucieux de s'interposer pour pro. téger Etienne, et l'affirmation que les reliques, 4 la demande expresse du protomartyr, resteront cachées jusqu’a leur révélation. Cette recen- sion présuppose donc la Revelatio (BHG 1648). Quant 4 BHG 164gt, la Page du Synaxaire de I’Eglise de Constantinople, il parait étre un agence- ment de diverses parties essentielles de notre récit sous forme d’extraits cités avec précision. Notons que notre texte ignore Abibos, présent dans autres recensions et, surtout, dans la Revelato, Une comparaison rapide avec les versions donne le résultat suivant: Ie slavon et le géorgien transmettent Phistoire du martyre, tandis que le latin et le syriaque traduisent la Revelatio.” Curieusement, le slavon correspond souvent mot pour mot & notre texte, pour s’en éloigner subitement, aller son propre chemin ou rejoindre d'autres recensions greeques. Quant aux différents documents coptes et arabes relatifs & Etienne, ils n'ont que peu ou pas de points communs avec notre texte: loté, ne sont bles, nous pou- & Les références aux publications relatives & ces versions se trouvent ci-dessus ax n.getio. * Voir BHO 1086 et 1093; M. Geerard, Clavis apocryphorum Novi Testament! Nott ont nef Jus tot yaphic parler sait Or dignes ter abs yenéra nautait transm docum Btienn statut critere récit © sainte conna tuait quilr Papoc distinc Vhisto ETIENNE LE PREMIER MARTYR document posséde un statut que les exége Notre Baerae . é jusqu’a ce jour. Ni totalement canonj Ct les historiens ont néglig een HL corr ier, Il corres aes ee Origéne ct qu’admettait Eusébe de Camry diqnes ce la lecture publique a Péglise, et les textes batards, ann ter absolument. Font partie de cette troisieme categorie dive a reje- weperables, propres A la piété individuelle et a la venératon en ‘autaire, en un mot des documents qui, a cdté de IReriture sata tranamettent la tradition de PEglise. Les scribes qui ont recopié un tel document le reconnaissaient utile la célébration de la fte de seint Etienne, le jour anniversaire de son martyre. Ils lui conféraient donc un statut hagiographique. Mais pour l'auteur d’un tel document, d'autres crittres et d'autres caractéristiques entraient en ligne de compte: le récit complétait la narration des Actes canoniques, relevait de histoire sainte et permettait d’en savoir plus sur le premier martyr. Une telle connaissance n’était pas avant tout historique, car le document consti- tuait un écrit d’édification et de piété. Certain de la valeur de Phistoire quil racontait et du statut intermédiaire possible entre le canonique et Papocryphe, il se souciait de la qualité de Pécriture et du choix judi- cieux du genre littéraire, plus qu'il ne vouait un respect aveugle aux limites du canon. Dans le cas de la mémoire d’Etienne, ni inspiration de Esprit saint, ni le souvenir des épisodes sacrés ne se confinaient, ses yeux, aux trois chapitres du livre des Actes des apétres (Ac 6,8-8,3). Lauteur se situait aux cétés de l’évangéliste Luc, auteur des Actes des apétres, et rapportait un chapitre de Phistoire de Dieu avec son peuple. I louait la foi du premier martyr autant qu'il honorait sa mémoire, Nos distinctions du canonique et de ’apocryphe, de 'hagiographique ct de historique ne Vintéressaient guére. que reconnais- les textes sacrés, [COts),Turhout 1992, ns 3oo-gors ¥. Abd ‘Al-Masih, A 7 Stephen the Archdeacon, Le Muséon 70 (1957), 329-3473 J. Gea Zu cinem Topos der koptischen Martyrerliteratur (mit zwei ‘Anhangen), dans: G. Kod r des Orient, (¢d., Studien 2ur spatantiken und frihchristlichen Kunst und Kultur des Or! : , sur Etienne Ie Wiesbaden 1982, 31 Lucchesi, A propos d'un rd aM aah/A. Khater, Protomantyr (BHO 1 422; i y |, AnBoll ro1 (1983), 421-422) Ct 13 Studi- an Arabic ‘Apocryphon 3 Saint Stephen the Archdeacon, dans: Collectanea 15 ecumenti (SOG.15), Le Gaire 1968-1969, 163-199 ‘tre opinion 2 faut se mee plusieurs passages de 50 rune pout corer (ed New ‘Origéne; voir W. Schneemelcher, Haupteinleitung, in: W ae vines, 5¢ edition de la ‘stamentliche Apokryphen in deutscher Ubersetzungs 2 VOWS ‘optic Apocryphon of Saint Horn, Der erste Martyrer —=— 6 FRANGOIS ROVON & BERTRAND BOUVIER 1 fallait pourtant que le credo centré sur le Christ, la litungie bapy ale et cucharistique, Pautorité épiscopale et la régle monastique soem fermement établis pour qu'un auteur se permette une telle liberté face A Micriture sainte, En osant continuer laeuvre de Luc, compléter le des Actes, combler Ies lacunes du canon scripturaire, il prenait des risques. Ce qui compiait a ses youx n’était pas la lettre de 'Ecriture, mais le contenu d'un message qui articulait le foi en Jésus-Christ et la communion des saints pass¢s et présents. Dans le cas d’Etienne, comme dans celui de Paul ou de Jean, cette communion prenait une valeur par- ticuliére, car il s‘agissait d’un chrétien de la premiére génération, d’un témoin privilégié du Christ. Il se trouve qu’une telle liberté ne plut pas a chacun. Le Décret de Geélase (en fait un Pseudo-Gélase), document originaire de Gaule, sans doute a la fin du V- sidcle, condamne une Revelatio sancti Stephani, apo- cryphus.* On ne sait pas avec certitude quel texte relatif 4 Etienne cette inscription condamne. Il peut s'agir de Panoxdhuyps, de la Reve- Jatio de la sépulture d’Btienne que regut Lucien, le prétre de Caphar Gamala. On voit mal pourtant, en le comparant a d’autres inventions de reliques, ce qui aurait poussé les auteurs du Décret & rejeter un tel document comme apocryphe. Gomme il sert de prélude a la Revelatio en de nombreux manuscrits, le récit de la Passion d’Etienne peut avoir été A lorigine de cette condamnation, De tels textes, mi-canoniques, mi-apocryphes, ont da finalement inquiéter les consciences picuses.” Il n’a jamais été facile de s'entendre sur le contenu de la tradition chré- tienne,’ qu'elle s'appelle apostolique ou ecclésiastique.”* collection fondée par E, Hennecke, Tubingen 1987-1989, 23-25. Pour Eusébe, voir Eustbe de Césarée, Hist. eccl., 3,25 2 EB, Preuschen, Analecta, Kiirzere ‘Texte zur Geschichte der alten Kirche und des Kanons, 2 volumes, 2" édition, Tubingen 1909-1910 (reprint Francfort 1968), 2, 60 (26° titre; voir B. von Winterfeld, Revelatio sancti Stephani, ZNW 3 (1902), 358. % Jusquiiei, parmi les auteurs de collections d’apocryphes chrétiens, seuls MJ. James, The Apocryphal New Testament, Oxford, 1969, 564-568, ct M. Erbetta, Let- tere ¢ Apocalissi (Gli Apocrifi del Nuovo Testamento 9), Turin 1969, 397~408, ont prété attention a notre texte, ainsi qu’a la Revlato. ® Noir E Bovon, Réception apocryphe de Mivangile de Luc et lecture orthodox des Actes apocryphes des apatres, Apocrypha 8 (1997), 137-146. “4. faut signaler deux contributions qui ont paru depuis la rédaction de ces pages: Sirus et al. Khirbet Fatti-Bet Gemal, Two Ancient Jewish and Christian Sites in Israel (CNR-Progetto finalizzato Beni Cultural), Rome 2003, particuliérement 535° 558% F Bovon, The Dossier on Stephen, the First Martyr, HTAR 96 (2003), 279-315- By £188" Mantyre ’Etienne (BHG 1649¢) Vaticanus graecus 679, £. 187191" (sacc. XI) pagrioror 108 dylow mearoudorugos Srepdvon [rigue eiAbynaov] dyévero nari vov naugdv Exeivoy Herc EmtaeTi XQOvOY TOD avaingtva, Tov migiov HGv ‘Inaodv Xowovdv Lrjmors werakd “lovdaiow xai Fad ov- xaiov xai daguoaiwy dua d& xai Ehdnvorav xegi tod xvgiou Hav ‘InGod Xeuotod, 1 nédg EyevvizOn xa nd dvergden xara aeQxa al ne 5 Boravgdiy xai axéBavev xai avéom mQWrtonos &x TOV vExOGV. xai of nev adtdv Eeyov Stu xis dvepevn méyas: AOL dé Zheyov bu obyi, GA mhavG tov xdopOV: Eegor dé St vids deod got xali Hv AdovBos ev to Syd nOKIS. ovvifginoay dé éxi 1 aitd dvdges Emoripoves xai opoi dtd Alt. oniag xai Onaidog xai “AreEavdgeiag, ‘Agias te xal Mavgitaviag xai ‘TeQoookipwv xai BopukGvos. xai dnd dgag nQdrns Eas dag sxmms ave- xovero 4 Hégupios dv Todnov Beovtijs Biaias. rote oraiels tv [dow tod dydov éni tivos ténov Hymhod Erépavos vig yeapareds, cops xai tiptos navti 1 hag, yevous ABQ, PURE Beniapiv, xai xaraceioas abtots th xe1gl Exqake Pavs| ueyday Ayov" «divdges adekpol, moeoPitar xai veo, ivati éxhntivinoay tyav al Gpovai xai ovyxéxutar xaoa “legovoadiin; waxdguos &vbguxos &¢ ob% Biotaoev ekg Xquordv Inoody, thy &lzida tig tod xdopov cwrngias. obtos yag gow 6 Ev téxvy GrAavOgurias xaTaBas & ovgavod duc tig 20 auagtiag xai tiv éyvouav tod haod, xal eloekOiv eig pifreav magdévou dying xai xadagas xai éxdekeypévnc med xataPodtig xdopov. xarbiirg 8& Exddeoey “AdAL 6 TOD xdoHoU marie Thy yovaixa adtod Zuiy yor airy wmP}oeta prime xai Cow, obtws xai airy viv H aagdévos H} wie tot Inood éxdain Zor xard rae yoampac: Ev f xvogogndeis ds 25 dvbqumos 6 Xoiotds EyewwiiOn xa” Suordthta HGv. cs yee HOEANOEY (revéodar) éxi tig yiig, oftws xal ayngdvin th obpxavea. 6 88 80035 navto duéBohos éxivnoev xal tov “Hoddny eig Liyrnow xav’ avtod: SGev drrowyiw dvehetv vd Boégn TOV tore yeyewnuévov év ByOhedy (éxéhev- Gey) dnd dwerods xati natwréow. ° «éyévero 88 xai Toit a geo 0 5 at Tob ads Guhavoowmiav xai oixovoniay Heob, iva Sovow xai Gye nadia baéy Hav. et 8¢ Svomoreite xeoi t08 1 in margine superiore ante bxraétovs y6vou A titulum + pnvi SexeuBol xt 2 Eraeri) 79610" xeeoBeiwowv? 29°30 txéhevoey ; addidimus 32 xgeoPevovar : legend: A te mes eA

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