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jeune entomologiste, n/hésites pa tous les coups! + ga marche & ‘Tras intéressant, dans son originalité, "THE LAST WAVE" (de Peter Weir, avec Richard Chamber~ lain, Olivia Mammet, Guipilil. Australie) re- noue avec les mythes ancestraux, et nous fait toucher du doigt 1'existence et la résurgence de civilisations disparues qui, en période de crise — conflictuelle, théologique, politique, Economique — ne peut manquer a'intéresser tout un chacun. On sait que c'est en de telles pério- des que 1"humanité se cherche de nowelles va~ leurs spirituelles (d'oi peut~atre L'essor de nouvelles sectes, et, pourquoi pas, 1'ai prandissante du fantastique littéraire ov ciné- natographique) . Teckniquement tr@s beau, ‘on n'oubliera pa quit slagit de L'auteur du planant "PICNIC AT HANGING ROCK", "THE LAST AVE" chante un nouvel hymne 2 la nature, et tente d'atteindre A des aystires qui se situent en decd de notre propre civilisation, c'est une tendance actuelle qui tend a affirmer que le fantastique peut aller au del de ses structures intimes (alors que le genre ne devrait ~ par définition ~n'en con- laftre aucune) pour devenir “ie genre" seul ca~ pable d'une exploration orale et d'une perpé- tuelle’renise en question. Film intimiete 2 1'rotisme obsédant, "L'AN- cE BT LA FEMME" (de Cillee Carlo, avec Carole Laure, Lewis Furey, Steve Lack. Canada) a la crispante longueur d'une «uvre montée sur nou vement perpétuel. Boucle dans le temps, instant privilégié of le fantastique ne vénicule plus nos violences phantasnatiques, calme réflexion sur la vie, la mort, et, bien entendy, l'amour, @ filma tout ce qu'il faut pour ne pas plaire un public de festival qui salue chaque meurtre Sanglant d'une salve d'applaudissements. Il faut savoir ce que 1'on veut; et il ne semble pas que ANGE ET LA FEWE" ait été réalisé pour con- tenter tout le monde. Le but est atteint... Comme une pierre dans 1a mare des petites productions treditionnelles fantastiques, “ERA~ SERHEAD" (de David Lynch, avec Jack Nance, Char lotte Stewart, Jeanne Bates, Allen Joseph. U.S.A. 1973) 4 aurpris bon nombre de spectateurs qi "en demandaient pas tant. C'est le genre de films auxquels on: s'endort bien, malgrél'envie qu'on en ait de le comprendre et d'en démonter les mécanismes symboliques. Car 1"enaui avec le symbolisme, c'est que c'est toujours le symbo- lisme des autres, et de ce fait, ne correspon dant pas toujours 2 sa sensibilité propre, ou, plus prosaiquenent, & sa simple compréhension. Tei, nous assistons 4 un voyage au bout de ta nuit, er dana 1a nuit. Un acte infanticide masqué par une freudienne censure, et emberli- Ficots dans lex obsessions du héros pour qui 1a relation objectale n'existe pratiquement pas, et L'aboutissement d'une quéte pour 1a vie, pour 1a luniars, pour L'anour peut-étre aussi. Mais, dane L'esprit du héros — abandonné par se femme, Liveé 31a sordide grisailleriede sa vie de potit enployé, investi du réle de pare nour~ Ficler, et visiblenent perdu dans cotte reepon- sabilité ~ la fin de son cauchenar, qui sera symbolise par une éclatante lumitre contrastant avec les sombres images de son réve cathartique, 25+ aussi horrible que Répugnant, incompréhensible, subversif, ou eurréaliste, provocateur, quoi qu'il en soit, "ERASERHEAD" tout co qu'il faut pour ne pas 1a ser indiffrent. N'est-co pas 1, aprés tout, le plus important? Un des filme Les plus anbitioux ot les plus regardables projetés au cours de cette manifes tation fut peut-Btre le "RIINOCEROS" (de Tom 0° Horgan, sur un scénario et des dialogues de Eugi- ne Tonesco, Gene Wilder, Karen Black, Zero situe dans une ville indé- termine, et dans 1'univers quotidien d'employés de bureau sans problimes. Seul, Bérenger, (Gene Wilder) resent. tout le poids de 1'angoisse exis tencielle qui l'oppresse et, pour échapper & son corps, il n'a su trouver que 1a boisson, dont il abuse de plaisante maniére. Employé de bureau, Tui aussi, il n'a pu se ranger & 1"uniformisation de ace conditions de travail, 2 cette quite du ouperfiu, aux philosephice a l'emporte-pisco besogneux qui L'entourent, et s'sdonne une dis~ cipline particulitre qui oscille entre 1'anar— chie et 1a provocation systénatique, Et puis, un four, c'est le grand événement: un citoyen, puis plusieurs se transforment en rhinoceros, a la grande stupeur des autres habitants. Au début cela fait recette auprix des mass-média, mai peu & peu, 1a population en vient a envier cette vie communautaire ob 1'inaction est 1a seule de vise apparente, of In seule réflexion est une pensée de groupe, et donc infiniment rassurante (comme dit Tonton Léo: "La pensée mise en com- mun est une pensée commune"). Gene Wilder sera Le eeul ¥ réeieter 2 cet appel de La masee at A revendiquer pour lui une identité humaine. Pour- suivant sa lute jusqu'a l'absurde et 2 1'inuti- Lité jusqu'au-boutiste, {1 grimpera tout en haut des toits de la ville,’ narguant le troupeau de ce qui furent des hommes. 11 est certain que Tonesco 4 tenté de dénon- cer cette tendance i 1'uniformisation actuelle, cette communauté de pensée qui doit débouch sur 1a non-réflexion de L'espéce humaine, et qui voit compartimentée en tiroirs bien agencés. Clest Paviof appliqué au comportement humin: & telle sollicitarion psychique doit répondre tel réflexe nerveux provoquant telle réaction. Para~ phrasant les associations de Jung, les mass né- dia destings au plus grand nombre intensifient les clichés représentant les divers problénes ac~ tusle,de nanidre & obtonir dee rGactione non r= fléchies, instinctuellement orientées vers le "bon" comportement. C'est 18 tout le malicieux mécanisme du tégime "dénocratique” od les idéaux de la masse fe font plus peur, dée lore qu'on a su les régenter. Tes dialogues de Tonesco, d'aprés sa pitce, sont un monument de subtilité et de saveur. Voir ce famenx syllogisme, émis d'un ton péremptoi- exclu certain sophisne: "tous les chats meurent, Socrate, lui aussi, est mort, donc Socrate était un chat". Du point de vue de la Linguistique, il n'y a rien a redire, et ce n'est pas Le point Le mins savoureux du constat d'échec de notre pauvre logique humaine, Témoin acide de son temps, Eugine Tonesco fait le procts de 1a démagogic, du snobiome, de l'endoctrinenent a- bétifiant des masses, ct nous offre un pamphlet -26- politique d'une cinglente causticité, Que dire enfin des jeux de Karen Black, Ge~ ne Wilder et Zero Mostel, sinon gu'ils sont di- gnes d"éloges? Particuliérement lors de 1a sce ne 08 Zero Mostel se change en rhinoceros (1a transformation physique n'est pas tellenent cel- Ye qui intérense Eugdne Tonesco) et od, tendant les deux bras vers la fenétre, i1 rugit plus qu'il ne erie un pathétique "I1 faut quo j'ail- Te & 1a rivigre!" [1 s'agit d'un phénoménal nu- cour et d'un véritable morceau d*antho- ie, farce, fable politique, film fan~ tastique, "RHINOCEROS" a grapillé ca ct 18, mé~ lant tous les genres avec un bonheur certain, il nleat pas davantage nécessaire de le mivux di finir. Pour ceux que cela intéresse, on peut si~ gnaler que la pice de Tonesco, créée il y a u- ne quinzaine d'années, est actuellenent reprise au Théatre d'Orsay, dans une mise en scéne de Jean-Louis Barrault. Le dernier filmde la rétrospective fut L'at~ tendu "FULL CIRCLE" (de Richard Loncraine, avec Mia Farrow, Keir Dullea, Ton Conti, Jill Bennett. Canada/G.B. 1977). Chef d'cuvre d'anbiguicé, on ne aait jamais trop A quoi on assiste effective nent, "FULL CIRCLE” conte les mésaventures d'une mére ayant cué sa petite fille en tentant de la sauver, et qui se croit hantée par l'esprit de son enfant. 11 s'agit en fait d'une autre peti- te fille ayant vcu un drame tout identique dane Ja maison od 1a méce vient de s'installer, qui se venge en assassinant les habitués de 1a mai son, Crest trés beau, techniquenent bien réussi, une tre jolie musique revient, lancinante, mais c'est un peu longuet, et on s'interroge un peu sur ces lauriers prodigués un peu hitivement a Ri- chard Loneraine. “DEATH TRAP", "PHOTO SOUVENIR" et "DEMON SEED" n' étaient pas programmés, Pour ce der- nier, il faut dire qu'il sortait dans la semai~ ne sur aris. Quant au premier, se reporter, dans ce numéro, au "Festival de Sitges et a 1a pluse du camarade Jean-Claude Morlot. SELECTION GINEMAGIC Dans le style des célébres "QU'EST~IL ARRI- YE A BABY JANE" et "CHUT, CHUT CHERE CHARLOTTE", "WHAT EVER HAPPENED TO AUNT ALICE" se fraie pé~ niblement une place. Il faut dire que l'absence de sous-titres nuit souvent 3 ce genre de filns Ce a) 7A ra TANTE ALICE? Gereldine Poge Ruth Gordon Pola 200 MINS. assez volontiers bavard et le suspense nous échap- pe un peu. Le film de Lee H. Katzin fixe la de~ meure de 1a vieille Mrs. Marrable dans laquelle, Lune apr@s l'autre, toutes les employées dispa- raissent. Une parente de l'une d'elles décide de mener ea propre anquéte on ta faisant engager a son tour par la vieille dame. "HOUSE ON MORTAT. STN" (de Pete Walker, avec Anthony Sharp, Sheila Keith, C.B. 1975), outre 1intérét de hous permettre de revoir les déli- cleuses Susan Fenhaligon et Stephanie Beacham, « horde un curieux sujet qui se révéle trés origi- nal. Un prétre profite des confessions de ses paroissiennes pour les faire chanter, et ne s@ pri- ve pas d'éliminer physiquenent ceux qui se dros~ sent sur son passage. La conclusion montre qu'il pourra continuer tout A loisir a besogne, ayant aisénent écarté les soupgons qui pesaient sur lui ‘out le filmest d'un possimisne cynique que ne dé samorce qu'a peine un semblant d'humour noir (voir les fameuses hosties empoisomnées, ou le rosaire ardent). Les rapports entre les personnages. sont naleaine ct ambigue, orSant un certain malaico que la fin "ouverte" ne fait qu'aviver. Clest du bon cinéma britannique qui rompe avantageusement avec Les gros saucissons hollywoodiens, ou les bandes vlera "2" souvent démystificatrices. Retour au ciném fantastique pour Jesus Fran~ co avec un “JACK LRVENTREUR" (Int.: Klaus Kins~ ki, Herbert fux, Lina Ronay, Andreas Mannkopff) tourné en Suisse. Le fila ge veut une illustra tion assez sobre de I'histoire de 1'Eventreur ct ne porte guire la patte de gon réalisateur. On se demande si quelques coupures n'ont pas été ef fectuées, car pas mal de scones figurant dans 1a bande-annonce s'avérent inexistantes 4 la projec~ tion et l'histoire ne se montre pas trés plausi- ble. lei, Jack 1'Rventreur entretient une haine n@16e de désir pour les prostitués de Whitechapel! qui lui rappellent le métier enciennement profeseé par sa ndre. Comme on le voit, on peut apporter son petit traité psychanalytique avec sot; le poi- gnard: substitut du phallus, voila qui n'est pas nouveau, Le film a pourtant bénéficié d'un soli- de budget, si t'on en juge par les décors, costu~ nes,et surtout 1a trés belle photographie de Pe~ ter Baungartner. "OARK PLACES" (de Don Sharp, avec Robert Har- dy, Joan Collins, Christopher Lee, Herbert Lom) # pour sujet 1a classique petite histoire d'héri. tage enfoui, pour lequel se bagarrent les visiteurs ou habitants d'une maison hantée. Bien que le dé- but laisse espérer micux et que 1'on se laisse prendre un instant par un suspense efficace, il stavre que Le réalisateur n'a pas tenu la d tance et qu'il s'est écroulé dans les toutes der~ nigres ainutes, On lui pardonnera difficilement cette atmosphére anenée coups deportes qui se veferment toutes seules, lumiéres qui s'allument et s'éteignent, objets tombant sans raison appa~ rente, etc, Une excelente idée est l'utilisation du paradoxe tenporel pour faire vivre le héros 3 la fois dans le préaent et le pasaé, Don Sharp a joué ainsi a loisiren intervertissant sans cesse Jane Birkin/le passé et Joan Collins/le présent, Je héros vivant les deux situations en lieu et place de son parent, dont le portrait au si investi sa pensée (voir "THE HAUNTED PALACE"), ce sont lee meilleurs momente d'une production qui n'en dispense pas tant que cela. Tl ne nous re

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