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Cours

La Taxe sur la Valeur Ajoutée


PLAN DU COURS
CHAPITRE I : Présentation de la TVA
Section I : La TVA dans le monde
Section II : La TVA en Tunisie

CHAPITRE II : Champ d’application de la TVA


Section I : Les opérations imposables à la TVA

Section II : Exonérations de la TVA


Section III : Les assujettis à la TVA

Section IV : La territorialité de la TVA

CHAPITRE III : Assiette de la TVA


Section I : A l’importation

Section II : En régime intérieur

CHAPITRE IV : Fait générateur


Section I : Cas des importations

Section II : En régime intérieur

CHAPITRE V : Taux de la TVA

CHAPITRE VI : Techniques de perception de TVA : La Déduction


Section I : Généralités

Section II : Etude du mécanisme de déduction


Section III : Remise en cause de la déduction
2
Section IV : Cas de non régularisation
CHAPITRE I

PRESENTATION DE LA TAXE
SUR LA VALEUR AJOUTEE

SECTION I
LA TVA DANS LE MONDE

La TVA est un impôt moderne. Elle a été introduite en France en 1954,


depuis elle est appliquée dans plusieurs pays. Environ 140 pays appliquent un
impôt sur la consommation de type TVA dont notamment les 27 pays de l’UE.

Certains de ces pays ont réussi à garantir un maximum de neutralité de leur


système de TVA ; d’autres continuent à gérer des systèmes d’imposition se
caractérisant par l’accumulation des rémanences fiscales et ce bien qu’ils soient
générateurs de ressources budgétaires. Ces rémanences ont pour origine
notamment la limitation du champ d’application et la multiplicité des exonérations.

Concernant les pays de l’UE, les règles régissant les systèmes de TVA font
l’objet de directives selon lesquelles la TVA «est un impôt perçu sur des bases
nationales dont les principes et notamment ceux relatifs aux taux sont fixés au
niveau communautaire».

Dans certains cas au lieu de l’appellation « TVA », des appellations telles que
« taxe générale sur les ventes » (GST) ou « taxe sur les produits et les services »
(TPS) ont été adoptées. Tel est le cas de l’Egypte(1) et de la Jordanie.

En Egypte il n’existe pas de TVA proprement dite mais une "General Sales Tax (GST)" qui s’applique
(1)

lors de la vente des produits ; ses taux sont 15% , 25% (télévisions, radios, bijoux et certains véhicules
de tourisme); 5% (les denrées alimentaires, le transport ferroviaire de personnes, rond à béton, les
services de télécommunication nationale) ; 10% (les services hôteliers et de restauration, le transport des
marchandises et sous-traitance de la main d’œuvre). En sont exonérés, les denrées alimentaires de base,
la nourriture de restaurant, le gaz naturel, les livres, les magazines, et les biens à usage scientifique,
éducatif et culturel).
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En Tunisie la réforme du système des taxes sur le chiffre d’affaires a aboutit à
la mise en place de la TVA à compter du 1 er Juillet 1988. La législation relative à
cet impôt a connu plusieurs modifications dont les principaux objectifs étaient
l’élargissement du champ d’application de la TVA et la limitation des
exonérations, la diminution de la pression fiscale, la réduction des écarts entre les
différents taux appliqués, la généralisation et l’amélioration des conditions du
remboursement du crédit du TVA.

Parmi les thèmes de réforme engagés dans les différents pays en matière
d’imposition sur le chiffre d’affaires, on peut citer notamment ce qui suit :
- L’extension du champ d’application de la TVA afin de mieux répartir la
charge fiscale tout en tenant compte des capacités de gestion des entreprises
chargées de la collecte de la TVA et de celles des administrations fiscales.
Etant noté que dans ce cadre et selon certaines approches, des seuils
d’imposition ou même des systèmes de forfaitisation dudit impôt ont été mis
en place ;

- La limitation du nombre des exonérations ou l’adoption de certaines


exonérations assorties d’un droit à déduction ;
- La limitation du nombre de taux ;
- L’amélioration de la gestion du crédit et la réduction des délais de sa
restitution afin de soutenir les trésoreries des entreprises assujetties ;
- La mise en place de moyens modernes de déclaration et de payement dudit
impôt.

SECTION II
LA TVA EN TUNISIE

L’examen de la structure des recettes fiscales tunisiennes montre que les


prélèvements fiscaux sont essentiellement déterminés sur la base du chiffre
d’affaires.

Outre les droits de douanes, les impositions indirectes sur la consommation se


composent essentiellement de la TVA, du droit de consommation et des taxes de
compétitivité.

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La TVA est un impôt général sur la dépense. Elle constitue la principale
imposition du système fiscal tunisien avec des recettes fiscales prévisionnelles
s’élevant à 8200 millions de dinars représentant 28 % du total des recettes fiscales
prévisionnelles de l’Etat pour l’année budgétaire 2019 qui s’élèvent à 29082
millions de dinars.

A/ LES ETAPES DE L’INSTITUTION DE LA TVA

La TVA a été instituée en Tunisie pour la première fois à compter du 1er


juillet 1988 en application de la loi n°88-61 du 2 juin 1988. Son entrée en vigueur
s’est effectuée par étape. Elle s’est substituée aux anciennes Taxes sur le Chiffre
d’Affaires (TCA) à savoir : la Taxe à la Production (TP), la Taxe de
Consommation (TC) et la Taxe sur les Prestations de Services (TPS).

A compter du 1er octobre 1989, son champ d’application fût étendu au


secteur de distribution en gros à l’exclusion du secteur en gros des produits
alimentaires.

A partir du 1er juillet 1996 elle a concerné le secteur de distribution au détail


à l’exclusion des produits alimentaires, des médicaments et des produits
pharmaceutiques et des produits soumis à homologation administrative des prix.
L’imposition dudit secteur à la TVA s’est faite de deux façons :
- une façon directe, en soumettant à la TVA les commerçants
détaillants qui réalisent un chiffre d’affaires annuel total supérieur ou égal
à 100.000 dinars ;
- une façon indirecte en soumettant les achats des non assujettis
auprès des industriels ou grossistes soumis à la TVA sur une base
majorée de 25%.

B/ MESURES D’ACCOMPAGNEMENT

La réforme portant institution de la TVA était accompagnée sur le plan fiscal


par la refonte de la réglementation relative au Droit de Consommation (DC) et ce
dans le but de faire face à la moins value budgétaire.

C/ RAISONS ET OBJECTIFS DE LA REFORME

La TVA a remplacé un système fort complexe celui des Taxes sur le Chiffre
d’Affaires. Le système des taxes sur le chiffre d’affaires, qui était en vigueur
jusqu’au 30 juin 1988 présentait des insuffisances telles que :

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• complexité : multiplicité des taxes (TP, TC, TPS) et multiplicité des taux (45
taux) ;
• cloisonnement des taxes ;
• limitation du droit à déduction ;
• limitation du champ d’application.

D/ CARACTERISTIQUES DE LA TVA

1) La TVA est un impôt indirect

La TVA s’applique aux biens et services consommés « elle appréhende, de


manière indirecte les revenus lorsque ceux-ci se révèlent à l’occasion d’une
dépense »(1). C’est un impôt supporté par les consommateurs finaux (redevables
réels). Sa collecte est assurée par les entreprises (redevables légaux) appelées
assujetties, pour le compte de l’Etat.

Le rôle des entreprises assujetties à la TVA consiste donc à collecter cet


impôt par le biais de sa facturation aux clients et à son reversement au trésor.

C’est ainsi que le prix d’achat supporté par le consommateur est majoré d’une
somme correspondant à un pourcentage du prix initial. Le consommateur paie donc
une charge supplémentaire que l’entreprise collecte mais ne conserve pas
puisqu’elle la reverse ensuite à l’Etat.

2) La TVA est un impôt unique

La TVA ne grève qu’une seule fois la valeur finale du bien ou service et ce


quelque soit le circuit économique. Tout se passe comme si le bien ou service
n’était taxé qu’une seule fois au stade de la consommation finale.

3) La TVA est un impôt neutre

Seul le consommateur dit « final » acquitte véritablement la TVA, car pour les
intermédiaires à savoir les entreprises chargées de sa collecte ; cet impôt est
déductible. Il s’agit donc d’un impôt neutre sur les résultats de l’entreprise qui le
collecte. En pratique les entreprises chargées de collecter la TVA facturent ledit
impôt à leurs clients.

(1)
Précis de fiscalité français
6
La TVA ainsi collectée n’est pas reversée dans son intégralité au trésor
puisque l’entreprise, elle aussi a payé la TVA sur ses divers achats réalisés auprès
d’entreprises chargées de collecter-elles aussi la TVA.

C’est pourquoi le législateur lui permet de déduire de la TVA ainsi collectée,


la TVA qui lui est facturée par ses divers fournisseurs. Ceci consacre le principe de
neutralité de la TVA sur les résultats des assujettis.

Les non assujettis ne peuvent pas bénéficier de la déduction de la TVA


puisqu’ils ne réalisent pas d’opérations soumises à la TVA, autrement dit ils n’ont
pas la charge de collecter cet impôt.

4) La TVA est un instrument de régulation de la conjoncture


économique par l’Etat

La TVA n’est pas seulement une recette, mais aussi un instrument de


régulation de la conjoncture pour l’Etat qui, en augmentant ou en diminuant l’un
des taux, peut accroître ou diminuer les prix à la consommation, ralentir ou
accélérer la croissance économique par l’effet de revenu provoqué (diminution ou
augmentation du pouvoir d’achat des ménages).

5) La TVA est un impôt réel

La TVA frappe l’utilisation des revenus, c’est-à-dire la dépense ou la


consommation finale des biens et des services. Autrement dit c’est un impôt
facturé au consommateur par l’entreprise chargée de sa collecte et effectivement
payé par lui en sus du prix du produit ou du service qu’il acquiert. Elle ne tient pas
compte de la situation personnelle du consommateur au regard de ses revenus ou
de ses charges de famille.

Par consommateur final il faut entendre toute personne non chargée de la


collecte de la TVA. C’est le cas du particulier, de l’Etat, des personnes assimilées
à l’Etat (Banque Centrale de Tunisie par exemple), des collectivités locales et les
entreprises dont l’activité porte sur les produits et services exonérés ou situés hors
champ d’application de la TVA.
6) La TVA est un impôt ADVALOREM

La TVA est perçue en proportion de la valeur des produits (pourcentage) et


non en référence à la qualité physique caractéristique du produit (volume ou
quantité).

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7) La TVA est un impôt perçu selon la règle du paiement fractionné
A chaque stade de la production et de la distribution concernée par la TVA, la
taxe frappe seulement la valeur ajoutée conférée au produit ou au service de telle
sorte qu’à la fin du cycle suivi par ledit produit, la charge fiscale globale supportée
corresponde à la taxe calculée sur le prix de vente au consommateur. C’est ainsi
que la TVA repose sur le mécanisme de la déduction.

Aux divers stades d’imposition à cette taxe, le redevable :


- calcule la taxe due sur ses ventes ou prestations de services
soumises à la TVA ;
- déduit de cet impôt la TVA qui a grevé les éléments
consécutifs de son prix de revient ;
- ne reverse au trésor que la différence entre le montant de la
taxe collectée et celui de la TVA déductible.

Illustration :
Supposons une TVA de 18% (19% à partir du 01/01/2018) sur la
production et la vente des articles de cosmétique, le circuit économique va alors se
présenter ainsi :

L’objectif est de faire en sorte qu’à chaque stade de production ou de


distribution la taxe frappe seulement la « valeur ajoutée », c’est-à-dire la plus value
conférée au produit, de telle façon qu’à la fin du cycle suivi par ce produit, la
charge fiscale globale l’ayant finalement grevé corresponde à la taxe calculée sur
le prix de vente au consommateur final, qui la supporte en totalité sans pouvoir la
déduire.
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CHAPITRE II

CHAMP D’APPLICATION DE LA TVA

Les articles 1 à 4 du code de la TVA définissent le champ d’application dudit


impôt à savoir :

Section I : les opérations imposables à la TVA ;


Section II : les opérations exonérées.
Section III : les personnes assujetties à la TVA ;
Section IV : la territorialité dudit impôt ;

SECTION I
LES OPERATIONS IMPOSABLES A LA TVA

De la lecture du code de la TVA on déduit qu’il y a des opérations imposables


par nature, d’autres par dispositions expresses de la loi et enfin des opérations
exclues de l’imposition (opérations exonérées), bien que répondant à la définition
d’opérations soumises audit impôt.

Parallèlement et en procédant par élimination par rapport aux opérations


soumises, certaines opérations sont exclues de l’imposition à la TVA. On
parle alors d’opérations ou activités situées hors champ d’application de la
TVA. Il s’agit notamment du secteur agricole et du commerce en gros des
produits alimentaires (alimentation humaine ou animale).

A/ LES OPERATIONS IMPOSABLES PAR NATURE OU PAR


DEFINITION DE LA LOI :

1) Définition des opérations imposables par nature

Selon l’article 1er du code, sont soumises à la TVA les affaires ayant le
caractère industriel, artisanal ou relevant d’une profession libérale ainsi que les
opérations commerciales autres que les ventes (prestations de services).

Les activités agricoles ne sont pas dans le champ d’application de la TVA.


Cependant, les entreprises agricoles peuvent opter pour le régime de la TVA.

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Le terme affaire(1) désigne toute opération à caractère onéreux et non
seulement à but lucratif ou spéculatif entre deux entités juridiquement distinctes et
comportant une contre partie en nature ou en espèce. L’exemple type de l’affaire
est la vente. Il en est de même pour l’échange et l’apport en sociétés.

Ceci ne suppose pas nécessairement le gain contrairement au sens courant du


terme affaire, ainsi, le terme affaire n’exclut pas du champ d’application de la
TVA, les opérations effectuées à prix coûtant ou à perte.

Le champ d’application de la TVA couvre donc :

a) Les opérations industrielles et artisanales :


A titre purement indicatif on peut citer :
 les opérations réalisées par les secteurs de l’industrie chimique ;
agro-alimentaire, textile, électroménager, mécanique, de
l’énergie tel qu’électricité, le gaz ...
 la fabrication par les artisans des tapis ; de la poterie...

b) Les opérations commerciales autres que les ventes :


Les opérations commerciales autres que les ventes couvrent d’une façon
générale les prestations de services.

Parmi les prestations de services concernées par la TVA ont peut citer à titre
d’exemple :
 les opérations de confection, de réparation (mécanique,
automobiles...) d’intermédiation (courtage...), le transport,
l’hôtellerie, la publicité ...
 les travaux de bâtiments et les travaux publics,
 les services informatiques ………
 les services de télécommunications réalisées par les entreprises
ayant la qualité d’opérateur de réseaux publics de
communication (2) ;
(1)
Ce terme fût utilisé par la première formulation de l’article 256 du code général des impôts français qui
définissait des opérations imposables à la TVA en se référant à la notion d’affaire et a été abandonnée depuis
1978 pour celle d’activité économique (plus large) en application de la directive de la CEE en date du 17 mai
1977.

L’imposition du secteur des télécommunications à la TVA est entrée en vigueur à partir d’une date fixée par
(2)

décret (articles 66 à 70 de la loi de finances n°2001-123 du 28 décembre 2001)


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 les opérations bancaires (1) ;
 les opérations de leasing ;
 les opérations de location ;
 la promotion immobilière.

Pour les opérations de locations des immeubles il y a lieu de préciser que ces
opérations constituent des opérations commerciales autre que les ventes et figurent
parmi les opérations soumises à la TVA.

c) Les opérations réalisées par les professions libérales :

On entend par professions libérales, celles où l’activité intellectuelle joue le


rôle principal et qui consiste en la pratique personnelle d’un art ou d’une science
que l’intéressé exerce en toute indépendance. On peut citer à titre indicatif comme
professions libérales :

a- Professions médicales et paramédicales :

 Médecins,
 Chirurgiens,
 Infirmiers,
 Masseurs kinésithérapeutes,
 Sages femmes,
 Rééducateurs,
 Exploitants de laboratoires d’analyses médicales…

b- Professions juridiques :
 Avocat,
 Commissaires aux comptes,
 Conseils juridiques et fiscaux,
 Huissiers-notaires.

c- Professions techniques :
 Exploitants de cabinets d’études (de travaux économiques…),
 Architectes,
 Urbanistes,
 Décorateurs paysagistes,
 Métreurs,
) Bien que ces opérations sont en principe situées dans le champ d’application de la TVA, une grande partie en
(1

est exonérée
11
 Géomètres,
 Ingénieurs conseils,
 Inventeurs,
 Comptables et experts comptables,
 Transitaires,
 Exploitants d’auto-école…

d- Professions artistiques et littéraires :


 Artistes peintres,
 Artistes plasticiens,
 Dessinateurs,
 Sculpteurs,
 Professeurs libres,
 interprète …

2) Conditions

Les opérations soumises à la TVA par nature elles le sont ; quels qu’en soient
les buts (lucratif ou non) ou les résultats (bénéfice ou perte). Et indépendamment :

 du statut juridique des personnes qui les réalisent, personne physique


ou morale, ou leur situation au regard de tous impôts et taxes ;
 du caractère habituel ou occasionnel de l’intervention.

B/ OPERATIONS IMPOSABLES PAR DISPOSITION EXPRESSE DE LA


LOI

Il s'agit des opérations énumérées au paragraphe II de l'article 1er du code de


la TVA.

1) Les importations de biens


L’imposition concerne l’importation de tout bien qu’il soit neuf ou d’occasion
; qu’il ait donné lieu à paiement de prix ou non, y compris à titre indicatif les
produits agricoles.
L’imposition des importations à la TVA intervient quelque soit la qualité de
l’importateur (assujetti ou non) et la destination du produit et ce sauf exonération
expresse couvrant l’importation d’un produit donné. Dans ce cadre, les bagages
des voyageurs destinés à leur usage personnel ainsi que les envois exceptionnels
dépourvus de tout caractère commercial admis en franchise des droits de douanes
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bénéficient de l’exonération de la TVA et ce en application du tableau « A »
annexé au code de la TVA.

La vente locale, en l’état, des produits agricoles importés ne supporte pas la TVA
puisque :
 le commerce en gros des produits alimentaires est hors champ
d’application de la TVA ;
 le commerce au détail des produits alimentaires est exonéré de ladite
taxe.
Cependant l’importation des produits agricoles est soumise à la TVA.

2) Les reventes en l’état


Le code de la TVA prévoit l’imposition du secteur de distribution au stade du
gros et au stade du détail.
Il s’agit des reventes en l’état effectuées par :
a) Les concessionnaires des biens d’équipements industriels et des biens
d’équipement de travaux public.
 
b) Les commerçants grossistes en matériaux de construction.
c) Les commerçants grossistes exerçant dans d’autres secteurs et qui
approvisionnent d’autres commerçants revendeurs. Cette dernière mesure a été
mise en application à compter du 1er octobre 1989 par le décret n°89-1222 du 24
août 1989.

Ceci signifie que l’imposition à la TVA du secteur de gros n’est pas liée à la
quantité ou à la valeur des produits commercialisés.

Cependant ne sont pas concernés par la TVA au stade de la distribution en


gros les produits alimentaires même s’ils supportent la TVA au stade de la
production.

d) Les commerçants détaillants et ce à compter du 1er juillet 1996 :

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Cette imposition concerne les commerçants détaillants dont le chiffre d’affaire
total annuel atteint 100 000D. Cependant les ventes en l’état des produits
alimentaires et des produits soumis à homologation administrative des prix ont été
exonérées de la TVA à ce stade.
La notion de produits alimentaires couvre les produits destinés à
l’alimentation humaine et ceux destinés à l’alimentation animale.
La liste des produits soumis à homologation administrative des prix reprise
par le décret n°95-109 du 28 juin 1995 relatif aux produits et services exclus du
régime de la liberté des prix et aux modalités de leur encadrement couvre les
produits suivant :
 le papier et le cahier scolaire,
 le carburant y compris le gaz de pétrole liquéfié
(GPL),
 l’alcool, le tabac, les allumettes, la poudre à feu et les
cartes à jouer ;
 le ciment y compris le ciment blanc, le rond à béton, la
chaux.

La limite de 100 000D tient compte de tous les produits commercialisés par le
commerçant détaillant et ce quelque soit le régime fiscal de ces produits en matière
de TVA. Le chiffre d’affaires à prendre en considération est celui réalisé au 31
décembre de l’année précédant celle de l’imposition.

Au delà, il faut s’assurer au début de chaque année civile si le chiffre


d’affaires de l’année précédente (N-1) atteint oui ou non 100.000D. Si oui il y a
assujettissement à la TVA à compter du 1er janvier de l’année (N) si non il faut
attendre la fin de l’année et ainsi de suite.

Etant précisé que le commerçant détaillant dont le chiffre d’affaires atteint


100.000 dinars au 31 décembre d’une année donnée devient obligatoirement
soumis à la TVA au titre des ventes des produits imposables au stade du détail et
ne peut plus quitter le régime de la TVA et ce même si son chiffre d’affaires
annuel devient inférieur à 100 000D.

3) Les opérations réalisées par les entreprises dépendantes

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Les opérations concernées sont les livraisons faites par les entreprises
assujetties à la TVA aux entreprises qui sont sous leur dépendance ainsi que les
livraisons faites par les entreprises dirigeantes dont le siège social est situé à
l’étranger, aux entreprises tunisiennes.

Cette notion de dépendance concerne les entreprises indépendamment de leur


forme juridique (personnes morales ou personnes physiques) ; et de leur nationalité
(tunisiennes ou autres).(1)

4) Les ventes de terrains lotis par lotisseurs immobiliers

Il s’agit des opérations de ventes de lots de terrains effectuées par les


lotisseurs immobiliers. Dans ce cas la TVA est due sur les ventes de lots de
terrains que le terrain ait été hérité, reçu en donation ou acquis aux fins d’être loti
ou non.

4-bis) La vente des lots de terrain par les promoteurs immobiliers.

Remarque : l’administration a considéré que les ventes des terrains hérités


lotis par le défunt ne sont pas soumises à la TVA dans la mesure où les héritiers
n’ont pas effectué eux même l’opération de lotissement (position administrative).

5) Les ventes des biens immeubles et des fonds de commerce par les
marchands de biens

Il s’agit des opérations de ventes d’immeubles ou de fonds de commerce


effectuées par les personnes qui habituellement, achètent ces biens en vue de la
revente. Sont imposables à ce titre les opérations effectuées à titre professionnel.

6) Les ventes des biens immeubles réalisées par les promoteurs


immobiliers

Les promoteurs immobiliers sont soumis à la TVA au titre des opérations de


vente d’immeubles qu’ils réalisent. Il en est de même pour les opérations de

(1)
Sachant que l’article 2-II du code de la TVA considère les personnes suivantes comme personnes
interposées :
* le propriétaire ;
* les gérants ou administrateurs ;
* les directeurs et employés de l’entreprise dirigeante ;
* les père, mère, enfants et descendants et conjoints du propriétaire
* les gérants, administrateurs, ou directeurs de l’entreprise dirigeante ou des autres entreprises
subordonnées.

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lotissement effectuées par les promoteurs immobiliers et de toutes autres
opérations qu’ils réalisent et se trouvant dans le champ d’application de la TVA.

7) Les travaux immobiliers

Il faut entendre par travaux immobiliers tous les travaux de bâtiment et de


travaux publics et les services connexes. Il s’agit notamment des travaux :
- d’électricité, de plomberie sanitaire,
- de dragage, de nivellement, de lotissement,
- de démolition,
- de dessablement etc...

8) Opérations de livraison à soi même

L’opération de livraison à soi même est l’opération par laquelle une personne
obtient personnellement ou avec le concours de tiers ; un bien ou une prestation de
service, à partir de biens, éléments ou de moyens lui appartenant.

A ce niveau le code de la TVA vise deux types d’opérations à soumettre


à la TVA :

 les livraisons à soi même par les assujettis des biens ne donnant pas
droit à déduction ou servant à la réalisation d’opération non
imposables ;

 les livraisons à soi même d’immobilisation (constructions,


lotissements, équipements et diverses immobilisations).(1)

Cette imposition vise à consacrer la neutralité fiscale du circuit économique et


de mettre sur le même pied d’égalité les entreprises qui produisent leurs propres
biens d’équipements et celles qui les achètent auprès des tiers.

Exemple

1. Soit une entreprise qui fabrique des machines à bois à partir des pièces
importées. En même temps elle fabrique des pièces telles que : boulons,
écrous, vis pour les utiliser pour le montage desdites machines.

Les pièces fabriquées par l’entreprise sont soumises à la TVA en tant que
produit final.
L’imposition de ces opérations constitue pour les assujettis à la TVA au titre de l’intégralité de l’activité, des
(1)

opérations blanche puisqu’ils bénéficient parallèlement de la déduction intégrale de la TVA en question.


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Donc la livraison à soi - même de ces pièces, qui sont incorporées dans ces
machines, n’est pas soumise à la TVA.

2. Soit une entreprise qui fabrique des pâtes alimentaires dispose d’une
machine pour fabriquer les emballages nécessaires à ces pâtes.

La livraison à soi-même de ces emballages est soumise à la TVA car ces


derniers ne concourent pas à la réalisation d’opération passible de TVA.

En effet, si l’entreprise avait acheté ces emballages auprès d’un autre


fabricant, elle aurait payé la TVA au titre de ces achats.

9) La présentation commerciale des produits autres que les produits


agricoles ou de pêche

Sont concernées par la TVA à ce niveau les opérations qui consistent à


donner au produit l’aspect sous lequel il est vendu au consommateur :
conditionnement, étiquetage, apposition d’une marque... Ces procédés ont pour
résultat de conférer au produit concerné une valeur particulière.

10) Les opérations non soumises à la TVA mais qui donnent lieu à
facturation dudit impôt

Il s’agit des facturations de TVA n’ayant pas de fondement légal faites par
des personnes non soumises à la TVA (opérations exonérées, hors champ
d’application de la TVA...)(2) .

11) Les opérations de consommation sur place

Il s’agit des opérations de consommation dans les établissements qui offrent


ce type d’opération (café, restaurant, hôtel...). Etant précisé que les ventes faites
par les traiteurs sont aussi concernées par la TVA.

12) Les opérations effectuées par les entrepositaires et les


commerçants en gros de vins, bières et boissons alcoolisées.
C/ LES OPERATIONS SOUMISES A LA TVA PAR OPTION

1) Opérations concernées

(2)
Ces opérations ne donnent pas droit à déduction pour le client.
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Selon l’article 2 du code de la TVA l’option pour le régime de la TVA est
offerte :

- aux opérations situées en dehors du champ d’application de la TVA ;


- aux personnes soumises à l’impôt sur le revenu selon le régime
forfaitaire ;
- aux personnes dont l’activité porte sur les produits exonérés de la TVA.
Pour ce dernier cas l’option n’est admise qu’en cas d’exportations ou
en cas de ventes locales des produits exonérés à des assujettis.

2) Portée de l’option

L’option est soit totale soit partielle. Pour le cas des produits exonérés
l’option ne doit en aucun cas changer le régime fiscal de ces produits en cas de
vente à des consommateurs finaux qui doivent être exonérées de la TVA.

3) Modalité de l’option

L’option peut être demandée à tout moment de l’année au moyen d’une


demande écrite à déposer au bureau ou au centre de contrôle des impôts
compétent.

4) Période couverte par l’option

L’option prend effet le 1er du mois qui suit le mois de son acceptation par
l’administration fiscale et s’étend au 31 décembre de la quatrième année qui suit
celle de l’option. Ensuite elle est reconduite tacitement pour des périodes de 4 ans
chacune ; sauf dénonciation 3 mois avant l’expiration de la période obligatoirement
couverte par l’option.

Au cas où l’entreprise ayant opté pour le régime de la TVA devient soumise


de droit à la TVA elle est tenue de rectifier sa situation fiscale en conséquence et
elle ne peut plus quitter le régime de la TVA. C’est-à-dire qu’elle devient assujetti
obligatoire à la TVA et que son matricule fiscal doit tenir compte de cette
modification.

Exemple :

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Le 12 avril 2015 un commerçant détaillant en pièces de rechange dont le
chiffre d’affaires est égal en 2014 à 60000 D dépose une demande d’option à la
TVA.
Cette demande a été acceptée par l’administration le 25 avril 2015.
- l’option prend effet le 01/05/2015
- elle couvre la période allant du 01/05/2015 jusqu’au 31/12/2019.
- si ce commerçant veut renoncer à cette option, il doit formuler une
demande d’abandon de la qualité d’assujetti à la TVA, 3 mois avant
l’expiration de ce délai c’est-à-dire avant le 30 septembre 2019.
On suppose que le chiffre d’affaires réalisé par ce commerçant en 2019 est
de 110000D.
 Ce détaillant devient assujetti de droit à la TVA à partir du 1er
janvier 2020 et il ne peut plus quitter ce régime même si son
chiffre d’affaires réalisé au cours des années ultérieures est
inférieur à 100000D.

5) Avantages de l’option

L’option permet aux entreprises concernées d’être mises dans les mêmes
conditions fiscales que les entreprises obligatoirement soumises à cet impôt. Elles
bénéficient donc du droit à déduction de la TVA supportée sur les achats
nécessaires à l’activité objet de l’option, exportent en détaxe, vendent en
suspension et elles font bénéficier leurs clients assujettis de la déduction de la
TVA.

De même l’option donne lieu à un crédit de départ, au profit du nouvel


assujetti, pour le montant intégral de la TVA supportée par les marchandises
détenues en stock à la date de l’option. Pour les immobilisations inscrites à l’actif
de l’entreprise au moment de l’option, ce crédit est réduit de 1/10 pour chaque
année ou portion d’année de détention en ce qui concerne les immeubles et du 1/5
pour les autres immobilisations.

Cependant pour les immobilisations non encore utilisées le droit à déduction


est intégral.

Exemple :

19
Supposons qu’au moment de l’acceptation de sa demande (01 Mai 2015), le
commerçant détaillant (exemple précédent) avait en stock les éléments suivants :
-pièces de rechange importées : 100 000 D ; TVA 18%
-pièces de rechange acquises localement : 50 000 D ; TVA 18%

Par ailleurs, on suppose qu’il possède un camion acquis le 2/2/2014 pour


25 000 D auprès d’un concessionnaire et un magasin acquis en janvier 2015 pour
100.000D.

Le crédit de départ de la TVA se détermine comme suit :

-TVA/ pièces de rechange importées : 100 000 X 22.5 = 18367 D


122.5

- TVA/ pièces de rechange acquises localement :

50 000 X 18 = 7627D
118

- TVA/ le camion : 25 000 X 18 = 3813 D


118
Du fait que le camion est détenu par l’entreprise depuis 2 années, il ouvre
droit à un crédit de TVA dans la limite de 3/5 du montant de la TVA payée soit :
3813 X 3/5= 2288 D (si le camion avait été importé directement par le
détaillant, il supporte la majoration de 25%)

- TVA/ le magasin : 100 000 X 18 = 15254 D


118
Du fait que le magasin est détenu par l’entreprise depuis 1 ans (la fraction d’année
est supposée un an), il ouvre droit à un crédit de TVA dans la limite de 9/10 du
montant de la TVA payée soit : 15254 X 9/10 = 13728,6 D

6) Conséquences de l’abandon de l’option

L’abandon de l’option donne lieu :


 à un reversement des montants de la TVA initialement supportée par les
immobilisations par dixième (1/10) ou par cinquième (1/5) pour le
complément de période d’utilisation respectivement par rapport à 10 ans ou
5 ans selon le cas ;

20
 à un reversement des montants de la TVA initialement supportée par les
marchandises détenues en stock à la date de l’abandon de la qualité
d’assujetti et acquises localement ;

 à un reversement des montants de la TVA relatif aux marchandises


détenues en stock à la date de l’abandon de la qualité d’assujetti et
importées par l’entreprise elle même. Le calcul du montant de la TVA à
régulariser dans ce cas est calculé sur la base de la valeur en douane tous
droit e taxes inclus à l’exclusion de la TVA elle-même ;

 la modification du matricule fiscal de l’entreprise pour tenir compte de sa


nouvelle situation de non assujettie à la TVA ;

 l’établissement de nouvelles factures de ventes avec inscription du


nouveau matricule fiscal ... ;

 la détermination des annuités d’amortissement sur la base du prix TTC et


ce compte tenu des régularisations de TVA pour les périodes restant à
courir pour parfaire les périodes de 5 ans et 10 ans selon le cas.

Exemple :

Reprenons l'exemple précédent en supposant que le commerçant


formulera une demande pour l'abandon de cette qualité 3 mois avant le
31 décembre 2019 .Supposons qu'il aura en stock des marchandises
acquises localement auprès d'un industriel pour une valeur de 180.000
D HTVA (taux 19%) et des marchandises importées pour 250.000 D
HTVA (taux 19%)
Supposons qu'il y aura aussi :
- une voiture de tourisme acquise le 03/05/2019 pour 45.000 D
(TVA 19%) 8550 D,
- un camion importé par lui-même le 15/04/2017 pour 60.000 D
(TVA 18%) 10.800 D,
- une voiture utilitaire acquise localement le 02/07/2015 auprès
d'un concessionnaire pour 25.000 D TVA 18% 4.500 D,
Outre le magasin qu'il y avait à la date d'assujettissement, il a acquis
en février 2016 un bâtiment auprès d'un promoteur immobilier 118.000
TTC
Déterminer le montant de TVA à reverser par le contribuable
suite à l'abandon de la qualité d'assujetti à la TVA

21
- TVA/les marchandises en stock (locales) = 180.000 * 19% =
34.200 D
- TVA/les marchandises en stock importées = 250.000 * 19% *
1.25 = 59.375 D

- TVA/la voiture de tourisme : aucun reversement à faire du fait


que la TVA sur la voiture de tourisme n'ouvre pas à droit de
déduction lors de son acquisition,

- TVA/camion importé ; le camion étant détenu depuis 3 ans,


donc le reversement de TVA doit être fait à raison de 2/5 avec
majoration de 25%, soit : 10.800 * 1.25 * 2/5 = 5.400 D,

- TVA/voiture utilitaire ; la voiture étant détenu depuis 5 ans,


donc aucun reversement à effectuer,

- TVA/bâtiment : le bâtiment étant détenu depuis 4 ans, donc un


reversement doit être fait à raison de 6/10 sans majoration de
25%, soit : ((118.000 * 18%)/1.18) * 6/10 = 10.800 D,

- TVA/magasin : TVA déduite lors de l'option : le magasin


étant détenu depuis 5 ans, donc un reversement doit être fait à
raison de 5/10 sans majoration de 25%, soit : 13.728,600 *
5/10 = 6.864,300 D

SECTION II
EXONERATIONS DE LA TVA

La TVA connaît beaucoup d’exonérations accordées pour diverses


considérations économiques, sociales, culturelles ou sectorielles.

Les exonérations prévues par le tableau “A“ du code de la TVA sont


limitatives et concernent des opérations qui sont dispensées par la loi, bien que
normalement se situent dans le champ d’application de la TVA.

Certaines d’entre elles sont acquises sans formalité, d’autres sont subordonnées
à l’utilisation du produit ou à la qualité du bénéficiaire (exemple : importation, la
production et la vente du polyéthylène en feuilles, gaines et rouleaux destiné à
l’agriculture forcée sous serre…).

L’exonération d’une opération en aval n’aura pas de conséquence sur


l’exonération de biens et services nécessaires à sa réalisation. Elle se distingue de :
22
• L’exemption : une opération est exemptée lorsqu’elle se trouve hors champ
d’application de la TVA.

• la suspension : c’est la procédure qui a pour but de ne pas réclamer la TVA


exigible ou de différer éventuellement son paiement.

On cite à titre d’exemple :

- les équipements destinés à l’agriculture et aux bateaux de pêche,

- les pâtes alimentaires de qualité ordinaires,

- les journaux et les livres autres que ceux reliés en cuir, naturel ou
artificiel,

- les opérations d’assurances et de réassurances soumises à la Taxe


Unique sur les Assurances. Cette exonération concerne lesdites
opérations qu’elles soient réalisées par les compagnies d’assurances ou
par les agents généraux d’assurances. Elle ne couvre pas les opérations
de courtages même lorsqu’elles sont réalisées par les agents généraux
d’assurances,

- les opérations réalisées dans le cadre du marché monétaire ;


- la commission de garantie prélevée au profit du Fonds National de
Garantie,

- les intérêts bancaires débiteurs,

- les intérêts des prêts consentis par la Caisse des Prêts et de Soutien des
Collectivités locales,

- les commissions et les intérêts relatifs aux prêts universitaires,

- les commissions et les intérêts relatifs aux micro-crédits accordés par


les établissements de micro finance,

- la location de locaux d’habitation non meublés ainsi que la location


d’autres immeubles effectuée par les collectivités locales et les
personnes physiques non soumises à la TVA selon le régime réel au
titre d’une autre activité et la location des locaux meublés destinés à

23
l’hébergement des étudiants conformément au cahier des charges établi
par le ministère de tutelle .

SECTION III
LES ASSUJETTIS A LA TVA

L’assujetti à la TVA est toute personne physique ou morale qui réalise des
opérations situées dans le champ d’application de la TVA ou ayant opté pour le
régime de la TVA. De même, certains assujettis sont désignés de façon expresse
par l’article 2 du code.

Cependant les opérations d’importation bien que situées dans le champ


d’application de la TVA, ne confèrent pas à elles seules la qualité d’assujetti à
celui qui les réalise.

L’assujetti à la TVA est chargé de la collecte de cet impôt et de la reverser au


Trésor. L’assujetti à la TVA est un simple collecteur dudit impôt. Il n’est pas le
redevable réel de la TVA.

On distingue les catégories suivantes d’assujettis :

A. LES ASSUJETTIS DE DROIT

Il s’agit :
 de toute personne physique ou morale qui réalise des opérations situées
dans le champ d’application de la TVA, c’est-à-dire des opérations
obligatoirement soumises à la TVA à l’exclusion des importations ;

 des entreprises dépendantes d’entreprises assujetties à la TVA quelle que


soit leur forme juridique ;

 des entrepositaires et marchands en gros de boissons alcoolisées, de vins et


de bières (art 2-III du code)

Exemple :

Soit une entreprise "A " qui a pour activité la fabrication des ustensiles de
cuisines sise à Tunis, et qui a participé au capital d’une société " B " sise à Sousse,
dont l’activité est le commerce de détail. Le taux de participation est de 60%, et le
chiffre d’affaires de cette dernière en 2009 est de 91000 dinars.

24
- L’entreprise "A " est obligatoirement assujettie à la TVA du fait qu’elle
exerce une activité industrielle.
- L’entreprise " B " aura obligatoirement la qualité d’assujettie du fait qu’elle
est dépendante de l’entreprise "A".

B. LES ASSUJETTIS SUR OPTION OU INVOLONTAIRES

Il s’agit de toute personne physique ou morale qui réalise des opérations


situées hors champ d’application de la TVA ou exonérées et ayant opté pour le
régime de la TVA conformément à ce qui est développé ci haut.

C. LES PERSONNES QUI MENTIONNENT LA TVA SUR LEURS


FACTURES OU TOUT AUTRE DOCUMENT EN TENANT LIEU
ALORS QU’ELLES NE SONT PAS SOUMISES A CET IMPOT

Il s’agit des facturations de TVA n’ayant pas de fondement légal faites par
des personnes non soumises à la TVA (opérations exonérées ou hors champ ...).
Dans ce cas l’imposition à la TVA et la qualité d’assujetti ne sont pas
permanentes. Elles ne peuvent être invoquées que pour les opérations objet de la
facturation à tort de la TVA.

Par ailleurs, il y a lieu de noter qu’on peut aussi être assujetti pour l’intégralité
de l’activité ou partiellement. Cette dernière situation a des conséquences surtout
au niveau du droit à déduction.

De même on peut être assujetti pour une période limitée pour le cas des
personnes qui réalisent occasionnellement des opérations soumises à la TVA.

SECTION IV
LA TERRITORIALITE DE LA TVA

A/ PRINCIPE

La règle de territorialité détermine si oui ou non il y a imposition à la TVA.


En effet pour qu’une opération relevant du champ d’application de la TVA, soit
soumise à cet impôt, il faut qu’elle soit réalisée en Tunisie dans les conditions
prévues par l’article 3 du code de la TVA.

B/ APPLICATION DE LA REGLE DE TERRITORIALITE

25
L’article 3 susvisé stipule en son paragraphe II qu’une « affaire est réputée
faite en Tunisie :
- s’il s’agit d’une vente, lorsque celle-ci est réalisée dans les conditions
de la livraison de la marchandise en Tunisie ;
- s’il s’agit de toute autre opération, lorsque le service rendu, le droit
cédé ou l’objet loué est utilisé ou exploité en Tunisie.

Il en découle que le lieu d’imposition diffère selon la nature de l’opération,


vente d’un bien ou prestation d’un service.

1) Pour les ventes

Selon l’article 3 susvisé l’imposition à la TVA d’une opération de vente de


biens, produits, marchandises... est considérée faite en Tunisie si elle est réalisée
aux conditions de la livraison en Tunisie.

C’est donc la notion de livraison qui détermine si oui ou non il y a imposition.

D’après l’article 592 du code des obligations et des contrats (COC) ; il y a


livraison de la marchandise en Tunisie lorsque le vendeur ne peut plus disposer des
marchandises pour toutes autres transactions. La livraison est considérée faite par
la remise matérielle du bien ou par la remise du titre qui le représente.

En outre l’article 3 susvisé prévoit dans ses paragraphes II et III les cas où des
opérations d’exportation ou d’importation sont accompagnées par des opérations
de livraisons en Tunisie soumises à la TVA.

Au terme de ces dispositions :

 « une marchandise destinée à l’exportation est considérée livrée en


Tunisie au regard d’un vendeur lorsque la déclaration d’exportation n’a pas été
déposée au nom de celui-ci »

De ce fait, pour qu’une marchandise destinée à d’exportation soit dispensée


du paiement de la TVA y afférente et de la collecte de l’impôt au titre de cette
marchandises pour le vendeur ; il faut que la déclaration d’exportation soit fait au
nom du vendeur en question.

A défaut et si la déclaration en douane est faite au nom d’une personne tierce


au vendeur et même si la marchandise quitte effectivement le territoire tunisien

26
(exportée), il y a lieu de soumettre à la TVA l’opération de livraison de la
marchandise ayant précédée l’opération d’exportation effective.

Exemple :

Soit un libyen qui achète auprès d’un commerçant détaillant assujetti à la


TVA dont le point de vente est sis à Nabeul, des articles de poterie en vue de
les exporter vers la Libye.

Le sort fiscal de cette opération en matière de TVA diffère selon que la


déclaration d’exportation est faite au nom du commerçant tunisien ou au nom
du client libyen.
 Si la déclaration d’exportation est faite au nom du commerçant détaillant on
considère qu’il s’agit d’une opération d’exportation non précédée par une livraison
en Tunisie et donc il n y a pas lieu de collecter de TVA au titre de cette opération.
 Si par contre, la déclaration en douane est faite au nom du client libyen on
considère que cette opération est précédée par une opération de livraison en
Tunisie ; laquelle opération est soumise à la TVA en Tunisie. Le commerçant est
donc tenu de facturer la TVA à son client et de la reverser au trésor selon les
conditions légales.
 «une marchandise importée est considérée comme livrée en Tunisie dès
lors qu’elle est livrée à une personne autre que celle dont le numéro
d’identification en douane a été utilisé pour le dédouanement ».
Cette marchandise va devoir donc supporter la TVA à l’importation et au titre
de la livraison à une personne autre que l’importateur dont le nom a servi pour le
dédouanement.
Les cessions à quai, c.à.d. les cessions réalisées avant l’accomplissement des
formalités douanières, ne sont pas imposables au niveau de cessionnaire. Donc
c’est l’acquéreur qui procède au dédouanement de la marchandise qui supporte les
droits et taxes dus à l’importation.

2) Pour les services


Le lieu d’imposition pour une prestation de service est celui de son utilisation
ou exploitation. Le lieu où est réalisé le service, celui de la résidence des parties
concernées par l’opération et celui du paiement du prix du service n’a aucune
importance pour la détermination si oui ou non il y a imposition en Tunisie.

* La confection des plans de locaux réalisée en Tunisie par un architecte pour être
27
exécuté dans le cadre d’un projet situé à l’étranger n’est pas soumise à la TVA en
Tunisie puisque le service serait exécuté à l’étranger,

* La location d’un équipement pour être utilisé à l’étranger n’est pas soumise à la
TVA en Tunisie puisque le matériel est utilisé à l’étranger,

* Le lieu d’imposition pour les prestations publicitaires est celui du bénéficiaire et


non celui du prestataire.

Cas de règles de territorialité de la TVA pour certains services réalisés à


l’étranger au profit de résidents ou établis en Tunisie (NC 17/2013)

• Formation ;
• Prospection et recherche des marchés Etrangers ;
• Opérations de publicité ;
• Opérations d’intermédiation ;
• Services des avocats.

CHAPITRE III

FAIT GENERATEUR

28
Le fait générateur est l’événement qui donne naissance au droit à l’exigibilité
de la taxe. C’est donc l’évènement qui fait naître la créance du trésor. L’exigibilité,
étant le droit du trésor de réclamer au redevable le paiement de la taxe.

Le fait générateur détermine la législation à appliquer (le taux de la TVA,


l’assiette, …). Il est défini selon le type de l’opération.

SECTION I
CAS DES IMPORTATIONS

Le fait générateur est constitué par l’opération de dédouanement. Toutefois,


ce phénomène peut être suspendu lorsque la marchandise bénéficie d’un régime
économique douanier (admission temporaire par exemple).

SECTION II
EN REGIME INTERIEUR

A/ CAS DES VENTES


Le fait générateur coïncide pour les opérations de vente avec la livraison du
bien en Tunisie ou la facturation du prix si elle intervient avant la livraison.

B/ CAS DES SERVICES


Le fait générateur est constitué par la réalisation du service ou par
l’encaissement total ou partiel s’il intervient antérieurement à la réalisation des
services.

C/ CAS PARTICULIERS

1) Travaux immobiliers
Le fait générateur est constitué par l’exécution partielle ou totale des travaux.

29
Toutefois pour les travaux publics réalisés avec l’Etat, les Collectivités
Locales, et les Etablissements Publics à caractère Administratif, le fait générateur
est constitué par l’encaissement.

2) La fourniture des biens, marchandises, matériels immeubles,


fonds de commerce et services au profit de l’Etat, les CPL, les établissements
et les entreprises publics soumis à la RS au taux de 25%

La loi de finances pour l’année 1998 a étendu le régime applicable aux


travaux publics repris au paragraphe 1 ci-dessus aux marchés publics portant sur la
fourniture des biens et services de toute nature. Donc pour ces marchés le fait
générateur coïncide avec l’encaissement.

3) Livraisons à soi-même

Le fait générateur est constitué pour les livraisons à soi même par la première
utilisation du bien.

4) Vente ou échange de terrains lotis ou d’immeubles bâtis :

L’acte qui constate l’opération et à défaut c’est le transfert de propriété. La


TVA est donc exigible à partir de la date de l’acte de vente ou de la promesse de
vente lorsque cette promesse est assimilée à une vente c à d quand elle répond aux
conditions d’une vente : le consentement des contractants, l’un pour vendre, l’autre
pour acheter et l’accord sur la chose et le prix et les autres clauses du contrat,

CHAPITRE IV
30
ASSIETTE DE LA TVA OU BASE IMPOSABLE

L’assiette de la TVA est constituée par la valeur sur laquelle on calcule ledit
impôt. Elle est différente selon qu’il s’agit d’importation ou de régime intérieur. De
même il existe des règles particulières de détermination de la base imposable
prévues de façon expresse par l’article 6 du code de la TVA.

SECTION I
A L’IMPORTATION

Pour les assujettis à la TVA et assimilés(1), l’assiette de la TVA est constituée


par la valeur en douane tous droits et taxes inclus à l’exclusion de la TVA.

Toutefois, pour les non assujettis l’assiette de la TVA est constituée par la
valeur en douane tous droits et taxes compris, à l’exception de la TVA, majorée
de 25%.

SECTION II
EN REGIME INTERIEUR
A/ CAS GENERAL

Le chiffre d'affaires imposable comprend le prix des marchandises, des


travaux ou des services, tous frais, droits et taxes inclus, ainsi que la valeur des
objets remis en paiement, à l'exclusion de la taxe sur la valeur ajoutée, des
subventions d'exploitation et des prélèvements conjoncturels et de compensation.

1. Éléments inclus dans la base :

- Impôts et taxes sauf la TVA (DC, FODEC)


- les compléments de prix payés par l’acheteur : intérêt pour règlement
à terme, frais avancés par le fournisseur à son client qui ne sont pas
remboursés à l’identique.

2. Éléments exclus de la base :

a) Les subventions (d’équipement, d’équilibre, d’exploitation) qui ne sont


pas reçues en contre partie de la livraison de bien ou de prestation de service :

La loi assimile aux assujettis à la TVA à ce niveau l’Etat, les Collectivités Locales, et les Etablissements
(1)

Publics à caractère administratifs.


31
- Subvention d’équipement : accordée par l’État ou un organisme étatique en
vue d’acquérir des biens ou services nécessaires à l’exploitation. Elle est donc
perçue pour le financement d’un investissement.
- Subvention d’équilibre : accordée par l’État ou un organisme étatique en
fonction du résultat de l’entreprise. Elle est donc destinée à combler
entièrement ou partiellement un déficit.
- Subvention d’exploitation : accordée dans le but de maintenir le prix d’un
produit à un niveau inférieur au prix de vente normal ou du coût de revient.
b) Les indemnités de dommages et intérêt moratoires.
c) Les réductions de prix : remise, rabais, ristourne (sur facture ou faisant
l’objet d’une facture d’avoir si la réduction est accordée postérieurement à la
facture initiale ou bien une facture rectificative pour tenir compte de la réduction).
d) La consignation d’emballage (une somme versée par un client à son
fournisseur en garantie du retour des emballages contenant des marchandises
achetées) ; en cas de non retour, les sommes perçues ne constituent pas un chiffre
d’affaires mais un produit soumis à l’IR ou à l’IS.

e) Les sommes avancées par le fournisseur pour le compte de son client et


remboursées par ce dernier à l’identique.

f) Les prélèvements conjoncturels (sur le ciment et la chaux).

g) Le droit de timbre.

B/ CAS PARTICULIERS

Le code de la TVA a prévu des assiettes particulières pour certaines


opérations et ce, pour diverses considérations.

1. Les LASM

Si elles sont taxables, la base sera constituée par le prix de vente pratiqué sur
des biens similaires, et à défaut par le prix de revient déterminé lors de
l’exigibilité de la TVA.
2. Les ventes de biens immeubles ou de fonds de commerce

La base imposable est constituée par la différence entre le prix de vente et le


prix d’achat, tous frais, droits et taxes inclus sauf la TVA.

32
3. Les ventes réalisées par les commerçants assujettis à la TVA et
portant sur des produits acquis auprès des personnes non assujetties

La base imposable est constituée par la différence entre le prix de vente et le


prix d’achat.

4. Opérations d’échange de marchandises ou de biens taxables


(autres que les immobilisations soumises à la régularisation)

L’échange s’analyse comme une double vente effectuée par chacun des
coéchangistes. L’assiette est constituée par la valeur des biens ou marchandises
livrés en contrepartie de ceux reçus, majorée éventuellement de la soulte, et ce,
entre les mains de chaque coéchangiste.

Chacun des coéchangistes est considéré comme effectuant une vente soumise
à la TVA selon le régime qui lui est approprié et un achat ouvrant droit à déduction
selon les règles régissant la déduction de la TVA.

5. Disparition injustifiée d’un bien

La base imposable est déterminée par le prix de revient du bien. Constituent


selon la doctrine administrative des disparitions justifiées et ne donnent pas lieu de
ce fait au reversement de la TVA les disparitions suite aux événements suivants :
vol ayant donné lieu à plainte, inondation, incendie, destruction volontaire prouvée
justifiée par un PV dressé par deux agents.

6. Les ventes réalisées entre entreprises dépendantes :


Lorsqu’une entreprise assujettie réalise des ventes à une entreprise non
assujettie dépendante de la première, la TVA est calculée sur la base du prix de
vente pratiqué par l’entreprise non assujettie.

7. Pour les opérations de leasing ou d’Ijarra :

A compter de 1/1/2008, les montants relatifs au remboursement du coût


d’acquisition des immobilisations ainsi que les intérêts facturés au titre des
opérations de leasing et ce du fait qu’à partir de cette date, les sociétés de leasing
ont procédé à l’abandon de l’enregistrement au bilan en tant qu’immobilisation des
biens objets de contrats de leasing et à la comptabilisation des montants leur
revenant au titre de ces opérations ventilés entre montant représentant le
remboursement du principal de la dette et le montant des intérêts.

33
CHAPITRE V

TAUX DE LA TVA

Actuellement la TVA comprend trois taux à savoir : 7%, 13% et 19% (à partir
du 01/01/2018). Ces taux sont majorés du fait de la majoration de l’assiette de la
TVA de 25% pour les importations réalisées par les non assujettis.

SECTION I
TAUX DE 7%

Le taux de 7% est applicable aux produits et services repris par le tableau


« B » annexé au code de la TVA. On y relève notamment :
- La santé :
 Services de santé y compris l’hébergement et la restauration dans les
établissements de santé,
 Médicaments et produits pharmaceutiques,
 Opérations effectuées par les médecins, dentistes, infirmiers, masseurs,
orthophonistes…
 les exploitants de laboratoires d’analyses, sachant que toute autre
opération ou service rendu par le laboratoire est soumis à la TVA au
taux de 19%.

- Le transport : transport de produits agricoles ou de pêche par les tiers ainsi


que le transport des personnes.

- L’informatique : supports magnétiques et disques laser non enregistrés.

- L’artisanat : matières premières, articles et produits de l’artisanat local


(décret n 96-1189 du 01 Juillet 1989).

- L’agriculture et la pêche : opération d’importation de production et de


vente des aliments composés pour bétail ; du maïs, des tourteaux de soja, des
farines de poisson….

Il importe de noter que :

34
 La revente en l’état des produits agricoles et de pêche est hors champ
d’application de la TVA. Toutefois, l’importation de ces produits est
soumise à la TVA au taux de 19%,
 La transformation des produits agricoles est soumise à la TVA au taux
du produit sauf exonération expresse, sachant que la transformation
couvre également la moulure pour les épices.

- Certains produits alimentaires et agroalimentaires tels que : conserves de


tomate, harissa et sardines, fruits et légumes transformés autres que le jus fabriqué
à partir des concentrés extraits de ces produits, le jus et la confiture d’ananas, de
mangue, de kiwi, d’avocat, de goyave et des mélanges de ces produits, et les
légumes et fruits préparés ou conservés ou congelés autrement qu’au vinaigre ou à
l’acide acétique, contenant de l’alcool,

- Le tourisme : hôtels, restaurants, parcs animaliers, golf, thalassothérapie,


thermalisme, campings, location des anneaux d’amodiation dans les ports
de plaisance…

- La culture et le divertissement : distribution et projection de films,


droits d'entrée aux musées.

- La formation : les services des établissements d'enseignement de base,


secondaire et supérieur, les crèches, les jardins d'enfants, les garderies
scolaires et les services des établissements de formation professionnelle
de base …...

SECTION II
TAUX DE 13%

Le taux de 13% est applicable aux produits, services et opérations réalisées


par les secteurs repris par le tableau « B-bis » annexé au code de la TVA. Il
s’applique notamment :

- Le transport : Il s’agit de transport des marchandises autres qu’agricoles


ou de pêche, voiture 4 CV, …
- Les carburants : pétrole lampant, gas-oil, fuel-oil domestique, fuel-oil
léger et lourd, gaz de pétrole lampant (propane et butane) (décret
conjoncturel depuis Août 2004).

35
- L’électricité : basse tension à usage domestique, basse et moyenne
tension utilisée pour le fonctionnement des équipements de pompage de
l’eau destinée à l’irrigation agricole.
- L’informatique : internet, services informatiques y compris l’assistance
informatique, matériels informatiques ainsi que les parties et pièces
détachés, certification électronique…
- Les services juridiques, comptables et d’expertises : avocats, notaires,
huissiers notaires, interprètes, conseils juridiques et conseils fiscaux,
comptables.

- Les équipements : Il s’agit des équipements mentionnés au tableau « B


bis » annexé au code de la TVA et prévus par des listes fixées par les
décrets pris en application du code d’incitations aux investissements à
savoir :

- L’environnement : opérations de collecte des déchets de plastique au


profit des entreprises de recyclage.

SECTION III
TAUX DE 19%

Le taux de 19% s’applique aux produits et services soumis à la TVA et non


concernés par un autre taux. Il s’agit à titre indicatif :
- Les télécommunications : Services rendus par les entreprises ayant la
qualité d’opérateurs de réseau de télécommunications,
- Les carburants : essence et gaz naturel,
- L’électricité : autre que celle soumise à 13%,
- Le secteur de l’immobilier : Travaux immobiliers, promotion
immobilière autres que les ventes d’immeubles destinés à l’habitation,
lotissement privé…
- La location : Location de fonds de commerce ; location à usage
professionnel par les personnes physiques assujettis à la TVA au titre
d’une autre activité…
- Commission et courtage,
- L’importation et la production des produits alimentaires : eau du
robinet et minérales, beurres, yaourt, chocolat, thon, café soluble,
36
bananes, Noix de coco, de cajou, ananas et jus, avocats, Raisins secs,
Pommes, poires…
- La consommation sur place : cafés, buvette …
- Les produits alcoolisés : vins, bières et alcools,
- Parfums, eaux de toilette et cosmétiques…
- Fourrures, textiles importées ou en soie…

- Ivoire, corail, et ouvrages en ces matières …

37
CHAPITRE VI

TECHNIQUES DE PERCEPTION DE LA TVA


LES DEDUCTIONS

SECTION I
GENERALITES

La TVA est perçue suivant la technique des paiements fractionnés. Chaque


assujetti à cette taxe facture la TVA sur ses ventes et prestations de service et
déduit celle qui lui a été facturée par ses fournisseurs ou celle qu’il a acquittée à
l’importation de telle sorte qu’il ne contribue que pour l’équivalent de la TVA sur
sa valeur ajoutée. L’arrêté de compte « assujetti-trésor » s’effectue mensuellement.
Au cas où la TVA sur les achats d’un mois est inférieure à celle collectée sur
les ventes, l’assujetti reverse le reliquat pendant la première quinzaine du mois qui
suit s’il s’agit d’une personne physique et pendant les 28 premiers jours du mois
qui suit s’il s’agit d’une personne morale.

Si par contre le montant de la TVA sur les achats dépasse celui de la TVA sur
les ventes, l’excédent est reportable sur les déclarations des mois ultérieurs sans
limitation de durée. L’excédent ou crédit de TVA peut être restitué.

SECTION II
ETUDE DU MECANISME DES DEDUCTIONS

A/ PRINCIPE
La TVA sur acquisition de biens et de services est déductible tant que ces
derniers contribuent à la réalisation d’une opération imposable à la TVA. Il
s’ensuit donc que lorsque le produit final ou le service réalisé est exonéré ou hors
champ d’application de la TVA, ses intrants n’ouvrent pas droit, par symétrie, à la
déduction de la TVA.

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Cependant, sont exclus de la déduction de la TVA les acquisitions auprès des
personnes physiques soumises à l’IRPP selon le régime forfaitaire et celles portant
sur les voitures de tourisme sauf celles objet de l’exploitation (entreprise de
location, auto-école, transport par taxi et louage...).

Remarque : Les exportations de biens et de services donnent droit à


déduction.

B/ CONDITIONS DE DEDUCTION DE LA TVA


1) L’entreprise doit avoir la qualité d’assujetti et être soumise au régime réel ;
2) Les biens ou les services acquis doivent l’être auprès d’un assujetti soumis
au régime réel ;

3) Les biens et les services donnant droit à déduction doivent être nécessités
par l’exploitation ;
4) Les biens et services ne doivent pas figurer parmi ceux exclus du droit à
déduction ;
5) La TVA déductible doit être justifiée par une facture, ou un document
douanier s’il s’agit d’importation et par un certificat de retenue à la source pour le
cas de marchés publics.

C/ L’EXCLUSION DU DROIT A DEDUCTION

Sont exclus du droit a déduction :

- les biens et services non utilisés dans le cadre d’une activité soumise à
la TVA ;
- les voitures de tourisme utilisées pour le transport autres que celles
objet de l’exploitation (location, auto-école, taxi, louage…) et les frais
engagés pour assurer la marche ou l’entretien des voitures de tourisme
exclus du droit à déduction ;

- les biens et services acquis auprès des personnes physiques soumises


au régime forfaitaire prévu par l’article 44 bis du code de l’IRPP et de
l’IS (1) ;

Pour les acquisitions faites par les commerçants assujettis à la TVA auprès des forfaitaires la base imposable est
(1)

constituée par la différence entre le prix de vente et le prix d’achat.


39
- Les achats effectués auprès des non assujettis à la TVA et ce même si
la TVA a fait l’objet d’une facturation,

- les achats de marchandises, biens et services dont le montant est égal


ou supérieur à 20.000 DT hors TVA et dont la contrepartie est payée en
espèces. Ce montant va être réduit à 10.000 DT à partir du
01/01/2015 et à 5.000 DT à partir du 01/01/2016. (NC 7/2014)

- Les emballages destinés à la consignation(1).

D/ CAS PARTICULIER DES ASSUJETTIS SOUMIS


PARTIELLEMENT A LA TVA
La règle énoncée ci-dessus est d’application simple pour les contribuables
soumis à la TVA pour l’ensemble des opérations qu’ils réalisent. Elle devient
complexe pour ceux dont le chiffre d’affaires comporte des opérations imposables
et d’autres qui ne le sont pas.
A ce niveau il y a lieu de préciser que les assujettis partiels à la TVA
déduisent intégralement la TVA se rapportant aux opérations soumises à la TVA
uniquement ; et ne déduisent pas la TVA se rapportant uniquement aux
opérations exonérées ou hors champ d’application de la TVA. C’est la règle de
l’affectation.
A défaut et si les achats de biens et services sont destinés à la fois aux
opérations soumises et à celles non soumises, on applique la règle du prorata.
En effet, pour faciliter l’application du principe de la déduction pour les
contribuables en question le législateur a prévu un procédé spécial appelé « règle
du prorata » qui permet à l’assujetti partiellement soumis à la TVA de déduire un
pourcentage de la TVA sur ses acquisitions. Ce pourcentage est donné par la
formule suivante :

CA soumis TTC+ (CA exportation + TVA fictive) + (CA en suspension + TVA fictive)
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Eléments du numérateur+CA exonéré+CA hors champ d’application de la TVA

Ce pourcentage est établi chaque année sur les résultats de l’année précédente
et l’entreprise l’applique mensuellement sur la TVA ayant grevé ses achats. Ce
prorata est déterminé sur la base des recettes prévisionnelles pour les nouveaux
assujettis partiels.

(1)
Ces emballages sont aussi exclus de l’assiette imposable.
40
SECTION III
CAS DE REGULARISATION DE LA TVA DEDUITE

A/ Changement du prorata de déduction

L’article 9 – III du code de la TVA oblige les assujettis partiels à la fin de


chaque année civile de déterminer le prorata de déduction compte tenu des
éléments réalisés au cours de ladite année qui est le prorata réel en vue de rectifier
la TVA déduite en fonction de ce prorata.

En effet, Si la déduction de la TVA relative aux biens non amortissables est


définitive, celle opérée sur les biens amortissables est sujette à régularisation si le
prorata déterminé sur les éléments réels varie de plus ou de moins de 5 points.

B/ Autres cas de régularisation de la TVA déduite

La TVA initialement déduite peut faire l’objet de régularisation dans les cas
suivants :

 cessation d’activité,
 cession de biens amortissables avant l’expiration de 5 ou 10 ans,
 changement d’affectation de biens d’un secteur soumis à un secteur non
soumis.
 disparition injustifiée d’un bien.
 abandon de la qualité d’assujetti.

SECTION IV
OPERATIONS REALISEES DANS LE CADRE DE CONTRATS DE
LEASING OU D’IJARA

A/ PRINCIPE

Le régime fiscal à partir du 1 janvier 2008 pour les entreprises qui réalisent
des opérations de leasing ou d’Ijara dans le cadre de leur activité n’enregistrent
plus dans leur comptabilité, les biens objet des contrats de leasing et acquis à partir
du 1er janvier 2008 en tant qu’immobilisations.

41
Elles procèdent à l’enregistrement comptable des montants leur revenant au
titre de ces opérations, à partir des mêmes dates, ventilées entre des montants
représentant :

- le remboursement du principal de la dette


- des montants relatifs aux intérêts.

Les entreprises qui réalisent des opérations de leasing ont le droit de déduire
la TVA :

• grevant leurs achats d’équipements, matériels et immeubles destinés à être


exploités dans le cadre des contrats de leasing, et ce nonobstant
l’enregistrement comptable de ces achats.

• relative aux autres équipements, matériels et immeubles ainsi que tous les
achats nécessaires à l’activité (des sociétés de leasing) sous réserve des
dispositions de l’article 10 du code de la TVA.

Remarque

- Les véhicules de tourisme destinés à l’exploitation dans le cadre de contrats


de leasing ouvrent droit à la déduction de TVA au niveau de la société de
leasing,

- Les véhicules de tourisme nécessaires à l’activité des sociétés de leasing et


non exploitées dans le cadre des contrats de leasing n’ouvrent pas droit à la
déduction de TVA au niveau de la société de leasing.

B/ Régularisation de la TVA relative aux équipements, matériels et


constructions objet de contrats de leasing ou d’Ijara

L’article 51 de la LF pour l’année 2008 a prévu l’obligation de régulariser la


TVA en cas de cession par les sociétés de leasing des équipements, matériels et
constructions objets des contrats de leasing au profit des personnes autres que les
contractants soumis à la TVA.

Toutefois, il s’est avéré que les contrats de leasing peuvent s’étaler sur une
période ne dépassent pas 5 ou 10 ans.

Donc, vu cette spécificité, les sociétés de leasing doivent, en cas de cession


d’équipements, matériels ou constructions procéder à la régularisation de la TVA
comme suit :
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- En cas de cession par l’entreprise qui réalise des opérations de leasing, des
équipements, matériels et constructions au profit de contractants assujettis ou
non assujettis avant l’expiration du contrat de leasing, l’entreprise de leasing
doit reverser la TVA ayant grevé les biens en question diminuée du cinquième
au titre de chaque année civile ou fraction d’année civile de détention pour les
matériels et équipements et du dixième pour les constructions.

- En cas de résiliation avant terme du contrat de leasing et de cession par


l’entreprise qui réalise des opérations de leasing des équipements, matériels et
constructions au profit de personnes autres que les contractants , l’entreprise
de leasing doit reverser la TVA ayant grevé les biens en question diminuée du
cinquième au titre de chaque année civile ou fraction d’année civile de
détention pour les matériels et équipements et du dixième pour les
constructions.

- En cas de cession par les entreprises qui réalisent des opérations de leasing des
équipements, matériels ou constructions au profit d’acquéreurs assujettis ou
non assujettis (contractants ou non contractants ) à la fin du contrat de
leasing, l’entreprise qui réalise les opérations de leasing n’est pas tenue de
procéder à la régularisation de la TVA.

- L’entreprise assujettie à la TVA qui exploite des biens dans le cadre d’un
contrat de leasing et qui cède ce bien avant l’expiration de la période de
détention de cinq ans ou de dix ans selon le cas doit reverser la TVA ayant
grevé les biens en question diminuée du cinquième au titre de chaque année
civile ou fraction d’année civile de détention pour les matériels et équipements
et du dixième pour les constructions. La période de détention est décomptée
à partir de la date d’acquisition au niveau de l’entreprise qui réalise les
opérations de leasing.

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