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11 faut que le peuple soit jugé par les lois, «1 les grands par la fantaisie du pring que la téte du dernier sujet soit en sdreté, et celle des bachas 1 toujours expos. On ne peut parler sans frémir de ces gouvernements monstrucux, Le sophi de Perse, détroné de nos jours par Mirivéis, vit le gouvernement périr avant la conquéte, parce qu’il n’avait pas versé assez de sang. Lihistoire nous dit que les horribles cruautés de Domitien effrayérent les gou- verneurs au point que le peuple se rétablit un peu sous son regne *. C'est ainsi qu'un torrent qui ravage tout d’un c6té laisse de l'autre des campagnes ou Peel voit de loin quelques prairies "”. (III, 9)- DE LA CORRUPTION DU PRINCIPE DE LA DEMOCRATIE Monrasquimy place en téte'du Livre VHI, De-la-corruption des principes des trois Bon vermements. cette réflexion générale : « La corruption de chaque gouvernement commence prceque toujours par celle des principes. » Puis il examine le cas de la démocratie : ce régime Peutlétre menace par les ambitions individuelles (esprit d’inégalité), ‘mais il Pest plus Eheore par esprit d'insubordination, ou esprit d’égalité extréme, encouragé par la politique sre emagogues, et qui provoque l'anarchie, terrain favorable & Vétablissement du despotisme. nn eranae’ Lhe principe de Ja démocratie se corrompt, non seulement lorsqu’on™ perd esprit d’égalité, mais encore quand on prend lesprit d’égalité Petréme #, et que chacuin veut étre égal a ceux -qu’it-choisit-pour—lui. commander. Pour lors le peuple, ne pouvant souffrir le pouvoir méme qu’il confie, veut tout faire par lui-méme, délibérer pour le sénat, exé- Guter pour les magistrats, et dépouiller tous les juges ®. Ti ne peut plus y avoir de vertu dans la république *. Le peuple veut faire les fonctions des’ magistrats : on ne les respecte donc plus. Les délibérations du sénat n’ont plus de poids : on n'a donc plus d’égards ro pour les sénateurs, et par conséquent pour les vieillards 4. Que si l'on h’a pas du respect pour les “feillards, on n’en aura pas non plus pour les 2 23° tes maris ne méritent pas plus de déférence, ni les maitres plus de soumission. Tout le monde parviendra & aimer ce libertinage ° : ja gene® du commandement fatiguera, comme celle de Vobéissance. Les femmes, les enfants, les esclaves n’auront de soumission pour srsonne. Il n’y aura plus de meurs, plus'd’amour de Pordre, enfin plus de vertu. ma «pq eGu pachas : “dignicaires mausulmans. | % Ce qui entratne Ia désastrense confrsion des = Os spacité nlomengicuse onde | how gael, Cp 1 Bhicrue fa yn torte ee et ae \ inicrét purtisulier. - 7 Tao wer ats EY EEy ee pat or, osés borin sn atthe ee ee ee | raat euprte + wl onoieaissiBls! On voit dans te Banquet de Xénophon une peinture bien naive? dune république ou te peuple a abusé de légalité. Chaque convive donne & son tour Ia raison pourquoi § il est content de lui. « Je suis content de moi, dit Charmidés, & cause de ma pauvreté. Quand j’étais riche, j'étais obligé de faire ma cour aux calomniateurs °, sachant bien que Jétais plus en état de recevoir du mal d’eux que de leur en faire ; la république me demandait toujours quelque nouvelle ‘Somme ; je ne pouvais m’absenter. Depuis que je suis pauvre, j’ai acquis de Pautorité ; personne ne me menace, je menace les autres ; je puis m’en aller ou rester. Déja les riches se lévent de leur place et me cédent le pas. Je suis un roi, j’étais esclave ; je payais un tribut a la république, aujourd’hui elle me nourrit ; je ne crains plus de perdre, j’espére d’acquérir. » Le peuple tombe dans ce malheur, lorsque ceux & qui il se confie, voulant cacher leur it propre corruption, cherchent a le corrompre. Pour qu'il ne voie pas leur ambition, ils ne lui parlent que de sa grandeur ; pour qu’il n’apercoive pas leur avarice 2° , ils flattent sans cesse la sienne ", La corruption augmentera : parmi les corrupteurs, et elle augmentera parmi ceux qui sont déja corrompus. Le peuple se distribuera ! tous les deniers publics ; et, comme il ‘aura joint a sa paresse la gestion des affaires, il voudra j joindre & sa pauvreté les amusements du luxe. Mais, avec sa paresse et son luxe, i r I n’y aura que le trésor public qui puisse @tre un objet ! pour lui. ° Ine faudra pas s’étonner si l’on voit les si Pargent. On ne peut donner beaucou, uffrages se donner pour de de lui ; n 0 p au peuple, sans retirer encore plus mais, pour retirer de Jui, il faut renverser I’Etat, 1 Plus il paraitra tirer d’avantage de sa liberté, plus il s’approchera du moment ott il doit la perdre. Il se forme de petits tyrans qui ont tous les vices d’un seul. Bientét, ce qui reste de liberté devient insupportable ; s’éléve ; et le peuple perd tout, jusqu’aux avantages de sa La démocratie a donc deux exces a éviter : Pesprit Winégalité, qui la méne 4 l’aristocratie, ou au gouvernement d’un seul 3 et Pesprit d’égalité extréme, qui la conduit au despotisme d’un seul, comme le despotisme se d'un seul finit par la conquéte. (VIII, 2). un seul tyran corruption. x. Définir ce que Montesquieu entend par esprit d’égalité extréme, 2. Comment la démocratie peut-elle étr 3. Etudier dans cette page la pi 4 Comment Montesquieu a. Hité un exces d’abstraction ? 5+ Verifier les idées de Montesquieu a l'aide d'exemples tirée de la Révolution frangaise. ¢ aussi corrompue par le vice contratre, V'esprit d'inégalité? ropriété des termes et la rigueur de la dialectique. a ee f dant tes 60 x | ESPIn Pichon pour pousoir stein cones cable Aun peuple qu: refur part de leats biene, — re Cupid ol tciuine Uepolre des Trozhy' | toe sonescare fel lea domagoe st. 2 Soe tea Hs weet Ua Un abjverif offer as [cf. p- 108). Tl n'a cessé Nesclavage, Vironiste cor de toile bleue ; la main droite. « Eh, mo mon ami, dans l’état hor: dendur le fameux négoci Candide, qui t’a traité ntient mal son é i ai la générosité de V les vestiges du s d'un réquisitoire (CHAP. XTX), motion et le cont *" approchant de la vi i gre étendu par terre, E ile *, ils rencontrérent un né étendu par 3 > ter neayant plus que la mo son OLTaIRe répond 4 celle de Montesquieu ervage en Europe ; devant la barbarie de 'e, devenu pamphlet, prend le ton indigné . itié de son habit, c’est-a-dire d’un calegon il manquait 4 ce pauvre homme lajambe gauche et n Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu la, tible ot je te vois ? — J’attends mon maitre, M. Vander- ant, répondit le négre. — Est-ce M. Vanderdendur, dit insi? — Oui, monsieur, dit le négre ; c'est usage. On nous donne un caleson de toile pour to travaillons aux sucreries et que la me 10 main ; quand ‘nous voulons nous en trouvé dans ces deux cas : c’est a ce Cependant, lorsque ma mére me ven: ut vétement deux fois l'année ; quand nous tule nous attrape le doigt, on nous coupe la fuir, on nous coupe la jambe ; je me suis prix que vous mangez du sucre en Europe. dit dix écus patagons sur la céte de Guinée, elle me disait : « Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux ; tu as l’honneur d’étre esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par la la fortune de ton pére et de ta mére ». Hélas ! je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la mienne ; les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous Les fétiches * hollandais, qui m’ont converti, me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d’Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces précheurs disent 20 vrai, nous sommes tous cousins issus de germain : of, vous m’avouerez qu’on ne peut pas en user avec ses parents d’une maniére plus horrible. — O Pangloss ! s’écria Candide, tu n’avais pas deviné cette abomination_| c’en_est fait, il faudra qu’a la fin je renonce & ton optimisme. — Qu’est-ce qu’optimisme? disait Cacambo *. — Hélas ! dit Candide, c’est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Et il versait des larmes en regardant son négte, et en pleurant il entra dans Surinam. « IL FAUT CULTIVER NOTRE JARDIN » le nous laisser sur l’impression décourageante d'un pessimisme fataliste et sans une ia ta Conclusion de Candide nous offre un reméde pratique au mal qui régne dans le monde : si la Providence se désintéresse des hommes il dépend de nous de « cultiver notre jardin ». La formule doit beaucoup aux préoccupations du « jardinier » qui vient d'acheter erney (oct. 1758), mais elle prend une valeur plus largement symbolique si l'on songe a Pactivité universelle de ce vieillard, persuadé dés 1730 que l'homme est né pour U'action. VoLTAIRE est pessimiste sans doute, mais d’un pessimisme viril, tempéré par Pidée de la civilisation et du progrés qui assureront le bonheur des hommes. Ti y avait dans le voisinage un derviche * trés fameux, qui passait 1 Surinam, capitale de la Guyane hollan~ | snatheurewes et Martie dia 2 Prétres et pasteurs. — 3 Valet de | pour-le meilleur philosophe de la Turquie ; ils allérent le consulter ®, -—1 Moine:mahométan, — 2 is setrouvaent que «Thorime était né pour vivre dahs Ws con vlsions “Je si cendtuns on dans da ietaa ye te Peso ‘angloss porta la parole et iui dit : « Maitre, nous venons vous pri nous dire pourquoi un aussi étrange animal que l'homme a été formé. — De quoi te méles-tu, lui dit le derviche? est-ce 1A ton affaire? — Mais, mon réyérend pére, dit Candide, il y a horriblement de mal sur la terre 3, — Qu’importe, dit le derviche, qu'il y ait du mal ou du bien? quand Sa Hautesse 4 envoie un vaisseau en Egypte, s’embarrasse-t-elle si les souris qui sont dans le vaisseau sont 4 leur aise ou non *? — Que faut-il 10 donc faire? dit Pangloss. — Te taire, dit le derviche. — Je me flattais, dit Pangloss, de raisonner un peu avec vous des effets et des causes, du meilleur des mondes possibles, de l’origine du mal, de la nature de l’Ame et de ’harmonie préétablie &. » Le derviche, & ces mots, leur ferma la porte au nez. Pendant cette conversation, la nouvelle s’était répandue qu’on venait d’étrangler 4 Constantinople deux vizirs du banc 7 et le mufti 8, et qu’on avait empalé plusieurs de leurs amis : cette catastrophe faisait partout un grand bruit pendant quelques heures ®. Pangloss, Candide et Martin ®, en retournant a la petite métairie, rencontrérent un bon vieillard qui 20 Prenait le frais & sa porte sous un berceau d’orangers. Pangloss, qui était aussi curieux que raisonneur, lui demanda comment se nommait le mufti qu’on venait d’étrangler. « Je n’en sais rien, répondit le bonhomme, et je n’ai jamais su le nom d’aucun mufti ni d’aucun vizir. J'ignore abso- lument I’aventure dont vous me parlez ; je présume qu’en général ceux qui se mélent des affaires publiques périssent quelquefois misérablement, et qu’ils le méritent ; mais je ne m’informe jamais de ce qu’on fait a Constantinople ; je me contente d’y envoyer vendre les fruits du jardin que je cultive. » Ayant dit ces mots, il fit entrer les-étrangers-dans sa maison ; ses deux filles et ses deux fils leur présentérent plusieurs sortes je de sorbets quils faisaient eux-mémes, du kaimak™ piqué d’écorces de cédrat confit, des oranges, des citrons, des limons 1, des ananas, des pistaches, du café de Moka qui n’était point mélé avec le mauvais café de Batavia et des iles : aprés quoi les deux filles de ce bon musulman parfumérent les barbes de Candide, de Pangloss et de Martin, « Vous Rever avoir, dit Candide au Turc, une vaste et magnifique terre? — Je n'ai que vingt arpents*®, répondit le Turc ; je les cultive avec mes enfants : le travail éloigne de nous trois grands maux, ennui “4, le vice et le besoin ». Candide, en retournant dans sa métairie, fit de profondes réflexions go surle discours du Ture ; il dit & Pangloss et @ Martin : « Ce bon vieillard me parait s’étre fait un sort bien préférable 4 celui des six rois avec qui | Vatlusion satirique (cf. 1. 24-26). — 10 Philo- — 3 La prloccupation ds Candide est-elle du | sophe pestimiste qui secomnsyne Candide, -— | 2 ordre ue celle de Pancloss ?— 4 Le Friendise a base. de créme sucrée. g ttre kiciser ie senn nymbolique de hirat, timons: varideés de cipone. — 2 1h Arvent :"envieon 75 ates. — 1g Beso cettc Beestis 3 pansion 4 A sang tiéeres 76 pascalien, “inguisteds: let. Loteres ” Philoson 1 PMc 9.425.523), 60 sont fort danger es randeurs, dit Pang ereuses, selon {ce e tous les philosophes '®: car enfin Eglon, roi des Moabites, fut assassiné par Aod Pabsalon fat pendu par les cheveux et percé de trois dards ; le roi Nadab, fils de Jéroboam, ia Par Baza, le roi Ela par Zambri, Ochosias par Jéhu, Attalia par ae les rois Joachim, Jéchonias, Sédécias, furent esclaves. Vous Pyrrhus ety périrent Crésus, Astyage, Darius, Denys de Syracuse, Curent’ Persée, Annibal, Jugurtha, Arioviste, César, Pompée, Néron, ney itellius, Domitien, Richard II d’Angleterre, Edouard 11, r I, Richard III, Marie Stuart, Charles let, les trois Henri de rance, l’empereur Henri IV. Vous savez.... — Je sais aussi, dit Candide, qu'il faut cultiver notre jardin, — Vous avez raison, dit Pangloss ; car quand homme fut mis dans le jardin d’Eden, il y fut mis ut operaretur eum, pour qu’il travaillat : ce qui prouve que l'homme n’est pas né pour le repos 17, + Travaillons sans raisonner, dit Martin; cest le seul moyen de rendre la vie supportable #8. » = Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit & exercer ses talents : la petite terre rapporta beaucoup. Cunégonde était, a la vérité, bien laide, mais elle devint une excellente patissiére ; Paquette 19 ‘broda, la vieille ® eut soin du linge. I n’y eut pas jusqu’a frére Giroflée 2! qui ne rendit service ; il fut un trés bon menuisier, et méme devint honnéte homme ; et Pangloss disait quelquefois a Candide : « Tous les événements sont enchainés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin, si vous n’aviez pas été chassé d'un beau chateau & grands coups de pied dans le derriére pour l'amour de Mile Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis 4 V Inquisition, si_vous_n’aviez pas couru TAmérique 4 pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup ’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldo- rado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches 2. — Cela est bien dit, répondit Candide ; mais il faut cultiver notre jardin. 2 oy “Le devviche, Dégager de cette conversation le idéet sur la Métapbysiaue jt Ia Providence, et x Le dewviche: Déseeveairienne devant ces problems (of. Micromegas, p- 138; Zadie, 6; 195). a, Prete Pate erat consate sa sagesse ? comment extelle mite gn lumitre? —b) Quelle Lee vieillard ture: Qamplet En quoi complete-t-clle 1a leeon du derviche? : a Seer a a prdcapte hal 8) a sens Kira j — b) a Sens symbole, Comment rane 8 applique ce precepte, & Ferney : i oe atau aeil abplian suman se degare du tableau final (1, 38-71) ? En qua etlle pest ” mis joi est timiste ? cee : 5. Biutior at quot est-elle ors rpfos et de Candide. Montrer que ce dernier se libtre progressivement de la tutelle de son précepteur. ; : : : ka tutelle de son Prepon ae sugar leg ides parle dialorue, lt caractires, les tablequs © ie ge ale ae a mt de suggeret NS) Lexotisme et le pittoresque ; — @) L’ironie et les dlements comiques du récit. | de Voltaire (ef. p. 125, Jaction), — 18 Montrer rs Pour oublies Jour sort, ces rois détronés | que ts legon du roman se compléve peu: Pete Fa ee ict age le carnaval Venise »- | oe'garvante de Cunégonde. — 160. stacy eres ge reniesionet Fenummerationgut |) 36. 74 Moing — 16 Enqucs cette tence fans ta bouche de | A Venise. Bi _fontettrs PEN eleer Pintention poléinique |; es rermes in { 20 EMILE 297 précepteur évitera les sermons que l'enfant comprendrait de wavers ; if le maintiend: © sous la seule dépendance des choses » et le mettra devant des nécessités physiques + le bien et le mal scront pour Emite le possible et impossible. Pas de chatiments incom- préhensibles pour lui : que la punition lui apparaisse comme la suite naturelle de sa faute. Ainsi les lecons de conduite, les premiéres notions morales, c'est de sa propre expérience qu’il les recevra (ef. p. 297-208). : 7 ieee ae LIVRES. « La premiere éducation doit étre purement négative»: elle consiste a « garantir le ccrur du vice et l'esprit de I'erreur ». N'ayant pas de jugement, les enfants ne retiennent que les mots, non les idées, C'est done une erreur de vouloir ieur seigner les langues, la géographie, Vhistoire. Quant aux fables, elles sont incom- Préh om les et dangereuses (cf. p. 299). Il suffira qu’EmtLe apprenne & lire. a louze ans, EMILE est vigoureux, adroit, heureux de vivre : il n’a guére de notions taites, mais son intelligence pratique s'est formée par l’expérience. L’éveil aux notions de justice et de propriété L’éducation morale par 'expérience sensible est un_ principe essentiel de ROUSSEAU. La petite comédie qu'on va lire repose souvent sur une connaissance trés juste de I’ame enfantine. On se demandera néanmoins si certaines initiatives du précepteur ne sont pas a double tranchant et si cette « éducation naturelle », avec ses artifices et ses truquages ne présente pas de dangers, Le récit, en lui-méme, est conduit avec art : on étudiera comment ROUSSEAU parvient & ménager jusqu’au bout Vintérét dramatique, et avec quelle habileté il sait mettre en valeur sa technique d’éducateur. lous nos mouvements naturels ! se rapportent d’abord a notre conservation et A notre bien-étre. Ainsi le premier sentiment de la justice ne nous vient pas de celle que nous devons, mais de celle qui nous est due ; et c’est encore un des contresens des éducations communes * que, parlant d’abord _ Sux enfants de leurs devoirs, jamais de leurs droi 1, on commence par leur dire le contraire de ce qu’il faut, ce qu’ils ne sauraient entendre, et ce qui ne peut les intéresser. — — ‘Si j'avais done A conduire un de ceux que je viens de supposer, je me dirais : un enfant ne s’attaque pas aux personnes, mais aux choses ; et bient6t il apprend tar Texpérience a respecter quiconque le passe en fige et en force : mais les choses par i clefendent pas elles-mémes. La premitre idée qu'il faut lui donner est done Te ee celle de la liberté que de la propriété, et, pour qu'il puisse avoir cette idée, moins Cail ait quelque chose en propre. Lui citer ses hardes, ses meubles, see jiuets, wrest ne lui tien dire, puisque, bien qu'il dispose de ces choses, il ne sait see murquoi ni comment il les a. Lui dire qu'il les a parce qu'on, les lui a données, wreoene faire guére mieux ; car, pour donner il faut avoir : voila done une propriété ce escieure a la sienne , et c'est le principe de la propriété qu'on lui veut expliquer ; sans compter que le don est une convention, et que I ‘enfant ne Peut savoir oo same crest que convention *, Lecteurs, remarquez j¢ vers piles ana ost exemple ce dns cent mille autres, comment, fourrant dans la téte des enfants des mow qui n’ont aucun sens & leur portée, on croit pourtant les avoir fort bien instruits, HI e’agit donc de remonter & Vorigine de la propritte, it est de TA que Ia premiére idée en doit naitre. L’enfant, vivant a la campagne, ou pris quelane Prejon des travaux champétres ; il ne faut pour Feit vt es yeux, du Toisin Faura Pun et Pautre. Il est de tout age, surtout du sien, de vouloir créer, imiter, meat leat destiné a vivre dens une socitts ute Se i le art. — 2, Dans propriété existe : le moindre mal est de iui — 1 Notor of point de tiretias:préjuges | en donner une notion correste, 4 Cot Housseny, stagione conirs, | Wl pourgnat ia plus! dee enfants 2 1 voi Cond Dist!» + 7 "wir ce aU ils ont donné, et pleuren’ sr arate pmvendre » (note de Aon one ge bn éalité, Baa. toe we lew ns ae 7 ve PF roduire, donner ‘des signes de puissance et d’activité, II n’aura pas vu deux fois 4 un jardin, semer, iever, croitre des légumes, qu’il voudra jardiner a son tour. a at peer ‘ar les principes ci-devant établis, je ne m’oppose point & son envie : 30° au cor i j is j ait, j i ntraire, je la favorise, je partage son gotit, je travaille avec lui, non pour son ees se, j 5 je trava Plaisir, mais pour le mien ; du moins il le croit ainsi *: je deviens son gargon Jardinier ; en attendant qu’il ait des bras, je laboure pour lui la terre : il en prend possession en y plantant une féve ; ; et sirement cette possession est plus sacrée Gf Plus respectable que celle que prensit Nunés Balboa * de Amérique méri- au nom du roi d’Espagne, en plantant son étendard sur les cétes de la mer du Sud 7. On vi j 7s + oa oe les jours arroser les féves, on les voit lever dans des transports de ioie. Paugmente cette joie en lui disant : Cela vous appartient; et lui expliquant erme d’appartenir, je lui fais sentir qu’il a mis 14 son temps, son travail, 0 Sa peil syaene : 7 peine, sa personne enfin ; qu’il y a dans cette terre quelque chose de lui-méme au fil Beus xéclamer scontte qui que ce soit, comme i pourrait retirer son bras de : ‘e homme qui voudrait le retenir malgré lui. Un beau jour il arrive empressé, et l'arrosoir a la main. O spectacle ! 6 douleur ! toutes les féves sont arrachées, tout le terrain est bouleversé, la place méme ne se reconnait plus. Ah | qu’est devenu mon travail, mon ouvrage, le doux fruit de mes soins et de mes sueurs ? Qui m’a ravi mon bien? qui m’a pris mes féves? Ce jeune coeur se souléve ; le premier sentiment de l'injustice y vient verser sa triste amer~ tume ; les larmes coulent en ruisseaux ; enfant désolé remplit Pair de gémis- sements et de cris. On prend part & sa peine, 4 son indignation ; on cherche, on 50 s'informe, on fait des perquisitions. Enfin I’on découvre que le jardinier-a fait le coup : on le fait venir. Mais nous voici bien loin de compte. Le jardinier, apprenant de quoi on se plaint, commence # se plaindre plus haut que nous? « Quoi! messieurs, c'est yous qui m’avez dont la graine m’ régaler quand ils seraient mars feves, vous th’avez jamais. Vous m’avez du plaisir de manger Jean-Jacques : Excusez-nous, travail, votre peine. mais nous vous ferons veni la terre avant de savoir si que 60 La discussion « Personne ne toucl stenvenime et Robert prononce une formu he au jardin de son voisin ‘ainsi gaté mon ouyrage ! J’avais semé la des melons de Malte vavait été donnée comme un trésor, et desquels j’espérais vous : mais voila que, pour y planter vos misérables ‘détruit mes melons déja tout levés, et que je ne remplacerai fait un tort irréparable §, et vous vous étes privés vous-mémes des melons exquis ® mon pauvre Robert. Vous aviez mis la votre Je vois bien que nous avons eu tort de gater votre ouvrage : ir d’autre graine de Malte, qu'un n’y a point mis la main avant nous * ». et nous ne travaillerons plus Je qui se gravera dans Vesprit de : chacun, respecte Ie travail des Venfont * ade On finit par #accorder : Emile recevra un coin de autres afin que le sien soit en sGreté ». On fore, d condition de respecter le reste du jardin. eitcemereess| Teun acne eat rer? Mae 0 SA atteignit le Pacifique (1513). — 7 Précise: Pegg i egoeble i dttwrns e rae sey sane ye Seis un lieu. sans “e: dens ahiare tadivec €

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