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Marianne Chemaly
Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'Alimentation, de l'Environnement et d…
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L’œuf est un des aliments d’origine animale particulièrement indiqué pour les popula-
les plus utilisés dans le monde sans restric- tions sensibles à l’équilibre de leur ration
tion religieuse d’usage. C’est un produit telles que les enfants, les personnes âgées
de base d’excellente valeur nutritionnelle mais également les sportifs recherchant
pour l’ensemble des populations. Une poule un aliment à fort ratio protéine sur éner-
produit plus de 320 œufs en une année de gie. Une des caractéristiques principales de
production et transforme avec une grande l’œuf est la relative stabilité de ses consti-
efficacité les matières premières végétales tuants majeurs, teneur en lipides, protéines
(essentiellement céréales et protéagineux). et macro-minéraux (coefficient de variation
L’œuf est une source de protéines parfaite- [CV] < 12 %) mais il présente une variabilité
ment équilibrée, référence choisie par l’OMS importante du profil en acides gras saturés et
pendant de nombreuses années parmi les insaturés. La comparaison des tableaux éta-
sources protéiques tout en étant la source blis dans les différents pays fait également
protéique animale la moins onéreuse dans le ressortir une très forte variabilité des consti-
monde. L’œuf est destiné au développement tuants mineurs. De nombreuses revues sur la
autonome d’un embryon dans une enceinte composition de l’œuf (Nys et Sauveur, 2004 ;
close, aussi sa partie consommée contient- Seuss-Baum et al., 2011 ; Nau et al., 2010 ;
elle tous les nutriments, à l’exception de la www.eurofir.org ; Ciqual, 2013 ; Miranda et
vitamine C et du calcium. C’est une source al., 2015) soulignent la variabilité de la pro-
de protéines à haute valeur biologique et de portion des différents acides gras dans l’œuf
lipides très digestibles riches en acides gras et celle des éléments mineurs, vitamines et
insaturés. La consommation de deux œufs oligoéléments. Il existe de nombreuses pos-
(100 g) contribue pour 5 à 20 % aux besoins sibilités de modifier de manière importante
journaliers de l’homme pour divers vitamines leur teneur dans l’œuf qui est influencé par
et minéraux et l’enrichissement de l’œuf par leur apport dans l’alimentation de la poule
voie nutritionnelle en ces éléments ou en pondeuse (Bouvarel et al., 2010 ; 2011). Il
acides gras polyinsaturés en fait un aliment est donc possible de contrôler le profil des
différents acides gras du jaune d’œuf (Sirri globalement stable en Europe ou Amérique du
et Meluzzi, 2011) et d’enrichir l’œuf en vita- Nord. En Afrique, le potentiel de croissance
mines ou oligoéléments (Schiavone et Bar- est très important car le niveau de consom-
roeta, 2011) par l’alimentation de la poule mation est très faible (30 œufs/habitant) par
afin de mieux contribuer à la couverture de rapport à la consommation moyenne mon-
besoin de l’homme en ces éléments. diale (110 œufs) ou européenne (200 œufs).
Une particularité remarquable de l’œuf est La Chine est le premier producteur mondial
aussi son aptitude à résister aux bactéries d’œufs (24,9 MT correspondant à 36 % de la
pathogènes du fait d’une protection physique production mondiale en 2014), l’Asie a pro-
(la coquille) et d’une protection antimicro- duit 59 % de la production mondiale, l’Union
bienne assurée par des protéines principa- européenne à 28 en produit 7 MT (10 %), les
lement présentes dans le blanc d’œuf. C’est États-Unis 6 MT (8,6 %) et l’Inde 4 MT (5,7 %)
aussi son talon d’Achille, car l’œuf peut être (figure 9-1).
utilisé cru en cuisine et être à l’origine de La production d’œufs de consommation de
toxi-infections alimentaires bactériennes l’UE a été d’un peu plus de 100 milliards d’œufs
(salmonellose) en cas d’altération de ses par environ 33 millions de poules pondeuses :
protections (Whiley et Ross, 2015). 44 % de ces poules étaient élevées dans des
systèmes alternatifs en 2014, alors que cette
proportion n’était que de 15 % en 2009. Cette
1. Production et évolution a été accélérée par l’abandon des
consommation d’œufs cages conventionnelles en Europe en 2012
(Magdelaine, 2015, 2017) pour des cages aménagées ou des systèmes
plein air ou volière. En termes d’élevage,
La production d’œufs de poules dans le monde cette proportion est plus élevée (81,4 %,
a été de 69,8 millions de tonnes en 2014 18 000 élevages) car leur taille moyenne
selon les estimations de la FAO. Elle s’est par- est faible (9000 au lieu de 53 000 poules en
ticulièrement développée il y a une vingtaine moyenne pour les élevages en cages aména-
d’années (plus 4 % par an) et cette crois- gées). La France reste le premier producteur
sance se poursuit depuis 10 ans (plus 2 %) européen d’œufs (14,3 milliards d’œufs en
principalement en Asie, la production étant 2016). Sa proportion de poules élevées en
18 % 16 %
23 %
22 % 21 % 21 %
51 % 57 % 59 %
de protéines et 34 % de lipides) et 10 % de entre poules de même âge est associée à un
coquille. L’œuf entier (sans coquille) contient enrichissement de l’œuf en eau et protéines,
en moyenne 75 % d’eau (74-77), 12,5 % de elle est donc plutôt défavorable à sa valeur
protéines (12,4 à 12,9) et de 10,5 % de lipides nutritionnelle globale.
(8,7 à 11,2) (Seuss-Baum et al., 2011). Les L’influence de l’alimentation de la poule sur
constituants comestibles majeurs de l’œuf ce rapport blanc-jaune est modérée. L’apport
sont rapportés dans le tableau 9-I pour 100 g de protéines et d’acides aminés essentiels
de produit consommable (équivalent à deux influence peu la proportion de blanc et de
œufs en moyenne). jaune. Le pourcentage d’albumen est diminué
La composition des constituants majeurs de de 0,4 point dans les œufs de poules nourries
l’œuf est principalement modulée par la pro- avec un aliment appauvri en protéines (13 ver-
portion de blanc et de jaune, qui ont une com- sus 16 %) (Bouvarel et al., 2010). Cette réduc-
position très différente. Ce rapport blanc-jaune tion de la part de blanc est de 61,1 à 60,6 %
dépend de l’origine génétique mais surtout de lorsque la teneur en protéine de l’aliment
l’âge de la poule et, pour un âge donné, du diminue de 18,9 à 14,4 % de protéines entre
poids de l’œuf. Par conséquent, la composition 20 et 43 semaines, puis de 16,3 versus 13,8 %
de l’œuf devrait être définie sur la base d’une entre 44 et 63 semaines d’âge de la poule
proportion moyenne de blanc et de jaune, ce (Novak et al., 2006). Ces auteurs observent
qui n’est actuellement pas réalisé dans les également une diminution des teneurs en
tables de composition d’aliment disponibles. protéines du blanc (10,37 versus 9,67 %) et
du jaune (15,95 versus 15,70 %), mais le pour-
2.1.2. Modification de la matière sèche centage du jaune reste stable (26,2 %). L’aug-
de l’œuf mentation des apports en méthionine (0,28 et
La composition du blanc et celle du jaune 0,43 %) (Shafer et al., 1996) ou en lysine (0,70
d’œuf sont très différentes car les lipides de à 1,58 % à partir de la 45e semaine d’âge) (Pro-
l’œuf ne sont présents que dans le jaune. chaska et al., 1996) augmente le poids de l’œuf
La teneur en matière sèche entre ces deux (plateau à 0,36-0,38 pour la méthionine) mais
compartiments varie donc du simple au ne modifie pas les parts de blanc et de jaune
double. La valeur nutritionnelle globale de (Bouvarel et al., 2010 ; 2011).
l’œuf, matière sèche ou teneur en énergie, Le mode de distribution journalier de l’ali-
va dépendre essentiellement de la propor- ment peut affecter chez la poule le poids de
tion relative de blanc et de jaune dans l’œuf. l’œuf et la proportion de ses compartiments.
Celle-ci dépend principalement de l’âge de La distribution séquentielle de deux aliments
la poule : en début de cycle de production, à faible et plus haute teneur en protéines (16
à 20-26 semaines d’âge, un œuf de poule de et 13 %) réduit le poids de l’œuf et le pour-
type ISA-Hendrix contient environ 23 % de centage d’albumen (-0,6 point) au profit du
jaune et ce pourcentage augmente à plus de jaune, si l’aliment pauvre en protéine n’est
28 % au-delà de 60 semaines d’âge ; celle disponible que l’après-midi. Cependant, ces
du blanc d’œuf diminue de 63,8 % à 59,2 % observations n’ont pas été confirmées par
entre ces deux périodes (Zita et al., 2009). d’autres auteurs distribuant des aliments à
Par contre, pour un âge donné de la poule, 10 ou 16 % de protéine au cours de la journée
une différence de poids d’œuf se traduit prin- (voir revue de Bouvarel et al., 2010 ; 2011).
cipalement par une proportion de blanc plus Plus récemment, une distribution alternée
élevée. Cette augmentation du poids d’œuf d’un aliment riche en protéines disponible
Tableau 9-I Composition moyenne de l’œuf (par 100 g d’aliment comestible ; blanc, jaune, œuf entier sans
coquille) (Ciqual, Anses 2013, *Health, base canadienne des nutriments)
Œuf
Œuf
Nutriment Blanc* Jaune* Min-Max entier
entier
Canada*
Proportion part comestible 60 30,7 90,7
à 45 % d’acides gras mono-insaturés) donc sont les précurseurs des acides gras polyinsa-
contient environ un tiers d’acides gras saturés turés (AGPI) qui ont un intérêt nutritionnel
quand la poule est alimentée avec du maïs, car la série n-6 contribue à baisser la chole-
du blé et du soja. Les phospholipides de l’œuf stérolémie et la série n-3 réduit le risque
dérivent essentiellement de la choline car le de maladie cardiovasculaire (Griffin, 2011 ;
jaune est riche en phosphatidylcholine (70 % Guyonnet et Nys, 2013 ; Miranda et al., 2015).
soit trois fois plus que la lécithine de soja) L’œuf peut être enrichi par voie alimentaire.
et en phosphatidyléthanolamine (14 %) et, En effet, la teneur en lipides totale et la pro-
en moindres proportions, en lysophospha- portion d’acides gras saturés-insaturés sont
tidylcholine et sphingomyéline (2 %). Les stables dans l’œuf, mais le profil des acides
phospholipides de l’œuf sont donc à 90 % des gras insaturés (AGI) présents dans les lipides
dérivés de la choline. L’homme étant directe- du jaune est très dépendant de l’alimentation
ment dépendant de l’apport alimentaire de ce de la poule (Bouvarel et al., 2010 ; Sirri et
nutriment, indispensable au développement Meluzzi, 2011).
du cerveau, à la fonction hépatique et à la Les profils en AGI et en AGPI sont très
prévention de cancers, peut trouver dans variables, que ce soit dans les triglycérides
l’œuf une contribution à la couverture de ce ou les phospholipides. Ils se substituent en
besoin spécifique (Zeisel et al., 2000 ; Blesso, fonction de la composition de l’aliment de la
2015). Les phospholipides de l’œuf auraient poule en AGI mono- et polyinsaturés, tandis
un effet positif sur le risque cardiovasculaire que les acides gras saturés (palmitique C16:0
en favorisant le transfert des HDL (lipoproté- et stéarique C18:0) sont relativement stables.
ines de haute densité), mais un effet négatif La composition en acides gras insaturés du
en stimulant la production de triméthylamine jaune d’œuf est directement dépendante
N-oxyde par le microbiote intestinal, dont de l’apport en matières premières riches en
la teneur est associée à ce risque (Blesso, huiles végétales ou animales incorporées dans
2015). La digestibilité des triglycérides et l’aliment de la poule. L’apport d’huile d’olive
des phospholipides est excellente (98 % et majore la teneur en acide gras mono-insatu-
90 % respectivement). La teneur globale du rés (AGMI), et celui d’huile de soja favorise
jaune en lipides et sa proportion en AGI/AGS la présence d’acides gras insaturés de type
sont stables et ne peuvent pas être modifiées n-6. Une poule alimentée avec du blé ou du
par l’apport en lipides alimentaires (Bouvarel maïs et du tourteau de soja produit un œuf
et al., 2010 ; 2011). riche en acide linoléique (18:2, n-6) mais
La seule origine de modification de la com- pauvre en acides gras polyinsaturés à longue
position en lipide de l’œuf est donc de chan- chaîne, acide arachidonique (20:4 n-6) ou
ger la proportion de blanc et de jaune. En acide docosahexaénoïque (DHA, n-3). Ces
revanche, le profil des acides gras de l’œuf teneurs en acide arachidonique (AA C20:4)
reflète l’alimentation de la poule. et docosahexaénoïque (DHA C22:6) peuvent
être multipliées par 5 à 10 en alimentant les
2.3.2. Profil en acides gras de l’œuf : poules avec du poisson riche en acides gras
dépendance vis-à-vis de
n-3, des extraits d’huile de poisson, ou encore
l’alimentation de la poule
des huiles végétales riches en AGPI (tourne-
L’homme est directement dépendant de son sol riche en n-6 ; millet, colza et lin riches
alimentation pour l’acide linoléique (C18:2 en n-3) (Sim, 2000 ; Sirri et Meluzzi, 2011).
n-6) et l’acide α-linolénique (C18:3 n-3). Ils Depuis les années 1960, la priorité a été de
privilégier un apport en acide gras n-3 afin de poids corporel (Herron et al., 2003 ; Grif-
d’obtenir un rapport n-6/n-3 inférieur à 6/1. fin, 2011 ; Miranda et al., 2015). Par ailleurs,
La teneur en AGPI n-3 peut être augmentée la présence d’une forte teneur en AG mono-
jusqu’à 8 fois en utilisant du colza, du lin ou et polyinsaturés dans l’œuf tend à réduire
une huile de poisson (Bean et Leeson, 2003 ; ce risque (Guyonnet et Nys, 2013 ; Griffin,
Sirri et Meluzzi, 2011) mais leur incorpora- 2011).
tion alimentaire est limitée par l’apparition L’œuf ayant été suspecté de contribuer par
de goût désagréable. Ainsi l’apport d’huile de l’apport alimentaire de cholestérol à l’appari-
lin est limité à 10 % et d’huile de poisson à tion des maladies cardiovasculaires, de nom-
moins de 2 %. breux travaux ont tenté de réduire la teneur
Les AGPI alimentaires sont oxydables et de l’œuf en cholestérol par voie génétique,
peuvent conduire à la formation de peroxydes. alimentaire ou pharmacologique. Toutes ces
L’œuf, bien que riche en AGPI, est relative- tentatives se sont soldées par des échecs ou
ment moins sensible que d’autres produits des effets trop limités (< 5 %) à l’exception de
à l’oxydation, du fait de sa forte teneur en moyens pharmacologiques (45 % avec 0,06 %
phospholipides qui participent à la régéné- d’atorvastin) (Elkin et al., 1999 ; Miranda
ration des antioxydants primaires en fournis- et al., 2015) qui affectent parallèlement la
sant des radicaux hydrogènes et renforcent fonction de reproduction. Cette quasi impos-
ainsi l’action bénéfique du tocophérol. La sibilité de diminuer la teneur en cholestérol
phosvitine du jaune possède également un de l’œuf est attribuable au fait que 95 % de
effet antioxydant du fait de son pouvoir ché- cette molécule sont associés aux VLDL, dont
lateur du fer. 80 % sous une forme estérifiée, associée aux
phospholipides en surface des VLDL (Hermier,
2.3.3. Cholestérol de l’œuf 1997). Seule la part présente dans le noyau,
L’œuf est riche en cholestérol (200 mg/œuf), soit 20 % du cholestérol total, est potentiel-
localisé uniquement dans le jaune. Cet apport lement modifiable. Il serait à l’inverse facile
a longtemps été soupçonné de favoriser le d’augmenter la teneur en cholestérol de l’œuf
risque de maladies cardiovasculaires même via une alimentation enrichie de la poule.
si la consommation d’œufs par jour est en
moyenne très limitée (< 30 g). Cette propriété 2.4. Minéraux de l’œuf
a contribuée notamment avant les années
2000 à réduire la consommation d’œufs. 2.4.1. Composition de l’œuf
Cependant, de nombreuses études épidémio- en minéraux
logiques ont maintenant établi que ce risque Un apport de 100 g d’œuf entier peut
lié à l’ingestion de cholestérol est limité, contribuer notablement à l’apport journa-
notamment pour plus de 70 % de la popula- lier recommandé chez l’homme adulte pour
tion capable de réguler un apport alimentaire le potassium (20 %), le phosphore (25 %),
excessif de cholestérol (Miranda et al., 2015). l’iode (33 %), le sélénium (42 %) et pour une
L’analyse des travaux associant cholestérol moindre part le zinc (12 %). L’œuf est assez
et risque d’apparition des maladies cardio- riche en Fe (1,5 mg/100 g d’œuf, 19 %) mais
vasculaires indique que le taux plasmatique son absorption intestinale serait inférieure à
de cholestérol n’est qu’un facteur secondaire 10 % chez l’homme, du fait notamment de sa
par rapport à la consommation d’acides gras liaison avec la phosvitine qui contribuerait à
saturés, ou d’autres facteurs tels que l’excès réduire de 27 % l’absorption du fer présent
dans les autres aliments de la ration (Hall- 0,5 mg de sélénium/kg d’aliment sous forme
berg et Hulthen, 2000). organique (levure de Se) (Schavione and Bar-
L’œuf contient un éventail très large de roeta, 2011). L’efficacité de l’enrichissement
métaux et d’oligoéléments pour la plupart dépend de la forme d’apport et est plus faible
présents dans le jaune mais à des concentra- si le sélénium est apporté sous la forme de
tions faibles (Dobrzanski et al., 1999) (mg/kg sélénite (30 μg pour 30 mg/kg) par rapport
produit frais : 0,5 à 0,7 Al ; 0,04 à 0,09 As ; aux formes organiques (45 μg, levure enrichie
0,2 à 1,1 Ba ; 0,02 à 0,006 Cd ; 0,003 à 0,008 en Se) (Chinrasri et al., 2009). Le sélénite, le
Co ; 0,07 à 0,1 Cr ; 0,07 à 0,05 Mo ; 0,01 à 0,07 sélénate et la sélénocystéine sont déposés
Ni ; 0,02 à 0,12 Pb ; 0,003 à 0,01 Hg ; 0,6 à préférentiellement dans le jaune, alors que la
3,4 Si ; 0,3 à 1,1 Sr ; 0,1 à 0,13 V). L’apport en sélénométhionine et les levures enrichies en
oligoéléments contribue pour moins de 5 % Se sont déposées dans le blanc. Le sélénium a
(pour 100 g d’œuf) à l’apport journalier de des propriétés antioxydantes comme la vita-
l’homme. Leurs teneurs présentent des coeffi- mine E, qu’il peut partiellement remplacer car
cients de variation élevés car elles dépendent il est inclus dans des sélénoprotéines telle
de l’alimentation de la poule. Il est possible que la glutathion peroxydase. La marge entre
d’enrichir notablement les œufs en iode (× le besoin en sélénium et son niveau toxique
60) et en sélénium (× 5-8) pour pourvoir à est relativement faible et il n’existe pas de
l’alimentation de populations déficientes régulation homéostatique du sélénium, donc
(Schiavone et Barroeta, 2011 : Bouvarel et de mesure corrective physiologique comme
al., 2011). En revanche, les teneurs en fer, c’est le cas pour le Zn, le Cu ou le Mn. Son
cuivre et zinc sont relativement stables car apport sous forme d’œufs (Fisinin et al.,
l’absorption de ces minéraux par la poule 2009) peut contribuer à corriger le déficit de
diminue lorsque leur concentration dans l’ali- population sans aucun risque de toxicité car il
mentation augmente (Skřivan et al., 2005). faudrait consommer jusqu’à 25 œufs enrichis
pour atteindre le niveau toxique (10 mg).
2.4.2. Enrichissement de l’œuf Un œuf contient de 4 à 10 μg d’iode, présent
en oligoéléments dans le jaune. La poule a un besoin journalier
Des études sur l’enrichissement de l’œuf en de 0,4 mg/kg d’iode qui sera concentré dans les
oligoéléments ont été réalisées principale- glandes thyroïdiennes, mais il y a aussi accumu-
ment pour le sélénium, l’iode, le fer, le zinc et lation d’iode dans le jaune en formation qui est
le cuivre. Il est possible d’enrichir en grande directement fonction de l’apport alimentaire de
quantité l’œuf en Se et I par l’alimentation la poule (multiplié de 5 à 12 fois selon Ishikawa
de la poule, deux éléments pour lesquels les et al. ; 2008). L’iode est apporté principalement
insuffisances d’apport aux populations sont sous forme inorganique (sel de Ca ou K), bien
fréquentes dans de nombreux pays, incluant assimilé par l’organisme (Underwood et Suttle,
la France. Par contre, le potentiel d’enrichis- 2001). Un apport d’iode dans l’aliment de la
sement pour les trois autres éléments (fer, poule de 0, 3, 6, 12 ou 24 mg/kg d’aliment
cuivre et zinc) est faible. enrichit l’œuf aux niveaux de 10, 16, 26, 46
Le niveau de sélénium dans l’œuf est d’envi- et 78 μg/œuf (Yalçin et al., 2004). Pour un
ron 5 μg/œuf et il peut être augmenté jusqu’à apport maximal réglementaire de 10 mg/kg,
40 μg et couvrir 70 % du besoin journalier il est donc possible d’apporter environ 40 μg
de l’homme si une poule reçoit un aliment d’iode par œuf soit 20 % de la recommandation
contenant le maximum réglementaire de journalière de l’homme.
L’œuf est relativement riche en fer (1 à E et K) sont présentes dans le jaune d’œuf.
2 mg) et cet élément doit être supplémenté Leur teneur est directement dépendante de
pour une population ciblée (enfant, femme l’apport alimentaire (Nys et Sauveur, 2004 ;
enceinte). Des tentatives d’enrichissement de Schiavone et Barroeta, 2011). L’œuf peut
l’œuf ont été réalisées, l’œuf n’étant pas res- être également enrichi en certaines vitamines
treint pour ces populations, malgré une utili- hydrosolubles (B1, B5, B9, B12) qui sont pré-
sation digestive du Fe de l’œuf inférieure aux sentes dans le blanc et le jaune.
nutriments carnés. Le Fe absorbé est transféré Seules les plantes peuvent synthétiser le
dans l’œuf (30 % du Fe du plasma) chez la tocophérol (vitamine E), les animaux sont
poule lié à l’ovotransferrine (dans le blanc, dépendants de leur alimentation pour cette
présent à une très faible concentration) et à la vitamine E. Celle-ci a un rôle essentiel dans
vitellogénine (jaune, associé à la phosvitine). l’organisme du fait de ses propriétés antioxy-
Les possibilités d’enrichissement de l’œuf en dantes et est particulièrement utile pour les
fer sont limitées puisque l’on observe un œufs enrichis en AGPI, plus sujets au risque
enrichissement de 5-18 % avec un plateau à d’oxydation quand l’œuf est conservé à tem-
100 mg/kg d’aliment d’un chélate Fe-méthio- pérature ambiante, ou notamment séchés par
nine, ou à 300 mg/kg pour une forme inor- procédé spray (Galobart et al., 2001a ; 2001b).
ganique (sulfate fe) (Park et al., 2004). Cet Aussi, de nombreuses études ont-elles exploré
enrichissement en Fe semble augmenter à plus la possibilité d’enrichir le jaune de l’œuf en
de 30 % quand la poule reçoit en parallèle antioxydants. On peut ainsi multiplier par 6,
un apport plus élevé de Fe (+120 mg/kg), Cu voire 10, le contenu de l’œuf en vitamine E
(+25 mg/kg) et Zn (+80 mg/kg) (Skivan et al., mais le rendement de dépôt semble variable du
2005) contrairement à une supplémentation fait probablement d’interactions avec d’autres
uniquement de Fe (+6 % dans le jaune). L’en- constituants de l’aliment (moindre efficacité
richissement en Fe dans la jaune serait donc en présence de lipides insaturés, vitamines A
limité à moins de 2,5 mg de Fe/100 g d’œuf, ou caroténoïdes) et/ou de la durée de sup-
assurant un pourcentage faible de la recom- plémentation (2-3 semaines sont nécessaires
mandation journalière pour l’homme (< 5 %). pour atteindre un plateau) (Schiavone et
La supplémentation en Cu et Zn mentionnée Barrotea, 2011). À titre d’exemple, le taux
par ces auteurs n’a pas modifié la teneur de de transfert dans l’œuf est de 42 % avec un
l’œuf en ces deux éléments. La teneur en Zn de apport de 50 mg/kg, mais chute à 26 % lorsque
l’œuf est en moyenne de 1,3 mg/100 g d’œuf l’apport est majoré à 200 mg/kg (Galobart et
et varie entre tables des pays d’Europe de 1 al., 2001a ; 2001b ; 2002).
à 2 mg. Une supplémentation de l’aliment de La teneur en vitamine D3 peut être multipliée
la poule de 30 à 150 mg/kg (maximum règle- par 10 environ, pour atteindre des concentra-
mentaire) augmente la teneur en Zn de l’œuf tions de 30 μg/100 g de jaune, une dizaine de
de moins de 25 %. jours après le début de la supplémentation.
Sur le long terme (plus de 100 jours), elle se
2.4.3. Vitamines de l’œuf : possibilité stabiliserait à un niveau un peu plus faible, de
d’enrichissement de l’œuf l’ordre de 20 μg/100 g (Mattila et al., 2003 ;
en vitamines 2004). Cet apport couvre le besoin journalier
L’œuf est une source très diversifiée de vita- de l’homme adulte ou de l’enfant lorsque l’on
mines car seule la vitamine C en est absente. prend en compte la consommation moyenne
Les vitamines liposolubles (vitamines A, D, d’œufs de la population française. En effet, un
œuf non enrichi (2 μg/100 g) assure déjà près de phylloquinone dans l’aliment (Suzuki et
de 30 % du besoin de l’homme adulte (voir Okamoto, 1997). Un apport de ménadione
tableau 9-I). L’œuf contient de plus la forme (10-1000 mg/kg de K3) fortifie aussi l’œuf
hydroxylée de la vitamine D3 (25-hydroxycho- en K2 mais avec une plus faible amplitude
lécalciférol) qui a une activité biologique (115-240 μg/kg pour 100 g de jaune).
2-3 fois supérieure à la vitamine mais est à Des essais d’enrichissement de l’œuf en
une teneur plus faible avec une possibilité d’autres vitamines ont été conduits. Parmi
d’enrichissement limitée (×2). les vitamines hydrosolubles (Squires et
La vitamine A (rétinol) est stockée dans le Naber, 1993 ; Schavione et Barroeta, 2011),
foie en fonction de l’apport alimentaire et est les vitamines B2 (riboflavine) et B12 (coba-
incorporée dans l’œuf avec une efficacité éle- lamine) sont les plus susceptibles de varier
vée (60 à 80 %) jusqu’au niveau de 8000 UI/ avec le régime de la poule, suivies par la
kg (Squires et Naber, 1993). Les plantes thiamine (B1), la biotine (B8), le folate (B9)
contiennent peu de vitamine A mais des caro- et l’acide pantothénique (B5). La vitamine
ténoïdes sont précurseurs de cette vitamine B12 augmente de 4 fois quand l’aliment de
(β-carotènes notamment, 1 mg correspond la poule est majoré de 11 fois, l’acide pan-
à 1667 UI de vitamine A). Elle est donc sup- tothénique double quand l’aliment apporte
plémentée comme additif et le contenu de deux fois plus de cette vitamine B5. Dans tous
l’œuf en vitamine A peut ainsi être multiplié les cas, les taux de transfert décroissent avec
par 10 au moins lors d’apports nutritionnels les apports et des plafonds sont atteints.
élevés (de 1000 à 3500 UI/100 g de jaune Les folates (ou acide folique) sont présents
pour 4000 à 20 000 UI/kg supplémenté) (Sirri principalement dans les légumes verts et les
et Barroeta, 2007). L’œuf peut donc assurer abats. Ils sont combinés à des glutamates,
une part notable du besoin journalier de qui affectent leur efficacité d’absorption.
l’homme. L’enrichissement peut atteindre Les aliments des pondeuses contiennent de
vingt fois lors d’apports très excessifs de 0,4 à 1 mg de folate et couvrent le besoin
vitamine A, mais il existe des antagonismes de la poule. Ces folates appartiennent au
entre le dépôt de vitamines liposolubles A et groupe de donneur de méthyl (sérine, cho-
E, aussi le niveau de tolérance maximale a-t-il line ou vitamine B12) et contribueraient
été fixé à 20 000 UI/kg pour la vitamine A. chez l’homme à réduire le risque cardiovas-
La poule a un besoin en vitamine K estimé culaire. Un œuf contient de 30 à 60 μg de
à 1 mg/kg et est capable de convertir la folate pour 100 g d’œuf de poules recevant
forme prépondérante de la vitamine K (K1, de 2 à 8 mg/kg d’acide folique (House et
phylloquinone) qui est synthétisée par les al., 2002 ; Hebert et al., 2005) ce qui couvre
plantes, en une forme active qui intervient de 15 à 30 % de l’apport journalier recom-
dans le processus de coagulation sanguine et mandé pour l’homme. La teneur est aug-
le métabolisme osseux. La teneur de l’œuf est mentée jusqu’à plus de 100 μg pour 100 g
en moyenne de 9 μg/100 g d’œuf et appor- d’œuf mais l’efficacité de transfert est faible,
terait un peu plus de 10 % de la recom- avec l’apparition d’un plateau lors d’apport
mandation journalière pour l’homme. Il est alimentaire élevé de folate (8 à 100 mg/kg)
possible d’augmenter la teneur en vitamine (Schavione et Barroeta, 2011).
K des œufs d’un facteur supérieur à 15 (100 Les concentrations en pyridoxine (B6) et
à 1900 μg de K1 et 75 à 190 μg de K2/100 g en niacine (B3) ne semblent pas pouvoir être
de jaune) en apportant de 10 à 100 mg/kg augmentées dans l’œuf par voie alimentaire.
Les vitamines sont moins stables que les estérifié). Leur transfert dans les tissus cibles
oligoéléments lors de la cuisson. Cependant (graisse, jaunes d’œufs) dépend tout d’abord
l’impact mesuré sur la vitamine D, E et le de la nature du caroténoïdes (zeaxanthine,
folate est modéré car la perte serait de 10 % lutéine bien utilisée au contraire de la vio-
pour la vitamine D (Mattila et al., 1999) et de laxanthine) et de leur structure (forme cis ou
17 à 20 % pour le rétinol et le folate (Ramalho trans ; type d’isomères optiques). Les formes
et al., 2006) ou même jusqu’à 30 % pour le trans mieux utilisées sont dominantes dans
folate en cas de cuisson à l’huile. les plantes mais la forme cis se développe
En conclusion, la consommation d’une lors du stockage des matières premières ou
moyenne de 25 g d’œuf standard par jour des aliments. Les caroténoïdes sont instables
pourrait contribuer à couvrir de 2 à 15 % de dans le temps, aussi leur stabilité est-il un
la recommandation journalière pour l’homme facteur important de leur utilisation (lors du
en vitamines (à l’exception des vitamines C, stockage et du transit dans le tractus digestif
B3) et l’enrichissement de l’œuf pourrait aug- antérieur). Les formes de synthèse ou issues
menter de 10 à plus de 50 % cette couver- d’extraits de plantes sont donc saponifiées
ture (Schavione et Barroeta, 2011). À noter puis encapsulées pour les protéger. Le proces-
cependant que la réglementation des additifs sus technologique de préparation de sources
alimentaires limite la supplémentation ali- est en permanence adapté pour optimiser
mentaire en vitamines et par conséquent la l’efficacité des sources de caroténoïdes. Les
possibilité de réaliser cet enrichissement de principales sources naturelles sont le maïs,
l’œuf au-delà de 2-3 fois. la luzerne et les extraits de fleurs (soucis,
tagètes) pour le jaune, le paprika pour le
2.5. Dépendance alimentaire rouge. Une coloration jaune-orangée préfé-
rée dans de nombreux pays est obtenue par
de la couleur du jaune et
combinaison de 10-15 mg/kg de caroténoïdes
de sa teneur en caroténoïdes jaunes combinés avec 1-3 mg de caroténoïdes
Les oiseaux n’ont pas l’aptitude à synthétiser rouges. Les caroténoïdes sont une source
les caroténoïdes, aussi la teneur en caroté- d’antioxydants pour l’alimentation humaine
noïdes présent uniquement dans la jaune et l’œuf contribue à l’apport global, même
d’œuf reflète directement l’apport alimen- si sa consommation par rapport aux apports
taire à la poule. Elle détermine la coloration journaliers est relativement faible grâce à
du jaune d’œuf qui est un critère subjectif une efficacité double par rapport à celle des
important pour le consommateur, car l’aspect caroténoïdes issus des légumes. L’œuf est une
du jaune influence la perception et l’appé- source intéressante de lutéine et peut être
tence de ce produit. enrichi en celle-ci ; la lutéine contribue à la
Chez l’oiseau, le β-carotène ne contribue pas prévention de la dégénérescence maculaire
à la coloration du jaune car les poules trans- chez les seniors.
fèrent préférentiellement les xanthophylles
(caroténoïdes avec un groupe hydroxylé)
(Nys, 2000). L’efficacité de transfert des
3. Qualité sanitaire des œufs
caroténoïdes dépend de leur digestibilité et 3.1. Contamination chimique
du métabolisme tel que leur transformation
en vitamine A par scission de la molécule Au cours de l’élevage, les poules pondeuses
(Lietz et al., 2010) ou leur forme (libre ou peuvent être exposées à des substances
chimiques susceptibles d’être transférées vers de la liste des principes actifs autorisés (Direc-
l’œuf, intactes ou sous forme de métabolites tive 2001/82/CE ; Règlement 2009/470/CE).
ou de produits de dégradation. Ces compo- Plusieurs familles de médicaments vétéri-
sés chimiques peuvent être intentionnelle- naires sont autorisées chez les volailles :
ment administrés aux animaux (médicaments antibiotiques, antiparasitaires, anthelmin-
vétérinaires, additifs alimentaires) ou être thiques, anticoccidiens. Le nombre de molé-
introduits involontairement dans leur ali- cules disponibles est restreint chez les poules
mentation, tels que des produits phytosani- pondeuses en raison de la production d’œufs
taires utilisés pour la production de matières en continu et du risque de transfert des rési-
premières. Les animaux peuvent également dus dans l’œuf. Les traitements s’effectuent
se trouver en contact avec des contaminants essentiellement par la voie orale : aliment ou
de l’environnement, tels que des composés eau de boisson pendant 5 à 7 jours, excepté
organochlorés, ou d’autres composés orga- pour le traitement par des antiparasitaires
niques d’origine non agricole. Or, le consom- externes qui est réalisé par pulvérisation des
mateur exige un produit sain, exempt de surfaces qui entourent les animaux. Le respect
contamination chimique qui pourrait nuire des temps d’attente est particulièrement déli-
à sa santé. Cette demande est largement cat chez les poules pondeuses dans la mesure
relayée par les autorités sanitaires et la régle- où le producteur doit retirer du marché sa
mentation. Il est alors de la responsabilité production d’œufs pendant le traitement et,
de chaque éleveur d’assurer la production de dans certains cas, plusieurs jours après le trai-
denrées conformes à la réglementation. tement. Les molécules, qui ont obtenu une
LMR pour les œufs, ne dépassent pas le plus
3.1.1. Cadre réglementaire souvent cette LMR pendant les traitements
Les médicaments vétérinaires et les additifs préconisés par le vétérinaire.
utilisés en alimentation animale sont pres- L’évaluation des additifs alimentaires est
crits et utilisés intentionnellement, selon des conduite selon le règlement 2003/1831/CE
itinéraires strictement encadrés pour garan- par l’Autorité européenne de sécurité sani-
tir leur sécurité et leur efficacité. Toutes ces taire des aliments (EFSA). Certains de ces
substances, y compris les substances phyto- additifs coccidiostatiques ne sont autorisés
sanitaires, sont évaluées en termes de risque chez les poulettes destinées à la ponte que
avant d’être autorisées et mises à disposition jusqu’à l’âge de 12 à 16 semaines. Tous les
sur le marché. En particulier, l’usage de pro- additifs antibiotiques sont interdits dans
duits phytopharmaceutiques ou de médica- l’Union européenne depuis le 1er janvier
ments vétérinaires ne doit pas conduire à des 2006. Contrairement aux médicaments et
concentrations de résidus excédant la limite aux additifs, les substances phytopharma-
maximale de résidu (LMR) dans les denrées ceutiques utilisées lors de la production de
alimentaires issues d’animaux exposés à ces matières premières destinées à l’alimenta-
substances. tion des animaux ne sont pas introduites
L’évaluation des médicaments vétérinaires intentionnellement dans l’alimentation des
est conduite par l’Agence européenne du animaux. Les résidus de pesticides dans les
médicament vétérinaire (EMEA). Elle permet DAOA sont régis par la directive 86/363/
la fixation des LMR dans les denrées alimen- CEE et les LMR sont fixées dans le cadre du
taires d’origine animale (DAOA), fondée sur la règlement 396/2005/CE. Lors de l’évaluation
notion de temps d’attente, et l’établissement de ces produits, des études de transfert vers
pour la production d’un plus grand nombre présentant ce défaut et favorise l’élimination
d’œufs tend à réduire la part de jaune mais par voie génétique des poules présentant ce
les sélectionneurs en contrôlent la stabilité polymorphisme à l’origine de ce goût désa-
donc l’héritabilité est moyenne (proche de gréable. Par ailleurs, la sélection de caille
0,4). Par conséquent, lors d’une comparaison ayant une meilleure efficacité pour transférer
entre lignées commerciales, un faible écart est des acides gras insaturés serait possible car le
observé pour le pourcentage de jaune. Les œufs rapport w6/w3 présenterait une bonne héri-
blancs présentent cependant un peu plus de tabilité de 0,52 selon Menniken et al. (2000).
jaune que les œufs bruns (1 %). La quantité de Cependant l’effet est faible par rapport à celui
protéine est une des caractéristiques les plus du niveau d’apport dans l’aliment. De même
stables de l’œuf et les tentatives d’enrichir la réduction de la teneur en cholestérol de
l’œuf en une protéine particulière ne sont pas l’œuf par voie génétique est faible (< 5 %).
concluantes car l’héritabilité de la teneur en
protéines spécifiques de l’œuf est très faible 4.2. Influence de l’élevage
(< 0,1) (Sellier et al., 2007). Au cours des trente sur la composition,
dernières années, la sélection des lignées com- la qualité nutritionnelle
merciales pour des critères de qualité de l’œuf a et qualité sanitaire de l’œuf
principalement concerné l’obtention d’un poids
d’œuf plus élevé en début de production et La part d’élevage alternatif a beaucoup aug-
plus faible en fin d’année de production, afin mentée en Europe depuis la mise en place de
de réduire l’augmentation du poids de l’œuf la directive européenne interdisant l’élevage
associée à l’âge de la poule (< 6 g actuelle- des poules en cages conventionnelle en 2012
ment). Un effort important a toujours concerné en faveur des cages aménagées, des volières
la solidité de la coquille et, depuis 2000, sont ou des élevages au sol avec parcours. Le poids
pris en compte des critères de qualité interne de l’œuf est très légèrement diminué en éle-
des œufs, notamment les unités Haugh qui vage au sol par rapport à l’élevage en cage
définissent la part de blanc épais gélifiée par (1 à 2 %). Par contre la composition de l’œuf
rapport à sa partie plus fluide (héritabilité de en protéines, lipides mais également celle des
0,35-0,4) (Nys et al., 2008). Plus récemment, constituants de l’œuf présentant une forte
un effort est fait pour améliorer la solidité de variabilité (profil des acides gras saturés ou
la membrane vitelline. D’autres critères quali- insaturés) n’est pas affectée directement par
tatifs tels que la présence de tache de sang ou le système d’élevage quand l’alimentation est
la couleur du jaune d’œuf ne sont pas contrôlés identique. C’est en effet l’alimentation de la
par voie génétique, contrairement à la couleur poule qui modifie la composition de l’œuf, et
de la coquille. le système d’élevage n’affectera celle-ci que
Les œufs peuvent exprimer un goût de pois- dans la mesure où le système d’élevage est
son lorsque les poules de certaines lignées à associé à un apport particulier de nutriments.
œufs bruns reçoivent un aliment contenant L’herbe d’un parcours peut contribuer à l’ap-
plus de 5 % de colza. Ce goût a été associé port de caroténoïdes, par exemple, et affecte la
à un polymorphisme de gène qui provoque composition de l’œuf, mais la lutéine apportée
un dysfonctionnement de l’enzyme dégra- par l’herbe peut tout aussi bien être fournie
dant la sinapine en triméthylamine dans le par le maïs utilisé dans de nombreux systèmes
foie (Honkatukia et al., 2005). Cette mise de production. Cela explique les résultats
en évidence facilite la détection de poules très variables et inconsistants de l’influence
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