CoC merece:
pour la Promotion de I’Unité des Chrétiens
Coan
Service d'information
TABLE DES MATIERES
Le Pape BeNotr XVI er 1ecumENisme (octobre-décembre 2005) 187
Visite aU PATRIARCAT GECUMENIOUE D'UNE DELEGATION DU SAINT-SIEGE POUR LA FETE DE
SAINT ANDRE (28-30 novembre 2005) ... — su 160
RELATIONS avec Les EoLIses oRTHODOXES ca
Comité mixte de coordination du dialogue orthodoxe-catholique
Collaboration entre I'Eglise catholique et IEglise orthodoxe de Greece wn
Visite A ROME DE REPRESENTANTS DE LA FEDERATION LUTHERIENNE MONDIALE
(7-8 novembre 2005) ... a seins 166
Visite A RoME DE REPRESENTANTS DU CONSEIL METHODISTE MONDIAL (4-10 décembre 2005) ..... 169
40" axnIveRsiRE DU GROUPE MIXTE DE TRAVAIL: CELEBRATIONS ET EVALUATION
(17-19 moyen, 200) |e tern 171
ASPECTS CECUMENIOUES DE LA ONZIEME ASSEMBLEE GENERALE DU SyNODE DES EvEoUES
(8-24 octobre 2005) 187
NOUVELLES (2cUMENIOUES - eee, 191
Pere Remi Hoeckman, o.p. (1943-2005) 191
Dialogue international méthodiste-catholique (21-28 octobre 2005) .... 191
Commission internationale anglicane-catholique pour unité et la mission
(10-15 novembre 2005) s..nsen 192
‘Commission internationale de dialogue entre les Disciples du Christ et lglise
catholique (4-9 décembre 2005) «r.cunn
193
(COMMISSION POUR LES RELATIONS RELIGIEUSES AVEC LE JUDAISME sono 195
BUREAUX: Via dell’Erba, 1 - 00193 Rome (Italie). Téléphone: +39 06.698.84085 (Rédaction) - +39 06.698.83074 (Administration)
Fax: +39 06.698.85365 - E-mail: oficet@chrstuni.vaLE PAPE BENOIT XVI ET LG@ECUMENISME,
Octobre - Décemibre 2005
Discours aux Eveoves p'Ermorte er D'ERYTHREE
17 octobre 2005
Dans la matinée du lundi 17 octobre 2008, le Saint-
Pore a recu en audience les membres de la Conférence
épiscopale d'Ethiopie et d'Erythrée. La rencontre s'est
tenue au Vatican, au College pontifical éthiopen, a Toc-
casion du 75* anniversaire de son inauguration.
(...) Dans vos pays, oi les catholiques représentent
une si petite minorité, le travail du dialogue cecumé-
nique revét une urgence particuligre, et je suis heu-
reux que votre Conférence épiscopale ait relevé ce
defi. Quels que soient les obstacles que vous rencon-
trez, ceux-ci ne doivent pas vous décourager de
poursuivre cette tache vitale. Parmi les chrétiens
lune fraternité authentique n'est pas un simple senti
ment, et nimplique pas indifference vis-a
vis de la
vérité, Elle est enracinge dans le sacrement du bap-
Teme, qui fait de nous des membres du Corps du
Christ (ef. / Co 12, 13; Ep 4, 46). Etant donné que le
progrés cecuménique dépend également d'une cor-
recte formation théologique, il devrait étre encou-
ragé dans une large mesure par Ia création d'une
Université catholique en Ethiopie, et je rends grace &
Dieu car les longues négociations a ce suj
récemment porié leurs fruits. L'ecumé!
concret, sous la forme defforts humanitaires com-
muns, servira également renforcer les liens de
communion dans vos efforts en vue d'aider avec une
‘compassion chrétienne les malades, les personnes
{qui soufirent de la faim, les réfugiés, les personnes
déplacées et les victimes de la guerre. (...)
ORF, 25.10.2005
MEssace POUR LA IT? CONFERENCE
INTERNATIONALE SUR LA PAIX ET LA TOLERANCE
4 novembre 2005
A Toccasion de ta Seconde conférence internatio-
nale sur la paix et la tolérance qui avait pour theme
«Dialogue et compréhension en Europe du Sud-Est,
dans le Caucase et en Asie centrale » et s'est tenue a
Istanbul, en Turquie, du 7 au 9 novembre 2005, le
Saint-Pére a envoyé un Message adressé au Cardinal
Walter Kasper, Président du Conseil Pontifical pour la
promotion de lunité des chrétiens et de la Commission
pour les relations religieuses avec le judaisme, qui
représentait le Pape en cette occasion. Nous publions
ci-aprés ce Message daté du 4 novembre.
Amon vénéré Frere
le Cardinal WatrER KaSPER
Président dui Conseil Pontifical
pour la promotion de Punité des chrétiens
et de fa Commission
pour les relations religieuses avec le judaisme
Jai été heureux d’apprendre Ia tenue de la UI
Conférence sur la Paix et la Tolerance, organisée par
le Patriarcat cxcuménique et I'« Appeal of Conscience
Foundation» sur le theme: « Dialogue and Unders-
tanding in South-East Europe, the Caucasus and
Central Asia» (« Dialogue et compréhension en
Europe du Sud-Est, dans le Caucase et 'Asie cen-
trale »). Vénéré Frere, je vous confi la tache de trans-
‘mettre mes salutations cordiales aux participants qui
se rencontreront Istanbul au cours des jours &
venir, ainsi que expression de ma reconnaissance
pour leur profond engagement en vue de promouvoir
fa compréhension et la coopération entre les fidele
des différentes religions. En particulier, je voi
demande de présenter mes meilleurs veeux fraternels,
a Sa Sainteté Bartholomaios I", Archevéque de
Constantinople, et dassurer le Rabin Arthur Schneier
de ma proximite spirituelle en cette occasion.
Les themes de la paix et de Ia tolérance sont d'une
importance vitale dans un monde oi les attitudes
rigides suscitent si souvent des malentendus et de la
soufirance qui peuvent méme conduire & une vio-
lence mortelle. Le dialogue est assurément indispen-
sable si Ton veut trouver des solutions aux conflits
nuisibles et aux tensions gui provoquent tant de
dommages a la société. Ce n'est qu’a travers le dia-
Togue que lon peut espérer que le monde devienne un
lieu de paix et de fraternite.
i revient & chaque personne de bonne volonté, et
cn particulier a chaque croyant, de contribuer & édi-
fier une société pacifique et de surmonter la tentation
daffrontements agressifs et vains entre différentes
cultures et groupes ethniques. Chaque peuple du
monde posséde une responsabilité en vue d'apporter
sa propre contribution a la paix et & la concorde, en
plagant son héritage spirituel et culturel et ses valeurs
Ethiques au service de la famille humaine dans le
monde. Cet objectif ne peut étre atteint que si au
centre du développement économique, social et cul-
turel de chaque communauté, figure un juste respect,
pour la vie et la dignité de chaque personne humaine.
Une societé saine promeut toujours le respect des
droits inviolables et inaliénables de toutes les per-
sonnes. Sans «un ancrage moral objectif, la démo-
cratie elle-méme ne peut pas assurer une paix stable »
(Evangelium vitae, 70). Dans ce sens le relativisme
157moral mine action de la démocratie, gui ne sulfit
pas a elle seule & garantir la tolérance et le respect
parmi les peupk
Il est donc d'une importance fondamentale
dléduquer a la vérité, et de promouvoir la réconcilia-
tion partout oit se font jour des déchirements. Le
respect des droits des autres, qui porte des fruits
dans le dialogue sincére ct authentique, indiquera
les mesures pratiques qui peuvent éire prises.
Chaque personne de bonne volonté posséde le
devoir d’euvrer en vue de cet objectif. Toutefois,
cela est encore plus urgent pour ceux qui reconnaissent
en Dieu celui qui est le Pere de tous, et dont la mis
ricorde est librement offerte & tous, qui juge avec
justice et qui offre & tous son amitié qui donne la
vie. Pour les chrétiens, la génerosité du Créateur est
ble dans la figure de Celui que Dieu «a fait
péché pour nous, afin qu’en lui, nous devenions jus-
tice de Dieu» (2 Co 5, 21), le Christ notre paix et
notre véritable réconciliation.
‘Venéré frere, tandis que je vous confie ces pensé
Je vous demande, & Toccasion de cette Conférence, de
réaffirmer le profond engagement de /Eglise catho-
lique & ceuvrer inlassablement en vue de la coopéra-
tion entre les peuples, les cultures et les religions, afin
qu'une abondance de graces et de bénédictions
célestes descendent sur tous les fils de Dieu.
Du Vatican, le 4 novembre 2005
BeNeDictus PP. XVI
ORE, 29.11.2005
AUDIENCE A LA CONFERENCE DES EVEQUES DE BULGARIE
12 novembre 2005
Dans la matinée du samedi 12 novembre 20085, le
Pape Benoit XVI a recu en audience les évéques de
Bulgarie, en visite «ad limina Apostolorum ».
(...) Dans ses desseins insondables, Dieu vous a des-
tings & exercer voire service ecelésial aux c6tés de nos
freres de IEglise orthodoxe bulgare. Je souhaite que les
bonnes relations existant se développent toujours plus
au bénéfice de Fannonce de lEvangile du Fils de Dieu,
principe et fin de toute action accomplie par le chrétien.
Vénén’s frees, 2 cet égard je vous demande d’ap-
porter mon salut cordial au Patriarche Maxime, pre-
mier Higrarque de 'Eglise orthodoxe de Bulgarie.
Veuillez vous Faire les interprétes de mes voeux pour sa
santé et pour Theureuse reprise de son ministére. Je
garde encore un vif souvenir de accueil respectueux et
fraternel quill a réservé & mon Prédécesseur, le Pape
Jean-Paul IL, au cours de la visite pastorale qu'il a
‘accomplie dans votre pays. Il faut poursuivre le chemin
tentreprs, en intensifiant la prigre afin que vienne bien-
tot Theure a laquelle nous pourrons nous asseoir A
Tunique Table pour manger lunique Pain du salut. (..)
ORE, 29.11.2005
158
ADRESSE A LA CONFERENCE EVISCOPALE DE POLOGNE.
17 décembre 2005
Dans la matinée du samedi 17 décembre 2005, le
Pape Benoit XVI a recu en audience, dans ta Salle di
Consistoire, fe troisiéme groupe d’évéques de Pologne
envisite «ad limina Apostolorum », Nous publions, ci-
dessous, un extrait du discours que le Saint-Pére a pro-
noncé en cette occasion en polorais.
(...) Au sigcle dernier, en particulier aprés le
Concile, divers mouvemenis ayant pour objectif
Vevangélisation se sont développés dans I'Bglise. Ces
mouvements ne peuvent exister, pour ainsi dire, «a
cote» de la communauté universelle de I'Eglise. I
revient done a I'Evéque diocésain de conserver un
contact vivant avec eux, de les encourager a agir
conformément au charisme reconnu par VEglise et &
se garder, dans le méme temps, de la fermeture & la
réalité gui les entoure.
Un grand nombre de ces mouvements ont établi
un contact vivant avec les Fglises non-catholiques. Ils
peuvent apporter une contribution importante dans
le travail de construction des liens aecuméniques: la
prigre commune et les ceuvres entreprises ensemble
nourrissent Yespérance que Von puisse hater le rap-
prochement, également dans le domaine de la doc-
trine et de la vie de I'Eglise. Dans ce domaine, il faut
toutefois également que les Evéques aient soin de
donner une interprétation correcte de lcecuménisme.
Celui-ci doit toujours consister dans la recherche de
la vérité et non pas dans des compromis difficiles qui
peuvent conduiire les mouvements catholiques &
perdre leur propre identité. (...)
ORF, 24.01.2006
DiscouRs Av NOUVEL AMBASSADEUR DU ROYAUME-UNI
PRES LE SAINT-SIEGE
23 décembre 2005
Vendredi 23 décembre 2005, S.E. Monsieur Francis
Martin-Xavier Campbell, nouvel Ambassadeur du
Royaume-Uni pres le Saint-Sidge, a présemé ses Lettres
de eréances au Saint-Pere. Nous publions cicapres tun
extrait du discours prononcé par le Pape Benoit XVI en
cette circonstance
(...) Ainsi que vous avez pu Tobserver, Monsieur
TAmbassadeur, votre pays n'est pas étranger aux que-
relles générées par les tristes divisions entre chréticns.
Les blessures qui sont le fruit de plus de quatre cents,
ans de division ne sauraient étre guéries sans des
efforts déterminés, perseverance et surtout la pritre.
Je rends griice & Dieu pour les progres accomplis
au cours des récentes années par les divers dialogues
cecuméniques et fencourage tous ceux qui y prennent
part & ne jamais se satisfaire de résultats partiels et
de ne pas perdre de vue le but de lunité pleine et
visible entre les chrétiens qui est ce que le Seigneur
desire pour son Eglise.Lecuménisme n'est pas une question interne aux
communautés chrétiennes mais un impératif de la
charité qui exprime amour de Dieu pour toute hu-
‘manité et son dessein de rassembler tous les hommes
dans le Christ (cf. Ur unum sint, 99). I offre «un
signe rayonnant despérance et de consolation a Vhu-
manité tout entire» (Lettre du Pape Paul VI au
Patriarche eecunénique Athénagoras 1, 13 janvier
1970) et, en tant que tel, joue une part essentielle
dans le dépassement des divisions entre les commu
nautés et les nations. (...)
ORE, 11.01.2006, traduction SI
PREMIERES VEPRES
31 décembre 2005
Dans ta soirée du samedi 31 décembre 2005, dans
la Basilique Saint-Pierre, le Saint-Pére a présidé le
chant des Premiéres Vépres de la solennité de ta Mere
de Diew et le « Te Deum» daction de grice pour la fin
de lannée 2005 pour les « nombreux bienfaits accordés
GEglise et @ Uhumanité». Nous reproduisons, ci-
apres, un bref extrait de Vhomélie que Benoit XVI a
prononcée en italien.
(...) Ce soir, je me fais tout d'abord Ia voix de
PBglise de Rome, pour élever vers le Ciel le cantique
‘commun de louange et d'action de grace. Cette der-
nigre, notre Eglise de Rome, au cours des douze mois
écoulés, a été Fobjet de la visite de nombreuses autres
Eglises et Communautés ecclésiales, venues pour
approfondir le dialogue de la vérité dans la charité,
gut unt tous les baptisés, et pour éprouver ensemble
le maniére plus vive le désir de la pleine commu-
nion, Mais de nombreux croyants d'autres religions
ont également voulu témoigner leur propre estime
cordiale et fraternelle cette Eglise et & son Evéque,
conscients que dans la rencontre sereine et respec-
tueuse se trouve ’ame d'une action unanime en
faveur de humanité tout entiere. (..)
‘ORF, 03.01.2006
159VISITE AU PATRIARCAT (ECUMENIQUE D'UNE DELI
DU SAINT-SIEGE POUR LA FETE DE SAINT AND!
28-30 novembre 2005
Selon tne tradition désormais bien établie, un échange de délégations du Saint-Sidge et du Patriarcat aecumé-
nique a lieu lors de leurs fétes patronales respectives. Une délégation du Saint-Sidge sest donc rendue cette année au
Phanar afin de prendre part aux célébrations de la féte de saint André, le 30 novembre 2005.
‘La délégation conduite par le Cardinal Walter Kasper comprenait également S.Exc. Mgr Brian Farrell, Secrétaire
du Conseil Pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, Mgr Johan Bonny et le Pére Vladimiro Caroli, O.P,
tous deux collaborateurs duu CPPUC, ainsi que S.Exc. Mgr Louis Pelatre, Vicaire Apostolique a Istanbul.
Outre la célébration liturgique de saint André, la rencontre avec Sa Sainteté le Patriarche Bartholomaios I et les
conversations avec la Commission synodale pour les relations avec 'glise catholique, qui ont de nouveau eu liew
Cette année, sont également des moments importants de cette visite, La délégation s'est aussi rendue en visite a
Pairiarcat arménien et auprés du Métropolite syrien orthodoxe d'Istanbul.
Nous publions, ci-apres, le Message du Saint-Pere adressé @ Sa Sainteté Bartholomaios 1", le discours du Cardi-
nal Walter Kasper et celui du Patriarche a la délégation.
Messace pu Pare BENott XVI
ASa Sainteté
BagrHoLomaios I
Archevéque de Constantinople
Patriarche ecuménique
«La grace du Seigneur Jésus soit avec vous! Je
vous aime tous dans le Christ Jésus » (I Co 16, 23-24).
Cest avec une grande joie que j
teté a Toccasion de la féte de saint André, Apdtre et
frere de saint Pierre,
La délégation que je vous envoie, guidée par le
Président du Conseil Pontifical pour la promotion de
Yunité des chrétiens, S, Em. le Card Walter Kasper,
vous transmet Jes plus chaleureuses salutations fra-
ternelles de I'Eglise de Rome. Tandis que j‘aurais
voulu étre moi-méme présent, pour vous assurer per-
sonnellement de mon affection pour vous dans le Sei
gneur et pour prier avec vous, je vous transmets
néanmoins mon espérance fervente en vue d'une
communion encore plus profonde pour surmonter
les obstacles qui subsistent entre nous et nous per
mettre de célébrer ensemble la Sainte Eucharistie, le
sacrifice unique du Christ pour la vie du monde.
Cette année, nous célébrons le 40° anniversaire de
la date du 7 décembre 1965, jour oit le Pape Paul VI et
le Patriarche Athénagoras, regrettant ce qui avait cu
lieu en 1054, déciderent ensemble a Rome et &
Constantinople, « deffacer de la mémoire de Elise la
sentence d’excommunication qui avait été prononcée »
(cf Déclaration commune, ORF n. 51 du 17 décembre
1965). Cet événement extraordinaire devint la base de
relations renouvelées marquées par le respect réci-
proque et la réconciliation. Nous nous souvenons avec
{pi des paroles inspires prononctes ce jour pa le
jien-aimé Patriarche Athénagoras dans la Cathédrale
du Phanar: « Dieu est amour (/ Jn 4, 9): Tamour est la
160
marque des disciples du Christ donnée par Dieu, la
force unificatrice de son Eglise, et en celle-ci, le prin-
cipe de paix, de concorde et dordre, comme manifes-
tation perpétuelle et splendide de 'Esprit-Saint »
(Réponse a la Declaration commune, 7 décembre 1965;
cf. ORF n. 52 du 24 décembre 1965).
Cette annulation a en effet marqué le début d'une
nouvelle ére de la vie ecclésiale, une ére de dialogue,
quia vu des progres significatifs, mais qui doit
encore relever le défi de la poursuite rigoureuse de
ces objectfs tres précieux. A cet égard, c'est pour mot
une source de profonde satisfaction qu’aprés une
pause de quelques années, notre dialogue théolo-
gique reprenne & nouveau. Je prie pour qu'il porte
des fruits et je suis certain qu’aucun effort ne sera
Epargné pour quil en soit ainsi. Quiconque a mis la
main a la charrue ne doit pas regarder en arriere
(cf. Le 9, 62). Au contraire, il doit persévérer et porter
son travail 4 terme, semant le grain et attendant la
moisson abondante que Dieu, dans sa bienveillance,
accordera. Cest pourquoi, attentif a ce que VEsprit
dita propos des nécessités des Eglises aujourd'hui et
a lavenir, fassure Votre Sainteté, ainsi que le
Saint-Synode, et A travers vous toutes les Eglises
orthodoxes, que IEglise catholique demeure irrévoca-
blement engagée & promouvoir toutes les initiatives
adéquates et utiles en vue de renforcer la charité, la
solidarité et le dialogue théologique entre nous.
Dans la joie de la féte de saint André, saint patron
de I'Eglise de Constantinople, je renouvelle a Votre
Sainteté expression de mon amour fraternel et je
vous transmets mes chaleureuses salutations en signe
de paix.
Du Vatican, le 26 novembre 2005
Benepictus PP. XVI
ORE, 06.12.2005‘SALUTATION DU CARDINAL KASPER
Sainteté
Cest avec une grande et profonde joie que moi-
fe et les autres membres de la délégation du
Saint-Siége de Rome, revenons cette année égale-
ment au Phanar pour la célébration de la féte de saint
André, le premier appelé parmi les apotres. Nous
adressons & Votre Sainteté, & tous les freres dans le
ministére épiscopal et & tous les fidéles réunis dans
ceite cathédrale patriarcale, notre cordiale salutation
en Jésus Christ notre Seigneur et Sauveur commun.
Cest lui qui nous appelle a témoigner ensemble
des liens d'amour fraternel qui nous unissent et qui
sont un signe de réconciliation et de paix dans un
monde marque par tant de tensions, injustices et de
conflits.
Cette année, noire joie est encore plus grande et,
plus profonde parce que nous commémorons le qua-
Tantigme anniversaire de la levée des anathémes qui
ont détérioré les relations entre le Si
celui de Constantinople pendant des si
remercions Dieu de cet acte de réconeiliation q
eu lieu la veille de la conclusion solennelle du Concile
Vatican II, le 8 décembre 1965. Nous ne pouvons
gu‘étre reconnaissants & Dieu en remémorant toute
Yévolution de nos relations depuis cette journée
mémorable.
Nous devons également étre reconnaissants &
tous ceux qui, suivant le commandement du Sei-
gneur, ont encouragé lunité des chrétiens au cours
des années. Nous pensons avec une gratitude et un
respect particuliers & tout ce que fait inlassablement
Votre Sainteté pour établir et fortifier notre compré-
hension mutuelle et notre rapprochement,
Dans cet esprit, j'ai le privilége de lire le message
que vous adresse en cette circonstance Sa Sainteté le
Pape Benoit XVI. Le Saint-Pére espére vivement pou-
voir venir lui-méme dans cette cathédrale au cours de
Yannée prochaine pour échanger avec Votre Sainteté
des expressions de concorde fraternelle et le baiser de
paix dans le Seigneur Jésus,
DISCOURS DE SA SAINTETE LE PATRIARCHE CECUMENIQUE
Baxriiocomaios I
Eminence et cher frére en Christ,
Cardinal Walter Kasper,
Président du Conseil Pontifical pour la promotion
de Vunité des chrétiens,
et honorables membres de la Délégation de
VBglise sceur de Rome,
Eminences,
Honorable Archonte Grand Adjoint
et Archontes de la Grande Eglise du Christ,
Excellences,
Trés chers fréres et fils de notre Seigneur,
En célébrant aujourd'hui la bienheureuse
mémoire de saint André, premier appelé parmi les
apétres et fondateur de notre Eglise, nous exprimons
tout dabord notre admiration et notre joie, car cest
par ses pritres et ses bienfaits que notre Eglise a
grandi ct a été glorifiée, quelle a survécu apres avoir
persécutée et quielle vit et existe jusqu’a ce jour,
Par énergie pérenne de 'Esprit-Saint, le modeste
levain du petit nombre des premiers croyants a fait
lever une véritable multitude de personnes et de
peuples et a développé le ferment de la Tres Sainte
Eglise de Constantinople jusqu’a une grande profon-
deur et ampleur spirituelle, de sorte qu'elle a pu
prendre sur elle limportante responsabilité des
affaires ecclésiales, dont elle a été chargée par les
décisions des Synodes cecuméniques.
‘Aussi désirons-nous exprimer notre gratitude
Dieu de nous rendre dignes de pourvoir aux besoins
de cette Eglise qui a été persécutée pendant des
siécles et a subi de nombreuses épreuves et tribula-
tions. Toutefois, elle a également démontré la justesse
des paroles de Tapotre Paul: « Ma puissance donne
toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Co 12, 9)
Dans cet heureux moment d'émerveillement, de
joie et de gratitude, nous sommes profondément sen-
sibles a amour fraternel de Votre Eminence, Card
nal Walter Kasper, ainsi qu’ Yamour de notre tres
cher frére, Sa Sainteté le Pape de Rome, Benoit XVI,
qui a envoyé cette Delégation officielle, et nous vou"
drions vous remercier tous de tout coeur pour éire
venus célébrer avec nous aujourd hui
Cependant, nos sentiments fraternels sont
empreints de tristesse, du fait que nous ne sommes
pas encore parvenus & partager unique Pain ni &
boire au méme Calice, afin que, conformément a ce
que dit lapétre, nous soyons un seul corps (I Co 10,
17), Sincérement, nous ressentons intensément, tant
ontologiquement’quiexistentiellement, la tristesse de
cette séparation spirituelle, une séparation plus dou-
loureuse que toute autre séparation.
est pour que saccomplisse cette unité en Christ,
tant désirée, que nous prions Dieu avec ferveur, mais,
en méme temps nous exhortons notre prochain &
entreprendre un dialogue productif et en bonne foi
Notre Seigneur Jésus Christ frappe sans cesse aux
portes du coeur de tous les hommes, attendant
quéelles Souvrent pour qu'll entre et leur apporte la
paix qui est au-dessus de tout, la connaissance de la
verité, la vie et la liberté. Notre priére est en harmo-
nie avec son ceuvre. Nous lui demandons d’inviter
sans cesse tous les hommes a aller & lui, 8 la joie et &
la libertg, la vie et a Véternité
Noire invitation au dialogue siadresse & tous les
hommes, sans distinction de religion ni de position
sociale, et son but ultime est que tous apprennent &
connaitre la vérité qui est en Christ et ressentent la
grande joie qui vient de la connaissance du Christ
but ne peut étre atteint qu‘en remplagant notre di
sion qui est dans nos cceurs, par la résolution de nous
unir tous en Christ, une unité qui est plénitude
amour et de joie.
Certes, le processus d'unification de tous com-
porte des niveaux et des étapes dans la progression,
et cest une question qui dépasse la durée de la vie de
beaucoup de personnes.
En premier lieu, il est nécessaire d'atténuer les
sentiments dadversité largement répandus parmi les
161tres humains et d’établir graduellement des rapports
dacceptation et de tolérance et, mieux encore, de
confiance mutuelles
Le but poursuivi par ce dialogue n'est pas Ta vic-
toire des uns sur les autres; le but est de découvrir un
rayon de vérité et de laccepter de commun accord
La découverte et Yacceptation du premier rayon de
vérité devraient alors conduire & la découverte suc-
cessive d’un autre rayon, et ainsi de suite. Plus Yesprit
dun étre humain est éclairé, plus il découvre que la
coexistence pacifique avec les autres étres humains
est bénéfigue pour tous.
La plenitude de la vérité n'est toutefois pas
atteinte ni assurée par la précision de son expres-
sion, car il sagit principalement d'une réalité ontolo-
gique; c'est une expérience en Christ; cest le Christ.
\Vivre en Christ ne peut pas se réaliser uniquement
par Fintellect. Cela exige une véritable greffe en Lui
Comme en un olivier franc (Rr 11, 23), la commt-
nion & Son corps et a Son esprit (/ Co 10, 16), Yascen-
sion du Mont Tabor et la participation a la Transfigu-
ration (Mr 17, 2-6), afin d’étre éclairés par léternelle
lumiére divine et de reconnaitre Jésus qui marche
avec nous sous une forme différente et que l'on
Feconnait «2 la fraction du pain » (Le 24, 35).
Toutes ces choses ne rendent pas indispensable
Vexactitude de la formulation de la vérité. Elles
montrenteependant que la formulation ne peut pas
exprimer pleinement la réalité ni la remplacer. La
es limites au-dela desquelles la
, mais la pleine connaissance de
la vérité, cest-a-dire la participation ontologique a
celle-ci, n’est pas réservée uniquement a ceux qui
connaissent sa formulation et son analyse.
Néanmoins, les Péres de IEglise ont énoneé avec
beaucoup de zéle et d'attention les Termes dogma-
tiques des Saints Synodes cecuméniques en seffor-
gant de nous garder doutrepasser par inadvertance
les limites de la verité et de tomber dans le domaine
de erreur et de lillusion.
En conséquence, les termes ne font qu‘indiquer la
vérité, ils ne la concrétisent pas. Néanmoins, ils sont
nécessaires et utiles, ct leur compréhension (surtout
si elle est associée a la charité, a la foi, a la priere et &
autres vertus) facilite la préparation a Yacceptation
du grand événement qu’est la rencontre réelle de
Yame avec le Christ et son incorporation dans Son
corps. La vérité est alors vécue et toutes les discus-
sions a ce sujet prennent fin.
Une fois que la vérité est vécue, elle transforme
celui qui en fait Yexpérience en un héraut de lEvan-
gile de paix et de salut, qui dit avec lApotre, « mal-
heur & moi si je n'annonce pas lEvangile » (I Co 9,
16).
‘A ce propos, un des ascétes contemporains,
confirmant travers son expérience la tradition expé-
rimentale continue de Eglise, dit ceci: « Le chrétien
une fois quill a trouvé le Christ, qu'il 'a connu, que
ic Christ est entré dans son ame’ simple et qui sent
Sa présence, il veut le crier et lannoncer “du haut
des montagnes”, il veut parler du Christ, dire ce
quest le Christ: tu aimes le Christ et pour toi rien
niest préférable & Son amour. Le Christ est tout, Il est
162
la source de la vie, II est tout, Tout ce qui est beau et
bon est en Christ»
Notre effort pour promouvoir le dialogue, comme
le montre ce qui précéde, est un effort qui, a son der-
nier stade, vise & connaitre la personne et 'amour du
Christ. 11 doit toutefois passer par les stades précé-
dents, qui sont la connaissance et l'amour de nos
semblables, la recherche d'un terrain commun et de
points de référence et de communication avec eux,
comme le dit lapotre qui est devenu tout tous pour
‘en sauver stirement quelques-uns (/ Co 9, 22).
En cela, notre effort, bien qu'il soit agréable &
Dieu qui veut l'unité de tous en Christ, est jugé et cri-
tiqué de plusieurs maniéres,
Certains, qui appartiennent déja a l'Eglise,
craignent que T'nvitation que nous adressons aux
hétérodoxes en vue de T'unité, et aux adeptes d'une
ion différente pour instaurer une coexistence
acifique, cache une concession au détriment de la
vérité. Ils estiment que cela entraine Vacceptation du
syncrétisme, et méme que lunité est recherchée dans
tun contexte de renoncement a certaines vérités afin
de s'accorder sur d'autres vérités, pour e
iest pas vrai, car Tunité des chrétiens ne peut
se réaliser en dehors du seul et unique Jésus Christ,
‘qui nvaccepte pas de récits ni de descriptions contra:
dictoires ou différents, qui est le seul et unique
annonciateur personnel de la vérité, de la vérité en
soi, Nous ne pouvons pas étre unis si nous ignorons
la face du Christ et tout ce qu'elle exprime.
Cest pourquoi, si nous essayons de trouver des
expressions humaines de la vérité, qui, en raison
de leur concision ou méme de leur obscurité, nous
donnent limpression d’étre d'accord entre ‘nous,
notre unité n’aura pas de succes. Car dans un tel cas
nous nous faisons tout simplement des illusions en
eréant une unité apparente, sous laquelle nous
prenons bien soin de cacher notre désaccord. Mais
tun désaccord ne peut pas rester toujours secret. Tot
ou tard il finit par émerger, révélant ainsi la nature
décadente ct décrépie d'une unité creuse.
Certains manifestent leur incrédulité au sujet de
la sineérité de nos partenaires de dialogue. Ils les
soupgonnent davoir posé des pitges pour nous abu-
ser et obtenir nos dépens ce quills désirent. Il est
clair que nous ne pouvons pas exclure la possibilité
quun partenaire soit de mauvaise foi et quill ait des
exigences. De notre c6té, toutefois, nous avons placé
notre espérance en Dieu qui connait notre sincérité et
qui ne nous permettra pas de porter atteinte a la
vérité au cas 0 nous serions victimes de partenaires
hypocrites.
Diautres se référent a des cas du passé historique
dialogues analogues ont échoué et ils
sme des dialogues d'au-
jourd’hui. Mls en concluent ainsi que les nouveaux
dialogues sont vains parce qu'ils sont voués a l'échec
Toutelois, si ne fut-ce quune seule ame tire profit de
ces dialogues et quitte le mauvais chemin pour reve-
nir a la vérité du Christ, notre dur travail en vaut la
pene, car elle seule certe ame a plus de valeur que
le monde entier.
Il en est aussi qui soutiennent lidée que les dia-logues ne sont que de sournois agissements du
démon pour nous séduire avec ses arguments et nous
orienter vers ses duperies dorées, comme ce fut le cas
pour beaucoup de ceux qui, ayant commencé dans
Vintention de vicier les arguments de Yennemi, ont
16 tentés par ce qu'on leur promettait et ont fini par
ire la proie de cet ennemi,
En fait, des incidents de ce genre se produisent
inévitablement au cours de histoire, mais nous ne crai
gnons rien car nous ne dépendons pas de nos propres
forces pour rester dans la vérité, mais du. pouvoir irré-
sistible de Dieu. Cest lui que nous implorons de proté-
ger les partenaires de dialogue dont la connaissance est,
juste et solide, et de les empécher de tomber dans les
erreurs de leurs fréres, En outre, il ne serait ni bon ni
correct que la peur devienne la conseillére de nos actes,
«parce que celui qui est au milieu de vous est plus
sarand que celui qui est dans le monde » (J Jit 4,4).
Dans cette fagon de penser, notre consceiller est
saint Jean de "Echelle, qui nous recommande de ne
jamais mous lasser de converser avec ceux qui, de
onne foi, nous demandent la raison de Vespérance
qui est en nous. Noire modéle pour ce réle est celui
que nous fétons et honorons aujourd'hui, notre saint
patron, PApotre saint André, premier appelé, et tous
les apdtres qui, & travers les sicles, ont courageuse-
ment conversé avec nos ancétres idolatres et avec
tous ceux qui professaient des croyances hétérogenes
et les ont appelés a la connaissance du Christ.
‘Conscients des réserves avancées, nous souhaitons
dialoguer avec tous les chrétiens qui appartiennent
ala méme dénomination, avec les hétérodoxes de la
méme foi et avec ceux qui professent une foi diffé
rente, afin de parvenir une meilleure compréhen-
sion réciproque et instaurer des rapports pacifiques,
de sorte que Fon puisse un jour réaliser la coexistence
pacifique tant désirée par "humanité. Si on nous
demande alors de donner a quelgu'un l'occasion de
rencontrer le Christ en Tinvitant a le voir vivre dans
VEglise, nous le ferons avec joie. La forme et Tobjet
de chaque dialogue varient évidemment selon la
situation, mais la disposition de Tesprit est toujours
pacifique et amicale.
En ce qui concerne le dialogue théologique avec
la tres chére et respectée Eglise catholique romaine,
ayant surmonté les obstacles qui avaient surgi, nous
désirons le poursuivre avee Tintervention du nouveau
Primat de lEglise de Rome. Lhonorable et tres cher
Pape de Rome, Sa Sainteté Benoit XVI, souhaite cer-
tainement entretenir de bonnes relations avec nous,
encourager la coopération et, en temps opportun,
promouvoir unité des Eglises, Nous attendons avec
joie Fhonneur de sa visite, dés que ses obligations et
ses responsabilités le lui permettront.
Nous exprimons également notre satisfaction
pour la levée réciproque des excommunications pro-
noncée il ya quarante ans, le 7 décembre 1965, qui a
apporté tin changement dans le climat des relations
entre lEglise catholique romaine et les chrétiens
orthodoxes et a permis de rétablir la paix entre eux,
de reprendre et de poursuivre le dialogue, indéper
damment de quelques obstacles dans le processus.
Un dialogue object et sans aucun préugé ne peut
quiétre bénéfique, malgré les hésitations que certains
peuvent avoir, craignant les tensions du passé qui
avaient conduit aux anathémes désormais levés. En
tout cas, il est hors de doute qu'un cours dévié pen-
dant un millier d'années ne peut converger vers luni
du jour au Iendemain. Mais nous devrions avoir la
vision de cette convergence vers Tunité et travailler
sans relache a sa réalisation, Cest le but de la partici-
pation d'une Eglise aux conférences et aux assemblées
des membres de Fautre Eglise. Un exemple a été la
récente Conférence des évéques de IEglise catholique
romaine réunie pour examiner la question de la Sainte
Eucharistie. Notre représentant, Son Eminence et tres
cher frére, le Métropolite Johannis de Pergame, qui est
également, avec Votre Eminence, coprésident de la
‘Commission mixte de notre Dialogue théologique, a
assisté a cette Conférence. Ce fut le cas également
lorsque vous-méme, Eminence et cher frére, avez
assisté ici & notre récente Conférence interreligieuse
sur le theme de la paix et de la tolérance.
Nous désirons remercier de tout coeur Sa Sainteté
le Pape de Rome Benoit XVI de sa participation
notre joie & travers sa Délégation, ainsi que tous ceux
‘qui sont présents & la célébration de cette journée de
la Fete du Trone du Patriarcat a-cuménique, et nous
invoquons sur tous la grace et 'abondante miséri-
corde de Dieu par les intercessions de notre honoré
patron saint André, FApétre premier appelé. Amen.
Traduetion St
163RELATIONS AVEC LES EGLISES ORTHODOXES
DIALOGUE ORTHODOXE-CATHOLIQUE
DiscouRs DU Pape BENOIT XVI AU Coxtrré Mxre
DE COORDINATION
15 décembre 2005
Dans la matinée du jeudi 15 décembre 2005, le
Pape Benoit XVI a recu en audience les membres du
Comité mixte de coordination de la Commission inter-
nationale pour le dialogue théologique enire l'Ezlise
catholique et lEglise orthodoxe dans son ensemble, Au
cours de la rencontre, le Saint-Pére a prononcé le dis-
cours suivant:
hers Fréres dans le Christ,
Je vous souhaite la bienvenue au nom du Sei-
gneur, me réjouissant de notre rencontre fraternelle.
En cette période liturgique de joyeuse attente de la
Nativité du Sauveutr, votre présence fait grandir notre
joie. Vous ravivez en moi le souvenir des Eglises que
vous représentez et de tout le monde orthodoxe.
Je me réjouis également de la rencontre du
Comité mixte de coordination de la Commission
internationale pour le dialogue théologique entre
VEglise catholique et UEglise orthodoxe dans son
ensemble, signe du désir de reprendre et de pow
suivre le dialogue, quia connu au cours des années
‘ouilées de sérieuses dilfficultés internes et externes
Cette reprise du dialogue intervient aprés un accord
interorthodoxe, dont l'Eglise catholique a été inf
mée par Sa Sainteté Bartholomaios I~. Elle revét
done une importance particuliére et elle constitue
tune grande responsabilité; il s'agit en effet d'accom-
plir la volonté du Seigneur, qui veut que ses disciples
forment une communauté harmonieuse et qu’ils,
témoignent ensemble de l'amour fraternel gui vient
du Seigneur. Dans cette nouvelle phase de dialogue,
deux aspects sont a envisager ensemble: d'une part
Gliminer les divergences qui subsistent et, autre
part, avoir comme désir primordial de tout faire pour
établir la pleine communion, bien essentiel pour la
mmmunauté des disciples du Christ, comme f'a sou-
ligné le document préparatoire a votre travail
La pleine communion vise & une communion
dans la vérité et dans la charité. Nous ne pouvons pas
nous contenter d’en rester a des stades interme
diaires, mais nous devons sans cess, avec courage,
ucidité et humilité, rechercher la volonté de Jésus
Christ, méme si cela ne correspond pas & nos simples
proj li é
PEglise et la réconciliation entre les chrétiens sont au
prix de la soumission de nos volontés a la volonié du.
Seigneur. Une telle tache doit engager les pasteurs,
les théologiens et nos communautés entiéres, chacun
selon le role qui lui est propre. Pour entrer plus avant
164
dans ce chemin d'unité, nos faibles forces ne suffisent
pas. Nous devons demander Taide duu Seigneur, par
une priére toujours plus insistante, car lunité est
avant tout un don de Dieu (cf. Décret Unitatis redinte-
sgratio, 24), invitant en méme temps tous les chrétiens
2 la priére commune comme «moyen assurément
elficace de demander la grace de Tunité ». De meme,
le Décret Unitatis redintegratio recommandait la
connaissance réciproque (cf. n. 9) et le dialogue, par
Jequel il faut « procéder avec amour de la vérité, cha-
rité et humilité », pour que soit maintenue la pureté
de la docirine (Ibid, n. 11). Les Pasteurs qui ont le
mérite de l'avoir entrepris, Sa Sainteté le Pape
Jean-Paul Il et Sa Sainteté Dimitrios I", Patriarche de
Constantinople, dans la déclaration commune avec
laquelle ils Tont engagé, ont ouvert un chemin quiil
nous appartient de poursuivre, pour le mener & son
terme. En nous faisant progresser vers la pleine com.
munion entre catholiques et orthodoxes, le dialogue
contribuera aussi «aux dialogues multiples qui se
développent dans le monde chrétien a la recherche de
son unité» (Déclaration commune, 30 novembre
1979)
En vous remerciant de votre engagement dans
étude de voies conerttes pour le progres du dialogue
entre catholiques et orthodoxes, je vous assure de ma
pridre fervente. Je vous souhaite aussi un heureux et
saint Noel. Que la nouvelle année vous comble de
bienfaits divins et quelle soit un temps de grace pour
Ja marche vers la pieine unite.
ORF, 20.12.2005
COLLABORATION ENTRE
ISE CATHOLIQUE
ET LEGLISE ORTHODOXE DI
ECE
PUBLICATION D'UNE EDITION FAC-SIMILE DU MENOLOGE
e Bast. IT
16 novembre 2005
La publication du fac-similé du Ménologe de Basil
11 (Codex Vaticanus Graecus 1613), résultat de la col:
laboration entre la Biblioth¢que apostolique vaticane et
1a Diaconie apostolique de VFglise de Grece, a eu lew le
‘mercredi 16 novembre au Musée byzantin d’Athenes.
En cette occasion, des discours ont été prononcés
par le Cardinal Jean-Louis Tauran, Archiviste et Biblio-
thécaire de ta Sainte Eglise Romaine, le Pére Raffaele
Farina, S.D.B., Préfet de la Bibliotheque apostolique
vaticane, Sa Béatitude Christodoulos, Archevéqued'Athenes et de toute la Grece, Son Eminence Agathan-
zelos, Eveque de Fanarion et Directeur général de la
Diaconie apostolique. Le fac-similé a été présenté par
les Professeurs Evangelos Chysos, Directeur due Centre
de recherche byzantine, et Francesco D’siuto, Cher-
cheur de la Bibliotheque vaticane.
Nous publions, ci-dessous, le texte original en fran-
gais de la lettre que le Pape Benoit XVI a adressée aut
Cardinal Tauran pour la circonstance. Le Saint-Pore y
mentionne également qu'il serait heurewx de recevoir
tune visite de Sa Béatitude Christodoulos a Rome.
LETTRE DU SAINFPERE
Au Cardinal Jeax-Lours Tauran
Archiviste et Bibliothécaire
de la Sainte Eglise Romaine
Sai pris connaissance avec intérét de la collabora
tion instaurée entre la Bibliothéque apostolique vati-
cane et lEglise orthodoxe de Gréce pour Ia publica-
tion du Ménologe de Basile If, dont le manuscrit est
conserve & la Bibliothéque apostolique vaticane, et je
vous sais gré d'avoir veillé au bon déroulement des
différentes étapes de ce projet.
Puisque vous allez participer a la rencontre
d’Athénes qui marque la premiére présentation offi-
cielle du fac-similé du manuserit, je vous charge d’
primer & Sa Béatitude Christodoulos, Archeveque
dAthénes et de toute la Groce, mes sentiments ci
diaux et fraternels, et ma pleine satisfaction pour
événement important, fruit des relations nouvelles
qui se sont tissées aprés la visite inoubliable de mon
prédécesseur Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II
a Athénes, a Foccasion de son pélerinage jubilaire sur
les pas de 'Apotre saint Paul. Je me réjouis vivement
de constater qu'une coopération plus active se déve
loppe toujours davantage entre Tglise catholique et
VEglise orthodoxe de Grece.
oceasion, je vous charge de faire savoir &
Sa Béatitude Christodoulos la joie qui serait la
mienne de l'accueillir a Rome, afin de signifier
ensemble quune nouvelle étape est franchie sur ce
chemin de réconciliation et de coopération. Témoi
gnez-lui mon vif désir de développer avec plus d'in-
tensité des rapports confiants et fraternels entre
nous, afin d’eeuvrer ensemble aux nombreux chan-
tiers de lévangélisation: nous pourrons notamment
aider avec plus de force les nations européennes &
réalfirmer leurs racines chrétiennes, afin den retrou-
ver la sbve nourriciére et féconde, pour leur propre
avenir, pour le bien des personnes et de la soci
tout entigre. Ce sera une maniére d’annoncer
ensemble la Bonne Nouvelle du Christ au monde
contemporain, qui en a tant besoin. Ainsi nous
répondrons toujours davantage a l'ardent désir
‘exprimé par le Seigneur Iui-méme: «Que tous soient
unt» (cf. Ji 17, 21), jusqu/au jour béni ott, quand
Dieu voudra et sous'la conduite prévenante de VEs-
prit-Saint, nous pourrons célébrer la pleine commu-
nion retrouvée.
Je vous demande également de saluer cordial
went en mon nom les Membres du Saint-Synode de
VEglise orthodoxe de Gréce, ainsi que mes freres
Eveques de l’Eglise catholique, Son Excellence
Monsieur le Président de la République de Gréce et
les autres personnalités réunies en cette circons-
tance.
Dans ces sentiments de confiance et d'espé-
rance, je vous adresse mes veux chaleureux pour
le plein succés de votre mission. Invoquant sur
votre personne l'intercession bienveillante de la
Mere de Dieu, je vous accorde, Monsieur le Cardi-
nal, une particuligre et affectueuse Bénédiction
apostolique.
Du Vatican, le 27 octobre 2005.
BENepictus PP. XVI
Of (Edition quotiienne), 18.11.2005VISITE A ROME DE REPRESENTANTS DE LA FEDERATION
LUTHERIENNE MONDIALE
Une delégation de la Fédération luthérienne mondiale est venue en visite & Rome, les 7 et 8 novembre 2005, Elle
ait conduite par le Président de la FLM, U'Evéque Mark Hanson, et par le Secrétaire général, le Rév. Dr Ishmael
Noko. Participaient également a cette visite le Rev. Sven Oppegaard, Assistant du Secrétaire général pour les affaires
‘eecunéniques, Mme Karin Achtelstetter, Directrice des services de la communication et Vice-Secrétaire générale, le
Prof. Joachim Track, Président du Comité permanent de la FLM pour les affaires aecuméniques, le Dr Theo Dieter de
Pinstitut cecuménigue de Strasbourg et M. Frank Imhoff, Attaché de communication aupres de VEglise évangelique
luthérienne en Amérique. F
Le T novembre, fa délégation a été recue en audience privée par le Pape Benoit XVI. Etant donmé qu'a Voccasion
de cette visite avait liew la réunion annuelle mixte entre la FLM et le Conseil Pontifical pour la promotion de U'unité
des chrétiens, a délégation a été accueillie au CPPUC pour discuter d'une série de questions a insérer au programme
des prochaines rencontres — questions ayant trait au Dialogue international luthérien-catholigue —, ainsi que
auitres initiatives entre les deux bureaus.
‘Nous publions, ci-dessous, les discours du Saint-Pere et de I'Evéque Hanson prononcés au cours de Vaudience.
Discours Du SaINT-PERE
Cher Evéque Hanson,
Chers amis luthériens,
Cest avec une grande joie que je vous souhaite la
bienvenue, représentants de la Fédération luthé-
rienne mondiale, a Toccasion de votre visite officielle
a Rome. Je me rappelle avec gratitude de la présence
de votre délégation aux funerailles du Pape Jean-Paul
M1 et a inauguration solennelle de mon ministére
dEveque de Rome.
Depuis de nombreuses années, lEglise catholique
et la Fédération luthérienne mondiale entretiennent
des relations étroites et participent & un intense di
logue cecuménique. Cet échange d'idées a été extr
mement fécond et prometteur. En effet, Tun des
résultats de ce dialogue fécond a été la Déclaration
commune sur la Doctrine de la Justification, qui
constitue une pierre milliaire importante sur notre
chemin commun vers V'unité pleine et visible. I! sagit
dun résultat important, Pour construire & partir de
cclui-ci, nous devons accepter que des différences
ddemeurent en ce qui concerne la question centrale de
la justification; celles-ci doivent étre affrontées, ainsi
que les facons dont la grace de Dieu est transmise
dans Tglise et a travers celle-i.
Comme je l'ai affirmé au cours de ma récente
Visite a Cologne, fespere qu’a Tavenir, le progrés de
notre dialogue sur ces questions ne sera pas seule-
ment placé dans un contexte de questions « institu-
tionnelles », mais prendra en considération la source
authentique de tout le ministére dans I'Eglise, En
effet, la mission de IFglise consiste & témoigner la
verité de Jésus Christ, le Verbe inearné. Parole et,
temoignage vont de pair: la Parole demande et
fagonne le témoignage. Le témoignage tire sa propre
authenticité de la fidélité totale a la Parole, telle
quelle est exprimée et vécue dans la communauté
apostolique de foi sous la direction de Esprit:
166
La Commission internationale luthérienne catho-
lique sur T'Unité conclura bient6t sa quatriéme phase
de dialogue et publiera ses résultats dans un docu-
ment sur l'apostolicité de lEglise. Nous sommes tous
conscients du fait que notre dialogue fraternel doit
non seulement affronter la nécessité de vérifier Tac-
cueil de ces formulations communes de la doctrine
dans nos communions respectives, mais plus encore
aujourd’hui, celui d'un climat général dincertitude
relatif & la vérité et aux principes éthiques chrétiens,
‘qui auparavant r’étaient pas mis en doute. Dans cer-
tains cas, ce patrimoine commun est miné par des
approches herméneutiques transformées.
Notre chemin aecuménique commun continuera
a rencontrer des difficultés et exigera un dialogue
patient. Toutefois, un profond encouragement nous
vient de la solide tradition d’étude et d’échange
sérieux qui a caractérisé Jes rapports entre les Iuthé-
riens et les catholiques au cours des années. Nous
sommes réconfortés par le fait que notre recherche
dlunité est guidée par la présence du Seigneur Res-
suscité et par Tinépuisable force de son Esprit: « Le
vent souffle oi il veut » Jn 3, 8). En nous préparant &
célébrer le cing centigme anniversaire des événe-
ments de 1517, nous devrions intensifier nos efforts
our comprendre plus profondément ce que nous
avons en commun et ce quii nous divise, ainsi que
dons que nous pouvons nous offrir réciproquement,
En persévérant le long de cette voie, nous prions
pour que le visage du Christ puisse resplendir avec
toujours plus de luminosité parmi ses disciples, afin
que nous soyons tous une seule chose pour que le
monde croie (cf. Jn 17, 21).
Nous rendons grace & Dieu pour tout ce qui a été
‘obtent iusqu’a present dans les relations entre luthé-
riens et catholiques et nous prions afin que nous
puissions continuer & avancer ensemble vers Tunité
voulue par le Seigneur.
ORF, 22.11.2005Discours pe UEVEQUE HANSON
Sainteté,
Je vous salue au nom de la Fédération luthé.
ondiale, Communion regroupant 140
Eplises membres réparties sur 78 pays. Nous sommes,
extrémement reconnaissants davoir l'occasion de
rencontrer Votre Sainteté en cette premiére année de
votre Pontificat.
Lactuelle structure de la Communion luthérienne
est dorigine récente. Mais la Communion elle-méme
est théologiquement ancrée dans une foi commune,
celle exprimée dans les confessions luthériennes se
fondant sur IEcriture Sainte et la foi de "Eglise des
premiers sigcles telle quelle est formulée dans les
trois Credo cecuméniques,
La doctrine luthérienne de la Réforme a été expo-
sée de maniére explicite non pas comme un novur
mais comme la foi de IEglise de tous les temps. Avec
VEglise universelle, la Communion luthérienne
coniesse & travers le Credo de Nicée-Constantinople
TEglise une, sainte, catholique et apostolique.
Bien que luthériens et catholiques aient une ecclé-
siologie différente, nos racines dans la tradition des
Apotres demeurent le fondement de nos
doivent aussi étre a la base de nos relations ece
Das votre élection, vous avez souligné que servi
Vunité de TEglise chrétienne tout entiére serait lune
de vos plus grandles priorités. Nous vous sommes sin-
cerement reconnaissants pour avoir voull. exprimer
si fortement votre engagement dans ci c.
Lors d'un récent échange entre Votre Sainteté et
des Eveques et Présidents de diverses Eglises protes-
tantes d Allemagne, vous avez souligné limportance de
conserver clairement a esprit ce qui est réellement
important pour toutes les Eglises, & savoir la présence
de la Parole de Dieu dans le monde. Ainsi que vous
Tallirmiez, nos considerations sur IEplise institution.
nelle doivent toujours étre subordonnées a la Parole.
Et comme le déclarait Martin Luther dans sa 62° these
en 1517: « Le trésor véritable de IEglise est le trés saint
Evangile de la gloire et de la grace de Dieu »
En tant que luthériens, nous estimons que la res-
ponsabilité commune confige & nos Fglises est de
tout faire afin que I'Evangile de vie, dont histoire
nous a fait les héritiers, puisse véritablement animer
la vie et la mission de nos Eglises. En cela, il nous
faut garder en mémoire le lien fondamental unissant
la Parole de Dieu, les témoins de Ja foi et la regula
fidei, comme Votre Sainteté Ya également fait remar-
quer lors de sa venue en Allemagne.
Nous célébrons cette année le 40° anniversaire
importants documents du Concile Vatican Il, tels
qu Unitatis redintegratio et Dei verbum. Cest pour
tous un rappel de tout ce qui a été accompli par Vati-
can Il, également du point de wue cecuménique.
Nous nous souvenons avec gratitude, parm
de choses, combien les relations tables du
‘oncile ont servi A préparer le déroulement de nom-
breux dialogues internationaux bilatéraux, tels que la
Commission mixte détude luthérienne-catholique en
1967.
La quatritme phase de notre dialogue internatio-
nal, la Commission luthérienne-catholique sur
Vunité, a récemment conclu sa dixieme année de
travail et prépare actuellement un rapport sur
«Lapostolicite de VEglise ». Méme si ce rapport
monte indubitablement les différences existant entre
nos traditions sur cette question, il ne manquera pas
de mettre en relief la richesse de la foi apostolique
{qui nous est commune et qu'ensemble nous conser-
Vons précieusement.
‘At sujet de Ic apostolicité », catholiques et luthé-
riens ne peuvent qu étre en accord avec les paroles du
Pape Jean XXIII: «Ce qui nous unit est beaucoup
plus fort que ce qui nous divise » (cf. Pape Jean-
Paul II, Ut women sint, 10)
‘Yai aussi le plaisir de rappeler en cette occasion le
travail accompli par le dialogue catholique-luthérien
aux USA, dialogue qui vient de conclure sa 10° phase
par un rapport sur « LEglise comme koinonia de
Saltut: ses structures et ses minisléres ». Ce rapport
cherche une nouvelle approche sur la relation entre
prétre et évéque a travers une réflexion sur la relation
entre les communautés au service desquelles se
trouvent Yun et Vautre: la paroisse et le diocese ou
Yorgane ecelésial régional
‘Nous savons que cette année sera spécialement
consacrée & 'Eucharistie dans Eglise catholique.
Bien que nous ayons utilisé au cours de histoire des
formes de langage différentes pour exprimer le mys-
tere de la présence du Christ dans le pain et le vin, les
luthériens croient, comme les catholiques, que le
Christ lui-méme est présent, «vraiment et en sub:
stance» (vere et substantialiter) lors de la Sainte
Eucharistie dans le pain et Ie vin consacrés, et que les
ccroyants baptisés regoivent le don du salut dans toute
sa plénitude.
Unis dans le Christ vivant, & la, fois par les eaux
du baptéme et le pain et le vin de TEucharistie, nous
savons que cest le Christ lui-méme qui nous pousse a
rechercher unité visible de son Eglise
Lune des pierres milliaires de nos relations bilaté-
rales a été la signature par lEglise catholique et la
Fédération luthérienne mondiale de la Declaration
conjointe sur la doctrine de la justification, il y a 6 ans
a Augsbourg, en Allemagne. Nous savons pertinem-
‘ment que vous-méme, avec le soutien du Pape Jean-
Paul Il, avez contribué activement a atteindre ce
résultat eecuménique marquant.
Cette Déclaration conjointe est par ailleurs
exploitée, 2 travers divers processus. Actuellement,
le Conseil méthodiste mondial se prépare & y
adhérer officiellement lors de son assemblée aui
aura liew été prochain a Séoul, en Corée du Sud,
et a laquelle prendront part notre Secrétaire géné-
ral, le Rév. Dr Ishmael Noko, et le Cardinal Walter
Kasper.
‘Ces événements nouveaux nous réjouissent pro-
fondement et montrent a tous que la doctrine
biblique de la justification n'est pas considerée
comme appartenant uniquement aux catholiques et
aux luthériens mais a l'Eglise tout entiére. Elle
exprime le don du salut de Dieu en Christ par la
grace & travers la foi (Ep 2, 8 ss.). Cette foi, qui a sa
167source en Christ, saccomplit dans l'amour et la solli-
citude des uns pour les autres. La Déclaration
conjointe est une lettre vivante qui témoigne de notre
unité dans notre foi partagée.
Tl va de soi que luthériens et catholiques, avec
dautres encore, peuvent affronter de nouvelles ques-
tions éthiques et de justice sociale a la lumigre de la
doctrine de la justification. Expression de !'Evangile
lui-méme, le message de la justification offre de
vastes perspectives pour lengagement de lEglise au
C616 des plus démunis et de ceux qui sont victimes de
Toppression politique et de la violence.
‘Au cours d'un récent voyage en Amérique Latine,
en visite auprés dEplises luthériennes de ce continent,
jiai été heureux de constater le fort engagement des,
Ezlises en faveur de la défense des droits de Thomme
et-de [side aux personnes pauvres. En tant qu’Eglises
chrétiennes, nous sommes appelés a Yavenir & collabo-
rer de manigre axcuménique pour la défense des droits
de Fhomme dans tous les continents,
En cette époque, oft la famille humaine soufire si
gravement de guerres de toutes sortes, de catas;
irophes naturelles, de maladies et de la pauvreté,
puissions-nous en tant qu’Eglises devenir des ponts &
travers lesquels alimenter le sentiment communau-
taire et le service aux autres, ce qui fut et demeure la
volonté du Christ pour son False.
‘Aujourd’hui, nous avons a faire a des mouve-
ments fondamentalistes religieux tant dans les
Eglises que dans la communauté humaine. La foi
authentique dans le Dieu Trinité interdisant Vinimitié
au nom de Dieu, les communions chrétiennes mon-
diales ont une responsabilité spéciale dans la promo-
tion du respect mutuel et de la compréhension, &
travers les barriéres des différences religicuses.
‘Cest pourquoi j'ai sincerement apprécié les salu-
168
tations affectueuses de Votre Sainteté, le jour de
Tinauguration solennelle de votre Pontificat, & «tous
ceux qui ont été renouvelés dans le sacrement du
baptéme mais ne sont pas encore en pleine commu
nion avec [’Eglise catholique]», & nos « fréres et
scours du peuple juif, auxquels nous sommes liés par
un vaste héritage spirituel commun» et & «tous les
hommes et les femmes d’aujourd’hui, croyants et
non-croyants »
Dans la poursuite de notre route en tant qu'é
glises membres du mouvement cecuménique, nous
sommes toujours plus conscients de 'urgence de
considérer en quelle mesure des ecclésiologies diffé-
rentes peuvent étre jugées complémentaires. Alors
que lEglise catholique et les Eglises orthodoxes sem-
blent étre prétes a considérer ce que nous, luthériens,
appellerions un «consensus différencié » concernant
les formes visibles de la communion ecclésiale, nous
espérons gu‘un tel consensus pourra contribuer des
visions plus riches et plus compréhensives de unite
également dans le mouvement excuménique dans son
sens le plus large.
En cette premitre année de votre Pontificat, nous
prions pour que lEsprit-Saint soit avec vous et avec
nous tous tandis qu’ensemble nous essayons de
manifester lunité de 'Eglise pour laquelle le Christ a
rig avec tant de ferveur.
Puissions-nous chercher inlassablement &
«atteindre la pleine communion ecclésiale, une unité
dans la diversité ott les différences qui demeurent
seraient "réconciliées” et ne donneraient plus motif
division » (Déclaration officielle commune au sujet
de la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justift-
cation)
ORE, 16.11.2005, reduction SIVISITE A ROME DE REPRESENTANTS,
DU CONSEIL METHODISTE MONDIAL
4-10 décembre 2005
Du 4 au 10 décembre 2005, une délégation officielle du Conseil méthodiste mondial (CMM) est venue en visite
an Saint-Sidge. Bien que des relations et un dialogue constructifsaient été tissés depuis 40 ans, il sagissait de la pre-
‘ire visite spécialement organisée pour envisager Tavenir des relations méthodistes-catholiques. A la tee de la delé.
gation se trowvaient !Evéque Sunday Mbang (Président du CMM) et le Rév, Dr George Freeman (Secrétaire général
du CMM). Les autres représentants étaient le Rev. Prof. Geoffrey Wainwright (Coprésident méthodiste du dialogue
meéthodiste-catholique), Mme Gillian Kingston (membre du dialogue méthodiste catholique et coordinatrice du pro-
gramme de la prochaine conférence mondiale du CMM), Evéque Walter Klaiber (engagé depuis de nombreuses
années dans les relations méthodistes-catholiques) et l'Evégue Williain Oden (actuellement responsable de la Com-
mission épiscopale pour les relations eecuméniques de 'Eglise méthodiste unie). A la délégation s'était également
jain tevéque catholique de Townsvill, Exe. Mer Michal Pues coprésdent catholique du dialogue methodiste
catholique.
La délégation a été reeue en audience par le Pape Benoit XVI, le vendredi 9 décembre. Elle a eu des entretiens
avec le Cardinal Walter Kasper et certains collaborateurs duu Conseil Pontifical pour la promotion de Uunité des
chrétiens, et sest également rendue en visite aupres de la Congrégation pour la doctrine de la foi et le Conseil
Pontifical pour le dialogue imterreligieux. Elle a pris part a la Messe présidée par le Saint-Pére en fa Basilique
Saint-Pierre pour la célébration de la Féte de UImmaculée Conception ainsi que du 40° anniversaire de la conclu-
sion du Concile Vatican I. Elle a également participé aux Vépres célébrées par les moines de Saint-Anselme et par
Ta Communauté de Sant'Egidio. Au cours de cette visite, les délégués méthodistes sont allés se recueillir sur les
tombes des saints Pierre et Paul, ils ont visité des catacombes et les principales basiliques de Rome ainsi que la
Chapelle Sixtine.
Dans le message du CMM adressé au Saint-Pere et tu par V'Evéque Mbang (cf. ci-aprés), il est indiqué que les
Eglises membres du Conseil méthodiste mondial signeront un document au mois de juillet 2006 par lequel ils s'asso-
gieron dla Déclaraion conjoint sur la doctrine deta justifeationsigné par VEglse catholique etl Fédération
luthérienne mondiale en 1999,
AUDIENCE DU PAPE BENoft XVI Depuis 1967, notre dialogue a traité plu
themes théologiques majeurs, tels que: révélation et
ieee 20a) foi, tradition et autorité d'enseignement de lEglise.
Ces efforts ont été sinceres en affrontant les
Discours nu Pare BeNotr XVI domaines de divergence. Ils ont également révélé un
; important niveau de convergence et méritent des
Cher Evéque Mbany réflexions et des études. Notre dialogue et les
Chers amis dans le Christ,
nombreuses fagons dont les catholiques et les
méthodistes ont appris A mieux se connaitre nous
ont permis de reconnaitre ensemble plusieurs de ces,
«trésors chrétiens de grande valeur ». En diverses
Cest pour moi une grande joie de vous accueillir,
vous qui représentez le Conseil méthodiste mondial,
et de vous remercier de votre visite. Je suis profondé-
ment reconnaissant de la présence et du soutien dans occasions, cette reconnaissance nous a permis de
la prigre des representants méthodistes au cours des parler d'une seule voix en affrontant les questions
dobseques du Pape Jean-Paul Il et de la célébration _ sociales et éthiques, dans un monde toujours plus
qui a margué le début de mon pontificat. sécularise.
Ily a quarante ans cette semaine, le Pape Paul VI Jai été encouragé par Tinitiative qui pourrait
sfadressait aux observateurs acuméniques au terme
du Concile Vatican II. Au cours de cette rencontre, il
exprima Fesperance que les différences entre les chré-
tiens puissent étre résolues « lentement, graduelle
‘ment, loyalement, généreusement ». Nous devons
présent réfléchir sur les rapports amicaux entre les
catholiques et les méthodistes et sur Ie dialogue
patient et persévérant dans lequel nous nous sommes
engagés. En effet, il y a beaucoup de choses pour les-
quelles nous pouvons rendre griice aujourd hut
conduire les Eglises membres du Conseil méthodiste
mondial & adhérer a la Déclaration conjointe sur la
doctrine de la justification, signée par VEglise catho-
lique et la Fédération luthérienne mondiale en 1999.
Si le Conseil métodiste mondial devait exprimer son
intention de s‘associer & la Déclaration conjointe, cela
contribuerait la guérison et a la réconciliation que
rons ardemment et constituerait un progr’s
tif vers Fobjectif déclaré de Tunité pleine et
visible dans la foi
169Chers amis, sous la direction de I'Esprit-Saint et
reconnaissants pour la grande et constante Miséri-
corde de Dieu dans le monde, tentons de promouvoir
tn engagement réciproque pour la Parole de Dieu, le
témoignage et la priére commune! Alors que nous
gheur en ce temps d’Avent, jinvoque les abonda
Bénédictions de Dieu sur vous tous et sur les métho-
distes dans le monde entier.
‘ORF, 03.01.2006
‘Discours DE UEVEOUE SUNDAY MBANG,
PRESIDENT DU CONSEIL METHODISTE MONDIAL
Sainteté,
Nous sommes honorés de nous trouver ici en ce
jour, au nom du Conseil méthodiste mondial, et nous
Vous remercions davoir voulu nous accorder le privi-
lege de cette entrevue. Nous vous apportons les cha-
leureuses et respectueuses salutations de nos Eglises
membres et des méthodiste du monde entier.
Nous nous sommes réjouis d'apprendre votre
lection comme nouveau Pape de !Eglise de Rome et
nous étions représentés lors de l'imauguration de
votre Pontificat. Nous avons écouté voire homélie
lors des funérailles du Pape Jean-Paul II et par consé-
quent, avons pris note de votre engagement a suivre
les pas de votre prédécesseur. Nous avons été heu-
reux de vous entendre confirmer le maintien de len-
gagement aecuménique de lEglise catholique.
Cela a été un honneur pour nous de prendre part
a diverses manifestations fétant le 40° anniversaire du
Concile Vatican Il et de célébrer avec votre Eglise les
résultats de ce Coneile, parmi lesquels le Décret sur
lccuménisme et invitation adressée aux autres
iglises chrétiennes 2 entreprendre un dialogue sin-
‘cre avec IEglise catholique.
Le Conseil méthodiste mondial fut l'un des pre-
miers organises & accepter cette invitation qui sui
it naturellement la participation d'observateurs
‘méthodistes aut Concile Vatican TL
170
Notre dialogue a permis de cultiver des relations
amicales entre méthodistes et catholiques car nous
avons ainsi appris & mieux nous connaitre, De nom-
breux préjudices sont tombés. Nous savons que votre
prédécesseur, alors Archevéque de Cracovie, avait
pour ami personnel un pasteur méthodiste de cette
ville. Ces relations, a la fois au plan humain et chré-
tien, sont importantes dans notre cheminement com-
mun vers T'unité pleine et visible de lEglise du Christ.
Notre dialogue est en substance un espace
déchange d'idées: nous avons atteint d'importantes
convergences théologiques sur des questions aussi
fondamentales que la révélation, la foi, VEcriture et la
tradition. Méme si nous avons pieinement conscience
de devoir résoudre entre nous certaines questions
doctrinales, nous avons le désir de consolider les
résultats atteints jusqu’ici.
‘A cet égard, nous accordons une importance de
plus en plus grande a I'échange de dons. En tant que
meéthodistes, nous savons que nous avons beaticoup &
apprendre ct accepter des catholiques et nous pen-
‘sons et espérons pouvoir nous aussi offrir une contri-
bution en vue datteindre la plénitude de la catholi-
cité dans lunique Eglise du Christ.
Ilya six ans, nous avons eu la joie de féliciter la
Fédératin luthérienne mondiale et I'Eglise catholique
pour Ja signature de la Déclaration conjointe sur la
doctrine de la justification. Depuis, nous avons tra-
vaillé & un processus qui permettra aux méthodistes
du monde entier d'eire associés a cet accord qui
contribue a guest la fracture qui sest créée dans IE-
glise d’Occident au XVF siécle. Lors de la prochaine
assemblée du Conseil méthodiste mondial qui se
déroulera & Seoul, en Corée, au mois de juillet 2006,
nous comptons pouvoir signer un accord par lequel
les trois partenaires déclareront et manifesteront leur
accord sur cette doctrine qui fut et demeure cruciale
pour fannonce de lEvangile.
Nous prions, trés Saint
Esprit de Dieu continue a vous assister dans les
Jourdes responsabilités de votre ministere. Soyez éga-
Jement assuré que, partout dans le monde, les métho-
distes sassocient & cette priére.
"ere, pour que le Saint
ORE, 21-28.12.2005, raduction STGROUPE MIXTE DE TRAVAIL ENTRE LEGLISE CATHOLIQUE
ET LE CONSEIL (ECUMENIQUE DES EGLISES
CELEBRATION DU 40" ANNIVERSAIRE DE LA CREATION DU GMT
Novembre 2005
Le Groupe mixte de travail entre VEglise catholique et le Conseil cecuménique des Eglises (GMT) fut établi alors
que le Concile Vatican Il était encore en session. Sa premiére réunion date de mai 1965. A Voccasion de son 40
anniversaire, une célébration dans la pritre, suivie d'une consultation sur son activité, a ent liew du 17 au 19
novembre 2005 a Geneve.
Tout diabord s'est déroulée, le 17 novembre, une eérémonie publique au Centre cecuménique de Geneve, sidge dtu
Conseil cecuménique des Eglises. Le Secrétaire général du COE, Rév. Dr Samuel Kobia, a souhaité la bienvenue a
environ 200 participants. S.Exc. Mgr Mario Comti, Archevéque de Glasgow (Ecosse), comodérateur catholique du
GMT, a ensuite ouvert la séance. Sa Sainteté Aram I", Catholicos de lEglise apostolique arménienne (Catholicossat
de Cilicie), modérateur du Comité central du Conseil cecuménique des Eglises, et Son Eminence le Cardinal Walter
Kasper, Président du Conseil Pontifical pour la promotion de Vunité des chrétiens, ont tous deux prononcé un dis-
cours jetant un regard sur le réle duu GMT en ce qui conceme Vavenir de Feecuménisme.
La seance publique s'est terminde par un ofice du soir dans la chapelle du COE, sous la conduite de 1Evéque
Jonas Jonson, Evéque de Straingnas, de lEglise luthérienne de Suede, comodérateur du GMT pour le COE. Loffice a
&ié suivi d'une réception.
Ensuite, un groupe restreint, comprenant des membres du COE, ainsi que des anciens membres et des constl-
teurs, Sest transféré a Institut cecuménique du COE a Bossey, pres de Geneve, pour une consultation de deux jours
(8 et 19 novembre). Le but était d’évaluer le travail du GMT durant ces quarante années et denvisager la facon,
pour le GMT, de continuer a renforcer les rapports entre le Conseil cecuménique des Eglises et 'Exlise catholique au
cours des prochaines années. Les travaux de la consultation ont été facilités par un « projet de docuntent de travail »
qui avait été distribué @ Vavance, et par de bréves interventions pour stimuler la discussion, par quatre participants:
a Rev. Dr Diane Kessler et le Dr Lukas Vischer pour le COE, et Sceur Joan Delaney et Mme Dr Teresa Francesca
Rossi pour lEglise catholique.
‘Nous reproduisons ci-dessous les interventions du Cardinal Kasper et du Catholicos Aram F, le « Projet de document
dd travail » utilisé par les participants durant la consultation, et les « Réflexions » finales, qui résument quelques-unes des
principales questions abordées pendant ces deux jours. La liste des participants est également incluse.
LE MOUVEMENT CECUMENIOUE AU XXIF SIECLE temps avant que le Concile Vatican TI (1962-65) ne par-
ticipe officiellement au mouvement. Deja dans la pre-
mitre moitié du siecle, des théologiens tels que Paul
Une réflexion du CPPUC
par le Cardinal Walter Kasper
Nous célébrons ces jours-ci le 40" anniversaire du
Groupe mixte de travail (GMT), Nous revenons avec
titude sur quatre décennies dune coopération par-
‘ois difficile, mais cependant féconde, entre le COE et
VEglise catholique. Nous remercions tous ceux qui ont
4é nos compagnons de route et nos amis tout aut long
du chemin, Le but de notre consultation n'est toutefois
pas seulement de revenir sur le passé, mais surtout de
regarder vers lavenir et de refléchir au rdle et au man-
dat futurs du GMT, et de trouver la fagon dont le GMT
peut contribuer au renouvellement du mouvement
‘eecuménique au XI siecle.
1. ENGAGEMENT @:cUMENIOUE DE LEGLISE CATHOLIOUE
Les développement de Feecuménisme du XX*
sidcle étaient appréciés dans Elise catholique long-
Couturier, Yves Congar, Johannes Willebrands, Hans
Urs von Balthasar, Karl Adam et beaucoup dautres, en
suivant les traces de Johann Adam Mohler et de John
Henry Newman, préparerent le terrain pour le Décret
conciliaire Unitatis Redintegratio, dans lequel le
Concile affirme que le rétablissement de Tunité entre
tous les chrétiens est l'un de ses principaux soucis.'
Cotte décision est basée sur le mandat que le Seigneur
a lui-méme confié a lEglise dans sa priere la veille de
‘sa mort, + Que tous soient un» Ui 17, 21).
Le Pape Jean-Paul IT a plusiens fois rappelé que
cette décision est inmévocable et irréversible;' en fait,
Vengagement cecuménique était une de ses priorités
pastorales.* Le Pape Benoit XVI, immédiatement
* Concie Vari I, Décret sur Fecuménisne, Units edn
tegratio,
‘ar exemple, dans la Lettre encyelique Ur anam su (1995), 3.
5 Bid, 98.
171apres son élection, a réaffirmé le méme engagement
dans les termes suivants: «En suivant les traces de
mes prédécesseurs, en particulier Paul VI et Jean-
Paul Il, féprouve intensément le besoin d'affirmer de
nouveatt Fengagement irréversible pris par le Concile
Vatican II et poursuivi au cours des années, grace
aussi 2 Taction du Conseil Pontifical pour la promo-
tion de T'unité des chrétiens »
TT, UN BREF REGARD RETROSPECTIF
Pour comprendre nos relations aecuméniques, il
nous faut les situer dans une breve perspective histo-
Tique. Ce n'est qu’en voyant clairement d'oit nous
venons que nous pouvons savoir oit nous allons dans
Te nouveau siécle.
Prés de cent ans se sont écoulés depuis le début
‘du mouvement cecuménique moderne, qui remonte
traditionnellement a la Conférence missionnaire
mondiale & Edimbourg en 1910. A Yépoque, un signe
prophétique de entrée de ’Eglise catholique dans le
énique a peut-étre été celui de IE-
yéque Geremia Bonomelli de Crémone (1831-1914),
{qui envoya un message personnel a la Conférence.*
Ce fut probablement un des premiers contacts non
officiels entre Eglise catholique et les premiers
debuts du mouvement azcuménique. Peu apres, le 2
novembre 1914, Robert Gardner, Secrétaire de la
Commission de VEglise épiscopalienne des Etats:
Unis, écrivit au Secrétaire d'Etat, le Cardinal Gaspari,
en demandant une audience avec le Pape pour parler
du projet de Conférence de toutes les Communions
chrétiennes sur les questions de « Foi et Constitu-
tion ». Laudience fut accordée et, en mai 1919, une
délégation composée de cing épiscopaliens a rendu
visite au Pape Benoit XV (1914-1922).
Ces exemples montrent que des contacts cecum
niques avec l'Eglise catholique ont eu lieu depuis
Torigine du mouvement. Mais les obstacles & sur-
monter étaient nombreux. Lorsque la premiere
Conférence « Foi et Constitution» a eu liew & Lau-
sanne (Suisse) en 1927, IEglise catholique n’était pas
préte a envoyer des déiégués officiels. Seule une Ins-
truction du Saint Office, publiée le 20 décembre
1949, a contribué & créer une attitude plus positive en
faveur de la participation de catholiques aux ren-
contres eecuméniques.” Cest ainsi que quatre obs
valeurs catholiques ont pu participer a VAssemblée
du COE. a New Delhi en 1961, chose qui va de soi
aujourd'hui,
‘Le Concile Vatican I a créé un climat quia
elise catholique & entrer dans le courant
dominant de leecuménisme moderne. En 1960, le
Pape Jean XXIII établissait le «Secrétariat pour
«LOsservatore Romano (Sdition anglaise) n, 18,4 mai 2005p. 3
SCbJ, Detasey, From Cremona fo Edinbuagie and the Word
Mision Coun of 1910, West Haven, Connecticut, 1999.
Ce message a ete publié dans le Rapport dela, Commission
VII sur la cooperation et la promotion de Tonite, dela Conférence
imissionnaire mondiale de 1910,
(CRAAS 2,195, 12417
172
Tunité des chrétiens » comme une des commissions
préparatoires du Concile, Une des premiéres tiches
du Secrétariat fut de conseiller le Pape sur la maniére
de procéder pour inviter des observateurs d'autres
Eglises et Communautés ecclésiales, ainsi que des,
représentants d'organisations cecuméniques. En
1962, le Secrétariat fut établi au méme niveau que les
autres commissions conciliaires et fut ainsi chargé de
préparer et de présenter au Concile les documents
sur Veecuménisme (Unitatis redintegratio), sur les reli-
gions non chrétiennes (Nostra aetate), sur la liberté
religicuse (Dignitatis humanae) et, avec la commis-
sion doctrinale, la Constitution dogmatique sur la
Revelation divine (Dei verbumn).
Une des taches du Secrétariat pendant le Concile
&iait de faciliter a participation de plus de 100 obser-
vateurs cecuméniques, dont deux observateurs du
COE qui, a travers le Secrétariat, eurent une
influence remarquable sur le Concile, Leur présence
a eréé une atmosphere de confiance qui conduisit &
divers dialogues cecuméniques et a des relations
structurées avec le COE. Lidée d'un GMT est née au
cous de réunions entre le premier Secrétaire général
du COE, le Dr Visser't Hooft, et le premier Président
du Secrétariat, le Cardinal Augustin Bea, l'un et
Tautre des promoteurs révolutionnaires et exception-
nels du mouvement cecuménique. Ils envisageaient le
GMT comme un forum consuiltatif et un instrume
souple de coopération. Sa premigre réunion a pu s
tenir a Bossey en mai 1965, cest-a-dire avant méme
la conclusion du Concile. Cette réunion était une
importante pierre milliaire que nous commémorons
tres justement ces jours-