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UOBB 2 8 Avril 2021

UOBB 2 - Module 6 (14h à 17h)


La langue maternelle - Les langages - La prévention

I. Des familles diverses dans une société métissée et transmission de la


langue maternelle


Amalini Simon est psychologue à l’hôpital Avicenne à Bobigny dans le service de psycho-
traumatologie ainsi qu’à la maison de Solenn, notamment lors des consultations transculturelles.
Elle a effectué une thèse pluri linguiste auprès des enfants Tamwool du Sri Lanka.

A. Introduction

L’intervention commence par une histoire racontée en Tamwool. Amalini la propose par
surprise et souhaite recevoir les ressentis des participants. Quelques éléments ressortent :
frustration de ne pas comprendre, prosodie qui ressemble à une description, ou argumentation…
Amalini reprend donc son histoire, en expliquant que l’expression « il était une fois » occidentale
n’existait pas ainsi en Tamwool, mais l’expression « Un jour dans un village, … » était utilisée. Elle
explique qu’elle est issue de la deuxième génération de Tamwool et que le langage qu’elle utilisait
était très universitaire.

Amalini propose cette expérience en écho à l’effet de surprise pour certains enfants
d’entendre le français parlé à l’école. Ils ne sont pas forcément prévenus que la langue utilisée à
l’école est différente de celle parlée à la maison. Cependant, elle signifie l’importance de
considérer que la langue n’est pas une barrière infranchissable. Ce n’est pas parce que on ne
comprend pas qu’on n’y arrive pas.

Remarque : Des participants soulèvent le fait qu’entendre Amalini parler en tamwool leur renvoie le
partage d’une intimité, de sa famille.

Elle réitère son histoire associée à la communication corporelle et en exagérant la


prosodie, qu’elle décrit influencée par la façon dont elle a grandit en France. Amalini a donc
changé de position, de geste. On comprend alors qu’il s’agit d’une histoire d’oiseau, de grand mère
et de nourriture. Cette histoire correspond en fait à la fable du corbeau et du renard dans la culture

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tamwool. En effet, le renard n’est pas rusé au Sri Lanka, c’est donc la grand-mère qui prend ce
rôle en préparant de la galette que le corbeau vole.

En conclusion : l’histoire racontée une deuxième fois est plus courte, avec uniquement les
éléments essentiels et accompagnée de gestes.

B. La ou les langues maternelles

Laisser la place à la langue maternelle en consultation, même si on ne comprend pas


permet de s’imprégner de la langue et des émotions de la personnes. Il y a plus de personne dans
le monde qui sont plurilinguistes que monolinguistes.

Définition : Plurilinguisme signifie être confronté à plusieurs langues. Selon les définitions, il y a la
notion de seuil (parler suffisamment bien, comprendre suffisamment bien, …)

Il existe plusieurs forme de bilinguisme par exemple.


- le bilinguisme composé : 2 signifiants pour 1 signifié
- le bilinguisme coordonné : selon le lieu où on parle, une langue est associé (maison, école, ami,
travail, …).
- Le bilinguisme subordonnée : on s’appuie sur une langue pour apprendre une autre.

La question importante est comment on devient bilingue.


Par exemple : Dans couple mixte, l’enfant apprend qu’un objet se dit de deux manières différentes.
En revanche, si le langage à la maison est différent qu’à école, un clivage peut parfois s’observer.

Avant 6 ans, on parle de bilinguisme précoce, après 6 ans de bilinguisme tardif. Il peut être
consécutif (l’un puis l’autre) ou additif (l’un et l’autre). Dans la recherche transculturelle et lorsqu’un
enfant est placé dans le contexte familial, il est important qu’il possède des compétences
minimales liées à la culture de la famille. En plus de la langue, il y a tout un univers. Par exemple
dans certaines cultures, on mange avec les mains. Et pour certains enfants, c’est difficile de
comprendre pourquoi à la maison on mange avec les mains mais à l’école avec les couverts.

Par exemple : Amalini a rencontré ce matin un monsieur dans le RER. Il recherchait la station
« Padou ». Après discussion, en fait la station indiquée était « Pompadour » et le monsieur avait
retiré qu’une partie du mot.

Les bébés à la naissance ont une oreille universelle, ils discriminent tous les sons, toutes
les langues…Plus on grandit, moins on discrimine tous ces sons. Par exemple : roulement des T,
ou encore en mandarin « hiao » avec une sonorité particulière. La langue maternelle peut se
définir sur trois axes :

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- terre : là où on nait
- mère : la langue de la mère
- coeur : celle qu’on aime le plus

Pour Amalini, le lien affectif, notamment avec la maman, est un des plus importants. C’est
aussi pour cela qu’on ne peut pas l’oublier. Sa fille de 3 ans à associé, par exemple, la couleur
blanche avec le français et la couleur noire avec le tamwool. Mais sa fille à gardé les compétences
pour parler tamwool. D’ailleurs, on peut donc parler des langueS maternelleS. On recherche
souvent, la première langue L1 puis la seconde L2.Mais cela peut être les deux à la fois. Il est
d’ailleurs très important de valoriser les deux.

C. Bilinguisme et développement

Parler plusieurs langues n’empêche pas du tout de grandir, de s’épanouir, de développer


son langage. Au contraire, aujourd’hui beaucoup plus de personnes sont plurilinguistes que
monolinguiste. Ce qui entrave le bon développement est le clivage qu’on instaure entre les deux
langues. Ce métissage, les enfants ont la capacité de le prendre de façon très créative et
instaureront des moeurs de différentes cultures. Mélanie Vijayaratnam a étudié une stratégie de
l’alliance chez les jeunes filles tamwool concernant le mariage. Elles prennent généralement un
peu des deux cultures et créent à leur manière leur façon de faire.
Lors des interactions précoces, c’est très important que la maman parle dans la langue où
elle se sent le plus à l’aise. Il existe différentes façons de dire « je t’aime » selon les cultures et il
est important que le message corporel soit en lien avec l’affect. D’ailleurs, dans les placements, les
mères peuvent avoir du mal à parler à leur enfant, à leur transmettre des choses. A l’adolescence,
cela arrive très souvent que les parents parlent dans une langue et les enfants répondent dans
une autre langue. Cela crée des manières singulières de communiquer.

Clinique : Une jeune fille accueillie à la maison de Solenn parle tamwool et très bien français. Mais
sa mère uniquement tamwool. Amalina était donc présente pour traduire les échanges avec la
maman. La jeune fille disait que sa mère ne comprenait rien au monde français. Elle était
revendicative et considérait que sa mère était une femme soumise… Cependant, lors de leurs
échanges, Amalina traduisait les propos de la maman, et la jeune s’est alors rendu compte qu’elle
comprenait pas ce que disait réellement sa mère. En effet, sa mère parlait beaucoup en image.
Cette traduction a permis à la jeune et à sa mère de se comprendre de mieux en mieux.

D’autre part, il y avait également des jeunes filles qui refusaient de parler tamwool. Cela
leur rappelait trop la guerre ou la langue était associée aux violences conjugales des parents…
Parfois l’anglais aide bien car c’est une langue universelle. Tout dépend aussi de la façon dont est
valorisé ce bilinguisme. Par exemple, le bilinguisme français / anglais est bien plus reconnu
aujourd’hui.
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Clinique : Une jeune fille d’Avicenne venait car elle s’endormait en classe, il était dit que ses
parents ne l’éduquaient pas, etc… Il s’avère que la famille vivait dans une sorte de cave très
sombre et humide. Les parents étaient à la recherche d’un courrier pour le logement. La jeune fille
prenait une heure le bus le matin pour aller à l’école. L’inquiétude familiale était centrée surtout
autour de la sécurité du foyer pour leur fille et non les apprentissages scolaires. La priorité était
alors d’accompagner cette famille à trouver un meilleur logement.

D. Interprète et métissage

L’enfant doit s’inscrire à la fois dans une filiation verticale et à la fois dans une affiliation
horizontale (avec ses pairs et sa propre expérience). Les ressentis peuvent parfois amener à
dissocier, cliver ces métissages. Notamment en maternelle, quand il y a le début de l’école. Le
choc des moeurs peut avoir lieu.
Par exemple : Dans une école du XVIIIème, il y a des interprètes qui venaient le jour de la rentrée
pour favoriser la communication. Certains parents disaient : « ne regarde pas la maitresse dans
les yeux et ne lui répond pas » comme gage de respect. Et ces comportements peuvent être
interprétés par la maitresse comme une opposition de l’enfant. Parfois, ce sont les enfants qui
autorisaient leurs parents à partir grâce à l’interprète (« Tata » est là, fait la traduction).

L’interprète est donc une personne / un outil extrêmement important. Même en


consultation, lorsqu’une famille est reçue et qu’elle ne parle pas la langue, malgré toute notre
bienveillance, cela ne sert à rien. Les familles ont du mal à exprimer leur vécu dans une autre
langue.
Par exemple : Une assistante sociale a rencontré une maman qui n’avait pas ses papiers et qui
était enceinte de 3/4 mois. L’AS était touchée par son histoire très dure. Lors de la traversée de la
Méditerranée, elle avait perdu un enfant qui était tombé à l’eau. Cette maman expliquait son vécu
à une psychiatre, en français, en rigolant. L’AS avait réussi à trouver un centre d'accueil et un
logement prêt à l’accueillir. Cependant, la maman refusait. De ce fait, Amalini l’a rencontrée une
première fois, sans interprète. La maman se montre étrange dans l’explication de son vécu et du
décès de son enfant, sourit, … La seconde rencontre se fait donc avec un interprète suniké. Cette
seconde fois, la maman s’effondre en parlant de cet enfant… Elle explique ensuite qu’elle est trop
concentrée sur les mots qu’elle doit donner. Puis elle explique, que quand une femme est enceinte
dans sa culture, il est important de manger de la nourriture africaine. Et c’est pour cela qu’elle avait
refusé le centre maternel. Si il n’y avait pas eu d’interprète, cela aurait été impossible d’accéder
aux émotions…

Les questionnements, selon Amalini, autour des placements récurrents nécessiteraient plus
souvent un interprète pour être attentif à la question culturelle. Même au niveau de la culture, cela
permet de comprendre des éléments culturels qui nous échappent. (dort avec son enfant pour faire

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fuir les mauvais esprits). Cela oblige également de discuter sur les mots pour ce soit plus clair et
concis.

Questions : Quand enfant est adopté, est ce que la thérapie doit se faire dans la langue de la mère
biologique ?
Cela dépend de l’histoire de l’enfant… Par exemple : un groupe d’enfant bilingue. Un enfant malien
dont la maman était restée au pays, était particulièrement agité. Un moment , une accompagnante
qui parlait le Fu (dialecte du Bénin), s’énerve dans cette langue. L’enfant s’est instantanément
apaisé. Il avait besoin d’entendre une musicalité africaine.

E. ELAL D’AVICENNE

C’est un outil d’évaluation langagier. Cela permet d’évaluer dans la langue maternelle de
l’enfant. Souvent, les enfants accueillis ne parlent pas très bien le français, donc aucun moyen de
les évaluer dans leur langue maternelle. Si une difficulté est présente dans les deux langues ou
seulement en français : on peut écarter ou non la notion de trouble du langage.

Il y plusieurs catégories d’évaluation : production compréhension, production écrit. C’est un


outil le plus transculturel possible. C’est une évaluation avec interprète spécialiste de langue. Cela
est donc un réel appui sur les questions d’orientation.

www.centrebabel.com


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II. Prévention des troubles de la communication et


apprentissages précoces - Langage et savoir

De la protection de l’enfance à la prévention


et promotion de la santé.

Christine BELLAS CABANE


A. Introduction

Cette partie va être orientée vers de la sociologie pédiatrique. Christine Bellas


Cabane est une pédiatre de formation et a passé presque tout sa carrière en PMI. Elle est
également anthropologue de la santé et elle a pu travaillé en pays d’Afrique et à
Madagascar. Actuellement, elle est pédiatre faisant fonction de pédopsychiatre à Arles. Sa
présentation concerne les PMI et des fonctions de l’acquisition du langage, la façon de
prévenir et d’accompagner ces problématiques.

B. LA PMI : Protection Maternelle et Infantile

La PMI est un service fondé juste après la deuxième guerre mondiale par l’ordonnance du
2 novembre 1945 afin de favoriser la fécondité et accompagner les bébés et les mamans. Elle fait
donc suite à l’ordonnance du 4 octobre 1945 de création de la sécurité sociale. Cela a permis la
mise en place de consultation pour les mamans et pour les enfants ainsi que des visites à domicile
par les infirmières. L’accompagnement pouvait être très autoritaire à l’époque.

Evolution PMI
Après une période où surveillance et prévention médicales étaient largement associées
voire confondues, une nouvelle conception de la PMI voit le jour. Au début des années 1970, les
services de PMI doivent être placées sous la responsabilité d’un médecin pédiatre. Les missions
s’élargissent : lutte contre la mortalité périnatale, la prématurité et ses conséquences, la prévention
des handicaps psychiques, sensoriels et moteurs. L’évolution de la PMI en société est possible
grâce à l’amélioration de la situation des familles et de la connaissance des besoins qui ont que
les choses se sont améliorées.
La loi sur la contraception a permis que les enfants soient moins subis mais désirés, la
prévention s’est renforcée et la prise en charge multi disciplinaire des handicaps a émergé
(CAMSP). Il y a eu également le développement des modes d’accueil. Il y a eu toute une
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adaptation aux évolutions sociétales et aux besoins. Au delà du personnel médical, d’autres
professionnels qualifiés sont recrutés : psychologue, éducatrices de jeunes enfants, conseillères
conjugales.

Le regard sur l’enfant à changé grâce aux travaux de Spitz, de Bowlby, de l’avancée de la
psychanalyse sur l’enfant (Brazeltone, …etc). Le bébé est alors considéré comme une personne à
part entière ; on lui parle, lui explique. Sous l’influence de Françoise Dolto qui développe le
concept des lieux d’accueil ananymes (La maison verte), en dehors de tout contrôle social, un
dispositif de prévention précoce fondé sur l’observation et sur l’écoute voit le jour et les personnels
de PMI y participent largement.

Le bébé est une personne à part entière dans la conception très occidentale. Mais dans
beaucoup de pays, le bébé, quand il nait, n’est pas personne à part enitère, Certaines cultures
d’Afrique de l’ouest considèrent que le bébé est quelqu’un qui est entre deux mondes, entre
ancêtre /esprit et le monde réel. Parfois, il faut attendre 8 jours ou même un mois avant de le
nommer. En effet, le prénom est donné quand le bébé est un humain à part entière. On peut
attendre aussi pour voir si un ancêtre apparait chez le bébé. Les compétences de bébé sont vues
mais pas de la même façon.

PMI et Développement de l’enfant

Un des rôles majeurs de la PMI est l’attention particulière pour répéter et prévenir :
- Les trouble du développement de l’enfant
- Les troubles moteurs, cognitifs, psychiques
- Les problèmes relationnels mère/enfant.

Prévention et dépistage
On sait où commence la prévention et le dépistage mais pas ou ça finit. La prévention doit
alors être généraliste. On ne cherche ni quelque chose de spécifique ni à mettre en évidence un
trouble défini. On regarde l’enfant et son fonctionnement. Cependant le développement de l’enfant
ne doit pas être figé. La recherche des signes de troubles du développement est mêlée à celle
des troubles physiques et de la relation avec la mère ou le substitut (le grand autre) :
l’appréhension de l’enfant doit être globale.

Précaution
Tout doit être examiné dans son contexte, il est important d’énoncer ce que l’on voit sans
prédire. Il est important de savoir accompagner sans culpabiliser et ne jamais réduire l’enfant à
son trouble.

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C. Le langage

« Une histoire qui commence avant la naissance : « Audition et perception de la voix


humaine sont des acquis de la vie foetale, permettant la discrimination de séquences
sonores proches, (ce qui ne signifie pas compréhension), la sensibilité à la prosodie, la
familiarisation avec la ou les langue(s) de socialisation et la mémorisation des expériences
prénatales ». (Agnès Florin)

A la naissance, le bébé a déjà de nombreuses facultés. Il est très attentif aux personnes
(regard, sourires, mouvements - continuité à la vie foetale). Il possède un capital de phonèmes.
Tous les bébés émettent les mêmes jusqu’à 6 mois. Il réagit très tôt à la voix. Au cours des
premiers mois, les facultés du bébé se développent beaucoup :
- Faculté de compréhension du sens des discours de son environnement.
- Faculté d’attention à son entourage
- Faculté d’imitation
- Faculté d’empathie, perception de l’état émotionnel de son environnement
- Faculté de correspondance entre plusieurs sens.

Mais cela, des conditions essentielles doivent être opérationnelles.


Sur le plan physiologique, les appareils auditifs, oropharyngés et neurologiques doivent
être fonctionnels ainsi qu’un état de santé suffisamment bon sans carence importante.
Au niveau des facteurs environnementaux, il est important que son interlocuteur (mère ou
substitut) qui le sollicite lui réponde, que l’attention de son entourage aux émotions soit
suffisamment présente et que l’entourage fasse des efforts pour le comprendre. L’entourage doit
donc être suffisamment sécurisant, proposant un bain de langage et des moments de jeux avec
l’enfant.
Concernant les facteurs sociaux, la PMI accompagne les carences liées à la pauvreté (+ de
3 millions d’enfants pauvres en France), favoriser l’éducation car beaucoup ne sont pas scolarisés.
En fin, la communication dès le plus jeune âge est capitale ains qu’accompagner les parents sans
les culpabiliser. Il y a une différence entre les parents qui arrivent à parler ou non. Cela joue
énormément sur le développement de l’enfant dans un même contexte social.

« Bien des études internationales montrent l’impact de la qualité de l’éducation de la petite enfance
sur les trajectoires scolaires et les trajectoire de vie des enfants. Et ce sont les plus fragiles qui
sont le plus sensibles anses effets, positifs ou négatifs. » (Florin, 2017)

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Innée et Acquis
Ces différents facteurs sont nécessaires et complémentaires. Tout comme le corps et
l’esprit, ceux sont des éléments indissociables qui se complètent et qu’il faut toujours considérer
de façon holistique. Ils permettent les interactions, la communication verbale et non verbale,
l’accordage affectif (Stern). Ils permettent aussi la sélections des phonèmes pour construire /
adhérer à la langue maternelle. Ils permettent enfin de nommer la séparation, le manque : élément
essentiel à l’émergence du langage (expérience du pointing).

Prévention et dépistage
Chez les bébés, l’appréciation de l’état général lors de la consultation avec la puéricultrice
et le médecin, ou même à domicile est essentiel. C’est également possible dans les lieux d’accueil
parents-bébés et éventuellement dans les crèches ou chez une assistante maternelle. Par
exemple : lors du confinement, il y a eu un arrêt des visites à domiciles, cela a eu des
conséquences assez importantes.
Lors de la prévention, les professionnels apprécient la relation avec la mère, les échanges
de regard, le portage, les paroles et les vocalises. Les compétences du bébés sont également
observés avec ses capacités à attirer son attention ou celle d’un autre adulte, sa vivacité, son
tonus, sa capacité à sourire, sa curiosité, sa mobilité. Les professionnels regardent enfin ses
capacités sensorielles : suivi d’une lampe, d’un jouet (visuel), réaction à un bruit fort puis jouets de
Moatti (auditif). Il est enfin indispensable de suivre les échanges des enfants et des adultes entre
eux.
« Les premiers mots apparaissent vers la fin de la première année, selon ce que les adultes sont
prêts à reconnaître comme mots : c’est la verbalisation et l’interprétation de l’adulte, qui va donner
du sens à ces mots et stabiliser la production de l’enfant. Il faut être attentif à la compréhension
plus important au cours des ces deux premières année pour la suite du développement langage
que la production. Tous les aspects du langage se développent en parallèle ou en interaction ».
(Agnès Florin).

Si des troubles dans la relation mère-enfant apparaissent, il est utile :


De parler avec la mère et si possible les parents, de les interroger sur des problèmes
éventuels (physiques, conjugaux, financiers, d’exils, etc…) ; de les rassurer sur leurs capacités et
celles du bébé (méthode de Brazelton). Si une mère, venue d’un autre pays où souvent les enfants
sont élevés avec le soutien des grands-mères et tantes, se sent isolée, il est important de
l’écouter, la soutenir dans ses difficultés, de lui poser des questions sur la façon dont on s’occupe
des bébés dans son pays, de la valoriser, de l’inciter à parler sa langue maternelle à son enfant.
On peut également l’orienter vers un accueil parent/enfant et évoquer le besoin d’un soutien
psychologique.
Aujourd’hui, il existe entre autre l’éducation positive qui peut parfois dévaloriser
extrêmement les parents qui sont en difficulté. Il est important de rassurer les parents sur ce qu’ils
savent faire. Dans certain pays, c’est tout un groupe qui s’occupe des bébé, l’accompagnement et
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chaleureux, il est donc nécessaire d’accompagner les parents à une autre forme
d’accompagnement qu’ « impose » la France.

Prévention précoce et troubles de l’apprentissage


Au stade la parole :
- Entre 1 an et demi et 2 ans, l’enfant acquiert beaucoup de mots; Il se fait de mieux en mieux
comprendre. En l’absence de pathologie neurologique ou sensorielle, ce développement se
poursuit, mais aussi en lien avec le bain de langage dans lequel l’enfant va se trouver, l’attention
qui lui sera apportée et l’appétence à la communication.
- C’est souvent en crèche, dans les lieux d’accueil parents/enfants ou au cours des examens
systématiques (24ème mois, préau) que l’évaluation des capacités langagières de l’enfant se
fait.
- Il est important de toujours y associer une attention sur les échanges entre le bébé, sa mère et
son entourage.
- En cas de doute, après avoir vérifié l’audition de l’enfant, apprécié son développement global, il
est important d’expliquer aux parents combien il est important de parler aux bébés et de prêter
attention à leurs volontés de communication même non verbale.
- Parfois, il peut y avoir de fausses alertes : langue maternelle différente du français ou il ne parle
pas mais réussi à se faire comprendre.
- Il peut y avoir également de fausses assurances : l’enfant qui parle mais ne regarde pas.
- Seule une approche généraliste incluant l’histoire de la dyade mère-enfant permet
d’appréhender des troubles de la communication qui pourraient être cachés par des acquisitions
particulièrement performante.
- Il faut savoir repérer les développements dysharmonieux.

L’entrée à l’école
Dans la majorité des départements, les services de PMI vont dans les écoles pour effectuer
des dépistages et des « visites médicales en présence des parents ». A partir de 3 ans, l’absence
et le retard de langage sont source de beaucoup d’inquiétudes pour les parents et enseignants.
Les différences d’environnement pèsent, les conséquences des inégalités sociales apparaissent…
Les diagnostics sont également vite posés avec la ronde des « Dys ».
Remarque : Concernant les diagnostic de « Dys », d’un côté c’est bien de pouvoir classifier les
troubles, en même temps cela sert d’étiquetage… Cela peut régler les symptômes mais pas
forcément le problème.
ATTENTION : Les enfants devant les écrans, pleurant pour avoir quelque chose à regarder sont
souvent associés à une mal nutrition. Vers 5/6 ans, une sorte d’apathie est observable, les enfants
ne dorment pas, petit surpoids., n’y arrivent pas. Il faut alors remettre les conséquences et les
inégalités sociales dans l’équilibre.

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Recours
Il y a l’importance de l’évaluation du développement global, de la situation familiale, de
pathologies spécifiques. Le suivi orthophonique est important mais actuellement les durées
d’attente sont très longues. De la même façon les délais consultation avec un psychiatre sont très
longs… Les places en CMP et CMPP sont à peine mieux. Parfois, il y a une entrée par la
psychomotricité.
Quoi qu’il advienne, il est important de plaider la cause de l’enfant auprès des parents, des
enseignants. Ne pas l’enfermer dans un symptôme !

Au cours des deux dernières années, à partie des dernières connaissances, les
recommandations aux parents et aux personnels de la petite enfance ont beaucoup évolué :
- Il faut parler aux bébés dès le début de la grossesse.
- Lui expliquer ce qui lui arrive.
- Le rassurer aussi bien au niveau de la posture que de la communication.
- Respecter sa parole, sa façon de communiquer, de désirer, l’écouter même si ce qu’il dit n’est
pas correct. Faire attention à ne pas mal interpréter ce qu’il veut dire, favoriser les nominations
d’objets qu’il désigne par le pointage etc…
- Lui donner des repères, être clair dans ce qu’on lui demande.

C’est le plaisir partagé entre parent et enfant, mais avec cette série de recommandations,
cela peut être déroutant. Cela doit rester dans l’ordre de l’humanité, lors de rencontre. Trouver le
petit moment de tendresse loin des craintes et autres soucis. Cela ne doit pas être compris comme
des injonctions ou des recettes. Il peut y avoir de la communication sans échange ainsi qu’un
comportementalisme du langage.

D. Synthèse

Le bébé fait la mère par sa capacité à attirer l’attention, à valoriser la mère, à avoir envie de
vivre, de commniquer, sa curiosité, etc… La mère fait le bébé par sa valorisation du bébé, son
admiration des moindres acquisitions, sa façon de parler harmonieusement au bébé, etc.. Si et
seulement si leur état de santé physique et psychique et leur environnement le permet !

Missions sociales de la PMI


En PMI, dans ce contexte, nous constatons que souvent le développement de l’enfant et
son langage sont entravés par la situation sociale de sa famille. La précarité, les séparations, les
situations d’exil loin de leurs propres familles dans des conditions parfois extrêmes plongent
souvent les mères dans une détresse peu propice à la disponibilité psychique envers leur enfant.

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Néanmoins, il ne faut pas oublier que les problèmes ayant une répercussion sur le développement
peuvent toucher toutes les familles, quelque soit leur statut. En tant que service public, la
prévention précoce développée par la PMI doit bénéficier à tous.
Les recours, là sont également d’ordre social, voir politique (mères et enfants dans des
centres de rétention, à la rue…). Ils sont aussi liés aux différents accompagnements : soins
psychiques et physiques, logements, soutien financier, lutte contre les violences.

Missions médico-sociales de la PMI


Les services de PMI comme les hôpitaux, les CMP, les services publics évoluent,
régressent. Au nom d’une prétendue efficacité, synonyme trop souvent de rentabilité, l’idée même
de la prévention est galvaudée. Faute de moyen et de personne, les approches personnalisées
multipartenariales et pluridisciplinaires font place à des dépistages de masse formatés.

CONCLUSION
Pour la prévention précoce de toutes les difficultés du développement et pour favoriser les
apprentissages des enfants, rien ne sert de dépister des troubles isolés (qu’il n’est déjà plus
réellement possible selon les contextes de prendre en charge compte tenu de l’état actuel des
services de recours). Il nous faut luter pour une PMI humaine, humaniste, personnalisée ouverte à
toutes les familles et des services de prise en charge spécialisés à la mesure de l’enjeu de société
que représente la santé de la mère et de l’enfant.

DISCUSSION
Comment expliquer aux parents à la sortie de la crèche quand il y a un problème ?
- Souvent, les parents sont stressés, ils n’arrivent pas tout simplement à être avec leur enfant,
sans angoisse.
- Il est très difficile de parler aux parents sur la pas de la porte. Des RDV réguliers pourraient être
proposés.
- Quand on peut réfléchir à tous les moments où il ne mord pas. Comment il communique alors.
Quel moment fonctionne bien ?
- L’éducation positive : elle est considérée comme dangereuse et parfois fausse. Cela impliquerait
qu’il existe une parentalité négative. L’éducation d’un enfant c’est toujours une co-éducation. Il y
a la croissance psychique d’un enfant, la société, l’école, les médias. On ne peut pas sommer
aux parents d’être parfaits, personne aime quelqu’un de parfait. Ce n’est pas forcément leur
faute. Même les parents en difficulté sont les experts au jour le jour de leur enfant.

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