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1830-1914 

: RÉVOLUTION DU LIVRE, RÉVOLUTION DU LIRE

1789-1820, crise importante de l’édition : saisie révolutionnaire des biens donc des ouvrages, censure
importante, période d’instabilité politique, principaux acheteurs exilés (clergé et aristocrates)…

A partir de 1830, deux expansions fulgurantes sont à noter en France :

- Production imprimée (~1789 : 2 000 titres/an ; 1828 : 6 000 ; 1889 : 15 000)


- Tirage moyen (18ème : 1000/2000 exemplaires/ouvrage ; 1850 : 5 000 ; 1900 : 11 000 ; XXème : 6 000).

Pourquoi ?

- Révolution Industrielle & progrès technique avec développement de la mécanisation (apparition


presses mécaniques à vapeur, puis presses rotatives) donc développement de l’imprimerie,
notamment à Lyon et Paris (mais aussi Tours et Limoges). Livre de meilleure qualité (ex : papier).
- Etat libéral qui s’installe en France, avec une législation plus favorable et une censure moins politique.

1. RÉVOLUTION DU LIRE : ÉLARGISSEMENT DU LECTORAT

Avant XIXème : la majorité de la population a un rapport indirect avec la chose écrite > passe par un
intermédiaire (clerc, homme de loi, instituteur…).

XIXème : marque l’entrée dans la culture écrite avec développement de l’alphabétisation sous l’impulsion
d’une culture progressiste… mais également la volonté étatique et religieuse d’orienter la manière de penser
des gens à travers l’écrit.

« RÉVOLUTION SCOLAIRE » :
 1833, loi Guizot (avec François Guizot, 1er ministre de l’instruction publique) : toute commune de plus
de 500 habitants doit entretenir une école et un instituteur. Emergence congrégations enseignantes :
les Clarisses (pour les jeunes filles), jésuites…

 1851, loi Falloux : oblige les communes de plus de 800 habitants à ouvrir une école pour les filles.
Pendant tout le 19ème, instruction des filles reste avant tout une affaire du clergé. Il faut attendre la fin
du siècle pour voir apparaître des écoles laïques pour filles.

 1881 & 1882, lois Ferry : gratuité de l’école ; caractère obligatoire et laïque de l’enseignement.

 On passe du déchiffrage à une lecture qui vise à rendre capable à assimiler le sens et à réfléchir.
Lecture à haute voix prend une place importance.

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Mais disparités géographiques : alphabétisation plus répandue dans les zones plus densément peuplées,
industrialisées et scolarisées (nord-est) et urbaines. Au contraire, la Bretagne, les zones montagneuses et le
centre de la France sont les régions les plus déshéritées.

Nouveaux lectorats : femmes ; enfants ; classes populaires (ouvriers et paysans) > d’abord avec le journal, un
peu partout (travail, café…).

2. LES MÉTIERS DU LIVRE AU XIXÈME

AUTEURS :
En général, bourgeois moyen avec un second métier : fonctionnaires (Maupassant, Huysmans), poètes-
bibliothécaires (Théophile Gauthier, Verlaine…). Beaucoup sont chroniqueurs.

Mêmes problématiques qu’aujourd’hui :

- beaucoup d’écrivains, peu d’élus qui gagnent bien leur vie (surtout en ville)  sauf auteurs de
théâtre : dès la fin du 18ème, création de la Société des Auteurs-Compositeurs qui s’assure que les
droits soient reversés à l’auteur à chaque représentation.
- Nombreux conflits auteurs/éditeurs, d’autant qu’un auteur n’a pas qu’un seul éditeur.

EDITEURS :
Déclin de certains métiers traditionnels (colportage, librairie en boutique, cabinets de lecture…), tandis que la
figure de l’éditeur émerge du triptyque auteur/imprimeur/libraire. L’éditeur, c’est avant tout d’abord celui
qui place ses capitaux pour dvlp des produits nvx, un entrepreneur qui prend des risques. A l’origine, se sont
souvent de gros imprimeurs.

Charpentier tente d’imposer au libraire un prix fixe  affirmation de de la fonction éditoriale telle qu’on l’a
connaît aujourd’hui. Elle s’affirme indépendamment de ses trois pôles et leur impose ses conditions.

Fortunes et ruines se font rapidement. Période de surproduction.

LIBRAIRES :
Comme aujourd’hui, difficultés économiques. La question de qui fixe les prix est le grand débat de l’époque. La
librairie se développe surtout en province en tant que lieu de diffusion. Le libraire diffuse son catalogue à des
correspondants/points de vente (fond et nouveautés).

 Formation du Cercle de la librairie qui propose un catalogue collectif et est toujours une référence
bibliographique aujourd’hui.

LE COMMIS VOYAGEUR
Ancêtre du diffuseur, se distingue du colporteur qui fait du porte à porte. Il est rémunéré par le libraire/éditeur
parisien, présente le catalogue aux librairies de province, reprend les invendus, négocie les remises… Fin 1860 :
apparition des commis indépendants qui cumulent les éditeurs  autonomisation de la fonction de diffusion.

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3. PAYSAGE ÉDITORIAL DU XIXÈME

A. PLACE DU LIVRE DANS LA SOCIÉTÉ :


- Livres de métier (avocats, architectes : 60% des fonctions libérales possèdent une bibliothèque à la fin
de leur vie) ou utilitaires ;
- Livres comme placement financier (notamment ceux anciens) ;
- Livres comme prestige ;
- Livres comme source de connaissances pour l’émancipation des pensées.

Mais aussi :

- Clergé : comprend rapidement que pour bien éduquer les enfants, il faut du divertissement.
- République (~1880) : diffuser la langue commune et un sentiment d’unité nationale, éveiller la
conscience des citoyens.

A la fin du siècle, boom étudiant (1888 : 4 000 ; 1914 : 13 000)  développement éditions universitaires.

B. GOÛTS LITTÉRAIRES :
Après un XVIIIème siècle consacré au théâtre et à la poésie, le XIXème siècle est le siècle des romans (plus
accessibles).

- Mode des romans « de filles » (urbanisation > prostitution). ex : Nana de Zola.


- Mode des romans antisémites après parution de La France Juive d’Edouard Drumont.
- Mode des romans historiques, surtout période médiévale. 18ème : romantisme (Walter Scott) ; fin
19ème, roman préhistorique (Elie Berthet).
- Récits de voyage d’enfants. ex : Rémi Sans Famille de Hector Malot.

Apparition des premiers best-sellers, notamment religieux (La Vie de Jésus de Renan) ; succès des livres
d’histoire (siècle des sociétés savantes, on se passionne pour les sciences l’histoire, la géographie) puis en fin
de siècle développement des livres de géographie.

C. EXPORTATION DU LIVRE FRANÇAIS :


Augmentation de la production de livres français = augmentation de l’exportation de ces livres (Europe, Etats-
Unis, colonies francophones), favorisée par :

- le développement des transports : la qualité des routes s’accroît ; ~1860 = développement du chemin
de fer ; important réseau fluvial & maritime, surtout en Europe du Nord.
- La révolution des communications : apparition du télégraphe, puis du téléphone (naissance des
annuaires professionnels).

 1840 : 500 tonnes livres/an ; 1850 : 1 000 tonnes ; 1860 : 2 000 tonnes ; 1891 : 4 700 tonnes, plus haut
point. Rupture avec la 1èreGM.

D. LA PLACE DE L’IMAGE :
Révolution de l’image = défaite du texte et des pouvoirs dominants. Eglise = la Bible, « le » Texte ; Etat =
ordonnances, édits, pays de droit écrit  méfiance à l’égard des images, même si l’Eglise a conscience du poids
de l’image dans l’imaginaire des peuples & que l’Etat essaye de s’incarner dans les images quotidiennes,

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comme la monnaie. Pendant le XIXème, les différents Etats ont voulu imposer le texte source de vérité et
autosuffisant, vs image trompeuse.

Changement progressif avec d’abord le romantisme, pour qui l’image est source d’évocation et d’imagination,
pas juste une description du texte.

 Plus le XIXème s’écoule, plus le texte accepte une forme de domination de l’image. Culture empirique
= goût pour la représentation du réel + impact de la naissance de la photographie.
 Le texte lui-même devient image avec mise en page et typo. Parfois, // fait entre introduction de
l’image dans le livre et naissance de l’éditeur moderne, qui serait celui qui réfléchit à la mise en page
du livre.
 A partir de la IIIR, l’image se répand dans le livre et la presse. Hetzel invente pratiquement les livres
illustrés. Naissance du livres d’images, livres de voyage, livres géo, romans illustrés….

4. DES LIVRES POUR TOUS ?

A. LES BEST-SELLERS :
A l’époque, c’est surtout un « long-seller » qui donne un exemple du « lu-commun ». Parmi eux :

- Grands auteurs du 19ème, qui écrivent vite & produisent beaucoup.


- Titres pré-19ème : Les Fables de la Fontaine, de loin le premier ; grands auteurs du 16ème/17ème
(Voltaire, Perrault, Racine, Fénelon…) ; romans anciens (Paul et Virginie, Robinson Crusoé, Don
Quichotte…)
- Livres pratiques, d’abord à l’intention de la petite bourgeoisie : cuisine, anatomie/médecine…
- Ouvrages classiques, cad lus en classe : Paroles d’un croyant, par ex.

B. PLACE DU LIVRE RELIGIEUX :


Constitue entre 10-20% des livres parus au 19ème. Maximum atteint en 1861 avec véritable renouveau
catholique en France. Ajd : 2-3% max (avec livres ésotériques).

- Lectorat : augmente régulièrement de 1830 jusqu’au IInd Empire ; composé principalement du clergé
lui-même (régulier & séculier), mais féminisation progressive et arrivée des enfants. Secteur jeunesse
très tôt investi par le religieux, notamment avec industrie édito belge (Casterman, Dupuis) dans une
perspective morale puis économique.

- Contenu : 1/3 d’usage courant (vie de saints, des cantiques, catéchisme, prières…) ; vulgarisation ; 1/3
de publications doctrinales à l’intention du clergé.

- Canaux de diffusion : librairies catho spécialisées autour des lieux religieux/pèlerinages, collèges,
couvents, séminaires…. Et vente directe de paroissiens à paroissiens au profit des bonnes œuvres.

C. LIVRES JEUNESSES :
Apparition du secteur jeunesse, qui marque un intérêt pour l’enfant et l’enfance. Formats très spécifiques :
livres de prix (souvent religieux : récompensent les élèves d’une école dans une démarche commerciale vis-à-
vis des parents, deviennent une habitude républicaine) ou d’étrennes, livres édifiants (biographies rois
chrétiens, Jeanne d’Arc…), et à partir de la fin du XIXème, livres d’images et livres d’aventure.

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Hetzel et Larousse s’élèvent contre « l’exagération de bons sentiments dont on écrase le premier âge » et
s’investissent dans le secteur avec de grands auteurs. Début XXème, naissance de L’Epatant avec une BD d’un
genre nouveau, Les Pieds Nickelés.

D. LECTURES POUR LES FEMMES :


Développement de la presse féminine, romans feuilletons, baisse des prix…  développement d’un lectorat
féminin avec acceptation par la société de la femme lectrice. Elles lisent :

- De la littérature populaire, contemporaine (réalisme) ;


- Périodiques féminins avec feuilletons & mode : Le Magasin des demoiselles, Le Journal des jeunes
personnes, La Mode illustrée… ;

Femmes-auteurs : comtesse de Ségur, Georges Sand, Louise Michel, Delphine de Girardin… La moitié utilise un
pseudo masculin et ¼ change son nom.

E. PÉRIODIQUES :
Emergence des revues. 18ème : revue d’Edimbourg, qui serait la première. Se développe en Allemagne, puis en
France sous l’Empire.

1830 : naissance de la Revue des Deux Mondes (Buloz) et de la Revue de Paris qui apporte une ouverture sur
le monde extérieur. Articles généraux sur la diplomatie et l‘actu mondiale. Donnent naissance à
d’autres (Revue Blanche). Revues régionales tentent de lutter contre l’hégémonie parisienne, sans succès.

~1850 : développement des journaux à un/deux sous (Petit Journal, Petit Parisien). Avec Le Journal et Le
Matin, ces journaux parisiens totalisent 4.5 millions d’exemplaires/jour en 1863, soit tirage maximal en France.
Côté sensationnaliste en 1860, avec crieurs de faits divers.

A noter l’apparition de deux grands journaux, la Presse et Le Siècle, qui entraînent trois innovations :

- Association avec les romanciers  feuilletons. Les premiers sont signés par de grands auteurs
(Dumas, Châteaubriand, Lamartine…), mais qualité décroît avec des journaux de moins bonne qualité
et feuilletons écrits au km. Fonctionnement // séries télés aujourd’hui ;
- Paiement de la publicité par les annonceurs ;
- Instauration de la vente au numéro (vs abonnements).

 Succès populaire très important de ces deux journaux, qui se vendent deux fois moins chers que les
journaux de l’époque.
 Permet l’introduction du roman populaire dans les foyers.
LA PUBLICITE
Journaux-romans : hebdomadaires avec chapitres de romans (Les Bons Développement de la publicité avec celui
Romans, Les Romans choisis, La Veillée des chaumières…). des périodiques. Camille Ladvocat invente
l’affiche publicitaire dans les années 1830.
On trouve de la pub dans les livres de
l’époque. 

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 La presse est principalement lue par la population urbaine. En zone rural, on est plus attaché à une presse
hebdomadaire et locale achetée durant le marché ou après la messe.

Conclusion

A la fin du siècle, les petits libraires-éditeurs ont disparus  on est déjà dans le système d’oligopole à franges qui caractérise
l’édition ajd, avec de grands noms qui se dégagent (Hachette).

Dvlp à partir des années 1880 des banques et du crédit bancaire, qui permettent à ces sociétés de faire moins faillite, des
transports nationaux et internationaux… Stabilité politique avec affirmation de la République : débuts de la prise de conscience
civique et civile des lecteurs…

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1914-1950 : UNE PÉRIODE D’ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION ET DE LA DIFFUSION DU
LIVRE

1. LE LIVRE CONCURRENCÉ

Age d’or de la littérature et de la littérature concurrencée. A peu près 11 000 titres par an.

PRESSE
Envol de la presse, notamment en raison d’une grande politisation en France (surtout dans l’entre-deux
guerres) 1939 : presse française représente douze millions d’exemplaires/jour. Création d’agences de presse 
(Associated Press, Havas, Reuters…). La presse d’info nationale et internationale devient extrêmement
puissante. Âge d’or des écrivains/intellectuels journalistes/reporters …

La presse gagne en qualité d’image : apparition de la photo de une ; mise en page travaillée ; développement
du rubriquage…

Au niveau des revues :

- Magazines de vulgarisation scientifique (1913 : La Science et la Vie) ;


- Magazines jeunesse (L’Epatant, La Semaine de Suzette avec Bécassine) ;
- Presse féminine (notamment mode illustrée) continue de s’étendre (Maire Claire innove avec son
courrier des lectrices) ;

 Véritable segmentation du lectorat de la presse (infos, mag, sport…)

Le livre est un grand partenaire de la presse pour trois raisons : le feuilleton, le progrès technique (rotatives),
l’intégration de la distribution en commun du livre et de la presse. Mais concurrence sur le temps de lecture,
quoique parfois la presse amène à l’imprimé des gens qui ne lisaient pas du tout auparavant.

 concurrence presse/litté présente une forme de complémentarité.

RADIO
Se développe avec la 1GM (usage militaire). Dès 1918, établissement de nombreux émetteurs régionaux. En
1919, passage à une gestion civile de la radio (reste néanmoins monopole d’Etat jusqu’aux années 50).
Développement fulgurant dans les années 1930 : feuilletons radiophoniques ; litté ; théâtre ; diffusion de
concerts ; infos ; jeux ; radio-crochets (// Nouvelle Star) ; sport diffusé en direct…

 Devient un media très populaire (elle permet de faire des choses tout en l’écoutant).
 Vecteur pour former de nouveaux lecteurs, mais s’émancipe peu à peu du livre en trouvant sa propre
écriture.

CINÉMA : distracti on naissante. ~1930 : développement des salles de cinéma. 1950/1960 :


explosion de la consommati on de masse d’écrans cinématographiques.

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2. LES ÉVOLUTIONS TECHNIQUES

Imprimerie reste majoritairement implantée dans les grandes villes (Paris = 1/3 des effectifs). Arrivée
massive des femmes dans le milieu (elles seraient moins portées sur la grève et la revendication).

Sur le plan technique :

- Composition reste majoritairement manuelle jusqu’au début du XXème (1500 signes à l’heure), puis
passage aux machines (d’origine américaines) comme des linotypes ou des monotypes.
- Arrivée de la polychromie et des impressions 3 couleurs  De plus en plus d’ouvriers spécialisés
dans la photogravure et la colorimétrie.
- Utilisation de nombreuses machines (brocheuses, colleuses, massicots de plus en plus perfectionnés,
des couseuses….)  on a désormais de purs « conducteurs machines ».

Fin 1950 : nouvelle révolution avec photocomposition ; fin 1970 : début de la PAO ; 1990 : révolution
numérique.

3. LES POLITIQUES DU LIVRE

CENSURE : Etat vérifie qu’il n’y ait pas de revendications politiques ou d’égarements moraux en agissant d’un
point de vue légal.

AFFIRMATION DE L’IMPORTANCE DE L’ACCÈS À LA LECTURE


Il faut attendre le Front Populaire pour que l’importance de la lecture politique soit affirmée, et que chacun
ait accès aux livres (bibliothèques) hors périodes scolaires  livres achetés en grand nombres et envoyés
gratuitement dans de nombreuses bibliothèques francophones à l’étranger.

STATUT DE L’AUTEUR
Léon Blum pousse à reconnaître le travail des auteurs, qui est pour lui un travail intellectuel qui mérite un
revenu. Fin du « Génie ineffable » (idée qu’avoir le génie de l’écriture est déjà une chance en soi, pas besoin
d’argent en plus).

 Aide à la création et à la diffusion avec quelques bourses d’auteurs.


 Idée d’une taxe sur le domaine public qui serait redistribuée ensuite aux auteurs dans le besoin ( ?).
Mais pression syndicale le fait renoncer.

Toutes ces idées qui naissent durant le FP renaîtront dès le lendemain de la 2nd GM.

 1946 : Création d’une Caisse nationale des lettres et d’une direction des bibliothèques au Ministère
des Beaux-arts.
 1956 : l’Etat impose aux éditeurs une taxe sur leur chiffre d’affaires. Ce n’est qu’à partir de ce
moment-là que la Caisse nationale des lettres commence à fonctionner.

4. CONJONCTURE DE L’ÉDITION

Après une embellie dans les années 1920, années 1930 et Grande Dépression entraînent une crise éditoriale
très importante, marquée par la disparition de beaucoup de maisons d’édition. Néanmoins :

- Augmentation régulière de la scolarisation


- Augmentation de la durée et de la qualité de l’éducation scolaire
- Augmentation de l’urbanisation.

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Tirage faible des livres grands formats (Flammarion, Albin Michel), important de romans populaires, d’amour,
d’aventures… Ere de best-sellers rapides (// ajd) grâce à la rapidité des transports et le développement de la
publicité via les nouveaux médias. A noter :

 Michelin lance une collection de guides de voyage pour inciter les gens à utiliser leurs voitures.
 Fayard lance la Modern Bibliothèque (créée pour divulguer des œuvres d’auteurs assez connus
comme Maurice Barrès).
 Popularité des livres de cuisine, brico, de manuels de savoir-vivre (Le Nouveau Savoir Vivre : 100 000
exemplaires vendus).

5. L’ÉDITION FRANÇAISE À L’ÉTRANGER

BELGIQUE : Plus grands éditeurs francophones avec nombreux titres et maisons. Sont liés à de grandes
imprimeries. Casterman, Dupuis.

SUISSE : édition assez florissante pendant l’entre-deux guerres. Professionnalisme important, grande qualité
de l’édition, du papier, de la typo  donc livres plutôt chers. Toujours le cas ajd avec La Joie de Lire (éditeur
jeunesse). Payot (Lausanne).

QUÉBEC : se développe très tardivement, quasiment inexistante avant les années 50 car sous la houlette du
clergé  on produit donc principalement des livres scolaires ou religieux. Jusqu’aux années 60, très peu de
littérature ou de livres pratiques. Les auteurs de litté et de poésie québécois, nombreux depuis le XIXème
publient à compte d’auteur (phénomène important), dans la presse… ou en France.

ASIE ET AFRIQUE : forte présence du livre et de librairies, notamment dans toutes les anciennes colonies.
Mais l’édition reste embryonnaire. Poids fort de l’importation des livres français au détriment de l’édition
locale.

6. VENDRE DES LIVRES AU XXÈME SIÈCLE :

LIBRAIRIE : Naissance de la librairie moderne, détachée des métiers d’imprimeur et d’éditeur et nettement
différenciée des boutiques plus généralistes. Grandes librairies généralistes ; librairies religieuses ; librairies
classiques (scolaires) qui vivent en exclusivité du commerce réalisé avec les écoles.

DIFFUSION-DISTRIBUTION  : contrôlées par les éditeurs en France (ce qui n’est pas le cas en Allemagne). En
1920 : création de La Maison du livre français par un regroupement d’éditeurs pour concurrencer Hachette.
Ferme en 1961. Fin 1960 : les gros groupes éditoriaux créent chacun différentes entreprises de
distribution/diffusion.

CLUBS DES LIVRES : tradition ancienne aux EU et en Allemagne. René Julliard introduit le concept en France
en 1984, en proposant une sélection mensuelle basée sur des choix de qualité. France Loisirs choisit plutôt à
partir du potentiel commercial.

Note : éditions de tête = premier tirage d’un ouvrage, imprimé sur du papier différent, plus luxueux.

7. LES ÉDITEURS ET LEUR MÉTIER

Avec l’affaire Dreyfus, naissance de l’auteur en tant qu’intellectuel qui aura un poids énorme en particulier des
années 1930 aux années 1980. Engagement littéraire // engagement politique. Ex : André Gide, François
Mauriac… Aujourd’hui, le champ intellectuel est laissé aux penseurs et aux philosophes.

Naissance des prix : Renaudot, Goncourt, Interallié, le Fémina… Gallimard remporte 23 fois l’un de ces quatre
grands prix, suivi par Grasset, Denoël, Albin Michel et Plon.

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Années 20 : forte ouverture des collections à la littérature étrangère, renforcée par l’idée que la guerre est
née d’une méconnaissance des autres (//Nations Unies).

Ancêtre livre de poche : édition systématique de livres à bas prix (3/6 francs) deux ans après le premier
tirage des grands formats à succès élargissent la distribution et créent de nouveaux points de vente.

8. SECTEURS ÉDITORIAUX DANS L’ENTRE-DEUX GUERRES :

SECTEUR RELIGIEUX : reste élevé à 10%. Toujours prégnance du catholicisme dans la société des années 20
(91% de la population en 1925 est baptisée). Renouveau des écrivains catholiques (Mauriac) et de la pensée
chrétienne avec la revue Esprit ; création des éditions du Cerf ; développement de deux groupes de presse
importants autour du Pèlerin et de La Croix.

SECTEUR SCOLAIRE : se développe. Règne du manuel scolaire entre 1900-1950. Fonctions : informative
(mettre à disposition textes et images) ; synthétique (ce que l’élève doit savoir et le maître faire passer) ;
opérationnelle (mise en place et exercices).  Lagarde et Michard.

SECTEUR SCIENTIFIQUE : rupture positivisme avec 1GM et développement d’une philo des sciences. Des
magazines comme la Science et la Vie profitent des couleurs, des schémas, de la photo. 1920-1930 : période de
vulgarisation scientifique qui rompt avec le 19ème.

LOISIRS : toujours boom livres de cuisines, pratiques et d’Histoire (succès des biographies). Foisonnement
important de la production de revues, mais la Revue de Paris et des Deux Mondes déclinent, concurrencées par
revues littéraires et artistiques comme la Nouvelle Revue Française (1909, à l’initiative d’auteurs). Europe,
revue intellectuelle importante.

JEUNESSE : les magazines s’organisent autour de héros et se divisent idéologiquement (catho/communistes).


Création du Père Castor, qui revient au réalisme pour les enfants.

9. L’OCCUPATION :

Allemagne dresse la liste des livres interdits (~1500 titres), immédiatement saisis et détruits (2 million de
volumes, trente millions de francs). En 1941, on saisit la totalité des biens des éditeurs juifs (surtout Ferenczi,
Calmann-Lévy et Nathan) et on place des administrateurs dans leurs maisons. Ensemble des fonds sont
vendus. Editeurs compromis : Denoël, Grasset. Chez Gallimard, Pierre Drieu, auteur proche de l’occupant,
prend la tête de la maison.

 Malgré tout, période éditoriale faste en terme de qualité littéraire (L’Etranger de Camus, livre
français le plus vendu à l’étranger ; Sartre…). Fondation des éditions de Minuit en 1941 : publient
clandestinement des auteurs sous le nom de provinces françaises.

Au lendemain de la 2GM, :

- épuration intellectuelle importante du milieu, basée sur revue des lettres françaises clandestines et le
Conseil National des écrivains.
- véritable renouveau éditorial avec fondation de Seuil, de Robert Lafont (à l’époque éditeur de
poésie), les éditions de la Table Ronde, les Presses de la Cité (Que Sais-Je)…
- féminisation du milieu (lectorat, auteurs, libraires…) se poursuit.

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XIXÈME
HACHETTE (1826): originellement édition scolaire qui a su user intelligemment les progrès techniques de son
temps (chemin de fer)  instaure son propre réseau de diffusion-distribution dès 1830 et domine rapidement
le marché grâce à ça. Rachète des marques de littérature en difficulté pour les diffuser avec maintien des
équipes et de la politique éditoriale = c’est la règle encore aujourd’hui. Ex : rachat de Grasset.

PIERRE LAROUSSE (1852): Instituteur et auteur scolaire, passionné de pédagogie, proche des socialistes
utopistes. Prône une nouvelle méthode pédago (apprentissage du vocabulaire, de la lecture, de la
fréquentation des images et des plans) VS dogme du par cœur. Avec Boyer, fonde une maison et publie début
1860 une grammaire de Larousse = grand succès. Avec d’autres collaborateurs, mise au point du dictionnaire
universel (1er volume 1863), très accessible (vs Littré), qui sera une référence jusqu’en 1920. Racheté par
Hachette tard dans le XXème.

PIERRE-JULES HETZEL : après plusieurs faillites, connaît le succès à partir des années 1860 en éditant des
auteurs étrangers contemporains. Avec l’aide du pédagogue Jean Macé, lance une collection de livres pour la
jeunesse (Contes du petit château). 30/40 nouveautés par an, invente pratiquement le livre illustré. Adosse sa
maison d’édition à une revue pour enfants (Le Magasin illustré d’éducation et de récréation/La semaine des
enfants). Avec Jules Verne (1er exemple de grande fidélité auteur/éditeur), succès éditorial important.
Hachette absorbera Hetzel au début du XXème siècle.

AUGUSTE POULET-MALASSIS : éditeur des poètes maudits. Commence à publier des ouvrages licencieux
(procès & prison). Condamné à retirer les ouvrages et à censurer quelques poèmes des Fleurs du Mal. Après
avoir été très actif dans la révolution de 1848, publie des ouvrages critiquant le Second Empire (emprisonné en
1863). S’exile en Belgique et publie pamphlets et ouvrages contre Nap III.

AUTRES :
 18ème : PANCOUCKE ; DIDOT (classiques, notamment grecs et latins) ;
 Imprimeurs-éditeurs : ARDANT (Limoges) ; BARBOU (Limoges) ; ALFRED MAME (Tours, plus grand
imprimeur français & grand éditeur du religieux) ;
 Religion : MAME ; FRÈRES PÉRISSE (Lyon) ;
 Médecine : MASSON ; JEAN-BAPTISTE BAILLIÈRE ;
 Droit : DALLOZ (édite d’abord un journal des audiences avant de publier le premier répertoire de
jurisprudence générale) ;
 Romantiques : PIERRE-FRANÇOIS LADVOCAT  (notamment Byron, Schiller) ; CHARLES
GOSSELIN (éditeur de Walter Scott) ;
 HONORÉ CHAMPION : édite certains poètes de la Parnasse.
 EUGÈNE RENDUEL : éditeur de Parole d’un croyant ; Contes d’Hoffman ; Mystères de Paris d’Eugène
Sue
 FRÈRES LÉVY : éditeurs de Flaubert ; Rémi Sans-Famille ; La Vie de Jésus.
 GARNIER FRÈRES : leurs collections ont survécus chez Flammarion.

XXÈME
 CASTERMAN (1780 à Tournai, Belgique) & DUPUIS (1898), son concurrent: éditeurs religieux. Se
tournent tôt vers le livre pour la jeunesse et développent un catalogue important de bande-dessinées.
 GALLIMARD (1919) & GRASSET (1907) : gros éditeurs concurrents de l'entre-deux guerres.
 DENOËL (1930, Belgique): éditeur entre autres de Présence du future
 JULLIARD (1942) : obtient immédiatement quatre grands prix littéraires.

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 BUCHET/CHASTEL(1936)

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