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Le droit administratif est l’une des principales branches du droit public dans le
cadre des études universitaires en Droit. En tant que discipline scientifique, il est une branche qui
étudie des règles juridiques spéciales relatives à l’organisation, à l’action et au contrôle de
l’Administration publique. Son apprentissage intervient après celui du droit constitutionnel qui
est une autre branche du Droit public.
Le Droit administratif est défini comme l’ensemble des règles juridiques qui
régissent l’activité administrative des personnes publiques, l’ensemble des règles de droit qui
s’appliquent à l’administration. Néanmoins, pour certains, il ne s’agit que des règles spéciales
différentes de celles du Code Civil alors que pour d’autres il s’agit de l’ensemble des règles
qu’elles soient spéciales ou non.
1
B. HESS-FALLON ET A. M. SIMON, Droit civil, Paris, Sirey, 5ème édition, 1999, p. 7.
Il est enfin un droit autonome puisque il établit un lien entre l’application d’un
droit aux règles spéciales et la compétence de la juridiction administrative. C’est le lien entre le
fond et la compétence. Cependant cette autonomie n’est pas absolue, il arrive que les
jurisprudences des deux juridictions soient identiques ou proches et parfois le juge administratif
recourt à des dispositions du Code Civil. Le droit administratif est un droit autonome, inégalitaire
qui s’applique à l’administration, il a pour but d’encadrer l’administration afin d’en assurer le
contrôle2.
2
FERRETTI R, Droit administratif : action et contrôle de l’administration, cours de licence, Décembre 2018, p. 2.
Du point de vue pratique, le contentieux administratif est l’ensemble des
méthodes, des procédés et des techniques grâce auxquels le juge exerce sa mission de dire le droit
en matière administrative, régler des litiges administratifs. Il exclut traditionnellement le
développement relatif aux moyens humains (droit de la fonction publique), aux moyens matériels
(droit administratif des biens ou droit domanial), enseignés en licence.
Lorsque l’Administration remplit ses missions dans un Etat de droit, son action
ne peut pas être laissée à l’arbitraire. On ne saurait non plus se fier sur la présomption de bon sens
des gouvernants et des administrateurs. Pour garantir le respect de la légalité administrative et des
droits des gouvernés, il existe des mécanismes de contrôle politique exercés par le parlement de
manière continue, sur le gouvernement ou par le peuple à l’occasion de nouvelles élections5.
3
B. SEILLER, Droit administratif, les sources et les juges, Barcelone, Flammarion, 2010, p. 12.
4
Idem, p. 15.
5
T. MUHINDO MALONGA, Droit administratif et institutions administratives, Butembo, PUG-CRIG, 2010, p. 388.
conciliation, la médiation, l’arbitrage et la transaction qui sont interne à l’Administration et se situe
dans le cadre du contrôle non juridictionnel d’une part et le contrôle juridictionnel qui compose le
contentieux administratif. L’exercice de pouvoir de police par l’Administration est soumis au
principe de la légalité. L’autorité administrative pouvant restreindre les libertés publiques ne peut
agir que conformément à la loi. En effet, la liberté est le principe, la restriction ou l’intervention
de la police administrative l’exception. L’intervention de la police doit être nécessaire au maintien
de l’ordre public. Cet exercice est soumis au contrôle juridictionnel, c’est au juge d’apprécier la
légalité de la mesure.
A. OBJECTIF GENERAL
Faire connaître à l’étudiant l’importance du contentieux administratif, doter les
juristes en formation des notions indispensables de la responsabilité qui peut provenir de
l’exercice de l’action administrative et des contentieux qui peuvent en découler. Le contentieux
administratif est l’enseignement des règles destinées au règlement des conflits nés des mesures ou
décisions prises par les autorités administratives. Ce contentieux peut naître également de l’activité
des organes administratifs, de leur organisation ou de leur fonctionnement.
B. OBJECTIFS SPECIFIQUES
- Aspirer à un Etat de droit ou vouloir un Etat de droit que nous sommes assujettis par
l’administration et le contact à nouer avec celle-ci, peut faire naître des litiges en tant que
prestataires, l’administration a un devoir qui fait naître des droits matériels et immatériels ;
- Futures animateurs des services publics ou spécialisés appartenant à l’Etat ou aux
personnes privées pouvant satisfaire l’intérêt général, cette omniprésence peut être
génératrice non seulement des avantages à savoir le droit au sens subjectif, les contestations
sont susceptibles d’occasionner des droits et des obligations ;
- Aspirer tous à devenir des agents des conceptions et de commandement de haut niveau
dans le secteur clé de la vie nationale (secteur public, privé, para public ou mixtes) pour
participer directement ou indirectement à la vie administrative ;
- Participer à l’activité juridictionnelle en tant que futur juge judiciaire ou administratif en
ayant un savoir et un pouvoir juridique dans la résolution des conflits excluant toute forme
d’hésitation dans le déroulement de leurs carrières ;
PLAN DU COURS
Dans le deuxième titre, nous avons les procédés non juridictionnels comme
modes résolution des litiges administratifs, parmi ces modes nous avons les recours administratifs,
les autres modes de résolution et les principes fondamentaux de règlements des litiges
administratifs.
CHAPITRE I :
LE CONTENTIEUX ADMINISTRATIF
6
ILUME MOKE, Cours de droit administratif : le contentieux administratif, Troisième graduat droit, Faculté de Droit,
Unilu, 2012-2013, p. 5.
7
Cf. S. GUINCHARD, Lexique des termes juridiques, 12e éd, Paris, Dalloz, 2013, p. 241.
8
G. PEISER, Contentieux administratif, 16e édition, Paris, Dalloz, 2014, p. 7.
Lorsque l’administration ou ses représentants commettent des infractions
pénales, ils ne passent pas devant le juge administratif mais devant le juge pénal. Une personne
morale de droit public peut être condamnée pénalement sans que l’on cherche la responsabilité de
son représentant ou agents. Le juge administratif prend en compte les règles de droit administratif
mais aussi les règles pénales.
9
H. TSHITAMBWA KAZADI SH., Op.cit., p. 5.
10
Ibidem, p. 5.
Il existe trois grands systèmes de contrôle de l’Administration par le juge dans
le monde à savoir : le système moniste, le système dualiste et le système mixte11.
A. Système moniste
B. Système dualiste
Le système dualiste, qui est d’origine française a d’une part des juridictions de
l’ordre judiciaire et d’autre part des juridictions de l’ordre administratif. Les juridictions de l’ordre
judiciaire sont compétentes pour juger les particuliers, personnes physiques et morales de droit
privé. Elles sont civiles et militaires, coiffées par la Cour de cassation. Il y a des juridictions de
l’ordre administratif qui jugent spécialement les litiges suscités par l’Administration. Au sommet
on trouve le Conseil d’Etat, suivis de Cours et tribunaux administratifs. Le droit de
l’Administration est constitué de règles propres, inconnues du droit privé, élaborées par les
juridictions ordinaires ou spéciales chargées de trancher, selon des droits différents, les litiges
mettant en cause les administrés entre eux ou dans leurs relations avec les administrations.
Lorsqu’il y a un conflit entre la Cour de Cassation et le Conseil d’ Etat, c’est une autre juridiction
dite « Tribunal des conflits » qui tranche le litige, il est constitué d’un nombre égal des Magistrats
de ces deux ordres de juridictions.
C. Système mixte
Enfin, le système mixte qui combine les deux systèmes, moniste et dualiste. Il y
a une juridiction administrative indépendante, mais tout le pouvoir judiciaire n’est pas organisé
partout. Ce système existe en Belgique, en Allemagne et en Italie. En Belgique, il y a un Conseil
d’Etat, mais il n’existe pas des tribunaux administratifs. Notons qu’en Belgique, en cas des conflits
11
VUNDUAWE TE PEMAKO, F., Traité de droit administratif, Bruxelles, Larcier, 2007, p. 958.
de compétence entre la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat, c’est l’arrêt de la Cour de Cassation
qui l’emporte12. Ce système combine le droit spécifique et le droit commun, selon les nécessités
de l’action publique. C’est alors au juge de déterminer la frontière entre les activités relevant du
droit spécifique à l’administration et celles pouvant être examinées au regard du droit commun.
D. Système congolais
En cas des conflits entre la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat dans les
conditions bien déterminées par le constituant congolais (article 161 de la Constitution du 18
février 2006 et la Loi organique n°13/026 du 15 Octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la Cour constitutionnelle), c’est la Cour constitutionnelle qui tranche
souverainement ces conflits. Ces particularités constitutionnelles congolaises se diffèrent des
systèmes français et belge du contrôle de l’Administration par le juge administratif.
Le système dualiste congolais est calqué sur le Droit administratif français, mais
se particularise par la spécialisation de la fonction du juge administratif congolais qui fonctionnera
à tous les niveaux à savoir : le Conseil d’Etat et les cours et tribunaux administratifs. Cependant,
en attendant l’effectivité des juridictions administratives, c’est le système moniste du contentieux
administratif, institué par la Constitution du 24 juin 1967 qui fonctionne, spécialement aux 146 à
149 et les articles 150 à 152 de l’ordonnance-loi n° 82/020 du 31 mars 1982 portant code de
l’organisation et de la compétence judicaire, telle que modifiée à ce jour. Le système moniste
fonctionnant en République Démocratique du Congo depuis 1968 à ces jours, a été caractérisé par
la période de l’ordre judiciaire unique ou le même juge et selon les compositions pouvait trancher
des litiges comme « juge administratif », « juge pénal », « juge fiscal », « juge civil », « juge
12
Idem, p. 6.
13
Idem, p. 6.
commercial », « juge du travail », ou « juge constitutionnel » par rapport à l’objet et la nature du
litige14.
Toutes les Constitutions qui ont régi la République Démocratique du Congo ont
comporté certaines dispositions relatives au Pouvoir judiciaire. La Constitution du 18 février 2006
tel que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011, regroupe en ses articles 149 à 169 des
dispositions traitant de l’organisation et du fonctionnement du pouvoir judiciaire.
Les articles 154 à 155 prévoient les juridictions d’ordre administratif avec au
sommet de la pyramide le Conseil d’Etat, les cours administratives d’appel et les tribunaux
administratif à la base.
14
Idem, p. 7.
et le secret du suffrage, l’exercice par les représentants de l’Etat d’un contrôle administratif et la
supériorité des traités internationaux sur les lois (art. 216). Il convient de reconnaitre l’attachement
dans le préambule de la Constitution actuelle aux droits de l’homme et l’intégration des certaines
dispositions sur les droits et libertés individuels.
15
Ibidem, p. 40.
16
Art 228, Loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016 portant organisation, compétence et fonctionnement des
juridictions de l’ordre administratif.
Toutes les dispositions constitutionnelles s’imposent au juge administratif,
particulièrement celles relatives à la répartition des compétences entre certaines autorités
administratives du pouvoir centrales dont il se sert comme normes de référence (articles 91, 92,
128 et 129 de la Constitution du 18 février 2006 tel que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier
2011), celles relatives aux attributions du Conseil d’Etat et des juridictions administratives de
transition (articles 155, 223 et 224 de la Constitution du 18 février 2006 tel que modifiée par la
loi n°11/002 du 20 janvier 2011)17.
1) Pour avoir autorité en droit interne, le traité doit avoir été signé, ratifié ou approuvé puis
publié. Autrement dit le traité ou accord international doit être conforme à la Constitution
pour être ratifié (Parlement) ou signé (Gouvernement), dans ce dernier cas, il est présenté
à l’Assemblée nationale et au Senat conformément à l’article 213, al 2 de la Constitution
du 18 février 2006 tel que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 qui dispose :
« le Gouvernement conclut les accords internationaux non soumis à ratification après
délibération du Conseil des ministres, il en informe l’Assemblée nationale et le Senat. Le
juge administratif devant lequel est invoqué un traité, vérifie tant l’existence des actes de
signature, d’approbation ou de ratification, que leur régularité ;
2) L’autorité des traités est subordonnée à leur application réciproque par l’autre partie, le
juge administratif vérifie si la condition de réciprocité est remplie ;
3) L’inconstitutionnalité d’un traité ou accord international est toujours possible. Elle est
dirigée contre la loi de ratification ou la décision de signature (acte de gouvernement), et
aboutit au désengagement de la République, assortie des sanctions politiques (Parlement),
poursuites judiciaires (pénale et ou civile pour le préjudice imposé à la République), ou
disciplinaires (Président de la République ou Gouvernement), notamment pour violation
intentionnelle de la Constitution contre le signataire d’un tel engagement contraire à la
Constitution18.
17
Cf. BOTAKILE BATANGA, Op.cit., p. 20.
18
BOTAKILE BATANGA, Op.cit., p. 20.
4) L’applicabilité des normes internationales aux particuliers et inversement, sur l’invocation
par eux de ces normes. Conclu entre les Etats souverains, qui sont seuls sujets du droit
international, le traité n’est pas nécessairement conçu pour être directement applicable aux
ressortissants desdits Etats. L’effet direct doit donc être vérifié par le juge saisi d’un moyen
tiré d’une norme internationale. Son appréciation doit tenir compte de son objet.
Exemple : un traité qui organise une procédure de négociation entre Etats ou les relations
diplomatiques ne peut pas évidement concerner les particuliers.
Tandis que celui qui crée des droit et obligations dans le chef des individus peut l’être.
Exemple : La convention des Nations unies sur les droits de l’enfant du 26 janvier 1990.
19
B. SEILLER, Op.cit., p. 45.
l’absence du juge de participer aux travaux préparatoires du traité, la volonté de ne pas perturber
la conduite des relations diplomatique et d’éviter de provoquer l’engagement de la responsabilité
de l’Etat français dans la sphère internationale. Il était logique de se remettre à l’autorité chargée
de négocier le traité pour avoir son avis. Cette jurisprudence présentait néanmoins l’inconvénient
fondamental de placer l’Etat, souvent défendeur devant les juridictions administratives dans une
position de trancher lui-même le litige grâce l’interprétation donnée par l’un de ses représentants
qui s’imposait au juge20. L’Etat se trouvait juge et partie en violant le principe de droit à un procès
équitable. Depuis lors, le juge s’est vu reconnaitre la compétence d’interpréter lui-même des
traités.
Lorsque la loi est postérieure au traité, le traité l’emporte sur la loi tout d’abord.
La primauté du traité implique alors de sanctionner la loi qui lui est incompatible. Que dire du juge
administratif saisi d’un recours pour excès de pouvoir contre un acte administratif pris
conformément à la loi, elle-même contraire à une norme internationale.
La Loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de
concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. La loi a toujours occupé
une place privilégiée dans la hiérarchie des sources du droit. Mais avec l’instauration du contrôle
de constitutionalité, a priori et a posteriori, et la reconnaissance de la supériorité des traités ont
entrainé le recul de l’autorité de la loi.
20
Cf. Ibidem, p. 49.
leur compétence et leur procédure. On peut citer à titre d’illustration concernant la République
Démocratique du Congo :
Les actes réglementaires, émanant du pouvoir exécutif ou, plus largement, des
autorités administratives, ont, quant à eux, depuis longtemps été conçus comme des actes
subordonnés à la loi, le plus souvent, mais également à la Constitution, aux traités ou aux principes
généraux du droit. La subordination des actes règlementaires à loi renvoi au principe de la légalité.
Il s’agit d’un principe de conformité, analogue au principe de la constitutionnalité. Mais se situe
au niveau inférieur à celui de la Constitution. Les règles juridiques inférieures à la loi, selon ce
principe, doivent être conformes à la loi. Cette conformité est formelle et matérielle. Le contrôle
21
H. TSHITAMBWA KAZADI SH., Op. cit., p. 7.
22
Cf. Ibidem, p. 7.
de la légalité est exercé par les juridictions administratives qui ont la possibilité d’annuler un acte
pour illégalité. En vertu du principe de la constitutionnalité et du principe de la légalité, l’ordre
juridique apparait comme une pyramide des règles dont le sommet est occupé par la Constitution.
Les autres règles juridiques tirent leur validité de leur conformité formelle et matérielle à la règle
supérieure.
Section 4. La jurisprudence
L’autorité des normes jurisprudentielles avait été approfondie par les travaux du
professeur René Chapus, cette démonstration repose sur la place des juges, auteurs des normes
jurisprudentielles, dans la hiérarchie des sources organiques du droit. Chargés de faire respecter la
23
B. SEILLER, Op.cit., p. 120.
loi par les justiciables, au rang desquels figure l’administration, les juges administratifs sont
logiquement eux-mêmes soumis à la loi. Les juges administratifs s’interdisent de porter une
appréciation sur les textes de loi qui gouvernent les litiges dont ils sont saisis. En conséquence, les
principes qu’ils élaborent ne sauraient contredire une disposition législative ; ils ont donc une
valeur inférieure à la loi. Seul le législateur est compétent pour décider de les écarter ou de
dispenser l’administration de les appliquer dans le domaine particulier. Liés par les lois, les juges
administratifs sont, en revanche, compétents pour contraindre l’administration au respect du bloc
de légalité, au sein duquel figurent les principes généraux du droit qu’ils élaborent24.
Ces principes généraux du droit par leur origine témoigne le souci par le juge
administratif de protéger des individus qui n’était assuré par les textes en vigueur. Les PGD ont
permis de faire évoluer le droit dans le sens d’une meilleure protection des administrés, même en
l’absence du législateur. En réalité le juge peut utiliser le principe général du droit pour combattre
une législation apparaissant attentatoire aux libertés. Les PGD sont non écrits, se distinguent
24
Cf. Ibidem, pp. 127-128.
néanmoins de la coutume. Celle-ci est ancienne et se fonde sur une pratique générale répétée et
revêtue de l’opinio juris sive necessitatis, alors que les principes généraux du droit sont
d’affirmation récente et leur consécration ne nécessite pas la réitération dans le temps. Ces
principes juridiques n’ont pas été créés par le juge mais dégagés de l’esprit du droit et s’imposent
à tous, alors que la jurisprudence n’a pas le caractère d’une disposition règlementaire. Les principes
généraux du droit ont une valeur supérieure. Ce qui permet au juge administratif de les imposer au
pouvoir réglementaire, au juge constitutionnel et au législateur.
La première catégorie de principes généraux du droit décline le respect de l’égalité dans toutes
ses composantes :
L’égalité devant la loi, l’égalité devant des services publics, l’égalité est reconnue particulièrement
à l’égard de la femme, l’égalité devant les règlements administratifs, l’égalité devant l’impôt,
l’égalité aux emplois, fonctions publiques et l’égalité devant le salaire.
La deuxième catégorie de principes généraux du droit prône le respect et la liberté sous toutes ses
formes :
Section 6. La Coutume
CHAPITRE III:
Tous les litiges nés de l’activité de l’Administration ne donnent pas toujours lieu
au recours contentieux devant le juge administratif. Il y a de ces litiges, quoiqu’intéressant
l’activité de l’Administration, qui reste judiciaire et, de ce fait échappent au juge administratif25.
La compétence du juge administratif est limitée par certaines considérations. Il y a d’une part le
juge administratif ne peut être compétent pour des actes d’autorités étrangères, d’autre part le juge
administratif ne peut être compétent pour les éléments ne relevant pas de l’activité administratives,
c’est notamment les actes relevant du pouvoir législatif et les actes dits du gouvernement.
Les actes posés par les autorités étrangères établies en République Démocratique
du Congo, dans le cadre de l’exercice de leurs missions officielles, échappent à la censure de tout
juge congolais. Un agent diplomatique est considéré sur le sol d’un autre Etat d’accueil
(accréditaire) comme le prolongement de l’Etat d’envoi (accréditant). Il jouit des immunités de
juridiction par rapport aux actes qu’il pose dans l’exercice de sa fonction qui sont réputés posés et
exécutés sur le sol du pays d’envoi. Ils échappent à la souveraineté territoriale de l’Etat,
qu’incarnent notamment les juridictions congolaises de droit commun26
25
BOTAKILE BATANGA, Op.cit., p. 27.
26
Ibidem, p. 28.
1. L’activité administrative considérée doit s’exercer sous la direction des autorités nationales
congolaises c.-à-d. comprise dans le cadre de l’organisation administrative nationale ;
2. L’activité doit être accomplie pour le compte de l’Etat congolais au cas contraire, elle ne
constitue pas une activité congolaise ;
3. L’activité administrative doit être soumise au droit national. Pour vérifier
l’accomplissement de cette condition, on doit considérer les actes litigieux et rechercher le
droit accompli ou dirigé ces activités27.
Le juge administratif n’est pas compétent pour connaitre les actes du pouvoir
législatif. La théorie politique a toujours été dominée par le dogme de la souveraineté du Parlement
et le caractère intangible des actes faits par le Parlement. Toutefois Le Conseil d’Etat peut se
déclarer compétent pour constater l’abrogation implicite d’une loi.
Par ailleurs, le juge contrôle la conformité d’une loi à un traité. Deux solutions
ont été dégagées selon la présentation traditionnelle de la doctrine des actes législatifs, il s’agit du
critère matériel et du critère organique.
La loi est l’acte qui émane de l’autorité qui au moment où elle l’a pris, a un
caractère d’organe législatif. Mais la détermination de ce caractère d’organe législatif est délicate,
car cette notion dépend de la période qui peut être normale, en cas de délégation ou de confusion
des pouvoirs. Le juge qu’il soit de l’ordre judiciaire ou de l’ordre administratif, ne peut pas
directement censurer un acte relevant du pouvoir législatif qu’il s’agisse de lois ou des actes ayant
force de loi, d’édits ou des actes d’Assemblés, à savoir : Règlements intérieures de l’Assemblée
nationale, du Sénat, du Congrès ou des Assemblées provinciales, résolutions, recommandations,
motions ou autres sanctions , décidée par l’organe législatif28.
27
Cf. H. TSHITAMBWA KAZADI SH., Op.cit., p. 43.
28
BOTAKILE BATANGA, Op.cit., p. 29.
L’immunité de juridiction s’étend non seulement aux actes législatifs eux-
mêmes, mais à tous les actes du Parlement qui concourent à l’élaboration de la loi. Les actes
parlementaires sont législatifs (lois, ordonnances-lois, ou édits) ou d’Assemblée (règlements
intérieures, résolutions, recommandations ou motions). Les actes législatifs sont pour le pouvoir
central, les lois et les ordonnances-lois et pour les provinces, les édits. Ils sont créateurs des droits
et des obligations, et sont soumis au contrôle de la constitutionnalité exercé par la Cour
constitutionnelle soit par voie d’action soit par voie d’exception29. La distinction repose sur l’objet
de la demande, soit la demande en annulation de la loi, soit en exigé la non application dans une
affaire déterminée.
29
BOTAKILE BATANGA, Op.cit., p. 30.
30
G. PEISER, Op.cit., pp. 183-184.
action qui s’exerce en vue de l’intérêt commun et créer dans l’Etat un pouvoir nouveau qui
menacerait tous les autres31.
Les considérations portant sur le mobile politique ont perdu par la suite la plus
grande part de leur valeur. Pendant que la jurisprudence renonçait au critère du mobile politique,
la doctrine cherchait à trouver d’autres explications. Le critère proposé pour contourner la
difficulté dans la détermination d’une qualification juridique adéquate des actes de gouvernement
vient de M. Chapus qui reprend certaines idées de Laferrière. L’acte de gouvernement est celui qui
se rattache à l’exercice de la fonction gouvernementale opposée à la fonction administrative
qu’assume également l’exécutif. En tenant compte du droit comparé et de la jurisprudence
congolaise, nous pouvons à titre indicative déterminer, dans le droit public interne et dans celui du
droit international, ceux des actes du pouvoir exécutif qui peuvent être qualifiés d’actes de
gouvernement32.
TITRE II
31
Cf. E. LAFERRIERE, Traité de la juridiction administrative et des recours contentieux, 2e éd, Tome II, Berger-
Levrault et Cie, Paris-Nancy, 1896, p. 33.
32
Ibidem, p. 33.
33
H. TSHITAMBWA KAZADI SH., Op.cit., p. 9.
règlement des litiges. Les procédés non juridictionnels sont ceux dont le règlement des litiges
administratifs, ne font pas appel à l’intervention du juge. Dans les procédés non juridictionnels, on
distingue les recours administratifs d’une part, et d’autre part, la conciliation, l’arbitrage, la
médiation et la transaction.
§1 Recours gracieux
34
Ibidem, p. 390.
retirant : auquel cas, la décision disparait de façon rétroactive et elle est réputé n’être jamais
intervenue ; soit en l’abrogeant, dans cette dernière hypothèse la décision administrative disparait
pour l’avenir et maintient ses effets passés35.Cependant, il ne peut le faire que dans la mesure où
il ne se heurte pas à des droits acquis. Un acte administratif créateur des droits ne peut être retiré
que pour des motifs d’illégalité et dans le délai du recours contentieux.
35
O. GOHIM, Contentieux administratif, Paris, Litec, 2ème édition, 1999, p. 13.
36
O. GOHIM, Op.cit., p. 14.
décentralisation37. Il n’existe pas de rapport hiérarchique entre l’Etat et les organismes
décentralisés, entre les autorités de l’Etat et les organes des entités décentralisées. Il n’existe pas
donc de contrôle hiérarchique mais un contrôle de tutelle.
CHAPITRE 2.
37
T. MUHINDO MALONGA, Op.cit. p. 391.
38
Cf. O. GOHIN, Op.cit., p. 16.
La conciliation s’applique dans plusieurs domaines. En matière commerciale par
exemple, elle a pour mission de favoriser la conclusion d’un accord amiable entre le débiteur et
ses principaux créanciers, en vue de mettre fin aux difficultés de l’entreprise. Cet accord est, selon
le cas, soumis à l’homologation du tribunal ou de son président. L’accord, dans tous le cas, suspend
les instances en cours et interdit les poursuites individuelles, entre les signataires et pour les
créances faisant l’objet de l’accord39.
B. Le recours au médiateur
- à partir de 1953, d’autres pays créèrent d’autres institutions directement inspirés du modèle
suédois, il s’agit de pays tels le Danemark en 1953, la Norvège et la Nouvelle-Zélande en 1962, la
Grande-Bretagne (parliamentary commissionner for administration) en 1967, l’Israël
39
S. GUINCHARD et T. DEBARD, Lexique des termes juridiques, 18e éd, Paris, Dalloz, 2011, p. 179.
(commissioner for complaint) en 1971, la France (médiateur) en 1973, l’Espagne (Defener
delpueblo) en 1978.
C. La transaction
D. L’arbitrage
40
Cf. H. TSHITAMBWA KAZADI SH., Op.cit., p. 12.
41
Cf. O. GOHIN, Op.cit., p. 15.
42
Cf. G. PEISER, Op.cit., p. 331.
à une tierce personne ou une instance le soin de régler leur différend par une sentence arbitrale
ayant force obligatoire43.
CHAPITRE I
43
T. MUHINDO MALONGA, Op.cit., p. 392.
44
G. PEISER, Op.cit., p. 33.
administratif, ainsi tenu d’établir les critères de la qualité de juridiction administrative, s’est heurté
à une redoutable difficulté :
Section 1
45
Cf. G. PEISER, Op.cit., pp. 145-146.
§1- Critère organique
Certaines activités de service public administratif ou non ont été confiées à des
personnes privées qui a pour conséquence la limitation de la compétence du juge administratif
dans certains cas seulement. Le principe selon lequel le juge administratif est le juge de droit
commun de l’administration connait des limites. Les exceptions au principe : le juge judiciaire,
juge de certaines activités administratives.
Les organismes privés gérant des services publics sont variés. Il peut s’agir :
d’associations, des fondations privées, de syndicats professionnels, d’organisations mutualistes ou
des organismes sui généris (les comités d’organisation professionnels, les ordres professionnels.
La compétence du juge administratif est limitée aux litiges concernant l’exécution du service
public et non pas l’organisation ou les actes unilatéraux mettant en œuvre des prérogatives de droit
public.
Il ressort de l’article 43 que le siège du Conseil d’Etat est situé dans la capitale
de la République Démocratique du Congo. Toutefois, en cas de nécessité, le Conseil d’Etat peut
siéger en tout autre lieu du territoire national. Son siège ordinaire est établi à Kinshasa. Le ressort
du Conseil d’Etat s’étend sur l’ensemble du territoire national.
Les Conseillers référendaires ont pour tâche d’assister les magistrats du Conseil
d’Etat dans l’accomplissement de leur mission. Le statut du conseiller référendaire prés le Conseil
d’Etat est fixé par décret du Premier ministre délibéré en Conseil de ministres.
La section du contentieux
1.
La section consultative
2.
Les fonctions du ministère public près le Conseil d’Etat sont exercées par le
Procureur général près le Conseil d’Etat. Il est assisté par un ou plusieurs premiers avocats
généraux et un ou plusieurs avocats généraux qui exercent les fonctions du Ministère public sous
sa surveillance et sa direction.
C’est l’article 154 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifié par
l’article 1er de la loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la
Constitution de la République et la Loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016, qui instituent les
Cours administratives d’appel.
2. Les sections
La Cour administrative d’appel comprend une section consultative et une
section contentieuse. Chaque section est subdivisée en chambre (article 64 L-O).
Le ressort et le siège ordinaire des Tribunaux administratifs sont fixes par décret
du Premier ministre délibéré en Conseil des ministres(art 69 L-O). Le siège ordinaire du tribunal
administratif sera établi au chef-lieu de la ville ou du territoire.
Botakile Batanga fait remarquer que les compétences du juge congolais sont
d’attribution, parce qu’elles sont dévolues par la Constitution du 18 Févier 2006 telle que modifié
par la loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la
République et la Loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016. A l’intérieur de la juridiction
administrative générale, le tribunal administratif est le juge de droit commun en première instance,
les cours administratives d’appel jugent en appel et le Conseil d’Etat est le juge de cassation. Mais
le Conseil d’Etat a gardé comme juge d’attribution jugeant immédiatement en premier et dernier
ressort quelques attributions.
Cette double analyse, d’abord matérielle, ensuite territoriale, que doit mener
chaque justiciable est évidement source d’erreurs. Il est cependant possible au tribunal
administratif ou à la cour administrative d’appel qui s’estime saisi(e) à tort de renvoyer le dossier
à la juridiction qui lui parait compétente. En cas de difficultés particulières ou d’appréciation
divergente de la juridiction de renvoi, il appartient au Président de la section du contentieux du
Conseil d’Etat de déterminer la juridiction compétente.
1. COMPETENCES CONTENTIEUSES
La section du contentieux du Conseil d’Etat possède les compétences ordinaires
et spéciales.
A. Les compétences ordinaires
1. Le contentieux de la légalité
46
G. PEISER, Op.cit., p. 147.
Les compétences en matière d’appréciation de la légalité des actes administratifs résultent des
articles 85 de la Loi organique. L’article 85 énonce : « la section contentieuse du Conseil d’Etat
connait, en premier et en dernier ressort, des recours pour violation de la loi, de l’édit ou du
règlement, formés contre les actes, règlements et décisions des autorités administratives centrales
ou contre ceux des organismes publics placés sous leur tutelle ainsi que ceux des organes
nationaux des ordres professionnels ».
Au terme de l’article 86, « La section du contentieux connait de l’appel des arrêts ainsi que des
décisions rendus au premier ressort par les Cours administratives d’appel ». La section du
contentieux du Conseil d’Etat fait office de juge d’appel pour les arrêts rendus en premier ressort
par les Cours administratives d’appel.
La section du contentieux du Conseil d’Etat est le juge de toutes les affaires qui
relèvent de la compétence contentieuse du Conseil d’Etat. La violation de la loi, de l’édit, du
règlement, de la coutume et des principes généraux de droit comprend notamment :
1. L’incompétence ;
2. L’excès de pouvoir ;
3. La fausse application ou la fausse interprétation de la loi, de l’édit ou du règlement ;
4. La non-conformité à la loi, à l’édit ou au règlement de l’acte, du règlement ou de la décision
dont il a été fait application ;
5. La violation des formes substantielles ou des formes prescrites à peine de nullité des actes ;
Le principe est que tout préjudice donne droit à une réparation dès lors que la
responsabilité est établie, le requérant ayant prouvé le préjudice et le lien de causalité avec un acte
dommageable. La loi ne précise pas ce qu’il faut entendre par « exceptionnel ». La jurisprudence
belge et française estime que le dommage exceptionnel est lié à la rupture de l’égalité des citoyens
devant les charges publiques. Le principe de l’égalité devant les charges publiques appelle la
réparation de tout dommage pour une activité publique lorsqu’elle impose à un où à certains
47
T. MUHINDO MALONGA, Op.cit., p. 410.
citoyens, dans l’intérêt général, des sujétions qui excèdent celles qu’ils peuvent normalement
supporter (ou qui sont inhérentes à la vie en société).
Le dommage exceptionnel est, de ce point de vue, celui qui revêt le caractère à la fois anormal
dans sa gravité et spécial quant à son étendue du point de vue nombre de victimes.
- Le dommage moral renvoie au dommage indirect, qui concerne la souffrance subie, par
exemple, pour la mort d’un parent, d’un proche (pretium doloris). On parle aussi de préjudice
indirect ou par ricochet.
1. COMPETENCES CONSULTATIVES
2. COMPETENCES CONTENTIEUSES
A. Compétence consultative
A. Compétence contentieuse
CHAPITRE III
Il s’agit des règles qui régissent le déroulement du procès devant le juge depuis
l’introduction de l’instance jusqu’au jugement et au recours s’il a lieu. Ces règles ont une
particularité parce qu’elles sont globalement moins favorables à l’administré qu’à
l’Administration. Ce déséquilibre s’explique par deux facteurs.
Ensuite, l’exécution des décisions de justice contre l’Administration est traditionnellement mal
garantie. En effet, l’Administration peut être condamnée et ne pas exécuter le jugement.
A. La procédure inquisitoriale
48
Ibidem, p. 393.
membres de l’Administration, généralement les fonctionnaires doivent s’abstenir de divulguer
toute information qui pourrait porter préjudice aux intérêts de l’Administration qu’ils ont en
charge.
La juridiction administrative est saisie soit par requête des parties, soit par
réquisitoire du Ministère public près la juridiction concernée (article 134 L-O). La requête pour
être recevable doit remplir certaines conditions relatives au demandeur, d’autres conditions de
recevabilité sont relatives au délai enfin certaines sont relatives aux formes qu’elles doivent
présenter.
49
Art 155, Loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016 portant organisation, compétence et fonctionnement des
juridictions de l’ordre administratif.
50
S. GUINCHARD et T. DEBARD, Op.cit., pp. 547.
§1 - Conditions relatives au requérant
. 6 mois .
Devant le juge
. 9 mois .
§ 3. Les mesures préalables au jugement
Dans les Etats soucieux de la protection des droits et libertés des citoyens et qui
assurent une réelle indépendance du juge administratif, ce juge peut, au début de l’instance et à la
demande des parties, prendre certaines mesures d’urgence, des mesures conservatoires, des
jugements avant dire droit.
Bien que ces procédés n’existent pas en droit congolais, ils doivent être signalés
simplement à titre de perspective comparative. C’est surtout en droit français qu’ils sont présents.
Prenons le cas d’un arrêté ordonnant la démolition d’un immeuble. Avant même que le juge ait
statué sur le recours en annulation, l’immeuble est déjà détruit.
Dans ce type de situation, il peut être permis au juge de prendre des mesures
conservatoires. Ces mesures sont de deux sortes : le sursis à exécution et la suspension provisoire.
TITRE V
Section 1. L’appel
§1 Notions
51
BOTAKILE BATANGA, Op.cit., p. 124.
L’appel est une voie de recours ordinaire de réexamen par laquelle le
requérant porte le procès devant une juridiction de degré supérieur dans le respect du principe
tantum devolutum appellatum, c’est-à-dire l’effet dévolutif de l’appel ne se produit que dans la
mesure de l’acte d’appel. En effet, aucune demande nouvelle ne peut être formée en appel. Comme
toutes les autres voies de recours, l’appel n’est pas non plus suspensif du jugement attaqué52.
De façon générale, les décisions des juridictions administratives rendues en
premier ressort sont susceptibles d’appel devant la juridiction supérieure53. Le Conseil d’Etat
est juge d’appel des décisions rendues en premier ressort par les Cours administratives d’appel, la
Cour administrative d’appel est le juge d’appel des décisions rendues par les Tribunaux
administratifs. Les Cours administratives d’appel sont compétentes pour statuer sur les appels
formés contre les jugements des tribunaux administratifs.
Toute partie présente dans une instance ou qui a été régulièrement appelée,
alors même qu’elle n’aurait produit aucune défense, peut interjeter appel contre toute décision
juridictionnelle rendue dans cette instance par le Tribunal administratif ou par la Cour
administrative d’appel54.
§2 Conditions de recevabilités
L’appel peut avoir lieu contre toute décision définitive ou avant dire droit.
Pour interjeter appel, l’appelant doit remplir certaines conditions relatives à la personne, au délai
et à la demande.
Seules les personnes qui ont été partie en première instance, sont
susceptibles d’interjeter appel, soit en qualité de demandeur, soit défendeur, soit appelé en cause,
soit intervenant en demande ou en défense. L’appelant doit avoir été partie au procès au premier
degré. L’appel est ouvert aux parties et au Ministère public.
Le délai d’appel est de deux mois pour l’appelant à partir du moment où la
décision a été rendue. Sauf disposition légale contraire. Le délai de deux mois est augmenté des
délais de distance qui est de deux jours par cent kilomètres de distance. Ce délai court contre toute
52
Ibidem, p. 135.
53
G. PEISER, Op.cit., p. 295.
54
Art 263, Loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016 portant organisation, compétence et fonctionnement des
juridictions de l’ordre administratif.
partie à l’instance, à compter du jour de la notification de la décision attaquée. Si la décision a été
signifiée par l’huissier de justice, le délai d’appel court à dater de cette signification contre la partie
qui l’a initié et contre celle qui l’a reçue55.
L’appel doit porter contre le dispositif de la décision et les motifs qui le
soutiennent. La requête doit être accompagnée de l’expédition de la décision rendue au premier
degré ainsi qu’une copie de la réclamation et éventuellement de la décision des autorités
administratives et les actes de la procédure au premier degré. L’appel, pour le demandeur en
première instance, ne peut comporter de demande nouvelle, par exemple l’augmentation de
l’indemnité demandée. A moins que le préjudice ne se soit aggravé, entre-temps.
Section 2. Cassation
§1. Notions
55
Art 264, Loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016 portant organisation, compétence et fonctionnement des
juridictions de l’ordre administratif.
56
BOTAKILE BATANGA, Op.cit., p. 136.
57
Art 363, Loi organique n° 16/027 du 15 octobre 2016 portant organisation, compétence et fonctionnement des
juridictions de l’ordre administratif.
58
G. PEISER, Op.cit., p. 302.
59
G. PEISER, Op.cit., p. 302.
même des hypothèses d’opposition ou de tierce-opposition. Mais un recours en cassation formé
prématurément peut être validé par l’expiration du délai d’opposition60.
60
Ibidem, p. 302.
61
Cf. BOTAKILE BATANGA, Op.cit., p. 125.
62
Ibidem, p. 125.
63
Ibidem, p. 126.
Le juge administratif peut être saisi par voie d’action en interprétation d’un
acte administratif ou d’une coutume, d’un traité ou accord international, d’une ou plusieurs
dispositions de la Constitution, opposés à un acte administratif. La compétence du juge
administratif se conçoit à une nuance près, selon qu’il s’agit d’interpréter un administratif
réglementaire ou non réglementaire (particulier, individuel ou collectif).
Section 2. Intervention
64
Comme droit de la défense, l’intervention est organisée et garantie. Elle existe même sans
texte.
Toutefois, lorsqu’elle est fondée, elle ne peut pas retarder la solution du litige.
Section 3 : Opposition
Devant le juge administratif congolais, l’opposition comme voie de recours reste de mise,
en dépit du fait qu’elle n’est pas portée par le Code de procédure devant la Cour Suprême de
justice.
Avant d’en appréhender la portée, il importe d’en clarifier la notion.
§1. Notion
L’opposition est une voie de recours en rétractation. Elle est portée devant le même juge
qui a pris la décision, jugement ou arrêt. L’opposition est ouverte à la partie défaillante, c’est-à-
dire à celle qui n’a pas produit des défenses régulières. Etant donné le caractère inquisitoire et
contradictoire de la procédure tenue devant le juge administratif, l’opposition est acquise à la partie
qui fait l’objet d’une décision par défaut, résultant de l’absence de conclusions écrites régulières,
parce que, soit non régulièrement représentée, soit non régulièrement atteint lors d’une
comparution obligatoire.
§2. Portée
L’opposition est une des voies de recours ouverte même sans texte, surtout lorsqu’il n’y
pas lieu d’appel. En droit congolais, en tant que droit de la défense et droit de recours, l’opposition
est organisée et garantie. Elle s’impose comme principe de valeur constitutionnelle, droit et
principe fondamental, auquel en aucun cas, il ne peut y être dérogé sous peine de violation
délibérée de la Constitution. En droits comparés français et belge, l’opposition est aussi organisée.
Devant le juge administratif français, le délai pour opposition est de deux mois à compter de la
notification de la décision de justice, sous réserve des délais de distance. Lorsqu’elle est formée,
l’opposition n’a pas d’effet suspensif, sauf décision contraire du chef de juridiction. Lorsqu’elle
n’est pas organisée, les règles de procédure, d’instruction et de jugement sont, selon le cas, celles
applicables à l’appel ou la cassation. Les moyens admissibles en cas d’une opposition sont les
mêmes que ceux invocables dans une procédure de défaut. Avec pour particularité ici que les
défendeurs en opposition ne peuvent pas présenter des conclusions nouvelles contre l’opposant, ni
même des moyens de défenses nouveaux, sauf si ceux-ci permettent de contrer une demande
impliquant l’aggravation de leur situation.
Dans le cas où le juge admet les moyens, il déclare non avenue la décision juridictionnelle
et juge l’affaire en considérant les moyens de l’opposition. Lorsque l’opposition est jetée au fond,
le juge peut adopter les motifs de la décision rendue par défaut.
La tierce opposition est une autre des voies de recours portées devant le même juge
administratif, auteur de la décision juridictionnelle contestée. Pour mieux la circonscrire, nous en
soulignons la notion et en précisons la portée.
§ 1. Notion
En principe, en droit congolais, les arrêts de la Cour Suprême Justice ne sont susceptibles
d’aucun recours, sauf en matière administrative, en ce qui concerne jusque-là, l’interprétation,
l’opposition et la tierce opposition. En effet, la tierce opposition est une voie de recours en
rétractation. Elle vise à faire annuler ou corriger une décision de justice qui préjudicie aux droits
d’une personne qui n’a été ni présente, ni représentée, ni régulièrement appelée à l’instance.
L’intérêt justifiant une telle voie de recours reste le préjudice encouru par une personne, non
régulièrement représentée à l’instance, du fait d’une décision juridictionnelle. En d’autres termes ;
la tierce opposition n’est envisageable que pour la personne qui n’a pas eu connaissance du procès.
Par contre, si la personne a eu connaissance de l’affaire et s’est abstenue volontairement
d’intervenir à l’époque, elle ne peut être reçue dans ce cas.
§2. Portée
En tant que voie de recours et droit de la défense ; la tierce opposition est organisée et
garantie devant le juge administratif congolais, conformément aux articles 19, alinéa 3, et 64, point
5, de la Constitution du 18 février 2006.
De la sorte, la tierce opposition est aussi ouverte devant toutes les juridictions
administratives, même sans texte. Elle peut être initiée même contre une décision juridictionnelle,
confirmé en appel.
La tierce opposition n’est pas suspensive de l’exécution de l’arrêt entrepris, sauf si le Chef
de juridiction saisi en décide autrement par voie d’ordonnance, notifiée à toutes les parties, à la
diligence du greffier.
Si la tierce opposition est recevable, l’affaire est rejugée au fond. Si les moyens présentés
sont fondés, le jugement ou l’arrêt est déclaré « nul et non avenu ».
Le même juge peut de nouveau connaitre de l’affaire sans qu’il n’y ait atteinte au principe
d’impartialité.
Quoi qu’il en soit, seules les parties dont la situation est aggravée du fait de la tierce
opposition peuvent présenter de nouveaux moyens ou conclusions.
La décision prise à l’issue de tierce opposition est susceptible de voies de recours en
réformation, appel ou cassation, s’il y a lieu.
Section 5. Révision
La révision reste également une des voies de recours en rétractation prévue en contentieux
administratif congolais, devant le Conseil d’Etat.
Il faut en dégager la notion avant d’en souligner les conditions de mise en œuvre.
§1. Notion
La révision est une procédure particulière permettant de passer outre au caractère définitif
d’une décision de condamnation afin de faire rejuger l’affaire.
En matière administrative, le comptable public condamné au paiement du montant du
débet a la possibilité d’introduire un recours en révision contre l’arrêt définitif de la Cour des
Comptes, en cas de découverte d’un fait nouveau dans le délai de dix ans de la notification de
l’arrêt.
TITRE VI
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LAFERRIERE E., Traité de la juridiction administrative et des recours contentieux, 2e éd, Tome II,
Berger-Levrault et Cie, Paris-Nancy, 1896.