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Université Sultan Moulay Slimane ‫جامعة السلطان موالي سليمان‬

Faculté de l’Économie et Gestion ‫كلية االقتصاد والتدبير‬


Béni Mellal ‫بني مــالل‬

LES MODALITÉS DE
FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE

Prof : F.HAMDI 1
CHAPITRE 2 : Le financement de l’économie par les marchés des capitaux

Nous allons essayer de voir en premier lieu le marché monétaire, les


compartiments qui le composent ainsi que les acteurs, les produits et les
échéances que l’on peut trouver dans chaque compartiment.

Section 1 : Le Marché Monétaire


Comme nous l’avons déjà signalé, le marché monétaire peut être
considéré comme le marché de la dette du court terme. Là où divers acteurs
qu’ils soient des agents financiers et non financiers qui sont des banques
commerciales, la banque centrale, le trésor public, les sociétés non financières,
les sociétés de financement vont prêter et emprunter les uns des autres dans le
cadre de ce marché pour des échéances de court terme.

Au départ, le marché monétaire avait pour principal fonction de


permettre aux banques commerciales de se financer entre elles. Durant cette
période le marché monétaire était réservé aux banques commerciales, il était
tout simplement assimilé au marché interbancaire. C’est dans le cadre de ce
marché que les banques se prêtaient entre elles.

Dans une seconde phase et progressivement, il est devenu le lieu


privilégié de l’action de la Banque centrale dans lequel elle va appliquer la
politique monétaire. Donc, le marché monétaire était réservé aux banques
commerciales puis il va être élargi à l’intervention de la Banque centrale, qui
va appliquer sa politique monétaire comme les deux techniques de l’open
market et des pensions qu’on a vu dans le premier semestre. Et enfin, il s’est
ouvert aux agents non financiers d’abord au trésor public puis aux entreprises
en recherche de financement dans le cadre du marché des titres de créances
négociables.

Finalement, le marché monétaire est devenu ouvert à tous les acteurs


économiques qu’ils soient des agents financiers ou non financiers.

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Maintenant, la question qui va se poser c’est :

Puisque le marché monétaire est devenu ouvert aux agents non


financiers, est-ce qu’il est devenu ouvert même aux particuliers ?

Pour répondre à cette question, légalement oui car rien n’empêche les
particuliers d’acheter des titres du marché monétaire notamment dans le cadre
du marché des titres des créances négociables. Mais concrètement, c’est peu
probable par ce que le prix des titres dans le cadre de ce marché est très élevé
comme on va le voir (le prix total minimum de l’émission est de 100 000
MAD, selon l’arrêté du Ministère des Finances du 10 juillet 200).

Maintenant quelles sont les opérations que l’on peut trouver dans le cadre
du marché monétaire.

En fait, il y a trois types d’opérations qui peuvent se développer dans le


cadre du marché monétaire.

 L’opération n°1 : un agent financier prêtant ou empruntant des fonds


auprès d’un autre agent financier. Par exemple une banque commerciale
prêtant ou empruntant à une autre banque commerciale.

 L’opération n°2 : la Banque centrale offrant ou demandant des


liquidités en échange de titres auprès des agents financiers. On peut
donner l’exemple de cette opération la banque centrale échangeant des
titres en contre partie de la liquidité ou bien, la liquidité contre les titres
avec les banques commerciales.

 La troisième opération que l’on peut trouver dans le cadre du marché


monétaire c’est celle d’un agent non financier prêtant ou empruntant
auprès d’un agent financier ou d’un agent non financier. C’est l’exemple
que l’on va trouver dans le cadre du marché des titres des créances
négociables celui d’une entreprise qui émet un titre pour collecter des

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fonds auprès d’une autre entreprise ou d’une banque commerciale.

La première chose que l’on peut dire à propos du marché monétaire est
qu’il n’a pas de lieu physique, ce n’est pas comme la bourse des valeurs.
Maintenant, le marché monétaire est composé de plusieurs compartiments :

 le marché interbancaire,

 le marché des titres de créances négociables,

 le marché de l’adjudication des bons de trésor,

 et le marché hypothécaire (titrisation).

Toutefois, nous allons nous limiter dans le cadre de ce cours aux deux
premiers.

1. Le Marché Interbancaire

Il faut dire qu’il y a un marché interbancaire au sens étroit et un marché


interbancaire au sens large. Le premier réunit seulement les banques
commerciales entre elles, alors que le second connait en plus l’intervention de
la Banque centrale.

Le marché interbancaire au sens étroit est un marché qui réunit seulement


les banques commerciales entre elles. Il a pour principal fonction de permettre
aux banques commerciales d’équilibrer leur trésorerie, celles qui sont en
excédent de liquidité et celles qui sont en besoin de financement. Ainsi, ce
marché permet aux banques en excédent de liquidité de placer cet excédent en
prêtant aux banques en besoin de liquidité. Alors que les banques en besoin
peuvent avoir la possibilité de combler leur déficit en liquidité en empruntant
auprès des banques en excédent. Maintenant, nous pouvons donner cet
exemple d’une banque en excédent de liquidité.

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Soit, une banque commerciale qui a dans son passif 10 000 dhs dépôt à
vue de A et 10 000 dhs dépôt à vue de B, alors que dans son compte courant
à la banque centrale elle a 8000 dhs. Sachant que le taux de réserve obligatoire
est de 10% et le pourcentage de retrait quotidien de la clientèle est de 20 %.
Donc cette banque commerciale est-elle en besoin ou en excèdent de
liquidité ?

On va voir, que cette banque à 8000 dhs dans son compte courant à la
banque centrale. Puisque le taux de réserve obligatoire est de 10 % le montant
qu’elle doit bloquer dans le cadre de la réserve obligatoire est de 2000, 4000
vont correspondre aux retraits de la clientèle puisque le pourcentage de retrait
quotidien est de 20 %.

Et puisque, le taux de retrait de la clientèle est de 20% la réserve


obligatoire c’est 10 % de 20 000, c’est 2000, le retrait estimé des clients 20 %
de 20 000 c’est 4000.

Donc elle a besoin de 6000 et puisqu’elle a besoin de 8 000, donc les


2000 restants c’est un excédent et elle peut le prêter à une banque en besoin
même pour 24 h afin de le rentabiliser.

C’est pour cette raison que le marché interbancaire au sens étroit peut
être considéré comme un marché de rentabilisation de liquidités pour les
banques en excédent et de recherche de financement pour les banques en
déficit. C’est un marché qui permet aux banques commerciales d’équilibrer
leur trésorerie.

Quant au marché interbancaire au sens large, il connait l’intervention de


la Banque centrale qui par sa qualité de préteur en dernier ressort, permet aux
banques commerciales de trouver un financement dans le cas où elles ne
parviennent pas à se financer entre elles.

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Le marché interbancaire au sens large est le lieu privilégié de
l’intervention de la Banque centrale. Cette intervention permet à la Banque
centrale de combler les besoins de financement des banques commerciales,
mais elle constitue aussi un moyen de contrôle de la liquidité bancaire et de la
masse monétaire. Il s’agit donc d’un instrument important de la politique
monétaire.

Les moyens d’intervention de la banque centrale sur le marché


interbancaire sont l’open market et les pensions (7 jours, 5 jours ou 24 heures).

Par la technique de l’open market, la Banque centrale intervient sur le


marché interbancaire en vendant et en achetant des titres (en particulier des
titres publics, bons de trésor). Donc soit la banque centrale échange des titres
contre de la liquidité ou l’inverse elle échange de la liquidité contre des titres.

Ainsi, si la banque centrale souhaite retirer des liquidités, elle va mettre


sur le marché interbancaire une quantité importante de bons de trésor. Donc,
leur prix va baisser et va attirer les banques commerciales qui vont dépenser
leurs liquidités en les achetant. Donc si la banque centrale souhaite décourager
les banques accordé des crédits, elle va mettre offrir des titres pour retirer la
liquidité du marché interbancaire.

Dans le cas inverse lorsque la banque centrale fait part de sa demande


d’achat des bons de trésor dans le marché interbancaire, cela agira
positivement sur les prix de ces titres et poussera les banques commerciales à
les vendre. Donc, si la banque centrale veut encourager les banques
commerciales à accorder des crédits elle va acheter des titres auprès des
banques commerciales afin d’injecter la liquidité dans le marché
interbancaire.

La deuxième technique qu’utilise la banque centrale pour intervenir dans


le cadre du marché interbancaire au sens large, il y la technique des pensions

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qui signifie que la banque centrale prête aux banques commerciales de la
liquidité en contrepartie de garantie qu’elle va recevoir sous forme de titres.

Il y a trois types de pensions :

 les pensions à 7 jours ;

 à 5 jours ;

 et à 24h.

Les pensions à 7 jours consistent en l’achat temporaire par la banque


centrale des titres publics ou privés détenus par les banques commerciales.

Dans ce cas, la banque centrale demande aux banques commerciales de


lui communiquer leurs besoins en liquidités ainsi que le taux d’intérêt avec
lequel elles souhaitent emprunter. Après avoir reçu les réponses, la banque
centrale fait savoir le taux avec lequel elle va prêter et les demandes seront
ainsi satisfaites soit totalement ou partiellement. Il faut dire que les pensions
à 7 jours sont régulières à 1’initiaive de la banque centrale qui chaque semaine
offre ses pensions à 7 jours.

Le deuxième type de pension, ce sont les pensions à 5 jours. Elles sont


irrégulières et à l’initiative des banques commerciales et leur taux d’intérêt est
supérieur aux taux des pensions à 7.

Alors que, pour les pensions à 24 h elles peuvent être à la fois à l’initiative
des banques commerciales et de la banque centrale à chaque fois que le
compte courant d’une banque commerciale présente un déficit.

2. Le marché des titres de créances négociables


Ce compartiment du marché monétaire s’est développé au Maroc depuis
le milieu des années 90. Il a permis ainsi au marché monétaire de s’ouvrir aux
agents non financiers principalement les entreprises (le trésor public est

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présent dans ce marché dès les années 80). La création de ce marché avait
pour objectif de diversifier les possibilités de placement et de financement de
court terme à la fois pour les prêteurs et pour les emprunteurs. Il permet aussi
aux prêteurs de négocier les titres qu’ils ont déjà acquis dans le cadre d’un
marché secondaire. Ainsi, la caractéristique principale du marché des titres
des créances négociables est le fait que les titres de créance peuvent se vendre
et s’acheter. C’est-à-dire qu’il y a un émetteur qui va émettre un titre de
créance, un souscripteur va acheter ce même titre, puis ce titre va être négocié,
acheté et vendu.

Concernant les échéances des titres des créances négociables ce sont des
échéances généralement de court terme, mais pour certains titres ça peut
atteindre le moyen ou même le long terme. Ainsi, au Maroc les échéances des
titres de créance négociables peuvent aller de quelques jours jusqu’à 7 ans ou
même pour les bons du trésor 20 ou 30 ans, alors que le montant unitaire a été
fixé à 100 000 dhs pour toutes les catégories de titres de créance négociables.

Quels sont alors les produits financiers qui peuvent être considérés
comme de titres de créances négociables au Maroc ?

Nous allons présenter ici quatre produits qui sont les suivants :

 les certificats de dépôts « CDN » ;

 les billets de trésorerie ;

 les bons de société de financement « BSF » ;

 et les bons de trésor négociables « BTN ».

2.1 Les certificats de dépôt

La première des choses que l’on peut dire à propos des certificats de
dépôts sont des titres émis exclusivement par les banques commerciales. Ces

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titres permettent aux banques commerciales d’accéder à un type de
financement de court terme autre que celui du marché interbancaire au sens
étroit et au sens large. Ces titres doivent avoir une échéance qui varie entre 10
jours et 7 ans, évidement la majorité des échéances des certificats de dépôts
sont de court terme (moins d’un an) mais leurs échéances peuvent dépasser
parfois 1 an et peuvent aller jusqu’à 7 ans.

Quant au taux d’intérêt, il reste fixe pour une échéance qui ne dépasse
pas à un an et lorsque l’échéance dépasse un an il devient révisable. Révisable
signifie que si l’échéance dépasse l’an qu’elle 2 ans par exemple, à la fin de
la première année il va être révisé à la hausse ou à la baisse ou rester fixe.
Quant aux acquéreurs des certificats de dépôt, ils peuvent être des personnes
physiques ou bien des personnes morales.

2.2 Les billets de trésorerie

Si le certificat de dépôt est un titre émis exclusivement par les banques


commerciales, le billet de trésorerie émis exclusivement par les entreprises.
Ce titre financier permet aux entreprises d’accéder au financement du marché
monétaire en émettant des titres et sans avoir à passer par les intermédiaires
financiers. C’est-à-dire que le billet de trésorerie permet aux entreprises
d’emprunter auprès d’agents financiers ou non financiers ce qui va lui
permettre de diversifier les possibilités de financement et surtout d’éviter
de passer un emprunt bancaire qui n’est pas toujours facile.

Pour ce qui est des conditions que doit avoir une entreprise pour émettre
un billet de trésorerie, elle doit être résidente, existante depuis deux ans, et
ayant certifié deux bilans. L’échéance du billet de trésorerie varie entre 10
jours et 2 ans, et elle peut aller parfois jusqu’à 7 ans.

Quant au taux d’intérêt, il est librement négocie au moment de l’émission


du titre, mais il est généralement supérieur au taux offert par les banques pour

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des échéances équivalentes. Donc généralement, les taux d’intérêt des billets
de trésorière sont supérieurs aux taux d’intérêt des certificats de dépôts.

L’avantage principal du billet de trésorerie, est qu’il favorise la


désintermédiation financière, dans la mesure où il permet à une entreprise qui
a besoin d’un financement pour le court terme de faire appel à une autre
entreprise qui veut placer son excédent de trésorerie dans le court terme.

2.3 Les bons de société de financement

Les bons de société de financement sont des titres émis


exclusivement par des sociétés de financement .

Qu’est-ce qu’on entend par les sociétés de financement ? En fait, les


sociétés de financement sont des institutions financières qui accordent
des crédits et qui reçoivent des dépôts de deux ans et plus. Donc à la
différence des banques commerciales, les sociétés de financement ne gèrent
pas de dépôts à vue et ne créent pas de la monnaie. Nous pouvons donner
l’exemple de sociétés de financements au Maroc les sociétés de crédit à la
consommation, les sociétés de crédit immobilier etc.

Ces sociétés de financement peuvent émettre des bons des sociétés de


financement une durée allant de 2 ans à 7 ans et rapportant un intérêt
déterminé pouvant être fixe ou révisable. Le montant unitaire de ces bons est
fixé à 100 000 dhs.

2.4 Les bons de trésor négociables

Il s’agit des bons qui ont déjà été émis par le trésor public dans le cadre
du marché des adjudications des bons de trésor. D’abord, les bons de trésor
sont les titres de créance émis par l’Etat représenté par le trésor public. Alors
que le marché de l’adjudication des bons de trésor, c’est un compartiment du
marché monétaire dans lequel i l y a une vente aux enchères des bons de trésor.

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Les détenteurs de ces titres peuvent les présenter à la vente dans le cadre du
marché secondaire. C’est pour cette raison que l’on parle des bons de trésor
négociables. Leur échéance varie d’une semaine à 30 ans.

Quant aux taux d’intérêt, ils peuvent être payés annuellement ou à la fin
de l’échéance. L’avantage de ces titres est lié à la qualité de l’émetteur (l’Etat)
et leur liquidité. Toutefois, leurs taux sont généralement moins élevés par
rapport aux TCN.

Section 2 : Le Marché financier


Si le marché monétaire peut être considéré comme le marché de la dette
du court terme, le marché financier qualifiera comme le marché des titres de
long terme. On peut ajouter que le moyen terme peut se trouver à la fois au
niveau du marché monétaire, puisque on peut trouver des échéances des titres
de créances négociables qui peuvent aller jusqu’à 7 ans, alors que dans le
marché financier on peut trouver parfois des échéances qui de moyen terme
mais plus généralement, on peut trouver des échéances de long terme qui
peuvent aller de 7 ans jusqu’à 30 ans.

Le marché financier peut être considéré comme le lieu d’émission des


titres et de leur négociation permettant ainsi la mobilisation de l’épargne
nationale. Ainsi, par le biais du marché financier on capte l’épargne, pour en
faire quoi ? Pour la transformer en un investissement. N’oubliez pas que le
rôle des marchés de capitaux de manière générale c’est le financement de
l’économie et le marché financier est l’un des principaux marchés des
capitaux.

Ce marché peut être divisé en deux compartiments :

 Le marché primaire ou celui de l’émission des titres (les actions et les


obligations) pour la première fois que l’on peut désigner comme le

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marché du neuf ; c’est le marché où l’on va émettre les titres pour la
première fois.
 Le marché secondaire : c’est dans ce marché que s’effectue la
négociation des titres, c’est-à-dire que l’on va acheter et vendre les titres
déjà acquis sur le marché primaire. Le marché secondaire du marché
financier est représenté généralement par la bourse des valeurs.

Maintenant, quelle est la remarque qu’on peut faire à propos des


deux compartiments du marché financier, le marché primaire et le
marché secondaire ?

En fait, les deux compartiments du marché financier sont


complémentaires, Ce qui veut dire que les deux sont importants, c’est-à-dire
que l’un complète l’autre. En effet, ce qui encourage un agent économique à
acheter un titre dans le cadre du marché primaire, c’est la possibilité de pouvoir
les liquider dans le marché secondaire. L’existence du marché secondaire est
importante, c’est comme un droit de sortie. A titre d’exemple, on peut acheter
une action ou une obligation mais si on constate que le titre n’est pas
performant, c’est-à-dire qu’il ne nous procure pas un rendement intéressant on
peut toujours le vendre sur le marché secondaire ou bien encore si on a acheté
un titre sur le marché primaire et qu’on a constaté qu’on a besoin de liquidité,
on a toujours la possibilité de le vendre dans le marché secondaire.

Ces deux marchés sont complémentaires et chacun d’eux favorise un


type d’agents.

Ainsi, on peut remarquer que le marché primaire favorise les agents


économiques en besoin de financement, c’est à dire ceux qui cherchent à se
financer qui vont émettre des titres dans le cadre du marché primaire. Alors
que le marché secondaire favorise les épargnants, ceux qui ont déjà placé leurs
argents en achetant des titres sur le marché primaire, qui ont un besoin de
liquidité.

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On peut donc acheter un tire (une action ou une obligation) au départ
pour une longue durée, mais après 2 ou 3 mois on peut constater qu’on a besoin
de liquidité, on peut toujours vendre l’action ou l’obligation pour récupérer
notre argent ou même une partie de cet argent. Donc le marché primaire
favorise les agents en besoin de financement et le marché secondaire favorise
les épargnants en besoin de liquidité.

D’ailleurs, parmi les qualités d’un marché boursier c’est sa liquidité, ce


qui veut dire qu’il permet de liquider facilement les titres.

1. Le marché primaire
Ce compartiment du marché financier peut être considéré comme le
marché du neuf où l’on émet les titres pour la première fois. Il y a deux types
de titres émis dans le cadre de ce marché : les actions et les obligations.

1.1 Les actions

Une action est un titre représentant une part du capital social de


l’entreprise, ou de la société qui l’a émit. Il s’agit d’un titre de propriété. C’est
à dire que lorsqu’on est actionnaire, lorsqu’on achète une action on devient
propriétaire d’une proportion du capital de la société.

Maintenant l’achat d’une action procure à son acheteur qu’on


appelle l’actionnaire plusieurs droits. Quels sont ses droits ?

D’abord, l’achat d’une action donne à son acquéreur un premier droit qui
est un droit financier, c’est le droit de recevoir des revenus variables et non
fixes qu’on appelle des dividendes. Le mot dividende vient de diviser
puisqu’on va diviser le bénéfice qui pourra en résulter. Autrement dit, le
dividende représente le revenu versé par l’entreprise à ses actionnaires.

Maintenant pourquoi ce revenu que reçoit l’actionnaire est variable?

En fait, ce revenu (le dividende) dépend du résultat de l’entreprise qui

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dépend de la performance de l’entreprise. C’est cette performance qui va
pousser les dirigeants à distribuer ou non ces dividendes sur les actionnaires
ou bien réinvestir le bénéfice dans les projets de l’entreprise.

L’actionnaire est donc un copropriétaire. C’est pour cela qu’il doit se


partager avec les autres actionnaires les gains mais aussi les pertes, ce n’est
pas comme le créancier, celui qui achète une obligation, c’est un prêteur il
prête de l’argent et va recevoir l’intérêt et le principal sans se soucier de la
performance de l’entreprise.

En plus du droit de recevoir des dividendes. Une action peut accorder


d’autres droits à son acquéreur. D’abord, le droit de vote lors des assemblées
générales de l’entreprise qui est important par ce que c’est par le biais de ce
droit que l’actionnaire peut participer aux décisions de la société au moins en
matière de choix des dirigeants.

Ensuite, il y a le droit de communication des documents de l’entreprise


soumis aux assemblées générales les actionnaires doivent recevoir les
documents soumis à l’assemblée générale. Ce sont généralement des
documents qui reflètent la situation comptable et financière de l’entreprise et
donc la communication de ces documents permet à l’actionnaire d’être mieux
informé de la situation de l’entreprise.

Pourquoi l’actionnaire doit être informé ?

Tout simplement pour savoir la situation de l’entreprise dans laquelle il


a placé son argent. Ainsi, s’il juge que la situation de l’entreprise n’est pas
bonne il peut toujours vendre l’action. Comme on l’a vu, la notion de
l’information est importante. Et les marchés des capitaux sont eux aussi
producteurs de l’information comme les intermédiaires financiers.

Un autre droit, c’est le droit de négocier librement son action dans le


cadre du marché secondaire. C’est-à-dire si on a déjà acheté une action, on a

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le droit de la vendre librement et au prix qu’on souhaite. C’est à dire qu’on
peut l’acheter à un prix et la vendre à un prix supérieur ou inférieur. C’est notre
droit, la société n’intervient pas dans la détermination de ce prix.

Et enfin, il y a le droit de remboursement de la valeur de l’action en cas


de faillite ou de la dissolution de la société. Mais il faut préciser ici que les
créanciers sont privilégiés. C’est-à-dire qu’en cas de faillite de l’entreprise, ce
n’est qu’après le remboursement des créanciers que les actionnaires vont se
partager l’actif net, ce qui reste du capital après le paiement des dettes.

Il faut dire enfin qu’en plus des actions classiques, on a commencé à voir
récemment des nouveaux types d’actions comme les actions à dividendes
prioritaires, Les actions à droit de vote double.

1.2 Les obligations

Une obligation est un titre de créance de long terme. Ainsi, le marché


obligataire est considéré comme le marché de la dette du moyen et du long
terme. C’est la continuité du marché monétaire qui est le marché de la dette du
court terme. Dans le cadre du marché des obligations, les émetteurs des
obligations peuvent être des grandes entreprises publiques ou privés, l’Etat et
les établissements de crédit.

Mais c’est quoi exactement une obligation ?

L’obligation est un titre qui représente une créance du souscripteur sur


l’émetteur. C’est pour cette raison que le souscripteur qu’on peut appeler
parfois l’obligataire ou même le prêteur est assuré de recevoir les intérêts et le
montant de l’emprunt. Donc, là c’est la différence principale entre l’action et
l’obligation. Une action procure des revenus variables qui dépendent de la
performance de l’entreprise alors que l’obligation procure des revenus qui ne
dépendent pas de la performance de l’entreprise ils sont obligatoires. Chaque
obligation doit comporter le nom de l’émetteur, le montant de l’emprunt, le

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prix de l’émission, le taux d’intérêt.

Le taux d’intérêt qui est déterminé généralement au moment de


l’émission dépend de la qualité de remboursement du souscripteur évaluée par
des agences de notation. Ainsi, le taux d’intérêt serait faible si la qualité de
remboursement de l’émetteur est jugée bonne. Inversement, le taux d’intérêt
serait élevé si la qualité de remboursement de l’émetteur est jugée mauvaise.

Il y a plusieurs types d’obligations la plus classique d’entre elles est celle


où le souscripteur reçoit un coupon annuel fixe et déterminé à l’avance (des
intérêts), et à l’échéance il recevra le montant de l’emprunt (le prix de
l’obligation).

On peut donner l’exemple d’un souscripteur qui a acheté une obligation


à un prix de 10 000 dhs, à un taux de 10% qui va être remboursée sur une
période de 10 ans. Ce qui veut dire qu’il va recevoir (1000×0.1)= 1000 dhs par
an, qui représente les intérêts et à la fin de l’échéance (10 ans) il va recevoir le
(10 000 dhs).

Généralement, les souscripteurs et les émetteurs des obligations courent


deux types de risque. Mais avant de voir quels sont ces risques, essayons de
voir qui est les souscripteurs et les émetteurs ?

Les souscripteurs sont ceux qui vont acheter des obligations, c’est donc
des prêteurs. Alors que les émetteurs sont ceux qui vont émettre des
obligations, c’est-à-dire qui vont les vendre pour emprunter. C’est donc des
emprunteurs.

Maintenant revenons à cette question de risques ?

D’abord, le risque de variation des prix. Ainsi, le souscripteur d’une


obligation (le prêteur) court le risque d’une hausse des prix, une baisse du
pouvoir d’achat, qui peut affecter négativement les intérêts qu’il va recevoir
annuellement et le montant de l’emprunt remboursé à la fin. Alors que

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l’émetteur court le risque inverse de baisse des prix.

Ensuite, le risque de variation du taux d’intérêt. Ainsi, le souscripteur


court le risque d’augmentation du taux d’intérêt. Bien sûr ici le taux d’intérêt
pour les nouvelles obligations. Si le taux d’intérêt augmente, le souscripteur
est perdant par ce que par exemple il avait prêté à un taux de 10% qui va lui
rapporter 1000 dhs, alors que maintenant le taux est de 12 %, il aurait dû lui
rapporter 1200. Alors que l’émetteur court le risque d’une baisse du taux
d’intérêt.

Donc le souscripteur court un risque d’augmentation des prix et des taux


d’intérêt. Et l’émetteur court le risque inverse de la baisse des prix et des taux
d’intérêt.

2. Le Marché secondaire (la bourse des valeurs mobilières)


Le marché secondaire du marché financier est le marché dans lequel on
va acheter et vendre les titres qui ont déjà été émis dans le cadre du marché
primaire.

Il y a un marché secondaire pour les obligations et un marché secondaire


pour les actions. Généralement, c’est la bourse des valeurs que l’on qualifie
comme le marché secondaire.

Avant de présenter la bourse des valeurs, on va voir les avantages liés au


financement par la bourse qui peuvent aussi être considérés comme des
avantages du financement par le marché financier.

2.1 Les avantages liés au financement par la bourse

Le premier avantage est lié au fait que la bourse est un circuit de


financement non inflationniste car les fonds placés dans le cadre de la bourse
ou du marché financier sont issus d’une épargne existante. Contrairement au
financement par les intermédiaires financiers qui va donner lieu à l’octroi de

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crédit par les banques qui est la principale source de création monétaire donc
elle comporte un risque inflationniste. Ainsi, lorsqu’un agent à capacité de
financement acheté un titre financier à un agent à besoin de financement dans
le cadre du marché financier. Il n y a pas de risque d’inflation sauf dans un
seul cas, lorsque c’est une banque commerciale qui achète ce titre financier.

Le deuxième avantage lié au financement par la bourse et le marché


financier c’est qu’il permet une meilleure mobilisation de l’épargne. Ainsi, la
bourse et le marché financier en général peuvent permettre une meilleure
rencontre entre des sociétés en recherche de moyens financiers nécessaires à
leur développement et des détenteurs de fonds, des investisseurs, qui cherchent
à les placer dans des conditions avantageuses.

Le marché financier et le marché boursier permettent ainsi de déplacer


l’épargne de long terme vers l’investissement de long terme, et ils permettent
aussi à un détenteur d’un titre de le transformer en argent liquide ou en un
autre titre en le vendant. Cet avantage est lié à la fonction du marché financier
et du marché boursier de financer l’économie, de financier la croissance
économique, de financer le développement. Car, les entreprises qui ont besoin
de fond pour investir peuvent lever des fonds dans le cadre du marché boursier
et dans le marché financier de manière générale.

De ce fait on peut dire que la dynamique du marché boursier et du


marché financier en matière d’attraction de l’épargne, des capitaux qui vont se
transformer en un investissement est un signe de dynamique économique.

Le troisième avantage du marché boursier est qu’il permet une meilleure


diffusion du capital des entreprises. Les introductions en bourse et les
émissions d’actions nouvelles sont à l’origine de la diffusion du capital des
entreprises. Lorsqu’une entreprise s’introduit en bourse, elle va mettre une
partie de son capital à la disposition du grand public. Et toute augmentation du
capital va accentuer cette diffusion. Là on peut dire un point important,

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contrairement au marché monétaire qui est limité en matière de diffusion au
grand public puisque le prix des titres est élevé 100 000 dhs, le marché boursier
et financier de manière générale est ouvert au grand public et en ce sens, il
peut être considéré comme étant plus démocratique.

Le quatrième avantage lié au marché boursier et marché financier c’est


qu’ils permettent la mutation des structures du capital. Qu’est-ce que ça veut
dire la mutation, c’est le changement. La mutation des structures de capital
c’est le changement des structures de capital. Ainsi, la diffusion du capital des
entreprises parmi le public facilite la mutation des structures du capital de ces
entreprises.

Par exemple on peut avoir une entreprise dont la structure du capital est
la suivante : on a 40 % des actions qui appartiennent à un actionnaire A qui est
majoritaire et 10 % qui appartiennent à un actionnaire B, et 50 % qui sont
diffusé parmi le grand public c’est-à-dire qui est détenu par des actionnaires
anonymes. Ainsi, la mutation de la structure du capital de cette entreprise peut
s’effectuer dans le cas où l’actionnaire B qui a seulement 10 % du capital a la
possibilité de devenir l’actionnaire majoritaire. Comment ? En achetant les
50 % des actions diffusé parmi le public. S’il parvient à les acheter il devient
majoritaire. C’est la diffusion des actions au sein du marché boursier dans
certains cas on peut avoir un investisseur ou une entreprise qui ne possède pas
d’actions au sein de l’entreprise mais qui souhaite devenir actionnaire
majoritaire.

En effet, certaines entreprises peuvent avoir la possibilité, si elles le


souhaitent, de prendre le contrôle d’autres entreprises par le biais d’opérations
telles les OPA, une offre public d’achat, c’est lorsqu’une entreprise veut
prendre le contrôle d’une autre entreprise, ça peut être une entreprise
concurrente, il va faire une offre d’acheter la majorité des actions à un prix
supérieur au prix du marché pour attirer la majorité des actionnaires.

Prof : F.HAMDI 19
Le cinquième avantage du marché boursier est qu’il permet une
valorisation des actifs financiers. La bourse évalue quotidiennement le cours
des actions en fonction de la situation comptable et financière des entreprises
émettrices, mais aussi des anticipations par rapport à leurs performances et
leurs perspectives de développement.

En fait, le cours d’une action qui est le prix actuel ou bien le prix du jour.
Il résulte de l’offre et de la demande par rapport à cette action, mais qu’est ce
qui explique l’offre et la demande, c’est la situation comptable et financière
de l’entreprise et c’est la performance actuelle, et ce sont aussi les anticipations
sur les performances futures.

Ainsi, le cours des actions traduit le degré de confiance des investisseurs


dans la santé des entreprises. C’est un baromètre qui témoigne de la confiance
des investisseurs dans l’avenir des entreprises et de l’économie dans son
ensemble. Si les investisseurs n’ont pas confiance dans le marché boursier, et
dans son avenir qu’est ce qu’ils vont faire ? Ils vont essayer de se débarrasser
de leurs actions ce qui va provoquer une chute de leurs cours. Et parfois si la
chute est grave, elle peut provoquer une crise comme celle de 1929.

2.2 Les intervenants sur le marché boursier

Au Maroc, il existe une seule bourse, celle de Casablanca qui a été créée
en 1929 sous le protectorat lorsqu’elle avait la forme d’un office de cotation,
après elle va subir plusieurs réformes notamment durant les années 40 et les
années 60 mais la réforme la plus importante est celle des années 90 en 1993
et 1995.

La bourse des valeurs est le marché secondaire des actions, c’est-à-dire


que c’est dans le cadre de ce marché que les actions qui ont déjà été émises
dans le cadre du marché primaire vont être vendues et achetés. Le plus
important pour une bourse c’est qu’elle constitue un baromètre sur la situation

Prof : F.HAMDI 20
des entreprises cotées et sur la situation de l’économie en général. Ainsi,
l’évolution des cours de chaque action est déterminée par la confrontation
entre l’offre et la demande. Ce qui peut refléter la situation de l’entreprise. Et
si on réunit plusieurs cours de plusieurs actions, ça peut constituer un indice
et l’indice reflète la situation de plusieurs entreprises, et la situation de
l’économie, puisque les entreprises qui sont cotées (cotées en bourse veut dire
qu’elles ont leurs actions qui se vendent et qui s’achètent en bourse) en bourse
sont les entreprises les plus importantes.

Maintenant quels sont les principaux intervenants dans la


bourse des valeurs de Casablanca ?

2.2.1 L’autorité marocaine du marché des capitaux

D’abord il y a l’autorité marocaine du marché des capitaux qui a été


instaurée en 2013 et qui a remplacé le CDVM (le conseil déontologique en
valeurs mobilières) en tant que régulateur des marchés des capitaux, y compris
la bourse des valeurs.

Quelle est la différence avec le CDVM ?

En fait, l’autorité marocaine des marchés de capitaux est le régulateur de


l’ensemble des marchés des capitaux alors que le CDVM s’occupait
uniquement de la bourse. C’est le gendarme de la bourse qui observe et
contrôle l’ensemble des opérations qui s’effectuent sur le marché boursier.

Maintenant en quoi consiste sa mission ?

 S’assurer de la protection d’épargne investie en instruments financiers.


C’est une mission très importante, car la protection de l’épargne vise à
assurer les épargnants pour les attirer à placer leurs capitaux au niveau du
marché boursier.
 Veiller à l’égalité de traitement des épargnants, à la transparence et à
l’intégrité du marché des capitaux et à l’information des investisseurs.

Prof : F.HAMDI 21
C’est une autre mission fondamentale celle de la transparence de
l’information et de l’égalité de traitement, c’est-à-dire qu’il est
important que tout le monde puisse avoir accès aux mêmes informations
qui concernent les entreprises et il ne faut pas que quelqu’un profite
d’information qu’il a eu avant les autres dans le cadre de son travail pour
les utiliser dans un investissement boursier, ça s’appelle un «délit
d’initié».
 S’assurer du bon fonctionnement du marché des capitaux et veiller à
l’application des dispositions législatives et réglementaires.
 Assurer le contrôle de l’activité des différents organismes et personnes
soumis à son contrôle.
 Assurer le respect de la législation et de la réglementation en vigueur
relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux, par les personnes et
les organismes placés sous son contrôle. La lutte contre le blanchiment
c’est très important, ça évite que l’argent sale de la criminalité soit placé
en bourse.
 Contribuer à la promotion de l’éducation financière des épargnants. Cette
mission rentre aussi dans le cadre de la protection de l’épargne parce qu’en
éduquant les épargnants sur le plan financier, cela va leur permettre
d’éviter de faire des erreurs de placements.
 Assister le gouvernement en matière de réglementation du marché des
capitaux.
2.2.2 La société de bourse des valeurs de Casablanca

C’est la société gestionnaire de la bourse des valeurs de Casablanca. Il


s’agit d’une société anonyme privé. Son capital de départ a été de 10 millions
de dirhams détenu à parts égales entre les sociétés de bourse qui la composent.

La mission de la société de bourse consiste en plus de la gestion de la


bourse, à prononcer l’introduction des valeurs mobilières à la côte et à veiller

Prof : F.HAMDI 22
à la régularité des opérations boursières effectuées par les sociétés de bourse.

Elle est tenue également d’informer le l’autorité marocaine du marché


des capitaux de toute infraction qu’il aura relevée dans le cadre de sa mission.
Et enfin suspendre la cotation d’une ou de plusieurs valeurs mobilières lorsque
celles-ci connaissent des variations très importantes à la hausse ou à la baisse
durant une même séance qui dépasse un seuil déterminé.

2.2.3 Les sociétés de bourse

En raison de la technicité et de la complexité du marché boursier, des


intermédiaires spécialisés ont été chargés du bon déroulement des
transactions. Elles ont le monopole de l’exécution des ordres d’achat et de
vente concernant les valeurs cotées en bourse, elles vont ainsi exécuter les
ordres d’achat et de vente et elles peuvent aussi conseiller les épargnants au
niveau de leurs opérations en bourse. Généralement, ces sociétés
appartiennent à des banques. Les missions des sociétés de bourse sont les
suivantes :

 La négociation des ordres d’achat et de vente sur le marché boursier.


Donc ils vont recevoir les ordres d’achat et de vente et ils vont les
exécuter. Ce qui veut dire qu’aucun agent ne peut passer l’ordre
directement à la bourse mais il doit passer par les sociétés de bourse.
 La collecte des ordres directement de la clientèle ou par le biais
d’établissements bancaires.
 La conservation des titres.
 Le conseil en opérations boursières. Bien sûr leur mission principale c’est
l’exécution des ordres, mais parfois ils peuvent conseiller leur clientèle
sur les modalités de placements.
 la gestion du patrimoine y compris le sien. Ce qui veut dire que les
épargnants peuvent confier aux sociétés de bourse leurs capitaux pour les
gérer (les placers en bourse).

Prof : F.HAMDI 23
2.2.4 Les OPCVM

Les Organismes de placements collectifs en valeurs mobilières sont des


organismes dont la mission consiste à collecter de l’épargne auprès du public
et effectuer des placements collectifs. Les OPCVM constituent des
portefeuilles de valeurs mobilières et les mettent à la disposition des
épargnants qui sont ainsi mieux protégés contre le risque.

Les OPCVM se basent sur une économie d’échelle, une meilleure


évaluation des titres, une meilleure gestion du risque et une parfaite
information. Ils peuvent offrir une panoplie de portefeuilles qui peuvent
répondre à toutes les préférences des épargnants. Donc les OPCVM vont
constituer des portefeuilles composés de plusieurs titres, et ils vont les diviser
en parts et les épargnants vont acheter ces parts d’OPCVM pour placer leurs
capitaux.

Quel est l’intérêt de cette opération ?

Le but est tout simplement d’éviter aux épargnants de faire des erreurs
et de perdre son capital. Là il va acheter une part d’un portefeuille qui a été
constitué par des experts et qui répondent à toutes les préférences des
épargnants. Ainsi, on peut trouver quatre catégories d’OPCVM selon la
composition du portefeuille :

 Les OPCVM actions qui sont constitués d’au moins 60 % en actions. Cet
OPCVM vise les épargnants qui aiment prendre du risque.
 Les OPCVM obligations, qui sont constitués d’au moins de 90% en
obligations. Cet OPCVM vise les épargnants qui aiment la sécurité.
 Les OPCVM monétaires, qui sont constitués essentiellement des titres du
marché monétaire. Généralement, c’est pour les épargnants qui aiment la
liquidité.
 Les OPCVM diversifiés, ils peuvent être constitués librement d’actions,
d’obligations ou de titres du marché monétaire.

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Selon le statut juridique, l’OPCVM peut être soit une SICAV, qui est
une société anonyme ayant pour mission la gestion d’un portefeuille collectif
en valeurs mobilières, ou bien un FCP, un fonds commun de placement, c’est
une copropriété de valeurs mobilières dont la gestion est confiée à un
organisme indépendant.

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LES THEORIES ECONOMIQUES
DE FINANCEMENT DE LA
MONNAIE

Prof : F.HAMDI 26
CHAPITRE 3 : La théorie quantitative de la monnaie

Introduction

La théorie quantitative de la monnaie constitue la première analyse


monétaire de l’Histoire de la pensée économique. Elle a dominé la pensé
économique sur le plan monétaire durant une période qui s’étale sur environ
quatre siècles. Elle regroupe des économistes préclassiques, classiques et
néoclassiques. Ces économistes que l’on désigne généralement sur le plan
monétaire par les termes les classiques ou les quantitativistes. Les plus
important d’entre eux sont les suivants :

LES QUANTITATIVISTES
Jean Bodin John Locke David Hume
(1529-1596), (1632-1704) (1711-1776)
Adam Smith David Ricardo Jean Baptiste Say
(1723-1790) (1772-1823) (1767-1832)
John Stuart Mill Alfred Marshall Irving Fisher
(1806-1873) (1842-1924) (1867-1947)

Ils ont pratiquement tous défendu les mêmes idées sur le plan monétaire,
à savoir :

 Le lien de causalité entre la quantité de monnaie en circulation et le


niveau général des prix ;

 La dichotomie (la séparation) entre la sphère monétaire et la sphère


réelle ;

 La neutralité de la monnaie par rapport à la sphère réelle.

Prof : F.HAMDI 27
SECTION 1 : Le contexte historique de l’émergence de la théorie
quantitative de la monnaie

On peut faire remonter les origines historiques de la théorie quantitative


de la monnaie au XVI e siècle. Ainsi, après la découverte du Nouveau monde,
de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492, deux phénomènes importants
vont se produire. Le premier est l’arrivée massive des métaux précieux (l’or
et l’argent) de l’Amérique vers l’Europe occidentale, le deuxième est
l’augmentation importante des prix dans les pays de l’Europe occidentale.
Ainsi, des quantités considérables de métaux précieux vont arriver, d’abord
en Espagne et au Portuga1, puis en France en Angleterre et aux Pays-Bas.
Parallèlement, ces mêmes pays vont connaitre une flambée des prix (une
augmentation considérable des prix. A titre d’exemple, les prix ont été
multipliés par 4 en Espagne entre 1500 et 1600, alors qu’en Angleterre ils ont
été multipliés par 3,5 entre la fin du XV e siècle et la fin du XVII e siècle.
Cette inflation a pris une ampleur telle que les historiens de l’économie l’ont
qualifié par le terme « la grande révolution des prix », par ce qu’elle avait
bouleversé les structures économiques, politiques et sociales de l’Europe
occidentale de l’époque.

Or, la question que l’on doit poser est la suivante : comment les
économistes de l’époque ont-ils expliqué cette révolution des prix ?

La plupart des économistes de l’époque avait donné une explication à


cette inflation la manipulation des gouvernements de la quantité d’or et
d’argent qui devaient être dans les pièces métalliques de monnaie. La chose
qui donnait lieu à la dépréciation de la valeur des monnaies métalliques et dont
à la diminution de leur pouvoir d’achat et l’augmentation des prix. Or, bien
que cette explication peut sembler valable, mais elle ne constitue pas la vraie

Prof : F.HAMDI 28
explication.

Dans ce contexte, un économiste mercantiliste français, Jean Badin


(1529-1596), avait donné une autre explication à la grande révolution des prix,
c’est l’arrivée massive des métaux précieux de 1’amérique vers l’Europe
occidentale. A ce titre, Bodin pourrait être considéré comme le premier
économiste qui après avoir observé les deux phénomènes. L’arrivée massive
des métaux précieux et la grande révolution des prix a établi un lien de
causalité entre eux. Selon lui, puisque ces deux phénomènes, se sont produits
dans les mêmes pays et durant la même période, il y a de fortes chances que
le second phénomène l’inflation soit expliqué parle premier : l’arrivée massive
des métaux précieux.

Bodin pourrait être considéré alors comme l’économiste qui a donné le


point de départ à la théorie quantitative de la monnaie bien qu’il n’a élaboré
aucune théorie, seule cette observation sur le lien de causalité entre
l’arrivée des métaux précieux et l’augmentation considérable des prix.

Une observation qui va être développée et approfondie par les autres


économistes de la théorie quantitative de la monnaie qui vont lui succéder.

SECTION 2 : Les principes de base de la théorie quantitative de la monnaie

L’ensemble des économistes de la théorie quantitative de la monnaie


défend les trois principes de base fondamentaux suivants :

1. D’abord, la dichotomie, c’est-à-dire la séparation entre la sphère


monétaire (la quantité de monnaie en circulation) et la sphère réelle de
l’économie (la production, la croissance, l’emploi, etc...).

Les classiques considèrent que l’économie est composée de deux parties :


une partie monétaire et une partie réelle. Ces deux parties évoluent d’une
manière indépendante l’une de l’autre. Dans ce cadre, l’économiste classique

Prof : F.HAMDI 29
Jean Baptiste Say avait considéré la monnaie comme « un voile », qu’il suffit
de soulever pour voir la réalité de l’activité économique qui est celle d’un troc,
car pour lui « les produits d’échangent contre les produits ». Par conséquent,
la monnaie est considérée par les classiques comme une variable exogène,
extérieure par rapport à la sphère réelle.

2. Le deuxième principe de base défendu par les classiques est celui de la


neutralité.

Ce qui signifie que la monnaie est neutre par rapport à la sphère réelle. En
ce sens que la monnaie ne peut avoir aucun effet sur 1’activité réelle d’une
économie, la production, la croissance, l’emploi, etc…

Selon les classiques, la monnaie ne peut augmenter la production et la


richesse d’une nation mais elle ne fait que faciliter les échanges au sein de
1’écnonomie. Cette citation de Say peut illustrer parfaitement cette situation
«semblables à de l’huile qui adoucit les mouvements d’une machine
compliqué, les monnaies répandues dans tous les rouages de l’industrie
humaine, facilitent des mouvements qui ne sont plus productifs dès que
l’industrie cesse de les employer ».

Pour les classiques, non seulement la monnaie n’a pas d’effet sur la sphère
réelle, mais elle n’a aucune signification en soi, et elle n’a aucun rôle en
dehors de celui de faciliter les échanges. John Stuart Mill économiste
classique montre ceci par la citation suivante: « il n’est pas dans l’économie
d’une société quelque chose de plus insignifiant en soi que la monnaie, si on
la considère autrement que comme un mécanisme pour faire vite et
commodément ( simplement), ce que l’on pourrait faire moins vite et moins
commodément s’il n’existait pas ».

3. Le troisième principe de base défendu par les économistes quantitativistes


est celui du lien de causalité entre la quantité de monnaie en circulation et

Prof : F.HAMDI 30
le niveau général du prix.

Ainsi, si pour les classiques, la sphère monétaire est séparée de la sphère


réelle de l’économie, et si la monnaie ne peut avoir aucun effet sur l’activité
réelle de 1’économie. Le seul lien qui peut exister entre la sphère monétaire
et la sphère réelle est le niveau général de prix. Par conséquent et selon les
classiques, une augmentation de la quantité de monnaie en circulation ne peut
avoir pour seul effet qu’une augmentation du niveau général des prix.

Or, si la monnaie n’a pas d’effet que sur le niveau général des prix et si
elle n’a pas de rôle que celui de faciliter les échanges, les classiques vont
conclure qu’elle ne pourrait être demandée pour elle­ même. La citation
suivante de l’économiste néoclassique Léon Walras confirme cette idée : « le
besoin que l’on a de monnaie n’est autre chose que le besoin de marchandises
que l’on achètera avec cette monnaie ».

SECTION 3 : L’approfondissement de la théorie quantitative de la monnaie

1. L’équation de Ricardo

Quant à l’’économiste classique David Ricardo, Il va développer ses


premières idées monétaires dans le cadre du fameux débat. Qu’avait connu
l’Angleterre entre les partisans et les adversaires de la couverture totale entre
la monnaie papier et les dépôts en métaux, appelé « The bullionnist
controversy ».

Ricardo va formuler la première équation de la TQM en défendant les


principes de la dichotomie, de la neutralité et du lien de causalité entre la
monnaie et le niveau général des prix :

M
P
T

Avec P : le niveau moyen des prix ;

Prof : F.HAMDI 31
M : la quantité de monnaie en circulation et T le volume des transactions

En partant de l’hypothèse de la dichotomie entre la sphère monétaire M et


la sphère réelle T, M et T évoluent alors de manière indépendante l’une de
l’autre puisque M dépend des mines d’or et d’argent disponibles et T dépend
des facteurs réels comme le volume du travail, la population active, le progrès
technique etc…,

Et puisque selon les classiques M ne peut avoir aucun effet sur T. Ricardo
va conclure que toute augmentation de M a pour seul effet une augmentation
de P, le niveau moyen des prix.

2. L’équation de Fisher

Irving Fisher est un économiste qui a eu un apport fondamental au niveau


de la théorie quantitative de la monnaie. Il a développé ses principales idées
dans son livre : « le pouvoir d’achat de la monnaie », dans lequel il défend les
mêmes idées que les auteurs quantitativistes à savoir la dichotomie, la
neutralité et le lien de causalité entre la monnaie et le niveau général des prix.

Fisher admet comme Locke et Hume un effet positif de la monnaie sur


l’activité réelle, mais qui reste transitoire et limité à court terme, puisque dans
le long terme la monnaie retrouve une neutralité totale.

L’apport principal de Fisher est représenté par son équation dite de Fisher
ou de la théorie quantitative de la monnaie. Il part de la remarque que dans
toute opération d’achat ou de vente il y a une égalité entre la valeur de la
monnaie est celle du bien acheté ou vendu. Or, si on étale l’analyse sur une
année, cela va donner lieu à la même égalité entre la quantité de monnaie
multiplié par sa vitesse de circulation et le volume des transactions multiplié
par le niveau général des prix.

Prof : F.HAMDI 32
La relation prendra alors la forme suivante : M .V  PT
.

Et constatant l’importance prise par la monnaie scripturale, Fisher va


ajouter M’ qui correspond à la quantité de monnaie scripturale en circulation
et V’ qui correspond à la vitesse de circulation de la monnaie scripturale.
L’équation de Fisher prendra la forme suivante :

M .V  M '.V '  PT
.
Ainsi, et en partant de l’hypothèse de la dichotomie entre la sphère
monétaire et la sphère réelle, c’est-à-dire entre M et T, et de la neutralité de
la monnaie par rapport à T, et aussi et surtout de la constance de V, la vitesse
de circulation de la monnaie, qui est considéré par Fisher et tous les classiques
comme une constante, qui ne varie pas dans le court terme car elle dépend de
variables structurelles qui ne changent que dans le long terme (comme les
habitudes de paiement et l’évolution des moyens de transport). Fisher va
conclure alors, que toute augmentation ou diminution de M, ne peut avoir
d’effet que sur P, le niveau général des prix.

Nous pouvons remarquer alors que Fisher a certainement approfondi la


théorie quantitative de la monnaie en élaborant une nouvelle équation, mais
en même temps il a défendu les mêmes idées que tous les économistes de la
TQM, à savoir la dichotomie entre la sphère monétaire et la sphère réelle, la
neutralité de la monnaie par rapport à la sphère réelle, et avec le seul effet
possible de la quantité de monnaie en circulation sur le niveau général des
prix. C’est comme du beurre que l’on étend sur du pain, si on garde le même
morceau du pain et on met plus du beurre on ne va faire qu’augmenter
l’épaisseur du beurre alors que si on met moins de beurre, et on garde le même
morceau du pain, la couche du beurre va être plus mince.

Le beurre représente la quantité de monnaie en circulation. Le morceau de

Prof : F.HAMDI 33
pain, le volume des transactions, et la couche du beurre représente le niveau
général des prix.

La citation suivante de Fisher illustre parfaitement cette idée : un volume


de monnaie supérieur achetant le même volume de marchandises, il faut que
les prix montent. C’est exactement comme du beurre que l’on étend sur du
pain. Si l’on met plus de beurre il faut que la couche soit plus épaisse... Si on
dispose de moins de beurre, la couche va être plus mince

A partir de cette analyse Fisher va mettre en garde les gouvernements


contre les effets néfastes de l’inflation en leur proposant un contrôle strict de
l’évolution de la masse monétaire.

3. L’équation de Marshall

L’économiste néoclassique Alfred Marshall est le dernier auteur à avoir

approfondi les idées de la théorie quantitative de la monnaie en participant à


l’élaboration, d’une nouvelle équation qu’on appelle généralement l’équation
de Marshall ou l’équation de Cambridge.

La nouveauté de l’apport de Marshall est que pour la première fois, il va


prendre en considération l’idée, qui va être développée par Keynes. Que la
monnaie pourrait être voulue pour elle-même. Ainsi, dans son équation il va
utiliser le revenu national Y au lieu de T le volume des transactions, il va aussi
introduire un coefficient K qui correspond à la proportion du revenu national
que les agents économiques préfèrent garder sous forme monétaire.

Et l’équation de Marshall ou de Cambridge prendra la forme suivante :

M  P.K.Y

Ainsi, en partant toujours de l’hypothèse de la dichotomie entre la sphère


monétaire et la sphère réelle, c’est-à-dire entre M et V, et la neutralité de la

Prof : F.HAMDI 34
monnaie par rapport à la sphère réelle, ce qui veut dire que M ne peut avoir
aucun effet sur Y, et en partant de l’hypothèse que le coefficient K est une
constante qui ne varie pas dans le court terme, on peut déduire que toute
variation de M, ne peut avoir d’effet que sur P le niveau général des prix.

Avec l’équation de Marshall, la théorie quantitative de la monnaie arrive


à son terme après domination sur la pensée économique qui a duré pendant
environ quatre siècles. Ainsi, cette théorie commence à s’affaiblir à la fois sur
le plan théorique mais aussi sur le plan des faits empiriques.

Sur le plan théorique, elle va être critiquée sur l’une des principales
hypothèses de 1’équation de Fisher à savoir la constance, de la vitesse de
circulation de la monnaie, qui selon les adversaires de la théorie quantitative
de la monnaie varie sur le court terme contrairement à ce que pensent les
classiques. Alors que sur le plan des faits empiriques, et après la première
guerre mondiale des flux monétaires importants vont circuler entre les nations
sans que cela ne donne lieu à une augmentation ou une diminution du niveau
général des prix. Ce qui contredit totalement les conclusions de la TQM. Ce
sont ces critiques théoriques et empiriques qui vont affaiblir la TQM et qui
vont ainsi ouvrir la voie à l’avènement de la théorie keynésienne.

Prof : F.HAMDI 35
CHAPITRE 4 : L’analyse monétaire de Keynes

Introduction

De manière générale, l’analyse monétaire de Keynes est venue par


opposition à l’analyse des classiques et des néoclassiques et de la théorie
quantitative de la monnaie. C’est à l’occasion de la crise de 1929 que la pensée
de Keynes va prendre toute son importance. Dans ce cadre, il va s’opposer aux
idées des classiques notamment Smith et Say, sur une économie qui serait
toujours en équilibre, sans crises et sans intervention de l’Etat car l’offre crée
toujours sa propre demande.

Pour Keynes, la crise de 1929 montre le contraire des idées des classiques.
Autrement dit, l’économie peut passer des phases de déséquilibre (équilibre de
sous-emploi), ce qui nécessite une intervention de l’Etat et également qu’il ne
suffit pas que les producteurs produisent pour faire marcher la machine
économique, mais la demande est importante pour relancer l’activité
économique.

Sur le plan monétaire, Keynes s’oppose également à toute l’analyse des


classiques. Ainsi, son analyse va constituer une révolution par rapport à toute la
théorie quantitative de la monnaie.

 D’abord, il va proposer une approche intégrationniste de la monnaie (par


opposition à l’analyse dichotomique des classiques),

 Puis il va proposer l’idée que la monnaie pourrait être voulue pour elle-
même (la préférence absolue pour la liquidité),

 Enfin il y a l’idée que la liaison entre la sphère monétaire et la sphère réelle


peut s’effectuer par le biais du taux d’intérêt.

De ce fait, nous allons voir d’abord les principes de base de l’analyse de


Keynes, puis la demande de monnaie chez Keynes, et enfin la théorie
keynésienne du taux d’intérêt.

Prof : F.HAMDI 36
SECTION 1 : Les principes de base de l’analyse monétaire de Keynes

La première des choses que l’on peut dire concernant l’analyse monétaire
de Keynes, c’est qu’elle constitue une révolution par rapport à la théorie
quantitative de la monnaie, à l’analyse des classiques. Une révolution c’est
quelque chose qui bouleverse les structures. Dans le cas d’une théorie, cela
signifie que Keynes va utiliser une approche totalement opposée à l’approche
utilisée par la théorie quantitative, c’est-à-dire l’approche dichotomique. En fait,
c’est par rejet de l’approche dichotomique de la théorie quantitative de la
monnaie, que nait l’analyse monétaire de Keynes. Dans ce cadre, Keynes va
proposer une nouvelle approche qu’on va qualifier d’une approche
intégrationniste. Concrètement, il refuse catégoriquement l’approche
dichotomique et l’idée des classiques d’une monnaie voile totalement séparée de
l’activité réelle.

Que va proposer Keynes alors ?

Il va proposer une approche qui au lieu de séparer la sphère réelle de la


sphère monétaire va intégrer la monnaie dans la sphère réelle de l’économie.
Autrement dit, il va défendre l’idée d’une monnaie totalement intégrée dans la
sphère réelle de l’économie. Donc selon Keynes, les deux sphères monétaire et
réelle sont mélangées l’une dans l’autre pour former une économie. Donc la
monnaie n’est plus cette chose insignifiante que l’on peut séparer de l’économie
et l’étudier sans que cela ne pose un problème comme le pensent les classiques.

Selon Keynes, une économie ne pourrait être analysée dans sa globalité sans
prendre en considération l’aspect monétaire. Alors, la sphère monétaire et la
sphère réelle ne sont pas séparées, mais elles sont totalement mélangées l’une
dans l’autre. C’est pour cela que Keynes va être pour une économie monétaire
de production. Une expression qui comporte aussi bien la sphère monétaire et la
sphère réelle.

Par conséquent pour Keynes les deux sphères réelle et monétaire sont

Prof : F.HAMDI 37
importantes pour l’économie, alors que pour les classiques seuls la sphère
monétaire est importante.

D’un autre côté, si les classiques avaient une vision qui considère la
monnaie comme étant neutre et passive par rapport à l’activité réelle de
l’économie, l’approche intégrationniste de Keynes va le pousser à proposer une
vision de la monnaie active qui agit positivement sur la sphère réelle.

Donc, pour Keynes, non seulement la monnaie a un rôle mais elle a un rôle
positif au sein de l’économie. Par conséquent, les gouvernements peuvent agir
sur la sphère monétaire (augmenter la quantité de monnaie en circulation par
exemple) pour espérer avoir des résultats positifs sur la sphère réelle de
l’économie. Par exemple sur l’investissement, la croissance, l’emploi. Etc. C’est
pour cela que Keynes ne va pas comparer la monnaie à de l’huile qui facilite les
mouvements compliqués d’une machine comme les classiques, mais il va utiliser
l’image du carburant que l’on met dans le moteur d’une machine pour la faire
démarrer. Or, la différence entre l’huile et le carburant est que sans l’huile la
machine peut fonctionner mais ces mouvements sont lents, mais sans le carburant
la machine est en arrêt.

D’un autre côté, Keynes va aussi élaborer la notion novatrice de la


préférence pour la liquidité qui signifie que la monnaie pourrait être voulue pour
elle-même en plus des biens qu’elle permet d’acquérir. Alors que pour les
classiques la monnaie ne pourrait être voulue pour elle-même. Rappelez-vous ce
qu’on avait dit concernant les classiques, le besoin que l’on a de monnaie n’est
autre que le besoin de marchandise que l’on achètera avec cette monnaie.

Donc pour les classiques si j’ai besoin de 10 dhs, c’est que je veux acquérir
un bien comme le marqueur. Alors que pour Keynes, je peux avoir 10 dhs pour
elle-même, pour la garder, par ce que je préfère avoir la liquidité.

Pourquoi donc les agents économiques vont-ils préférer avoir la


liquidité ?

Prof : F.HAMDI 38
Selon Keynes, la monnaie peut être comme un refuge qui offre la protection
et la sécurité pour les agents économique.

Dans quelle situation les agents économiques vont avoir besoin de la


protection et de la sécurité ?

Les agents économiques vont avoir besoin de la protection et de la sécurité


dans les moments des crises et des perturbations économiques. En effet dans les
moments de crises, les agents économiques vont avoir peur de l’avenir. Dans ces
conditions les agents ne vont plus avoir confiance dans l’économie, et ils vont se
réfugier dans la détention de la monnaie, autrement dit : ils vont thésauriser. Car,
la détention de la monnaie va apaiser l’inquiétude et la peur des agents
économiques. C’est la notion de la préférence pour la liquidité.

SECTION 2 : La demande de monnaie

Nous allons essayer de voir la demande de monnaie chez Keynes. C’est-à-


dire, les motifs de demande de monnaie, ou bien encore les raisons qui poussent
les agents économiques à détenir la monnaie ?

Pour Keynes, il y a trois motifs de demande de la monnaie :

 Le motif de transaction ;

 Le motif de précaution ;

 Le motif de spéculation.

Alors que pour les économistes de la théorie quantitative de la monnaie, il


y a un seul motif de demande de la monnaie qui est le motif de transaction.

Il faut préciser également que dans certains ouvrages le terme encaisse


monétaire, ce terme signifie la demande de monnaie. Si on trouve le terme
encaisse monétaire de transaction il signifie la monnaie demandée pour motif de
transaction.

Prof : F.HAMDI 39
A. Le motif de transaction

Il correspond à la fonction de monnaie en tant qu’intermédiaire des


échanges. C’est le motif qui réunit les classiques et Keynes. Il s’agit de la
monnaie nécessaire aux agents économiques pour effectuer leurs transactions
courantes, leurs dépenses, leurs achats. Autrement dit, c’est la monnaie qu’on
demande pour acquérir les biens qu’on désire. Keynes le définit comme le besoin
de monnaie pour les besoins personnels et professionnels.

Keynes va ainsi diviser le motif de transaction en un motif revenu et un


motif professionnel.

Le motif revenu concerne les ménages, il s’agit de la monnaie demandée


pour la réalisation des opérations de dépense courantes. Cette monnaie sert donc
à combler l’intervalle de temps qui sépare l’encaissement du décaissement du
revenu. On peut donner l’exemple suivant un agent économique qui a un revenu
de 700 dhs par semaine, ainsi si il dépense 100 dhs par jour, chaque jour il va
demander 100 dhs pour la dépenser jusqu’à l’épuisement total du revenu.

Le motif professionnel, il concerne les entreprises, c’est la monnaie


demandée par les entreprises pour la réalisation des dépenses. Il s’agit de la
monnaie demandée par une entreprise pour combler l’intervalle de temps qui
sépare le moment où une entreprise engage des dépenses et le moment où il va
récolter des recettes.

Keynes va appeler la monnaie demandée pour motif de transaction la


monnaie active. Par ce qu’il s’agit d’une monnaie qui va être dépensée, qui va
constituer une demande vis-à-vis des produits offerts par les entreprises, elle peut
donc relancer l’activité économique. C’est pour cette raison que Keynes la
qualifie de monnaie active.

Nous pouvons constater que dans les deux cas, ce motif dépend du facteur
revenu, lorsque le revenu va augmenter, la monnaie demandée pour motif de

Prof : F.HAMDI 40
transaction va augmenter, il s’agit donc d’une fonction croissante du revenu. Ici
on parle du revenu national et de la demande de monnaie de tous les agents
économiques, par ce que Keynes analyse dans un cadre macroéconomique.

B. Le motif de précaution

Pour Keynes, l’avenir des agents économiques est entouré d’incertitude.


C’est en ce sens qu’ils ressentent un besoin de sécurité. À travers le motif de
précaution, la monnaie peut répondre à ce besoin en permettant aux agents
économiques de se protéger contre l’imprévu et l’incertain. Plus exactement, les
agents vont détenir de la monnaie pour se protéger contre certains événements
qui vont se produire dans l’avenir, comme un licenciement, une hausse des prix,
une baisse des salaires, etc.

D’un autre côté, la monnaie détenue par les agents économiques pour le
motif de précaution leur permet de laisser des opportunités d’achat dans le
présent pour saisir d’autres opportunités dans le futur à des prix meilleurs.

Comme le motif de transaction, ce motif dépend du revenu, c’est une


fonction croissante du revenu, ainsi lorsque leur revenu augmente les agents
économiques vont augmenter leur monnaie demandée pour motif de précaution.

M1=f (Y)

M1 (M1)

Prof : F.HAMDI 41
Donc la monnaie demandée pour motif de précaution est une fonction
croissante du revenu comme la monnaie demandée pour motif de transaction.

Selon Keynes, et contrairement à la monnaie demandée pour motif de


transaction, la monnaie demandée pour motif de précaution peut être considérée
comme une monnaie oisive. Le terme oisif ou oisive signifie que c’est une
monnaie qui ne sert à rien contrairement à la monnaie demandée pour motif de
transaction qui est active.

C. le motif de spéculation

Ce troisième motif constitue l’un des aspects les plus originaux de l’analyse
monétaire de Keynes. C’est un aspect nouveau qui n’a jamais été traité avant lui.

Comment il le définit alors ?

Il le définit comme le fait de profiter d’une connaissance meilleure que celle


du marché de ce que réserve l’avenir. C’est à dire que pour spéculer (en arabe,
‫ )المضاربة‬on doit avoir des informations que la concurrence n’a pas pour pouvoir
en profiter.

De manière générale, la spéculation est le fait d’acheter des actifs lorsque


leur prix est jugé bas, et parier sur le fait que ce prix va augmenter pour les vendre
et réaliser ainsi une plus-value,

Il pourrait s’agir d’actifs physiques, comme dans les cas des gens qui vont
spéculer dans les matières premières ou les biens de consommation, mais le cas
le plus fréquent de la spéculation on le trouve dans le secteur immobilier ce qui
participe à créer une bulle spéculative (une augmentation des prix qui ne
correspond pas à la réalité du marché), une bulle qui risque de s’exploser comme
c’était le cas aux États Unis avant la crise de 2007.

Pour Keynes, la monnaie pourrait donc être détenue pour motif de


spéculation, c’est-à-dire que les agents économiques vont demander la monnaie
pour faire des opérations de spéculation.

Prof : F.HAMDI 42
Comment se produit la demande de monnaie pour motif de spéculation pour
Keynes ?

En fait, la détention de monnaie pour motif de spéculation s’effectue dans


le cadre d’un arbitrage (un choix) entre la détention de la monnaie et l’achat d’un
type spécifique d’actifs, les obligations (c’est un actif financier qui représente un
titre de créance).

Comment s’effectue donc cet arbitrage ?

En fait, les agents économiques ont le choix entre deux possibilités :

 La première est celle d’acheter des obligations, autrement dit,


spéculer maintenant en achetant des obligations.

 La deuxième possibilité est celle de détenir de la monnaie pour motif


de spéculation, ce qui signifie ne pas spéculer maintenant et attendre
des opportunités de spéculation meilleures dans le futur.

Ce qui veut dire que : Acheter des obligations ou spéculer maintenant.

Détenir de la monnaie pour motif de spéculation signifie ne pas spéculer et


attendre des opportunités de spéculation meilleures dans le futur.

Faites attention lorsque je dis détenir de la monnaie pour motif de


spéculation cela veut dire qu’on va détenir la monnaie et ne pas spéculer, la
spéculation va s’effectuer dans le futur, par ce que les opportunités de spéculation
ne sont pas intéressantes. Et lorsque j’achète des obligations cela veut dire que je
vais spéculer maintenant, c’est-à-dire que je juge que les opportunités de
spéculation sont intéressantes maintenant.

Qu’est ce qui permet alors aux agents économiques d’effectuer cet arbitrage
entre la détention de la monnaie et l’achat des obligations ?

En fait, les agents économiques vont observer l’évolution du taux d’intérêt,


plus précisément le taux d’intérêt sur le marché des obligations. Et c’est ce

Prof : F.HAMDI 43
dernier qui va leur permettre de choisir entre la détention de la monnaie et l’achat
des obligations.

Comment le taux d’intérêt permet aux agents économiques de faire cet


arbitrage ?

D’abord, il y a une relation inverse entre le cours des obligations (le prix
actuel des obligations) et le taux d’intérêt.

Qu’est ce qui explique cette relation inverse ?

L’explication est la suivante : lorsque le taux d’intérêt sur le marché des


obligations augmente, les détenteurs des anciennes obligations aux taux
d’intérêts plus bas vont vouloir les vendre pour profiter des nouveaux taux
d’intérêt rapportant plus de rendement. Le résultat est que cette situation va
donner lieu à une augmentation de l’offre ce qui va faire baisser le cours des
obligations.

Exemple :

Un agent économique achète une obligation avec un prix de 10 000 dhs pour
10 ans, au taux d’intérêt de 10%, ce qui veut dire que montant qu’il va recevoir
est 1000 dhs par an. Or, après 3 mois il y a d’autres obligations qui ont été émises
au même prix c’est-à-dire 10 000 dhs pour 10 ans et un taux d’intérêt supérieur
12 %, c’est-à-dire que celui qui va les acheter maintenant va gagner 1200 dhs par
an. Le résultat est que les détenteurs des anciennes obligations à 10 % vont
vouloir s’en débarrasser et acheter ces nouvelles à 12 %, donc l’offre de
l’ancienne obligation va augmenter et leur prix va baisser. C’est ce qui explique
pourquoi lorsque le taux d’intérêt augmente le prix des obligations baisse.

L’observation de l’évolution du taux d’intérêt va permettre aux agents


économiques de choisir entre la détention de la monnaie pour motif de
spéculation et l’achat des obligations. Ainsi, si le taux d’intérêt atteint son niveau
le plus élevé. Dans cette situation le cours des obligations va atteindre son niveau

Prof : F.HAMDI 44
le plus bas, ce qui veut dire que cette situation présente les meilleures
opportunités de spéculation en achetant des obligations, donc si tous les agents
économiques sont incités à acheter des obligations, ils ne vont pas détenir de la
monnaie pour motif de spéculation. Donc, si le taux d’intérêt atteint son niveau
le plus élevé, la monnaie demandée pour motif de spéculation va être nulle, égale
à 0.

D’un autre côté, si le taux d’intérêt atteint son niveau le plus bas (proche de
zéro), cela veut dire que le cours des obligations va atteindre son niveau le plus
élevé. Dans cette situation, le cours des obligations ne peut plus augmenter, il ne
peut que baisser, ce qui va rendre les opportunités de spéculation inexistantes
pour les agents économiques, ces derniers vont préférer détenir de la monnaie
pour motif de spéculation et attendre des opportunités meilleures de spéculation
dans le futur.

Récapitulons, si le taux d’intérêt est à son niveau le plus élevé, la demande


de monnaie pour motif de spéculation est nulle, et si le taux d’intérêt est à son
niveau le plus bas (proche de zéro), la demande de monnaie pour motif de
spéculation est à son niveau le plus élevé, par ce que les opportunités de
spéculation sont inexistantes.

Dans ce cas, lorsque le taux d’intérêt est tellement bas qu’il s’approche de
zéro, les agents économiques vont avoir une préférence absolue pour la liquidité,
c’est le phénomène décrit par Keynes, par la trappe à liquidité.

M2=f (i)
i1

i0

(M2)

Prof : F.HAMDI 45
La trappe à liquidité est une situation où le taux d’intérêt est très bas, proche
de zéro dans laquelle les agents économiques ont une préférence absolue pour la
liquidité.

Nous pouvons remarquer alors qu’il y a une relation inverse entre le taux
d’intérêt et la demande de monnaie pour motif de spéculation. Ce qui nous pousse
à dire que la demande de monnaie pour motif de spéculation est une fonction
décroissante du taux d’intérêt.

Nous pouvons ajouter aussi que la monnaie demandée pour le motif de


spéculation est une monnaie oisive pour Keynes, c’est-à-dire inactive par rapport
à l’activité économique.

SECTION 3 : La théorie Keynésienne du taux d’intérêt

Nous avons vu que Keynes avait rompu avec l’approche dichotomique des
classiques en optant pour une approche intégrationniste, une approche qui intègre
la monnaie dans la sphère réelle de l’économie. À partir de là, une action sur la
sphère monétaire peut avoir un effet positif sur la sphère réelle.

La question que l’on doit poser est la suivante : comment à travers une
action sur la sphère monétaire on va avoir un impact positif sur la sphère réelle ?

La réponse selon Keynes est qu’en augmentant la quantité de monnaie en


circulation, on peut agir positivement sur l’activité réelle de l’économie. Car
selon Keynes, il y a une liaison entre l’équilibre sur le marché monétaire et
l’équilibre sur le marché réel. En fait, l’équilibre sur le marché monétaire peut
influencer l’équilibre sur le marché réel.

À partir de là, il serait légitime de se demander comment l’équilibre sur le


marché monétaire peut influencer l’équilibre sur le marché réel ?

Tout simplement, comment à partir d’une action sur la monnaie on peut


obtenir des résultats sur la production, l’emploi, l’investissement, la croissance ?

Prof : F.HAMDI 46
En fait l’équilibre sur le marché monétaire est matérialisé par la rencontre
entre l’offre de monnaie et la demande de monnaie.

Il faut dire que l’offre de monnaie est une variable exogène qui dépend
seulement de la volonté des autorités monétaires. C’est-à-dire que si les autorités
monétaires, les banques commerciales, décident d’augmenter la quantité de
monnaie en circulation, elles peuvent le faire, évidement en agissant sur l’un des
instruments de la politique monétaire (les taux d’intérêt, l’open market, la réserve
obligatoire etc.), il faut ajouter qu’aussi bien les classiques que Keynes sont
d’accord, sur le fait que l’offre de monnaie est une variable exogène, extérieure
de l’activité économique et qui dépend seulement de la volonté des autorités
monétaires. Alors que la demande de monnaie dépend de deux facteurs, le facteur
revenu, le facteur taux d’intérêt.

Alors comme on l’a vu, la monnaie pourrait être demandée pour trois motifs,
le motif de transaction, le motif de précaution et le motif de spéculation.

Dans ce cadre, la demande totale, de monnaie se compose de deux


catégories M1 et M2. Ainsi la demande totale de monnaie est égale à la somme
de M1 et M2.

Alors M1 la demande de monnaie pour motif de transaction et de précaution


qui est une fonction croissante du revenu.

M 1  f Y 

Ainsi, lorsque le revenu augmente la demande de monnaie pour motifs de


transaction et de précaution, augmente.

Tandis que M2 la monnaie demandée pour motif de spéculation qui est une
fonction décroissante du taux d’intérêt.

M 2  f i 

Ainsi, si le taux d’intérêt augmente, la demande de monnaie pour motif de

Prof : F.HAMDI 47
spéculation diminue. Ainsi si le taux d’intérêt atteint son niveau le plus élevé, la
demande de monnaie pour motif de spéculation est à son niveau le plus bas qui
est 0. Inversement, si le taux d’intérêt atteint son niveau le plus bas, la demande
de monnaie pour motif de spéculation atteint son niveau le plus élevé.

Maintenant, on peut se demander sur la demande totale, quel est le facteur


ou quels sont les facteurs qui peuvent l’influencer ?

La réponse est la suivante : bien que la demande de monnaie pour motifs de


transaction et de précaution soit une fonction croissante du revenu. Et M2 la
demande de monnaie pour motif de spéculation est une fonction décroissante du
taux d’intérêt.

Qu’est-ce qu’on peut dire sur la demande totale qui est la somme de M1 et
de M2 dépend-t-elle des facteurs du revenu et du taux d’intérêt ?

En fait, M la demande totale dépend seulement du taux d’intérêt et non pas


du revenu et du taux d’intérêt. Pourquoi alors ?

Car le taux d’intérêt varie plus rapidement que le revenu. Par conséquent
seules les variations du taux d’intérêt sont déterminantes pour la fonction de la
demande totale de la monnaie. Dans ce cas, la demande totale va prendre la forme
de la demande de monnaie pour motif de spéculation. Dans ce cadre, la demande
totale de monnaie serait une fonction décroissante du taux d’intérêt.
i

MO

i1

i0

M=M1+M2

Prof : F.HAMDI 48
Quant à l’équilibre sur le marché monétaire, il se matérialise par la rencontre
entre l’offre de monnaie et la demande de monnaie, le taux d’intérêt d’équilibre
se matérialise par le point d’intersection entre les courbes de l’offre de monnaie
et de demande totale de monnaie.

Comment alors le taux d’intérêt peut assurer la liaison avec la sphère réelle ?

Le taux d’intérêt qui résulte de la rencontre entre l’offre de monnaie et la


demande de monnaie peut agir positivement sur l’investissement. Il faut dire que
selon Keynes, il y a une relation inverse entre le taux d’intérêt et l’investissement.

L’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt comme on


peut le voir à travers le graphique suivant :

Qu’est ce qui explique alors cette relation inverse ?

Selon Keynes, avant de prendre la décision d’investir, les entrepreneurs vont


comparer le taux d’intérêt et le taux de rendement de leurs projets, l’efficacité
marginale du capital, donc tant que le taux d’intérêt reste inférieur au taux de
rendement du capital les entrepreneurs vont prendre la décision d’investir, alors
que si le taux d’intérêt est égal ou supérieur par rapport au taux de rendement, ils
ne vont pas prendre la décision d’investir.

Les autorités monétaires peuvent augmenter l’offre de monnaie, la quantité


de monnaie en circulation qui dépend de leur propre volonté. Cette augmentation
de l’offre de monnaie va faire baisser le taux d’intérêt.

De cette manière, Keynes a montré comment une action sur la sphère


monétaire peut agir positivement sur la sphère réelle. Il suffit donc d’injecter une
quantité supplémentaire de monnaie, pour relancer l’activité économique lorsque
l’économie est en ralentissement.

L’image du carburant utilisée par Keynes pour qualifier la monnaie semble


appropriée.

Il faut dire que les politiques monétaires de relance keynésiennes ont connu

Prof : F.HAMDI 49
un succès considérable durant les trente glorieuses. Or, si les politiques
keynésiennes (budgétaires) ont commencé à connaître un affaiblissement dès les
années 70 au profit des politiques libérales.

Toutefois, le plan monétaire, les banques centrales ont continué de recourir


à cet instrument de l’augmentation de l’offre de monnaie notamment dans les
moments de grave crise comme on a pu le voir lors de la crise de 2008 où les
banques centrales ont injecté des quantités importantes de monnaie dans les
secteurs bancaires pour relancer l’activité économique.

BONNE CHANCE

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