A
2.3, L’hypothese de I’« input de compréhension »...... 100
2'3.1. L's input de compréhension » 100
23.2. Un modéle fondé sur la communication
familiale .. Fi 100
2.8.8. La période de silence .. 101
2.4, Lihypothese de « ordre naturel 103
2.5. L’hypothese du « moniteur » .. 104
25.1 Le « moniteur » et ses conditions d'emploi... 105
2:5. Le role de 'apprentissage grammatical .... 105
218.3, Lattitude face & Perreur ersnner-rnnnen HB
3. Observations critiques... seers LOT
1. Un déplacement des priorités pédagogiques ..... 107
3.2. Une conception restrictive du processus
acquisition eee 10S
9.8. Une coupure entre production et acquisition ..... 109
3.4, Une attitude timorée face a la correction erreurs... 110
8.5. Une sépara
mm schématique entre
apprentissage et acquisition 0
3.6. Des contenus d'un intérét limité .. ree
3:7. La pratique en question... seve ALL
4, apport de Stephen D. Krashen sone dB
5. LAPPRENTISSAGE COMMUNAUTAIRE
DES LANGUES... sennennnne TA
1. Le déroulement pratique d'un cours... M6
1.1. Les participants source d'expression 116
1.2. Quelques observations . u7
2, Les fondements de ’Apprentissage
communautaire... = 9
2.1. Une critique de lenseignement traditionnel ...... 119
2.2. Une approche thérapeutique de
2.2.1. Un apprenant fragilisé ...
2, Lienseignant conseiller.
'3, Lienseignant « divinisé » .
‘4, L’enseignant en position de demande
pprentissage 121
fv 12
2.2.
22.
2.2.
Sommaire
2.3. Un apprentissage personnel et social n-ne 124
2.3.1, Une pédagogie qui s’adresse a la
personne dans sa glob: see 1A
2.3.2. Une conception communautaire 125
2.4, La progression wn ; : 126
2.4.1. De limpersonnel au personnel 126
2.4.2' Un modele ontogénétique .....merrnn 127
3. Observations critiques ... 130
4, Les apports de ’Apprentissage
communautaire... 7 132
6. LA PSYCHODRAMATURGIE
LINGUISTIQUE ose anid)
1. Le déroulement d’un cours de PDL. soe 136
1.1. La présentation - ss 136
1.2. La séance de relaxation . - fener 186
1.3. Bxercices d’échauffements et
oxercices intermédiaires ...cc0 sere 1BT
1.4. Exemples diexercices « principaux » rns 188
1.5. La poursuite de l'apprentissage 144
2, Les fondements de la Psychodramaturgie ..... 146
2.1. Les sources de la psychodramaturgie 146
2.1.1. Les sources psychodramatiques. 146
2.1.2, Les sources dramaturgiques M7
2.2. Une conception de la personne humaine 149
2.3, Une conception de l'apprentissage ... 151
2.3.1. Un déplacement des objectifs... 151
2:3. 152
2'3.3. Le processus de comprehension von 156
2'3.4. L’apprentissage des structures w..cnm 157
2.3.5. La rétention et la mémorisation. 158
3. Observations critiques
3.1. Les exigences de formation des
3.2. Les conditions d'application ...
3.3. Les habitudes ’enseignement et d'apprt
ignants
tissage,
4. Les apports de la Psychodramaturgie .......... 162
78 | Sommaire
7. VERS UNE APPROCHE RELATIONNELLE,
1, Le déroulement d'activités relationnelles
2. Les fondements de !’Approche relationnelle...
3. Observations critiques ...
3.1. Les lacunes de 'Approche relationnelle.
3.2. Un danger de dérapage psychologique
4, Les apports de ’'Approche relationnelle
POSTFACE
ANNEXES
Annexe 1
Annexe 2...
Annexe 3
Annexe 4.
BIBLIOGRAPHIE ..
INDEX DES NOTIONS...
164
166
170
173,
173
175
178
181
185
187
194,
196
198
199
207
Avant-propos
Méthodes non conventionnelles, méthodes alternatives,
méthodes marginales, pédagogies différentes, les
qualificatifs ne manquent pas pour désigner les méthodes
qui font lobjet de ce livre. Nous préconiserons ici le terme
approche, qui accorde A ces différentes conceptions de
Vapprentissage des langues un caractere plus ouvert, plus
flexible, moins dogmatique et, moins définitif que le terme
méthode. Ces caractéristiques nous semblent mieux
correspondre a lesprit qui sous-tend I conception de cet
ouvrage.
Depuis environ vingt-cing ans, ces nouvelles approches
se sont multipliées, se développant le plus souvent
parallélement a Yévolution que connaissait Yenseignement
des langues, qui était Iui-méme remis en cause dans le
choix de ses contenus et de ses procédures par les
méthodologues et les praticiens. Cette forte activité est
la preuve des exigences d'une profession a la recherche
de nouvelles voies pour améliorer la situation de
‘enseignement des langues. Elle est peut-étre aussi le
ne de T'nsatisfaction sourde que ressentent certains
enseignants face aux pratiques actuelles ou aux résultats
des méthodes reconnues par les institutions officielles de
formation.
Des approches venues d'ailleurs
Toute nouvelle approche pose la question du
changement a l'intérieur d’un systéme : celui de
Venseignement des langues dans notre cas. Dans un
ouvrage sur le changement dans les insti
les relations humaines, Watzlavick, Weakland et Fisch’,
sidarent qu'il existe deux types de changement ; Tun,
dit changement 1, reste a Vintérieur du systeme en place
quion améliore, qu'on modifie, mais qu’on ne transforme
pas fondamentalement ; autre, qualifié de changement
2, vient de lextérieur et repose sur de nouveaux prémisses,
car il se situe & un niveau supérieur dabservation, dit
niveau méta. Certains problémes ne peuvent étre résolus
qu’a l'aide de changements de type 2. Watzlavick,
y Wawawne Y Wasrece Ya Pen @ vee.10 | Avant-propos
Weakland et Fisch illustrent leur
exemple qui peut étre transposé dan:
langues :
« Il stagit de relier les neuf points de la figure 1 par quatre
lignes droites en gardant toujours le crayon sur le popier L.-]
Presque tous nt ce problime pour la
bremiére fols introduisent une hypothese qui rend la solution
impossible. Us pensent, en effet, que les points forment un
carré et que ia solution doit sinserire dans ce carré,
simposant ainsi une condition que Uénoneé ne comporte
pas.
Nombre de problémes auxquels est confronté
Venseignement des langues relévent peut-étre de
changements de type 2, dont la solution ne peut étre
trouvée qu’en quittant le carré des habitudes de pensée
de cette discipline, alors que, souvent, praticiens et
meéthodologues, faisant appel des procédures ou a des
réflexions issues de la tradition, n’apportent que des
améliorations ponctuelles.
La caractéristique commune a toutes les approches
présentées dans cet ouvrage réside dans le fait qu’elles
sont précisément issues d'autres disciplines. Alors que
nseignement des langues utilisait jusqu’ici les autres
sciences (psychologie, sciences théatrales, sciences du
langage et de la communication...) comme disciplines
appoint, celles-ci deviennent soudain disciplines-sources.
La Méthode silencieuse (Silent Way) prend son origine
dans les mathématiques, la Suggestopédie, la Réaction
physique totale (Total Physical Response) et 'Apprentissage
communautaire (Community Language Learning) dans la
paychologie, l'Approche naturelle (Natural Approach) dans
la psycholinguistique, la Psychodramaturgie linguistique
et l'Approcke relationnelle dans le psychodrame, la
dramatur psychologie sociale, les techni
communication, de management et de cr
sens, elles apportent toutes un regard « ex
Tenseignement des langues. Malgré
du monde pédagogique, certa
conformées aux
2. Watalaviek, P., We
J.ot Fiseh, R., 1981, p. 43.
Avant-propos
en proposant des solutions conformes aux habitudes de
pensée : elles sont restées a l'intérieur du « carré », elles
Présentent alors quelques aspects novateurs ou’ elles
mettent T'accent sur certains aspects de l'enseignement
ou de Yapprentissage insuffisamment pris en considération
jusque-la, D'autres reposent sur un changement de
prémisses, elles bousculent plus fortement les conceptions
mnnelles de 'apprentissage et les fondements des
ratiques dites conventionnelles (voir Postface). Sans
devoir nécessairement adopter ces approches dans leur
globalité, il semble important de les connaitre, car elles
contribuent & enrichir Fenseignement des langues!
Présentation des différentes approches
Nous commencerons par indiquer les sources de cos
approches, car, ainsi que Vexprime Paul Valéry : « En
vérité il n'y a’ pas de théorie qui ne soit un fragment
soigneusement préparé de quelque autobiographie.*» Nous
présenterons ensuite une description de certains moments
qui illustrent leur pratique afin d'en faire saisir
conerétement le fonctionnement. Nous décrirons ensuite
les fondements de ces approches en suivant la présentation
qu'en font leurs créateurs afin de respecter leur conception
originale. Nous proposerons enfin quelques observations
critiques sur le fonctionnement ou les fondements de ces
approches. Ces remarques sont imprégnées d'une
subjectivité certaine, car elles reposent sur notre propre
conception de la pédagogie des langues (voir A ce propos
les chapitres 6 et 7) ; elles sont également influencées par
les expériences que nous avons faites, en participant
& des stages de formation denseignants, ou en les
expérimentant a travers l'apprentissage d'une langue
étrangére.
ensemble de ces approches
ir, R., 1982, Richards, JC. et
de pros
983, Germain,
eu droit Au grande altention, en particulier & travers les
fuvrages de Sophie Moirand (1982) et de Evelyne Bérard (1991),
4. Valéry, P, (1957) : Buores, I, Editions Gallimard, p. 1320,
u12 | Avant-propos
Nous terminerons par un résumé des apports que nous
semble offrir chacune de ces approches : une ouverture
méthodologique ou un élargissement de Ia pratique. Dans
cette derniére section, nous proposons au lecteur de
prendre des libertés’ par rapport a la pensée des
concepteurs, qui ont voulu offrir aux enseignants un
ensemble cohérent et en adéquation avec leur propre
personnalité et leur conception de l'enseignement (voir
Postface). Ce sera a chaque enseignant de veiller a
retrouver sa propre cohérence pédagogique en tentant
dintroduire certaines des procédures présentées ou
en révisant ses conceptions sur Venseignement et
Yapprentissage,
Critéres de choix
Nous avons concentré notre choix sur sept approches,
qui nous semblent constituer, chacune a sa maniére, un
ensemble pédagogique. Nous avons choisi de décrire tout
dabord quatre approches qui sont centrées sur l'apprenant,
et les contenus de l'apprentissage (chapitres 1 a 4), puis
trois approches qui présentent un certain nombre
d'affinités entre elles (chapitres 5 a 7), et qui sont plutat
orientées vers le participant et son développement
personnel’. Nous avons écarté de cette présentation des
schniques qui ont en fait une fonction de soutien dans
nseignement des langues, telles que Pemploi du théatre,
Vutilisation de techniques issues du yoga* ou de
Programmation neurolinguistique’, ainsi que certaines
formes @hypnopédie dont la pratique repose en grande
partie sur les fondements de la suggestopédie présentée
au chapitre II, Nous avons également laissé de céoté
certaines approches qui sont liées A la pratique dune
seule personne (one-man-approach), et ne sont pas
reproductibles par quelqu'un d'autre que leur créateur®
Ce livre est destiné a stimuler la réflexion
méthodologique, a élargir la pratique pédagogique et &
Venrichir de sources parfois insuffisamment connues ou
6. Cf. Flak, M. et de Coulon,
7. Gf. Mayer Wamos, A., 1
8. Crest Je cas de la pratique de J
Rassias, qui théatralise dune
Avant-propos
mal diffusées. Il convie le lecteur a regarder de l'autre
coté de Ia cléture de son propre champ pédagogique et &
considérer sa pratique a travers le miroir de ces approches
dites non conventionnelles®.
Face au scepticisme systématique, trop souvent de mise
dans la formation intellectuelle, vis-a-vis de ce qui est
nouveau, nous invitons le lecteur A faire preuve de
curiosité a l’égard de ces approches et A adopter
partiellement V'attitude d'Albert Einstein dans le film
Hello, Kinstein (scénario de Béatrice Rubinstein et de
Jean-Frangois Gribelin) : « La ott je cesse de comprendre,
Je commence & m'émerveiller ».
wots ne peuvent refister que. pa
‘cadre de publication
13,1
La Méthode
silencieuse
« Silent Way » : « la voie silencieuse » ! Qualifier de
«silencieuse » une approche denseignement des langues
étrangeres peut sembler paradoxal ou, pour le moins,
étonnant, mais ce qualificatif s‘avere toui & fait adéquat
pour désigner Vattitude que le professeur adopte dans cette
approche au début de Lapprentissage : il enseigne sans
dire un mot.
Le eréateur de la Méthode silencieuse, Caleb Gattegno,
est d Vorigine un mathématicien. Son approche de la langue
étrangere est fortement influencée par cette discipline. En
effet, en 1953, il observe Cuisenaire, mathématicien belge,
qui utilise des réglettes de différentes tailles et couleurs
pour enseigner Valgébre, Il introduit lui-méme Vemploi de
ces réglettes dans son enseignement et découure le potentiel
de production langagiére qui découle de leur utilisation,
ce qui le conduit @ transposer leur usage dans
Venseignement des langues afin de créer des situations
qui stimulent Uexpression des étudiants. Il congoit
également la langue selon un mode de pensée
mathématique et considere celle-ci comme composée d'un
ensemble d'éléments allant des plus petits (les sons) vers
les plus grands (la phrase). Ces éléments s'assemblent selon
certaines régles qu'il stagit de découvrir a travers une
activité d’analyse'. Gattegno utilise des rectangles de
couleur pour représenter les différents sons d'une langue,
en leur donnant une fonction de substituts, telles les
1. Gattegne compare a’ cai
faux prises de conscience auxquelles condui
jue par Tenfant
‘algebre.| La Méthode silencieuse
16 Bi introduction
inconnues enn
identique aux régl
production d’ sd pai
qui sont également uti
dun appartement ou po
Monsieur Brun, et
mposant le silence |
tres autoritaire, donnant de
age du maitre qui sai
vers son savoir. Sa conce
reflete cette attitude’
iomps de
e fait Alan
pe et corrobore Ros
ire de Geneve (Pulverness, A. 1983).
La Méthode
Le déroulement prati
1. Le déroulement pratique
d@’un cours
La Méthode silencieuse ne propose pas de programme
type & suivre, mais plutot un mode dapproche et des
attitudes adopter. Nous prendrons pour illustrer lentrée
dans la langue étrangere les premitres étapes d'un cours
intensif qui s'est déroulé a Mayence sous la direction d'une
enseignante qui avait travaillé pendant deux ans &
New York au centre de Gattegno. Cette description n'est
Pas & considérer comme un modéle mais comme I
selon fa
11.Les premiers pas =
Le cours présenté ici avait lieu a raison de six heures
par jour et le groupe se composait de vingt étudiants de
Puniversité de Mayence, débutants et faux-débutants on
frangai
ML ctablissement d'une relation entre couleurs et sons
Lenseignante fixe au mur un tableau composé de
39 rectangles de couleurs différentes. («Tableau sons /
couleurs »). Les étudiants apprennent progressivement que
chaque rectangle de la partie supérieure du tablows
correspond a une voyelle, et ceux de la parti
‘une consonne : l'enseignante désigne, a Taide
ne baguette
blanc tout en
rononciation
rectangle et invite
le fait prononcer des [al
classe & prononcer en eheeur {al
de différentes longueurs et des s
rythmes ou avec des variations mél
mouvement de la main ou de sa ba
Elle montre en
ui correspond au son
plusieurs fois le
+ Duis el duit le s
un rectangle jaune et de nouv
données a Taide du pointeur : [ay], lyal
rectangle orange qui représente le gon i
gle rouge
avoir fait prononcer
ur différents18
| La Méthode silencieuse
Le déroulement pratique d'un cours
Je groupe a reprendre en cheeur certaines suites de sons
fam Jmama /mami /mamamia /mamamiama...]. Il va
en étre ainsi pour les trente-neuf rectangies qui
représentent le syst#me phonétique du frangais, Plus les
sons s'additionnent, plus les possibilités de combinaisons
sont variées.
Peu a peu, des séquences verbales sont reprises en
cheeur par le groupe fla / lila / i / ilaly / wi / né / si (.)
lalynela / lalynnepa la...] ; certains de ces énoneés n'ont
aucun sens en frangais, mais Tessentiel est d’entrainer
les apprenants a prononcer des suites de syllabes,
plausibles dans la langue cible.
L’entrée dans le monde des chiffres
Lorsqu'une certaine maitrise des sons en relation avec
leurs couleurs respectives apparait, l'enseignante passe &
Tapprentissage des chiffres. Elle inscrit les chiffres au
tableau, puis « pointe » les sons correspondant a leur
prononciation sur le « tableau sons/couleurs ». Le groupe
reprend en chur la prononciation indiquée. Les nombres
deviennent de.plus en plus longs, 16, 60, 16060, 16066.
2.322.473... A travers les chiffres, les apprenants
établissent une relation directe entre sons et sens,
Aprés un exercice qui conduit les participante a dire
leur prénom, lenseignante entreprend un nouveau travail
sur les chiffres mais, cette fois, elle fait appel a un
«tableau de mots » qui contient, transcrits en lettres, les
chiffres utilisés en franeais pour compter jusqu'au million,
chaque lettre étant crite dans la couleur qui correspond
sa prononciation selon le « tableau sons / couleurs. »
Révision des relations entre couleurs et sons
Le deuxiéme jour, l'enseignante commence par une
révision de la relation entre les rectangles en couleur
et les sons correspondants. Elle introduit ensuite
Vapprentissage de l'heure en frangais : elle dessine un
cadran au tableau, chaque nouveau mot (moins, le quart,
demi) étant présenté a l'aide du « tableau sons / co
puis elle demande aux étudiants de transcrire des chiffres
sur leur cahier de notes.
MLintroduction des « réglettes de Cuisenaire »
Lrenseignante introduit ensuite la prononciation des
couleurs : rou ire, verte. Elle pointe les sons qui
composent ces mots sur le « tableau sons / couleurs » et la
prononeiation de ces mots est reprise en chaeur par le
groupe. Lorsqu’elle a obtenu une certaine fluidité dans la
La Méthode silencieuse
Le déroulement pratique d'un cours
lecture des couleurs, elle sort d'un sac des « réglettes de
Cuisenaire »*, cest-a-dire des réglettes de différentes tailles
et de différentes couleurs utilisées pour compter en
mathématiques. Elle montre une réglette rouge et fait dire
‘une rouge » (un frottement du doigt sur la réglette indique
quiil s'agit d'en donner la couleur) , puis « une verte », « une
bleue », « une noire »... Blle montre deux réglettes et fait
dire « une rouge et une verte », « une verte ef une rouge »,
puis « une verte, une rouge et une bleue »... Elle présente
ensuite & l'aide du « tableau sons / couleurs » la
prononciation du mot réglette ot amene les étudiants a des
productions du type « la réglette rouge et la réglette verte »
Le troisiéme jour, lenseignante présente un nouveau
tableau de mots qui se compose du vocabulaire nécessaire
pour parler des réglettes ; ce tableau contient, répartis
dans le désordre, les éléments suivants : le substantif
«réglette rJe, vous, il, ils », certaines formes
verbales : ‘avons, avez, ont, prenez, mettez », les
adjectifs possessifs : « notre, votre », les articles : « Ja, les »
Lrenseignante fait combiner ces mots de différentes
manieres. Elle demande ensuite aux étudiants de construire
des phrases sur le théme : « Donne2-lui une/des réglette(s),
Donnez-leur une /des réglette(s). » Elle introduit également
Yemploi des pronoms personnels sous différentes formes &
travers l'utilisation de ces réglettes et de leurs couleurs’.
Dans l'aprés-midi du troisiéme jour, lenseignante fait
écrire, sur le theme des réglettes, une dietée & partir du
« Tableau de mots », Le lendemain, elle distribue un texte
sur le theme des réglettes : « Donnez-lui une réglette jaune.
Donnez-leur deux réglettes brunes. Donnez-lui sept
réglettes... », quelle fait ensuite lire & haute voix par les
étudiants,
Le travail se poursuit par des exercices sur l'emploi de
Yaccord de Vadjectif, du comparatif, de Vexpression de la
possession... La langue proposée devient de plus en plus
complexe, les énoneés de plus en plus longs.
Lapprentissage de la langue écrite
Nous avons vu comment Venseignante établissait Ia
relation entre écriture et sons a travers les « tableaux de
19| La Méthode silencieuse
20 Ml Le déroulement pratique d'un cours
mots » en couleur, ainsi que la transeription orthographique
de chiffres et Ia'lecture d'un texte composé partir de
phrases produites dans la classe. Dans les phases
ultérieures de lapprentissage, lenseignante a également
recours a des « dictées visuelles » : elle pointe des mots sur
les « tableaux de mots », les étudiants les lisent dans lordre
donné puis les transcrivent. Elle fait construire des phrases
a partir des mots présentés sur un tableau mural ou elle
montre les sons d'un mot sur le « tableau sons / couleurs »
et les apprenants le recherchent alors sur les « tableaux de
mots en couleurs »
Ainsi, en partant des « tableaux de mots », de dessins,
darticles de journaux, de textes créés par elle-méme ou
par Gattegno, l'enseignante propose de paraphraser
certains énoneés, de définir certains mots, de répartir le
vocabulaire en classes de mots, de construire le plus grand
nombre de phrases A partir de quelques mots, de eréer
des énoncés aussi longs que possible, de résumer un texte,
de répondre oralement 4 des questions de compréhen:
sur le texte ou de traduire certains passages d'un texte.
1.2. Quelques observations
complémentaires
Pendant toute cette phase de l'apprentissage,
Yenseignante ne prononce pas un seul mot. Elle réagit soit
par un geste de la main, soit par un signe de la téte,
lorsque la production des apprenants ne correspond pas &
Tanorme. ATaide d'un code gestuel et mimique, elle s‘arré
sur toutes les erreurs de langue, exigeant de
travail précis et le corrigeant, en général, jusqu’a ce que la
production corresponde & ce qu'elle attend de lui mais elle
interrompt le processus de correction lorsque, aprés
plusieurs tentatives sans succes, lobjectif lui ‘semble
prématuré. Un certain perfectionnisme est de mise dans
son approche : elle ne passe, en principe, au stade suivant
que lorsque Tobjectif prévu est suffisamment maitrisé.
Lorsqu’un son pose des difficultés au groupe, l'enseignante
se tourne vers les apprenants qui Iui sembient avoir une
prononciation proche du but fixé et elle les utilise comme
modéles pour le reste du groupe. Elle fait parfois venir un
étudiant au tableau et Iui fait po ‘s mots sur le
« tableau
le groupe lit alors en cheeur ces énoneés ;
des difficultés, elle fait appel @ un autre apprenant, qui
sert de modele ou de référence son tour.
La Méthode silencieuse
Le déroulement pratique d'un cours
Liutilisation de la Jangue entre apprenants est réduite
a de trés brefs moments de réemploi de ce qui vient d'étre
enseigné. Lors de cette premiere semaine d'enseignement,
a majorité du temps de parole est consacrée a une reprise
en choeur des énoneés ou par un travail individuel quell
dirige. Les apprenants acquitrent progressivement la
compréhension du code gestuel ou mimique de
Yenseignante et accomplissent ce qu'elle attend d’eux
répéter individuellement, corriger un son précis dans le
mot donné, inverser Vordre des mots.
1.3. Les instruments
Le professeur dispose de tout un ensemble pédagogique,
en plus du « tableau sons / couleurs », des deux « ta
de mots » et du « pointeur », dont nous avons deja p:
Les tableaux de mots
Onze tableaux de mots sont & la disposition de
Yenseignant pour l'apprentissage du vocabulaire frangais
que Gattegno qualifie de fonctionnel ; désinences,
prépositions, pronoms, articles... Ces tableaux comportent
peu de substantifs, une trentaine sur les cing cents unités
lexicales proposées.
M Les tableaux orthographiques
Huit tableaux muraux indiquent les différentes
transeriptions orthographiques de chaque son frangais,
(par exemple, les vingt-sept possibilités d’écrire le son
fol: « 6, 0, au, ot, ot... »). Ces tableaux sont utilisés
également pour l'apprentissage de Yorthographe.
Les tableaux représentant la vie quotidienne
Dix tableaux muraux représentent sous forme de
dessins, certaines scones de la vie quoti
maison, une voiture, une famill
chambre @ coucher, une salle de restaurant, un jeune
homme et une jeune fille qui pique-niquent... Ces tableaux
sont destinés a faciliter l'apprentis
la vie quotidienne. Comme il
visuelle du vocabulaire, la relation aux mots de la langue
maternelle est directe. Ils sont d’une grande sobriété afin
de permettre une concentration sur la tache & aecomplir.
onnent une traduction
21| La Méthode silencie
22
Les fondements de In lenciouse
2. Les fondements
de la Méthode silencieuse
EE
La conception de l'apprentissage d'une langue étrangre
repose chez Gattegno sur la relation qu'il établit avec
Yacquisition de la langue maternelle, sur la nature de
Vapprentissage, sur la maniére d’accéder au sens des
énoneés, sur les objectifs qu’il assigne a lenseignement
d'une langue et sur les rapports entre lactivité
denseignement et celle d'apprentissage.
2.1. La relation entre langue maternelle
et langue étrangére
L’étre humain est, selon Gattegno, un étre
essentiellement intellectuel” qui acquiert’sa langue
maternelle a travers une suite de prises de con:
Ainsi, le jeune enfant procéde a un travail de cla
des sons’, d'analyse de Ia langue" et de systématisation"
11 prend conscience des composantes grammaticales de la
langue" et il a le contréle conscient de ce qu'il acquiert et
produit : «(..]lacquisition langagiére de LI est une activité
hautement siructurée entigrement sous le controle du bébé »
(Gattegno, 1987, p. 10).
11 s'agit done d'utiliser les compétences acquises lors
de ce premier apprentissage pour apprendre la langue
étrangére"’, Ainsi, plutét que de faire appel a la mémoire,
dont les capacités sont limitées ™, il est plus important
avoir recours a ce que Gattegno appelle les