. La devise de ce patron était « en-
. Bougouma lui coupa les vivres et ils
nTeurent plus jamis le moindre contact.
Kébe ne dit pas Sagar que cette nui- Ia sa mére
pleura jusqu’au lendemain et que Iui~le Birama de
histoire ~ avait juré qu'il en voudrait & mort son
concle et qu'il se vengerait bien un jour de cet
affront publiquement infligé, rien qu’a cause de
plumes. Eril tint parole : Foncle avait mis & la
retraite aprés avoir investi toutes ses Economies
dans la construction de la maison qui abrtait sa
‘nombreuse famille. Il se vit frapper par une mesure
expropriation pour avoir bati sur un terrain du
domaine national; la maigreindemnisation qu'on lui
pproposait ne pouvait en aucun cas compenser toutes
Jes dépenses qu'il avait ftes poursa maison. I pensa
alors & son neveu qui pourrait intervenir auprés du
‘ministre Quand un de ses pieds et franchi le seu
du bureau de Kéba alors que Fautre était encore
dchors, rayallardi par la ferté 'étre Poncle d'un
homme respecté et loué partout dans la Ville il fut
accueil par un regard de few et par un mugissement
cffroyable qui le clouérent quelques secondes devant
J porte, un pied dedans, un pied dehors, ne pouvant
plus ni ouvrirni refermer la porte.
= Sors dici !Jene veux pas te voir ! Dehors, tu
entends, dehors !
Sagara impression que la route est plus animée
en cette heure oit les paysans regagnent leur foyer,
outils de labour sur P'épaule, dos voité, culottes
courtes. Les femmes passent avec de gros fagots de
bois ou d’énormes paniers sur la tt.
=La pauvreté, continue Kébs, est toujours
pathétique, mas le calvaire que vécut pat Ia suite
cette famille, personne ne pourra jamais s'en faire
‘une idée. Cing bouches & nourri, des enfants qui
‘ne comprennent pas et qui souvent boudent Ie riz
‘cuit & Peau, sans suere, parce que le marchand du
coin a refusé de faire crédit. Et la mére, toujours
figne, se refusant farouchement a demander, &
sendier, mas... bligée ~2 cause des enfant, rien
ateoe VENTY
Nee
Att
‘qv'a cause des enfants ~ d’accepter les dons, les
testes de repas et les habits usagés que des voisins
pris de pitié lui envoyaient.
1 serie Sagar.
~ Elle n'a jamais tendu la main pour demander,
Sagar | C'est trs important. Ce que 'admirais en
elle, état sa force, sa volonté de rsister tla tenta
tion d’expaser ses maux et sa faim. Cetait son rfus
de donner 8 d'autres eréatures comme elle 'acca-
sion de la rabrouer, de la considérer comme une
indésirable, C'est fantastique, situ sais quil y a eu
des moments d'indigence totale oi la nuit lle met-
tait sur le feu (quelques brindilles ramassées) une
marmite, et dans cette marmite il n'y avait que de
Teau. Les enfants attendaient. « Le manioc est bien
dur aujourd'hui, il va bientét se ramolli.» Ex les
enfants espéraient; elle lear racontat des his
ct leur chantait les douces mélopées qui jadis exal-
talent les lutteurs dans les arénes. Enfin ils dor-
‘maient. Seu! le plus gé, Bama, savait que la mar-
mite ne contenait que de eau.
Sagar n'a méme pas écouté les derniers mots de
Kha il lui a sufi de noter une fois encore que
Kéba est un étre bien particulier qui ne pense, ni
ne réagit, comme les autres, Elle se rappelle un jour