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Cours 1 Histoire de l’enseignement de la phonétique

1. Définition de la phonétique
La phonétique « est la discipline qui étudie essentiellement la substance de l’expression. Elle
montre la composition acoustique et l’origine physiologique des différents sons de la parole
»1.C’est une science qui étudie les sons des langues naturelles dans leur face concrète en
dehors de leur fonction linguistique.
Pour Troubetzkoy, elle étudie les éléments phoniques d’une langue sans tenir compte de leur
rôle dans la communication. Par opposition, la phonologie, « science de la face fonctionnelle
» des éléments phoniques, c'est-à-dire, qu'elle étudie la fonction que jouent ceux-ci dans la
communication verbale.

2. Les domaines de la phonétique


Elle a des sous domaines comme : la phonétique historique, la phonétique physiologique, la
phonétique articulatoire, la phonétique auditive, la phonétique acoustique, la phonétique
comparée, la phonétique évolutive, la neurophonétique. La vocalisation fait d'elle une
discipline interdisciplinaire.
En didactique des langues, la phonétique se définit aussi par rapport aux procédés qu'elle met
en application pour son enseignement / apprentissage. Elle a pour objet le comment obtenir
une prononciation acceptable. Elle s'intéresse à la « boucle audio phonatoire », c'est-à-dire à la
manière dont le son est perçu puis articulé grâce aux différents organes phonatoires, de
manière à produire une parole compréhensible, intelligible et porteuse de sens.
Elle se penche aussi sur les raisons pour lesquelles certaines difficultés apparaissent lors de
l'émission. C'est parce qu'elle est omniprésente, dans la communication verbale et en lecture,
en récitation, en orthographe ; et multifonctionnelle, en phoniatrie, en orthophonie, orthoépie,
dans la synthèse de la parole et sa reconnaissance (la cognition)qu'elle constitue un enjeu
majeur à la fois scolaire et social.
La phonétique a vu le jour en 1880 notamment grâce aux travaux de Clédat, Brunot, Nyrop,
Viëtor, Jesperson, Passy, Rousselot, Rosset, Bréal et Sweet. Cependant, considérée toujours
comme rébarbative, son enseignement a été longtemps délaissé particulièrement à partir de
1975, début d'une réelle marginalisation de cette discipline.

1
Léon,1992, Phonétisme et prononciation de français, p.06.
Ce n'est que récemment que la recherche en didactique des langues s'est intéressée à nouveau
à la phonétique, grâce notamment à Malmberg, Callamand, Léon, Renard, Tarin,
Champagne, Borrell, Guimbretière, Abry.

3. L'enseignement de la phonétique à travers l'histoire


L'enseignement de la phonétique a connu une évolution depuis l'antiquité jusqu'à nos jours:
I.L'antiquité
Le premier dictionnaire bilingue d'une tradition phonétique apparait à Sumer, il est composé
d'une liste d'idéogramme, et chaque entrée est accompagnée d'une notation phonétique en
langue sumérienne et akkadienne.
Les Romains et les Grecs se sont aussi intéressés au lien entre son et graphème. «Ce lien étroit
est probablement dû au fait qu'à cette époque la lecture se faisait à haute voix.» 2 Cependant on
se préoccupe à l'enseignement des faits suprasegmentaux (intonation et rythme).
II. Le moyen âge et la renaissance
L'enseignement des langues continue à être dispersé selon une approche basé sur l'écrit. Cette
époque est marquée par l'utilisation d'une forme de transcription phonétique des énoncés
cibles pour en faciliter l'apprentissage. La transcription se fait à l'aide des sons caractéristiques
de la langue maternelle des apprenants.
III. Du XVII au XIX siècle
Au XVII, le pédagogue Coménius publie une série de manuels, dans lesquelles on trouve une
initiation phonétique. Chaque page comprend quatre colonnes : dans la première, on trouve
des images d'animaux, dans la seconde une courte phrase bilingue, dans la troisième une
transcription phonétique, et enfin dans la quatrième, les formes majuscules et minuscules de la
graphie latine.
Du XVII au XIX, la phonétique est exclue des considérations des pédagogues. La pratique de
la phonétique se fait par des exercices de répétition de mots, de phrases, de dictées, de
récitations. Le code graphique de la langue maternelle est adopté pour présenter le système
phonétique de la langue cible.
IV. Le mouvement de réforme
Cette époque est marquée par la primauté du code oral et à la prononciation en réaction à
l'approche traditionnelle jugée insuffisante et inefficace d'un point de vue communicatif. Par
des exercices de répétition que l'enseignant doit chercher à établir des automatismes

2
Germain, 1993, p.21-23.
phonétiques. Il est intéressant de noter la variété des exercices : repérage et identification de
sons, exercice de transcription, des exercices de lecture à haute voix...
V. L'approche structurale
Les préceptes de la méthode phonétique, en ce qui a trait à l'importance de développer la
discrimination auditive et d'automatiser les habiletés phonétiques en premier lieu et avant tout
contact avec l'écrit. Une importance considérable est accordée aux sons, à l'intonation et au
rythme. La sélection des sons se fait au moyen d'une analyse constative dans laquelle on
compare les sons de la langue maternelle à la langue cible.
En Europe, la pratique de la phonétique constitue une préoccupation importante dans la
méthode SGAV.
VI. L'approche cognitive
L'enseignement de la phonétique commence par une phase de discrimination, phase conçue
comme essentielle pour développer les habiletés phonétiques. En effet, les apprenants ne
pourront pas répéter correctement les sons qu'ils n'arrivent pas à percevoir. Les tenants de
cette approche font preuve d'une attitude plus conciliante que leurs prédécesseurs en matière
de prononciation.
VII.L'approche communicative
Cette approche contribue à la marginalisation de la composante phonétique dans les cours des
langues «le critère d'acceptabilité eu égard aux exigences de la communication remplace le
critère de performance optimale (identité avec le système cible»3
Pour Le Blanc «Il est donc évident que l'évolution des théories, dans ce cas au plan
linguistique, n'a pas permis de remplacer une démarche pédagogique devenue désuète avec le
résultat prévisible de la disparition progressive de la phonétique comme composante
pédagogique de l'enseignement/ apprentissage d'une langue seconde».4

Conclusion
Jusqu'à la fin du XIX e siècle la primauté à l'écrit limite à la correspondance son-graphème le
traitement pédagogique réservé à la prononciation. La fin du XIXe voit naître un intérêt
particulier pour la phonétique. On assiste à la mise à l'écart de la phonétique lors de
l'avènement de l'approche communicative.

3
Galazzi 1983, p.40.
4
Le Blanc 1986, p.21.

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