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Cours 3 La réintégration d'une pratique phonétique

La réintégration de la pratique de la phonétique s'explique par le rapport des faits segmentaux


et suprasegmentaux à la communication et au développement de compétences langagières.
Nous commençons par un rappel des faits phonétiques.

1. Les faits phonétiques


A. Les phénomènes segmentaux: comprennent les consonnes, les voyelles et les semi-
voyelles.

Les consonnes sont produites par un rétrécissement du passage de l'air expulsé des poumons.

Les voyelles sont des sons dont le mode de production est caractérisé par le libre passage de
libre dans les cavités buccale et nasale.

Les semi-voyelles (glides) ont des traits consonantique et vocalique mais ne peuvent
constituer des noyaux syllabiques.

B. Les phénomènes prosodiques (suprasegmentaux): Le terme prosodie, du grec prosôdia,


était utilisé en tant que synonyme de métrique et référait à l’ensemble des règles de
composition du vers. En linguistique, ce terme désigne l’ensemble des phénomènes
suprasegmentaux, qui échappent à l’articulation en phonèmes ou segments.
Les phénomènes suprasegmentaux sont des faits phonétiques qui se superposent à des suites
de sons et représentent des propriétés inhérentes des segments phonétiques. Le système
prosodique d’une langue comporte plusieurs dimensions : intonation, rythme et accent.

L’accentuation ou l'accent, associée à une augmentation de l’énergie articulatoire, est la


responsable de la proéminence syllabique, à savoir une mise en valeur perceptive réalisée par
une durée, une fréquence et une intensité accrues.
Le rythme, associé surtout à la durée, est à l’origine de l’organisation temporelle de la parole.
En français les systèmes intonatif, accentuel et rythmique sont strictement liés, puisque le
continuum de la chaîne sonore est découpé en groupes de syllabes isochrones (de durée égale)
dont la dernière est porteuse à la fois de l’accent tonique et d’un contour intonatif.
La syllabe comporte un noyau, toujours vocalique en français, qui peut être précédé d’une
attaque et/ou suivi d’une coda. La majorité des syllabes en français sont constituées d’une
voyelle précédée d’une consonne (structure consonne-voyelle ou CV). Les pauses,
silencieuses ou remplies (souvent exprimées par un euh d’hésitation) peuvent exercer
plusieurs fonctions : respiratoire, grammaticale, expressive et d’hésitation1 .
La langue française est la seule langue romane à avoir perdu l’accent de mot typique du latin
au profit d’un accent de groupe. Le français est une langue à accent fixe où le continuum
sonore est divisé en groupes accentuels dont l’accent porte sur la dernière syllabe prononcée.
Les groupes accentuels ne peuvent pas contenir en règle générale plus de sept syllabes2.
D’un point de vue rythmique, le français se caractérise par une égalité de la durée des
syllabes non accentuées. Seule la syllabe porteuse d’accent est significativement plus longue
que les autres.
L'intonation
L’intonation constitue, avec l’accentuation, le rythme, la syllabation et les pauses, l’un des
faits prosodiques ou suprasegmentaux d’une langue. Elle se réalise par un ensemble de
paramètres acoustiques : l’intensité, la durée et la fréquence.
«L'intonation peut être définie comme le mouvement mélodique d'une phrase, c'est-à-dire
les montées et les descentes de la voix pendant la production d'un énoncé. »3

2. L’apport des faits phonétiques à la communication


Les faits phonétiques remplissent plusieurs fonctions notamment :

1. une fonction distinctive: permet de distinguer les mots des autres, comme dans bar-
car.
2. une fonction significative : permet d’actualiser et de hiérarchiser les constituants
syntaxiques et donc d’orienter le locuteur dans l’interprétation du message.

[Jean] [Jacques] [Paul][Henri]

[Jean -Jacques] [Paul][Henri]

[Jean -Jacques] [Paul- Henri]

3. une fonction identificatrice: sert d'indices de l'identité (sexe, âge, identité


professionnelle, sociale, géographique).
1
Léon, 2007 ; Lacheret-Dujour & Beaugendre.
2
Wioland, 1984,9.
3
Bourdages, Champagne et Schneiderman, 1987.
4. une fonction discursive : permet d'identifier le genre de discours, style propre aux
conférences, aux narrations, aux conversations.
5. une fonction communicative : contribue au déroulement de la communication, elle est
familière en langue seconde.
6. une fonction démarcation : les faits phoniques peuvent se voir conférer le rôle d'agent
comme dans Jean lève son verre/J'enlève son verre.
7. une fonction modale : la prosodie sert à déterminer le mode de l'énoncé.

8. une fonction expressive: c’est-à-dire qu’elle peut véhiculer des nuances expressives
telles que la joie, la colère, la surprise, le reproche, etc.
Contour intonatif Sens
O Descendant C'est mon avis
U Très descendant J'affirme cela
I Montant Est ce vrai?
Très montant Pas possible!
Descendant-montant Pas possible, mais je m'en doute
Montant-descendant C'est bien clair
Montant-descendant-montant Sans doute au premier abord, mais...

Les différents sens du mot oui selon l’intonation


(Passy, 1906)

3. L'apport des faits phonétiques aux compétences langagières


Les faits phonétiques jouent un rôle nécessaire dans les compétences langagières suivantes:

 L'expression orale
 La compréhension auditive
 La lecture

Conclusion
L'intégration de la pratique de la phonétique en classe de langue semble donc un
objectif pertinent et nécessaire.

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