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” de 1922. Le théatre de boulevard étai pour cent francais, Les piéces étrang Ie fait de scénes, sinon avant-garde, sérieuses, telles que ?'@ware de Lugné Poe, q: Ibsen, Strindberg, Schniteler (huit pices geres pour sept ftangaises); l'Atelier d joue Calderon, Lope de Vega, F. de dello, Sophocle (sept pigces’étrangéres pour di frangaises), la C Ia troupe Pitoeil scar Wilde, Bernard Shaw, lord Dunsany, Ibsen, Strindberg, Tché- kov, Andvéiev, Gorki (douze pieces étrangeres po ¢ francaise) Sans doute, est-on, cette date, trés prés encore di , et 1922 est l'année centenaire de re, La différence de proportion est cependant ppante, En ce temps, autre part, Pitocff est & apres Je seul a se reconnaitre « traductcur » . Les pieces étrangéres sont toutes ‘es de», quand elles ne sont pas ines pices « frangaises »), écrites par des «sur un theme de» Dickens pi exemple. De nos jo lare comme « adaptateur » s dramatiques, ses droits s oii La Fouchardiére déclarait crfument que Sophod t Shakespeare n’étaient jouabl frangaise que si sur texte, Il s' cs dispositions fait drame 103 acle, tandis qu’un tripatouilleur sans wrait ‘Iégitimement revendiquer un part de la traduction n'y ext able. Les opéras et les chans trangére” sont Mais Timpér 8 catégorique nces des hommes sy ajoutent cc . Dans le vaste royaume des librettistes les observations faites plus hay t que s'ins- peut s'y conformer étroite- é comme un férents au texte sont divisés 1. SAGEM (Société des Auteurs, Compositeurs s de Musique) entre Pauteur étranger ct le ais, que cu des simi n de Char is la bouche de Bing Crosby « At last, wt you're in my arms where you should ment pour passer sur aptés aux exigences 108 proprement radiophoniqnes : ligibilité visuelle est distincte de Pintelligibilité auditive, Cette adap- tation est analogue pour des textes congus dans la langue méme de Pémission, si bien qu'il est difficile de parler d'un genre spécifiquement radiophonique pour la traduction, Sans doute existe-t-il un baréme officiel et minuté Sappliquant aux « tradueteurs > tout court, et un autre applicable aux « traducteurs- adaptateurs ». En fait, ces distinctions n'ont pas grande valeur pratique : ce sont les producteurs chargés de réaliser les émissions qui_s’entendent directement avec les traducteurs & qui ils deman de leur fournir une phonique ( 3) est trop tyrannique et les contingences de chaque émission trop fantai- sistes pour qu'un traducteur puisse espérer établir Jui-eméme dans tous les cas un texte ne zarietur. Nous mas bien entendu pas d’émissions du. genre Iniversité radiophonique internationale, ott auteurs et traducteurs se sentent presque libres oublier Pantene, On doit cependant signaler l'existence d’une forme ariculitre de traduction gui est celle des posies écoute, le traducteur devant capter des émissions étrangéres et les noter sur-le-champ en traduction. En réalité, Popération est exactement analogue & colle qui intéresse la traduction de presse et nous en ferons mention dans le chapitre correspondant. Cuaprree IX LA TRADUCTION CINEMATOGRAPHIQUE, Art et industric, le cinéma utilise la parole sous es formes les plus diverses. Eminemment interna- tional, il est nécessairement préoccupé du probléme de Ja traduction. La traduction intervient tant dans Ia production sous les formes i s de traduction technique, ‘commerciale, pub! traduction dun décou- page releve A la rature et de la tech- nique. Celle du commentaire destiné A une bande documentaire ne présente que des différences minimes avec la traduction d'un texte similaire desting & étre Iu A Ja radio ou sous forme de conférence. La tra- duction d'un titre de film sapparente & titre de piéce ou de roman, avec, toutefois, une sou- mission plus grande aux considérations dordre com- ton fait, les services d’exploitation parlent plus haut que le traducteur lnieméme, ce qui explique peut-étre certaines traductions ahurissantes, Ne itons enfin que pour mémoire la grouillante acti- vité des intermédiaires dont les bureaux sont dissé- minés & travers le monde, _A ses débuts, aussi longtemps qu’il fut muet, le cinéma n’a pas exigé de traduction qui fit spécifi- quement cinématographique. La bande muette se 106 suffsait a clle-méme. Tout au plus recourait-elle, un peu honteuscement, 2 des cartons imprimés que le traducteur res sans difficulté spéciale, Du jour of proprement ‘out comme Ia traduction théatrale tible A une traduction littéraire ordinaire, une trax duction cinématographique est une adaptation, grevée @impératifs techniques séveres. Depuis un quart de sigcle done, un genre nouveau de traduction est né, qui a nom doublage. Le doublage des films est, de toute évidence, soumis aux servitudes de la traduction théatrale. Tl concourt a la réalisation d’um spectacle; plus manifestement ncore quau theatre, Te traducteur y travaille en Equipe — avec le directeur artistique, les comédiens, les techniciens (plus nombreux et plus importants que sur les planches). Tl est forcé de tenir compte des contingences inéluctables de projection dans w ct un temps déterminés. Back Street ne var la censure espagnole qu’a la condi femme du héros devint sa soeur, et sa. maitre: fiancée. Le doubleur dut, bon gré mal son texte en fonction de cette abracadabrante exi- gence, Drautre part, sauf exceptions, c'est un authen- tique langage parlé qui doit étre transmis en style férence du traducteur de théatre, cc que le doubleur traduit n'est pas simplement un texte écrit 107 ou parlé qu'il est appelé & placer dans la bouche d’ coméien trangaislequel Ye jouer’ & la angeise Grest un texte prononeé par un comédien étranger dont Fimage reste présente sur Pécran A jouer le texte étranger. Le com image étrangére commande doubleur est tenu de composer un gui sonne juste, qui soit parfaitement «colle » néanmoins aux lévres de ‘ment d’un synchronisme ouvertures de bouche correspondre des a et des 0 du tex fermetures marquées, 2% des f, selon Part ite, avec des gammes de gradations, Le traducteur ne travaille done pas. seulement 5 labiale. Le do pa ubleur finit par acquérir une sorte de e ‘Jes, sir le plongera dont nal Ces di icultés-la, encore, sont force d'expérience ét dadresse, cienne qui vérific avec Ini son Jes moindres, A é par une techni- joviola » permettant fe dérouler on avant ou en arvére Ia Bande & dow i Ta placé & un autre Te geste porte & faux. La réplique est & refaire — surle-champ. Car, plus encore que la succession des ouvertures, ct des fermetures de bouche, ce qui compte peut- tre c'est le jeu des attitudes et des gestes, la manitre darticuler et @amorcer les répliques, fout ce que voit le spectateur sur Mécran. Chaque fagon de construire et de mener le propos, de scander Ie texte de mouvements du corps, et cc sont des contresens dans ce domaine qui gucttent le doubleur. On a pu voir, dans un film comme Hamlet, Vadap- tatcur sacrifier délibérément le synchronise brat et prendre des libertés grandes avec le mouvement des Iévres, pour s’appuyer sur un texte de réclle Deauté littéraire, Sa réussite fut complete, Sans doute, éiait-il servi par certaines particularités du film nombreuses repliques, en off lairages faibl surtout, par le fait qu’un texte franchement théat pouvait s'accommoder d'une convention supp! mentaire, Un dialogue plus parlé, plus naturel, aurait davantage souffert' de certaines entorses faites au synchronisme. II n’en reste pas moins qu’cn véritable artiste le taducteur avait senti les originalités de son texte et avait pris son parti avec hardiesse. Ge qui ne signifie bien entendu pas qu’on puisse faire Hida synchronism et de ses lois, Tous tes fours, ‘on assiste & la projection de films doublés & la va- dont les personages bavardent la bouche débitent des phrases en petit, négre. impardonnable, mais qui sexplique par Porganisa- tion économique du marché cinématographique. Un 109 film qui arrive sur le déja amorti. Le profit qu frangais est d’ores et rapportera est un profit additionnel et l'on ne se met. en frais Vhabiller décemment. oN = cccorde au traducteur le temps Te efforts conjoints de’ toute le texte sani soudain, le fantéme du. personnage étranger ‘qu Passe, paste sur 'éeran_prend pou & peu voi se met mncet les mot ai articuler, les jouer. jamais dt sure cose Sexelame;ton dans la nuit du st Sest opéré. Un miracle qui récompense langeme: traducteur de sea pees Pe Mngement Ie nous dit, est possible. Ceux qui, Pordre estheétique, condam: mnent pas suffisamment Et quelle alternative peut-on proposer ? Le sous-titrage est le mode de présentation courant des bandes étrangéres passées en version originale. Ce procédé conserve, en apparence, & Poeuvre son intdgrité. I! présente toutefois Vinconvénient de ne ansmettre qu'un dialogue mutilé, Les ré tay ilo mle Te ipa 'mps imparti A chacune d’elles, des changements lan éventuels, etc, Elles doivent étre découpées hhrases courtes pour ne pas surcharger Pécran, texte subit de ce fait une altération grave, En Appliqué avec discernem listes, ce systéme peut do: La technique qu’ Loin de sing arler dune voix parfaitement neutre. Au bout d’un ref moment dadaptation, les spectateurs ont pression de comprendre eux-mémes le dialogue ntendent jouer original phrase par phrase etn compréhension intellectuelle leur est’ « soufllée » avec une seconde de retard, Liexpérience a été ten tionaux, dans des séances privées et méme commer cialement, sur quelques films isolés. Le Sileace est Ora eu reeours & une présentation anal son principe lorsqu'll fut Engéhie Grandet (peaduetion rut en France. question fat abandonné pour le traditionnel doublage, par suite de maladresses techniques, peut-on croire Ml west pas interdit de penser qu’un emploi judi ux du «sous-titrage auditif » pourrait un jour rencontrer le succds aussi bien auprés des connaisseurs que du public. Alors, que, pour Pexploitation commerciale du «sous-titrage auditif» on pense naturellement & unc interprétation enregistrée une fois pour toutes et greffée sur la piste sonore du film otiginal, cor tains exploitants ont eu 'idée de faire purement ct simplement appel & un interpréte lisant le dialogue en traduction et pouvant étre capté grace & des éeou teurs fixts a certains fauteuils dans la salle, Tl agit, cette fois d'une maniére d’'interprétation simultance, le texte, toutefois, étant connu @avance préte étant un simple lecteur. Le procédé avait été mis en pratique par un directeur de salle & Changhat ent et confié & des sp or des rés le sousctitre contraint le spectateur & aymnastique oculaire ui lal fat pee ot a moitié du jeu des acteurs ot du texte, Pour les spectateurs qui ignorent la langue et qui 'efforcent de suivre Paction expl ‘par les sous-titres, le it du texte étranger parlé constitue un géne plus il ne leur procure le sentiment de bénélicier itonations originales des vrais interprétes du film, Pour ceux qui peuvent suivre le dialogue, 1s surcharge sautillante des sous-titres (en Suisse, le sous-titrage bilingue dévore un tiers de la toile) irite Perl et défigure Pimage. : ¢ du traducteur est des plus ingrates. Loin. Ki poarce résumer mécaniquement le dialogue, il doit user d'un extréme doigté dans l’établissement de chaque sous-titre, vérifier de trés prés comment ses textes vont se stiperposer & Pimage et au son. Ul doit déployer des trésors ding et @adresse pour se faire oublicr. a des festivals interna site solution, tise, du ; se livre. Non point une interpréta- ‘ia voix du ttaducteur wexelit pat le dialogue original mais se fait entendre im diatement apres chaque réplique, dans les inter Nes du dialogue ou empictant légérement sur le ds 19487. Le thedtre peut faire son profit de cette seenede : la Comédie Wagram, & Paris y a xecoura tn igsa A Geneve, une pitce de propagande 1954 a la Cour Saint-Pierre avec inverpré- Gté joude {ation en six langues a la fois, La solution est sédui- Sante mais, pour Je cinéma du moins, elle présente dies aspects techniques et commerciaux trés délicats, ‘Une formule bizarre, enfin, a vu Ie jour, ces der~ années. Nous voulons parler des films sans fon originale. Les Amants de Te justration la plus marquante. qui groupe des vedettes et des participants francais Galiens, espagnols, mexicains, parlant chacun leur langue’ mazernelle. On post-synchronise ensuite une angie versions homogenes — francaise, espagnole, SEalieane, Dans la version frangaise, la vedette fran see Foue elle-méme, tandis que les vedlettes espagnole SP italienne sont doublées en francais. Dans la ver Sion espagnole, ce sont les voix espagnoles qui sont Sonservées de original, toutes les autres, étant dou ides en espagnol, ct ainsi de suite. TT pas A proprement parler de version originale dans Riquelle tous Ics protagonistes se fassent entendre Siufultanément. Les trois ou quatre versions lancées Sur le marché dans les différents pays sont chacune Sux trois quarts doublées. La critique s'est montrée severe pour cet artifice, qui n'a probablement pas gad avenie ‘Quoi quil en soit, la thche des tra- fare amy est parioulitrem: ‘La traduction cinématograp! doute appelée & connaitre une ‘ension sans cesse Br, vers Je variate curieuse faceron perme tte apenas lempe, par des exploitentsjaponais dans une rtateurs dispesaient decouteurs, dont un (BiStale Ta version originale et Pautre, To 113 enre neuf, dont cutable. Les tradue- a een Te dela Se wea we i un pai Sp She Raa A et VIM gui séament raduction ‘intmatcgrghiges Cuaprms X LA TRADUCTION DE PRESSE périodique ne iéraive courant Ja traduction c tion spécifiquement «de presse», que le grand public en général ignore, Ge n’est pas dans les rédactions des quotidiens et des hebdomadaires qu’elle a son temple, mais dans Tes agences de presse qui drainent les informations du monde enticr pour en abreuver les journaux. Le genre est relativement nouveau : c'est en 1835 ‘ment qu’Havas eut Pidée de fonder une agence formation pour la presse; vers 1850 Reuter, fancien employé d’Havas, en’ fonda une autre & ‘Ais-la-Chapelle, La premitre caractéristique du genre est Ia rapi- aité. a raison cPétre des agences de presse est de renseigner Icurs abonnés dispersés aux quatre coins du monde sur tous les événements dignes dintérét, etde jnstantanément. Ce sont ces agences qui ‘apportent Pactualité aux journaux, plus stirement ct rapidement que ne le feraient des. correspondants particuliers entretenus dans toutes les capitales. En 1858, le Times de Londres prétendait encore se passer de leurs services. Mais la nouvelle du dernier entre- tien de Napoléon IIT avec lambassadeur d’Autriche 115 de la guerre d’Ttalie, fut distribuée par Reuter assez t6t pour paraitre dans les éditions du matin, tandis que le Times en informait ses lecteurs dans le courant de Paprés-midi seulement. Quelques Jours plus tard, Je grand journal capitulait. ‘Les deux tiers des pays du monde ne possédent pas dPagence nationale et leur prese tient ss informations de correspondants locaux d’agences étrangéres, qui iégraphe, en une langue étrangére, les nouvelles du jour. Lntre ces différentes agences se livre une incessante lutte de vitesse. Crest &.qui grillera Te concurrent — de quelques heures, de quelques inutes, de quelques seconde apporte en vrac les grandes et les Ue rédacteur de Vagence regatt diffusées par exemple en anglais, et doit, avec une perte de temps minimum, taper sur sa machine a écrire un texte de dépéché en francais, qu’un autre tGésripteur, émetteur, distibuera aux rédactions sbonnées. Ue flo des nouvelles est contina, deux cent mile ‘mots ct plus par jour pour les grandes agences. Quand information presente ua ntereteconndgable st transmise en flask, e’est-A-dire en priorité sur Ie reste de la copie et sous une forme con- Le compte rendu dune exposition canine & 6 Fgposiion. Brusquuers TPgéclaration de i gent de sauterelles, © wy Pactualité, i peur tailler fa déclaration oe Fagmeseque ses. smeereonere shar nouvelle et arent a Vevénement St Braent Jes redactions a rere en HEUTE faire leur travail fppee ‘aire ce 9a ‘public pourra lire, piss om moins utes das Jes éaitions iguccessives eS qui com observations ‘certain pays ans une sauce fy tui, Helui 201 "Pour un personnage * ot les hebdomadaires fh grand trase Mecueilleront ,avee es Niemeisance, une COP etme provenant, un corres” Th régne done, auour, de tq traduction de Pressey une aeaposphere aul aU P trastout semblable & menos fracuction Uieeraire, Les puristes Girone He plus de ia a en ate ‘Rap die Ia, sities interdites a fe wPéchange aes Saga des servitudes de o°E wap des traductenrs de améme nature qv on Sage dans nombre ae Mervices adminis mires aPgeoute, cemeres wPinformation, ct 118 qui, par tous les moyens imaginables, sont chargés Ae ebucili des nouvelles émises en langues étrane géres et de les rendre intelligibles dans le plus bref assurent de tels services est é de traducteurs. Dans le (i parviennent, souvent en des nouvelles phrases bousculées, défigurées par des fautes de transmission, découpées en pidces détachées, il faut non seulement savoir ne pas se perdre et reconstituer ‘un ensemble cohérent, mais saisit d’intuiti i constitue intérét de la dépéche: Ics tcnants et les aboutissants, reconnaitre et situer Tes personnages et les liewx dont il est question sans atre foreé de vérifier & tout bout de champ son savoir dans des ouvrages de références; il faut trouver demblée Ia facon la meilleure de porter le fait & 1a connaissance de son public. Un mot heureux. peut mettre une information en valeur. Une maladresse de traduction peut la tuer. Le rédacteur doit con- nattre les deux langues, les innombrables sujets susceptibles d’étre touchés par Pactualité, le mode de pensée de ses confréres du bureau émetteur et Jes réactions de son public. & lui i i ment ct pleinement un travail de traducteur. Cuapimee XI LA TRADUCTION TECHNIQUE ‘Avec la traduction technique, c'est un genre radi- calement difiérent que nous abordons, situé aux antipodes de la traduction littéraire. La notion dart y passe & Parriére-plan. Ce qui compte par-dessus tout, c'est Pexactitude irrépro- chable du vocabulaire (ne disons pas du langage), la documentation solide, la présentation correcte des questions traitées. cst difficile de parler de la traduce tion technique en général. Non seulement le domaine de la technologie se ramific & Vinfini, mais des formes variées de traduction doivent y tre apparentées traduction d’ouvrages strictement scientifiques, dou vrages médicaux, etc. Si le monde moderne & mule tiplié les traductions de ces sortes douvrages, il n'en détient certes pas Je monopole. De longue date, les hommes se sont préoccupés Pacquérir les comaissances wtilitaires possédées par La science s'est transmise et développée 1r voic @emprunts. Les secrets techniques, cepen- jent jalousement gardés et ne faisaient pas ssances scientifiques mn peut déceler, jon d'un proce- est rarement possible Te monde antique, la u @un corps de notio 120 Les mages des souverains perses, puis ceux des diadoques grecs du royaume séleucide, les Ostanés et Komarios ont dai servir d’organe de transmission » Rey : La Science orientale avant les Grecs, p. 1993 ch aussi pp. 387, 415 ef fas). Les Sutra de Finde reprennent des notions de géométrie méditerra- néennes. Les Arabes ont dd_recevoir des notions is, Diophante (IV° siécle astronomiques des. Cl des textes mathématiques, de notre ére) acon notamment en Egypte, Un peu par hasard, on apprend 146 avant Ju-G., fe Sénat romain ordonne de traduire fe grand ‘ouvrage du Ci is Magon sur agriculture. Des ouvrages scientifiques grecs furent certainement traduits en grand nombre & Rome. Le moyen Age parait s'intéresser peu la traduction scientifique et technique. Le legs scientifique de Pa ait rédigé cn grec: Graccum est, non Archiméde ct Dis 834, faite par Bl Kharezmi, Les Juif nombre comme traducteurs & D’auttes, établis en Espagne, se chargent de trans- poser en latin & partir de Parabe. Crest par cette filiére que la chrétienté recucille petit & petit Phéritage de ses propres ancétres, Roger li ee 11 Bacon, le Doctcur admirable, dit au XIII® siécle comprendre la philosophic et les Ton n’entend Parabe (Meta- LiEurope recoit aussi Papport ori- des savants islamiques : géographes et navi gateurs dont les traités guidérent les explorations Henri le Navi vers 850), dont la grande encyclopédie est traduite cn I Gérard de Crémone; Rhazés (865-925), de édicale est traduite par r Charles IeF Anjou et est Angleterre i un peu partout ui travailla en Asie centrale au Averrods, qui véout au XII® siécle & Cordoue, etc, Le maine Gerbert, élu pape en 999 sous Je nom de Sylvestre IT, était idier AP’ Université musulmane de Cordou de commerce avec le diable. A Toléde, Parchevéque Raymond fonda un collége de traducteurs et PEs pagne peut s'enorgueillir dun corps de traductcurs et Cinterprétes qui remonte au moyen Age. A c6té de ces ceuvres authentiquement sci cs a moyen age des Bestiaires, fidélement transposés jues, des recueils de Il faut attendre la Renaissance pour que la tra- om scientifique et technique prenne un essor -, Elle remet en honneur Je gree et a trae on directement de gree, Elle innove en court= fant les langues savantes pour faire passer rages techniques directement d'une langue 122 Nous avons eu Vecasion de souligner Pestréme ‘compartimentage qui caractérise cc genre ct le réle comparmenage ou ar A Ge ges tons traitées pour les traductions de textes relevant de la branche donnée. Ce serait cependant une erreur de croire que Ia traduction technique se passe en quelque sorte de vrais traducteurs. Les bureaux de traduction, les centres de documentation ne peuvent fonctionner avec Taide des seuls amateurs ou de. traducteurs ‘oceasionnels, Leur personnel est constitué de tra- ducteurs authentiques, spécialisés dans certains ordres de questions. D'autre part, certains domaines exigent des connaissances dépassant le cadre étroit d'une spécialisation, La traduction de brevets, par exemple, tt Vaffaine des spécialistes de la traduction, car on ne ‘pout espérer, dans chaque cas qui se présente, décou- vir sur heure un ingéniewr cor dans la branche abordée, d’autant plus qu’il Sagi @inventions nouvelles, qui peuvent s’aventurer fort Join sur un terrain non exploré. a Les difficultés inhérentes & ce genre de traduction rrentes de tout ce que nous avons ren~ Le souci artistique qui tenaille le eat inconnu du traducteur tech nique. Sa hantise, c'est le mot, voire méme la chose que Te mot désigne. Car il né agit pas seulement de connaitre des équivalences, mais de cor dans une certaine mesure, de sentir d’ comment ces notions se combinent, ces pi machines senchevétrent, quelle est leur forme, leur destination et leur fonctionnement. Il y aura parfois de subtiles conversions d’unités de mesure & effectuer. Presque toujours, il faudra se renseigner sur des points précis : le traducteur dépendra étroitement de ses sources de documentation, Le traducteur spé- falisé dans la machine-outil, qui travail inicur ow comme employé & quelque i mach sieurs langues, possédera sur ses tage énorme quels que soient ses talents personnels. Le traducteur littéraire bute rarement sur cette forme de la difficulté de traduction. Le dictionnaire est pour lui un ausiliaire secret, un peu méprisé, Le traducteur technique a besoin de dix dictionnaires, et de cent ouvrages de références, D’autant plus que Ia tech- nique évolue sans cesse, que des vocables neufs pé ent dans Pusage, et q i domaine dans lequel ‘mouvant, et est une des lc pourcentage des livres iques dans le Pédition : quelque 6% ‘ensemble des ouvrages traduits dans le monde. nest pas sous forme de volumes de librairie que se présente ’énorme masse des traductions techniques. ns graves pour Pexis- innombrables concitoyens, Ne dit-on pas 124 gue cst par a ute dun waducteur, 4 luit «big » par corn, alors qu'il avait affaire 2 des ‘Américains, que Ja France a mangé du pain de mais? Com veut bien dire blé en anglass, mais mais en américain, L'énoncé clair, en francais, d’ mode de production nouveau peut contr cacement & propager celui-ci dans ’économic fran- ‘aise; une traduction malhabile peut l'étouffer. Les Tesponsabilités du traducteur sont done, en Poccur- rence, dordre pratique, et ce fait ne doit pas étre sous-estimé. C'est Pattitude entitre du traductcur vised-vis de son texte qui se trouve modifiée pouvait déclarer naguére avec superbe : « duction est mienne et ne regarde que me ‘vous plait pas, nous n’avez.qu’a ne pas la aborde la. traduction technique, semblable prétention cst interdite, Sous le terme général de traduction technique, nons, ‘englobons, bien entendu, les innombrables formes de ‘traduction utilitaire — économique, médicale, scien tifique, etc. — dans la mesure ott c’est la primauré du contenu jusqu’en ses moindres nuances qui s'y affirme. Disons plus: & Pégard d'un méme tex deux aititudes opposées sont parfois possibles : celle du traducteur littéraire, soucieux de expression par- dessus tout, celle du traducteur technique, peu sen- le aux élégances de forme, mais scrupuleux & ‘extreme sur la propriété des termes spéciaux yes. Naguére, Jes dissertations sci étaient couramment composées et épris du beau 125 seulement établi son empire sur un vaste domaine lui revient en_ propre, elle tend souvent & env nombre de régions connexes. Peut-éire découvre-t-on 1a une des tendances les plus caractd fagon de traduire de ces deux derniers siécles, gens ou préter Poreille aux dames de la ic Ia tyrannie du langage précis fe frangais ch jont on a terme tech- nique au profit du mot général, paradoxe apparent, jl reflete Punité interieure de ia culture dur Grand iécle. On prend de nos jours le contre doctrine de Boileau, Nos grand Angleterre en pariant de « co jeval de fer et son allége sur une route & omiéres ». On dit ‘aujourd'hui trains », ‘entrepreneur est une figure intéressante aux yeux de Thistorien éonomiste. Un centre se crée aux Etats-Unis pour écuelier Penirepreneurship on se 2 Centreprencurial research. Les mots émigrent d'une langue & Pautre, changeant de sens, se gonflant de ismes, désignant des réalités de plus en plus es, de moins en moins accessibles au vulgaire. s éditent, & Pusage de leurs services linguistiques, 126 des glossaires spéciaux pout le pétrole, pour la stax tistique, pour énergie atomique, etc. Tl existe une notice officielle relative & 1a traduction du mot frangais « loi » en anglais et du mot anglais « equity » en francais. La terminologie fait de plus en plus Yobjet dune étude spéciale, incom Elle ne s'appuic sur « l'usage » que pour s' cher. Pour retrouver une attitude analogue des mots et de leur pouvoir d'efficacité, il faut, pare dessus les Ages classiques, songer aux lointaines Epoques dominées par la magic, Nommer une chose eétait s'approprier Pessence de cotte chose. Pour Confucius, un gouvernement avait pour réle essen tel «de rendse correctes les désignations ». Selon ‘ole confucéenne, le bon ordre universel dépen- entigrement une terminologie correcte. Les empereurs des hautes époques chinoises commen- gaient invariablement leur régne par une remise en ordre de la terminologic, Le fétichisme du terme propre impliquait, jadis, la nécessité de rites initiatiques ou de pratiques de méditations philosophiques inaccessibles & la foule. La fascination qu’exerce aujourd'hui la technique ct ce quelle entraine de. sp honneur les formes hermétiques de langage. L’écri- vain ou le journaliste se sent diminué s'il est inca; able de nommer la plante de son nom Jatin, Poutil de son nom dusine, chon de son stylo dimensions. Les organisimes les p) se camoufler d'initiales : SNCASO, BNCT, SFIO. [Le traducteur est amené A se, constitucr des réper- toires de cryptogrammes : ONU-UNO; OMS-WHO 3 127 WEUNA-FMANU, cic. Tl est possible que la divi- nisation de la technique ait pour conséquence inattendue non seulement un mépris de la clarté et de la beauté de Pexpression, mais une maniére @obscurantisme en fait de langage. Loin de nous de croire cette tendance afi ct imémédiable.t Des réactions se dessinen contre la manie du langage chiffré& allure technique, L’abjurera-t-on, le traducteur sera souvent obligé de chercher & comprendre ce qu'il di jours, il peut commodément sc cacher derriére ‘un rideau de termes of Panglais le dispute au grec. quant de contater que PUSS, qui ft naguére la lon des RSVES fey Nerkaind anole ares abré= Cuarres XII LA TRADUCTION COMMERCIALE Quoi de plus automatique et vain, & premiére vue, que la traduction commerciale, couramment assurée par obscures dactylos « connaissant les langues », par des vendeurs polyglottes, voire par le chauffeur parlant cing langues et pouvant graisser votre ture, que vantent les petites annonces du New York Herald Tribine? Ces modestes employés de bureau ou de magasin constituent sans doute la piétaille de la traduction. twaduisent que de maniér seulement 8 ison qui es emploic est dimportance cor caracttve spéciiquement international > agence de Voyages, maison exportation et d'importation, par exemple, ‘La place que tient dans leur activité Ia traduction orale est importante. Vendeurs, guides, portiers ont sion de parler des langues étrangeres, non de les écrire, Dans ccs eas, il s'agit plutét de conversa- tion en langue étrangére que de traduction ou d’inter- prétation proprement dite. Mais le travail accompli interprétes d'affaires s'apparente souvent aux, plus élevées de Pinterprétat Ceux qui travaillent sur des textes éerits sent fréquemment d'un jeu de formules stéréotypées. Tl 129 peut néanmoins Jeur incomber defect Auctions authontques, qui exigent des connatseanees et du doigté et qui embarrasseraient par ducteur littéraire chevronné, La secrétaire étranger de passage icter son courrier, se f is ow quatre langues, possédet" de plusieurs approfondie et poussse ons les plus fréquemment » mais savoir comprendre a cee la portés cachées dans ‘une premitre fois sous ier de Pétranger, un mot, dans un, re cn ceuvre les qualités iducteur. etc, doit non seulement Jangues une connaissance jusqu'aux spéciali Justa pécaintion fale présente une elle seule une Nous voulons i. parler de In tra- Inséparable de la traduction i commerciale en géné- ls ‘aduetion publictaive ext eoprlant Gs ie, par son esprit, de la traduction littéraire. Post de ses régles ‘techniques et artistiques. En se raméne souvent & une adaptation tres es étant for ccpendant, la traduction pure et simple un role incessant et i iquettes, de modes d’empl Toutes les maisons n’ont pas la po: rir aux grands spécialistes de la réclame, ni de faire @udier scientifiquement les marchés, Trop souvent, dans la pratique, on s’en remet non plus méme & des traducteurs. sérieus, mais & des employés plus ow moins qualifiés. C'est ce qui explique certains cata- logues de foires, certains opuscules destinés aux tou- rises, qui couyrent de ridicule les marques qu’ils prétendent servir. La traduction commerciale est, sans nul doute, un des terrains d’élection du contresens et de la bourde gaiog, Car Je commercant es ‘moins sensible & ia pureté de style qu’aux modes et manies du mom« il retiendra ce gui lui semblera faire riche, ou plement accrocher Pocil du client, fit-ce au pr une faute de frangais. L’habitude du slogan mene tout droit aux formules douteuses. « Achetez fran- ais » est calqué sur « Buy British »: c'est incorrect «ca dit ce que ga veut dire», Comme, par vats, les pays anglo-saxons présentent dans le domaine commercial une importance hors pair, que Te tourisme anglo-saxon est développé en France, la Caduction commerciale est une des grandes voies ouvertes A influence anglo-saxonne sur notre Tangue. C'est ainsi que, depuis un bon demi-siécle, se sont acclimatés dans nos rues les, ahurissants five o'elock & toute heure, le lavatory désignant une boutique de coiffeur, les Modern’s bar, etc,, ct que Simplantent maintenant les quick lunch, les snack bar et les self service, Parfois, la traduction sera sciemment utilisée ‘comme un moyen publicitaire, comme un true amu- ‘sant qui retiendra attention, La chose est notamment ey ee eee 130 131 vraie pour des produits dont Porigine étrangén est en S01 un atout: vins ot pasfums, par exemple, importés de France. Une marque d'apéritif insbre dans Je Times une ‘annonce rédigée en caractéres gras en frangais, avec traduction anglaise juxta- finda en petts caractern, meine J — I a Cuaprree XII LA TRADUCTION OFFICIELLE (militaire, diplomatique, administrative, judiciaire, ete.) A Paurore des temps historiques, on rencontre, aux cétés des pharaons de Ancien Empire, des princes pottantle titre de Chefs Interprétes, Hs accompagnent les armées, assistent le sonverain dans ses tractations avec les rois voisins, aident & Vorganisation des pays conquis. a, sans doute, Ia plus ancienne allusion & un de traduction, Dés qu'il y eut des Btats entre les Etats, des rapports pacifiques ou violents, Zeal ngesce Pappeler des hommes capables de faire bréche dans la barviére des langues. Cette acti- vite _précéda vraisemblablement toutes les autres manifestations de traduction, Interpretes mi cerprétes.diplomatiques, grands persomnagi ionnaires obscurs,louches Aventuriers ow personages investis de la confiance du souverain, il faudrait des volumes pour épuiscr la matiére de ce chapitre. Il faudrait parler des inter- prétes daces de empire romain dont font mention les inscriptions pannoniennes du LI* sigcle, des inter prétes fournis par Brunchaut & la mission que Gré- goire le Grand envoya évangéliser Angleterre (fin du Vie), Chaque siécle a les siens, dont le nombre saccroit et dont se diversifient les fonctions. fe 133 Certains caractires du genre Pea genre sont, toutefoi Le travail qu’ass ment pratique, et Paffaire en jeu p importance immédiatement sensible, Qu Pune négor i Pune besogne administrative ou d’une guerre, une erreur peut entrainer mort d’homme. La responsa- ité qui incombe au traducteur est lourde. ‘autre part, ce traducteur est malaisément con- trélable. I! est’scul & posséder toutes les cartes du Jeu. La question de confiance se trouve toujours posée, Aw sommet de la pyramide, nous trouverons les négociateurs de traités, les grands seigneurs qui font figure d’inspirateurs de la politique suivie par Jeur maitre. Sur les marches inféricures. sagitera tune foule aux origines doutcuses, suspecte et sus- pectée, Liinterpréte d’Hitler a décvit en termes sai- service de traduetion du is de Hitler). maitres s'efforceront naturellement de « les garanties », ne flt-ce que sous la for ion de serment, Agents d'une autorité, ces curs ne seront pas des intermédliaires neutres lépendants: ils devront professer unc allégeance 2 leurs ‘ ¢ domaine militaire, ces caractéristiques nettement, Dans son Manuel de Inleprite tcnant-colonel breveté A. Mermet ‘Les interprétes militaires auxiliaires préciewx du smmandement, ont pour réle de Lui rendre compréhen- sibles par traduction les écrits et documents de tous, ordres qui peuvent étre ravis & lennemi, dinterro- ger @ son profit les prisonniers, les habitants ct les suspects. é Le serment qu’ils prétent entendez le secret envers toute personne qui n’appartient pas au « Commandement ». Le corps des interprétes militaires de Parmée fran- ise est né en 18z0, au moment de la conquéte de PAlgérie.* Le recrutement des « interprétes et guides » avail €té entrepris dans la métropole dés le mois de janvier, un peu au petit bonheur. Les grades, éche- Jonnés de Heutenant & colonel, furenty des Pannée ivante, ramenés A ceux dadjudant a chef de |. Peu nombreux, d'une _compositios terprétes fuarent dotés i devaient se maintenir jusqu’a la guerre ane tée de sphinx encadrée Tin veloate blew oulremer passpoilé ea drap du fo a en 135 En 1901, on. comptait 62 officiers interprétes et interprétes ¥t dont 1 A Paris, 14 en Tunisi et 47 en Algérie, En 1887, fut créé un corps spécial di de réserve, ‘recruté selon les besoi de loin, aujourd'hui, le traditionn prétes de carritre, Ce sont surtout reves corps des inter- nterprétes de eerve qui accompligent le travail portant sur les wues européennes. En 1939, frangaise de laison avec le Corps ’Expedition britannique ne comptait pas moins de 2.500 officiers et agents de liaison. ‘On peut distinguer gresso modo: interpréte mi imposé pot stiques comprennent, outre des épreuves ire général, des épreuves nettement orientées, racadrement; il est ommé & chaque extémité d'une patte en drap sécoupée lade asa parti postisieure le 136 aT commune — latin d’abord, francais ensuite, depuis Is traités de Westphalie, Dés Pantiquité égyptienne, de méme, on avait imaginé d’avoir recours une Jangue diplomatique: sous Aménophis III, le Mem- non des Grecs, qui régnait vers 1400 avant J.-C. Pakkadien jouait ce r6le, Pécriture cunéiforme qui était piopre se révélant plus pratique que is iéroglyphes. Ge ft la difficulté des rapports entre Etat tiens et musulmans qui donna naissance & prétation et 4 In traduction diplomatiques. Les voisins immédiats des Tures — Vénitiens, Russes, Allemands — trouvérent Iongtemps plus expéditit @instruire dans la langue turque les consuls et les lomates cux-mémes, La France ne pouvait guére 301 is auprés de la était « avan- tageux pour un ministre étranger d’ignorer la langue du pays, parce que les Tures usent d’ordinaire envers les chrétiens de termes de mépris que les adoucissent », Heureux caractére! On était re ter re et Vinterpréte diplomatique. Pendant homme capable de parler des langues &trangeres’ et investi de Ia confiance du prince le servait & travers les vicissitudes de la guerre et de la paix, sexposait aux dangers des champs de bat comme & ceux des missions en terres oi Dans les tableaux ct @'Eléphantine participer aux expédit Barbares du désert et prendre pl : bateaux partant vers PAsie, On. sait que, plus prés eurent des interprétes pour rapports diplomatiques. On en trouve qui accompagnent les ambassades de divers souve- rains du moyen age. C'est I’établissement des relations suivies entre Etats et Pentretien de nentes aceréditées auprés des capitales é e eres qui 35, Depuis cette date, Ia France a tou- devaient poser pratiquement le probléme de Porgani- “présente & Constantinople. Et dea cette sation de corps d’interprétes diplomatiques. tt posée la question du recrutement et Dis le XV° sigcle, on trouve des « agents fixes » ponsabilités des drogmans. auprés de certaines cours d'Europe. A dater du cardi- fit kee "mdsulinins ull aad hal de Richelieu se muliplient les agents diplo institution, Dés le XIIe si¢cle, on en iques de toute sorte. Entre Etats occidentaux chré- jo; dara ‘les pays (courts ‘wat ecient jens, cependant, le probléme se posait avec une du Nord, les fordjimant étaient des fonc- moindre, en raison de l'existence d’une langue es de la douane dans les ports ouverts au étaient nommés par les isés dans les affaires de chaque nation étrangére. L’an_ 1502 nous légue le nom du drogman Ali Beg, qui porte A Venise un traité de paix, Younous Beg, mort quarante ans plus tard, éalt dorigine greequc, avait souvent visité Venise et bati i Constantinople Ia mosquée dite Tercuman Yunus Mescidi', Son successeur Ahmad était Viennois, de son vrai nom Heinz Tulman. On connait ¢ncore un Mourad Beg, Hongrois pris & la Dataille de Mohacz. ct qui a composé un @apologetique islamique et un hymne trilingue. Peu peu, la charge devint héréditaire et fut monopoli- sée par les familles greeques (les Mavrocordato, par exemple) qui purent méme conserver la foi chré- tienne. ‘Pour un pays comme la France, le recrutement des drogmans était assez épineux. Il fallait s'adresser A des Orientaux connaissant Je francais, ow aux rares sujets du roi instruits dans les langues orientales. Petit a petit, la profession s'organisa, grace, de nou- veau, & des familles of la charge se transmit de pére cen fils. Les drogmans employés par la France regurent tun statut et des postes furent régulitrement prévus seulement a Constantinople, mais dan: ints consulats : en Crimée, sur Ia cote septen- le de PAnatolie et dans la Roumanie actuelle, 2 Salonique, Smyme, aux Dardanelles, dans une dou- postes de la Gréce actuelle et divers autres ent, jusqu'au Les fonctions des drogmans sont trés divers 1796, Aubert du Bayet, ambassadeur de la Répul que, souligne leur importance en expliquant, notam- ment, que la Porte, en principe, ne répond jamais par écrit. Toutes les communications sont faites directement aux drogmans et & eux seuls. Le premier drogmat connaitre des affaires pol vement les négociations merce et & la navigatio ecupe du contentieux. Un quatriéme traite avec le Capitan Pacha et régle les affaires du district de PArsenal, Un cinguiéme agit aux douanes de Galata et de Constan- tinople. Un sixisme demeure en permanence au palais de TAmbassade. Un septiéme est employé traduction écrite. Ts posséder de solides connai i des hommes stirs, mais au robustes de corps et, précis jambes. Le comps pittoresque des drogmans est & Porigine des fonctionnaires traducteurs et inter ies Affaires étrangéres, jouissant langues de ’'Orient, des divers pays dirangers actuels. Fonetionnaires encore sont les traducteurs ‘étes des administrations dans les pays ot le gouvernement est distincte de Ia langue notamment, des pays colonia fonctions comportent, de nos jours, des modalités ferses selon les différents cas d’espéce. L’his- toire offre des précédents aux plus qui yont de pair avec Ia traduction apparait lorsque la langue adimi= nistrative et judiciaire n'est pas on n'est ph Jangue d’un conquérant. L’Burope occidentale s'est uation vis-a-vis du latin pendant terre vis-A-vis du frang Ge m’est_qu’en 1539 que VOrdonnance de Villers-Cotterets stipula Pobliga- tion Puscr du frangais en justice. Au siécle dernier rn latin & Budapest. Jusqu’a. nos jours, es formules Tatines sont fréquemment citées dans le droit frangais, des formules frangaises sub- sistent dans le cérémonial britannique: Ie héraut de la cour de Saint-James annonce unc proclamation par la formule « Oycz », is jew et_mon droit » et « Hom pense ». Que Von réfiéchisse aux conséquences pra- tiques découlant de Femploi du latin dans tous les actes de Ia vie officielle alors que les populations et, souvent, les juges et’ administrateurs cux-mémes avaient perdu'toute familiarité avec cette langue, La trouvée dans cette Mi géne qui en résultait fut peutétre moins durement ressentic pendant un certain temps par les peuples de langues romanes, Mais le latin régnait jusque dans les pays getmanigues, C état en latin qu’ étaient, les iciaires, en latin traduction, Le débat stenga- gcait alors en germanique et toute référence & dau textes passait de nouveau par Pinte sion prise était enfin consignée par re des procés-verbaux. e in peut ainsi dépister’ une série derreurs de traduction qui ont &é codifides par le vieux ah Nobilis, par exemy libre», tantée ce qui aboutit & des contradictions dans sion. Les procts-verbaux notés eurrente calamo n'étaient pas sujets & revision: comment aurait-on pu vérifier, xactitude dune traduction résumée de débats en langue vulgaire, la base de textes de référence latine auxquels terpréte donné une ce formulation avait influencé la discussion? Lui seul pouvait ce qui s'était réellement passé et la portée ‘A condition de bic gens les mieux: eres Péglise, curs offices. les. décisions 12 des discussions d’intéréts, de droit et de loi. Is pou- i du liew et errer un pew i que, dans la loi fri- ations allemandes sont _notées te franc, manifestement parce que le tra- e était Porigine tranque et non frisonne !. On saisit sur le vif les innombrables occasions d'erreur et de malentendu qui pouvaient se présenter, ct Pon mesure la difficulté du réle du traducteur. Les descendants directs de ces cleres du moyen age se retrouvent aujourdhui dans nos pays mémes au sein de Pordre des traducteurs;jurés, Ceux-ci sont assermentés auprés des tribunatix et remplissent le double réle Pinterprétes au cours des débats et de taducteurs de pitces offcielles. Leurs fonctions ont sensiblement évolué depuis ces hautes époques, d’une part en raison de l'impor- tance accrue des paperasses de toute sorte, d’aure part cn raison de la disparition, dans nos pays, des Jangues de gouvernement distinctes des langues ‘vulgaires, Us n’interviennent plus guére que pour aider les étrangers, les Frangais de langue non fran- ‘aise ou les Francais aux prises avec des textes étran- gers, Du méme coup, au lieu d'une traduction va-et- Vient entre deux langues données, cest & une infinité @idiomes qu’ils doivent suffire. On s’en rend compte fn jetant un coup d’aeil aux tableaux affichés dans les ‘mairies et les commissariats de police. CE Ph. Heck; Ubersetaungsproblome im fethen Mittealter. 956 & Paris comptent soivante- pretestraductesrejurésinseits idm ext specialiaé dans Matee- 143 tejuré est naturellement amené & acquérir Ta connaissance, rudimentaire au moins, du plus grand nombre ‘de langues possible, ou encore a constitucr, sous sa responsabilité, un cabinet de tra- duction faisant appel A plusieurs collaborateurs. Cela permet dassure iduction des actes écrits, Quant aux débats judiciaires, de méme que larmée a admis les interprétes de 'réserve, les. tribunaux admettent des interprétes désignés par les moyennant serment de fidélité dans la te Moins connus du grand public interest cnduteus te neti C : ar lettres patentes du roi datées de décembre 1675, la fonction subsiste jusqu’é nos jours, sous forme de charge, Ces «conducteuts de navires’» ont, en réalité, pour role de guider les capitaines étrangers 4 travers les fore rmalités des douanes et des cours maritimes, de donner aux autorités la traduction autorisée de tous les actes, afférents aux opérations de commerce maritime, etc. Assermentés comme. les _traducteurs=jurés, emplissent les fonctions dans un do: ipaux ports et a Paris, ils ont ns, leur organisation, etc. A cheval aux catégories que nous venons d’étu- plutét qu’a celles des traducteurs commer- par Tétendue de leurs responsabilité et sur , par le caractére officiel de leurs fonctions. (Cuariee XIV LINTERPRETATION DE CONFERENCES Dans tous les exemples énumérés au chapitre précédent, on a pu remarquer Pimportance de 1 ierprétation et des interprétes. Pendant des siécles, assurément, Finterpréte a eu le pas sur le traducteur ‘ou, plus exactement, la traduction écrite n'a repré- setité qu'un cas @espece, une opération assez excep- tionnelle. ‘Aussi n’est-il pas surprenant que les mots dési- gnant la traduetion en général et ech Peffectue se fussent_ spécialisés pour désigner Pinterpréte et son travail. Joinville parle de Te sarrazinois et le frangois, que mens, qui enromangoicnt le sarrazinois ». Nos peres navaient pas autre mot que éruchement pour d quer Phomme qui traduit, que ce soit de vive ou la plume a la main, C'est un mot arabe, tar- ‘trouve uae variante dans dragman, et djountn, ay qui remonte et au targum aramécn, i-méme a Passyrien ragdmou — parler, tilmatch: polonais tumac Imetscker. ct vieille de trois mille ans savoient ‘appliquant 2 Ia traduction des textes sacrés en Iangue chaldaique, D'autres Iangues européennes ont pris leur vocable au ture sse olmatch, allemand Dol- rigine du mot est mitan- Lather, grand teaductour traduction en général. Quand op’ épandut, il a fallu cependant forger des termes nous rux pour en rendre compte, Etienne Dolet a ainsi créé aw XVIP sigele le terme de « traducteur > lement, les vieux vocables « truchement » «tolmatch », tombaient un pe é ich» nat un pew partout en désuétude et tendaient & se restreindre'a des formes sul de teaduetion “ra crpriation hi. méme, de haute noblesse In Saint Jérome: 2 Opin Gon Intra) ea Tolonders une ee pejorative de. traduction approximative, eB luction approximative, dle nos jours, les interprétes de confrene unanimes'% ptorlamer quile ne. soubor dy. tae "us, ce n'est certes' pas par sentiment @i riovité envers ces demiers pee si nious consacrons un chapitre spécial aux de conférences, ce n'est pas sculement c qu’a Ia diplomatie ttaditionnelle s'est ajoutée, s jours, une vie internationale qui a donne nais- Aun peuple aceru de traducteurs, interprétes, us, procts-verbalistes bilingues,” ett, Creat ent entre la traduction, : erprétation de cs une différence fondamentale, voire une ar de tra attend: saméticain dinertant en 1 mene eete dicta 7 ‘ue ela, Elle commence, en réalite, fe (KWH, Scholes The tf Tran 146 antinomie, Un grand interpréte de congrés a pu crite: « Ce sont deux disciplines d’esprit et de_tra- vail véritablement opposées et qui se détruisent mutuellement ». (Jean Herbert: Manuel de P'Inter- rite, Gentve 1952, P. 6.) Un traducteur cheyronné ne réussit_qu’excep- jement dans Vinterprétation. Un excellent te ne fait pas nécessairement un bon tra- ducteur. Si étrange que cela puisse paraitre, un interpréte de conférences, tendu dans Peffort propre A son travail, éprouve une réelle difficu par écrit un’ texte banal qui peut lui étre soumis 2 ce moment. Les vrai tués peu nombreux; leur situation dans les orga nisations internationales est, en pratique, plus haut cotée que celle des traducteurs, En méme temps, Teur profession est encore jeune ct doit s‘affirmer devant lopinion publique: Tien de plus normal, dés ors, que de voir les intéressés en souligner Pauto- terprétes de conférences sont encore j, néanmoins, nous parlons de Pinterprétation de conffrences dans ce livre, c'est que le sens attaché par nous au mot de traduction est incomparable~ ment plus large que celui communément sous- entendu, D’autre part, nous croyons que les compa- raisons que nous serons amené a établir feront plus Clairement ressortir les différences qui existent entre Finterprétation de conférences et tous les autres genres étudi jin dy perdre, les interprétes ne sauraient que gagner & cette confrontation. erprétation de conférences est une forme orale de traduction, Crest, de plus, une traduction instantanée, 147 Vinterprite na pas devant lui des fer papier et des sienna mais des etres vivants au arent et & qui i wil doit entendre et dont aout se tic entdre: H parle plone ot aux savants, anx artistes et aux ingénieurs, aux gens lise ct aux négociants. Il parle dans des salles apparat et des rasemblements houleux, au tableat ‘ou autour du tapis vert. Nulle part i i dlétonner: orateu, il Goit aussi etre eee eal Qui donc, sinon un acteur, est capable de s’iden- tifier totalement avec Phomme qui de parler ct dont il doit transmettre fidélement le propos ? Quand une discussion véhémente oppose deux con- ‘interpréte coit savoir avec une fougue le se faire tour a tour le porte-parole de Pun ime de Pautre et se mettre instantanément dans year de chacun des adversaires. "est cela qui oppose également conférences wagée jusqu’ici — interprétation juridique, commer Linterpréte commercial’ répéte approximati« sans jamais chercher & reproduire \éme du propos qu'il vient d’entendre. interpréte «au profit du Comman- i», Liinterpréte de conférences est ten a une saisir et rendre la nuance té technique est accruc du fait que et doit éire instantanée. Le traduetour Ic temps d’une recherche. Un bon tra~ a i i 148 149 catégories d’interprétes me se sentent pas génés | Jui permettait, en outre, de corriger & l'occasion les @hésiter, de solliciter un éclaircissement, de se bévues commises par certains délégués. Liberté que reprendre, L’interpréte de co ces, ‘a pas le ne s’accordent plus guere les interprétes des congrés actuels. La plaisanterie la plus classique touchant Tinterprétation de conférences veut justement que ‘un des plus célébres interprétes de la S.D.N., ayant 1é avec flamme pour le délégué d’un petit pays, entendu protester : « Ce n'est pas ce que j'ai « Mais C'est ce que vous auriez dit di Crest entre les deux guerres que P de conférences storganisa. séri Nations, Bureau International du Travail, grandes organisations international entales, uatrent de plus en pl é tation en deux ou pl ‘ers 1930 apparut la simultanée . En dépit des résistances, elle simplanta aprés la deuxieme guerre diale dans toutes les réunions utilisant plus de Tangues et, fiéquemment, dans celles qui uti- ent deux langues seulement, Elle a été adoptée les parlements de certains pays plurilingues jue en 1936, Suisse en 194 Rods, his valle, Cotte particularité est frappante dans tation simultanée, Coiffé eécouteurs, transmet sans déiai le discours qui lui tune autre Iangue, Elle Pinterprétation cons itervention et lar est pas moins réelle dans Liinterpréte _enregistre ance tenante. dans porte sur la restitution Jong et touffu: la traduc- manque pas dimpressionner ceux qui assistent pour la premitre fois une conférence internationale iment interprétée, On comprend que les vrais interprétes de conférences soient raves : on wn’ compte pas deux cents dans le monde entier. Les plus grands sont auréolés dune légende semblable & celle qui entoure les artistes de la Conférence de Ia Paix, en 1919, que la vérital rprétation de congrés est apparue, Le nom de Paul Mantoux demeure lié & I’événement, Durant ces interminables séances, & vrai dire, Paul it souvent censé pafaphraser_riéves ions de certains délégués plutdt que de les reproduire verbatim, Son immense érudition interpréte. (qui Pune notation sténographique) ne servent ie de repéres, @aide-mémoire. Or ce mest 130 as phrase aprés phrase qu'on reproduit les discours, Brad stot que Porateur Set ass, Liactel chet des services linguistiques de ' UNESCO eut ala .D.N., & interpréter un discours de deux heures ct demic prononcé par M. André Frangois-Poncet. de donner une régle générale quant isons de langues que doit pouvoir assurcr un interpréte. Celut qui connait une demi- douzaine de langues sera recherché, Celui qui parle frangais et anglais sculement, mais est brillant dans ces deux langues ne jouira pas dune réputation moindre. En simultanée, on a tendance & toujours confier & un interpréte la cabine qui correspond & sa je. En consé il est normal que Pinterpréte tra st a-dire, par exemple, anglais en frangais et vice Du temps de Ia $.D.N., Antoine Velleman prétait en anglais, “en frangai allemand. « Cét tendre traduire ui langues dans les trois autres », érivait le 12 janvier 932 le Daily Telegraph. Son cas, comme celui de quelques grandes vedettes de Tinterprétation de conférences, est assez exceptionnel, On a méme youl parfois poser Paxiome que Vinterpréte ne donnait vraiment sa mesure que dans son parler natal. La ‘multiplication des réunions internationales fonction nant en frangais et cn anglais a toutefois exigé Pemploi systématique d’interprétes pouvant travail- ler indifféremment «dans Ies deux sens», et Pexpé= nce a prouvé qu'un personnel répondant a cette exigence pouvait étre trouvé. Peut- tre IV: Chiffres et statistiques DEUXIEME PARTIE VIII: La traduction théatrale, radiophonique IX: La traduction cinématogra- traduction de presse XI: La traduction techniqn re XII: La traduction commerciale re XTIT: La traduction office diplomatique, administrative, set.) os re XIV: Liinterprétation de conf XV: La machine & traduire TROISIEME PARTIE ire XVI: Le traducteur dans I XVI: Lavenir aux statistiques relatifs A Pédi- (I & IV). nl au cinéma (VIA Publications de 1’ Ecole d’Interpré Manuels Textes Avro

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