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La question du patrimoine Carmen Ortiz Conseio Superior de Investigaciones Cicnnficas de Madrid Llorene Prats Universiae de Barcelona | RESUME Si ine rresutaton patrimonile des spécifitésnigionales a émergé ds le x stl, le franguisme s'est attaché & downer & la cana eee carne! gue “a baton des nds FEipagic ase ia gue edmmraines ext enmaing un large deeloppement de ix polune Morseles: Parimoine. Folklore. Franguisme, Musée. Pare ho Carmen Orie cic Departamento de Antropologia Dusue de Medincelt & 28019 Made —— Le développement de recherches concernant les ‘objets macériels ainsi que les témoins culturels d'un ips et d'une époque, que nous nommerons + activation ae repertoires patrimoniaux »', répond, a Torigine et fons ntalement, a des intéréts politiques visant F'adhé_ Hon populare eta legitimation symbolique d'idéologies identitares, dont la promotion est assurée essentielle, ‘ment par les pouvoirs publics en place. Cette activation {at appel 3 un corpus d'éléments pocentiellement clasa- bles dans le patrimoine et référant i la natute, au passé ot au génie d'un peuple. Ces éléments (objets et phenome. nes Sensible) agissent comme réierents symboliques selectionnes des idées et des valeurs dont ils sont pos, teurs. Ils sont ordonnés en discours. incerprétés et rn quetés de multiples facons atin de restreindre leur olyserue et de ratuier ainsi le caractére factuel et sacre dia sens quia été prealablement établt, En outre, is pie= servent un rappore nécessaire entre cette figure disturs ‘ve les rétérents pacrimontaux et 'identté [Pras 1997), Ces Feprésentations symbolico-patrimoniales appa faisent. en tane que telles. pour ia premiére fois done les pays européens, au début de l'ére contemporaine avec $¢ qué lon a appelé a révolution industrielle, a montés de fa bourgeoisie et son expression politique et idgos logique dans les cadres respectits du libéralisme et du romantisme. Ce dernier. tout en exaltant la liberté indie {uel et les grandes entreprises historiques, les patries st les nationalismes (parfois les pan-nauonalismes, mats aussi en mythitant la tigure du heros et de lexploratear patrimouale ct des usages politiques du champ partooncal sque. Catalogne. Lorene Prats Oniversitat de Barcelona Departament d Antropologia Social Baldiri Reiwac, sn (08128 Barcelona dans expansion coloniale, crée le concept moderne de Patrimoine toujours pertinent. Parmi’ les élemencs Gonstituti du corpus patrimonial (unique sur le plan théorique), le patrimoine dit « ethnologique » (ou * populaire») revée un intérét tout particulier, bien gue ses référents soient dépourvus de la noblesse attribuce aux éléments historiques et artistiques, ors de a recherche d'élements ex de symboles iden- Uuaires, les références au peuple et ala « culture popu lar » fourmssenc de bonnes bases pour un dnoee go gifrenciation, suppose obyecut dant Is mesure oui et produit 4 pari de deux éléments considéres comme » aturels » L environnement physique. le paysage four, nissent des bases jugées décerminantes. Un deuxigme élément se superpose a ce substrat physique, plus difficile 4 définit ou 3 objectiver : Je génie. un caractére ou une facon d’étre collective. propre a la nation. La médiation entre ces deux élements tondamentaux se réalise 3 ravers les processus historiques, généralement tres anciens, qui se sont eristallisés dans la » tradition ». La communion entre le peuple e la terre dans une unite physique. Psychique et historique peut étre. du point de vue de son essence, appréciee matériellement: elle produit la culture « craditionnelle » ou « populaize » Par rapport au patrimoine historique et artistique, le pattimoie populaire presente une série d avantages qui lui permettenc d'étendre sa portée symbolique au cadre ational. Il est porteur d'un modéle de cohésion sociale. qui etiace des ditiérences internes, par exemple. les Elmo tncave. XXX, 30, 2p 242 Carmen Ornz et Llorene Prats 1. Carte postale évoguant un monde archaique et rural, un coin pique d'Anso. dint ler Pyrenees aragonaises (Saragose Ed, Sicilia). différences entre classes, entre traditions érudites er illet- trées. urbaines er rurales, ditistes et subalternes. etc. Le ecours au passé traditionnel » unitie des groupes divers par identiication émotionnelle 4 des poles intéarateurs et symboliques. sur les plans social. culturel et écono mique. Nous venons tous, en fin de compre. du meme monde archaique et paysan, et chacun souhaite qu'il figure dans ladite « culture traditionnelle ». Si le patei- ‘moine nous lie intérieurement davantage 3 la nation. il offre cependant une + couleur locale ». vision contrasiée des pays et des histoires, sensible dans un monde ot les tensions produstes par | homogenéisation sont evidentes, = Les données de histoire En Espagne. la construction patrimoniale connaie twois moments cruciaux. Le premier coincide avec la naissance du romantsme. le deuxieme se deroule pendant le franguisme comme conséquence de la rup- ture politique et de In volonté explicite d homogénei- sation idéolovique de la dictature: entin, le woisieme Interviens avec la transition démocratique ; i corres pond i ia récupération du pouvoir politique par le peu ple et linstauration du systeme des autonomies. Au XX" sitele sone élaborés les premiers repertoires patrimoniaux, paruiculigrement marques dans les Fegions of ont lieu d'importants mouvements identi= aires, généralement liés 3 lindustriahsation : la Cata- logne et le Pays basque sont dans ce cas. Curieusement. le premier patrimoine populaire qui fut rassemblé en Espagne (et dans toutes les sociétés 3 forte composante rurale) n'est pas un patrimoine matériel «, mats mmatériel », il y a plusieurs raisons & cela. I'slément le plus déterminant demeurant le faie que le village est percu comme un dépositaire. médiocre. d'un pacri- moine noble issu du passé et de la nature. Pour les folkloristes allemands romantiques et post-romantiques intluents en Espagne. le peuple ne renvoie pas 3 ur realité sociale. mais 4 une force poetique. Ainsi, Herder déclare-t-il ts clairement. dans ses recueils de chants, Populars, qué le «peuple» nest en rin comparable 3 lt popuiace dela rue qui ne chante jamais, ne compose jamais dd vers, mais qui rie ct trongne les ries » [Bausinger. 1993 27]. Lidgalisme et ia spiritualicé occupent une place Centrale dans le discours romantique et ne font interve~ nir, par consequent. que les seules créations Iyriques et musicales, la mythologie et le droit. en tant que contri- butions da « peuple » au patrimoine de lz nation. IIs'agit précisément de celles qui se rapportent 3 esprit, qui révélent I'ame propre et profonde de la nation. dont la langue constitue le mode fondamental et privilégié expression. Ainsi les objets du peuple constituent des réferents d'un passé trop proche, qui rappelle vivement la _misére quotidienne’. alors que la litérature dite « populaire » est. en revanche. ennoblie par les incellec- tuels romantiques comme étant le reliquat d'une anague jeuse littérature médiévale conservée cel un crésor Sous ce que les basses classes rurales one de enfow vulgaire A partir de la moitié du xtx’ siécle sont rassemblées de nombreuses collections de « literature populaice » suivant une volonté évidente de constituer un patri- moine. C'est aussi 2 certe époque que se produisent les premieres et timides tentatives de constitution de col- ions de culture matérielle qui ne se développero qu au début du xx’ sigcle. en certains lieux seulement Ainsi en est-il de la Catalogne. du Pays basque. de la Galice. ou. d'une auwre maniére. de 'Andalousie. Les premiers recueils littéraires. que Ton étendra plus tard Sux usages et aux crovances, les premuers projets de musicologie bénéticient d'un contexte inteliectuel pro pice 4 leur enracinement et 3 leur développement. Ce premier élan ne sinscrit gue ts laborieusement dans des institutions capables de garantir un travail collectif et dassurer une continuité 4 ces projets allan au-dela Binsogefaneave, XXX. 2000, 2 de Pimplication individuelle de leurs auteurs. Un certain nombre d'actions 4 vocation patrimoniale méritent dére soulignées. Bien que marginales, elles furent mené at les sociétés qui proposaient des excur- sions, trés actives en Catalogne. a partir du derni du xix’ siécle, que par les secteurs de I'dlite rétormis agrégés autour de Insticucién Libre de Enseftanza. dont Tobjectit pédagogique majeur état la connaissance des passages. des monuments et de lanthropolozie du pays. Le reste de ces actions ne conceme que des auteurs isolés. des entreprises individuelles. des cénacles réduits, sme lorsqu ils portent des noms pompeux, comme Ei Folklore Andaluz, qui fur fondé a Séville par Antonio Machado y Alvarez (Aguilar. 1990] Les efiores précurseurs qui furent lancés au cours du Nix sidele se concrétisent par les activités ent pendant la premigre moitié du XX” dans un cadre 3 connotation forrement régionale : Arexiu d Emogratia { Folklore de Catalunya (1915). la Sociedad de Eusko- folklore (1921) et le Seminario de Estudos Galegos (1923) en sont des exemples signiticatii', Les rates ini- ‘qauives a tendance patrimoniale qui prennent ensemble du erritoite espagnol comme cadre de référence sont également nées d'initianves individuelles et obtiennent difficilement | appui effectif des organismes d'Etat. On doit les propositions les plus professionnelles et les plus ovatrices sur le terrain du patrimoine ethnologique (conerétisées par la création de musées) a deux anthro- pologues de formation naturaliste, Telesforo de Aranzadi et Luis de Hovos, dont les recherches sont, éeidemment ortentées principalement vers l'anthropologie biologi gue mais suss, parallelement, ec avec fe meme interes vers lethnologie. Tous deux avaient une experience et lune connaissance directe des actions menées dans d autres pays d'Europe au cours des premiéres décennies du siécle passé, Ils tentérent 3 plusieurs reprises. entre 1910 ec 1913. d'impliquer 'administration dans la créa- gon dune collection d'ethnologie nationale. en avant frequemment recours. entre autres arguments, la nature « patriotique » d'une telie aruvre et au fait que autres nations souinescompraient djs de tells ent prises. Toutetois. rous deux avaient conscience du peu Gintérét que mianifestaiene non seulement les élites au pouvoir, miais aussi les intellectuels ee les universita gard da patrimoine populaire (Aranzadi, 1910]. Cest seulement en 1934. en pleine periode republicaine, pour des raisons politiques, qu'une collection nationale deth- gtaphie est créée, reeroupée sous la dénomination d Museo del Pueblo Espafiol. a la demande de Lui Hoyos Entre 1936 et 1939. la guerre civile a pour consé- quence la paralvsie presque torale des proiet: individuels et collectts, puis leur arret consécutif § la victoire des troupes levees contre la légitimie républicaine. Un. grand nombre d'intellectuels impliques sont eliminés tués ou exilés. Le nouveau régime dictatorial nourrit tun projet de restauration nationale qui sera développe Erinloge sewane, XXX. 2000, 2 La question du patrimon _FRANGO asta eae B mee amie So ants te paces © ite camp t: alia 2. Le portnit du Caudillo Franco imposé comme fs Fidenaté espagnole (Enfants au bras leve, anonyme. © Efe dans deux directions complémentaires : une est sociale qui prévoit la liquidation des avancées de la République et le retour au conservatisme le plus strict : Pautre est culturelle et prétend soumetue la diversité interne uunité de la patric. telle que I'a définie José Antonio Primo de Rivera, une « ume de destin dans universe!» Pour parvenir a ses tins, la dictaeure doit non seulement éliminer ses opposants potentiels. renover complete ment le cadre légal de la vie publique et privée. instaurer tun Etat policier, mais elle doit aussi créer et légitimer une version nouvelle de Tidensité espagnole. Pour ce faire, elle a recours. avec la complicite des autorités ecclésiastiques, & Vactivation des svstémes de symboles. et parmi eux ceux qui relevent du patrimoine. L'acti vation de nouveaux répertorres patrimomaux par le régime tranquiste et la reinterprétation des repertoires eistantsimmpliquent aussi 'épuration d autres repertoires cla dispariuon dobjew et de retrens. difielement Carmen Ortiz et Llorenc Prats réinterprétables dans le cadre du nouveau régime. C'est ie cas de certains monuments qui sont démontés et conservés dans les sous-s0ls des dépendances officelles. constituant ainsi, avec d-autres réterents emblémanques Stns en sommeil . une sorte de musée virtuel de Fopposition. Le patrimoine populaire connait, dans une certaine mesure. un sore meilleur, en raison, d'une part. du carac~ tere conservateur des critéres de clasitication. depuis Jeur origine jusqu'a !époque romantique, et. de aut 3 cause de son attribution a des réalités + ancien Celles-ci ne representent pas un danger politique poten- el pour Tunité de la patrie (meme dans le cas des régions aux antécedents nationalistes manifestes). mais gu contraite. exemple emblématique de la diversite régionale tolerable maintenue sous le para- digme d'un «sain régionalisme bien compris +. De ce point de vue, le nationalisme extreme du franguisme Pecorde four a fat avec le concept classique de » culture populaire », propre au folklore. Une théorie organique Gea société. conservatrice et archaique, fournit un bon: Schéma au sein daquel les conrontations sociales in hes peuvent étre theoriquement assumées, en recourant 2 Tidée de nation comme entité primitive et éternele Le peuple (contondu. selon le cas, avec Is esprit» ou la se race ») est la base qui assure le maintien de I'édifice Social naturel [Bausinges, op. cit: 70]. Les differences Fegionales de la culeure populaire sont réinterprétées, au plin esthétique et émotionnel, pour ne pas mettre en Banger la structure centraliste correspondane 3 T'irratio~ nalisme du discours fascist. ‘On trouve. tout au long de la période franquiste, de nombreux exemples de « folklorisation + des différences régionsles, taitees dun point de vue esthérique. Cela concerne, par exemple, des éléments du_patrimoine culturel aussi signiticatts que ‘architecture, La construc: fion d'une image bucolique pavsanne insistant st Teathétique arcisanale et fondée sur la varieté tradition: nelle apparait comme un objectif des plans de recons- ruction et de planitication urbaine successii. nécessaires apres les destructions qui furent occasionnées par la guerre, Cette image semble étre la plus approprige @ la fre de la masse et offre un contraste avec l'architecture Imonumentaie. commemorative ct héroique de T'Exat cone lus generale. le fait que le développe- mene d un repertoire pacrimonial populaire espagnol ait eg confié aun organasme politique (la section feminine de la Phalange) et non pas universitaire ou proiessionnel, ext signitieat des interéts patrimoniaus de TEtat, Cette Section fut largement ditfusée par la radio. le cinéma. Ja presse et les grands festivals propres au régime et utilisée par ce dernier comme ambassade culturelle (Ortiz, 1998}. ‘Cependanc. on peut parler. de ce point de vue. d'une cerreut de calcul commuse par les strateees de la dictarure. dans la mesure ou. dune part. le discours symbolico- developpe, patrimonisi quis ont dépourvy de légitimité sociale et de consensus. n'est pas parvenu 3 produire eifet escompcé auprés de la population qui | Ruabiie d’» espagnolade » et Pideneiie a! Espagne arrie see ce dont elle soutire ec qu’elle souhaite laisser der- Tiere elle. par comparaison avec les pays sues au-deli des Peréntes qui représentent le progrés matériel et moral 2 atteindge. [J autre part. dais les régions reven- Giquant une identicé ancienne, Paurorsation de réédice Get recueils antérieurs (parfois en langue vernaculaire et de produire de nouveaux ouvrages sur le patrimoine populbive ainsi que de mener i leur terme. paradoxale- Fhent. certains projets muséographiques issus de la période precedente et mis en ceuve par les intellectuels Peles poliiciens locaux plus ou moins Ouvertement col- luborateurs (c'est le cas. parmi d'autres. du Museo de Industrias y Artes Populares del Pueblo Espafiol de Bar- celone qui fut lance par Tomis Carreras Artaw’) permet dle rearouper les mouvements de résistance nationalistes Gui laissent ainsi i Técart leurs disensions polinques pour faire face 3 Pennemi commun. Dans un autre sens, on peut également parler de échee de la direction gouvernemencale du patrimoine populaire espagnol de I époque. Ainsi. on peur observer Fe Foneradiction (affectant les musees) esistant entre une nécessité theorique de controle politique du patrimoine erle desintérée pratique manifesté & légard de son déve- foppement dans un cadze universitaire ow professionnel. Le musees qui furent créés par Franco pour symboliser sa vision « imperiale » de I'Espagne (Museo de Améric Museo de Affica, Museo Etnologico y Colonial de B: elone) comme les deux autres insticutions qui abritaient fes collections ethnographiques d'ordre national (Museo del Pueblo Espaiol ou Museo de Industrias y Arces Populares de Barcelone) et qui auraient pu servir 3 exp0- sera conception de I'Espagne, soufftent d'avatars divers qui pourraient etre clasés selon une échelle allant du Gaastsommeil ou du désintéressement administraif jusgu'a T'échee. En toute logique. la possbilité de creer Yes collections d ethnographic regionale 1 est pas envi Sagée et lon observe. en revanche, 3 partir des années Scuxante-dix, ume certaine forme d'action oriemtée vers Ieveréauon de musées de culture populaire. de portée Tocale ou régionale Cependant. on peut considérer (au moins du point de vue des intentions) que le projet Mane la‘eréation d'un réseau compose de dix-huit Inustes darts et de courumes populaizes (un pour cha- ue region) dans le Segundo Plow de Desarello consttue wn changement [Nieto. 1969: 82], Un seul musee. parm ceux gui furent proposés. le Museo de Artes y Eostumbres Populares. de Séville. voit réellement le jour en 1973, Il a continuellement soutfere dune précarite Ge movens économiques et techniques sans parler de sa dédninon, dans la mesure oit il se développait sur la base une optique particulariste, de recuperation et de Conservation des objets. d'usages et de courumes qui Caracterisaient, de maniére caricaturale, la culeure popu- laure locale. ss, XXX, 20, 2 La mort du général Franco. en 1975. marque la fin d'un regime dont l'économie était fortement moder nnisée au cours des derniéres décenmies. qui avait empruncé timidement. mais progressivement et sans que Fon pussse l'arrerer, le chemin de ouverture sur le plan idéologique. En revanche il maintenatt. sur le plan politiue. la rermeture la plus absolue, Immédiate- ment aprés la mort du dictateur. le réalisme politique Simpose. et un processus convenu de transinon vers la démocrane parlementaire débute. non sans quelques vicissitudes e brusques changements de rvthme et meme queigues sursauts importants. comme Ia tentative de coup @Etat de 1981. ainsi que la deuxieme tentative criminelie avortée de 1983. Finalement le pays reoint le club des démocraties. 'Union européenne et s integre pleinement dans [ensemble des pays développés oceideneaus, Dans ce. processus de transition, de nouvelles situations idenoaires dun grand intérét saffirment impliquant M'élaboration de nouveaux répertoires patti moniaus. Trois phenoménes complémencaires meritent etre soulinmnés. En premier lieu. la recuperation publi- gue des nionuments et des éléments. patrimoniaux cachés ou expatries : les statues sortent des sous-sols et feeouvent leur place antérieure : Geni, de Picasa propriéé du gouvernement républicain espagnol retourne 4 Madrid. Ensuite. les élections locales per= mettent, dans la quasi-toralité du territoire espagnol. Taceés au pouvoir des partis et des mouvements sociaux: qui avaient incarné Fopposition la plus ouverte au régime antérieur. Dans de nombreux villages et villes on passe presque directement de la clandestinité au pou- voir municipal. Ces gouvernements locaux dont le pou- voir procéde, pour la premiére fois depuis la guerre civile, ibtement et directement du peuple développent tune activité fébrile dans cous les domaines. y compris, ans celui du symbolisme, en essavant de rendre a la société civile son role central travers la restauration des tetes populaires et la récupération de la mémoure, & pro- pos des noms de rues. des personnages persécurés. des episodes historiques passés sous silence. Tour cela pren- dra forme. dans certains cas. en une veritable « envie de musée ». remple laic de F'identité retrouvée. quel qu'en soit le deeré d'aboutissement. On assiste donc 4 une renaissance importante de T'intérét porté au patrimoine populaire trés imprégné, aujourd hui. de valeurs écolo- jastes, arusanales. parfois meme mystiques ou paiennes. Celles-ci sont issues de Tindluence des mouvements culturels européens et nord-américains des années Soxxante et soixante-dix. En tin de compte. la jeune democratic espagnole atironte "en probleme” poliaque dont la solution inonce dificile : il s'agit de faire correspondre les aspirations des autonomies et les exigences de I'Etar fou au moins en ce qui concerne la Catalogne. le Pays basque. cans une moindre mesure. [a Galice. et enfin VAndaiousie, Comment concilier le drox avec 'auto- shag ranean, NX. 200 2 Ta question du patrimome 245 gouvernement qu’implique lewistence de ces commu- nautés dans Tunité de Espagne. 4 un moment oi les structures franguistes coexistent avec les partis démocra- tiques four récemment légalisés, sans provoauer un pr cessus de rupture qui menaceraic la stabilité et la paix ? La formule qui permet finalement de contenter les uns et les autres. ou pluror qui ne satistsit personne mais qui apparait 4 chacun, comme un moindre mal, est la re ‘tucturation de [Etat espagnol en dix-sept communau- tésautonomees dont les pouvoirs politiques sont attribues ar le gouvernement central, 3 un rythme variable selon les cas, mais dont la base théorique est la meme pour toutes. Certaines communautés disposant d'une person nalicé propre. dautres ont éé créées qui ne disposaient pas dune adition et qui présentaient. encre elles d'énormes inegalités de toutes sortes, Par consequent Ja nouvelle réparticion des autonomies provoque une veritable éclosion idencitaire dans tour le pavs, Les communautés dites « historiques », ¢'est-i-dire disposant une longue tradition daucogouvernement. s'efforcent de récupérer leurs mstitutions. de restaurer et dactua- liser leurs svstémes de representation symbolique. ans que leurs répercoires patrimoniaux. En revanche. celles qui n'ont pas cette tradition d'autonomue doivent déver- miner avec urgence leurs symboles politiques essentiels (hymne, le drapeau) et tout un ensemble de systemes de représentation, parmi lesquels le systéme patrimonial Certains auteurs ont d’ailleurs souligné cete situation comme étant le trait le plus spécifique de I'Espagne, d'un point de vue anthropologique (Greenwood, 1992} Parmi les phénoménes que la globalisation suppose. cette réalite étant pergue en Europe de maniére trés directe, la standardisation et la régionalisation apparais- sent comme des processus liés et interdépendants. En Espagne, des traits particuliers dérivent de processus d'ethnogenése permertant une concrétisation politique explicite dans la Consutution de 1978, qui accorde une lace, centrale au principe « ethnique » dans la definition deta des autonomies [ii 16 Quel réle tient le patrimoine ethnologique dans cette situation ? Correctement piloté. il sert auranc 4 retonder les identités locales qu’a rentorcer lidensitication d'une identité autonome avec une orientation politique spé- ifigue. Il produit ainsi une rentabilité electorale des aspirations séparatistes. légitime de nouvelles identtes (méditerranéenne. celte. etc.). avec partois d’évidents objectifs géostratégiques. Il constrait des identités pré- détermunées poliuguement nécessitant une ratification culturelle, et peut géner les projets identiaires actuels ow a venir qui sont, par conséquent. ignorés ou occultés En somme. dans les différentes voies de la recherche identitaite. les biens patrimoniaux d ordre ethnographi- que ont été abondamment usiisés. La relation excessive établie entre patrimoine, culture populaire et sdenoré a peut-étre contribué 4 T'absence de cadre théorique pou- vant servir de base 3 des projets patrimoniaux [Garcia 246 Carmen Ortiz et Llorenc Prats 1996]. L’examen des réalités contemporaines permet de mettre rout ceci en évidence m= Regard sur les temps présents D’un point de vue politique. le gouvernement central a délégue la quasi-toralité de ses competences culturelles. parm lesquelles la gestion du patrimoine. aux commu- nautés autonomes. Seules quelques institudions relevent toujours de Paucoricé de I Etat, comme le Museo Nacio- ral de Antropologia. Cette prise en charge progressive de ces foncuons a tavorisé approbation de lois et de régiements dans les parlements respectif. ainsi que la constitution de directions générales dit patrimoine ou d'organes similaires. Dans certains cas. rares. des 3. Identtés locales et nouvelles eendances de la représentation du patramoine : ia sciene de | écomusee de Les Vals EMVareues, 1993, © Consell Cultural de Les Vals d organismes spécitiques ont été créés pour Soccuper du. patrimoine ethnologique (quelle qu’en soit ia dénom- nation légale) et des inventaires ont été entrepris. sans movens et non sans de graves problemes conceptuels. Les musées ethnologiques ne se sont pas développés en raison du prestige supérieur contéré par d autres inst tutions patrimoniales. bien que certains projec élaborés antérieuzemene atent &é mis en @uvte. et ils ont pul forger de discours de synthése quane a Videnaté, fauce de consensus. C'est leur plus grande faiblesse. Les act ations patrimoniales ont. depuis longtemps. déborde le cadre des musées. elles ont revetu des formes multiples ex. y compris dans les musées. ont soutiert d'un processus de reconversion commerciale introdt ae specti- cularisation » de Ja réalité. a société de consommauon le tourisme. puisque leur efficacité se mesure. helas. au nombre de visiteurs. Les expositions temporaires beaucoup plus libres quant § Tutilisition ou i la non- ucilisaion de rétérents patrimomiaux. ont permis dexplorer de nouvelles voies de consensus au sujet du role des idéoloxies idenutaires. Le caractére de plus en pius ouvertement spectaculaire et commercial des mises en scéne a contribué 3 leur polarisation. soit vers une tendance + macro » (ou, sous couvert des normes d'un économie d échelle, on obtient importants rende- ments en termes de visiteurs). soit vers une tendance micro », avec un investissement és modeste, des objectifs trés limités et sans grands risques. Les actions intermédiaires tendent 3 disparaicre. ou 4 se mainteni, par convenance politique d'un autre ordre, face a une situation évidente de diminution des rendements. Dans un autre sens, deux grandes lignes se sone déve- loppées. formellemenc et de maniére générale : une ligne « techno », présidée par le principe d'interactivité etT application de nouvelles techniques. dont les musées des sciences ont été les plus grands exposants, mais qui concerne actuellement les initianves patrimoniales d'un autre type: une ligne « éco », ou de réalicé « vivante oot le patrimoine {+ authentique ») est produit et visite dans son cadre contextuel. sa fonction d'origine étant reproduike le plus fdélement possible. fl s'agit de la tendance caractéristique des écomusées. dores et déia dépassée. concernant les pares thémaniques. V'archéolo- gie industrielle ec d'autres installations, et méme le musées classiques. ‘Nous ne disposons. dans notre pavs. ni de macro: actions concernant le patrimoine ethnologique ni de Venracinement de ce patrimoine dans la ligne = techno». par ailleurs. plus difficilement conciliable Nos répertoires patrimoniaux d ordre ethnologique cit- cilent entre les lignes * micro», « &€0» et surtout = incommiode ». Les actions micro-patrimoniales proce~ dent en grande parce de T'éclosion des années de la transition: de nombreux musées de + choses du peu- ple », dont beaucoup sont maintenant termés. poussié- reux ou difficilement gérables par les municipalités sont devenus des » patrimoines incommodes ». Ace tte. les 6 NNX 2 Eso m2 donations de collections particuliéres de ce ype sont fréquemment considérées commie « incommodes «. La Feconyersion économique igénéralement industrielle) a amené une autre ligne diniaanves « micro» de nom= bbreuses zones et villages : mines et complexes industriels fermés, douanes ou centrales disparues, etc. dont dépendait ls plus grande parue de la population : 1a catastrophe a acteint une ampleur que ron peut pleine- ‘ment appréhender sur le terrain, La solution récurrente propose par la population concernée est de « faire un ‘musée +. conjuration magique. presque toujours vouge 4 Véchec. Cette solution fait appel. dune part. a la conservation de la mémoire pour structure sociale décomposée et, d'aucre part, au mythe du « rourisme culture] » comme option de la récupération économi~ que. II s‘agit de ce que Ion a appelé la « muséologie de 1h frustration », quia donné lieu 4 tant de projets et 3 de rares réalisations. D’autres initiatives « micro » se sont developpées a la tveur des courants préexistants du tou- sme interme et du contingent important de visiteurs obligés que représente le tourisme scolaire. I] s'agit tou- jours. bien entendu, d activations d ordre » éco » En dehors de ces activations dordre » micro » et séco». que Ton retrouve éparpillées sur l'ensemble du territoire et généralement associées a des installa ons de tourisme rural (maisons de colonies et autres formes de tourisme alternatf), on trouve fondamenta- lement des collections non accessibles au public surtout dans les grandes ville. Il s‘agit des « patrimoines incom- modes », non seulement en faison de la difficulté 4 trou- ver un consensus pour les ordonner dans des discours précis, mais aussi parce quills renvoient au passé rural d'un pays qui cence dintégrer la modernieé (ce fait est particuliérement evident dans |2 Barcelone post-olyme pique). Il peut aussi s'agir de collections + ethniques » (antérieurement appelées d's art primitif ») dont l'exhi- bition risque de ne pas étre compatible avec la tolerance ec le respect pronés envers la diversité culturelle. Il est difficile aujourd'hui de penser un musée ethnologique classique sans faire apparaitre les complications theori ques liées au devoir moral de restitution. Le patrimoine ethnologique inimatériel. rassemblé pendant plus d'un siecle dans les ouvrages des folklo: Fistes, est également « incommode ». L'anthropologie sociale moderne. implantée tres reeemment en Espagne a di trouver en crés peu de temps une place parm: les sciences sociales. déja implantées, pour ne pas mettre en on universitaire déja tres faible. A ites. avec leur charge de servitude Patrionue (quelle quelle soit) et leur absence de scien Giicite, n'ont jamais éé des ancétres commodes et ils ont été rejetés comme tels. aiors que l'anthropologie sociale s'est etiorcée de scarcer de leurs prauques et méme de leurs champs d’étude. Un fait similaire sest produit en ce qui concerne la culture matérielle. lmnoree Par V'anthropologie universitaire, elle s'est construite en tant que « parcelle patnmoniale » sur les restes du festin Ta question du pacrimoine Mexesseeen 4. Lagestion du patrimoine ese décentralisée :logo de Mnventaire ddu patramoine ethnologigue de Catalogne (1994, © Centro se Promocis de Ia Culturs Popular i Tragictonal Catalan). disciplinaire principalement dominé par les historiens de ar et les archeologues Lorsque nos conservateurs. presque toujours étran- gers ila scructure universitaire. sont parvenus lir les testes de ce testin, ils se sont sasis de objet et des collections pour revendiquer leur satut et leur lggitimité face 4 leurs coniréres muscologues d'autres disciplines. en cessant en cours de route. dans la pra~ aque. de prendre en compre ce que route expérience culturelle a de générique, Ce mimétisme les a dloignes de l'anthropologie universicaire et les a rapprochés des folkloristes écudiant la tradition et V'artisanat populaire. Aucune + mission du Patrimoine ethnologique » n'a tenté en Espagne de mettre un tant soit peu d ordre dans ce champ et d'intervenir comme médiateur entre les différents groupes. Il ese vrai que la tentative mise en quvre dans ce sens en Catalogne depuis le Ce de Promocié de la Cultura Popular i Tradiciona inoige fiance, XXX, 2000.2 248° Carmen Orniz et Lloreng Prats Catalana (CPcPTC)’ ne s'est pas révélée jusqu’a présent és prometteuse, Nous les anthropologues. nous ne nous sommes pen- chés sur le patrimoine que lorsque la reproduction universitaire de notre profession a été sérieusement menacée et que ouverture d'éventuels nouveaux che muns pour les genérations futures nous a ee refisée. Ex nous I'avons généralement fait depuss nos postes de protesseurs et nos départements en niant ‘existence de tout ce qui pouvait ressembler de prés ou de loin i la + culture populaite » ou « traditionnelle», en niant la signification de lobjet. en dénoncant sa fetichisation, et. enfin, en démasquant le caractére intéressé. mais aust théatral. des opérations patrimoniales. Nous pou~ vions. par conséquent. nous attendre a ne pas étre bien accueil. a Traduit de Mespagnol par Cybéle Gisclard I Notes |. Lemplo du serme « atvation + rp pore au paige du » parnmoniivable» 2 ses. cu parimoine viruel 34 Gu puermoine en pusstance acamoine de fat Let aetwations sont des ope FBuons de selecuon, dordannancement e Ginterpreanon délements = patrmomialis= ‘less ramemblés dan les muséer. les ensembles xchéologique ou monument, le parc. et collecuoas et Ie expontons (qu réscuvent irs ‘quemment de ce fat des elements def inserts dhins es repertoires, par consequent djs act ‘65 comme ls fonde des msec) 2, Surlescondiaons maerele de vie des 3. Linsstnce des auteurs romantiques snuévess purl crate populate la di tenction faite entre = populaie» et = vulgare» Sone inezesanes. Voir 4ce sje, Lloreng Pras (1988) 4 Voir Joan Prt, « Esudio inteducto- fio [Prat Marines, Contes, Moreno 1991 15-32], mas aust, dan eee ouvrage. les sracles de Lorene Prat, de fess Azsona et de Joaquin Rodriguez. Voir. egaiement. Carmen i ec Luis Angel Sinches {1994 A propos de VArexiu d'Etnograta ¥ Folklore. vor iat Cav [1951 5. Voir 4. ce propos le Dect findainal el Mago del Pablo Expo da 28 jet 1934, publi dans les ales del Nasco del Palo Espa. fal en 1935. Sur Luis de Hovor,voie Carmen Orie [1987]. A propos de Thisone de ce Andsés Carrere Bi et Manuel Berges [199° 65-88), 6, Sur Toms Carerst 1 Aru, voir Lluis Calvo (1994). Sur le muse, une bonne m= ‘hse de Dolo Lopart (Orcz. Sanches. 1994) T Museo. Einologico de Morel ¥ el Maeseaago,en 1963: Museo de ls Huerta de Aleem, Murcie. en 1967: Museo. del CCarrovlaLabranza 4 Tomelloso. Ciudad Red sn 1967 (Ora. Sanches. op 1, Sur ces diférentes plats hitoriqus se sapportnt seitement au ex de Bgure clan consulter Lorene Prat 1996b) 9. Le cRCPTC. en partie inspire de fa mit= sion du Parimoine ethnologique fancas, est charge. ence autres responsable, de ia teli= Sauon de Fmentn det pammant etal. de ialunye (+ Tnventae du paimoine edhnalo- clases populaes du xe siecle juqu au abut dda voc ele, voir Lloeng Prats (1996) I Références bibliographiques AGUILAR Encarnacién, 1990, Cultura popular y folklore en Anda- lucia. Las ongenes dela antopologia, Sévlle, Dipuiacion Provincial de Sevilla ARANZADI Telesioro de, 1910. « Museos de folklore ». Lt Eipaia ‘moderna. 206 : 3-32. BausiNGER Herman, 1993, Volkskunde, ou ethnoloie allemand Panis, Ed. de la mst BERGES P Manuel, 1996, » Museo del Pucblo Espafol +, anales dei Museo Nacional de Anmopolagia, I; 65-88 CALVO Lluis. 1991, El « Arexin d?Emogafia i 19a» la antrpologia catelana, Barcelone, CSIC. 1994, Tamés Cartes + rau 0 el tiempo de Vetnolgia catlana Barcelone, Publicaciones de la Abadia de Montserrat, CARRETERO Andrés, 1994, «Museo. Nacional del Pueblo Espafiol sv C. 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L’Eurepe ene cultures et Inevont, Paris, Ed. dela MSH ; 25-38 = 1997, Anopologia y parrmonie. Barcelone, Ariel shale sone, XXX. 200 La question du patrimoine 249 | ABSTRACT The question of heritage While representations of heritage in the context of regional specificities had already emerged in the 19th century. Francoism sought co give the nosion of heritage a clearly polincal perspective a celebration ofthe greatness of Spain. The advent of dealocnce and the process of administrative decentralization in Spain have led to a major development of hetiage policies as well to dhe political uses co which the field of heritage has been applied ‘Kepwonis: Heritage. Folklore. Francoism. Museum. Basque country. Catalonia. Spain 1 ZUSAMMENFASSUNG Die Frage des Exbes Zwar haben sch im Bereich des kulturellen Eibes schon im 19. Jbrhundert regionale Eigenstindighcten herawsgebildt, doch at das Franco-System bestrebe, dem kukurllen Etbe eine War umesiene poltsche Line zuzumessen «die Feler det Grae Spanions Die Offnung zur Demokrate und die verwaltungsmafige Dezeneralsierung haben 2u einer statken Entwicklung dee Keleapolck und shrer Anwendung genre Suohworer: Kultutere. Fodor. Franco-System, Museum. Biskenlnd, Katalonien. Spanien 1 RESUMEN La cuesti6n del patrimonio Si es cierto que a partic de los princpios del siglo xix surge una representacin patimonial de los pariclarsmos regionales, el feanguismo inst en considerate! tema del patimonio desde una perp oliica a celebracion dela grandeza de Espatia, El acceso ala democracs las descentralzacionesadministranvat consatuven los paos pata un amplio deurollo de beets Patrimonial v de las atuaciones politics dentro del campo patrmmonial Palabras cave Pacimonto, Folklore. Franguismo. Museo. Pass vasco. Catalufa. Espaha Eulnaogie fomence, XXX, 2

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