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04/01/2023 16:45 Massacre au Burkina 

: les miliciens «tiraient parfois sans même parler, sans explication» – Libération

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Sahel
Massacre au Burkina : les miliciens
«tiraient parfois sans même parler,
sans explication»
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Dans la ville de Nouna, des civils armés identifiés comme appartenant à des
groupes d’autodéfense «dozos» ont exécuté vendredi des dizaines
d’habitants des quartiers peuls. Le bilan officiel, de 28 morts, pourrait être
revu à la hausse.

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Le 16 novembre, un homme rédige sa lettre de candidature pour rejoindre les Volontaires pour la
défense de la patrie (VDP), à Ouagadougou. (OLYMPIA DE MAISMONT/AFP)

par Célian Macé et Agnès Faivre


publié aujourd'hui à 7h05

«Son vélo est tombé côté Est, lui est tombé côté Ouest. Il a été abattu devant
moi, en descendant de son vélo. C’était un vendeur de yaourt, tout le monde
connaît sa boutique à Nouna.» Quelques instants plus tôt, le cycliste avait
perdu un membre de sa famille, réputé «l’un des meilleurs soigneurs de
bétail» de la ville, selon le même témoin, joint au téléphone par Libération.
L’éleveur et le vendeur de yaourt ont été tués par balles à quelques minutes
d’intervalle, vendredi matin. Ils étaient Peuls, comme toutes les victimes
identifiées – à ce jour – du massacre de Nouna, dans la région de la Boucle
du Mouhoun, dans l’ouest du Burkina Faso.

«Les premières informations parvenues au gouvernement font état de 28


personnes tuées», a indiqué lundi le porte-parole du gouvernement, Jean-
Emmanuel Ouedraogo, dans un communiqué. «Une enquête a été ouverte en
vue d’identifier et d’interpeller les auteurs de ces agissements d’une gravité
inouïe», a précisé le même jour le procureur du Faso, Armel Sama. Les
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assassins ont été désignés par plusieurs témoins comme étant des
chasseurs traditionnels dozos. Dans la région, ces miliciens armés se sont
parfois organisés pour défendre leur territoire contre les groupes jihadistes
qui n’ont cessé de gagner du terrain depuis leur apparition au Burkina Faso,
en 2015.

Exécutions sommaires
Certains dozos servent de guides à l’armée burkinabè dans le sud-ouest du
pays. D’autres ont rejoint les rangs des volontaires pour la défense de la
patrie (VDP), un programme d’armement des civils dans le cadre de la «lutte
antiterroriste» lancé en janvier 2020. Le capitaine Ibrahim Traoré, qui s’est
emparé du pouvoir le 30 septembre dernier en renversant son prédécesseur
putschiste Paul-Henri Sandaogo Damiba, a lancé cet automne un appel à la
mobilisation pour recruter 50 000 VDP supplémentaires.

«Leur quartier général à Nouna a été la cible d’une attaque terroriste dans la
nuit du 29 au 30 décembre, relate Binta Sidibe-Gascon, membre de Kisal,
une organisation de défense de la communauté peule, qui a recueilli des
témoignages de familles des victimes. Le lendemain, des individus cagoulés
sont arrivés dans le quartier peul du secteur 6, du côté du cimetière, sur au
moins sept motos. Il s’agit de dozos identifiés par les rescapés comme étant des
VDP. D’autres ont opéré dans le secteur 4. Dès leur arrivée, sans attendre, ils
ont commencé à exécuter sommairement tout homme qu’ils trouvaient à son
domicile.»

La tuerie aurait duré plusieurs heures. «Nous avons reconnu des VDP et des
dozos, ils étaient en civil. Dans notre quartier, ils ont commencé par tuer un
vieux, devant ses enfants. Ils ont laissé le corps devant la maison, raconte un
autre témoin, habitant du secteur 6, contacté par Libération. Ils allaient de
maison en maison. Ils tiraient parfois sans même parler, sans explication. Les
femmes pleuraient, criaient, on nous a dit de fuir.»

Lui n’a pas vu directement les tueurs. Il a pu quitter Nouna à la hâte le jour
même. «Notre imam lui-même a brièvement été arrêté. Les dozos étaient
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furieux après l’attaque de leur quartier général la nuit passée : ils pensaient
que les assaillants venaient de chez nous, du secteur 6, ils voulaient se venger.
L’imam leur a dit que nous n’avions rien à voir avec l’attaque.»

Liste nominative
Au Burkina Faso, les insurgés islamistes recrutent prioritairement au sein
de la communauté peule. Par amalgame, les Peuls dans leur ensemble
subissent régulièrement les représailles des forces de défense et de sécurité
ou de leurs supplétifs civils, qui agissent en toute impunité. «Nouna est un
nœud logistique important pour les groupes armés, détaille un travailleur
humanitaire familier de la Boucle du Mouhoun. Même s’il y a un poste de
gendarmerie à Nouna, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans
[Jnim, selon son acronyme en arabe, affilié à Al-Qaeda] contrôle la brousse,
les routes, les villages…» Depuis plusieurs mois, la ville était sous tension.
«Les Peuls, menacés par les dozos, avaient déserté le marché de Nouna»,
précise Binta Sidibe-Gascon.

Le bilan donné lundi par les autorités burkinabè pourrait n’être que
provisoire. «Les corps jonchaient le sol jusqu’au lendemain [dimanche] à la
mi-journée, dans la mesure où aucun membre de la communauté peule ne
pouvait approcher au risque de se faire abattre à son tour, explique Binta
Sidibe-Gascon. Ils ont finalement été enlevés et inhumés par les voisins sur
autorisation des gendarmes.» D’après une première liste nominative établie
par Kisal, les victimes seraient tous des hommes et des garçons peuls, âgés
de 10 à 80 ans.

A Nouna, l’un des témoins joint par Libération évoque, lui, 50 morts parmi
les habitants du secteur 6, et 38 morts pour le secteur 4. Terré chez lui
jusqu’à aujourd’hui, il n’a pas pu assister aux funérailles de ses voisins.
Beaucoup d’habitants de Nouna se sont sauvés en brousse, tentant de
gagner les villages les plus proches pour y chercher protection, voire de
rejoindre Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, à 200 kilomètres au
sud. Certains auraient été poursuivis et abattus dans leur fuite.

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