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Pedro Jesús López Moreno 21809811

Enjeux et statuts des langues


au Maroc
UFR SLHS – Université de
Franche-Comté

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Pedro Jesús López Moreno 21809811

Table de matières

1. Présentation historique et linguistique du Maroc..................................................................2


2. Situation actuelle..................................................................................................................3
2.1. Les langues vernaculaires..................................................................................................3
2.2. Les langues des institutions..........................................................................................3
2.3. Les langues étrangères..................................................................................................4
2.4. Les différentes dynamiques linguistiques.....................................................................4
3.1. Conclusion : des nouveaux regards et des nouvelles tendances sur le paysage linguistique
marocain.......................................................................................................................................6
3.2. La langue légitime.............................................................................................................7
3.3. Le nouvel arabe marocain..................................................................................................7
Bibliographie..............................................................................................................................10

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Le présent document a pour but d’introduire la réalité linguistique du Maroc. Celle-ci


est présentée en trois temps. Un aperçu historique liste les langues, existant toujours sur
le territoire, et explique leurs origines. Une analyse des dynamiques sociolinguistiques
actuelles est proposée par la suite. La conclusion présente les tendances prévues pour le
développement de la situation sociolinguistique marocaine dans le futur.

1. Présentation historique et linguistique du Maroc

Le Maroc est un pays de l’Afrique du nord situé à la croisée avec l’Europe. Il fait partie
du Maghreb et du monde arabo-musulman du fait de sa religion et de sa principale
langue vernaculaire appartenant au groupe des variétés linguistiques de l’arabe, qui à
son tour appartient au groupe sémitique. Le groupe sémitique quant à lui, appartient à la
famille chamito-sémitique de langues. L’arabe est arrivé pour la première fois sur le
territoire au VII siècle, emmené par des tribus arabes venues de la péninsule qui se
répandirent sur toute l’Afrique du nord. D’autres vagues successives d’envahisseurs ont
suivi, qui ont façonnée la manière dont cette langue est parlée au Maroc. À cause d’une
forte influence sur le plan linguistique des variétés de langue amazighes (appartenant à
la famille de langues chamito-sémitiques, mais à la sous-branche berbère) de substrat,
l’arabe marocain est devenu une variété d’arabe distincte avec ses propres
caractéristiques. Les variétés de langues amazighes ont survécu au Maroc de manière
plus importante que sur d’autres territoires du Maghreb. Parmi les raisons citées pour
cela on trouve le relief très montagneux du pays, qui permit aux communautés
amazighophones de rester isolées face aux nouveaux arrivés et leurs langues. Ainsi en
1924 on estime le nombre de locuteurs de variétés amazighes à moins de 1% de la
population en Tunisie, face au 29% de l’Algérie alors qu’au Maroc ils représentent 40%
de la population à cette époque (Bernard & Moussard, 1924, pp. 268, 278).

La proximité géographique de l’Espagne a entraîné des contacts étroits avec le castillan


à plusieurs moments de l’histoire. En effet, le Maroc a accueilli plusieurs vagues
d’exilés venant de l’Espagne, notamment suite à l’expulsion des juifs en 1492 puis des
morisques en 1609. Au début du XXème siècle, en 1912, le protectorat partagé avec la
France implique que ces deux pays (l’Espagne et la France) administrent le Maroc. Le
Maroc regagne son indépendance en 1956 mais l’espagnol et surtout le français vont

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laisser leurs empreintes sur les institutions du pays et même sur l’arabe marocain qui va
voir son lexique enrichi par ces influences linguistiques.

Suite à l’indépendance que le Maroc obtient de l’Espagne et de la France, une politique


d’arabisation a été entreprise, qui visait les institutions gouvernementales et l’éducation.
En effet, dans le but d’unifier le pays sous l’égide de la langue sacrée, de l’islam, c’est
l’arabe classique qui a été prôné pour remplacer le français des colonisateurs dans toutes
les institutions et dans tous les niveaux de l’enseignement. Il a été désigné dans la
constitution de 1996 comme seule langue officielle du pays, fonction dans laquelle il a
été rejoint, en 2011, pendant le Printemps arabe, par l’amazighe.

2. Situation actuelle
2.1. Les langues vernaculaires

Le Maroc contemporain compte deux langues ou groupes de langues qui sont parlées en
tant que variétés vernaculaires, à savoir : l’arabe marocain ou darija, et l’amazighe, qui
au Maroc se décline en trois variétés distinctes avec un degré d’intercompréhension
limité. Ces trois variétés sont le tamazight, parlé au centre du pays, le tarifit, au nord, et
le tachelhite, parlé au sud.

Langue Nº de locuteurs %
Arabe marocain 24.036.041 89,84
Tachelhit 3.894.000 14,55
Tamazight 2.343.937 8,76
Tarifit 1.270.986 4,75

Source originale : Recensement marocain 2004. Traduit de (Ferández Vítores, 2014).1

2.2. Les langues des institutions

De plus, deux langues sont utilisées dans les institutions et notamment dans les
institutions éducatives : de jure, c’est l’arabe standard moderne (issu de l’arabe
classique mais outillé et adapté à la période actuelle pour pouvoir remplir plus de
fonctions); et de facto, le français. À l’instar de la politique d’arabisation d’après
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La somme des pourcentages est plus grande que 100 puisqu’il existe un haut degré de bilinguisme
amazigh-arabe marocain chez ceux pour qui l’amazighe est la langue maternelle.

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l’indépendance, une arabisation totale du système éducatif était prévue. Un décret de


1978 prévoyait même que la langue de l’enseignement supérieur serait l’arabe. Ce serait
uniquement de manière provisoire que l’emploi d’une autre langue serait autorisé (en
l’occurrence le français) le temps que l’arabe soit outillé pour être utilisé dans les
domaines techniques et scientifiques pour lesquels il n’était pas encore adapté. Il s’avère
que cette adaptation de l’arabe pour pouvoir assurer l’enseignement de toutes les
disciplines n’a jamais été achevée. De plus, les diplômes de l’enseignement supérieur en
langue arabe offrent moins de débouchés et sont moins valorisés à l’international que
ceux en langue française, ce qui n’a pas contribué à accélérer la mise en place totale de
l’arabe dans l’enseignement supérieur.

2.3. Les langues étrangères

Pour les raisons historiques mentionnées plus haut, l’espagnol fait aussi partie du
paysage linguistique du Maroc, quoiqu’il reste cantonné à certaines régions et son usage
est en léger recul. L’anglais, de l’autre côté, se revalorise avec une hausse de la
demande de la part des employeurs. En fort contraste avec le décret de 1978 qui impose
l’arabe dans l’enseignement supérieur, la Charte nationale d’éducation et de formation
prévoit en 1999 une ouverture potentielle vers d’autres langues étrangères. Notamment
il est dit sur ladite Charte que l’enseignement des sciences et de la technologie devrait
se faire à travers la langue la plus appropriée à cet effet, et que d’autres langues
d’enseignement sont aussi autorisées.

2.4. Les différentes dynamiques linguistiques

Le contexte marocain est un contexte diglossique où aucune langue ne détient des


fonctions équivalentes et dans lequel chaque relation unissant deux langues est unique.
Regardons de près certaines de ces relations :

2.4.1. Arabe et arabe marocain

L’arabe occupe ici le rôle dominant face à l’arabe marocain, puisqu’il détient les
fonctions valorisées. Il est la langue officielle de l’État, la langue écrite de la justice et
du système d’enseignement. De manière très importante, c’est aussi la langue de la
liturgie et de la communication internationale avec les autres pays arabo-musulmans. En

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revanche, l’arabe marocain, tout en étant la langue maternelle de la plus part des
marocains, est une langue dominée qui n’a pas des fonctions valorisées.

Contrairement à l’arabe, l’arabe marocain n’a pas de rôle officiel de jure, et il ne s’écrit
pas, ce qui mène à des situations dans le domaine institutionnel où les deux variétés sont
utilisées simultanément. C’est le cas notamment dans le domaine judiciaire, au tribunal :
les formules juridiques et tout ce qui y est dit est rapporté par écrit en arabe ; puis la
restitution orale et la communication entre les personnes concernées se font en arabe
marocain (Université Laval Québec, 2019). C’est là un exemple de diglossie telle que
conçue par la définition de Charles Ferguson, c’est-à-dire, une coexistence de deux
variétés de langue apparentées (Tabouret-Keller, 2006), en l’occurrence dans un même
domaine.

2.4.2. Arabe marocain et amazigh

L’arabe marocain et l’amazigh sont les deux variétés de langue vernaculaires du Maroc,
elles sont les seules à être parlées en tant que langues maternelles par des larges
communautés, cependant leur statut est très différent surtout à l’égard des institutions.
Tandis que l’arabe marocain, parlé par la majorité de la population, et surtout en milieu
urbain, n’est jamais écrit, et n’a pas fait l’objet de standardisation ou codification
quelconque, l’amazigh est depuis 2011 langue officielle du Maroc au même titre que
l’arabe. Au service de ce groupe de langues, cantonné à des communautés surtout
rurales, l’Institut Royal de la culture amazighe a été créé. Il a pour but de promouvoir
ces lectes et la culture qui y est attachée et même des revues sont parues par cet
organisme en amazighe.

N’empêche qu’au Maroc on attache à l’amazigh des représentations fort peu


valorisantes : elle est considérée comme la langue du milieu rurale, des illettrés et
comme une langue qui n’a aucune utilité (Soussi, Amazigh Language in Crisis:
Analysis of the Opposing Processes of Amazigh Revitalization and Endangerment in
Morocco, 2017), (Bennis, 2001) et (Marley, 2004), même si des représentations
positives existent aussi (Bennis, 2001) qui voient cette langue comme la langue de
l’identité ancestrale marocaine (Soussi, Amazigh Language in Crisis: Analysis of the
Opposing Processes of Amazigh Revitalization and Endangerment in Morocco, 2017).

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L’attrait des villes et les mariages intercommunautaires font que de moins en moins de
locuteurs monolingues d’amazigh existent et la transmission intergénérationnelle se voit
de plus en plus coupé au profit de l’arabe marocain, malgré le fait que ce soit l’amazigh
est non pas l’arabe marocain qui bénéficie d’un statut officiel dans le pays et
d’initiatives visant à sa protection.

2.4.3. Arabe et français

L’arabe, on l’a vu, jouit de toutes les prérogatives dans les dispositions
gouvernementales, que ce soit du domaine judiciaire, civil ou éducatif. Même si le
domaine éducatif s’est ouvert récemment à d’autres langues (Marley, 2004), il était
prévu que l’arabe devienne la seule langue admise officiellement au Maroc, capable de
remplir toutes les fonctions. C’est notamment dans l’enseignement supérieur et dans le
domaine scientifique que l’arabe n’a pas réussi à remplacer le français. Le français reste
aussi une langue importante des communications et du commerce. De ce fait, même si
les deux sont considérées langues du prestige et du savoir, le français l’emporte par
rapport à l’arabe et constitue face à lui une langue dominante, perçue également comme
étant plus utile et permettant une plus grande réussite socio-professionnelle.

3.1. Conclusion : des nouveaux regards et des nouvelles tendances sur le paysage
linguistique marocain

Le Maroc a une situation sociolinguistique particulièrement riche. Les différentes


langues présentes dans le pays sont issues de nombre d’origines. Elles entretiennent des
rapports précis dans une hiérarchie bien définie. Cette organisation particulière permet
des nombreuses réflexions sur des notions qui ont été évoquées sur ce document mais
d’autres sont susceptibles de susciter un débat, comme sont celles de la distinction entre
langue et dialecte. C’est le cas de l’amazigh et ses variétés, et tout aussi pertinemment,
celui de l’arabe et ses variétés. Une évaluation issue en 2000 par le Ministère de
l’Éducation marocain qualifiait de « nilingues » une partie des étudiants finissant l’école
car ceux-ci ne maitrisaient ni l’arabe ni le français (Marley, 2004). On voit là l’impact
de refuser à des variétés linguistiques le statut supérieur de langue, qui fait que leurs
locuteurs peuvent être perçus comme des personnes qui n’ont pas de langue ou du
moins pas une langue qui mérite d’être nommée. En opposition au concept des locuteurs

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sans langue on pourrait transposer celui de la langue sans locuteurs qui est le cas de
l’arabe classique ou standard.

3.2. La langue légitime

Un concept semble émerger de la situation autour de l’arabe. Il y a lieu de se demander


si cette langue ne détient pas de par son rôle, détaché en partie des pratiques et même
des représentations, une fonction, qui semble aller à l’encontre de toute considération
sociolinguistique, qu’on pourrait appeler de langue légitime. En effet, l’arabe offre
moins de débauchés que le français ce qui est constaté par les locuteurs eux-mêmes
(Marley, 2004), elle n’est pas parlée en tant que langue maternelle par personne et
pourtant elle est considérée par les marocains comme la langue qui permettrait de
redonner ses lettres d’or à l’identité marocaine suite à l’indépendance (Marley, 2004, p.
29) et celle qui représente au mieux le pays (Loutfi, 2020). Le mythe autour de l’arabe
comme la langue de l’autodétermination puis son importance comme langue de la
religion peuvent justifier son enracinement dans cette fonction de langue légitime.

3.3. Le nouvel arabe marocain

Une diglossie qui disparaît – des variétés qui deviennent des registres ?

Il est signalé par des chercheurs (Marley, 2004, p. 28) qu’une alternance codique entre
l’arabe et l’arabe marocain est en train de se systématiser chez des locuteurs instruits. À
tel point qu’il en résulte parfois une variété intermédiaire qui peut recouvrir différentes
fonctions et différents domaines, ce qui pourrait mener à la disparition de la diglossie
arabe-arabe marocain.

La présente conclusion conceptualise certaines des tendances qui se dessinent dans le


paysage sociolinguistique marocain. Elles posent des nouvelles questions susceptibles
d’être analysées. Également d’autres tendances mériteraient d’être mentionnées comme
celle du recul de la langue amazighe.

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Fiche de lecture
1) Donner les références complètes de la publication scientifique lue (en respectant les
normes de citation en vigueur dans les Sciences du Langage)
Soussi, H. (2015). Diglossie au Maroc : Inter-culturalité et Aménagement Linguistique. Dans G.
Brun-Trigaud (dir.), Contacts, conflits et créations linguistiques, (pp. 142-152). Éditions du
Comité des travaux historiques et scientifiques. DOI :https://doi.org/10.4000/books.cths.1185.
2) Identifier les mots-clés
Diglossie, langue des institutions, arabisation, langue vernaculaire, langue véhiculaire,
amazighe, arabe dialectale, arabe classique, français, langue des sciences, Maroc, politiques
linguistiques.
3) Courte présentation de l’auteur de la publication
Houssine Soussi est un auteur et chercheur en linguistique appliquée, communication
interculturelle et culture amazighe, entre autres ; doctorant à l’UFR de Langue, Culture et
Communication de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines à l’Université Moulay
Ismail, Meknès, Maroc. Sa liste de publications comprend des collaborations dans des livres,
des articles indépendants tels que Amazigh Language in Crisis: Analysis of the Opposing
Processes of Amazigh Revitalization and Endangerment in Morocco, ou encore World
Englishes in multilingual Morocco.
4) Structure ou plan de la présentation
Dans son article sur la situation sociolinguistique du Maroc, le docteur Soussi utilise la notion
de diglossie comme cadre théorique. Il présente d’abord le terme de diglossie à travers son
histoire, puis il offre une description générale de la situation dans le pays, en classant les
langues qu’y sont parlées en trois groupes principaux de par leurs liens avec leurs locuteurs
(langue maternelle, étrangère…). Finalement il met en rapport les situations des langues du
Maroc avec le concept de diglossie.
5) Résumé
La situation linguistique du Maroc se caractérise par la présence de plusieurs langues avec des
statuts divers, principalement : l’arabe dialectal, l’amazigh, l’arabe classique et/ou moderne
standard et le français. Pour des raisons historiques et culturelles toutes ses langues participent à
des dynamiques tout aussi diverses, et chacune possède par rapport aux autres des rôles et des
fonctions spécifiques qui peuvent être expliqués à l’aide de la notion de diglossie.
6) Analyse et commentaires
Le Maroc constitue un contexte sociolinguistique spécialement intéressant pour la recherche du
fait de l’agencement de ses langues dans leurs fonctions. L’arrivée de différents peuples sur le
territoire a laissé dans le pays des traces qui y ont modifié le paysage linguistique. Les langues
qui en ont résulté ont acquis des fonctions bien tranchées les unes par rapport aux autres. Des
langues de substrat, notamment les langues amazighes, ont survécu à l’arrivée de l’arabe, puis
du français. Ces langues se sont superposées dans le territoire comme des sortes des couches, les
unes sur les autres, chacune recouvrant des domaines différents. C’est une situation linguistique
qui frappe au premier abord par son apparente soutenabilité.

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Des dynamiques potentiellement muables peuvent poser un danger, pour l’amazigh notamment.
Cependant, pendant une période considérable de temps, au moins depuis l’indépendance de la
France aux années 50, quatre langues ont cohabité, chacune gardant pour elle des fonctions qui
font qu’elles ne menacent pas forcement les autres langues. Parfois pour une même langue, les
fonctions peuvent être des fonctions typiquement associées aux variétés de langue considérées
en situation de diglossie hautes au même temps que basses. Ainsi l’amazigh est considérée
langue maternelle d’une partie importante de la population du Maroc et elle est plus présente
dans les zones rurales, mais elle acquiert des fonctions dites d’une variété haute de langue suite
à sa promotion dans les institutions. Il y a deux langues utilisées dans le domaine intellectuel,
l’arabe classique et le français, le français permet l’accès aux sciences et permet l’ascension
professionnelle, l’arabe classique est employé aussi dans l’école mais en plus elle est la langue
sacrée, la langue de la liturgie. L’arabe dialectal ou darija, tout en étant langue maternelle et la
langue de communication quotidienne d’une majorité de la population, surtout dans les zones
urbaines du pays, est pour autant parmi les langues évoquées la seule dont l’écriture n’a pas un
rôle spécifique ni fait l’objet d’une promotion de la part des instances gouvernementales.
7) À retenir (citations, points d’intérêt …)
Un exemple du contexte marocain illustre parfaitement à quel point il existe une diglossie
fortement marquée notamment entre l’arabe classique et le français. Il s’agit de l’affaire
Nichane, restitué par Soussi d’après un article de Cohen 2 :
« En 2006, l’hebdomadaire marocain Nichane (écrit en arabe classique et dialectal) est
interdit par décision du Premier ministre pour avoir publié un dossier intitulé en
traduction sic française Blagues : comment les Marocains rient de la religion, du sexe
et de la politique. L’article publié en français et portant sur le même sujet dans le
magazine Tel Quel, l’alter ego francophone de Nichane, n’entraîne aucune sanction,
alors que le rédacteur en chef de Nichane est poursuivi pour atteinte aux valeurs sacrées
et la publication et distribution d’écrits contraires à la morale et aux moeurs. »

Comment se fait-il qu’un article soit condamné rien que parce qu’il a été écrit en arabe, alors
que celui écrit en français n’a pas suivi le même sort ? En effet, dans certains contextes la seule
utilisation de l’arabe semble pouvoir rendre certains sujets tabous, tels la religion ou la
sexualité. De ce fait il y a des locuteurs qui déclarent choisir le français pour exprimer certains
de leurs sentiments, des aspects de leur intimité ou encore des idées.
Un autre aspect, qui mérite une recherche plus approfondie, concerne les systèmes de l’arabe
classique et de l’arabe dialectal. Dans l’article il est noté que la relation entre ces deux variétés
de langue entraîne une situation de diglossie, or il s’agit de langues qui sont considérées comme
une seule par certaines sources, et comme des variétés distinctes par d’autres. Pour certaines
langues européennes on pourrait parler de registres mais cela ne semble pas pouvoir être
appliqué à la relation entre l’arabe dialectal/classique.

2
A. Cohen, Langue du silence, p. 255.

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Bibliographie
Bennis, S. (2001). Dynamique épilinguistique au Maroc. Le cas des discours des Chleuhs.
Cahiers d'Études Africaines, pp. 637-647.
Bernard, A., & Moussard, P. (1924, mai 15). Arabophones et berbérophones au Maroc. Annales
de Géographie, pp. 267-282.
Ferández Vítores, D. (2014). La lengua española en Marruecos. Obtenido de La lengua
española en Marruecos by AECID publications - ISSUU:
https://issuu.com/publicacionesaecid/docs/livre_iehl__espagnol
Langfocus. (30 de juin de 2018). Moroccan Darija: an Arabic Dialect? Obtenu de YouTube:
https://www.youtube.com/watch?v=v6x_6K0OR3w
Loutfi, A. (2020, January). The Status of Mother Tongues and Language Policy in Morocco.
The International Journal of Applied Language Studies and Culture.
Marley, D. (2004). Language Attitudes in Morocco Following Recent Changes in Language
Policy. Language Policy, pp. 25-45.
Maurer, B. (s.d.). La contextualisation : l'exemple francophone africain. Dans Guide pour la
recherche en didactique des langues et des cultures.
Soussi, H. (2015). Diglossie au Maroc : Inter-culturalité et Aménagement Linguistique. Dans G.
Brun-Trigaud, Contacts, conflits et créations linguistiques (pp. 142-152). Paris:
Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques.
Soussi, H. (2017, October 19-21). Amazigh Language in Crisis: Analysis of the Opposing
Processes of Amazigh Revitalization and Endangerment in Morocco. pp. 32-38.
Tabouret-Keller, A. (2006, décembre). À propos de la notion de diglossie. La malencontreuse
opposition entre "haute" et "basse" : ses sources et ses effets. Langage et société.
Université Laval Québec. (2019, Décembre 15). Récupéré sur L'aménagement linguistique dans
le monde: https://www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/maroc.htm

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