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‘Cerveau _ iii 90% DE CE QU’ON DIT gaeexs. Psycho COMMENT LE JEU CONSTRUIT LE CERVEAU Acquérir les briques cognitives pour développer sa personnalité TELETRAVAI NE PAS CRAQUER AVEC LES ENFANTS A LA MAISON BIEN-ETRE | LEQUILIBRE EMOTIONNEL DANS LA DANSE PSYCHOLOGIE LES NEURONES D DISTANCE INTERPERSONNELLE COUPS FANTOMI QUAND BEBE TAPE ENCORE DANS LE VENTRE APRES LA NAISSANCE ALLIaNeE URGENCE CORONAVIRUS 6 ONG 1 CLIC 1 eon jenir en aide aux victimes en un seul don, Alliance Urgences rassemble les forces de 6 ONG. gM handicay & Go Sag & (Hi, a oh international aw eae OE cio NORD NOS CONTRIBUTEURS pit Clémentine Delignieres Journalist scientifique, elle a enauété sur un phenomene inexplique ches de nombreuses femmes, es «coups fantémes >: impression de ressentit ‘encore les coups du bébé dons leut vente, Tongtemps apres 'aecouchement p.stot Julia F. Christensen Docteure en sychologie et neuroscientique i Finstiut Max-Planck de Franetonsie-Man, en Abemagne, lle sesttoumée vers les recherches su les Bienes de la danse apres avor di arréter sa caiere ‘e danseuse professionnelle & cause d'une biessure. a p.i825 Anna Lorenzen Docteure en neurosciences, jouralste scientifiaue ‘ala revue Genin & Geist alle a effectue ‘es recherches aupres des scientifiques pour savoir ‘comment nove cerveeu mesure notre distance physique avec es autres ct cree ans! un perimetie ‘de sécurité, notre bulle personnelle. 2038 Georges Chapouthier Neurobiologste phiosophe et drectour de recherche smert au CNRS, i est spite le Fifligence des animaux, de eur cognition ‘ot ours emotions. EDITORIAL > SEBASTIEN BOHLER Rédactenr en chef Un, deux, trois... Soleil! cendant le confinement, nous avons évité de faire beaucoup de choses: sortir, serrer des mains, ren- ‘contrer des amis, faire du shopping, voyager... Nous hows sommes beaucoup retenus, contraints, forces & ne pas agit. Ce temps gelé est un peu celui de «Un, deux, trois... Solel! le ew auquel jouent les enfants en cour de réeréation. Ce jeu, apprend-on dans notre dossier, de méme que le jeu du «Ni oui, ni non», développe une aptitude cognitive lé appelée inhibition. Une eapacité lige aux régions antérioures de notre cerveau, qui nous permet «aller parfois contre notre envie du moment, Elle est essentielle pour vivre en société. Nous-mémes, & la rédaction de Cerveau & Psycho, avons dit quelque peu «inbiber» ce numéro rédigé au mois davril, en le Jimitant 4 76 pages, Principalement pour avoir le temps dassurer surnotre site web un flux plus important d'articles en aceés libre sur les effets psychologiques du confinement, afin de vous accom pagner en cette période singuliére. Linhibition tient dailleurs une place importante dans ce numéro: on y apprend que notre instinct nous pousse & maintenir une distance de sécurité avec Jes autres, mais que dans les transports en commun il faut aller contre cet instinct. De la méme facon, Jean-Philippe Lachawx nous apprend que pour nous concentrer dans tn environnement bruyant, nous devons bloquer certains réflexes qui attireraient notre attention vers un son, une image, une conversation attrayante, Etce détail tes simple: si vous ne tombez pas de votre lit toutes les nuits, est parce que votre cerveau empéche auto- ‘matiquement les mouvements trop amples que vous pourriez faire durant votre sommeil (les enfants, qui nont pas encore développé cette autorégulation, se retrouvent plus d'une fois par terre). Alors, inhiber, paradoxalement, Cest grandir. Laissons done jouer les enfants 4 «Un, deux, trois... Soleil»! @ Reo SOMMAIRE ..... NZ JUIN 2020 p.628, DECOUVERT p.Gacruaurés La créativité, pour le cerve 1° Des ondes antidépressives © Astronautes: gare a votre corveau! p.I2rocus Un circuit neuronal qui rend addict p.HPsvcnotosie Les «coups fantomes»: quand bébé semble encore taper dans le ventr Learhebs muaisertaines fe deressentir demystériewx coups ed dans leur eras, p. 18 neurosciences La distance personnelle, c’est sacré! ‘Quand un malotra fait rruption dans nolrchulle personnel, des neurones sentinellesSallument dans notre cervea Susalintrus Anna Lorenzen p.26 rsvcnoLocte annaate Les chiens, I’anxiété dans la peau Votrechien se cache soaslatable quand ilentend wn bruit bizarre"? En réalité, selon de résentesetudes, plus dlesdeus tiersdes chiens sont naturelle Georges Chapouthier te Dossier p.29 COMMENT LE JEU CONSTRUIT LE CERVEAU 1p-30 psycnoLocie POURQUO! JOUER EST INDISPENSABLE? Lejeu libre fvorise le développement social, emotional et copnitifde Fenfant Ce aisant, i i permet de devenir uunadulte équilibeé Melinda Wenner Moyer 36 componreMENT UN INSTINCT CABLE DANS LE CERVEAU (Quand des rats jouent a cache- cache, sur origineantédiluvienne deTinstinet due Hon et Prancisco Luongo ona LE JEU EST UN DEMULTIPLICATEUR D’APPRENTISSAGES. Lesaires egrshrales mohilisées par lejeu soat essentielles pour poser leshases de li vie en soci Grégoire Borst P4652 ECLAIRAGES p-46UN psy au CINEMA JEAN VICTOR BLANC To the Bone: itinéraire d’une anorexique Cerilmoffre une vision aussi poignante que fuléle de cette pathologie, montre aussi la vie d'une possible guérison, ‘p-5OLENVERS DU DEVELOPPEMENT PERSONNEL, 90% de ce que vous dites, du langage E QUOTIDIENNE p.54psyono.oaie conve Le cerveau entre dans la danse Connexion avec le vorps. lien social, regulation émotionnelleladansees un puissant facteurdquilibre pourlecerveau. Julia F. Christensen 1-62 EcoLE DES CERVEAUK le big bang mental! travailloa la maison ~ surtout rls sont presents ona paris ret de pentre ment eiter Vimplosion’? 9.6614 oussTion bu mois Pourquoi ne tombe-t-on pas de son lit toutes les nuits? ‘Nous bougeons environ 60 fs par nuit Mais notre cerveau.aves le temps limite cesmouvements aux dimensions du lit Sylvia Kotterba CR eh | LIVRES 68 SELECTION DE LIVRES ‘© Les 1000 Promiors Jours e Le Syndrome du paresseux La Science au service de ‘© Dans la tate c'un chat ‘Les Robots émotionnels, ‘¢ Tant pis pour l'amour TO NeuRosciENces Er UTTéRATURE g Imagine: le pouvoir de la pensée contrefactuelle Ta torsed son de John Lennon? Activer une fculté essentille dle notre corvean la simlation SEBASTIAN DIEGUEZ, acélebre : DECOUVERTES ee eee Actualités Parla rédaction NUTRITION Sucre: quand lestomac commande au cerveau Notre estomac contiendrait des récepteurs qui détectent la présence de sucre et transmettent le message au cerveau. A la différence des récepteurs de la langue, il est impossible de les tromper par des édulcorants... Jes édulcorants, on le sait, ne font pas maigrir.Les specie Istes de la nutrition, de méme que les chercheurs qui étudient le fone- tionnement du systeme digestif, ont ‘découvert depuis quelques années ‘déja que ces succédanés donnent impression de manger du sucre au niveau de la langue et du palais, mais qui «manque» quelque chose, de sorte que 'on reste attiré par des nourritures qui délivrent veritable- ment cu glucose ausysteme digest. La cause de ce phénomene vient d'etre découvert:c'est restomac lu: meme, ou plutat la portion dintestin quile jouxte immédiatement- le duo- dénum, qui valide ou non ingestion de vrai sucte. 200 NEURONES INFERNAUX... Lamise au jour de cemécanisme suit un long processus méthodique qui ressemble une enquéte pal: clare, Les chercheus de Funiversité Columbia (impossible de ne pas orn 1) RETROUVEZ LA PAGE FACEBOOK DE CERVEAU & PSYCHO mentionner que le leader du groupe s‘appelle Charles Zuker -sucre en allemand- et qu'il travalle dans Vins- titut Zuckerman de université.) ont ‘commencé par injecter du glucose directement dans intestin des souris cet ont vu immédiatement s‘activer des neurones a la base de leur cer- vveaur clans une zone appelée noyau dorsal du falsceau solitaire, dans le tronc cérébral, Faisant hypothese ‘quelle signal était transmis par lenert vague, qui relie le systeme digestif ‘au cerveau, ils ont sectionné ce nerf ct constaté que les sours n'avaient plus d'aturance pour le glucose LE PIRATE PIRATE! Puis, ils ont commencé & carto- ‘oraphier précisémentle chemin com: plexe menant de Tintestin aux neu: fones du faisceau solitaire, notamment avec des virus capables de se propager «a contrecourant» depuis les neurones actifs du cer veau jusque vers Vintestin. is ont ainsi repéré des synapses entre le nerf vague et les neurones du fais- ceau solitaire, puis en remontant encore plus loin, ont vu siluminer environ 200 neurones au sein dun ganglion du nerf vague. Ces neu- rones recoivent leurs informations directement de intestin, tils se sont montrés réceptits au sucre authen- tique, et pas aux édulcorants. En poussantleur analyse encore plus loin, Zuker et ses collegues ont y Identifié une molécule dans la paroi intestinale, le transporteur SGLT!. Ce récepteur détecte les molécules de glucose dans le duodenum et déclenche ensuite des signaux ner veux qui remontent au ganglion vagal, puis aux synapses entre le nerf vague et les neurones du faisceau solitaire, lesquels transmettent fina- lement Information & tout le cer- veau, Notre cerveau est ainsi litera lement piraté par Vintestin qui lui commande de chercher du sucre, et Crest la convergence des deux infor: mations plaisantes ~ celles de la langue et de Fintestin — qui anererait notre attrance pour cette substance hautement énergétique, Reste quil est possible de hacker 8 son tour ce systéme, en trompant les neurones du trone cérébral: en injectant un autre virus dans le fais ceau solitaire des souris, les cher- cheurs sont parvenus a faire produire {ces neurones un récepteur concu Sur mesure pour activer les cellules nerveuseslorsqu'on donne a boire 3 VVanimal une substance appelée clo: zapine. Das lors, les neurones du faisceau solitaire sallumant, le cer- eau , d patirdes lettres «taver» ‘Tandis que les participants pratiqueient ce jeu, leur activité céré brale était mesurée par électroencéphalographie haute densité, tne technique permettant de reconstituer ce quipasse dans leur téte avec une grande précision temporelle, Résultat: lorsque la solution leur apparaissait par une ilu- mination soudaine, un pic activité haute fréquence (constitus londes cites « gammas) se produisait dans leur cortex préfron- tal. Cela refléterat toute une série de processus cognitfs de haut niveau mis en jeu dans Insight, comme la manipulation mentale de concepts, 'émergence d'une solution dens la Conscience etlafocalisation de attention. En outre, un dixigme de seconde plus tard, un second pic dactivté a été mesure dans e cortex orbitofrontal de bon nombre des participants. Or cette région appartient au systeme cérébral de la récompense: et serait & origine d'un sentiment de plaisir Eile s'active Fall. leurs lors de multiples experiences hédoniques: lalimentation, le sexe, les drogues, les contacts sociaux, la musique ‘Ce mécanisme céreébral est peut-étre une des clés du succes Evolutif de notre espace. I attiserait en effet notre curiosité et notre gout de exploration, de 'apprentissage et de a créativité meme enlabsence d'un gain matériel immédiatttypiquement, pours ancétres, dela nourrtute):nul besoin une telle récom- pense exterme, insight est si agréable pour le cetveau que la perspective de 'atteindre suff nous convaincre denous enga- {ger dans la résolution de problémes diffciles. eLe fait que 'évo- lution at lis la génération de nouvelles idées et perspectives au systime de récompense du cerveau humain pourrait expliquer extension de la créativité et favancement de la science et de la culture», selon John Kounios. @ Guillaume Jacquemont Drogue: les raisons de larechute jourquoi les addicts risquent-ils de rechuter aprés une période abstinence ? Ashley Lepack, de Finstitut du cerveau Friedman, et ses collégues ont mis en évidence un réle de la dopamine, abondamment libérée dans Je cerveau suite a la consommation de droguo. Les chercheurs ont montré sur des rats que cette « substance change expression de certains genes dans les neurones du cizcuit eérébral de Ja récompense - une modification dite «pigénétique». Elle perturberait alors durablement le fonctionnement de ce circuit, ‘ce qui favoriserait les rechutes. Quand action épigénétique de la dopamine a été empéchée chez, des rongeurs préalable ment Aabitués & la cocaine et qui étaient dans une période dabstinence, ‘coux-ci ont d'ailleurs moins recherché la drogue. @ 21% des réves seraient érotiques chez les hommes, contre 16 % chez les femmes. Sees ota at Gs. i i THERAPIE Des ondes antidépress ives B,J. Coleet al, The American Journal of Psyeliatey,le7 ave ristosse profonde, perte CTenvie, troubles cognitifs, pensées morbides, voire suicide: les symp- tomes de la dépression sont graves et les traitements actuels, médica- ments et psychothérapies, ne sont pas toujours efficaces. Une nowvelle thérapie est a'essai depuis plusieurs ‘années:la stimulation cérébrale trans cranienne, ou TMS. Et équipe de Nolan Wiliams, de universté Stanfore ‘aux Etats-Unis, vient enfin didentifier des paramétres qui permettent de la rendre efficace chez 90%des patients déprimés préalablement résistants & tout autre traitement, La TMS est une méthode de stimu: lation non invasive et non douloureuse ‘ui induit un faible champ électrique dans le cerveau, de sorte qu'un cou rant électrique, ou dépolarisation, est suscité dans les cellules nerveuses et se transmetde proche en proche dans lesréseaux cérébraux, modifiant alors leur activité. estat trouver les bons réglages et les zones du cerveau & cibler dans le cadre de la dépression Pour ce faire, les chercheurs ont ‘couplé une TMS plus intense que dor naire 8 de FIRM cérébrale, pour iden: tier chez chacun des 21 patients de leur étude, le réseau formé par le cortex prefrontal dorsolateral ato cor: tex cingulaire antérieu impliqué dans la régulation des états émotionnels et ntlefonctionnement est altérédans les états dépressifs. Puis par session, ils ont appliqué des champs de 1800 impulsions, et chaque sujet a subi 0 sessions de 10 minutes parjour, ‘espacees de 50 minutes de pause, Resultats: en une seule journée, Ln patient est esorti» de sa longue déprime (mesurée par des échelles médicales dThumeur). Les 20 autres ont recule traitement pendant jours, mais 3 jours se sont révélés en ‘moyenne suffisants pour faire dispe: raitre les signes clniques. Au final, es signes de dépression ont disparu chez 19 sujets sur 21 apres cette therapie, ont 13 étaient toujours en rémission un mois apres, les autres ayant 3 nou veau quelques symptomes. Mais plus ‘aucun rvavait de pensées suicidaices Cette technique, déja approuvée faux Etats-Unis, et nommée SAINT (pour Stanford accelerated inteligent euremodulation therapy), semble enfin prometteuse et est aujourd'hui testée sur un plus grand nombre de Patients. Diautant qu'elle neprésente ‘aucun effet secondaire. @ BenédicteSalthun Lasalle oR ce Corvey, sycho yous uu POUR LA TENGE ‘70 a poulevrd ds momterneste ‘75014 Paris Directrce des rédacions: Cale Lestenne Cerveau & Paycho Redocteuren chef: Sebasen Borer Rédaaice en che ajolnte:Sénccict Sakhun Lasalle Rédacteur: Gullaune Jocaveriort Conception raphique: lam Loociche Direcice aristique: Calne Laper Maquette: Pauine Biba, Rape! Querue, Inna Leroy Revissuse? Anne-Rozen Joubl= Developpement numérique: ripe Ribeau-Gésippe {Community maneger: Asta Keryhuel Marketing et usin: Crane Bache (Chet de produ: tena Dalanne Directice du personnel: OivlaLe Prevost ‘Séeretaire général: Neal Bréon Fabrication: Naan Sigogre, Zoé Fare Vista Directeur dea publication et gsrantFréclic Méiot Aancens rectus dela action Frangace Pty t Phipps Boulmger Presse ot communicator Susan Mackie Stson meckis@pourasclenceft— Tel: 0195 42 85 05 Publics France Stephane jullenpourascience Espace sbonnements tps boutique crveavetosycrose [resse e-mail: cervoavetpsvcnodebonesst ‘Telpane 03 67 07 9817 Adresse postal Cervenu 8 Payeho Service des abonnements 19; re de Mncuste - BP 50053 51402 tren Cede Ditusion de Cerveau & Psycho Contact wosques: A jute ros; Stéphanie Teyora Tols04 8615 243 Information/modiiation de service/réasor ee eters feetitnonees sees 208 Hates: BTS Crane aunender 250 € eee ee Feces pears vacpeeaiiee mu @ Potaceskgome pie apne ee pour reo oie cet eee DECOUVERTES Actualités NEUROSCIENCES Astronautes: un risque pour le cerveau? Kramer ef al, Intracranial effects of iceogravity: A prospective longitudinal MRI study, Radiofogr,te avril 2020. a Nasa a lancé des programmes spatiaux ambi tieux, comme Artemis, qui vise a multiplier les séjours surla Lune afin de préparer un voyage martien (nécessitant de 6 & ‘8 mois de trajet dans chaque direction) Encore faucratil que le cerveau humain supporte sans dommage une longue expo: sion & environnement spatial. Or ce n’est pas certaln si Ton en croit une étude menée par Larry Kramer, de université du Texas, et ses collegues. Les chercheurs ont utlisé imagerie par résonance magné- tique (IRM) pour analyser le cerveau de onze astronautes, une premiere fois avant un séjour d’environ sixmo's danstla Station spatiale internationale, puis a intervalles réguliers apres leur retour. ls ont constaté un léger gonflement du cerveau, qui perdure un an apres le séjour dane I'espace. La plupart des participants étaient aussi victimes d'un rétrécissement de hypo pphyse — une glande cérébrale qui controle de multiples fonctions, physiologiques majeures, Ces déformations, en particulier «I'écrasement» de hypo: physe, suagevent une élévation de la pression intracranienne 61% des gens ayant pris un placebo lors d’une expérience sur les psychédéliques ont ressenti des «effets» (distorsions visuelles, hilarité, etc.) La dopamine de l’apprent [Lice nessa ne faction qui nous est bénétique (trouver & manger, nous reproduite, acquérir une nouvelle compétence), tune partie de notre cerveatt appelée systéme de récompense libére ‘une molécule qui suseite une sensation de plaisir, la dopamine. ‘Cette sensation nous incite & recommencer. En outre, lorsqu'on est dans espace. La cause: le fluide cérébrospinal (quibaigne le cerveau et la moelle épiniére) ne serait plus attire vers le bas du corps par la gravité et s'accumulerait alors dans le crane, Mais jusqu'a présent, des mesures etfectuées lors de braves expositions & la microgravite (lors de vols aériens dts paraboliques.) n’avaient détecté qu'une augmentation rela- tivement faible, inférieure & celle qui se produit lorsqu'on est couché. Une exposition durable semble donc avoir des consé- ‘quences plus marquées. ‘Au point ¢'étre pathologique? Leugmentation dela pression Intracrénienne pourrait en effet étre en cause dans ce qu'on appelle le «syndrome neurocculaire associé au vol spatial» — tne perturbation de acuité visuelle et de la structure du sys: teme optique qui touche un grand nombre d'astronautes apres Un ong séjour dans espace. II sera done probablement néces. salre de concevoir des protections spécifiques. Plusieurs dis- posttfs sont 8 'étude, comme une centrifugeuse, ol les astro- autes viencralent réguliérement se soumettre 8 une gravité artfcielle.. @ Gh. des chercheurs du MIT viennent de ateonrer que cete mola #8 a prope dans de nombreuses ones SSAQE Fe evesv ov ce entore les Connexions neuronales ul ont é& mmoblsees dans faction couonnce de suceés Ces ainsi que te plaisir renforerit faction. En oute, Jermbinersutatobtenu de fag répétée finit par libérer moins de dopamine, ce qui nous pousse Baller plus loin que la dere fos cd nots perectonne.. Toutes les ‘aractrisiqus dun apprentsage reussi ou dune addition. @ SB, , OFFRE D’ABONNEMENT ABONNEZ-VOUS A Cervegu Va 2 FORMULES \ AU CHOIX Psycho a eee Q o Le magazine en version numérique © ‘M1 numéros par an Acces & cerveauetpsycho fr © Actus, dossiers, archives depuis 2003, 4 Pr Ey ere eee BULLETIN D'‘ABONNEMENT Arenvoyer accompagné de votre regiement a: Cerveau & Psycho ~ Service abonnements ~ 19 rue de lindustile ~ BP 90053 — 67402 Ilklich Cedex ~ emall: cerveauetpsychag@abopress.fr PAG20STD f OUI, je m'abonne pour 1an aq OM. OMme FORMULE : PAPIER mall: ¢ncispensable pour la formule intégrale) 11 ne du magazine papier 8 @ Spine e Conese Bye Soul anon FORMULE RT SATA RRSEIAS § Par cheque a fordre de Pour la Science Carte banes (papier et numerique) + Acces ilimité L faux contenus en ligne Nits bud Ll H Date d'expiration |__| Ce (Lee 3 chitres au dos de votre CB) Signature obligatoire: SOUVERTES Focus NEUROBIOLOGIE MON MAKIN eurasciemifqieet journalist pour Scientific American ef New Scientist Un circuit neuronal qui rend addict Pourquoi la vue d'une enseigne de tabac ou alcool suffi -ellea créer un besoin irrépres ible chez les personnes qui en consomment régulitrement’? Des expériences sur des rats donnent un début de réponse, ‘aux prises avec une addiction, la vue de simples objets liés @ la drogue (un paquet de cigarette, une bouteille dal- ‘cool, e logo d'une société de jeux pour les addicts au jeu) — ou méme de lieux ‘associés & une consommation anté- ure (Venseigne d'un bar, par ‘exemple) ~ suffit parfois a déclencher dos envies qui rendent les rechutes plus probables. Comment se met en place cette association fatale? Elle repose sur les capacités d'apprentissage de notre cerveau: en effet, associer des indices environnementaux & des expé- riences agréables est une forme fonda- ‘mentale d'apprentissage qui remplit une ‘multitude de fonctions essentielles dans notre vie (Cest ainsi que nous apprenons A apprécier de faire des progrés dans Vapprentissage d'un instrument, & tra vers le plaisir que Ton en retire), mais certains scientifiques pensent que de telles associations entre une sensation et tun lew ou un objet peuvent «détourner» le comportement naturel, contribuant ainsi A installer des addictions ou des troubles alimentaires. HYPERSENSIBILITE AUX INDICES. DE RECOMPENSE, ‘Tout récemment, des chercheurs diri- _gés parla neuroscientifique Shelly Flagel, de université du Michigan, ont déco vert un circuit eérébral qui pourrait étre ‘ala base de ce dérournement de fonction; les rats qui présentent un type de com- portement compulsif face a des récom- penses - alimentaires, par exemple ~ ont lune connectivité et une activité cérébrale différentes de celles des autres, et il est possible de modifier leur comportement ‘enmanipulant expérimentalement le cit- ‘cuit neuronal concerné, Des découvertes {qui pourraient aider les chercheurs & ‘comprendre pourquoi certains individus orn sont plus susceptibles de présenter des troubles du contréle des impulsions «Une étude billante et passionnante», & en croite le neuroscientifique Jeff Dalley, spécialiste des addictions i Tuniversité de Cambridge. Dans cette étude, publiée en sep- tembre demier dans cife,quont fait les chercheurs? Les expériences consistaient A montrer & des rats un levier sur equ ils pouvaient appuyer, mais qui ne produi- sait aucune action. Puis on leur adminis: trait une friandise savoureuse qui arrvait euxvia un petittoboggan. Naturellement, tous es rats ont associé la vue du levier & Tarrivée d'une récompense. Mais ils se scindérent bien vite en deux groupes trés distincts. Les uns, en voyant le levier, Sapprochaient spontanément du bout dt tobogyan, antcipant urrivée dune frian dise, Les autres restaient & proximité du levier,et& chaque fois quan les introdui- sait dans la cage, ils manifestaient la ‘méme attirance pour ce qui métaitau fond ‘qu'un indice associé. la récompense elle: ‘méme. Les premiers furent appelés des straqueurs de buts, et les seconds des straqueurs de signes» (car le levier rest ici qu'un signe associé a la friandise, comme Tenseigne du bar est un signe associé & la consommation «alcool pour aleoolodépendant). Qu'est-ce qui distin: ‘guait es traqueurs de buts des traqueurs de signes? Liéquipe a suspecté Fimplica- tion de deux régions du cerveau: le noyau paraventriculaire du thalamus, qui ‘module un vaste éventail de comporte- ‘ments, et le cortex prélimbique, mis en jeu dans Tspprentissage ié aux récompenses (comme lorsqu'une otarie apprend & faire des tours en recevant des harengs 2 chaque réussite). Les chercheurs ont uti lisé une technique appelée chimiogéné- tique pour modifier les neurones dans le circuit reliant ces régions, ce qui permet ensuite d'activer ou d'inhiber les signaux du cortex prélimbique a Taide de molé- cules spécifiques. ABOLIR LADDICTION? ‘Quiont-ils observé en activant artif ciellement ce circuit reliant le noyau pparaventriculaire au cortex prélimbique? Les rats traqueurs de signes se sont moins souvent approchés du levier, étant moins attirés parles simples signes quils avaient associés a la récompense... Les rats tra dqueurs de buts, eux, restaient attirés par la récompense elle-méme, comme précédemment. Enrrevanche, bloquer ce méme circuit neuronal a attiré les traqueurs de buts vers le lever: ils devenaientattirés par les signes annonciateurs de récompense, ‘comme les traqueurs de signes. Ces der ners, quant & eux, persistaient dans leur ‘comportement initial. Et chez les tra- ‘queurs de buts convertis en traqueurs de signes, lequipea détecté une libération de dopamine, un messager chimique impli qué dans le traitement des récompenses, reliant ces deux zones cérébrales ferait une cible de réve pour des traitements de l’addiction Bibliographic P.Campus etal, he paraventricular thalamus isa critical mediator of top-down control of eve motivated behavior rats. eL.fe.v0l.8, art.of90H,2019, ‘Comment fonctionnent le cortex pré= limbique etle noyau paraventriculaire da thalamus dans toute cette affaire? Le hoya paraventriculaire dt. thalamus déclenche un signal de motivation é1é- mentaire & la vue des signes comme le Tevier, Mais le cortex prelimbique, qui exerce un controle dit «de haut en bas», est capable cy résistr. Les rats tes réac- tifs aux signaux présents dans leur env ronnement pourraientsouffir, selon les auteurs, de dficis dans cette forme de contréle descendant. Ils font penser aux personnes qui ne peuvent résister& Ten- vie de croquer dans une tablette de cho- cola dds quelles voientFembaliage trai nner dans un coin de la cuisine FEvidemment, on se prend & penser quo co circuit reliant les deux zones en question feraic une cible de réve pour des trate- ments de Tadldiction.. mais anatomic Ihumaine exaete nest pas tout faitclaire sur ce point, note Jeff Dalley - et les addictions sont probablement plus com- plexes que ee simple mécanisme. En tout fas, certaines thérapies cognitives et comportementales pourraient renforcer Je fameux circuit neuronal DES RATS A LHOMME. Lavenir de ces recherches consistera 4 examiner si la dynamique cérébrale repérée chez les rats s'applique en partie des personnes. Ensuite, les chercheurs tenteront dexaminer sil existe aussi deux catégories de comportements ‘humains traqueuts de signes et traqueurs de buts. «Une fois que nous aurons établi Te paradigme du suivi des signes et des objectifs chez les humains, nous pour- rons vérifier si ces traits sont prédictifs de la psychopathologie», explique Shelly Flagel. Avec Pidée d’identifer les per- sonnes les plus vulnérables aux addic- tions en tant que telles, et plus partieu- ligrement aux rechutes qui dépendent en ‘grande partie de a sensibilité aux signes présents dans environnement. @ a Les «coups fantomes»: DECOUVERTES Psychologie is quand bébé semble encore taper dans le ventre... Par Clémenti Deligniéres, journaliste scientifique. Leur bébé est né depuis des semaines, parfois des années... mais certaines femmes continuent de ressentir des coups de pied dans leur utérus, crainte ou nostalgie, de fagon bien réelle. Une similitude avec la sensation du «membre fantome»? avec EN BRI trs nombreuses sont les femmes a avoir re ‘@Plus dune femme sur ces coups.» Sur Facebook, elle recoit 260 com- trois continue, aprés avoir | mentaires, souvent pour relater une expérience accouche de sent »le5 _similaire, et son texte est partagé 600 fois, Un Sonvertte record pour elle. (Ce phénoméne nest pas anecdotque. étude cesperceptionsfont ur Hélene Rock cite a ee prépublige en ligne par lle a 616 dépassée par la penserauphevoMéne — Une équipe de chercheurs de université de portéede ses mots. En novembre, Héléne Rock, {eusmerweter des ‘Monash, en Australie, dirigée par Disha Sasan. une doula (professionnelle accompagnant les persomesamputder tun | Vie un questionnaire sur internet, ces cher femmes enceintes), se conte sur les réseaux brasaudunejanbe. | cheurs ont interogé 192 partcipantes igéesde sociaux: «Avez-vous déia ressenti des COUPS Ce 6 pesrtant usembleque 18 2.69 ans, qui avaient accouché pour la pre~ pied au niveau de I'utérus alors que vous n’étiez @PoutantIsembleque mire fois depuis 1 a 42 ans). Les scientifiques plus enceinte depuis quelques semaines, mois, guauneinterpretaton sont arrivés &.un chiffre impressionnant: 40% voire années? Moi ou, et usque tres récemment enronée,parlecerveau entre elles disent avoir ressenti des «coups je croyais me fare desiéesjusqu’ce quun ami delamaman, fantémes», identiques ou ressemblant & ceux me partage un article scientifique sur le sujeten 4¢mouvements expérimentés durant la grossesse. Ces percep- me demandant mon avis. ai appris quen vérité @°S0n apparel gest. | yio1.< perdurent dans certains cas jusqu’a 28 ans Oss DECOUVERI Pychologie LES « COUPS FANTOMES»: QUAND BEBE SEMBLE ENCORE TAPER DANS LE VENTRE ee aprés Paccouchement. Parmi les femmes sujettes ce phénoméne, 17,2% ont vécu ces mouve: ments chaque jour, et 37,5% chaque semaine. Hélene Rock, aprés ses deux grossesses et pendant deux ans environ, «a ressenti des eoups de pied discrets, comme ceux éprouvés lors des ‘inquitme ou sixiéme mois de grossesse, & des ‘moments aléatoires de la journée. Ils se sont cestompés petit A petit Ni la fréquence des mouvements feetaux rap. portée pendant quielles étaient enceintes ni les interventions médicales qui ont pu avoir licu durant leur aecouchement influent sures coups fantémes - toujours selon les réponses données par les femmes interrogées. ETRANGES SIMILARITES AVEC LE SYNDROME DU MEMBRE FANTOME Alors, que sont les coups fantémes? De simples contractions de l'utérus, qui se repro- duisent aprés la grossesse? C'est pew probable, car les coups perdurent bien aprés la premigze année de post-partum. Les auteurs de 'écude australienne avancent ‘une autre hypothése : des similarités avec le syn. drome du membre fantéme, Les personnes ampu- tées d'un bras, d'une jambe, d'un doigt. souffrent parfois d'une douleur & Yendroir de la partie manquante de leur corps: ce phénoméne couvre une large palette de sensations et n'a pas encore été totalement expliqué par la science. De fagon générale, les perceptions tactiles ‘envoient des informations dans une région du ‘corveau appelée «cortex somatosensoriel». Dans cette aire cérébrale se constituent des cartes de notre représentation du corps, Se pourrait-il que le bébé, durant ces neuf mois, soit eonsidéré par Te cortex somatosensoriel comme une partie du corps de la mere? La fin des sensations abdomi- nales aprés la naissance serait un événement ‘aussi soudain que la cessation de la distribution des nerfs aprés une amputation. Crest en tout cas ce que supposent ces neuros cientifiques. Pour étayer leurs propos, ils 40% DES MERES INTERROGEES DISENT AVOIR DEJA RESSENTI DES COUPS FANTOMES om rappellent que 33% des patientes ayant subi une ablation des seins les ressentent encore. Ils citent aussi les travaux publiés en 2017 dans la revue Nature neuroscience, par V'équipe ¢'Elseline Hoekzema: les IRM de 25 femmes enceintes pré. sentaient une diminution de Ia matigre grise dans les régions associées aux aptitudes sociales. Signe que le cerveau se réorganise pendant la gros- sesse. Cette plasticité pourrait donc conduire & tune reconfiguration des cartes somatosenorielles ui intégrerait la présence du bébé.. UN TEMPS ET UNE STIMULATION, INSUFFISANTS? Uhypothése de coups fantémes de Tutérus semble toutefois peu valide aux yeux de Jozina De-Graaf, chercheuse 4 l'Institut des sciences du ‘mouvement (université Aix-Marseille et CNRS). «Je trouverais trés étonnant que le cortex soma- tosensoriel puisse considérer Venfant comme une partie du corps de la mére, en si peu de temps.» Quatre ou cing mois, selon le moment oi les pre: riers mouvements sont ressentis dans le ventre, pourraient étre tne durée trop courte pour que se forme une nouvelle carte dans le cerveau de la ‘maman, «Et on ne parlerait pas du bébé, intégré comme un organe, mais bien de la sensation de coups qui serait enregistrée.» Bernard Calvino, professeur honoraire de neurophysiologie spécialiste de la douleur, n'est pas convaincu non plus: «Le parallélisme me parait bien difficile car il n'y a pas de carte sen- sorielle corticale spécifique de la femme enceinte déerite dans la littérature.» Au-dela du temps trop court, la stimulation ne lui parait pas sufi sante: «Les cartes de projection sont établies avec Yexpérience quotidienne du ressenti du sujet chaque membre, chaque partie corporelle, envoie une information en permanence.» La seule infor ‘mation que le corps a sur la présence du bébé, ce sont des sensations dans lutérus, Autrement dit, des éléments discontinus. POUR LE CERVEAU, LE BEBE NEST PAS COMME UNE PARTIE DU CORPS Jozina De-Graaf ajoute, contre cette hypo thse, que «le cerveau a une représentation claire un bras ou d'une jambe, car il en a besoin att quotidien. Mais le cortex somatosensoriel ne dis- tingue pas vraiment lutérus des autres organes du bas du ventre, car il rva pas besoin de le contréler: il fonctionne seul. On dit qu'on a “mal ‘au ventre”, pas “a Vintestin’, par exemple.» Difficile d'imaginer une carte lige & Tutérus dans le cerveau, done. La spécialiste va ailleurs plus loin sur cette notion de controle: «Nous avons rencontré 110 personnes souffrant du membre fantéme; ils peuvent effectuer des “mouvements” volontaires. Seulement deux sen: taient leur membre absent bouger tout seul, sans aucune commande de leur part.» Les meres, elles, nlont aucune maitrise sur ces coups. Des femmes gardent la mémoire de ces sensations incroyables et ont parfois ri impression qu’elles perdurent, avec nostalgie Le mécanisme semble par conséquent diffé rent. D’autant plus que la douleur «plucot constante» ressentie par les amputés a peu de choses en commun avec les sensations pone- ‘elles évoquées par les femmes interrogées dans étude australienne. Ils souffrent toute leur vi du membre fantéme, tandis que les coups utérins isparaissent généralement au bout de quelques années, Dans léchantillon interrogé, seules 27% des participantes touehées par ce phénoméne ont déelaré qu'il avait pas encore cessé au moment de Venquéte (celles-ci avaient accouché en moyenne depuis sept ans), DES MOUVEMENTS DIGESTIFS EN CAUSE? En Pabsence dimagerie connue des coups fantomes, ces deux spécialistes misent done plu- 16t sur la seconde explication possible avancée par l'étude australienne: les femmes, plus atten- tives a leurs sensations aprés une grossesse, interpréteraient de fagon etronée des mowve- ‘ments habituels de leur corps, dus... 4 la diges. tion, Une poche d'air dans l'intestin, par exemple, sera percue avec Iémotion encore vive davoir porté un enfant. Une hypothése certes moins spectaculaire, ‘mais quine diminue en rien limporcance du sujet. «Le facteur psychologique lié aux facteurs émo- tionnels me parait beaucoup plus important dans cette évocation post partum», reprend Bernard Calvino. Létude précise que 25% des femmes ont décrie Texpérience comme positive, 16% comme Bi ographie D.Sasanetal., Phantom kicks: women'ssubj experi tive octal Kicks after the posipart prepul ‘vom, nove n period, Pay ArXiv re 2019 N.Lancelin-Huin, Trmerver Féprenve dune grosses inter ‘Josette Lyon, rompue, 2016. E,Hoekzema eta, Pregs Isto Jong lastingchangesin human brain Nature Neuroscience, vol.20,2017 comma, he négative, 27% se sont senties troublées ou éner- vées, Les coups fantémes pourraient étre un fac- teur danxiété et de dépression, survenant dans une phase de vulnérabilité pose partum. Nathalie Lancelin-Huin, psychologue spé lisée en périnatalité, rencontre des femmes & la maternité aprés des interruptions médicalisées de grossesse ou aprés avoir accouché d'un enfant mortné, «Le lendemain ou le surlendemain, qua- siment & chaque fois, elles sentent encore le bébé bouger dans leur ventre. Certaines me le confient en commencant par: “Vous allez me prendre pour une folle.” Pour elles, cest un combat entre Ia raison et le ressenti, vécu avec tristesse. Mais parfois, aussi, avee une certaine tendresse, car ees coups les rattachent & leur bébé disparu.» Comme un rappel de l'enfant absent, ils aident A s‘accommoder du drame. Avec le temps, le deuil évolue et la place du bébé également. «Il était dans leur ventre, il passe dans leur coeur jjusqu’ la fin de leur vie, et elles cessent de sentir des coups.» DIFFICILE D’AVOUER SON RESSENTI Léchantillon de femmes australiennes interro- ‘gées par Disha Sasan et ses collegues ne permet pas de créer des liens avec une dépression past partum. Certaines mbes ressentent encore les coups sans avoir véeu de drame et sans difficultés psychologiques particuliéres. «Ce sont souvent des patientes ayant une perception fine de leur corps, reprend Nathalie Lancelin-Huin. La grossesse est une disposition intérieure spécifique:: ces femmes ¢gardent la mémoire de ces sensations incroyables et peuvent avoir impression quelles perdurent, avec nostalgie. Comme la vibration émise aprés le gong, Le corps est une caisse de résonance de la vie intérieure.» Une facon, aussi, dexprimer sa difficulté & ne plus porter d'enfant? Sans forcément Vinterpréter ainsi, Héléne Rock raconte, comme de nombreuses femmes réagissant sur les réseaux sociaux, s'tre interro- g6e sur sa santé mentale. Elle a méme réalisé plusieurs tests de grossesse pour chercher une explication & ces coups. Dans son réle de doula, elle s'est sentie soulagée en osant en parler dans son entourage professionnel Les femmes confrontées aux coups fantémes, quelles aient vécu un drame ou une grossesse sereine, ont du mal 4 évoquer leurs sensations, par peur du jugement. «11 est violent de se voir répondre: “Mais non, cest dans ta téte", et de voir son ressenti nié, reprend Hiélane Rock. Si étude australienne n'a pu lever le mystére sur Torigine des coups fantémes, elle aura au moins libéré ta parole. @ ” DECOUVERTES Neurosciences ® La distance personnelle, c’est sacre! Par Anna Lorenzen, docteure en neurosciences eljournalisted Gehien & Geist En pleine soirée, un inconnu s‘approche de vous et se colle a votre nez pour vous parler. Insupportable! Méme quand aucun coronavirus ne circule. Car le malotru a fait irruption dans votre bulle personnelle, une zone de sécurité que votre cerveau garde jalousement. ENBRI @ La edistance personnelle>, ou zone de confor, que nous ‘maintenons avec ‘autrui estun moyen ‘de communication ‘non verbale; elle varie selon notre caractere, ‘nos expériences, ‘nos relations aux autres, notre culture, notre hhumeur ete contexte, @ Siun inconnu y pénétre, nous elle sensation désagréable lorsqu'une personne que vous ne connaissez pas s'apprache trop pres de vous alors que vous communiquons avec autrui. Pourtant, la plupart des gens ignorent encore son existence. En fait, il n'y a pas qu'une seule sphére pro- Agus senfons sowent _-‘N@ Vous y attendez pas, que ce seit dans le tectrice autour de nous, mais plusieurs, plus ou malaise car elle métro bondé ou méme dans la rue quand un moins distantes de nous et qui dépendent des représente aussi virus réde et que vous cherchez & garder vos objets qui y pénétrent ou des liens que nous tune barriére protecrice. ‘@ La distance personnelle distances... Vous sentez le souffle de Vinconnu pris de vous et rvavez.qulune envie: vous éloigner entretenons avec ceux qui se trouvent & Vinté rieur, Bt des neurones particuliers réagissent, en est produite par des au plus vite. Dans de telles situations, le malaise déclenchant un comportement d'évitement ou de ‘ourones muttisensorils rYa qu'une seule cause: votre «distance person- défense, dés que Tune de ces barriéres protec alts «péripersonnels; nelle», 1a sphere ou bulle protectrice qui permet trices est franchie, Cest aussi grace & ces der- chacun survelle lune patie spécifique «du corps etson ‘environnement immédiat de sisoler des autres, est violée. Cette bulle, inv sible, autour de notre corps, est comme une seconde peau qui influe sur la fagon dont nous oR ee niéres que nous sommes capables d'éviter des obstacles ou de manger avee une fourchette. La taille de ces différentes distances personnelles 20 DECOUVERTES Neurosciences LADISTANCE PERSONNELLE, CEST SACRE! cst variable: elle dépend de chaque individu, de son humeur et du contexte. Crest le zoologiste suisse, également directeur de 200, Heini Hediger (1908-1992), qui le pre- mier déerivit_ ce phénoméne. Dans les années 1950, il découvrit que les animaux en ccaptivité possédaient en réalité deux types de territoire: un territoire extérieur, marqué par certains points de repére comme des pierres ou des arbres, et un «intérieur», qu’ils portent en quelque sorte toujours sur eux. Ainsi, le spécia- liste du comportement a remarqué que les 2bres Les femmes maintiennent entre elles une distance plus faible que les hommes entre eux, et la distance personnelle augmente généralement avec l’age ne fuyaient pas immédiatement lorsqu’ils le voyaiont arriver, mais seulement lorsquil s'ap- prochait deux une certaine distance. Ila meme cconstaté que cette distance de fuite éait relative. ment constante, quelle que soit la fagon dont il | LESPACE avangait vers les animaux. PERIPERSONNEL, CEST QUOI? DES HIRONDELLES ESPACEES Trainee, environnement imméiat Hediger a également remarqué que d'autres | gine personne. quel'on espéces animales maintiennent toujours une | oyecae on aston out ‘distance personnel» autour deus, meme avee | ‘elmeme ns Cea leurs pais; par exemple, les hirondlis se posent | Dans cette zene on pet sur une lige dletiquehncervalles gules es | oud taper des tines par rapport aux ates. Busi un congene | objets ou des peromes, pénétre dans cette zone invisible, il déclenche | tout comme on peut s'en ves um combat protégerLesnerones Quelques années pls tard, Tanthropologue | ‘#8 péteremety amércnn Edward’: Hall (1914-2008) ranterat | Sean en permanence ces découvertes a Fétre humain en proposant la | fSpidementauxstimul théorie de Ia proxémie,dToceasion dela sore de | ieee te Sant son ouvrage en 1966, La Dimension cache. Selon | expe extaperome i a dstance ques gens maiennent entre etx | sesto pus on esa est un moyen de communication non verbal qi | hors pore. espace pétipersonnel est om ddépend, entre autres, de leur proximité (Familiale, amicale...) et dela culture dans laquelle ils vivent. Hall a distingué quatre zones de contact interper- sonnel: les distances publique, sociale, personnelle ct intime (voir fencadré page ci-contre). LUNE ZONE DE CONFORT AUTOUR DE NOUS La distance intime qui stend dans un rayon denviron 45 centimétres autour du centre de notre corps, est généralement réservée a notre partenaire, notre famille ou nos amis les plus proches. Alors que la distance personnelle contient presque tout ce que nous touchons lorsque nous tournons sur nous-mémes avec les bras tendus, s’étendant, en gros, de 45 2 125 cen- timétres. Il s'agit de Tespace minimum que nous prenons quand nous discutons amicalement avee quelqu’un; on parle aussi de zone de confort. Des interactions avec autrui, comme une poignée de ‘main, y sont possibles, en général avec quelqu'un que nous connaissons, un membre de notre famille ou un proche. Mais si un inconnu pénétre ddans cette bulle sans crier gare, il en résulte un malaise, voire du stress ou de la peur. Ce qui n'est pas le cas dans la zone dite «sociale», qui couvre un rayon denviron 1,2.33,6 _métres autour de nous; elle représente la distance classique que des inconnus et des partenaires ‘commerciattx ou professionnels s'accordent dans des situations formelles, comme une réunion ou une conférence. Au-deld, on parle ensuite de dis: tance publique: le contact corporel n'intervient plus et il ny a pas forcément diinteraction recher- chée ni diéchanges verbaux envisagés. Quelle est la taille rélle de la zone de confort fou distance personnelle? Cest ce que les scienti fiques tentent de déterminer pour mieux com- prendre la communication entre individus. Pour ce faire, ils demandent par exemple & une personne de s'approcher d'un sujet jusqu’a ce que ce dernier se sente géné ou que limpétrant se sente lui: méme mal & Taise. Ainsi, différentes expériences ont révélé que les femmes maintiennent entre elles une distance plus faible que les hommes entre eu, et que la talle de la zone de confort augmente géné- ralement avec Tage; toutefois, elle varie beaticoup d'une personne & autre et dépend de nos traits de petsonnalité, ewx-mémes liés & plusieurs facteurs, comme Fanxiété ou Téducation. Par exemple, selon une étude de 'université de Tel Aviy, es enfants de 11 ans ayant eu des rela: tions difficies ou violentes avec les personnes sfoceupant deux dans leur petite enfance ont une zone de congort plus petite et plus perméable, est dire quils sont plus susceptibles de wolérer intr. sion d'une personne dans leur espace personnel. UELLE EST LA DISTANCE APPROPRIEE? a distance que nous mettons avec les autres revéle, entre autres, les liens que nous entretenons avec eux. Fanthropologue américain Edward . Hal a distingué quatre La régle esta suivante: plus la distance entre une personne donnée et nous est faible, plus la relation que nous entretenons avec elle ost étroite, voir forte. Ets un inconnu ou un individu régions autour de nous, plus ou moins éoignéesde notre corps «que nous n'avons pas convié s'approche trop prés de nous, ‘et dans lesquelles nous n'acceptons pas les mémes interactions. _lemalaise snstalle. Ladistance —_Ladistance La distance Ladistance lime _personnete (ou ‘sociale publique Zone de contort) Pourle Pour des amie partenaite, ‘oudes ‘commerclau, ‘sons vraiment nterogh IBamile,les connaissances professionnel par exemple lors fms proches des inconnus ne conference En général, la réduction de la distance avec autrui est mal vécue, quelle quen soit la raison. Cela provoque un stress visible par une augmenta- tion de la concentration de cortisol dans le sang, comme Tont montré en 2007 les psychologues Gary Evans et Richard Wener, de l'état de New York. Ces derniers ont aussi constaté, en observant 139 passagers confinés dans des compartiments de train, que ce nest pas la densité élevée de per sonnes qui provoque le stress, mais la proximité directe de individu assis & c6té de soi ELLE N'EST PAS LA MEME POUR TOUS De plus, notre zone de confort dépend du contexte, Elle augmente tout particuligrement dans des situations effrayantes ou désagréables, surtout chez. les femmes. Un effet qui se mani feste aussi face & une personne qui s'exprime sur ‘un ton agressif, comme Font montré en 2018 la psychologue Eleonora Vagnoni, de Mnstitut ita lien des technologies & Genéve, et ses collegues. Pour des partenaires Les chercheurs ont aussi mis en évidence que cette distance personnelle diminue ensuite si les protagonistes se sont calmés, ou si les sujets tes- tés ont davantage confiance en eux. Dans sa théorie de la proxémie, Hall a égale- ment suggéré que les personnes dominantes, comme des politiciens, ont une zone de confort plus étendue... Toutefois, Hall a mal interprété ‘ee comportement. Car ce ne sont pas ces indiv ddus qui tiennent les autres & distance, mais I'n- verse: les gens qui tournent autour d'eux pr férent rester loin et leur laisser de espace. En effet, aujourd’hui, plusieurs études ont révélé que, en réalité, les personnes dominantes ont une distance personnelle relativement restreinte, sr tout parmi leurs pairs. Le président américain Donald Trump en est un bon exemple; on sait quill aime beaucoup entrer en contact, tactile, avec dautres chefs d'Etat, Diol vient cette zone de confort? C'est notre cerveau qui la construit, et les scientifiques ‘Quand nous éeoutons autrai 2 DECOU RTES Neurosciences LADISTANCE PERSONNELLE, CEST SACRE! commencent & comprendre comment, en Métu: diant, essentiellement chez les singes, car leurs systémes sensoriels sont trés similaires aux nétres. Le pionnier dans ce domaine de recherche est le neurophysiologiste italien Giacomo Rizzolatti, de l'université de Parme, quia également découvert les neurones miroirs = des cellules motrices qui s'activent dans notre cerveau quand nous voyons quelqu’un réaliser lun mouvement, un peu comme si nous le réali LES NEURONES « PERIPERSONNELS> Dans un article publié en 1981, Rizzolatti est le premier & déerire, chez les macaques, une population particuliére de neurones dans le cor- tex prémoteur, une région du lobe frontal, qui sactive quand un inconnu entre dans la zone de confort du sujet. Illes nomme «neurones périper- sonnels» (du latin peri signifiant «autour»), car ils semblent surveiller espace proche autour du corps. Depuis, différentes études ont suggéré que le distance personnelle déerite par Hall est construte par ces neurones. Dans les années 1990, Michael Graziano et Charles Gross, de luniversieé de Princeton, aux frats-Unis, ont alors examin plus en détail ces cellules nerveuses spéciales. Comme le décrt Graziano dans son live The Spaces Between Us, publié en 2018, tout a commencé par hasard. En tant que jeune scientifique de Tuiversité de Princeton, il étudiait les propriété sensorielles des neurones du putamen, un noyau des gan glions de la base au centre du cerveau. Pour ce faire, il enregistrait leur activité électrique & Taide ¢lectrodes plantées dans le cerveau ouvert», mis & nu, de macaques (Sans que ces derniers ne souffrent: des neurones se mettaient 4 décharger dés que Graziano touchait la four ture des singes & Taide dun coton-tige, car ces deniers esquissaient un mouvement. Un fait auquel le chercheur sattendat, car cette région cérébrale est notamment impliquée dans le contrdle des mouvements. LE RESEAU CEREBRAL DE LA PROXIMITE hez homme, les neurones péripersonnels sesituent dans, le cortex prémoteur, le putamen etl silon it pariétal. Ensemble, ils forment un réseau cérébral qui rassemble les informations sensorielles provenant de environnement et analyse des représentations de 'espace proche, centrées sur les diferentes parties de notre corps. I définrat ainsi la distance personnelle Sillon intrapariétal étal du lobe Cortex prémoteur « ‘ou zone de confort de lathéoried'Edward Hall. Lamygdale joue également un le important pour la représentation de notre zone de confor. En déclenchant des émotions négatives, elle contribue {fixer es limites de cette zone de sécurité, Par exemple, les individus souffrant'un dysfonetionnement de 'amygdale ont une distance 'ersonnelle faible par rapport aux personnes en bonne santé. Mais il ne s'imaginait pas ce quill a aussi observé: certains des neurones du putamen sac: tivaient déja quand il déplacait le coton-tige vers animal, avant méme de le toucher, Graziano et Gross ont ensuite mis en évidence les earactéris tiques de ces neurones: chacun «surveille» une région spécifique du corps de deux facons. Par exemple, le neurone péripersonnel, responsable de la partie supérieure du bras gauche, décharge non seulement lorsque le membre est touché, mais aussi lorsque quelque chose s'approche sim- plement de la zone en question. Et la position du bras n'a pas d'importance. Crest ce qu’on appelle ‘une représentation spatiale centrée sur le corps (voir la figure page 24). UN BAISER DANS LOBSCURITE Certaines de ces cellules nerveuses ont un rayon de surveillance de quelques centimétres, dépassant rarement une longueur de bras, Graziano compare «Iespace péripersonnel» qui nous entoure & de nombreux ballons de tailles différentes, plus ow moins gonflés, couvrant la the, Ie torse, les bras... chacun Stant «fixé» 2 un cendroit précis de Vorganisme. ‘Ain ces neurones contrélent espace aérien autour de nous et caleulent précisément plusieurs paraméres: objet qui s'approche de moi est rapide ou lent? Est-ce quéil va me toucher? Passera-tila gauche ou & droite? De sorte que lon BIENVENUE £1 Zone de Confort! CENTIMETRES peut penser que ce systéme ne fonctionne que si Cesten moyenne la dstance que nous mettons entre nous et notre inteocuteur, Ton dispose d'informations visuelles. Dans T'obs- ami ou simplement individu avec qui nous discutons, afin de nous seni bien curt il ne serait done pas opérant. Mais ce nvest et de ne pas avoir impression quil empiéte note sphére personnel pas le cas, comme Fa souligné Graziano en 1997, avec un article publié dans la revue Science. ‘Avec ses collegues, ila découvert les neurones kissing-in-the-dark (en frangais, «un baiser dans Tobscurités). Ces neurones «se souviennent» de la position d'un objet vu dans lenvironnement proche puis continuent de décharger dans obs: curité. Voila probablement pourquoi un amou- reux trouve toujours les lévres de son conjoint dans le noir et que nous ne nous cognons pas contre le cadre de la porte chaque fois que nous allons aux toilettes la nuit Ensuite, dans les années 2000, Graziano et ses collégues ont non seulement «écouté> les neurones péripersonnels, mais ils les ont aussi «fait parler», en activant des électrodes plantées dans ces cellules. Lors d'une expérience, un fait étrange s'est produit: la stimulation électrique prolongée de plusieurs de ces neurones dans le cortex prémoteur d'un singe a déclenché un réflexe de peur chez l'animal. Ce mouvement, inyolontaire et inné, n'a duré que quelques mill secondes. Ses yeux se sont fermés, ses muscles se sont contractés, sa lévre supérieure s'est remon- tée, sa téte siest abaissée et ses épaules se sont relevées, Lexcitation des neurones périperson: nels a provoqué un mécanisme moteur de défense, afin de protéger la zone particuliére- ment vulnérable des yeux et du cou, Mais quand Jes chercheurs ont injecté dans le cortex prémo: teur une moléeule qui empéche les neurones de ‘décharger (le muscimol, les singes ont gardé des «nerfs d'acier» et n'ont alors plus manifesté de réflexe de sursaut UN SYSTEME D'ALARME CEREBRAL Bien entendu, pour des raisons éthiques, de telles expériences sur le cerveau ne sont pas ‘envisageables a large échelle chez éere humain. Pour déterminer si la représentation neuronale de Fespace péripersonnel crée aussi en nous une sorte de bouclier protecteur, les scientifiques réalisent des études comportementales. oR co DI COUVERT! Neurosciences LADISTANCE PERSONNELLE, CEST SACRE! En 2013, Chiara Sambo et Gian Tannetti, de University College, a Londres, ont déclenché chez. 15 participants le réflexe de fermeture des aupidres, qui protege les yeux de certains dom- ‘mages. Pour ce faire, is ont applique de légeres décharges électriques sur les mains des sujets. Les volontaires clignaient des yeux plus ou moins intensément en fonction de la distance entre Veil et la main ainsi stimulée: jusqu'a 60 centimetres, rien ne se passait; & 40 centi: metres, le réflexe était bien présent et se renfor- ait progressivement jusqu’a 20 centimétres, our étre le plus intense & 4 centimetres. EN CONFIANCE, ON SE LAISSE APPROCHER En outre, plus les participants étaient anxieux, plus leur zone de surveillance était 6tendue. Ainsi, si une menace approche, le cer- ‘veau dispose de plus de temps pour déclencher CChaque neurone les mécanismes de défense appropriés ~ un Propanicapectce’ | avantage décisif, voire vital, en cas d'urgence, ucorps por exemple, | D’ailleurs, en 2019, l'Squipe de Flavia Cardini, Favantbres gauche“ "de Tuniversit€ Anglia-Ruskin, en Angleterre, a mmeaiat. comme montré que Tespace péripersonnel des futures voit avec ce ‘meres augmente a partir du dernier trimescre de la grossesse. Le cerveau s'adapte apparemment aux changements physiques pendant Ia gros- sesse. Selon les neuroscientifiques, ce serait un mécanisme de protection de Fenfant contre déventuelles blessures. > __ Neurone Péripersonnel Vitesse de dcharge ‘du neurone, Distance du batonnet la peau A inverse, que se passe-til quand nous rédui: sons presque a zéro notre zone de confort ou espace péripersonnel? En général, c'est un moyen de communication efficace et’ puissant, par ‘exemple lors d'un baiser ou dune relation sexuelle. [Nous indiquons ainsi 'autre: «Je te fais suffisam- ‘ment confiance pour exposer les parties les plus vulnécables de mon corps.» Selon Graziano, trois denos plus importants signaux de communication non verbaux reposent sur le réflexe de peur: sou: rire, rire et pleurer, Ces trois mimiques sont phy- siologiquement similaires, par exemple en ce qui concerne la contraction des muscles autour des ‘yeux. Selon le chercheur, au cours de lévolution, nos ancétres ont appris 8 utiliser le réflexe de peur et de protection de facon consciente, voire mani: pulatrice, sous une forme atténuée. De sorte que parfois,ilsignale & lnterlocuteur: . Toujoursselon ses critéres, le jeu doit posséder ‘une motivation intrinséque (on doit avoir envie de s8'y adonner sans récompense externe) et ne doit pas avoir dintérét matériel, Les joueurs peuvent certes devenir plus forts ou plus rapides a force entrainement, mais leur pratique ne doit pas les nourrir, les habiller ou les rémunérer. En ce sens, la plupart des athléces amateurs jouent encore. Le plus important, c'est que le jeu doit étre amusant. De ce fait si le jeu remplit une fonction comporte- mentale ou évolutionniste, alors les circuits neu- ronaux du cerveau qui procurent du plaisir lorsque nous nous adonnons.a des activités, cest&-dire les Gircuits impliqués dans la motivation et Ia récom- pense, doivent étre actifs lorsque nous jouons. Mais A quoi sert de jouer, fondamentalement? | = Pour répondre a cette question, il faut avoiren téte eo» mi DOSSIER cowmeNTLe seu CONSTRUIT LE CERVEAU UN INSTINCT CABLE DANS LE CERVEAU see que les humains ne sont pas les seuls & le faire, Selon Fautcur dHomo tudens, le jeu serait méme antérieur & la culture humaine: «Les animaux ‘iattendent pas quon leur apprenne a jouer», érit ‘ainsi Huizinga. 11a raigon: le jeu est un compor- tement trés répand chez les animaux, des chiens qui attrapent des frisbees aux chats qui jouent avec... & peu prés aimporte quoi. Certains types de jeu peuvent impliquer d'apprendre & travailler ‘en coopération avec un groupe pout survivre. Les prédateurs peuvent jouer a s'entrainer mutuelle- ‘ment dans des simulations de poursuite, pour ‘ensuite mieux attraper des proies. D’autres types de jeux permettent aux animaux @apprendre & suivre des régles complexes, a changer de réle ou ‘méme a élaborer ce qu’on appelle une théorie de Tesprit, la capacité & se représenter les intentions ‘ou les pensées des autres. En général, les jeux sont essentiels pour établir des interactions sociales saines, et le fait de ne pas y participer peut entrainer des comportements dagression inapproprige, de Tanxiété voire un isolement social (voir Varticle page 30). ‘QUAND LES RATS JOUENT A CACHE-CACHE En raison de ce réle dans Vapprentissage social, les jeux les plus importants peuvent étre ceux auxquels nous jouons lorsque nous sommes jeunes, Prenez, par exemple, le cache-cache, transmis de génération en génération dans le monde entier depuis des temps anciens. Le fait que ce jeu soit la fois ancien et répandu est un argument en faveur de son importance pour notre ‘spice. Mais ies racines du eache-eaehe sont peut- tre encore plus profondes, car méme les rats peuvent y jouer. Et, en accord avec la défintion 4a Huizinga, ils emblent le faire simplement par pur gotit. Pour tenter de comprendre la neuros cence derridre ce comportement, un groupe de scientifiques a formé des rats & jouer a des jeux de cache-cache croisés. Dans chaque parte, un rat tat placé dans une petite boite. Si le couvercle dela boite était fermé, le rt ait Ie «chercheur> cet devait «compter» dans la boite avant de partir Alarecherche de Pexpérimentateur, qui avait pu sieurs objets derriére Iesquels se cacher. Au contraire, si le couverele de la bolte était laisse ‘ouvert, le rongeur devait apprendre a quitter rap- ddement la boite pour trouver une planque, avant que Fexpérimentateur ne se mette ae chercher! Dans les deux scénarios, les rats nont été récom ppensés que par une interaction sociale avec 'expé rimentateur, chose dont ils sont friands. ‘Au cours des sessions ot les rongeurs devaient se cache, is préféraient se trouver derridre des objets opaques, plutde que transparents. Et is se Le dispositf d/annika Reinhold et ses collegues de université Humboldt, [permet aux rats et aux humains de se cacher deriere des objets ntes tale et de cifferentes opacites. Les rats se prennert vite au jeu ft commencent des parties de cache-cache endiablees! tenaientsilencieux tant quils nétaient pas décou- verts, une stratégie de bon sens quand on joue & cache-cache! De plu, ils semblaient se délecter du fait de duper leur adversaire. Une fois décou verts, ils retournaient souvent se dissimuler et attendaient d@tretrouvésa nouveau. En revanche, lorsquils devaient chercher 'expérimentateur, ils ppoussaiont de petits eris aigus (appelés «vocalisa- tions») et ne semblaient pas plus atirés par les objets opaques que par les transparents Biographie Ryan P. Dalton et neuroscientfique, éerivain etdiplomede Tuniversitéde Californie ‘a Berkeley. Ses trarwae scentfiquessont STRATEGIES FUTEES entrstrlasenvation | Que se passe-til dans la tée dun rat qui jove st lamcmoire et sserits| & cache-cache? I garde en téte, comme nous le portenisurtesepris, | faisons,Uhistorique des cachettes de ses adver: desmachineset saires, ce qui constitue une «stratégie de recherche Jesimpacts sociaux guidée par la mémoire». Les scientifiques s'en deta biotetinologie. | sont rendu compte quand ils ont fait Yexpérience de retourner se camoutler fréquemment au méme Francisco Luongo: endroit. Dans ce cas, les rats lont vite compris et sstnewrsciendfigue | Jes ont retrowvés bien plus facilement lors des -en stage postdoctoral essais ultérieurs, ce qui suggere un aceés conscient A insitut de technologie deCalifornie. Ses recherches se concentrent sur la dissection des imécanismesdescirenits a Ihistorique des parties. Enfin, en enregistrant lactivité du cerveau des rats pendant quils jouaient & cache-cache (ce qui cst possible grace & des appareils de mesure pei inet caitoa miniaturisés fixés au crine des animaux), les tendentlasegmentation | expétimentateurs ont identifié une série de new visuelle des objets. rones situés tout & Yavant de leur cerveau, dans ce quion appelle le «cortex prefrontal», dont les « @ «Les animaux < n’ont pas attendu, pour jouer, que ’homme _ leur explique comment s’y prendre!» Johan Huizinga, historien activités étaient corrélées a des phases spécifiques ‘Mais ces observations sont encore plus surpre- du jeu. Ces neurones semblent done sure en nants pour tine autre raison. Comme Huizinga contin ce qui se passe lars dune partie de cache aurat pul dire, le jeu, est la liberté En reeon- cache, Il est asset logique de les trouver dans le haissant que des animaux font parfois preuve cortex prefrontal, pulsquil Sait dune région du Tune forme de liberté qui semble a départ tres cerveal associé au codage abstrait des récom humaine, cette dude pourrait ébranler Tidée penses, de la motivation et des régles... Lensemble selon laquelle l'homme aurait lapanage de la de ces résultats indigue que ls rats sont capables liber. Aussi perturbant que cla puisse paratre apprendre les regles de eache-eache et que ces a certains, cette vision nous rapproche dela com regles ont des signatures correspondantes dans prchension de nous-mémes, ce qu est probabe- leur erveau, En dautres termes, ce jeuest proba ment un des buts ulimes des neurosciences. Dblemeont vraiment tr, tts ancien Dailleus,consdérons lafacon dont evs expé- riences ont été congues. La recherche scientifique LA SCIENCE AUSSI EST UN JEU Sappuie souvent sur des protocoles expérimen- Dans le monde des neurosciences du compor- taux, des contréles et des contraintes stricts. I y tement, ces découverte ont ouvert psieurs nou a une raison a cete pratique: en minimisant la velles voies dude. Les scientifiques ont été assez ‘ariabilité, les expérimentateuts veuent éabli surpris de ces résultats, surtout cause de la con des prédictons tes précises sur des processus Plesité du jeu augue les rats jouaient. Dans une spécfigues. Mais tout comme ily a des avantages perspective statistique, le cache-cache peut étre a ctudier Finbabituel, ily a des avantages d é&u- considéré comme un jeu de déduction de locali- dier lordinaire de maniére inhabituelle. C'est ce sation. Etre un bon ou un bon Che | pisriggraphte aunt fait ees chercheurs en deidant de sou- ccheur, c'est prévoir oii Fautre individu se eachera ou cherchera, et exploiter toute connaissance pré ‘mettre tne chose presque banale (jouer & cache- cache) & un protocole nouveau et amusant. Hy a, AS. Reinhold et alable. Les protocoles de cache-cache de rats | MSRelmeMet | | 18 aussi, une part de jeu. Sans doute Fappétie de pourraient pour cette raison étre utilisés pour | jcyraforrelats découverte qui anime les scientifiques emprunte- comprendre comment nous faisons des dédue- | ifideand skin | tila désir et au plaisir de jouer. Alors, a a ques- tions sur les actions et les intentions des autres! | rats Science, wl 365, | tion: «Pourquoi jouons-nous?>, la réponse a peut- Savoir que les rats jouent& cache-cache doit nous | pp.II80-1I83,2012, étre moins a voir avec la célébrité, la gloire, amener & nous demander quelles sont les limites |, quizinga, Homo Targent ou le pouvoir, qvavec le sourirelumineux entre les comportements utiitaires (explorer pour | judens. sain de Megan Rapinoe lorsquielle a fait son petit jos- trouver & manger) et le comportement de jeu, et | laonction sociale da jeu, | ging hors de la surface de réparation du terrain {en comprenant micux olt se situe cote frontiére, | Gallimard 1988, pendant la Coupe du monde: nous jouons parce a mieux cerner l'ntelligence animale. — que cest dans notre nature. @ c Race EE « GREGOIRE BORST I) | eromseeperstcuorosevvpeviuorreusrerve I | SrtkeSciNGESCoovmvton eocexnos tenes BEE be paris er piaecrete Dv LAbORATOIRE DE PSYCHOLOGIE DL DistiLOP PENTEL DELEDUCSTONDEISFANT HANDS LE ae EST UN DEMULTIPLICATEUR D’APPRENTISSAGES Grégoire Borst, quel réle Joue le jou dans le développement de enfant? I joue un role déterminant sur plu sieurs plans. Aussi bien pour lacquist tion du langage que des compétences motrices ou sociales. Prenez les jeux de réles que les enfants pratiquent Ii Drementdés leur plus jeune ge - jeux de pirates, de voleurs ou de docteurs: rien qu‘en eampant ces personnages, les enfants sentrainent & acqueérir et sanipuler un certain. vocabulaire, dont ils sont parfois tres fiers («moi utilise mon stétho-scope!...»). Ces mémes jeux entrainent les compé- tences sociales: chacun y tient un role ‘qui doit étre respecté. Il faut aussi faire preuve de maitrise de soi pour attendre son tour, résister & som im pulsion de semparer des affaires de son partenaire, sinon le jeu n'a plus lieu démre. Quelles fonctions cérébrales ces activités développent-elles? Diabord, is'agit de distinguer la réa- lité de la fiction. Les enfants ont une imagination débordante. Pour eux, la question n'est pas tant de la déve. lopper que d'acquérir la faculté de

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