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FM Et Comunication - FRAN
FM Et Comunication - FRAN
Année 2004-2005
La franc-maçonnerie et la communication
Remerciements...................................................................................................................................... 2
Introduction........................................................................................................................................... 3
I. Histoire de la franc-maçonnerie............................................................................................ 5
1. Brève historique, la franc-maçonnerie de 1717 à 2003 ....................................................... 7
2. Les principales obédiences françaises .................................................................................. 8
3. Lexique maçonnique............................................................................................................. 10
Conclusion........................................................................................................................................... 79
Bibliographie....................................................................................................................................... 82
Autres sources..................................................................................................................................... 83
Annexes................................................................................................................................................ 84
J'ai le plaisir de remercier très chaleureusement, Monsieur Denis Brand qui a assumé la
direction de ce mémoire avec un enthousiasme et une confiance qui ont conforté mon choix.
Je souhaite aussi manifester toute ma gratitude à Monsieur Gérard Collomb, qui a soutenu
mon projet d'études en le parrainant et à Monsieur Ronald Sanino pour sa disponibilité et
son accueil.
Pour leur aide généreuse, leurs critiques pertinentes et leurs encouragements, je remercie (ils
se reconnaitront...) J.F., J.V., E.M., A.C. , J.L.C.
Enfin, merci à tous mes proches, famille et amis, pour leur soutien.
L
a franc-maçonnerie est un mouvement de pensée méconnu, aux origines
diverses et lointaines. C’est une société traditionnelle dont le langage est
symbolique, une société initiatique et structurée. Tous ces ingrédients en font
depuis toujours un sujet porteur pour la presse. C’est d’ailleurs la presse magazine qui a
éveillé l’intérêt que je porte à la question. La curiosité m’a conduit à consulter d’autres
sources, plus informatives que suggestives, qui ont confirmé l’existence d’un « secret
maçonnique » de toute autre nature que celui évoqué par la presse. Pourquoi un tel
décalage ?
S
ecrète par nature, la franc-maçonnerie est entrée, malgré elle, dans l’ère de la
communication. Consciente du danger de voir son image se dégrader et affecter
sa crédibilité, elle a mis en place divers outils de communication. Cette étude
porte sur les liens qu’entretiennent aujourd’hui la franc-maçonnerie et le monde profane à
travers la communication. Quelle est l’image de la franc-franc-maçonnerie et pourquoi ? En
quoi la franc-maçonnerie est-elle secrète ? Dans une société où la transparence s’impose, est-
elle hors-courant ? Les outils de communication dont elle dispose sont-ils adaptés ? Y a-t-il
une communication globale harmonieuse ? Maîtrise-t-elle son image ?
A
fin de comprendre pourquoi tant de mystères et de fantaisies entourent la
franc-maçonnerie, l’analyse se portera tout d’abord sur le « secret
maçonnique », qui rassemble en fait trois secrets : le secret des rites et des
symboles, le secret des délibérations et le secret d’appartenance. Cette étude permettra de
mettre en évidence les facteurs d’ordres historiques et fonctionnels qui font de la franc-
maçonnerie un mouvement fondé sur le secret, origine de toutes les suspicions.
Malgré cette pratique du secret, la franc-maçonnerie incarnée par quelques Grands Maîtres,
se lance dans une campagne d’extériorisation à la fin des années 1990. Ternie par une série
de scandales, elle réagit. Ainsi, Philippe Guglielmi, Grand Maître du Grand Orient, son
successeur Alain Bauer et Michel Barat Grand Maître de la Grande Loge de France,
apparaissent-ils en force dans le paysage médiatique. Pour tenter de faire oublier les affaires,
la franc-maçonnerie met alors en évidence son patrimoine historique et culturel. La
célébration de son 275ème anniversaire en juin 2003 sera l’occasion de la présenter au public
sous son meilleur aspect. L’extériorisation se manifeste également par les conférences,
colloques et débats organisés par les obédiences et ouverts à tous, ainsi que par les nombreux
sites Internet officiels, largement consacrés à l’information des profanes.
Pour conclure, nous tenterons d’établir la part de responsabilité qui incombe à la franc-
maçonnerie et aux médias, dans cette image. En opposant deux points de vue radicalement
différents de maçons quant à l’ouverture de la franc-maçonnerie, nous mettrons en évidence
les deux courants qui agitent l’institution. La franc-maçonnerie doit-elle communiquer ?
Afin de faciliter la compréhension de cette étude, une première partie introductive présente
l’histoire de la franc-maçonnerie, les principales obédiences, ainsi qu’un lexique maçonnique.
B
ien qu’on lui confère des origines plus lointaines, les premières traces écrites de
la franc-maçonnerie ne datent que du XIVème siècle. Les manuscrits Regius et
Cooke décrivent des confréries d’artisans (tailleurs de pierres, maçons,
charpentiers…) se réunissant dans des cabanes de chantiers pour s’y transmettre, dans la
plus grande discrétion, des secrets de métiers. Les textes présentent un ensemble de règles
professionnelles (il existe des grades, apprenti, compagnon et maître, l'apprenti doit prêter
serment et jurer de conserver le secret) et morales. Ainsi, dans la maçonnerie opérative, la
croyance en Dieu est obligatoire, de même que l’allégeance au roi. Les Statuts de Ratisbonne,
publiés la première fois en 1459, établissent certains systèmes comme la juridiction interne,
le rite de l'initiation, l'ouverture et la clôture des tenues. Tout au long du XVème siècle, les
loges de maçons opératifs disparaissent peu à peu.
E
n 1717, quatre loges de Londres s’unissent et forment la Grande Loge. Le
pasteur James Anderson, assisté de Jean Théophile Desaguliers, un membre de
la Royal Society, est chargé d’en établir les « Constitutions ». Ils font une
synthèse des « Old charges », « Anciens Devoirs » (dont les manuscrits Regius et Cooke) qui
aboutit aux Constitutions, publiées en 1723. Les Constitutions d'Anderson deviennent le texte
fondateur de la Franc-Maçonnerie moderne. La franc-maçonnerie, organisée en Angleterre,
s’installe en France vers 1725. Elle se développe rapidement et connaît un véritable
engouement, peu inquiétée par Louis XV, que l’on présumera plus tard initié.
S
ous le Consulat et le premier Empire, la franc-maçonnerie recouvre peu à peu
son influence dans divers milieux. Elle est bien tolérée par Napoléon et Louis
XVIII, puis étroitement surveillée par Charles X. Durant le second Empire, la
maçonnerie française se développe, mais c’est sous la IIIème République qu’elle connaît son
age d'or, on parle alors de Chambre secrète de la République. Le Grand Orient se « popularise »
1717 : Quatre loges londoniennes fondent la première obédience, la Grande Loge de Londres,
qui devient, en 1823, la Grande Loge Unie d'Angleterre.
1723 : Publication à Londres des Constitutions d'Anderson, ouvrage qui organise la nouvelle
société et définit son orientation philosophique.
1726 : La loge écossaise Saint Thomas s'installe à Paris. Montesquieu, Voltaire, sont initiés.
1792 : La Terreur s'installe et les loges sont menacées d'interdiction. Plus de politique n'est
pratiquée dans les loges.
1814 : On passe de trois cents à mille deux cents loges en dix ans, mais catholiques et
membres du clergé désertent la franc-maçonnerie. En revanche, Napoléon Bonaparte y voit
une aide pour renforcer son régime : il s'entoure de francs-maçons et initie aussi un grand
nombre de généraux et de ministres.
1815 : La franc-maçonnerie se rallie aux Bourbons. Le roi, ainsi que de nombreux hauts
personnages de la cour, est initié.
1877 : Le Grand Orient de France décide que la mention du Grand Architecte de l'Univers est
facultative. Fracture avec la maçonnerie anglo-saxonne. Napoléon III cherche à
institutionnaliser la maçonnerie pour mieux la contrôler et éviter les querelles. Mais le
symbole est dévalorisé et la maçonnerie veut être une société de pensée et d'action influant
sur la politique.
Le XXème siècle est marqué par la prolifération des obédiences maçonniques et par la
progression des effectifs à travers le monde.
Le Droit Humain
Créé en 1893, le Droit Humain est une obédience mixte internationale. Elle fut la première à
accepter les femmes dans des loges. L'invocation au Grand Architecte de l'Univers est
facultative dans les loges du D.H., aussi la croyance en dieu n'est pas obligatoire. Le Droit
Humain, le Grand-Orient et la Grande Loge ne sont pas reconnus par la franc-maçonnerie
anglo-saxonne, elles sont dites irrégulières. L’obédience compte 14 500 membres.
Rites pratiqués : principalement le Rite Français mais aussi le Rite Écossais Ancien et
Accepté.
Il existe une fédération féminine de Memphis-Misraïm, elle a été créée en 1981. Elle est
indépendante de la fédération masculine même si elle en reprend les principes.
Rite pratiqué : Rite de Memphis-Misraïm.
BLACKBOULÉ : Profane rejeté à l'entrée d'une loge (par plus de 25% de boules noires, c'est-
à-dire de votes contre).
CAPITATION : Cotisation.
DEGRÉS OU GRADES : Niveaux dans la hiérarchie d'un rite. Les trois premiers sont
apprenti, compagnon et maître.
FERMETURE : Fin des travaux maçonniques qui a lieu, en Loge, à l'heure symbolique de
minuit. L’OUVERTURE est à midi.
LUMIÈRE : Initiation maçonnique. Recevoir la Lumière: être initié franc-maçon, les profanes
étant dans les ténèbres.
MÉTAUX : Idéologies, idées politiques, affaires profanes. Il est convenu de laisser ses
métaux à l’entrée du temple.
MOT DE PASSE : Mot sacré. Paroles données lors d'une initiation, d'un passage ou d'une
élévation.
OBÉDIENCE : Fédération de loges acceptant une même autorité (par ex. le Grand Orient).
OFFICIERS : Francs-maçons Maîtres, élus annuellement, exerçant des fonctions au sein d'un
Atelier.
PROFANE : Personne non initiée. Adjectif s'appliquant à tout ce qui est extérieur à la franc-
maçonnerie.
TABLIER : Symbole du travail maçonnique. Il varie selon le grade atteint, dérivant des
maçons opératifs médiévaux.
L
e mystère qui entoure la franc-maçonnerie découle tant des origines diverses
qu’on lui a prêtées (bibliques, antiques, gnostiques, cathares, templières…) que
de son caractère secret induit par l’utilisation de symboles peu accessibles au
profane. Secret, vient du latin Secretus, signifiant « que l’on tient caché, dont on dérobe à la
connaissance ». C’est pourquoi une étude du symbolisme maçonnique permettra d’entrevoir,
non seulement le langage maçonnique et sa portée, mais également l’histoire et les sources
de l’institution.
Mythes et légendes chrétiens et pré-chrétiens ont nourri ce symbolisme. Les premières traces
écrites de la franc-maçonnerie dite opérative ne date que du XIVème siècle, elles évoquent des
confréries d’artisans qui se réunissent dans des loges (des cabanes de chantiers) pour se
communiquer les secrets du métier. « Des secrets de la chambre, il n’en parlera à nul homme »
Manuscrit Regius, 1390. Les statuts d’apprenti, de compagnon et de maître y sont
mentionnés. Au XVIIIème siècle, au temps des acceptés, la maçonnerie s’organise et s’enrichit
d’autres mythes comme la légende d’Hiram et d’autres symboles alchimistes et hermétiques.
I
l y a en fait trois secrets maçonniques : le secret des rites et des symboles, le secret
des délibérations et le secret d'appartenance. Ainsi, il faut être initié pour
connaître les secrets des rites, des rituels et des symboles. C’est un secret par
nature qui se pénètre par la voie symbolique. Le temple est un espace distinct du monde
profane et le silence s’impose au sujet des tenues. On ne peut rapporter ce qui s’y est dit, ni à
un profane, ni à un frère absent. C’est le secret des délibérations.
Le troisième point est un engagement individuel. Tout franc-maçon a la liberté de révéler son
appartenance, à qui il le souhaite. Toutefois il ne peut révéler celle d’un frère. Le secret
d’appartenance ne trouve pas vraiment sa source dans le symbolisme ou dans les textes
fondateurs, bien que la notion de silence y soit fréquemment évoquée. Des facteurs politiques
(persécutions par les régimes totalitaires) ou religieux (excommunication par l’église
catholique romaine) paraissent plutôt en être la cause.
Les secrets d’appartenance et des rituels créent un lien, invisible pour le profane, entre les
initiés. Ils partagent un même but, une même histoire et un même langage, celui des
symboles. La franc-maçonnerie forme un ensemble, un groupe, peut-elle, pour autant, être
qualifiée de réseau ? Et si oui, quel est son pouvoir ?
Pouvoir réel ou non, les secrets qui entourent la franc-maçonnerie éveillent les soupçons.
Pourquoi se cache-t-elle si elle n’a rien à se reprocher ?
La première loge française, la Loge de saint Thomas, est créée en 1725 par des réfugiés
stuartistes à Paris. La franc-maçonnerie française, se développe et évolue en empruntant des
rituels et symboles issus de la Bible, de l’hermétisme et de l’alchimie, de l’Ordre des
Templiers, des Roses Croix, de l’Égypte des pharaons, des mythes antiques…
« La Franc-Maçonnerie n'est pas une société secrète mais c'est une société qui a un secret » : le secret
du rite et des symboles » dit Jean-Marie Ragon¹.
>>> Définition
Les rites sont les organisations des degrés et des rituels correspondants. Selon les rites, à
chaque degré correspond des dispositions spécifiques comprenant la façon d'ouvrir et de
fermer les travaux, les noms, la description des décors, les mots de passe et mots sacrés, les
attouchements et les pas. Les rites maçonniques proviennent tous de la même souche : le Rite
de la Grande Loge de Londres de 1717. Ce rite a été construit à partir d'un « assortiment » de
ce qui existait dans les loges opératives, mais l'objectif des maçons spéculatifs était de créer
quelque chose de très différent : une vision symbolique du métier de bâtisseur. Ainsi, tous
les rites ont le même corps commun. Les différences sont intervenues plus tard, par des
rajouts, des inspirations diverses. La particularité des rites ne tient donc qu'à ces rajouts, au
goût des gens de l'époque pour le mystère, la chevalerie.
Rite Français
Le Rite Français détient les formes les plus proches de la première franc-maçonnerie
pratiquée en France vers 1725 sous l'influence de maçons anglais à Paris et à Bordeaux. C'est
la traduction en français des rituels de la maçonnerie andersonienne de 1723.
1. Auteur d’ouvrages sur la franc-maçonnerie (Tuileur général de la franc-maçonnerie, manuel pour initié).
Rite de Memphis-Misraïm
Le Rite de Memphis-Misraïm est créé vers
1813 en Italie. Ses degrés se divisent en trois
séries :
Tous ces rites (et il y en a d'autres) partagent ensemble les trois premiers grades
d'apprenti, de compagnon et de maître. Le rituel des travaux est sensiblement le même
pour tous. Les grandes différences se font sentir dans les hauts grades, quand ceux-ci
existent.
Rite Rite
Rite Rite
Écossais Rite de
Écossais Français
Ancien et Français Memphis
Rectifié Moderne
. Accepté Misraïm
¹ Les Chapitres
15. Chevalier d'Orient /de l'Épée - 16. Prince de Jérusalem - 17. Chevalier d'Orient et d'Occident 18. Souverain Prince Rose Croix
² Les Aréopages
19. Grand Pontife - 20. Maître Ad Vitam - 21. Chevalier Prussien - 22. Prince du Liban - 23. Chef du Tabernacle 24. Prince du
Tabernacle - 25. Chevalier du Serpent d'Airain - 26. Prince de Mercy - 27. Grand Commandeur du Temple 28. Chevalier du
Soleil - 29. Grand Écossais de Saint-André d'Écosse - 30. Chevalier Kadosh
³ Les degrés administratifs
Tribunaux : 31. Grand Inspecteur Inquisiteur - Consistoires : 32. Sublime Prince du Royal Secret Conseils Suprêmes : 33.
Souverain Grand Inspecteur Général
La langue employée par la franc-maçonnerie est celle des symboles. C’est un mode de pensée
par l’image. La communication symbolique a la propriété d’être universelle, elle s’exprime
chez les francs-maçons par le langage et par les gestes.
Les origines des rites et des symboles utilisés par les loges sont issues de traditions diverses.
Beaucoup des symboles maçonniques ont été empruntés par les maçons spéculatifs à des
traditions antérieures aux maçons opératifs. La légende d’Hiram qui a nourri le symbolisme
des premiers maçons, perdure dans la tradition. Voici une liste des principaux symboles
utilisés dans les rituels et les décors, c’est à dire la décoration des temples et les attributs des
maçons.
Le triangle, le delta lumineux, les trois points : ce symbole, sous ces trois formes, évoque la
Trinité Divine.
Il peut également signifier Dieu, L’Homme et l’Univers.
Les trois points ∴ sont surtout utilisés pour l’abréviation des mots maçonniques (F∴ frère,
R∴L∴ respectable loge, G∴L∴ Grande Loge, G∴O∴ Grand-Orient, Vén∴ Vénérable,
G∴A∴D∴L’U∴ Grand Architecte de l’Univers) cf. lexique
La voûte étoilée décore les plafonds des temples. Elle suggère une prise de conscience de
l’infini.
L’hermétisme est une doctrine issue d'Égypte qui subît l'influence de beaucoup de doctrines
ayant cours en Égypte et dans toute cette région. La Gnose, un mouvement religieux
vraisemblablement préchrétien, emprunta beaucoup aux cultes de l'hermétisme avant de
devenir chrétienne. Une des formes de la gnose chrétienne s’exprima dans la doctrine des
Fraternités de Rose-Croix, des sociétés secrètes initiatiques qui exercèrent une grande
influence sur la franc-maçonnerie. Le mouvement utilisa la tradition alchimique et la
terminologie hermétique.
L'influence rosicrucienne est manifeste dans la franc-maçonnerie des trois premiers grades,
on trouve dans les rituels d'initiation de nombreuses traces de cette influence qui relève de
l'alchimie et de l'hermétisme. Le mot V.I.T.R.I.O.L. inscrit sur les parois du Cabinet de
Réflexion est formé par les initiales d'une formule hermétique. L'étoile flamboyante qui orne
tous les temples maçonniques s'inscrit dans le pentagramme régulier construit par
Pythagore, or Pythagore avait eu connaissance de nombreux mystères égyptiens, lors de son
séjour dans les temples initiatiques de la vallée du Nil.
Les quatre éléments : le futur initié doit subir les épreuves de la terre, de l’air, du feu, et de
l’eau.
La formule V.I.T.R.I.O.L. :
Le vitriol pour est le nom alchimique de l'acide sulfurique (les trois principes de Grand
Œuvre : le soufre, le sel, le mercure) tiré de la formule suivante :
« Visita Interiora terrae, rectificando, Invenies Occultum Lapidem » : visite l’intérieur de la terre
et, en rectifiant, tu trouveras la pierre occulte.
lll Le zodiaque
Les signes du zodiaque peuvent être représentés sur la voûte étoilée ou dans le cabinet de
réflexion.
Le pavé mosaïque est présent dans tous les temples. Composé de dalles blanches et noires
qui symbolisent les joies et les peines, les bonheurs et les douleurs auxquels nous sommes
confrontés au cours de notre vie.
Le maçon est appelé à travailler pour s’initier, il doit donc apprendre à se servir d’outils.
D’après le manuscrit Cooke, il existe sept sciences : la grammaire, la rhétorique, la dialectique,
l’arithmétique, la géométrie, la musique et l’astronomie. La géométrie serait à la base de
toutes les autres. Beaucoup des outils maçonniques sont des instruments de mesure.
Le niveau : l’égalité
L’enseignement ésotérique s’adresse aux initiés. « Ici tout est symbole », dit le rituel
d'initiation au premier degré, celui d'apprenti franc-maçon. Cette phrase décrit la voie
symbolique : « Ici, nous apprenons à regarder la modalité symbolique de tout ce qui existe ».
L’Initiation maçonnique ne se confère que symboliquement, le rituel est une méthode de
travail.
Voici une chronologie sommaire et simplifiée des rites qui définissent le passage de l’état de
profane à celui d’initié :
Pour intégrer la franc-maçonnerie il faut en faire la demande ou bien être invité par un initié
qui se dévoile alors, c’est la cooptation. Après avoir reçu trois visites successives, le candidat
est convié à se présenter au passage sous le bandeau. Cette épreuve consiste à interroger à un
rythme très soutenu le candidat aveugle sur son point de vue quant à des questions de
société, philosophiques… À l’issu de l'entretien, il y a délibération et vote. S’il est admis, il
peut être initié.
Lors de sa cérémonie, le futur initié entre dans le temple les yeux bandés. Assis sur une
chaise il est de nouveau questionné puis conduit dans une petite pièce, faiblement éclairée à
la bougie. Sur les murs est inscrite la formule V.I.T.R.I.O.L., ci-dessus évoquée. Sur la table
est disposé un crâne, symbole de la vanité de la vie. Le candidat doit rédiger son testament
philosophique. Dans le temple il doit affronter les éléments qui sont la terre, l’air, le feu et
l’eau, avant de recouvrer la vue et de se voir confronté à son image face à un miroir, « face à
son pire ennemi ». Préalablement au serment qu’il va prêter, le récipiendaire effectue son
premier travail en taillant la pierre brute avec le ciseau et le maillet.
Tableau de l’initiation
L’apprenti peut devenir compagnon, puis maître. L'accession au grade de maître, qui est la
mort symbolique, reprend les phases de l'assassinat d'Hiram, l'homme juste et vertueux mis
à mort à cause de l'ignorance. Ainsi, dans le rituel maçonnique, le compagnon est recouvert
d'un drap noir et d’une branche d'acacia (symbole de l’incorruptibilité et de la renaissance)
placée sur le drap. À la question : « Êtes-vous maître? », il doit prononcer la phrase rituelle :
« l'acacia m'est connu ». La Légende d’Hiram marque fortement la symbolique maçonnique.
Le secret des rites et des symboles s’explique par le caractère initiatique de la franc-
maçonnerie. Ces rites sont conçus comme des outils d’accès à la connaissance. La voie
initiatique tend à apprendre l’art de penser. Un maçon a l’obligation de ne jamais révéler à
un autre maçon d’un degré inférieur, des informations sur les cérémonies initiatiques.
L’expérience doit être vécue. Le secret maçonnique est un secret par nature, d’ordre
symbolique et initiatique.
Les buts respectifs des trois degrés du Rite Ecossais Rectifié d’après Joseph de Maistre
(1754-1821) Mémoires au duc de Brunswick, Écrits maçonniques, Genève, Slatkine 1983 :
Les rites et rituels pratiqués diffèrent selon les obédiences. Toutefois, les cérémonies
d’initiation ont la même signification : la mort symbolique du profane et sa renaissance,
c’est pour lui le commencement d’un processus d’apprentissage.
« C’est pour cela que le secret le plus inviolable fut la première loi de toutes les initiations ; que les
prosélytes étaient sévèrement éprouvés sur leur discrétion ; que sur la moindre faute en ce genre ils
étaient irrémissiblement abandonnés. Si vous observez encore qu’au premier pas que le maçon fait
dans l’ordre maçonnique, on exige de lui un serment irrévocable devant Dieu, en présence de ses
frères, de garder le Secret sur les mystères de la Franc-maçonnerie, de ne rien dire, ni écrire, ni tracer
qui puisse les dévoiler, vous en conclurez que si le secret est un devoir sacré pour le maçon, il doit être
rempli bien plus rigoureusement encore par ceux qui ont été initiés à des connaissances plus
sublimes ».
(…)« Telle est cette science mystérieuse et sacrée, dont la connaissance est un crime pour ceux qui
négligent d’en faire usage, et qui égare ceux qui ne seront pas élevés au-dessus des choses sensibles.
C’est d’après ces Principes que les initiations furent mystérieuses et sévères. La vérité l’exigeait elle-
même, puisqu’elle se cachait aux hommes corrompus… dans l’état actuel de l’homme privé de la
lumière, ce qui peut lui arriver de plus funeste, c’est d’oublier ou de nier cette lumière. »
Ainsi, la connaissance ne peut être enseignée aux hommes corrompus, ce qui explique les
trois enquêtes successives et le passage sous le bandeau du futur initié.
L’initiation est réservée à un petit nombre d’individus. On trouve la source de cette pratique
ésotérique dans la légende d’Hiram : les mots sacrés ne doivent pas être dévoilés aux
personnes qui ne peuvent les recevoir : les assassins d’Hiram. Platon justifie l’élitisme de
l’ésotérisme dans la République :
« Quand, par le discours, on donne une fausse image, relativement aux Dieux et aux héros, de ce que
réellement ils sont… même si c’était la vérité, il ne faudrait pas, selon moi, aller avec une pareille
légèreté les débiter à des êtres dépourvus de jugement et naïfs, mais bien plutôt les taire
complètement ; et s’il existait quelque obligation de les dire, il faudrait que ce fût par des formules
secrètes de Mystères, pour un auditoire le plus réduit possible et après le sacrifice, non pas d’un porc,
mais de quelque victime qui fût d’importance et difficile à se procurer, afin qu’en conséquence il y eut
le plus petit nombre possible de gens à les entendre ». Aussi : « La jeunesse est (…)incapable de
discerner ce qui est symbole et ce qui ne l’est pas ».
>>> Le silence
Le silence est l’une des formes du secret maçonnique. L’apprenti n’a pas le droit de parler
lors des Tenues. En devenant compagnon, il peut prendre la parole, à condition d’en faire la
demande.
Le secret
(…)« Nos loges sont établies et se répandent aujourd'hui dans toutes les nations policées, et cependant
dans une si nombreuse multitude d'hommes, jamais aucun Confrère n'a trahi nos secrets. Les esprits
les plus légers, les plus indiscrets et les moins instruits à se taire, apprennent cette grande science dès
qu'ils entrent dans notre société ».
L’apprenti reste silencieux lors des Tenues. Le silence doit porter à la réflexion intérieure, il
est l’un des outils de l’apprentissage. Dans le silence on peut écouter et être plus disponible
pour recevoir les paroles d’autrui.
2.1 Définition
Le secret des délibérations est prescrit, par exemple, par le Règlement général du Grand
Orient de France qui interdit de rapporter à un frère ce que l'on dit à une tenue à laquelle
celui-ci n'a pas assisté. Il s'étend donc à tous les frères absents quels que soient leurs grades
ou leurs offices respectifs, hormis ce qui figure sur la Planche Tracée, compte-rendu de la tenue
rédigé par le secrétaire.
2.2 Origines
Le secret des délibérations peut trouver l’une de ses sources dans le secret professionnel
qu’observaient les bâtisseurs de cathédrales.
>>> Le Regius
Le Manuscrit Regius date d'environ 1390. C’est le plus ancien document maçonnique connu,
il témoigne de l'art du métier et de l'attachement des ouvriers maçons à la religion et à la
géométrie. Le poème est mentionné en 1670 dans un inventaire de la bibliothèque John
Theyer. Il appartient à la bibliothèque royale jusqu'en 1757 (d'où son nom Regius), date à
laquelle le Roi George II en fait don au British Museum. Il est publié en 1840.
Dans le troisième point de l’article quinzième :
Les Constitutions d'Anderson publiées en Angleterre en 1723, est l'un des textes
fondamentaux de la franc-maçonnerie moderne puisqu'il s'agit des premières constitutions
de la première Grande Loge. Elles ont eu pour but de structurer et réglementer la franc-
maçonnerie. Aujourd’hui, c'est sur elles que tout franc-maçon prête serment le jour de son
entrée dans le Temple.
VI De la conduite à tenir
5. CONDUITE À la Maison et dans votre Voisinage
« Vous devez agir comme un Homme moral et sage ; en particulier ne laisser pas votre Famille, vos
Amis et Voisins savoir ce qui concerne la Loge, etc., mais consultez sagement votre Honneur, et de
celui de l’Ancienne Fraternité, ceci pour des Raisons qui n’ont pas à être mentionnées ici. »
Le secret des délibérations prévaut sur les conférences et les débats tenus par les loges qui
peuvent porter sur des sujets philosophiques, sociaux, historiques, économiques... Les rituels
utilisés dans le Temple permettent de créer un espace et un temps distinct du monde profane.
Jean Verdun refuse l’idée de secret et parle de huis-clos : « Le huis-clos protège les plus faibles. Ils
doivent-être sans crainte de montrer leur faiblesse. Le huis-clos peut aussi retenir l’arrogance des plus
forts. »
Le secret des délibérations apparaît comme une forme de confidentialité qui garanti
l'immunité des débats qui se déroulent en loge.
3.1 Définition
3.2 Origines
Cet aspect évoqué dans les Constitutions d’Anderson peut d’avantage s’expliquer par les
suspicions auxquelles est confrontée la franc-maçonnerie française depuis son organisation
au XVIIIème siècle.
VI De la conduite à tenir
4. CONDUITE en Présence d'ÉTRANGERS non-MAÇONS
« Vous serez circonspects dans vos Propos et dans votre Comportement, pour que l'Étranger le plus
perspicace ne puisse découvrir ni deviner ce qu'il ne doit pas connaître, et vous aurez parfois à
détourner la Conversation et à la conduire prudemment pour l'Honneur de la vénérable Fraternité. »
>>> L’antimaçonnisme
L'église catholique romaine fustige la franc-maçonnerie depuis Clément XII qui, en 1738,
excommuniera ses membres avec l’encyclique in Eminenti, on suppose par crainte de
l’expansion du protestantisme. Dès lors, le Vatican n’a de cesse de condamner les
« hérétiques » et leurs pratiques « antireligieuses » et adogmatiques. En 1983, l’église
catholique romaine lève l’excommunication pour les maçons catholiques, qui demeurent
dans le péché. Les relations entre le pouvoir politique et la maçonnerie sont au XVIIIème
siècle de l’ordre de la curiosité et de la méfiance. Le pouvoir ne peut voir d’un bon œil le
développement d’une société secrète venue d’Angleterre qui intrigue et séduit la cour et
l’armée. Toutefois, la maçonnerie qui affirmera son allégeance au roi ne sera pas inquiétée,
selon les Statuts publiés en 1742 : « Nul ne sera reçu dans l'Ordre qu'il n'ait jamais promis ou
juré un attachement inviolable pour la religion, le roi et les mœurs » . À la veille de la
Révolution, la franc-maçonnerie devenue influente et s’étendant dans plusieurs classes
(armée, noblesse, haute bourgeoisie, clergé…), prône la liberté d’association. À titre
individuel, des francs-maçons prennent part à la Révolution. Bien que son idéal proclamé
soit Liberté Egalité Fraternité, la franc-maçonnerie en tant que telle ne joue pas un rôle décisif.
Certains subissent les effets de la machine du maçon Guillotin. La première thèse du
complot révolutionnaire maçonnique apparaît avec l’abbé Lefranc en 1791, puis avec l’abbé
Barruel 1797 qui voient des idées révolutionnaires s’exporter en Amérique par le biais de la
franc-maçonnerie en les personnes de Washington, La Fayette, Franklin.
Il publiera également :
L'Antéchrist ou l'origine de la Franc-Maçonnerie
La Franc- Maçonnerie démasquée
Les sœurs maçonnes
Y a-t-il des femmes dans la Franc- Maçonnerie ?
La théorie du complot judéo-maçonnique est aujourd’hui portée par l’extrême droite, par le
Front National. « Après le terrorisme moyen-oriental et proche-oriental, voici le terrorisme grand-
oriental. » Jean-Marie Le Pen.
De même que les avocats, les médecins et les prêtres qui sont tenus au secret professionnel,
les francs-maçons ne doivent pas rapporter les propos de la Loge. Le secret des délibérations
est la garantie de la liberté totale d'expression. Les temples doivent être des laboratoires
d’idées, où la censure (et l’autocensure) nuirait à la recherche de la Vérité ou Lumière.
Ce secret s’explique également par les persécutions dont ont été victimes les maçons.
Les facteurs socio-affectifs peuvent se définir par l’attrait d’un but commun, de l’action
collective qui sont, pour le Grand Orient par exemple, « le respect d’une Tradition héritée des
fondateurs de la Franc-Maçonnerie et la recherche du progrès pour l’amélioration de l’Homme et de la
société. » Cette notion fédératrice est évoquée dans le Discours de Ramsay (Le secret) :
« Nous avons des secrets ; ce sont des signes figuratifs et des paroles sacrées, qui composent un
langage tantôt muet et tantôt très éloquent, pour le communiquer à la plus grande distance, et pour
reconnaître nos Confrères de quelque langue ou quelque pays qu'ils soient. C'étoit, selon les
apparences, des mots de guerre que les croisés se donnoient les uns aux autres, pour se garantir des
surprises des Sarasins, qui se glissoient souvent déguisés parmi eux pour les trahir et les assassiner.
Ces signes et ces paroles rappellent le souvenir ou de quelque partie de notre science ou de quelque
vertu morale, ou de quelque mystère de la foi. Il est arrivé chez nous, ce qui n'est guère arrivé dans
aucune autre société.»
Les facteurs d’ordre fonctionnel touchent à l’organisation propre du groupe qui permet de
répondre à ses besoins et de poursuivre ses buts. L’initiation réservée à un nombre restreint
« Tant l'idée de l'Union fraternelle a d'empire sur les esprits. Ce secret inviolable contribue
puissamment à lier les sujets de toutes les Nations, et à rendre la communication des bienfaits facile et
mutuelle entre eux. Nous en avons plusieurs exemples dans les annales de notre Ordre, nos Confrères
qui voyageoient dans les différens pays de l'Europe, s'étant trouvés dans le besoin, se sont fait
connoître à nos loges, et aussitôt ils ont été comblés de tous les secours nécessaires. Dans le temps
même des guerres les plus sanglantes, des illustres prisonniers ont trouvé des frères où ils ne croyoient
trouver que des ennemis. Si quelqu'un manquoit aux promesses solemnelles qui nous lient, vous
savez, Messieurs, que les plus grandes peines sont les remords de sa conscience, la honte de sa perfidie,
et l'exclusion de notre Société, selon ces belles paroles d'Horace:
« Est et fideli tuta silentio « Il est au silence fidèle une récompense assurée;
Merces ; vetabo qui Cereris sacrum mais à celui qui aura divulgué les rites de la mystérieuse
Vulgarit arcanae, sub isdem Céres, j'interdirai qu'il vive sous mon toit,
Sit tragibus, fragilemque mecum ou s'embarque avec moi sur un fragile esquif. »
Solvat phaselum ;... »
Horace, Odes, Livre III
Le groupe a une histoire commune, comme les anciens d’une grande école.
>>> Le réseau
Réseau vient du latin retis, filet. Au XVIIème siècle le mot est technique, il est utilisé par les
tisserands. L’utilisation métaphorique du terme se développe au XVIIIème siècle par les
stratèges militaires. Le réseau induit les notions de circulation, de flux, de communication, de
connexion, de cohérence. La franc-maçonnerie est un réseau dans le sens où les éléments qui
la composent (les francs-maçons) sont distincts et répartis en différents
points (géographiques, socioculturels, professionnels…) « Un réseau est l’interconnexion
d’éléments, et non une collection d’individus ou un groupe restreint », selon Henry Bakis¹. Le
réseau n’est pas statique, il évolue. Il existe grâce aux flux qui circulent entre les éléments :
informations, sentiments, pouvoir, argent…
Aussi, si on se réfère à un autre aspect du réseau d’après H. Bakis : « il est parfois compris
comme permettant le maximum de liberté dans un ensemble social aux contours mal définis, sans
stabilité dans le temps et étant tout le contraire de toute structure organisée ! » la franc-maçonnerie
est un réseau. Ses contours au regard du profane peuvent sembler mal définis. Si on entend par
contours l’étendue géographique de la franc-maçonnerie, ils sont indéfinissables et invisibles,
tout comme la nature des éléments (secret d’appartenance).
La franc-maçonnerie est un réseau dans le sens où ses membres sont soumis à des
interactions et parce qu’elle est perpétuellement en mouvement et non définie. Elle est un
groupe car elle lie les initiés grâce à une histoire et un langage commun et autour de valeurs
républicaines.
« Le pouvoir maçonnique se situe à présent dans l’imaginaire des maçons et des anti-maçons. »
prétend Jean Verdun¹.
Le pouvoir le plus puissant que peuvent exercer les francs-maçons est certainement
financier. Les fraternelles qualifient les regroupements indépendants des obédiences
constitués de maçons souvent issus du même corps professionnel. Ainsi, ils peuvent exercer
une réelle influence dans des secteurs aux forts enjeux, économiques le plus souvent. Les
fraternelles sont vilipendées par les responsables des obédiences (essentiellement du G.O.)
lorsque ses membres sont liés à une affaire, conscients de leur impact négatif sur l’image de la
franc-maçonnerie en général. « Les fraternelles sont une source d'emmerdements et de dévoiements
permanents » déclare Alain Bauer, grand maître du GO de 2000 à 2003.
Fausses factures de la ville de Paris, affaire Elf, MNEF, Françafrique, HLM des Hauts-de-
Seine, Trésor de Lille, la plupart des récents scandales ont impliqué, à des degrés divers, des
francs-maçons du Grand Orient, de la Grande Loge Nationale de France, de la Grande Loge
de France et d’autres obédiences encore. L’implication de maçons dans ces scandales est
certaine. Ainsi, les francs-maçons connus le sont souvent parce qu’éclaboussés par un
scandale ! S’agit-il de réseaux de type mafieux ou, comme l’affirment les responsables de
loges et d’obédiences, de « dérapages individuels » ? Bien que certaines obédiences suspendent
tout frère mis en examen, l’image de la franc-maçonnerie est altérée par ces affaires qui font
les choux gras des médias.
Le secret d’appartenance peut ici trouver une autre explication : protéger le frère haut placé
de sollicitations compromettantes.
Le secret n’apparaît pas comme étant une protection efficace. Il comporte d'autant plus
d'effets pervers qu'il se joint à un recrutement par cooptation élitiste, ciblant souvent les
sphères du pouvoir. Ainsi certains secteurs sont sureprésentés : médecine, justice, fonction
publique, éducation nationale, BTP… La présence de réseaux au sein de lieux de décisions
provoque une légitime suspicion, d’autant plus quand ceux-ci font l’objet de longs dossiers
très illustrés dans la presse magazine. Les lobbies effraient, on les suppose encore plus
puissants quand ils agissent dans l’ombre.
Ainsi, le secret n’aurait de valeur que s’il était total. Les détenteurs du secret se trouveraient
dans des conditions idéales de communication, et pourraient ainsi s’atteler à l’amélioration
de la condition humaine, selon la « vocation » de la franc-maçonnerie. Mais il n’en est pas
ainsi et la plupart des rites, des rituels et des symboles ont été largement expliqués dans de
très nombreux ouvrages. Quant au secret d’appartenance, les francs-maçons peuvent
révéler, de plein droit, leur qualité maçonnique.
Parce que le secret n’en est plus un, n’est-il pas devenu un handicap pour l’institution ?
S'inspirant d'un passage des évangiles, le pape Clément XII (le premier à condamner la franc-
maçonnerie) s'exclamait en 1738 : « S'ils ne faisaient point le mal, ils ne haïraient pas ainsi la
lumière. »
Toutefois, un réel problème de communication se pose ici. La voix populaire est toujours la
plus forte. Ainsi, pourquoi la franc-maçonnerie se cache-t-elle si elle n’a rien à se reprocher ?
Où se situer entre le respect des libertés individuelles et le besoin d’éclaircissement ? L’anti-
maçonnisme, comme l’antisémitisme ou le racisme en général, trouve son inspiration dans
les peurs des gens. La xénophobie est la crainte de l’étranger, de ce que l’on ne connaît pas.
Le culte de la transparence
En réalité, le fameux « secret » des maçons est souvent confondu avec trois obligations
beaucoup plus ordinaires : la discrétion (secret d'appartenance), la confidentialité (secret des
délibérations) et la hiérarchie (secret des rites). Toutefois, la transparence est à la mode. Les
hommes politiques révèlent leur homosexualité lors de conférences de presse ou dans des
livres de confidences. Ils « montrent » leurs conjoints et leurs enfants à la télévision. Dans
tout cela, rien d’inavouable, mais tout privé. Dans tous les domaines, l'économie, les médias,
la politique, le concept de transparence est positif. La transparence communicationnelle
comme outil médiatique a deux desseins remarquables : créer ou changer une image.
L’image obnubile, la forme semble primer sur le fond. Pourtant, renoncer à son intimité, c’est
renoncer à son intériorité et de ce fait, se priver de liberté. « L'homme sans intérieur est un
homme vulnérable, soumis à toutes les influences, à toutes les propagandes » affirme Jean-Claude
Guillebaud¹.
Malgré cela, le besoin de transparence doit être assouvi, au risque de paraître suspect. Les
mystères qui entourent Lutte Ouvrière, ont récemment été nourris lors des funérailles de
Pierre Bois, ancien dirigeant de l’organisation syndicale, auxquelles les journalistes n’étaient
pas conviés. Le quotidien Le Monde s’est offusqué du caractère strictement privé de la
cérémonie funéraire et l’a justifié par la présence du très « secret » Hardy, soi-disant
marionnettiste invisible de Lutte Ouvrière. Le besoin d’intimité doit avoir une explication,
d’autant plus quand il s’agit de personnalités influentes. L'exigence de toujours plus de
transparence aide-t-elle la démocratie ou, par un effet pervers, lui nuit-elle ? Où doit-elle
s'arrêter ? Tony Blair en Grande-Bretagne et Berlusconi en Italie, ont envisagé de contraindre
les magistrats à révéler leur appartenance. Toutefois, la Cour européenne des Droits de
l’Homme (saisi par Maestri, un juge italien) a estimé qu’une telle dénonciation transgressait
les principes élémentaires de la liberté de conscience.
La franc-maçonnerie, hors-courant ?
La franc-maçonnerie, par son origine à la fois historique et mystique, est souvent qualifiée de
société occulte. Elle intrigue, trouble et fait l’objet de toutes les curiosités. Sa discrétion la
rend louche, d’autant plus quand des noms de maçons sont révélés par la presse lors
d’affaires impliquant hommes politiques, hommes d’affaires, magistrats ou policiers. Dans ce
climat de scandale et de suspicion alimenté par les médias, les secrets qui entourent
l’institution alimentent la psychose. La franc-maçonnerie est hors-courant.
Sous l’impulsion d’un jeune maître, Alain Bauer, le Grand Orient a tenté de dissiper les
mystères par le biais de la communication. Individuellement, certaines personnalités de la
vie politique ou civile, brisent le secret et coupent court aux rumeurs en révélant leur
appartenance. Ces interventions demeurent toutefois isolées.
L
’initiation qui tend à transmettre la démarche maçonnique est un acte de
communication. Pourtant on peut se demander si la nature même de
l’institution, qui repose sur le secret, est compatible avec la notion de
communication. Or, la franc-maçonnerie communique en diffusant l’objet de ses travaux et
ainsi en manifestant l’intérêt qu’elle porte à divers sujets. Elle s’exprime également par le
biais de ses représentants.
E
n juin 2003, la franc-maçonnerie française apparaît unie comme jamais pour la
célébration de son 275ème anniversaire. L’évènement sera tout particulièrement
célébré à Lyon, berceau de la franc-maçonnerie française, qui accueillera une
exposition-évènement aux Musées des Beaux-Arts. L’occasion pour l’institution et ses
représentants de se présenter sous leur meilleur jour.
Les loges travaillent en atelier, sur des sujets très divers. Ces sujets font parfois l’objet de
conférences, de colloques, de réunions publiques ou de débats ouverts à tous, initiés de
toutes les obédiences et profanes. C’est l’occasion pour les obédiences de s’ouvrir au grand
public en faisant part des réflexions issues des loges. Les sujets de sociétés sont souvent au
cœur de ces manifestations. Ils témoignent de la volonté d’ouverture et l’implication de la
franc-maçonnerie dans la vie associative et citoyenne.
Réunions publiques
- Le Handicap dans la société
- La loi de 1905
- L'euthanasie
Les réunions publiques du G.O. traitent essentiellement de
sujets de société, et particulièrement de laïcité. Ces réunions
publiques ont lieu partout en France, à une fréquence certaine.
Réunions publiques
- L'eau, un enjeu vital pour l'humanité
- Europe et Laïcité
- Identité et citoyenneté
Les thèmes traités lors des réunions publiques de la G.L.M.U. indiquent l’intérêt porté par
l’obédience aux questions citoyennes (écologie, Europe, laïcité). Ces manifestations sont
toutefois rares.
Tous les deux ans, les principales obédiences de la Maçonnerie Française confient à l’une
d’entre elles l’organisation d’un colloque sur les thèmes de société qui font l’objet de travaux
au sein des loges. En 2005, Le Droit Humain organise cette manifestation ouverte au grand
public. Le samedi 21 mai 2005, se tiendra au Palais des Congrès de Paris, le colloque
interobédientiel « Se construire et construire, autrement ». Les sujets abordés :
- La pensée constructive
- Se construire : spiritualité et humanisme
- Les solidarités à construire ici et dans le monde
- La laïcité, principe d’avenir
L’agence de presse parisienne Rue du Louvre est chargée des relations presse et publiques de
l’évènement.
Chaque dimanche de 9h40 à 10h sur France Culture, l’émission Divers aspects de la pensée
contemporaine est présentée par la Grande Loge de France, le Grand Orient, la Libre Pensée, la
Grande Loge Féminine de France ou le Droit Humain.
Voici un extrait de l’émission du mois d’avril 2004. Serge Dekramer interroge Alain
Pozarnik, alors responsable de la Communication à la Grande Loge de France. Alain
Pozarnik est aujourd’hui Grand Maître à la G.L.F. Il a co-signé « La franc-maçonnerie expliquée
aux profanes », paru en décembre 2004 (Édition Vega). Il est également l’auteur d’ouvrages
plus confidentiels sur les hauts grades, l’initiation et les rituels.
S.D. : La première question que j’ai envie de vous poser est : « qu’entend-on par Communication à la
Grande Loge de France ? »
La Fédération Française du Droit Humain intervient tous les 5èmes dimanche du mois.
Parmi les précédentes émissions : Pourquoi sommes-nous Francs-Maçons ? Que nous apporte la
Franc-Maçonnerie ? Mixité et cheminement initiatique : à quoi ça sert ? L'euthanasie.
Un dimanche par trimestre, les sœurs de la G.L.F. ont la parole. Les thèmes abordés :
L’accompagnement de fin de vie. Femmes, hommes, de la différence à l’égalité. La démarche
maçonnique.
Toutes les obédiences françaises possèdent un site Internet. Ces sites sont construits de la
même façon : ils présentent l’histoire de la franc-maçonnerie, ses textes fondateurs, son
organisation, ses rites et rituels, sa vocation, un agenda des événements et des
Les loges disposent également de sites Internet qui abritent pour la plupart des forums,
accessibles à tous ou non (certains sont même réservés aux profanes, comme le forum de
L’Eau Vive, une loge du G. O. www.godf.es.vg).
Le site du Grand Orient est conçu comme un véritable outil de communication. Les
rubriques Foire aux questions, Devenir maçon, Carte des loges permettent d’informer clairement
le visiteur, en allant au devant de ses interrogations. Le site se veut interactif, la rubrique
Médiathèque propose les dernières émissions sur France Culture ainsi que l’intervention
d’Alain Bauer sur TF1, en septembre 2003. Quelques photos de temples sont disponibles
dans la rubrique Visites.
Apparemment tourné vers l’extérieur avec ce site, le G.O. propose également ses
publications (revue et lettre d’information), en vente par correspondance.
Le site de la Grande Loge Féminine de France (comme celui du Droit Humain) met à
disposition un dossier de presse (cf. annexes). Sa particularité réside principalement dans
l’Éditorial (en page d’accueil) illustré par la photographie de son auteur, Marie-Françoise
Blanchet Grande Maîtresse de la G.L.F.F.
Le site est également le seul à présenter une rubrique Association loi 1901.
Les rubriques :
Sommaire du dossier de presse
Un peu d’histoire
Actualité (communiqués, revue de presse, Présentation
conférences de presse, évènements, quelques Une histoire inscrite dans la tradition
livres, émissions radio France Culture) maçonnique
Questions/réponses (La GLFF n'est-elle pas une La promotion de valeurs de progrès
secte ? Pourquoi le secret ? Qu'est ce que le Un espace de parole pour les femmes
rituel, à quoi sert-il ?…), Admission Une méthode de travail
Une méthode (le travail en loge, le symbolisme, L’engagement dans la Cité
les rites) …
Le Blog* Maçonnique est un site maçonnique indépendant, créé par un journaliste, rédacteur
en chef de plusieurs webzines et auteur du livre « L'Internet est-il maçonnique ? » paru aux
Editions Altho (cf. encart). Il est membre d'une Loge du Grand Orient de Belgique.
Le site met à la disposition de tous, francs-maçons ou profanes, des informations sur la franc-
maçonnerie. Rubriques : liens vers les sites de loges et d'obédiences, sites maçonniques, anti-
maçonnique, boutiques maçonniques, sonneries de téléphone maçonniques, revue de presse.
lll leotaxil.com
leotaxil.com est également un site maçonnique indépendant, il est créé en 2001 par un
maçon. Malgré son nom, ce n’est pas un site anti-maçonnique mais un site plutôt drôle et
On peut distinguer dans la presse maçonnique trois catégories : celle réservée aux maçons,
(traitant principalement des rites, rituels et symboles), la presse plus axée sur l’histoire, et
enfin, celle destinée à tous les publics. On peut également différencier les publications selon
les obédiences dont elles émanent et les rites pratiqués. Les revues Humanisme et Points de
Vue Initiatiques en sont deux exemples, il en existe d’autres.
Le Bulletin du Grand Orient de France parait dès 1844, il succède à l’État du Grand Orient de
France dont la parution commence en 1776. En 1896, la revue est à nouveau remaniée et
devient Compte Rendu des Travaux du Grand Orient de France. Humanisme est le premier
périodique destiné au public non-maçon.
EDIMAF, Dervy, Télètes, Les Éditions Maçonniques et Detrad sont les principales sociétés
spécialisées dans l’édition d’ouvrages maçonniques. EDIMAF publie une série de petits
livres qui constitue l’Encyclopédie Maçonnique, à l’usage des initiés et des profanes. Les
éditions Detrad, créées en 1983, font également le commerce de décors, d’accessoires, de
bijoux maçonniques. Depuis la naissance de la franc-maçonnerie française, 60 000 ouvrages
lui ont été consacrés.
En clôture du Salon du livre maçonnique, l’Institut Maçonnique de France a décerné les prix
littéraires de la maçonnerie française.
Depuis le milieu des années 90, le Grand Orient et la Grande Loge de France se sont lancés
dans une politique d'extériorisation, avec des colloques, la publication de nombreux livres, et
surtout l'intervention des grands maîtres dans les médias. Quelques mois après son élection
à la tête du G.O., Philippe Guglielmi s’empare des médias pour tenter de redresser l'image
de la franc-maçonnerie, sérieusement ternie par une série de scandales.
P G: Les rites dont vous parlez ont eu une importance considérable au moment des persécutions, ils
n'en ont plus aujourd'hui. Ils ne relèvent que d'une belle tradition. L'important ce n'est pas le rite,
c'est la dynamique de la réflexion philosophique et surtout le réel effort d'ouverture et de
transparence qui est le nôtre aujourd'hui. Nous ne cachons rien, nous allons vers les gens et
les gens peuvent venir vers nous. Rien à cacher ! Cela dit, nous allons mener un travail profond
pour que soit effectivement adapté, peu à peu, ce qui pourrait apparaître désuet dans les rites que vous
évoquez - quitte à priver I'extrême droite de son miel. (…)
T V : Quand des frères maçons ont été impliqués dans des affaires, avez-vous fait le ménage ?
P G : Nous sommes implacables dans deux domaines : vis-à-vis des dérives d’extrême droite et vis-à-
vis de nos membres qui pourraient être compromis dans des affaires financières ou autres. lIs sont
alors implacablement radiés. Nous ne transigeons pas. Cela dit, seuls quatre de nos membres ont ainsi
du être sanctionnés sur 41 000.
En janvier 1999, Philippe Guglielmi sera l’invité de Patrick de Carolis dans l'émission Des
racines et des ailes, sur France 3, enregistrée dans un temple maçonnique de Mulhouse. Michel
Barat (Grand Maître de la Grande Loge de France de juin 1990 à juin 1993 et de juin 2001 à
juin 2003), est également présent dans le paysage médiatique. En 1999, il déclare dans
Le Parisien « un franc-maçon n’a pas besoin de se cacher ».
À la même époque, la Grande Loge Nationale de France est en proie à un séisme interne
provoqué par de nombreuses mises en examen de frères. Épicentre des affaires douteuses,
Nice devient le champ de bataille des membres de la G.L.N.F. Son Grand Maître de l’époque,
Claude Charbonniaud, demeurera très discret.
Le communiqué ci-dessous est publié dans Le Monde quelques jour après son élection. Il
témoigne de la volonté du tout nouveau Grand Maître de clarifier la franc-maçonnerie en
abolissant « les formes les plus dévoyées de (l’)obligation de discrétion » (en d’autres termes,
d’écarter les brebis galeuses) et de s’ouvrir au monde profane en diffusant ses points de vue
à travers des manifestations régulières.
Nous nous devons d’abolir les formes les plus dévoyées de notre obligation de notre discrétion, devenue
le " secret maçonnique ", et qui n’a jamais été autre chose qu’une promesse de silence. Au-delà du
respect de l’intimité personnelle de nos choix individuels, le secret ne servira jamais plus à protéger
quelques dévoiements individuels, le plus souvent sanctionnés d’ailleurs, mais avec une discrétion qui
passait souvent pour de la complicité passive. La nécessaire solidarité envers ceux qui sont touchés
dans leur emploi ou leur santé ne devra plus supporter les dérives affairistes de quelques uns,
ternissant la réputation des dizaines de milliers de maçons intègres et honnêtes.
L’ouverture et la transparence nous inciteront à accueillir le public dans nos ateliers au moins une fois
dans l’année pour qu’ils comprennent enfin au grand jour ce qu’est notre démarche et comment nous
appliquons nos principes.
Alain Bauer prône à grands coups d’interviews la transparence au sein du mouvement franc-
maçon. Il reconnaît l’existence de réseaux et affirme vouloir les éradiquer. Ses interventions
médiatiques sont fréquentes, il apparaît à la télévision (le 26 juin 2003, C dans l’air sur
France 5, le 27 juin journal télévisé de TF1…) et multiplie les entretiens dans la presse dans
lesquels il affirme vouloir « karchériser » l’institution. Il encourage également ses frères à se
dévoiler et à assumer fièrement leur appartenance.
Depuis quelques années, des personnalités francs-maçonnes, comme Roland Dumas, Jean-Claude
Alain Bauer devient, dans les médias, le porte-parole de la franc-maçonnerie. Ses attaques
contre la G.L.N.F. sont fréquentes et offensives : « Alors que nous faisons du tri sélectif de
déchets, la G.L.N.F. fait du recyclage, à son corps défendant ». Son but est de distinguer
l’institution des dérives affairistes de la G.L.N.F.
Sous l’impulsion d’Alain Bauer, Grand Maître du G.O., ces neuf obédiences se fédèrent afin
de créer un espace commun de dialogue, de réflexion et d’expression dans le pluralisme,
alors que franc-maçonnerie française semble souffrir de divisions internes, source d’un
déficit d’image.
L’Institut Maçonnique de France est une association Loi de 1901, constituée en octobre 2002
par les neuf obédiences de la Maçonnerie française. Il est présidé par Roger Dachez.
Ainsi cette longue présence maçonnique a teinté la ville de Lyon et a contribué à lui
conférer sa qualification de capitale de l’ésotérisme, de ville secrète et surtout son
caractère dual situé entre ferveur catholique et laïcité, travail et spiritualité, conservatisme
et esprit contestataire, indépendant.
L’un des rôles des relations publiques est de créer l’occasion de rencontre entre
« l’annonceur » et le public dans un contexte favorable à son image. L’exposition devient un
média relationnel. Ainsi, son installation au musée des Beaux-Arts n’a pas été anodine. La
franc-maçonnerie s’est placée dans un contexte artistique et historique, loin des affaires, dans
un lieu institutionnel situé au cœur de Lyon. L’espace communique quelque chose. Le musée
des Beaux-Arts est un lieu neutre. De la même façon que Genève est choisi pour les
rencontres diplomatiques, le musée établit des relations égalitaires entre les protagonistes
(les organisateurs ou les annonceurs et le public).
Autre point positif de l’événement : il suscite l’intérêt des médias. C’est d’autant plus vrai
quand « l’annonceur » est la franc-maçonnerie. En agissant à contre courant de ses habitudes,
c’est à dire en se dévoilant, elle a beaucoup fait parler d’elle. Toutefois la médiatisation d’un
événement ne doit pas être le seul but de sa tenue, il constitue un prétexte idéal pour
rebondir et communiquer davantage ou différemment.
Comment évaluer les effets d’une opération évènementielle ? La mesure des retombées
presse et l’analyse de leur contenu peut donner des pistes. Un événement réussi est un
événement qui a fait parler de lui. Ainsi la presse locale a largement diffusé l’information en
annonçant le « coming-out » d’une franc-maçonnerie qui « lève le voile sur son histoire ». Elle a
également donné la parole à des maçons lyonnais, comme le maire Gérard Collomb qui a
inauguré l’exposition en présence des Grands Maîtres des neuf obédiences. À cette occasion
Alain Bauer, Grand Maître du G.O.D.F (2000-2003), s‘est exprimé dans les colonnes de Lyon
Mag, de Lyon Capitale et du Progrès. Les discours des deux hommes sont sensiblement les
mêmes. Les propos exposent la cohésion des obédiences réunies autour de valeurs telles que
la laïcité ou l’universalité, la volonté de dissiper les mystères à travers une connaissance
historique de l’institution, la détermination à chasser les affairistes, soit un nouvel élan.
lll Le film
Voyage en franc-maçonnerie
Lyon, carrefour européen de la franc-maçonnerie
Vidéo de Georges Combes, éditée à l’occasion de l’exposition.
Production CLC
Co-production France 3 Rhône-Alpes Auvergne
Avec la participation de L’Institut Maçonnique de France
lll Le catalogue
Même si l’exposition a été annoncée par la presse comme un événement culturel majeur, sa
fréquentation n’a pas été celle que l’on aurait pu attendre. Elle a drainé 13 249 visiteurs en
trois mois, contre 15 521 et 18 000 pour les expositions suivantes ² (exposition Capiello et
exposition Henry Faucillon). Son installation en période estivale en est probablement la
cause. Riche de pièces maçonniques (faïences, décors, manuscrits), l’exposition n’a dissipé
que peu de mystères. L’outil médiatique le plus efficace a été la presse. Véritable vecteur des
messages de la franc-maçonnerie française, elle a pratiquement occulté les affaires et les
scandales. Malgré un tel soutien médiatique, la franc-maçonnerie n’est pas parvenue, à
travers cette exposition, à dissiper les mystères qui l’entourent. Au mieux, elle a mis des
visages lyonnais sur l’institution encore mal connue.
Vers la cohésion ?
Toutes les loges et obédiences n’ont pas les mêmes préoccupations, les sujets qu ‘elles
abordent lors des réunions publiques, émissions de radio et dans les diverses publications
en témoignent. La franc-maçonnerie se compose ainsi de plusieurs voix qui ne sonnent pas
toujours à l’unisson. Ainsi, l’apparente volonté de transparence d’Alain Bauer et de Michel
Barat n’a pas été partagée par tous les Grands Maîtres de l’époque. Les querelles internes se
manifestent publiquement et parachèvent l’image d’une franc-maçonnerie dissolue.
Un rendez-vous manqué
La franc-maçonnerie française apparaît toutefois unie lors des évènements qui entourent son
275ème anniversaire. La célébration bénéficie d’une large couverture médiatique. Pourtant, la
communication qui est résolument axée sur la richesse culturelle de l’institution, atteint ses
limites. Malgré l’intérêt des médias pour ce qui est annoncé comme le « coming-out* » de la
franc-maçonnerie, l’exposition Lyon carrefour européen de la franc-maçonnerie ne permet pas de
balayer les idées reçues.
* Lyon Capitale
L
a franc-maçonnerie est un sujet porteur pour la presse. Tous les journaux et
magazines, quelle que soit leur spécificité s’ils en ont une (l’économie,
l’histoire, la littérature, la politique…), peuvent y trouver l’objet d’un article ou
d’un dossier. Ainsi, les angles pour aborder la franc-maçonnerie peuvent être différents. Une
revue de presse permettra, dans un premier temps, de considérer la période et la fréquence
des articles et dossiers parus sur le sujet, par titre, depuis janvier 2004. Elle permettra
également d’en apprécier les titres et les angles.
S
ous l’impulsion du succès planétaire du roman « Da Vinci Code » de Dan Brown,
la presse s’est emparée de l’ésotérisme et multiplie les couvertures sur le sujet.
Le roman, qui prétend révéler des faits cachés au grand public par quelques
initiés (membres de l’Opus Dei, du Prieuré de Sion, Illuminati, Templiers…), relancent la
théorie du « complot » sur fond de mythes et de mystères. « Les mystères ont toujours des
fans », peut-on lire dans le roman. Les dix-huit millions d’exemplaires vendus à travers le
monde l’attestent.
Date de
Support Titres
parution
Le Point Les textes fondamentaux de l’ésotérisme
Mars-avril 2005
Hors-série
L’Express 14/03/2005 Rififric au Grand Orient
Le Figaro Esotérisme. L’éternelle quête d’irrationnel
26/02/2005
Magazine
Le Progrès 25/02/2005 Chevalerie et franc-maçonnerie
Le Monde 24/02/2005 Plongée dans un club du Loiret pour les 100 ans du Rotary
Le Figaro 24/02/2005 La parole est au procureur
Le Progrès 17/02/2005 Ne touchons pas à la loi de 1905
Montpellier : protestation contre les aides à la franc-
Le Progrès 16/02/2005
maçonnerie
Libération 15/02/2005 A Montpellier, des deniers publics pour loges maçonniques
Le Point 10/02/2005 Fâcheries à la loge
Le Figaro 7/02/2005 Le Grand Orient embarrassé par un frère transsexuel
L'âge de raison / Parlez-vous «maçon»? / Une croissance
L’Express 24/01/2005 chaotique / Les dix principales obédiences / La GLNF en grande
forme
Ville par ville, les meilleurs réseaux, dirigeants, cadres sup.,
L’Expansion Janvier 2005
femmes, gays, francs-maçons…
janvier-février La véritable influence des francs-maçons
Historia
2005
Le Progrès 9/01/2005 Lyon, cœur du spiritisme
Le Monde 29/12/2004 Le complot, ressort du « Da Vinci Code » ?
Le Progrès 22/12/2004 Les aventuriers du trésor perdu
Le Progrès 20/12/2004 « La passe du vent » de Philippe Videlier
Le Figaro 17/12/2004 Trois petits points et puis s'en vont
Le Monde 17/12/2004 Repères
Le Nouvel Le grand retour de l’ésotérisme
2/12/2004
Observateur
Le Nouvel L'affaire Renard et la franc-maçonnerie en général
18/11/2004
Observateur
Le Monde 16/11/2004 Le futur Commissaire européen est-il Maçon ?
Mis à la retraite d'office, le juge Renard avait perdu ses repères
Le Monde 31/10/2004
éthiques
Libération 30/10/2004 Le juge Renard évincé de la magistrature
Le Monde 30/10/2004 Le juge Renard mis à la retraite par le CSM pour ses amitiés
Le Nouvel Les Francs-Maçons et la justice
28/10/2004
Observateur
La franc-maçonnerie est pour la presse magazine, un serpent de mer : un sujet rebattu qui
revient régulièrement, surtout quand l’actualité est vide. Les couvertures toujours
sensationnalistes, ne sont pas forcément à l’image du contenu. Les titres et les couvertures ne
respectent pas toujours le sens et le contenu des articles auxquels ils renvoient et servent
souvent de véhicules aux préjugés et aux partis pris. Si les angles diffèrent, les dossiers sont
la plupart construits selon le même schéma. On retrouve habituellement les origines de
l’institution, quelques symboles expliqués, les francs-maçons illustres, les francs-maçons
supposés, les affaires et des interviews.
Le Point
28 février 2005
>>> Audience
Figaro Le Nouvel
L'Express Le Point Marianne Historia
Magazine Observateur
2002 1 955 000 2 283 000 1 301 000 911 000 2 595 000 1 246 000
2003 2 054 000 2 181 000 1 530 000 971 000 2 571 000 1 415 000
2004 1 975 000 2 142 000 1 475 000 1 054 000 2 641 000 1 334 000
L ivre : Les frères invisibles. Enquête sur les dérives de la franc- maçonnerie
(Albin Michel), de Ghislaine Ottenheimer, directrice de la rédaction de
la radio BFM, et de Renaud Lecadre, journaliste à Libération. Avril 2001.
Les deux journalistes dénoncent les affaires et scandales politico-
financiers qui ont impliqué, à des degrés divers, des francs-maçons,
noms à l’appui. Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre seront les
invités de nombreuses émissions télévisées et radio ( 13 juin 2001 sur France 3 dans
l'émission de Michel Field, Ce qui fait débat, 22 mai 2003, Ripostes sur France 5))
L’ouvrage s’est vendu à plus de 70 000 exemplaires, il aurait engendré huit procédures
judiciaires à l’encontre des auteurs.
Le conflit entre droit de l’information et droit au respect de la vie privée se résout en faveur
du droit à l’information dès l’instant où la divulgation apparaît nécessaire à une bonne
information des citoyens. Il est toutefois difficile de trouver un équilibre entre la protection
de la vie privée et la liberté d’expression et de publication de la presse.
Les domaines inclus dans la protection de la vie privée comprennent essentiellement l'état de
santé, la vie sentimentale, l'image, la pratique religieuse, les relations familiales et, plus
généralement, tout ce qui relève du comportement intime.
Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (version consolidée au 31 décembre 2004).
« Le droit de réponse prévu par l'article 13 pourra être exercé par les associations, lorsqu'une personne
ou un groupe de personnes auront, dans un journal ou écrit périodique, fait l'objet d'imputations
susceptibles de porter atteinte à leur honneur ou à leur réputation à raison de leur origine ou de leur
appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion
déterminée ».
Le communiqué ci-dessous est diffusé par le G.O., suite à la parution du Nouvel Observateur
du 28 octobre 2004 titré : « Les Francs-Maçons du Grand Orient de France et la justice ».
« Le serment des Francs-maçons du Grand Orient de France les engage, sans ambiguïté, à respecter
les lois de la République.
Ils ne peuvent donc que se réjouir de les voir strictement appliquées, à Nice comme ailleurs, y compris
et surtout dans le fonctionnement de la justice.
En un temps d’incertitude, le Grand Orient de France avait pris une ferme position de soutien aux
démarches entreprises par les services judiciaires (notre communiqué du 3 septembre 2002).
Aucun manquement aux lois et à la morale républicaine d’où qu’il vienne ne pourra rencontrer
l’assentiment des Francs-Maçons du Grand Orient de France.
De la même façon tous les efforts pour dénoncer dans les médias ces dysfonctionnements au bon
déroulement de la justice sont les bienvenus et reçoivent notre soutien.
Toutefois, ils ne doivent pas conduire quelques-uns uns à associer la Franc-Maçonnerie dans sa
totalité à des comportements individuels et locaux condamnables. »
Paris, le 2 novembre 2004
Il relève de la responsabilité des médias de trouver les meilleurs moyens pour corriger leurs
manquements et leurs erreurs à l'égard des personnes mises en cause, que celles-ci relèvent
de l'information ou de l'opinion. Suite au dossier « Nice : les francs-maçons et la justice »,
auquel Le Nouvel Observateur consacra sa couverture le 28 octobre 2004, la rédaction de
l’hebdomadaire publie cet édito :
« La couverture sur « Nice : les francs-maçons et la justice » (n° 2086) nous a valu quelques lettres
furibondes, comme celle de Michel Kellerman, qui met en cause cette une. « Pourquoi cette fixation des
limiers du Nouvel Obs sur ce réseau franc-maçon ? Je me permets de vous signaler que des "réseaux"
autrement influents, il y en a, et beaucoup », citant l'Opus Dei, la Scientologie, les homos, les
chiraquiens, les Corses... (…)
Quant à Jean-Paul Lemaire, il rappelle que « l'obédience à laquelle appartiennent les protagonistes de
cette regrettable affaire est très minoritaire et se concentre essentiellement dans deux régions, l'Ile-de-
France et Paca. Elle est connue pour ne recruter que dans certains milieux socioprofessionnels bien
ciblés, pour pratiquer aussi ce que nous nommons la "maçonnerie alimentaire", mais ne saurait être
en aucun cas représentative des quelques dizaines de milliers de femmes et d'hommes qui ont choisi la
franc-maçonnerie. »
Même avis d'Alain Boulfroy, fidèle lecteur qui n'a pas raté un numéro depuis quarante ans, bien qu'il
soit, ajoute-t-il, « de temps en temps agacé par une tendance bobo » de « l'Obs ». Il appartient à un
atelier de la Grande Loge de France, et il est « fatigué de voir, dans la presse, cette généralisation ».
Notre une « sans nuance incite le lecteur, qui si cela se trouve ne lira pas votre article, au demeurant
remarquable, à mettre tous les maçons dans la catégorie "tous pourris" ». Si je comprends bien, ce
n'est pas le contenu du dossier que vous critiquez, mais le fait d'en avoir fait cette couverture.
Nostra culpa.
La presse quotidienne, qui par nature se concentre sur l’actualité, traite essentiellement des
affaires de corruptions, de malversations impliquant des francs-maçons. Ainsi, d’octobre à
novembre 2004, les rédactions des quotidiens Libération, Le Monde, Le Figaro ont consacré
une douzaine d’articles à l’affaire du juge Renard, membre de la G.L.N.F. à Nice et révoqué
par le conseil supérieur de la magistrature. Les « crises internes » sont également relatées par
les quotidiens. Contrairement à la presse magazine, la presse quotidienne ne crée pas
l’occasion d’aborder le sujet « franc-maçon », elle réagit face à l’actualité et délivre un
message, elle recueille et traite des informations, sans le renfort de l’image. Le Progrès
(présent en Côte d'Or, Saône-et-Loire, Jura, Rhône, Ain, Loire et Haute-Loire), se distingue
des quotidiens nationaux, cinq des dix articles parus sur la franc-maçonnerie aborde son
combat pour la laïcité, trois sont consacrés à sa dimension culturelle mais aucun n’aborde les
affaires.
C’est dans la presse magazine consacrée à l’histoire que la franc-maçonnerie apparaît sous
son meilleur jour. Bien que leurs titres (« Le véritable pouvoir des francs-maçons » et « Les
éminences grises de la république ») soient tout aussi accrocheurs, les revues Histoire et
Patrimoine (janvier 2005) et Historia (juin 2004), ont dressé un portrait complet de
l’institution, à travers son histoire, son implication républicaine, ses travers (les dérives
affairistes, la mise à l’écart des femmes) et une multitude de témoignages illustrés par les
photographies des interviewés, souvent les Grands Maîtres. Le lectorat de ces revues est
deux fois inférieur à celui des magazines d’information.
N
ous avons évoqué les liens, tant historiques que contemporains, qui unissent
la franc-maçonnerie à la ville de Lyon. Les noms d’illustres francs-maçons
comme Gailleton, Augagneur, La Fayette, Macé, Morand, Garibaldi, Faure,
Bartholdi, Carnot…, font partie du quotidien des Lyonnais. La presse locale et régionale
aborde régulièrement le sujet. Son soutien a été incontestable dans la promotion de
l’exposition organisée en juin 2003 dans le cadre du 275ème anniversaire de la franc-
maçonnerie française. L’occasion pour des personnalités du monde politique et culturel de
réaffirmer leur appartenance à la franc-maçonnerie, comme le maire Gérard Collomb, qui
n’en a d’ailleurs jamais fait mystère. Ainsi, cette apparente volonté de communiquer s’est-
elle traduite en terme d’image ?
A
fin d’en apprécier les retombées, un échantillon de deux cent cinquante
Lyonnais représentatif de la population a été interrogé. Cette étude a pour
but de dresser un diagnostic de l’image de la franc-maçonnerie à Lyon.
Comment la franc-maçonnerie est-elle perçue par les Lyonnais? Quelle image en ont-ils ?
Cette percéption est-elle conforme à la réalité ? La presse agit-elle sur cette image ?
>>> Les Lyonnais de plus de 15 ans, ne faisant pas partie de la franc-maçonnerie mais qui
en ont déjà entendu parler.
>>> Un individu
Femmes Hommes
30 789 29 111
En %
Femmes Hommes
Cette étude a démontré que les 15-25 ans ont une fréquentation active et éclectique de la
presse.
En %
Femmes Hommes
En %
Ouvriers 5,3 23
Pour 129* 20 20 22 22 16 14 15
Pour121* 20 21 22 21 16 12 9
Ε Γ
Catégorie socioprofessionnelle (CSP) Pour 100 Pour 129 Pour 100 Pour 121
Ouvriers 5,3 7 23 28
* Ces chiffres sont arrondis (les chiffres décimaux n'ont pas de signification dans le cas d'individus).
1.6 Questionnaire
La personne consultée répond avec ses propres mots. Les questions ouvertes permettent de
relever des aspects qui n’avaient pas été envisagé lors de l’élaboration du questionnaire.
Q2 Quels sont les mots qui vous viennent à l’esprit quand vous entendez parler de la franc-
maçonnerie ?
Q4 (cf. Q3) *Dans quel(s) domaine(s)/secteur(s) ?
Q6 (cf. Q5) *Lequel ?
Q12 (cf. Q11) Pourquoi ?
Oui
Non
Q2 Quels sont les mots qui vous viennent à l’esprit quand vous entendez parler de la
franc-maçonnerie ?
Oui*
Non
Q6 *Lequel ?
Toujours
Parfois
Rarement
Jamais
Oui
Non
Q12 Pourquoi ?
RAPPEL MÉTHODOLOGIQUE
Échantillon : Conçu selon la méthode des quotas : sexe, âge, profession, ville.
250 individus constituant un échantillon représentatif de la population lyonnaise âgée de 15
ans et plus ayant déjà entendu parler de la franc-maçonnerie.
>>> Question
Quels sont les mots qui vous viennent à l’esprit quand vous entendez parler de la franc-maçonnerie ?
(aucune réponse suggérée - plusieurs réponses possibles)
Secte 28,5%
Secret 27,7%
Compagnon/confrérie 17,9%
Symboles 15,3%
Réseau/solidarité 14,5%
Association 8,9%
Philosophie/spiritualité 7,2%
Elitisme 6,4%
Politique 5,5%
Humanisme 3,8%
Le secret qui est placé en deuxième position, est également mentionné près d’une fois sur
trois. C’est l’un des aspects de la franc-maçonnerie qui marque le plus les esprits, et
contrairement à l’analyse précédente, il s’appuie sur une réalité.
Les termes compagnon et confrérie sont les troisièmes plus cités, près de deux fois sur dix.
Mots un peu vagues, ils rappellent à la fois l’artisanat (avec les Compagnons du tour de
France), la fraternité et la communauté. La franc-maçonnerie, parce qu’elle partage des
traditions avec lui, est souvent associée au compagnonnage. Si compagnon a une image
positive (travail, savoir-faire, discipline, tradition perpétuée), confrérie peut renvoyer deux
idées : l’une positive, évoquant la fraternité, l’amitié, la loyauté, et l’autre négative
représentant la communauté, et par extension le sectarisme. Ce dernier aspect est d’autant
plus significatif que réseau et solidarité sont situés peu après, en cinquième position.
Les termes les plus cités spontanément pour évoquer la franc-maçonnerie renvoient à des
notions de « mystère » et d’ « occulte ».
>>> Question
Pensez-vous que la franc-maçonnerie est mystérieuse ?
Plutôt d'accord
54,8%
Pas d'accord du
tout
4,4%
Les résultats sont ici très partagés, aucune réponse ne remporte de large majorité. Si plus de
la moitié des personnes interrogées (55,6%) pense que la franc-maçonnerie est une secte,
seulement 17,2% en sont convaincues. Inversement 21,2% ne sont plutôt pas d’accord et
23,2% pas d’accord du tout. Ces résultats révèlent une réelle méconnaissance du sujet qui se
traduit par une majorité de réponses mitigées.
>>> Question
D’une manière générale, pensez-vous que la franc-maçonnerie a un pouvoir d’influence ?
Politique 71,6%
Economie/finance 38,4%
Tous 13,2%
Justice/police 10,0%
Religieux 7,4%
Spirituel/philosophique 5,3%
Social 4,2%
Ainsi, le pouvoir du « réseau » franc-maçon se situerait en tout premier lieu dans les sphères
politiques ( 71,6% des termes spontanément cités), puis dans l’économie et les finances
(38,4%) et en troisième position, dans tous les domaines (13,2%). Bien que de nombreuses
affaires ayant impliqué des magistrats et des policiers, aient été rendues publiques par les
médias, seulement 10% des répondants évoquent la justice et la police comme domaines
dans lesquels la franc-maçonnerie exercerait son influence.
Par contre, son implication dans les domaines plus « nobles » (culturel, religieux,
philosophique et social) n’est pas perçue.
>>> Question
Associez-vous la franc-maçonnerie à un parti ou une couleur politique ? Lequel ?
Si pour plus de la moitié des Lyonnais (60%) la franc-maçonnerie exerce un pouvoir dans les
sphères politiques, seulement 28,8% d’entre eux l’associent à une couleur politique, 12,8% à
la gauche et 16% à la droite. Bien que la présence de francs-maçons au sein de la municipalité
socialiste soit de notoriété publique, la franc-maçonnerie est davantage associée aux partis de
droite.
Tout a fait
d'acc ord La fréquence de lecture de la
Plutôt d'accord 38,3%
Plutôt pas
Tous les jours 53,1% presse (PQR, PQN, presse
d'acc ord 3,7%
Pas d'acc ord 4,9% magazine) semblerait, à première
du tout
vue, ne pas influer sur la
39,0%
Au m oins une fois par s em aine 50,5% perception de la franc-maçonnerie,
5,7%
4,8% 91% des lecteurs quotidiens la
trouvent mystérieuse contre 92%
25,6%
Au m oins une fois par m ois
2,6%
69,2% pour les non-lecteurs. La presse
2,6%
n’apporte-t-elle aucun éclair-
36,0%
cissement ou entretient-elle le
Jam ais
4,0%
56,0%
mystère ?
4,0%
8,6%
20,7% semble moins contribuer à la diffusion
de cette image préjudiciable.
5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% 50%
>>> Question
Tout le monde peut-il devenir franc-maçon ?
Oui 60 24%
Non 190 76%
Total 250 100%
Oui
Non
Artisans, commerçants, chefs 30,8% Les employés, les ouvriers et les
d'entreprise, agriculteurs exploitants 69,2%
individus sans activité
Cadres, professions intellectuelles 27,8% professionnelle (principalement
supérieures 72,2%
étudiants et chômeurs) sont les
Professions intermédiaires 30,0% plus nombreux à penser que tout
70,0%
le monde ne peut pas devenir
Employés 23,1% franc-maçon (76,9% et 77,1%)
76,9%
alors que les cadres, les
Ouvriers 22,9%
77,1%
professions intellectuelles sup-
érieures (72,2%), les professions
Retraités 26,8%
73,2%
intermédiaires (70%) et les
artisans, commerçants et chefs
13,6%
Sans activité professionnelle
86,4%
d’entreprise le pensent moins
10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
(69,2%).
Il existe quelques disparités notables de perception entre les différentes catégories sociales,
mais ces disparités ne sont sans doute pas celles que l’on aurait pu attendre. En effet, le profil
sociologique des Lyonnais ne croyant pas à l’ouverture de la franc-maçonnerie ne renvoie
pas à une caricature simpliste.
Oui
Non
80,5%
80%
71,3%
70%
60%
La plus grande disparité d’opinions
50%
s’observe chez les femmes et les
hommes, 28,7% des hommes jugent que
40%
la franc-maçonnerie est ouverte à tous
30% 28,7% contre seulement 19,5% des femmes.
20% 19,5%
10%
Homme Femme
Cooptation/parrainage 34,7%
La franc-maçonnerie est perçue comme fermée. Les critères d’accès qu’on lui confère sont
divers. Le plus cité concerne la catégorie socioprofessionnelle. Selon les personnes
interrogées, pour être franc-maçon il faut faire partie d’une classe sociale plutôt élevée et
connaître quelqu’un afin d’être « parrainé » (le terme « cooptation » est très peu connu du
public). Il faut déjà faire partie d’un certain milieu et avoir des relations.
Les critères intellectuels se placent en troisième rang, ils sont cités une fois sur cinq. On peut
en déduire que les francs-maçons sont perçus comme des individus intelligents et cultivés.
Bien que la franc-maçonnerie soit, d’après sa formule « ouverte à tous les hommes libres et de
bonnes mœurs », les critères moraux sont six fois moins cités que la catégorie
socioprofessionnelle. La moralité n’apparaît comme un critère de sélection déterminant.
Enfin, 5,9% des personnes interrogées pensent que les femmes n’ont pas accès à la franc-
maçonnerie.
Cette étude révèle l’image négative de la franc-maçonnerie auprès des Lyonnais qui en
dressent un portrait plutôt sombre. Le fait le plus alarmant pour les organisations francs-
maçonnes est que plus de la moitié des personnes interrogées la considère comme une secte.
Aussi, la quasi la majorité la trouve mystérieuse et secrète. Elle est également perçue comme
un réseau fermé et élitiste au service de la politique et de l’économie, pas du social.
Rendre compte d’une perception globale de la franc-maçonnerie est difficile tant l’image
de l’institution est hétérogène voire contradictoire. Quand on parle aux lyonnais de la
franc-maçonnerie, le premier mot qui leur vient à l’esprit est secte. Pourtant, seulement une
minorité d’entre eux en est convaincue (à la question Pensez-vous que la franc-maçonnerie est
une secte ?, 17,2% sont tout à fait d’accord). Les Lyonnais pensent toutefois que son accès est
réservé à une certaine élite sociale et intellectuelle. Ce paradoxe décrit la franc-maçonnerie
comme une « secte élitiste », alors que le propre d’une secte est de recruter un maximum de
« clients », sans critères de sélection. Alors que le pouvoir supposé des francs-maçons
s’exercerait principalement en politique, une majorité des Lyonnais (71,2%) ne parvient
pourtant pas à associer la franc-maçonnerie à une couleur politique.
L
a franc-maçonnerie est sortie, le temps de ce mémoire, de l’ombre et s’est
décidée fugacement à livrer quelques-uns de ses secrets. Insaisissable, la
franc-maçonnerie l’est par essence. En effet, munie de son propre langage - un
langage fait de symboles, de rituels, de lois - elle demeure inaccessible au profane. Mais,
malgré cette frontière dressée entre initiés et non initiés, la franc-maçonnerie est
profondément humaniste. Grâce à des valeurs telles que la tolérance, la fraternité, le respect
de la tradition, cette institution œuvre au progrès. Malheureusement, sa discrétion loin de la
servir la met en marge et cultive le fantasme. De son silence, la presse se nourrit et ne
manque pas de communiquer à sa place. Société secrète, secte, pots de vin sont autant de
leitmotivs qui l’accablent et ternissent son image. La presse, en forçant les traits, tend à
donner de la franc-maçonnerie une vision figée et réductrice. Elle produit des stéréotypes
qui, en rencontrant l’adhésion du plus grand nombre, s’installent dans l’imaginaire collectif :
« Tous les médias ont ce pouvoir d’imposer à quiconque n’est pas sur ses gardes, les postulats sur
lesquels ils reposent » dit Marshall Mac Luhan¹. Cette diffusion médiatique des préjugés,
conjuguée à une communication timide de la franc-maçonnerie, entraînent l’institution dans
le discrédit. La franc-maçonnerie ne se définit elle-même pas comme une société « secrète »,
mais comme une société « discrète » . Selon le procédé de argumentum ad ignorantiam, bien
des personnes concluent que la franc-maçonnerie est une secte simplement parce que
l'opposé n'a pas été défendu de façon convaincante.
C
ertes, la franc-maçonnerie communique. Les sites Internet sont clairs et
informatifs, ses publications et certaines de ses manifestations sont
accessibles à tous. Rappelons sa volonté d’ouverture qui s’est exprimée lors
de son 275ème anniversaire. Toutefois, cette tentative d’extériorisation ne s’est pas traduite en
terme d’image. Trop axée sur le patrimoine historique et culturel de l’institution, la
communication n’est pas parvenue à dissiper les mystères. Aussi ne s’est-elle pas inscrite
dans un processus à long terme mais dans une opération évènementielle, sans réel
lendemain.
C
e problème de communication externe se voit aggraver par un
dysfonctionnement interne. Effectivement, la diversité des loges et leur
autonomie posent un problème de communication globale. À l’intérieur de la
franc-maçonnerie on distingue deux courants aux ambitions et motivations distinctes. Aussi,
certains maçons souhaitent faire entendre leurs voix en dehors des murs du temple alors
que d’autres préfèrent demeurer dans le secret.
55,6% des Lyonnais pense que la franc-maçonnerie est une secte, pensez-vous que cette image
serait à rectifier ?
M. E. : Bien-sûr ! C’est d’autant plus regrettable que le combat contre les sectes fait partie des
engagements de la franc-maçonnerie. Cette image est insupportable et doit être contestée.
C. A. : C’est dommage, en même temps, ça me surprend un peu. Je pense que la maçonnerie
essaie de contrer cette image, c’est la preuve qu’elle n’y parvient pas.
D
evant ces réponses contraires, on peut affirmer que la franc-maçonnerie se
situe dans une impasse. La diversité et l’autonomie des obédiences, des
loges et des ateliers ; leur gestion ainsi que leur organisation ; le secret
d’appartenance ; les motivations diverses des maçons et leur liberté permettent difficilement
de mettre en place une stratégie de communication globale qui ne serait, par ailleurs, pas
souhaitable.
Alors, pourquoi passer les portes du temple et faire du secret une publicité ? Pourquoi
banaliser ce qui demande une initiation ? Pourquoi donner aux symboles une
signification : « le symbole est d’autant plus plein, révélateur, puissant qu’il est ambigu, fugace »
nous dit très justement Umberto Eco ¹.
¹ Le Pendule de Foucault
Site antimaçonnique
www.barruel.com Éditions Augustin Barruel
Instituts de sondages/d’études
www.insee.fr Insee
www.ipsos.fr Ipsos
www.tns-sofres.com Sofres
Archives presse
www.lepoint.fr Le Point
www.lemonde.fr Le Monde
www.lexpress.fr L’Express
www.monde-diplomatique.fr Le Monde Diplomatique
www.archives.nouvelobs.com Le Nouvel Observateur
www.lefigaro.fr Le Figaro
www.leprogres.fr Le Progrès