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Zouaoui, Hedhli (2014)
Zouaoui, Hedhli (2014)
Résumé
L’ère actuelle rend la survie des entreprises dans une économie basée
essentiellement sur la connaissance, de plus en plus tributaire de la variété
des compétences et expertises des acteurs travaillant dans l’entreprise, et
leur capacité à exploiter au mieux les connaissances existantes et à
explorer de nouvelles connaissances susceptibles d’enflammer
l’innovation. L’objet de cette recherche est de décrire le rôle des
communautés de pratique et épistémiques selon l’orientation cognitive
Abstract
Ce travail s’inscrit dans le cadre d’une perspective fondée sur les ressources et
plus particulièrement sur une théorie fondée sur la connaissance qui se
propose d’introduire une nouvelle vision de la firme fondée sur l’idée que celle-
ci se définit par sa capacité à intégrer, coordonner les connaissances et en
créer de nouvelles (Prévot et al., 2010). Cette économie de la connaissance se
caractérise essentiellement par une accélération du rythme des innovations et
fait ressortir que la connaissance est engendrée et consolidée de manière
croissante dans des contextes collectifs informels qui prennent en charge
certains des coûts et des processus fondamentaux de création et d’entretien
des connaissances (Foray, 2000). Cette approche prend ainsi en compte la
dimension d’insertion de ces connaissances dans des interactions spécifiques
et dans des réseaux
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soit elle sera un élément de blocage face à toutes initiatives auto organisées.
Plusieurs facteurs conduisent à la formation des groupes à l’intérieur d’une
organisation. En effet, la structure qui consiste en une division de l’organisation
en unités permet la formation de groupes dont les membres font face à des
conditions communes auxquelles ils apportent nécessairement des réponses
collectives (Bollinger et Hofstède, 1987). A travers ces réponses et par l’action
qu’ils mènent à l’intérieur de l’organisation ces groupes développent des
représentations et des modes de comportement spécifiques. L’appartenance au
groupe, permet à l’individu d’apprendre et d’adopter des modes de pensée, des
comportements, des normes et des styles de vie propres à la communauté à
laquelle il appartient. Ces différents facteurs forment la culture qui explique à
son tour leur appartenance à une communauté. La vie sociale à laquelle ils
participent, les conduisent à communiquer, s’influencer et partager des
informations (Ehlinger, 1998). Pour Bourbeau (2009), la culture représente
l’ensemble des conditions de travail qui dynamisent ou non un groupe de
personnes à donner le meilleur d’elles-mêmes dans l’accomplissement de leur
tâche. Les employés se sentent libres d’innover sans contrainte bureaucratique
et trouver d’autres moyens pour atteindre leurs objectifs (Bourbeau et al., 2009).
La culture engendre des sentiments d’appartenance et d’identification favorisant
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Starbuck (1983), a souligné de sa part que les connaissances traduites par des
corrections incrémentales issues de la pratique d’un apprentissage simple
boucle, ne peuvent conduire les organisations à se transformer en profondeur à
travers le développement d’innovations radicales (Loilier et Tellier, 1999).
Henderson et Clarck (1990) soulignent clairement le processus d’apprentissage
simple boucle connu par « essai-erreur » selon lequel les acteurs agissent
seulement sur l’objet de l’apprentissage qui revêt dans ce cas les
caractéristiques d’une innovation de nature incrémentale.
Dans l’innovation, il est utile donc de distinguer l’exploitation, avec ce qui est
incrémental, soient des améliorations sur les designs dominants existants
(Nooteboom et autres 2005). L’innovation basée sur l’exploitation implique dans
ce cas l’utilisation des connaissances existantes dans des processus de
production existants et suppose l’amélioration continue des pratiques et
processus via des mécanismes de changements incrémentaux (Noteboom,
2006). Noteboom (2006) considère les communautés de pratique comme étant
orientées vers l’exploitation, cette conception apparaît comme largement
cohérente avec notre analyse : les communautés de pratique en tant que lieu
de socialisation, favorise le développement d’un apprentissage d’exploitation
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le rôle de l’apprentissage. Une analyse
Notre analyse rejoint ainsi l’idée conçue par Noteboom (2006), là où il pose les
communautés épistémiques comme étant orientées vers l’exploration. Les CE
se distinguent par un mécanisme principal d’apprentissage lié à l’exploration
qu’elle met en avant pour créer de nouvelles connaissances et compétences et
consiste en la recherche de l’expérimentation de nouvelles technologies
(McGrath, 2001), l’adoption d’un changement radical (Tushman et O’Reilly,
1996) caractéristique essentielle des innovations d’exploration (destinées à
générer des innovations radicales) (Liouville, 2009). Donc si l’on considère
l’innovation comme un
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le rôle de l’apprentissage. Une analyse
l’éclairage d’une théorie basée sur les
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L’analyse de ces différents liens nous permet d’émettre les propositions (P)
suivantes à partir desquelles nous nous approchons du sujet et nous
essayerons de comprendre la réalité de notre processus d’analyse sur terrain.
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acteurs faisant partie d’une communauté de savoir. Les acteurs trouvent que
le travail en groupe ne peut être considéré comme un moyen d’apprentissage
que s’il permet la découverte de nouvelles connaissances et la discussion
autour des sujets divers afin d’assurer l’engagement dans une activité collective
favorable à l’apprentissage. Dans cette optique, stimuler les espaces
relationnels et les frontières sociales semble être une stratégie porteuse
d’ancrage de connaissances. Le lieu où se nouent les échanges et où
s’articulent les liens dessine les espaces contours d’un apprentissage social.
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collective assurée par la pratique d’un apprentissage social particulier basé soit
sur l’exploitation ou encore l’exploration, permettent de développer l’esprit de
créativité chez les membres adhérents. La connaissance est d’autant
considérée comme le principal fruit de l’apprentissage. Une fois que la
construction d’une base de connaissance commune est réalisée, le processus
créatif s’accélère et la nouveauté peut alors devenir un résultat généré par un
apprentissage particulier au sein d’une communauté de savoir particulière.
On peut alors affirmer que la performance communautaire, au sens d’une
capacité collective à innover, est associée à la dynamique communautaire en
termes d’apprentissage et de création de connaissances. Les témoignages sont
parfaitement illustratifs à ce propos, le partage, la coordination des efforts
individuels et la coopération entre les membres de la communauté, assuré
notamment par la mise en place d’un processus d’apprentissage, engendrent
automatiquement création de nouvelles connaissances tant qu’il n’y a pas
résistance au partage de la part des acteurs. L’interlocuteur distingue les
connaissances personnelles des connaissances collectives transférables dans
un langage formel, et différencie les résultats d’un apprentissage basé sur
l’exploitation de celui exploratoire. Il suppose que l’apprentissage basé sur
l’exploitation repose sur l’échange des connaissances et compétences
Conclusion
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