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Contrats Spéciaux Nommes
Contrats Spéciaux Nommes
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Introduction
Titre 1 : La vente.
§ 1 : Les avant-contrats
C) La chose d'autrui.
§ 1 : L'obligation de délivrance.
§ 2 : L'obligation de garantie.
A) La garantie d'éviction.
A) Le champ de la garantie.
§ 4 : L'obligation de sécurité.
A) Le domaine de la responsabilité.
Titre 2 : Le bail.
§ 1 : L'obligation de délivrance.
§ 2 : L'obligation d'entretien.
§ 4 : L'obligation de garantie.
Titre 1 : Le mandat.
Chapitre 1 : La formation du contrat de mandat.
A) Les obligations
A) L'exécution personnelle.
§ 2 : L'obligation de réception.
- Il faut faire la distinction entre les "grands" contrats et les "petits" contrats.
Les "grands" contrats sont ceux qui ont toujours été considérés comme les plus usuels dans la vie économique.
L’exemple type est la vente ou la location.
Les "petits" contrats sont ceux que l’on considérait à l’époque du code civil comme des services d’ami et qui avaient un caractère gratuit.
Par exemple le dépôt ou le prêt.
On les appelaient aussi les contrats d’ami ou de bienfaisance.
Cette classification doit être définitivement abandonnée car elle ne repose sur aucune règle sérieuse.
Les "petits" contrats se sont professionnalisés et sont devenus onéreux.
Ils trouvent désormais leur place dans l'économie marchande.
- Il faut également faire la distinction entre les contrats civils et les contrats commerciaux.
En réalité, cette distinction n’est pas conforme à la réalité dans la mesure où un même contrat peut être soit civil soit commercial soit mixte (ex : vente).
Cependant, certains contrats sont toujours commerciaux ex : vente de fonds de commerce.
Lorsqu’un contrat est qualifié de commercial, il obéit à des règles particulières issues du particularisme du droit commercial.
Exemple : liberté de la preuve, présomption de solidarité, …
- Il faut aussi distinguer un contrat conclu entre un professionnel et un consommateur, d'un contrat conclu entre 2 professionnels.
Il y a là une véritable ligne de partage, renforcée par la codification du droit de la consommation en 1993.
Les contrats de consommation obéissent à des règles particulières, d’ordre public, faites pour protéger le consommateur, partie présumée faible.
A l’inverse, les contrats entre professionnels n’obéissent pas à des règles dérogatoires
dans la mesure où l’on considère que les professionnels n’ont pas besoin d’être protégés.
Mais cette distinction rend imparfaitement compte tenu de l’étendue des contrats spéciaux.
Exemple : la vente qu’elle soit conclue avec un professionnel ou avec un consommateur obéit souvent aux mêmes règles.
-Il y a également une distinction entre les contrats internes et les contrats internationaux.
Cette distinction est bien réelle mais elle sollicite deux branches du droit distinctes :
le droit interne des contrats et le droit international privé des contrats.
Le plus souvent le contrat international est soumis à une loi nationale.
Mais il existe de plus en plus de règles matérielles applicables au contrat international qui sont différentes par rapport aux contrats internes, comme en
matière de vente ou de transport pour tenir compte des spécificités du commerce international.
En outre, le commerce international a donné naissance à des figures contractuelles originales.
Exemple : contrats de transfert de technologie ou contrats clés en mains.
- Une autre distinction doit être faite entre les contrats "prêt-à-porter" et les contrats "sur mesure".
Les contrats prêts à porter renvoient aux contrats d’adhésion assortis de conditions générales.
Ils sont pré-rédigés par des professionnels qui standardisent ainsi leurs opérations contractuelles.
Le risque est l’insertion de clauses abusives pour les consommateurs.
Les contrats sur mesure sont caractéristiques des contrats d’affaires où la négociation est souvent de rigueur.
Les parties négocient alors un contrat qui correspond à l’opération qu’elles envisagent de réaliser.
C’est dans ce domaine que l’inventivité contractuelle est la plus grande.
-Une autre distinction importante doit être faite entre les contrats de situation et les contrats d’occasion.
Les contrats de situation sont les contrats les plus importants pour la vie de l’entreprise.
Par exemple un contrat de concession exclusive est vital pour la pérennité de l’entreprise qui est concessionnaire.
C’est pourquoi, certaines règles particulières s’appliquent (contrôle de la résiliation : obligation de motiver).
Les contrats d’occasion répondent à des opérations ponctuelles qui ne se pérennisent pas dans le temps.
Ces opérations n’appellent pas de réglementation particulière.
Les deux principaux contrats portant sur des biens sont la vente et le bail.
Il s’agit de contrats emblématiques et particulièrement utiles à la vie économique.
Ces deux contrats ont subi des mutations fondamentales.
Il n’y a pas un droit de la vente et un droit du bail.
Ces disciplines qui gagnent en autonomie se spécialisent et sont traversées par des lignes de fracture diverses.
En droit de la vente, il existe aujourd’hui des différences de taille entre les ventes conclues entre professionnels et les ventes conclues entre consommateurs
et professionnels.
Le droit de la consommation a contribué à transformer le droit de la vente.
En droit des baux, la ligne de fracture passe par la distinction entre le bail des meubles (régi par la liberté contractuelle) et le bail des immeubles .
Titre I : La vente.
- La vente est un contrat conclu à titre onéreux, ce qui la distingue de la donation qui est un contrat conclu à titre gratuit.
- C'est un contrat en principe consensuel : le contrat est formé par le seul échange des consentements.
(Article 1583 du code civil : la vente est parfaite dès que les parties sont d’accord sur la chose et sur le prix).
La vente n’est donc pas un contrat réel (contrat qui se forme par la remise d’une chose comme par exemple le prêt) ni un contrat solennel (qui se forme par
la rédaction d’un écrit).
- C'est un contrat qui porte sur un bien (soit corporel soit incorporel).
C’est ce qui distingue la vente du contrat d’entreprise.
Le contrat de vente est sûrement le plus usuel des contrats et le plus important dans la vie économique :
C'est lui qui permet une circulation des biens et des valeurs, c’est le pilier d'une économie.
Dans une économie libérale qui repose sur la distribution et la consommation de masse, la vente est le rouage essentiel.
Comme tout contrat, la vente doit obéir aux quatre conditions de formation énoncées à l’article 1108 du Code civil, à savoir :
Le consentement des parties, leur capacité à contracter, une cause licite et un objet certain qui forme la matière de l'engagement.
Il faut voir quelles sont les règles spéciales qui régissent la formation du contrat de vente (Articles 1582 et suivants).
D'après l’article 1583 du code civil, la vente est formée "dès qu’on est convenu de la chose et du prix".
Il y a trois éléments :
- Le consentement,
- La chose,
- Le prix.
Le contrat de vente est un contrat consensuel, donc la vente se fait par la rencontre d’une offre et d’une acceptation.
Le plus souvent la conclusion d’un contrat de vente se fait de manière instantanée.
C'est le cas pour la plupart des ventes de meubles.
Il y a cependant des cas dans lesquels, en raison de la complexité de l’opération ou bien de la valeur du bien, la vente ne peut se faire de manière
instantanée.
§ 1 : Les avant-contrats.
Si le vendeur, après la conclusion de la promesse, refuse de réitérer la vente par un acte authentique, on peut obtenir en justice la constatation judiciaire de
la vente.
Comme la promesse synallagmatique vaut vente, le consentement est déjà donné à ce stade et la vente est réalisée.
Pour surmonter le refus du vendeur, le jugement vaudra régularisation de la vente.
Mais il n’est pas possible de généraliser : il faut d’abord regarder les clauses contenues dans la promesse.
La régularisation judiciaire n’est possible que si la promesse de vente contient une clause faisant de la réitération par acte notarié une modalité d’exécution
et non un élément de la formation de la vente.
Dans ce dernier cas, seuls des dommages et intérêts peuvent être attribués car le consentement n’a pas été donné au stade de la promesse.
Le pacte de préférence.
C’est un contrat par lequel une personne s’engage envers une autre à ne pas conclure le contrat avec des tiers avant de lui avoir proposé de conclure le
même contrat aux mêmes conditions.
Ce contrat est courant en droit des sociétés en matière de cession d’actions entre associés.
Le bénéficiaire du pacte ne peut pas forcer le promettant à conclure le contrat.
Ce dernier est libre de contracter ou non.
Mais s’il contracte, il doit proposer en priorité au bénéficiaire la conclusion du contrat.
Il ne s’agit donc pas d’un droit d’option mais d’un droit de préemption d’origine conventionnelle.
En cas de violation du pacte de préférence, le promettant engage sa responsabilité.
Si le tiers connaissait l’existence du pacte, le contrat conclu peut être annulé.
La jurisprudence refusait de prononcer la substitution forcée avec le bénéficiaire du pacte de préférence.
Il y a eu revirement.
Il est possible que cette solution s’étende à la promesse unilatérale de vente.
Normalement le principe de la force obligatoire empêche que l’on revienne sur un engagement contractuel.
Mais dans certains cas, il est possible pour une partie de se rétracter.
- La vente avec arrhes :
C’est une vente prévue à l’article 1590 du code civil.
L’acheteur verse une somme d’argent au vendeur à titre d’arrhes.
Cette modalité permet à l’acheteur de se rétracter librement.
Si la vente est confirmée, les arrhes s’imputeront sur le prix de vente.
Si en revanche, l’acheteur se rétracte, les arrhes resteront acquis au vendeur.
Si c’est le vendeur qui finalement renonce à vendre, celui-ci devra restituer à l’acheteur le double des arrhes.
- La vente avec faculté de dédit.
Dans ce cas, seul l’acheteur se réserve la possibilité de se dédire moyennant le versement d’une somme d’argent.
S’il se dédit, il perd cette somme d’argent.
Dans le cas d'une vente avec faculté de dédit, seul l’acheteur peut se dédire.
Le vendeur ne le peut pas.
Dans le cas de la vente avec faculté de dédit, la vente est effectivement formée (à ne pas confondre avec une promesse unilatérale de vente).
- La vente avec acompte.
Cette vente n’a rien à voir avec les deux précédents mécanismes.
Dans ce genre de vente, il n’y a pas de faculté de rétractation.
L’acompte est une partie du prix.
Cela ne vaut pas à titre d’arrhes ou de dédit.
Il existe aussi tout un arsenal législatif attribuant des droits de rétractation, de repentir ou de renonciation dans certains cas.
Il s’agit principalement de la protection des consommateurs.
Sont notamment visées les ventes à domicile.
Exemple : le démarchage à domicile qui est une technique agressive de vente ou les ventes à distance (Les ventes par catalogue ou par télé-achat).
Le plus souvent le délai de repentir est de 7 jours.
On voit ici l’influence concrète du droit de la consommation sur le droit de la vente.
Ces dispositions sont destinées à susciter la réflexion de la part des acheteurs-consommateurs.
La loi SRU du 13 décembre 2000 a créé un nouveau droit de rétractation portant sur les contrats ayant pour objet l’acquisition d’un immeuble d’habitation
(délai de rétractation de 7 jours).
Ce dernier texte s’applique à tous les immeubles neufs ou anciens, et bénéficie à l’acquéreur non professionnel.
Dans tous les cas où un droit de rétractation est prévu, celui-ci est susceptible de s’exercer après la conclusion du contrat.
Dans un système reposant sur le libéralisme économique, le principe est que normalement toute chose peut être vendue.
Certaines choses, par exception, ne peuvent être vendues.
Le principe veut que la vente ne puisse porter que sur une chose existante.
Ainsi si la chose disparaît, par exemple si elle est détruite au moment de la vente avant que celle-ci ne soit formée, la vente est nulle de nullité absolue
(Article 1601 du code civil).
Mais si si la disparition a lieu après l’échange des consentements, le contrat est formé et le problème est résolu par la répartition des risques.
(En matière de vente, les risques pèsent sur l’acheteur qui est immédiatement propriétaire).
Le code civil prévoit néanmoins que l'on peut vendre une chose future (Article 1130 du code civil).
le contrat de vente d’immeuble à construire.
Cette vente obéit à un régime spécial qui se distingue de la vente d’immeuble existant.
Elle a été réglementée par la loi du 3 janvier 1967 codifiée aux articles 1601-1 et suivants du code civil auxquels il faut ajouter les articles L. 261-9 et
suivants du code de la construction et de l’habitation qui réglementent dans le détail ces contrats.
Le but de cette loi a été de protéger les acheteurs qui contractent sur un bien qui n’existe pas encore.
Il y a deux sortes de ventes d’immeubles à construire :
La vente à terme et la vente en l’état futur d’achèvement.
Dans la vente à terme, le transfert de propriété se fait le jour où l’immeuble est achevé, avec un effet rétroactif au jour de la conclusion du contrat.
La vente en l'état futur d'achèvement est plus originale :
Le transfert de propriété s’opère immédiatement pour le sol.
En revanche, la propriété est acquise sur les constructions au fur et à mesure de leur avancement et le prix est payé à mesure de l’avancement des travaux
(contrat réalisé par tranches).
C) La chose d’autrui.
Il résulte de l’article 1583 du code civil que pour que le contrat de vente soit valable il faut que la chose soit déterminée ou déterminable.
Si la chose n’est pas déterminée (description imprécise) ou n’est pas déterminable avec suffisamment de fermeté, le contrat est nul.
La chose doit donc être décrite.
Cette règle s’applique particulièrement aux corps certains dont les composantes et les caractéristiques doivent être énoncées.
La règle s’applique différemment aux choses de genre (qui se caractérisent par leur fongibilité) :
La détermination se fait en référence à l’espèce et à la quantité.
La chose doit aussi être individualisée.
Une telle individualisation ne pose pas de problème pour un corps certain :
Par définition un corps certain est une chose individualisée et non substituable.
C’est à propos des choses de genre que l’individualisation est nécessaire.
Exemple : le vendeur dispose de 10 tonnes de blé, la vente porte sur 1 tonne.
Il va falloir individualiser cette tonne vendue au sein des 10 tonnes disponibles.
Il faut également distinguer 2 types de vente.
La vente au poids, au compte ou à la mesure (Article 1585 du code civil) :
dans ce cas, l’individualisation est une condition d’exécution du contrat.
Le transfert de propriété et des risques se fera au moment du pesage, du comptage ou du mesurage.
La vente en bloc (Article 1586 du code civil) :
dans ce cas, la vente est parfaite quoique les marchandises n’aient pas encore été pesées, comptées ou mesurées.
Ici, le pesage, le comptage ou le mesurage servent à calculer le prix définitif.
Section III : Les règles spéciales au prix, condition de la vente.
Le prix est une contrepartie monétaire représentée par une somme d’argent.
Le principe établi depuis 1986 est la liberté des prix.
Sauf exceptions, les prix sont librement fixés par les parties au contrat de vente.
C’est logique dans une économie libérale où les prix résultent du jeu de l’offre et de la demande.
Il n’y a donc plus, sauf hypothèses exceptionnelles, de contrôle des prix par l’administration.
Le prix est en premier lieu un instrument de qualification du contrat de vente.
C’est l’existence d’un prix qui permet de qualifier une convention de contrat de vente.
En effet, la vente n’est pas le seul contrat translatif de propriété.
La vente se reconnaît à l’existence d’un transfert de propriété accompagné du versement d’un prix.
C’est en cela que la vente se distingue de l’échange ou de la donation.
Des requalifications du contrat sont alors possibles.
A défaut de prix, un contrat de vente peut être requalifié en donation s’il existe une intention libérale.
Outre la qualification du contrat, le prix intervient aussi au stade de la validité du contrat :
C'est une condition de validité du contrat de vente.
Il ne faut pas oublier non plus que le paiement du prix est l’obligation principale assumée par l’acheteur.
Le prix doit tout d’abord être réel : il s’oppose au prix fictif ou au prix simulé.
Il faut comprendre que la simulation est en principe autorisée en droit :
il y a un acte apparent et une contre-lettre qui est le véritable contrat mais qui est caché.
Mais la simulation est prohibée lorsqu’elle emporte une fraude.
Il en va ainsi lorsque les parties conviennent d’un prix apparent relativement bas et conviennent dans le même temps d’une contre-lettre portant sur le vrai
prix (celui qui sera effectivement versé et qui est plus élevé).
Cette pratique est faite pour frauder le fisc.
Les droits d’enregistrement en matière de vente sont proportionnels au montant du prix.
Ainsi plus le prix est bas, plus les impôts le sont aussi.
Selon l’article 1840 CGI, la contre-lettre est nulle lorsque la vente porte sur un immeuble, un fonds de commerce ou une clientèle.
Seule la contre-lettre est nulle ; l’acte apparent demeure valable.
Le prix doit ensuite être sérieux.
Cela veut dire a contrario que le prix ne doit pas être dérisoire ou vil.
Le prix dérisoire est un prix tellement bas qu'il devient presque inexistant.
Le contrat encourt alors une nullité absolue pour absence de prix.
Il ne faut pas confondre le prix vil et le prix lésionnaire.
Le prix lésionnaire est un prix désavantageux, qui n’entretient pas un rapport avec la valeur réelle du bien.
La lésion, en principe, n’est pas cause de nullité des contrats sauf exceptions.
Le prix dérisoire est beaucoup plus bas que le prix lésionnaire :
c’est un prix excessivement bas.
Il existe cependant des cas où les ventes à prix dérisoire sont exceptionnellement admises.
C’est le cas de certaines ventes à prix symboliques.
Il s’agit en particulier de cessions d’entreprises en difficultés.
Il est admis que la vente de telles entreprises (en réalité des droits sociaux) pour un euro symbolique est valable.
Il faut cependant qu’en dehors du prix (qui est dérisoire), le contrat soit causé par une contrepartie réelle. Exemple : engagement de payer les dettes de
l’entreprise).
Le transfert de propriété est l’essence du contrat de vente, c’est ce qui permet de qualifier le contrat.
Le code civil lie le transfert de propriété et le transfert des risques (risque de perte de la chose).
Selon le principe, les risques sont transférés à l’acheteur qui devient immédiatement propriétaire du seul fait de l’échange des consentements (res perit
domino : les risques pèsent sur le propriétaire).
Ainsi si la chose est perdue après la formation du contrat de vente. Ce risque pèse sur l’acheteur qui doit tout de même payer le prix même s’il n’a pas été
livré (Article 1138 aliné 2 du code civil).
Fondé sur le consensualisme, le code civil consacre le transfert automatique de la propriété par le seul échange des consentements.
Le transfert de propriété est automatique, abstrait et instantané.
C’est la règle issue de l’article 1583 :
le transfert de propriété s’effectue dès que la vente est parfaite, c’est-à-dire dès qu’il y a accord sur la chose et sur le prix.
Le transfert s’effectue du seul fait des consentements.
Le transfert de propriété s’effectue de manière abstraite :
il s’effectue quand bien même la chose n’a pas été livrée (qu’elle n’est pas entre les mains de l’acheteur), quand bien même l’acheteur n’aurait pas payé le
prix.
La livraison de la chose et le paiement du prix sont des obligations qui naissent du contrat mais qui ne conditionnent pas le transfert de propriété.
Le caractère automatique du transfert de propriété jette un doute sur l’utilité de l’obligation de donner.
Dans la mesure, où le transfert s’effectue de manière automatique, il n’y a pas lieu à exécution de cette obligation.
C’est pourquoi, certains auteurs estiment que l’obligation de donner, bien qu’envisagée par le code civil, n’existe pas ou bien si elle existe n’a aucune utilité.
La règle subit quelques aménagements.
Elle ne vaut réellement que pour les corps certains. Pour les choses de genre, le transfert de propriété ne s’effectue qu’au moment de leur individualisation
(c’est à partir de cette individualisation que la chose de genre devient un corps certain).
Le transfert de propriété intéresse les relations du vendeur et de l’acheteur.
Mais cela intéresse également les tiers.
Au regard des tiers, se pose le problème particulier de l’opposabilité du transfert de propriété.
Les règles sont différentes selon que la vente est immobilière ou mobilière.
- Si la vente est mobilière, c’est la possession de la chose qui permet de résoudre les difficultés.
Il n’y a aucune obligation de publicité (au moins à titre général, il y a des cas particuliers.
Exemple : les cessions de brevet et de marque sont soumises à publicité auprès de l’INPI.
Si une chose mobilière est vendue par le même vendeur à plusieurs acheteurs, c’est celui qui est en possession de la chose (et qui est de bonne foi) qui doit
être considéré comme propriétaire.
La possession est un élément de fait qui permet ici de déterminer qui est propriétaire.
C’est la solution donnée par l’article 1141, qui est l’application particulière en matière de vente de l’article 2279 du code civil.
§ I : L’obligation de délivrance.
L’article 1604 du code civil définit l’obligation de délivrance comme étant "le transport de la chose en la puissance et la possession de l’acheteur".
C’est une obligation de résultat.
Il ne faut pas confondre cette obligation de délivrance avec le transfert de propriété.
L’obligation de donner assure l’acheteur de la propriété du bien et c’est un effet légal de la vente.
L’obligation de délivrance va permettre à l’acheteur d’avoir la possession matérielle et concrète de la chose.
Ainsi l’obligation de délivrance porte sur le transfert non de la propriété de la chose mais sur le transfert de la possession.
Le terme de puissance employé par l’article 1604 est ambigu : il signifie que l’acheteur est le nouveau propriétaire et qu’il a donc la puissance sur la chose.
Il faut retenir la possession : avec la délivrance, l’acheteur a la maîtrise matérielle de la chose (mais plutôt que de possession, il s’agit plus précisément de
détention).
Le plus souvent le transfert de propriété est simultané à la délivrance de la chose (ainsi dans les ventes courantes à la consommation).
Mais il est possible de dissocier dans le temps les deux transferts.
Le plus souvent le transfert de propriété se fait d’abord (car de manière instantanée) et la délivrance de la chose se fait ensuite.
Il est possible que ce soit l’inverse : lorsqu’il existe une clause de réserve de propriété, la délivrance se fait d’abord et le transfert de propriété se fait
ensuite.
La délivrance se distingue aussi de la livraison.
Selon l’article 1614 du code civil, la délivrance consiste à laisser la chose vendue à la disposition de l’acheteur.
Dans cette mesure, l’obligation de délivrance est plutôt une obligation de ne pas faire :
ne pas empêcher l’acheteur de venir prendre livraison de la chose.
La chose est mise à la disposition de l’acheteur.
Normalement c’est à l’acheteur de venir chercher la chose ;
la chose est quérable (les frais d’enlèvement de la chose sont normalement à la charge de l’acheteur).
En matière de vente immobilière, le code civil est encore plus précis car il indique que la délivrance s’effectue par la remise des clefs ou des titres de
propriété (article 1605 du code civil).
En pratique, cependant, les modalités concrètes de la délivrance sont très variées.
Exemple : pour la vente d’animaux, la délivrance s’effectue par le marquage des animaux ou bien, pour toute chose, lorsque la délivrance implique un
transport on considère que la délivrance est effectuée par la remise de la chose au transporteur.
Comme pour le transfert de propriété, les dispositions du code civil relatives à la délivrance ne sont pas impératives.
Il est donc possible par des clauses d’aménager les conditions de la délivrance.
Il est possible de stipuler que le vendeur aura l’obligation de livrer la chose.
La chose, par cette clause, devient portable.
La délivrance porte à la fois sur la chose elle-même mais également sur les accessoires de la chose (Article 1615 du code civil).
Ces accessoires sont matériels (ex : un mode d’emploi ou) ou juridiques (avec la chose sont transmis les actions en justice liées à la chose ou bien les
contrats portant sur la chose par exemple le bail commercial en cas de cession de fonds de commerce).
En pratique, c’est l’acheteur qui contrôle la conformité de la chose au moment de la délivrance.
Mais la plupart des conditions générales de vente contiennent des clauses relatives au contrôle de la conformité.
Ces clauses obligent à contrôler la conformité de la chose à réception et prévoient un délai pendant lequel l’acheteur doit dénoncer la non-conformité.
Passé ce délai, l’acheteur renonce à toute action en justice : le bien est considéré comme ayant été accepté sans réserves.
De telles clauses n’empêchent cependant pas d‘agir sur le fondement des vices cachés.
En l’absence de telles clauses et en droit commun de la vente, la réception implique toujours une vérification de la conformité.
C’est à ce moment-là que l’acheteur est apte à vérifier que la chose livrée est bien la chose convenue.
Si l’acheteur réceptionne sans faire de réserves, les défauts de conformité sont couverts.
Arrêt de la cour de cassation, 1ère chambre civile, du 26 juin 2001 : "La réception sans réserve de la chose vendue couvre ses défauts apparents de
conformité".
Il faut donc en cas de non-conformité faire des réserves au moment de la réception.
Mais la réception sans réserves ne couvre pas les défauts cachés (qui par définition ne peuvent être décelés au moment de la réception).
Dans ce cas, la garantie des vices cachés intervient après l’obligation de délivrance conforme et en prend le relais.
Il existe aussi une pratique dite du laissé pour compte (en matière commerciale) :
en cas de non-conformité, l’acheteur refuse la marchandise ou la restitue au vendeur.
Cette attitude est un moyen de pression sur le vendeur qui, s’il reconnaît la non-conformité, pourra échanger la marchandise.
Si le vendeur ne reconnaît pas la non-conformité, il lui reviendra à lui et non à l’acheteur d’agir en justice pour obtenir l’exécution forcée ou la résolution.
- l’acheteur refuse la chose en l’état de la non-conformité (la chose n’est pas réparable par exemple) :
les initiatives sont renversées et il revient au vendeur d’agir contre l’acheteur.
L’obligation de délivrance oblige à délivrer la chose vendue.
Il existe cependant de grandes difficultés portant sur les contours de l’obligation de délivrer une chose conforme.
Très souvent, le transfert de propriété a lieu d’abord et la délivrance intervient après.
Il est possible que la délivrance porte sur une autre chose que celle qui a été vendue.
Il faut que la délivrance porte sur une chose identique à celle qui a fait l’objet du contrat.
Il faut que la délivrance porte sur une quantité identique.
Les problèmes viennent d’une différence quant à la qualité de la chose.
Il incombe au vendeur de délivrer une chose qui a la même qualité que la chose vendue.
Cette qualité s’apprécie normalement par rapport aux caractéristiques spécifiées dans le contrat (lorsqu’elles l’ont été).
Exemple : l’acheteur d’une voiture peut exiger la couleur convenue et non une couleur légèrement différente.
Elle peut aussi s’apprécier au regard de normes obligatoires (exemple : normes de sécurité, sanitaires ou d’urbanisme).
Si la chose délivrée n’a pas la même qualité que la chose qui a fait l’objet du contrat, se pose un problème de délivrance conforme.
En jurisprudence, il a été question de la distinction entre cette obligation de conformité et la garantie des vices cachés.
Cette question ne porte que sur des différences de qualité dans la chose délivrée.
A priori la distinction entre délivrance conforme et vices cachés est simple.
La conformité permet de savoir si c’est la même chose qui est délivrée par rapport à la chose objet du contrat.
Si la chose est différente par rapport à ce qui a été convenu, la conformité est mise en jeu.
La garantie des vices cachés porte sur la chose qui a fait l’objet du contrat et permet de garantir l’acheteur contre les vices qui rendent impropre la chose à
l’usage auquel l’acheteur la destinait.
Le vice caché est un défaut de la chose (la chose étant par ailleurs conforme à la commande).
De manière schématique, la conformité concerne les cas où c’est une autre chose qui est délivrée et les vices cachés les cas où c’est la même chose mais
affectée d’un vice (la chose est de moins bonne qualité mais correspond à ce qui était convenu au contrat).
Cette distinction a en outre des conséquences techniques importantes. La prescription en matière de défaut de conformité est de 30 ans (10 en matière
commerciale) et pour la garantie des vices cachés de 2 ans depuis la réforme de 2005.
En pratique, lorsque le problème s’est posé en jurisprudence (avant la réforme de 2005), toutes les fois où ce bref délai était expiré, de nombreux plaideurs
se sont fondés sur un défaut de conformité pour agir contre le vendeur.
Cela a posé d’autant plus de problèmes que la distinction entre conformité et vices cachés n’est pas si simple qu’on pourrait le penser.
Il y a non-conformité lorsque la chose ne remplit pas les caractéristiques attendues.
Dans une vision large de la conformité, il est possible d’intégrer les vices cachés dans la non-conformité.
Ainsi, si la chose ne fonctionne pas ou ne fonctionne pas normalement, elle n’est pas conforme aux caractéristiques attendues de la chose.
Au nom d’une conception large de la conformité, il est possible d’attraire les vices cachés dans le champ de la conformité.
Le risque est alors de tenir pour quasi-lettre morte les dispositions du code civil sur les vices cachés, les vices cachés étant absorbés dans la non-conformité.
Pour savoir s’il y a non-conformité, on s’attachera aux stipulations du contrat pour savoir quelle chose, au terme du contrat, devait être livrée.
On fait référence à la fois aux stipulations expresses (en pratique l’acheteur a tout intérêt à préciser les caractéristiques qu’il attend de la chose dans le bon
de commande) et aux stipulations implicites (ex : en cas de vente d’une voiture, il est implicitement stipulé que celle-ci ne doit pas avoir été volée : Arrêt de
la cour de cassation, 1ère chambre civile, du 29 mai 1996.
Le critère est ici subjectif : on recherche la volonté des parties (exprimée ou non) pour savoir quelles sont les caractéristiques voulues de la chose vendue.
L’obligation de délivrance joue même lorsque l’usage de la chose n’est pas affecté (ex : un véhicule livré qui a un kilométrage supérieur à celui du véhicule
convenu : il y a non-conformité.
La garantie est due même si le véhicule fonctionne parfaitement).
Il y a vice caché lorsque la chose ne correspond pas à l’usage attendu de la chose vendue :
il faut une différence entre l’usage attendu et l’usage réel.
Le critère est objectif :
c’est l’usage de la chose qui compte.
Exemple : le véhicule livré a le même nombre de kilomètres que celui qui a été convenu mais ne roule pas).
Le problème en pratique est que la distinction entre les stipulations contractuelles et l’usage attendu de la chose est parfois impossible à faire.
Quoiqu’il en soit, la directive de 1999 sur la garantie des biens de consommation ne connaît pas de la distinction entre non-conformité et vices cachés et ne
connaît qu’un régime unique de garantie.
C’est dans ce sens qu’est allée l’ordonnance du 17 février 2005 (qui laisse subsister cependant le droit commun).
Il en va de même de la Convention de Vienne de 1980 sur la vente internationale.
Ces sanctions ont lieu en cas d’inexécution partielle (ex : retard ou bien délivrance non-conforme) ou en cas d’inexécution totale.
C’est pour grande partie les sanctions du droit commun qui sont reprises en matière de vente.
Dans tous les cas, l’acheteur peut demander des dommages et intérêts s’il a éprouvé un préjudice.
Article 1611 du code civil : "Dans tous les cas, le vendeur doit être condamné aux dommages et intérêts s’il résulte un préjudice pour l’acquéreur du défaut
de délivrance au terme convenu".
Il est ensuite possible de demander l’exécution forcée de l’obligation de délivrance.
Il faut que la délivrance soit encore possible (dans ce cas seuls des dommages et intérêts peuvent être alloués).
Dans le même esprit, l’acheteur peut obtenir une autorisation judiciaire en vue de s’approvisionner auprès d’un tiers (s’il y a surcoût celui-ci incombe au
vendeur défaillant : Article 1144 du code civil).
En matière commerciale, l’acheteur a une faculté de remplacement sans autorisation judiciaire.
Il est également possible de demander en justice la résolution du contrat de vente (Article 1610 du code civil), sauf existence d’une clause résolutoire de
plein droit.
L’inexécution de l’obligation de délivrance est une inexécution contractuelle qui peut aboutir à la résolution du contrat.
En cas d’inexécution totale, le juge peut allouer à l’acheteur des dommages et intérêts.
Il existe une particularité en matière commerciale : lorsque l’inexécution du contrat n’est pas assez grave pour justifier la résolution de la vente, le juge peut
procéder à une réfaction du contrat (réduction du prix).
C’est le cas lorsque l’intégralité de la commande n’a pas été livrée ou lorsque la qualité de la chose est moindre que celle qui avait été convenue.
§ II : L’obligation de garantie.
La garantie est une obligation qui découle de la loi et qui s’applique à tous les vendeurs. Elle s'applique même s'il n'y a pas faute du vendeur.
Elle est objective.
La garantie répond à l’idée que l’acheteur ne doit pas être privé de la chose : le vendeur doit garantir l'acheteur.
L’obligation de garantie est postérieure à la délivrance.
L’obligation de garantie est donc un prolongement de l’obligation de délivrance.
La garantie est double : garantie d’éviction et garantie des vices cachés.
La garantie d'éviction garantit l'acheteur contre les défauts du droit acquis sur la chose, et la garantie des vices cachés garantit contre les défauts de la
chose elle-même.
A) La garantie d’éviction.
Le vendeur a transféré la propriété du bien. Il doit être empêché de reprendre par des voies détournées le bien qu’il a vendu en évinçant lui-même
l’acheteur.
C’est une règle d’ordre public :
toute clause qui exclurait la garantie d’éviction sera nulle.
Une clause étendant la garantie est cependant valable.
Mais toute clause restreignant la garantie est nulle.
Le vendeur doit tout d’abord garantie à l'acheteur au titre des troubles de droit.
Certes le vendeur peut exercer une action en nullité ou en résolution.
Si de telles actions réussissent le contrat est anéanti et la garantie disparaît.
Le vendeur doit en réalité s’interdire d’exercer des droits qui ont pour effet d’évincer l’acheteur.
Exemple : le vendeur vend un bien immobilier deux fois à deux acheteurs différents.
C’est la seconde vente qui est publiée en premier (et qui est donc la seule opposable).
Mais le second acheteur hérite du vendeur.
L’obligation de garantie est transmise dans la succession.
Cette obligation l’empêche alors de se prévaloir de la primauté de la publication de la seconde vente.
Il ne peut ainsi évincer le premier acheteur (Arrêt de la cour de cassation, 1ère chambre civile, du 5 mai 1987).
De manière générale, le vendeur peut donc intenter toute action liée à la vente (ex : nullité) mais il ne peut pas au titre de la garantie d’éviction émettre des
prétentions au titre de règles étrangères à la vente.
Le vendeur doit aussi la garantie contre les troubles de fait.
C’est plus fréquent que les troubles de droit.
Ainsi le vendeur ne doit pas troubler l’acheteur dans la jouissance du bien.
L’exemple type est la cession de fonds de commerce.
Au terme d’une jurisprudence constante, le vendeur d’un fonds de commerce a l’obligation de s’abstenir de tout acte de nature à détourner la clientèle du
fonds cédé. Par exemple en réinstallant un commerce similaire à proximité du fonds vendu.
Cette obligation perdure même après l’expiration d’une clause de non-concurrence.
Autre exemple tiré de la jurisprudence :
le vendeur d’un terrain ne peut ensuite construire sur un terrain voisin dont il est resté propriétaire une construction bouchant la vue du terrain vendu.
Le vendeur dans ce cas-là doit garantir l’éviction qui émane non pas de lui-même mais d’un tiers à la vente.
Il ne peut s’agir en la matière que de l’éviction contre les troubles de droit.
La garantie ne porte pas ici contre les troubles de fait (ex : dégradations commises par un tiers ou vol).
La garantie contre les troubles de droit s’explique facilement :
la vente est avant tout le transfert d’un droit (sur une chose).
Ce n’est donc pas la chose elle-même qui est transmise mais le droit de propriété portant sur cette chose.
Il peut y avoir éviction totale.
Par exemple, un tiers se prétend propriétaire de la chose.
C’est un cas de vente de la chose d’autrui (qui donne lieu également à la garantie d’éviction).
Outre la revendication du bien par un tiers, ce tiers peut se prévaloir d’une sûreté réelle dont l’exercice va priver l’acheteur du bien en l’évinçant (ex :
hypothèque : le créancier hypothécaire saisit l’immeuble).
Il peut y avoir aussi éviction partielle :
un tiers dispose d’une partie des droits sur le bien vendu (ex : usufruit ou un droit d’usage).
Le bien vendu peut aussi être affecté de charges non déclarées (ex : servitude).
Dans ce cas, l’acheteur n’est pas réellement évincé mais il doit supporter une charge venant d’un droit exercé par un tiers.
La garantie d’éviction joue.
L’article 1638 du code civil le prévoit expressément pour les servitudes non apparentes.
Cette règle a été généralisée à toutes les charges qui affectent l’utilité du bien vendu.
La garantie du fait d’un tiers n’est pas d’ordre public.
Il est possible d’insérer dans le contrat de vente une clause de non garantie du fait des tiers.
Cette clause est prévue à l’article 1629 du code civil.
Cependant la jurisprudence prive d’effet de telles clauses lorsque le vendeur est de mauvaise foi ou s’il est un professionnel.
En cas d’éviction totale, l’article 1630 du code civil permet à l’acheteur de former quatre types de demandes différentes.
Il peut demander :
1) la restitution du prix
2) la restitution des fruits (ex : indemnité d’occupation que l’acquéreur a dû verser au véritable propriétaire) lorsque l’acheteur est obligé de les rendre au
propriétaire qui l’évince (ce qui suppose que l’acquéreur connaissait les droits du tiers sinon l’acquéreur est lui-même dispensé de la restitution des fruits en
vertu de l’article 549 du code civil).
4) des dommages et intérêts pour compenser tout préjudice (ex : investissements réalisés sur le bien.)
Ces différentes possibilités rendent plus avantageux pour l’acheteur évincé d’invoquer l’article 1630 du code civil plutôt que de demander la nullité du contrat
pour vente de la chose d’autrui (Article 1599 du code civil).
En cas d’éviction partielle ou de charge subie par l’acquéreur, ce dernier a deux possibilités :
Il peut soit demander la résolution de la vente soit demander une indemnité équivalente à une diminution de prix.
Une telle garantie est connue depuis le droit romain (où elle s’appliquait essentiellement à la vente d’animaux et d’esclaves). Cette garantie est
consubstantielle à la vente en ce qu’elle dérive du devoir général de loyauté : le vendeur doit garantir l’acheteur contre les vices de la chose et doit ainsi
vendre une chose conforme à l’usage auquel l’acheteur s’attend.
Une telle garantie a connu un essor remarquable à partir de l’apparition d’une consommation de masse couplée avec la distribution de biens plus complexes
et plus dangereux. La technicité des biens a redonné une utilité particulière à la garantie des vices cachés.
Aujourd’hui la garantie protège l’acheteur et particulièrement l’acheteur consommateur (dispositions du code civil qui protègent en fait essentiellement le
consommateur). La garantie du vendeur professionnel est exigeante.
Elles sont posées à l’article 1641 du code civil : "Le vendeur est tenu de la garantie à raison des défauts cachés de la chose vendue qui la rendent impropre
à l’usage auquel on la destine, ou qui diminuent tellement cet usage, que l’acheteur ne l’aurait pas acquise, ou n’en aurait donné qu’un moindre prix, s’il les
avait connus".
On peut tenir pour acquis au vu de la jurisprudence que les notions de vice et de défaut sont synonymes. Le vice est un défaut qui rend la chose impropre à
l’usage auquel on la destinait (appréciation souveraine des juges du fond).
Il faut que ce vice provienne de la chose elle-même, soit inhérent à elle. Un vice se confond donc avec le défaut lui-même (ex : erreur de fabrication, une
anomalie, une malfaçon), défaut qui provient de la chose elle-même et qui affecte l’usage de cette chose (ex : la chose est moins solide).
Il ne faut donc pas que le trouble à l’usage provienne de facteurs extérieurs à la chose. C’est pourquoi il est généralement nécessaire d’identifier la nature
du vice (au moyen le plus souvent d’une expertise).
La jurisprudence dispense parfois l’acheteur de prouver l’existence d’un vice en particulier lorsque le lien entre le trouble subi par lui et la chose est évident
(ex : une bouteille qui explose sans avoir été heurtée ou manipulée : l’explosion résulte nécessairement d’un vice de la chose).
- un vice rédhibitoire :
Le vice de la chose doit présenter une certaine gravité. Selon l’article 1641 du code civil, il faut que la chose soit impropre à l’usage auquel on la destine ou
que le vice diminue tellement cet usage que l’acheteur ne l’aurait pas acquise ou n’en aurait donné qu’un moindre prix.
A ce propos, la jurisprudence tient à bien distinguer les vices cachés et l’erreur : les deux fondements sont différents).
Le vice doit donc être rédhibitoire ce qui signifie qu’il doit être grave (sempiternel exemple des tuiles gélives ou bien de l’inconstructibilité d’un terrain :
aujourd’hui la jurisprudence affirme que l’inconstructibilité d’un terrain relève des vices cachés).
A contrario un vice minime ou facilement réparable n’est pas pris en compte. Mais il n’est pas nécessaire que le vice empêche totalement d’utiliser la chose.
Il suffit que l’usage en soit diminué.
Il faut que l’usage de la chose soit troublé. On fait référence à l’usage normal de la chose, c’est-à-dire l’usage auquel la chose est normalement destinée
(ex : achat d’un véhicule de collection : l’usage normal est de s’en servir à titre exceptionnel, l’acheteur ne peut se plaindre d’un mauvais fonctionnement s’il
utilise ce véhicule comme un véhicule normal).
Si l’acheteur veut faire un usage spécifique de la chose, il doit le spécifier au vendeur et la garantie relèvera alors non pas des vices cachés mais de la non-
conformité.
Il est logique que le vice doive exister avant que la vente ait lieu, il doit être antérieur. Plus précisément le vice doit être antérieur à la date du transfert des
risques. Il faut se garder d’une confusion : le vice doit être antérieur à la vente mais, parce qu’il est caché, il n’apparaîtra à l’acheteur qu’après la vente.
C’est donc un vice qui existait au moment de la vente et qui est révélé par la suite (il peut s’agir d’un vice seulement en germe par exemple lorsque le
défaut provient d’insectes qui existaient seulement à l’état de larves lors de la vente).
D’ailleurs un vice peut se révéler longtemps après la vente (les délais pour agir partent à compter non de la vente elle-même mais de la révélation du vice).
La règle est logique : le vendeur ne garantit pas les défauts qui résultent de l’usure normale de la chose.
- un vice caché.
Le vice caché s’oppose ici au vice apparent. Le vendeur n’est tenu à garantie que des vices cachés. La garantie ne joue pas pour les vices apparents (exclus
expressément par l’article 1642 du code civil).
Avant la réforme du 17 février 2005, l’article 1648 du code civil disposait que l’action en garantie des vices cachés devait être intentée dans un bref délai.
Cette disposition obligeait l’acheteur à agir rapidement contre son vendeur. Il n’était pas précisé la durée exacte de ce délai.
L’imprécision était gênante : selon les ventes, le délai variait sans que l’on sache à l’avance quel était le délai pour agir. Il n’y avait pas de prévisibilité du
délai.
Cela était fait pour inciter l’acheteur à agir au plus vite et ainsi à se montrer particulièrement diligent. Il y avait un autre inconvénient : le vendeur pouvait
volontairement faire durer les discussions avec l’acheteur dans le but de soulever plus tard une fin de non recevoir tirée de l’expiration du bref délai.
C’est une tactique que certains vendeurs utilisaient. Il y avait un moyen procédural de contourner le bref délai : faire une assignation en référé (le plus
souvent un référé-expertise) dans le bref délai ce qui a pour effet d’interrompre la prescription et de faire courir le délai de droit commun de 30 ans à
compter de la vente pour agir au fond (interversion de la prescription).
L’existence du bref délai était aussi à l’origine des hésitations jurisprudentielles sur les contours de la garantie des vices cachés. Tandis que les vices cachés
étaient enfermés dans un bref délai, la garantie de non-conformité elle obéit au délai de 30 ans ! C’est pourquoi la jurisprudence a eu tendance à considérer
un défaut de la chose comme relevant de la non-conformité toutes les fois où le bref délai était expiré. Ce n’est plus possible aujourd’hui.
La conformité du bref délai a été contestée au regard de la convention européenne des droits de l'Homme.
La cour de cassation, dans un arrêt du 21 mars 2000, a décidé que la notion de bref délai si elle n’indique pas une durée précise n’est est pas moins claire
dans son objectif et d’application simple selon une jurisprudence constante ; cette disposition ne saurait donc constituer une restriction inadmissible au droit
d’agir. Le principal avantage du bref délai était sa souplesse.
L’appréciation du bref délai variait d’un cas à un autre. Cela relevait du pouvoir souverain des juges du fond. L’article 1648 donnait des indications : Le calcul
du bref délai dépendait de la nature du vice et de l’usage du lieu où la vente a été faite.
Les juges appréciaient le délai aussi en fonction de la nature de la chose et du comportement de l’acheteur (ex : s’il avait recherché ou non un arrangement
amiable).
Par définition, le bref délai variait en fonction des circonstances mais en moyenne on peut dire qu’il était d’environ 1 an.
Le délai commençait à courir non pas du jour de la vente mais du jour où l’acheteur a eu connaissance du vice, donc à compter de sa révélation.
Le bref délai a disparu par l’effet de la réforme de l’ordonnance du 17 février 2005. L’article 1648 dispose désormais que "L’action résultant des vices
rédhibitoires doit être intentée par l’acquéreur dans un délai de deux ans à compter de la découverte du vice". Ce délai a l’immense avantage de la
prévisibilité.
Il n’y a plus aucune discussion sur la longueur du délai pour agir qui pouvait varier d’une espèce à une autre. Il est relativement court tout en étant plus
long que l’ancien bref délai (qui variant comme l’on sait de 3 mois à 1 an environ). Il faut noter que ce délai court à compter de la découverte du vice et non
du jour de la vente. Tout dépend donc du moment où le vice apparaît.
L’acheteur a une option et il a droit en plus à des dommages et intérêts si le vendeur est de mauvaise foi. L’article 1644 du code civil confère à l’acheteur
une option : "l’acheteur a le choix de rendre la chose et de se faire restituer le prix, ou de garder la chose et de se faire rendre une partie du prix".
Si l’acheteur décide de rendre la chose, il exerce l’action rédhibitoire.
C’est une forme de résolution du contrat : le contrat est anéanti avec effet rétroactif. Si l’acheteur préfère conserver la chose et obtenir une restitution du
prix, il exerce l’action estimatoire. Le juge va en fonction de la gravité du vice décider de la restitution d’une partie du prix : c’est une forme de réfaction du
contrat. L’acheteur choisit librement entre l’action rédhibitoire et l’action estimatoire (cela ne dépend normalement pas de la gravité du vice). Une clause du
contrat ne peut pas empêcher l’action rédhibitoire en prévoyant une réparation ou un remplacement de la chose.
Mais parfois, lorsque le vice n’est pas très grave, les juges peuvent condamner le vendeur à réparer la chose (c'est a priori difficile à justifier car si le vice est
grave, la seule option est entre l’action rédhibitoire et l’action estimatoire et si le vice n’est pas grave aucune action spéciale n’est ouverte.
Mais on peut expliquer aussi la jurisprudence : il s’agit ici de privilégier une réparation en nature que les dispositions du code civil relatives à la vente
n’interdisent pas. C’est même le principe dans la directive de 1999 sur la garantie des biens de consommation).
L’article 1645 du code civil permet à l’acheteur d’obtenir des dommages et intérêts si le vendeur connaissait les vices de la chose, autrement dit était de
mauvaise foi. Les dommages et intérêts couvrent tous les préjudices liés à l’existence du vice caché. En réalité, la jurisprudence est très sévère à l’égard du
vendeur professionnel : il est présumé connaître tous les vices de la chose, même ceux qui sont indécelables, ce qui revient à dire qu’il est présumé de
mauvaise foi.
C’est une forme de responsabilité de plein droit du vendeur professionnel (sans faute).
4) Quelle est la marge de liberté des parties ? Est-il possible de conclure des clauses relatives à la garantie des vices cachés ?
Plus particulièrement les parties peuvent elles stipuler des clauses élusives de garantie du vendeur ?
L’article 1643 du code civil le permet à la condition que le vendeur n’ait pas connu les vices (rapport à la bonne foi : le vendeur ne peut pas être dispensé de
la garantie s’il connaissait le vice au moment de la vente). Pour que la clause soit valable, il faut que le vendeur soit de bonne foi.
Mais le problème principal réside dans les relations entre professionnels et consommateurs. Selon la jurisprudence et la loi (droit de la consommation), dans
les relations professionnels / consommateurs, toute clause limitant la garantie des vices cachés est nulle (abusive en application du code de la
consommation). Plus précisément toute clause limitative ou élusive est nulle lorsque le vendeur est professionnel et lorsque l’acheteur est consommateur.
Dans ce cas, on considère que le vendeur professionnel est présumé de mauvaise foi, qu’il devait donc connaître les vices de la chose et que par conséquent
il ne peut échapper à sa garantie. Cass. 3 janvier 1984 : "tenu de les connaître, il ne peut donc se prévaloir d’une stipulation excluant à l’avance sa garantie
pour vices cachés".
Lorsque le vendeur est un professionnel et que l’acheteur est également un professionnel, les clauses limitatives ou élusives de garantie sont valables mais à
la condition supplémentaire que l’acheteur professionnel soit de la même spécialité que le vendeur.
Dans ce cas-là, les compétences sont partagées (l’acheteur est présumé connaître le vice) et les parties peuvent exclure la garantie des vices cachés. Mais la
clause ne joue pas, même dans cette situation, en cas de dol ou de faute lourde du vendeur ou bien lorsque le vice était indécelable. Les restrictions posées
à la validité des clauses de non garantie entre professionnels est préjudiciable dans les relations internationales. Dans la pratique, de telles clauses
répondent aux besoins du commerce international. Pour cette raison, dans les contrats internationaux de vente, les parties sont dissuadées de choisir la loi
française.
En ce qui concerne le vendeur non professionnel, les clause limitatives ou élusives sont valables aux conditions posées par l’article 1643 du code civil : le
vendeur doit être de bonne foi, c’est-à-dire ne pas avoir connu l’existence du vice. De telles clauses sont courantes dans les ventes entre particuliers, en
particulier dans le domaine immobilier.
Dans certains cas, la loi interdit expressément les clauses de non garantie : vices constitués par l’accessibilité au plomb (loi 15 juin 2000), vices constitués
par la présence d’amiante (loi 13 décembre 2000), vices liés à la présence de termites (loi du 8 juin 1999).
C’est le résultat de la transposition de la directive du 25 mai 1999 sur la garantie dans la vente des biens de consommation (adoptée dans le but
d’harmoniser la garantie du vendeur en vue de ne pas introduire de distorsions de concurrence et de protéger de la même manière les consommateurs dans
l’Union Européenne).
A l’occasion de la transposition, il avait été question de réformer le droit de la vente. C’est une transposition a minima qui a été choisie.
C’est un régime optionnel ne portant que sur les contrats de la consommation (transposition dans le code de la consommation (articles L. 211-1 et s) et non
dans le code civil). Le problème de cette ordonnance est qu’elle recopie la directive sans tentative d’amélioration. Le régime est optionnel.
Article L211-13 du code de la consommation : Les dispositions de la présente section ne privent pas l'acheteur du droit d'exercer l'action résultant des vices
rédhibitoires telle qu'elle résulte des articles 1641 à 1649 du code civil ou toute autre action de nature contractuelle ou extracontractuelle qui lui est
reconnue par la loi.
Loin de simplifier le droit, le nouveau régime le complique.
Il est même possible que l’ordonnance devienne lettre morte si à l’usage on s’aperçoit, comme cela est probable, que le droit commun de la vente est plus
favorable à l’acheteur que le régime spécial du code de la consommation.
De plus, ce nouveau régime complique la tâche des vendeurs qui ne savent pas à l’avance quel sera leur régime de garantie.
A) Le champ de la garantie.
Article L211-1 code de la consommation : "Les dispositions du présent chapitre s'appliquent aux contrats de vente de biens meubles corporels…
Les dispositions du présent chapitre s'appliquent à l'eau et au gaz lorsqu'ils sont conditionnés dans un volume délimité ou en quantité déterminée". De
manière implicite, les immeubles sont exclus (font l’objet d’une garantie spéciale) de même que les biens incorporels. L’article L211-2 exclut expressément
l’électricité Aucun régime spécial n’est prévu pour les biens d’occasion. Cela est dommage dans la mesure où ils ne sont pas assimilables à des biens neufs
en raison de leur usure.
Il n’est normalement pas possible d’être aussi exigeant à l’égard du vendeur (le régime de droit commun des vices cachés tient compte de cette spécificité).
Le grand intérêt de l’ordonnance (et de la directive) est d’englober dans une seule et même garantie le vice caché et la délivrance non-conforme. Sur ce
plan, la directive rejoint la Convention de Vienne de 1980 sur la vente internationale de marchandises qui a une conception unitaire de la non-conformité.
Article L.211-4 : Le vendeur est tenu de livrer un bien conforme au contrat et répond des défauts de conformité existant lors de la délivrance.
Il répond également des défauts de conformité résultant de l'emballage, des instructions de montage ou de l'installation lorsque celle-ci a été mise à sa
charge par le contrat ou a été réalisée sous sa responsabilité.
- Etre propre à l'usage habituellement attendu d'un bien semblable et, le cas échéant : - correspondre à la description donnée par le vendeur et posséder les
qualités que celui-ci a présentées à l'acheteur sous forme d'échantillon ou de modèle ; - présenter les qualités qu'un acheteur peut légitimement attendre eu
égard aux déclarations publiques faites par le vendeur, par le producteur ou par son représentant, notamment dans la publicité ou l'étiquetage ;
- Ou présenter les caractéristiques définies d'un commun accord par les parties ou être propre à tout usage spécial recherché par l'acheteur, porté à la
connaissance du vendeur et que ce dernier a accepté.
Globalement, la garantie est due lorsque la chose livrée n’est pas conforme aux promesses du contrat ou lorsqu’elle est affectée d’un défaut qui la rend
impropre à son usage habituel.
Il est frappant de constater que l’ordonnance ne fusionne pas vraiment les deux vices (vices cachés et délivrance non-conforme) en un seul. Les deux vices
sont définis séparément (Article L211- 4 pour la délivrance non-conforme et article L211-5 pour ce qui ressemble au regard du droit français au vice caché)
et sont soumis au même régime. Il est vrai qu’intellectuellement les deux vices sont distincts.
Il ne s’agit pas des mêmes défauts. Mais la directive et l’ordonnance ont une vertu pragmatique : bien que distincts les deux défauts sont soumis aux
mêmes règles (dans un but largement manqué de simplification du droit). Le régime juridique est donc identique.
Habituellement à une différence de nature correspond une différence de régime.
La directive et l’ordonnance ont nié la différence de nature pour aboutir à une identité de régime. Mais tous les désordres ne sont pas couverts. Il en va ainsi
du retard dans la livraison, de l’absence totale de délivrance et de la différence de quantité.
Ces désordres-là sont nécessairement soumis au droit commun.
Cette condition est reprise. L’ordonnance pose même une présomption d’antériorité. Article L211-7 : Les défauts de conformité qui apparaissent dans un
délai de six mois à partir de la délivrance du bien sont présumés exister au moment de la délivrance, sauf preuve contraire. Le vendeur peut combattre cette
présomption si celle-ci n'est pas compatible avec la nature du bien ou le défaut de conformité invoqué. Cette disposition est protectrice de l’acheteur
consommateur.
Mais elle ouvre sur une éventuelle mauvaise foi de celui-ci qui peut endommager le bien pendant le délai de 6 mois et ensuite invoquer l’antériorité du
défaut.
Il est totalement indifférent que le vendeur ait connu ou non l’existence du défaut. Tous les défauts sont pris en compte qu’ils aient été ou non connus par
le vendeur, qu’ils aient été ou non indécelables.
Il n’est donc pas nécessaire de s’interroger sur la connaissance du vice par l’acheteur. Comme celui-ci est consommateur, on considère par définition qu’il ne
pouvait déceler le vice. Ce n’est que si on apporte la preuve qu’il connaissait le vice (article L211-8) que la garantie n’est pas due.
En droit commun de la vente, la garantie des vices cachés est toujours due même en cas de force majeure.
Il semble que l’ordonnance ait mis en place en toute circonstance un système de garantie automatique sans cause d’exonération pas même la force
majeure. Il faudra cependant attendre la jurisprudence pour confirmer cette orientation.
Article L211- 12 : L'action résultant du défaut de conformité se prescrit par deux ans à compter de la délivrance du bien. La directive prévoyait un délai de
dénonciation de 2 mois à compter de la délivrance du bien, délai que n’a pas repris l’ordonnance.
Cela protège l’acheteur qui peut donc dans les deux ans agir en non-conformité même s’il n’a pas dénoncé préalablement le défaut. Le délai de deux ans est
en réalité moins favorable que celui de l’article 1648 en matière de vice caché.
Celui de l’article L211-12 part à compter de la délivrance du bien et celui de l’article 1648 part à compter de la découverte du vice. Le droit commun de la
vente est donc potentiellement plus favorable à l’acheteur toutes les fois où le vice est indécelable.
Sur ce plan, l’ordonnance de 2005 est moins favorable que le droit commun de la vente. Le sous-acquéreur final ne dispose d’aucune action directe contre le
vendeur initial dans une chaîne de contrats contrairement au droit commun de la vente (vice caché et délivrance non conforme).
Sur ce plan, lorsque le vendeur est insolvable (en liquidation par exemple), l’acheteur a tout intérêt à se placer sur le droit commun de la vente pour aller
rechercher le vendeur originaire par le biais d’une action directe.
Par contre, l’article L211-14 accorde au vendeur assigné une action récursoire : L'action récursoire peut être exercée par le vendeur final à l'encontre des
vendeurs ou intermédiaires successifs et du producteur du bien meuble corporel, selon les principes du code civil.
Cette action se justifie toutes les fois où le défaut n’est pas imputable au vendeur mais à un vendeur antérieur ou au fabricant.
- Les sanctions.
Le mécanisme est double. Dans tous les cas, c’est la satisfaction de l’acheteur qui est recherchée.
L'Article L211-9 prévoit qu'en cas de défaut de conformité, l'acheteur doit choisit entre la réparation et le remplacement du bien. Toutefois, le vendeur peut
ne pas procéder selon le choix de l'acheteur si ce choix entraîne un coût manifestement disproportionné au regard de l'autre modalité, compte tenu de la
valeur du bien ou de l'importance du défaut.
Il est alors tenu de procéder, sauf impossibilité, selon la modalité non choisie par l'acheteur. C’est l’acheteur qui exerce ce choix et non le vendeur.
Il est à redouter des demandes de remplacement abusives de la part des acheteurs toutes les fois où une réparation serait plus adaptée (en raison d’un
défaut facilement réparable ex : simple pièce à changer). Tout est fait ici pour satisfaire l’acheteur à l’image des garanties commerciales octroyées par les
vendeurs professionnels.
L'Article L211-10 prévoit également que si la réparation et le remplacement du bien sont impossibles, l'acheteur peut rendre le bien et se faire restituer le
prix ou garder le bien et se faire rendre une partie du prix.
- 2) Ou si cette solution ne peut l'être sans inconvénient majeur pour celui-ci compte tenu de la nature du bien et de l'usage qu'il recherche. La résolution de
la vente ne peut toutefois être prononcée si le défaut de conformité est mineur.
Cet article rappelle la distinction entre l’action rédhibitoire et l’action estimatoire. Toutefois la résolution de la vente n’est pas possible si le défaut de
conformité est mineur (seule une diminution de prix est possible). L’article L211-11 ajoute : L'application des dispositions des articles L211-9 et L211-10 a
lieu sans aucuns frais pour l'acheteur.
Ces mêmes dispositions ne font pas obstacle à l'allocation de dommages et intérêts.
Il est donc possible d’obtenir des dommages et intérêts pour compenser tout préjudice.
Article L211-17 : Les conventions qui écartent ou limitent directement ou indirectement les droits résultant du présent chapitre, conclues entre le vendeur et
l'acheteur avant que ce dernier n'ait formulé de réclamation, sont réputées non écrites.
Le régime est à la fois optionnel et d’ordre public.
Le caractère d’ordre public rejoint le régime de droit commun en matière de vice caché puisque les clauses de non garantie sont nulles dans les relations
entre un vendeur professionnel et un acheteur profane.
§ IV : L’obligation de sécurité.
Les vices cachés permettent de prendre en compte les dommages causés à la chose, mais qu’en est-il des dommages causés par la chose ?
exemple : téléviseur qui implose ou désinfectant provoquant un incendie. Si dans un premier temps, la jurisprudence a fait application des vices cachés dans
cette circonstance, la Cour de cassation a créé une obligation de sécurité autonome de la garantie des vices cachés à partir de 1989.
Le vendeur a donc une obligation autonome de livrer une chose exempte de vice de nature à présenter un danger aux personnes ou aux biens. Il s’agit bien
ici de vices mais qui présentent une particularité. Il n’est pas question de l’usage de la chose et de son utilité. Il est question de sécurité de la chose et du
danger qu’elle peut présenter. Une telle obligation de sécurité dérive du contrat (est une obligation implicite comme en matière de transport d’où elle vient).
Elle permet de mettre en jeu la responsabilité contractuelle du vendeur (obligation de résultat donc responsabilité sans faute). Les tiers, s’ils sont victimes
d’un dommage causé par la chose, peuvent aussi agir contre le vendeur (en responsabilité délictuelle normalement). La loi du 19 mai 1998 a créé un régime
supplémentaire.
Cette loi est la transposition en droit français de la directive européenne du 25 juillet 1985 sur la responsabilité du fait des produits défectueux (Cette
directive aurait dû être transposée avant le 30 juillet 1988. Mais la France a été le dernier pays membre de l’Union Européenne à avoir transposé la directive
et a d’ailleurs été condamné pour manquement par la cour de justice des communautés européennes). La loi de 1998 a créé le titre IV bis du livre III
comportant 18 articles numérotés 1386-1 à 1386-18.
Il ressort des différentes appréciations que cette loi est décevante et critiquable (selon M. Jourdain, la loi est soit inutile soit néfaste). Elle a par exemple un
champ d’application limité (une refonte totale de la responsabilité avait été proposée mais a été abandonnée) et elle a consacré le risque de développement.
La loi est en outre optionnelle (Article 1386-18). Cette loi laisse en effet subsister les actions en responsabilité issues du droit commun (responsabilité
contractuelle pour manquement à l’obligation d’information ou de conseil ou responsabilité délictuelle) ou d’un régime spécial de responsabilité.
Il sera par exemple toujours possible d’agir à l’encontre d’un vendeur sur le fondement de la garantie des vices cachés. En revanche, l’obligation de sécurité
d’origine jurisprudentielle (depuis 1989) devra disparaître car elle fait double emploi avec la loi de 1998.
C’est le demandeur qui exercera son choix.
Le droit commun de la responsabilité est sur certains points plus avantageux pour les victimes que le droit spécial issu de la loi du 19 mai 1998. Il était donc
envisageable que la loi reste lettre morte, au moins en partie (certaines dispositions), si les victimes décidaient de ne pas l’invoquer. Il y a toutefois quelques
applications jurisprudentielles.
A) Le domaine de la responsabilité.
1) Les produits
La loi ne vise que la responsabilité du fait des produits et non des services qui n’entrent pas dans le cadre de la loi.
Selon l’article 1386-3 du code civil : Est produit, tout bien meuble, même s’il est incorporé dans un immeuble, y compris les produits du sol, de l’élevage, de
la chasse et de la pêche. L’électricité est considérée comme un produit. Sont exclus de la loi les immeubles qui restent soumis à un régime particulier (Article
1792 et suivants du code civil et article 1641-1).
Sont exclus également les meubles incorporels c’est-à-dire tous les biens immatériels (ex : brevets d’invention, œuvre littéraire et artistique). La directive de
1985 permettait d’exclure les produits agro-alimentaires.
Mais le législateur français a inclus ces produits dans le champ de la loi.
2) Les personnes.
La définition des personnes responsables est très large. Sont tout d’abord responsables les producteurs et les personnes assimilées. Selon l’article 1386- 6
du code civil, est un producteur le fabriquant d’un produit fini, le producteur d’une matière première, le fabriquant d’une partie composante.
Est assimilé à un producteur celui qui se présente comme un producteur en apposant sa marque sur le produit (en pratique les grands distributeurs) ainsi
que les importateurs du produit au sein de la Communauté. Sont également responsables, les vendeurs, loueurs et autres fournisseurs professionnels
(Article 1386-7 du code civil).
Ceux-ci peuvent cependant se retourner contre le producteur après avoir été condamné à indemniser la victime. Toutefois, la France a été condamnée par
la cour de justice des communautés européennes pour mauvaise transposition sur ce chef. En effet, la responsabilité des vendeurs doit être conçue comme
subsidiaire par rapport à celle des producteurs (qui est la règle).
Article 1386-7 du code civil issu de la loi du 9 décembre 2004 et de la loi du 5 avril 2006 : Si le producteur ne peut être identifié, le vendeur, le loueur, à
l'exception du crédit-bailleur ou du loueur assimilable au crédit-bailleur, ou tout autre fournisseur professionnel, est responsable du défaut de sécurité du
produit, dans les mêmes conditions que le producteur, à moins qu'il ne désigne son propre fournisseur ou le producteur, dans un délai de trois mois à
compter de la date à laquelle la demande de la victime lui a été notifiée.
Le recours du fournisseur contre le producteur obéit aux mêmes règles que la demande émanant de la victime directe du défaut. Toutefois, il doit agir dans
l'année suivant la date de sa citation en justice.
- Les victimes.
Aucune différence n’est faite selon que la victime a acquis l’usage du produit par un contrat ou non. Cette règle exclut le principe traditionnel de la
distinction entre responsabilité délictuelle et responsabilité contractuelle. La loi donne naissance à une action soumise à un régime unitaire sans qu’il y ait à
se préoccuper de l’existence d’un contrat.
La loi assure ainsi une protection égale à tous les consommateurs qu’ils soient acheteurs ou autres utilisateurs.
B) Les conditions de la responsabilité.
La loi de 1998 consacre une responsabilité objective indépendante de toute faute. Elle permet ainsi aux victimes de produits défectueux de se retourner
contre le fabriquant ou le vendeur pour obtenir l’indemnisation des dommages causés par le produit sans avoir à prouver une faute.
Selon la loi de 1998, la victime doit apporter une triple preuve : dommage, défaut du produit, lien de causalité entre les deux.
Le dommage reçoit une définition très large. L’article 1386-2 du code civil dispose que "Les dispositions du présent titre s'appliquent à la réparation du
dommage qui résulte d'une atteinte à la personne. Elles s'appliquent également à la réparation du dommage supérieur à un montant déterminé par décret,
qui résulte d'une atteinte à un bien autre que le produit défectueux lui-même".
Seul le produit défectueux est exclu de la réparation (il est soumis à l’action en garantie des vices cachés), tous les autres dommages peuvent être
indemnisés.
Le lien de causalité ne pose pas de problème spécifique.
a) Le défaut du produit.
Il s’agit du fait générateur de la responsabilité. Selon l’article 1386-4 du code civil, "un produit est défectueux... lorsqu’il n’offre pas la sécurité à laquelle on
peut légitimement s’attendre".
C’est la sécurité qui est ici visée et non l’utilité du produit ou sa conformité aux attentes du consommateur. Peu importe que le produit n’ait pas les
caractéristiques ou les performances convenues (ex : une automobile qui ne roule pas à plus de 100 km/h). Ce qui compte ce sont les dommages que le
produit est susceptible de causer (exemple : une voiture dont le système de freinage est défectueux).
Le défaut est apprécié objectivement et non subjectivement. Il faut déduire le défaut de ce que le public était en droit d’attendre et non pas par rapport aux
attentes de l’acquéreur de la chose.
Le défaut c’est donc le caractère anormalement dangereux du produit.
Pour les produits qui sont naturellement dangereux (exemple : une tronçonneuse), il y a défaut si le danger est supérieur à celui auquel on pouvait
s’attendre pour un produit de ce type.
Cette notion est fondamentale. Il s’agit, notamment, d’une condition de la responsabilité (le producteur n’est responsable que si le produit est mis en
circulation). Cette notion sert aussi à déterminer le point de départ des délais prévus par la loi.
La directive de 1985 ne définissait pas la mise en circulation. L’article 1386-5 du code civil définit cette notion : "Un produit est mis en circulation lorsque le
producteur s’en est dessaisi volontairement".
C’est l’hypothèse dans laquelle le producteur a pris l’initiative de mettre les produits sur le marché.
En pratique, la mise en circulation résulte de la remise du produit à un intermédiaire du circuit de distribution.
Si le producteur ne s’est pas dessaisi du produit (ex : procède à d’ultimes essais) ou s’est dessaisi involontairement du produit (exemple : vol), il n’y aura
pas mise en circulation.
a) Le risque de développement.
Selon l’article 1386-11 du code civil, le producteur n’est pas responsable s’il prouve "que l’état des connaissances scientifiques et techniques, au moment où
il a mis le produit en circulation n’a pas permis de déceler l’existence du défaut". Le producteur peut s’exonérer si le défaut existant au moment de la mise
en circulation était impossible à connaître.
Le défaut ne se révèle dans cette hypothèse que grâce aux progrès de la science qui ont permis de déceler le défaut après la mise en circulation. Le risque
de développement ne doit pas être confondu avec le principe de précaution. Dans ce dernier cas, les risques sont incertains mais suspectables (et pour le
cas du non-respect du principe de précaution, la responsabilité civile peut être engagée.
Elle l’est toujours en cas de dommages causés par une chose : la responsabilité est engagée sans faute que le principe de précaution ait ou n’ait pas été
respecté).
Le risque de développement ne porte que sur des risques non suspectables. Il y a donc une différence entre les vices indécelables (ou inconnaissables) et
donc impossibles à suspecter (risque de développement) et les vices suspectables (principe de précaution). Cette cause d’exonération est nouvelle en droit
français.
Pour le régime de la garantie des vices cachés, les juges ont toujours refusé d’alléger la responsabilité du vendeur ou du fabriquant au motif que le vice était
indécelable au moment de la vente du produit.
Sur ce point, la loi du 19 mai 1998 est moins favorable aux victimes que le droit commun. C’est l’une des raisons pour lesquelles on peut douter que cette loi
sera invoquée par les victimes.
La loi de 1998 prévoit une exception à la prise en compte du risque de développement. Article 1386-12 du code civl : "Le producteur ne peut invoquer la
cause d'exonération prévue au 4º de l'article 1386-11 lorsque le dommage a été causé par un élément du corps humain ou par les produits issus de celui-
ci".
Cf : affaire du sang contaminé. La justice avait été saisie sur le fondement de la responsabilité contractuelle. Les juges avaient refusé d’exonérer les
cliniques et les centres de transfusion sanguine qui prétendaient qu’il était impossible en l’état des connaissances scientifiques de déceler la présence du
virus du SIDA dans les produits sanguins
b) Les délais.
Le producteur peut s’exonérer si les délais pour mettre en jeu sa responsabilité sont expirés.
La loi prévoit deux délais.
- Un délai de prescription de l’action.
La victime doit agir dans un délai de trois ans à compter du moment où elle a eu ou aurait dû avoir connaissance du dommage, du défaut et de l’identité du
producteur.
La responsabilité du producteur est éteinte dix ans après la mise en circulation du produit.
Cette règle correspond à l’idée que la responsabilité du producteur ne doit pas durer trop longtemps (les produits s’usent avec le temps et à mesure que les
connaissances scientifiques et techniques évoluent).
Synthèse sur les garanties du vendeur : En application du droit de la vente le vendeur a plusieurs obligations différentes :
- une obligation d’information et de conseil.
- Une obligation de garantie d’éviction : la garantie porte sur les droits transmis (principalement la propriété) qui doivent être exempts de vices.
- Une obligation de garantie des vices cachés : la garantie porte sur la chose elle- même et non sur les droits. Il faut que la chose soit apte à son usage.
C’est une garantie qui se double d’une responsabilité en cas de mauvaise foi du vendeur.
L'ordonnance de 2005 ne change que le délai de l’article 1648 en matière de vices cachés qui passe à deux ans.
Toutes les actions du droit commun sont maintenues. C’est donc bien une transposition a minima qui a été choisie (il n’y a pas eu de refonte du droit de la
vente). L’apport de l’ordonnance a été de rajouter un système qui est optionnel dans les ventes entre vendeurs professionnels et acheteurs consommateurs.
Arrêt de la cour de cassation, 1ère chambre civile, du 9 juillet 1996 : "le vice interne du sang, même indécelable... ne constitue pas une cause exonératoire
de responsabilité".
L’existence d’une pluralité d’actions n’est bonne ni pour les vendeurs ni pour les acheteurs.
Pour les vendeurs : ils ne connaissent pas à l’avance leur régime de garantie et doivent faire en sorte de les respecter tous (au moins le plus exigeant
d’entre eux).
Pour les acheteurs : en cas d’action en justice contre le vendeur, ils ne savent pas toujours sur quel fondement agir. De telles complications sont gênantes
pour un contrat aussi usuel que la vente qui devrait en bonne logique faire l’objet d‘un régime juridique simple et fiable (cf : thème de la sécurité juridique
et de la simplification du droit).
Le paiement doit être effectué au vendeur bien sûr ou à son mandataire. Il existe des cas particuliers.
Exemple : en matière de vente immobilière le notaire peut recevoir le prix et détenir ce prix pour le compte du vendeur.
Le montant du prix est celui prévu au contrat et qui résulte de l’accord de volonté. Le plus souvent c’est une facture qui établit le montant exact (principal +
frais + intérêts + TVA). Si le prix n’était pas déterminé mais était déterminable, c’est au moment du paiement qu’il convient de procéder à la détermination.
Une fois que le paiement est effectué, le vendeur peut remettre quittance ce qui établit la preuve du paiement. Dans les ventes mobilières, aucune quittance
n’est généralement remise. La jurisprudence considère alors que la remise matérielle de la chose à l’acheteur établit une présomption de paiement du prix.
L’acheteur a l’obligation de payer à la date convenue. S’il ne le fait pas, il commet une faute de manière automatique (une mise en demeure du vendeur
n’est pas nécessaire) et devra verser des dommages et intérêts compensant le retard.
Un acheteur ne peut pas échapper à son obligation de payer le prix au moment convenu même en invoquant la force majeure (sorte d’obligation de résultat
renforcée).
L’acheteur peut simplement solliciter du juge des délais de grâce.
Le vendeur dispose de toutes les actions de droit commun. Le vendeur peut refuser la délivrance (exception d’inexécution).
Il peut agir en paiement forcé du prix (exécution en nature : ce n’est pas une action en responsabilité, ce ne sont pas des dommages et intérêts qui sont
demandés mais bien le prix lui-même).
Le vendeur peut demander la résolution du contrat pour inexécution (ou mettre en œuvre une clause résolutoire de plein droit). Il peut aussi demander des
dommages et intérêts pour compenser tout préjudice causé par le défaut de paiement du prix. Le vendeur dispose aussi de droits particuliers.
Le vendeur impayé de meuble dispose d’un privilège spécial.
De même le vendeur d’immeuble dispose d’un privilège immobilier spécial qui produit effet au jour de la vente à la condition d’être inscrit à la Conservation
des hypothèques dans les deux mois de la vente.
Mais le défaut de paiement du prix ne dispense pas le vendeur de la garantie des vices cachés.
Titre II : Le bail.
Outre les conditions applicables à tous les contrats, il existe des conditions spéciales qui existent au regard de la nature particulière du contrat de bail.
Il faut ici se référer à l’article 1709 du code civil qui pose les différentes conditions du bail : une chose, une durée, un prix. Il faut rajouter une condition
relative aux parties.
- Du côté du bailleur :
En principe, donner à bail un bien est un acte d’administration (c’est un acte de gestion courante du patrimoine).
C’est ici un problème de capacité et de pouvoir.
Il suffirait en principe d’une simple capacité d’administrer pour conclure un contrat de bail.
Mais en matière immobilière, la protection du locataire est tellement forte, que la décision de donner un bien à bail n’est plus considéré nécessairement
comme un acte d’administration et ressemble, même si cela n’en est pas un, à un acte de disposition.
Exemple : en matière de régimes matrimoniaux à propos de la communauté légale : il y a un principe de gestion concurrente qui permet à un époux seul
d’exercer les droits portant sur les biens communs. Or, par dérogation, un bail consenti sur un bien commun doit recueillir l’accord des deux époux (article
1425 du code civil).
Le bailleur doit être propriétaire.
C’est poser la question du bail de la chose d’autrui. On sait que la vente de la chose d’autrui est nulle car le vendeur ne peut pas transférer un droit de
propriété qu’il n’a pas. Mais dans le bail, il n’y a pas de transfert de propriété, seule la jouissance d’un bien étant en jeu.
C’est pourquoi, un tel contrat n’est pas nul.
Dans les rapports entre les parties, le contrat est valable : le locataire doit payer les loyers et le bailleur doit mettre le locataire en jouissance. Mais dans les
rapports avec le véritable propriétaire le bail est inopposable : il peut donc agir en expulsion. Mais il peut à l’inverse donner son consentement au bail (sorte
de ratification : la situation ressemble au porte-fort).
- Du côté du locataire.
Le locataire est bien entendu le co-contractant du bailleur. Il existe des cas où la qualité de locataire est cependant élargie au-delà du cercle étroit du
contrat.
Tout d’abord le droit au bail est transmissible à cause de mort. Ensuite, le conjoint du titulaire du bail est co-titulaire de celui-ci quel que soit le régime
matrimonial adopté (pour la résidence principale). Cette co-titularité des époux entraîne que les époux sont solidairement tenus au paiement du loyer. Mais
tous les deux doivent être considérés comme ayant la qualité de locataire à titre personnel : le congé délivré par le bailleur doit l’être aux deux époux.
Le congé délivré à un seul est inopposable à l’autre. En cas de décès du locataire marié, l’époux survivant demeure locataire du bien loué et même depuis la
loi du 3 décembre 2001 a un droit exclusif qui permet d’éviter que les héritiers du défunt ne fassent valoir de droits sur la chose louée.
La loi de 1989 ajoute que le contrat de location est transféré en cas de décès du locataire au partenaire lié par un PACS ou bien au concubin notoire (la Cour
de cassation a refusé en 1997 d’accorder ce droit au concubin homosexuel mais la jurisprudence devrait logiquement évoluer avec le PACS).
Indépendamment de ces dernières dispositions, il faut savoir que le contrat de bail est dévolu aux héritiers du locataire (il ne s’éteint pas avec la mort de
celui-ci).
Le contrat de bail n’est donc pas en principe un contrat intuitu personnae. En principe, l’aliénation du bien loué par le bailleur ne porte pas atteinte aux
droits du locataire.
Le bail est transmis en même temps que le bien, à titre d’accessoire. C’est une hypothèse où l’acquéreur du bien est tenu par un contrat auquel il n’a pas
consenti. L’acquéreur d’un bien ne peut donc pas normalement expulser le locataire.
Cette règle est cependant parfois écartée. Tout d’abord par la volonté des patries : la règles n’étant pas d’ordre public, il est possible d’y déroger au moyen
d’une clause du contrat.
De plus, la loi aménage souvent des dispositions spéciales.
Il en est ainsi de la loi de 1989 sur le bail d’habitation : le bailleur peut délivrer un congé pour vendre. Mais ce congé ne peut être délivré qu’à l’issue de la
durée du bail (3 ou 6 ans) et non à tout moment pendant le bail (lorsque le bien est vendu en cours de bail, le bailleur ne peut donner un congé pour
vendre et le nouveau propriétaire ne peut pas procéder à l’expulsion).
Ce congé déclenche la possibilité pour le locataire d’exercer son droit de préemption.
Le bail porte sur une chose (c’est le terme employé par l’article 1709). L’article 1713 du code civil ajoute : "On peut louer toutes sortes de biens meubles ou
immeubles". Ce texte pose un principe général : toute chose peut en principe faire l’objet d’un bail.
Il faut cependant que la chose soit dans le commerce juridique.
On ne peut louer une chose hors commerce (ce qui justifie la nullité des contrats de mère porteuse qui au sens juridique le plus strict sont des contrats de
location d’utérus). De plus le bail ne peut porter que sur des biens non consomptibles c’est-à-dire qui peuvent faire l’objet d’une restitution à la fin du bail
(un bien consomptible ne peut faire l’objet que d’un prêt à la consommation).
De manière générale, le bail peut porter sur un meuble, un immeuble, un bien corporel ou incorporel. Le bail porte donc sur tous les biens qu’ils soient
meubles ou immeuble.
Il porte aussi sur des propriétés intellectuelles. Exemple : une licence de brevet (cf : accords de transfert de technologie). Dans une logique similaire il y a la
location-gérance d’un fonds de commerce (qui ne doit pas être confondue avec le bail commercial).
Par définition le bail est temporaire : l’article 1709 parle d’un "certain temps".
Dès lors, le contrat de bail est nécessairement un contrat à exécution successive : ce n’est pas un contrat à exécution instantanée. Quand on parle de la
durée du bail, on fait référence à la nécessité que l’obligation caractéristique du bail, la mise et surtout le maintien en jouissance d’un bien (qui incombe au
bailleur) s’inscrive dans la durée.
Il est possible de conclure un contrat de bail à durée indéterminée. Il est relativement rare que les parties s’accordent sur une durée indéterminée (qui
résulte de l’absence de terme).
C’est le cas en présence d’un bail verbal. En cas de durée indéterminée, toute partie peut donner congé de manière discrétionnaire et à tout moment. Il
s’agit ici d’une résiliation du contrat.
Cette faculté unilatérale de résiliation permet d’éviter des engagements perpétuels. Le plus souvent les contrats sont à durée déterminée. Cette durée
résulte généralement d’un statut impératif.
Ainsi en matière immobilière où la loi fixe une durée minimale du bail. Pour le bail d’habitation, la durée minimale du bail est de 3 ans (bailleur personne
physique) ou 6 ans (bailleur personne morale). Pour le bail commercial et le bail rural, la durée minimale est de 9 ans.
Dans tous les cas, l’objectif de la loi est de garantir un minimum de stabilité au locataire. Dans le cas des contrats à durée déterminée, à l’expiration de la
durée initiale, plusieurs cas de figure peuvent se présenter. Le principe veut qu'à l’expiration du terme fixé, le contrat cesse de plein droit (article 1737 du
code civil).
Il n’est pas dès lors nécessaire de délivrer un congé. Il existe cependant des hypothèses où le bail perdure. Tout d’abord, il peut y avoir prorogation du bail :
les parties s’entendent pour reporter dans le temps le terme extinctif du contrat.
Le contrat initial se prolonge, il n’y a pas de nouveau contrat.
Le plus souvent, la prorogation est prévue dans une clause dite de prorogation. Ensuite, il peut y avoir tacite reconduction : si le preneur reste et est laissé
en possession (Article 1738 du code civil). Par leurs comportements respectifs, preneur et bailleur manifestent leur volonté de maintenir une relation
contractuelle.
D’un point de vue technique, ce n’est pas le même contrat qui continue. Le contrat initial est éteint par l’effet du terme. La tacite reconduction donne
naissance à un nouveau contrat dont le contenu est identique au contrat précédent (normalement la durée du bail reconduit est à durée indéterminée mais
pour le bail d’habitation, selon la loi de 1989, la durée du bail renouvelé est la même que celle du bail précédent : 3 ou 6 ans). Mais comme il s’agit d’un
nouveau contrat, l’éventuel cautionnement garantissant le précédent contrat s’éteint et ne s’applique pas au nouveau.
Enfin le bail peut faire l’objet d’un renouvellement.
Là encore, comme pour la tacite reconduction, c’est un nouveau contrat qui est conclu. La différence c’est qu’en cas de renouvellement, le contenu du bail
renouvelé peut être modifié, notamment, le loyer peut être augmenté. La loi organise des droits au renouvellement. Ainsi en matière de bail commercial ou
même en matière de bail d’habitation (dans ce dernier cas, le bailleur ne peut donner congé à l’expiration du bail mais pour des motifs déterminés par la loi
ex : congé pour vendre ou pour reprendre le logement).
Le renouvellement est une alternative à la tacite reconduction : il repose sur une demande ou une offre de renouvellement faite soit par le locataire soit par
le bailleur.
Lors d’un renouvellement, la loi protège le locataire qui ne peut se voir imposer un bouleversement des conditions initiales de la relation contractuelle. Ainsi
selon la loi de 1989 pour le bail d’habitation, le bailleur ne peut proposer une augmentation du loyer que si celui-ci était manifestement sous-évalué (en cas
de litige, la loi prévoit la saisine préalable d’une commission de conciliation).
Selon l’article 1714 du code civil : "On peut louer ou par écrit ou verbalement". En principe le contrat de bail obéit aux principes du consensualisme : aucune
forme n’est exigée. Ce qui importe c’est l’accord des parties sur les éléments essentiels du contrat au-delà de la forme que revêt cet accord. Un bail verbal
est donc en principe valable.
La législation récente a apporté de nombreuses restrictions à ce principe. Ainsi, en matière de bail d’habitation, la loi de 1989 exige un écrit devant
comporter un certain nombre de mentions (exemple : durée, descriptions de locaux, montant du loyer) auquel est annexé un état des lieux. On considère
que le formalisme et l’existence d’un écrit sont protecteurs du locataire.
Il existe deux sanctions envisagées par la loi de 1989, s'il y a l'absence d'écrit : la nullité relative du contrat (qui ne peut être invoquée que par le locataire
ce qui prouve son caractère relatif) et la faculté d’exiger l’établissement d’un contrat conforme donc d’exiger un contrat écrit (sorte de mise en conformité
du contrat).
La loi offre une option entre les deux sanctions. Il demeure cependant que la jurisprudence a reconnu la validité d’un bail verbal pourtant soumis à la loi de
1989 lorsque celui-ci s’est exécuté en totalité, ce qui est une matière de valider a posteriori un contrat qui était a priori nul.
Le bail est un contrat synallagmatique qui met à la charge à la fois du bailleur et du locataire des obligations réciproques, chacune étant la cause de l’autre.
C’est l’article 1719 du Coe civil qui énonce les différentes obligations du bailleur : obligation de délivrer la chose, obligation d’entretenir la chose, obligation
d’en faire jouir paisiblement le locataire.
Il faut y ajouter une obligation de garantie.
§ I : L’obligation de délivrance.
Cette obligation est précisée à l’article 1720 alinéa 1 du code civil : "Le bailleur est tenu de délivrer la chose en bon état de réparation de toute espèce".
Cette obligation est à la fois une obligation de faire : mettre le locataire en possession (en lui remettant les clés par exemple) et une obligation de ne pas
faire : ne rien faire pour empêcher le locataire d’entrer en possession.
De cette manière l’obligation de délivrance du bailleur ressemble à l’obligation de délivrance du vendeur.
Il existe cependant une différence majeure. Contrairement au vendeur qui délivre la chose telle qu’elle était lors de la vente, le bailleur doit supporter toutes
les réparations nécessaires au bon état de la chose (sauf si une clause du contrat de bail l’en dispense, il en est ainsi lorsque le locataire accepte de prendre
la chose en l’état).
Depuis la loi du 13 décembre 2000 dite SRU, l’obligation de délivrance du bailleur porte également sur un logement décent : le bailleur a l’obligation de
délivrer un logement décent.
On entend notamment par logement décent un logement qui ne fait pas apparaître de risques pour la santé. Si le logement n’est pas décent, le locataire
peut demander la mise en conformité.
Il est possible de saisir le juge qui ordonnera la mise en conformité et à défaut de celle-ci la réduction du loyer. Il y a là un cas relativement rare en droit
français où le juge est autorisé à remodeler le contrat.
La liberté contractuelle est ici entamée pour un objectif supérieur : le droit au logement.
§ II : L’obligation d’entretien.
Cette obligation est le prolongement de l’obligation de délivrance. Le bailleur a une obligation d‘entretien de la chose louée pendant toute la durée du
contrat (qui est un contrat à exécution successive). Cette obligation dure pendant tout le contrat. Selon l’article 1719 du code civil, le bailleur doit entretenir
la chose "en état de servir à l’usage pour lequel elle a été louée".
C’est l’obligation d’entretien stricto sensu. L’article 1720 alinéa 2 du code civil précise cette obligation : le bailleur a la charge d’effectuer "toutes les
réparations qui peuvent devenir nécessaires autres que les locatives".
C’est l’obligation de réparation.
La répartition des réparations se fait en vertu de cette notion de réparations locatives. Le locataire a la charge des réparations locatives, tandis que le
bailleur a la charge des réparations non locatives, c’est-à-dire des réparations importantes qui mettent en jeu la structure et les éléments essentiels du local
(le clos et le couvert, c’est-à-dire les murs et le toit).
Cette obligation est logique car le bailleur demeure propriétaire. Seules les réparations qui sont locatives incombent au locataire, tout le reste incombant au
bailleur en tant que propriétaire.
C’est l’article 1754 du code civil qui en dresse une liste indicative des réparations locatives.
Exemple : réparations des vitres cassées ou des serrures ne fonctionnant pas. Un décret du 26 août 1987 précise aussi les réparations locatives : entretien
des pelouses, remplacement des interrupteurs et des prises de courant, ...
Les obligations non locatives qui incombent au bailleur sont par exemple la réfection d’un toit, le détermitage du logement, remplacement d’un cumulus
défectueux.
Ces réparations ne sont à la charge du bailleur que si elles sont nécessaires pour maintenir le bien à l’usage pour lequel il a été loué. Il se peut que le
contrat de bail contienne une clause modifiant la charge des réparations entre le bailleur et le locataire (exemple : une clause qui met à la charge du
locataire la réparation de la toiture).
Mais toute clause limitative des obligations du bailleur, si elle est valable en vertu de la liberté contractuelle (l’article 1720 n’est pas d’ordre public), est
interprétée de manière restrictive par la jurisprudence. En vertu de la loi de 1989 une telle clause serait cependant réputée non écrite, cette loi étant d’ordre
public.
Le locataire dispose de toutes les actions de droit commun. Tout d’abord l’exécution forcée en nature. Il peut aussi faire exécuter les travaux par un tiers
aux frais du bailleur (Article 1144 du code civil) à la condition de se faire autoriser par le juge (sauf urgence). Le locataire peut aussi mettre en jeu la
responsabilité du bailleur en lui demandant des dommages et intérêts si un préjudice a été causé (ex : le toit s’effondre suite à un défaut d’entretien et
blesse le locataire).
Le locataire peut aussi demander la résiliation du contrat. En revanche, il ne peut mettre en œuvre l’exception d’inexécution en refusant de payer les loyers.
§ III : L’obligation d’assurer la jouissance paisible.
§ IV : L’obligation de garantie.
Le bailleur a en premier lieu une garantie des vices cachés (article 1721 du code civil).
C’est une obligation qui ressemble à celle du vendeur. Cette garantie porte sur les défauts non apparents de la chose, inconnus du locataire, qui existaient
lors de la conclusion du bail. Il faut que ces défauts rendent la chose impropre à la jouissance par le locataire. Le locataire peut alors exercer une action en
dommages et intérêts ou bien en résiliation du contrat.
Le bailleur a aussi l’équivalent d’une garantie d’éviction : il doit garantir le locataire contre les troubles à la jouissance causés par des tiers (Article 1725 du
code civil). Le bailleur doit d’abord garantir le locataire contre les troubles de droit causés par des tiers (exemple : un tiers prétend avoir un titre sur le bien
loué comme par exemple un droit de propriété).
Le bailleur doit alors garantir le locataire contre de tels troubles. En cas d’éviction partielle, le locataire peut obtenir une diminution proportionnelle du loyer.
En cas d’éviction totale, il peut obtenir la résiliation du bail. Mais le bailleur n’a pas l’obligation de garantir le locataire contre les troubles de fait émanant de
tiers (ex : vol ou dégradations).
C’est au locataire lui-même de supporter seul la charge des troubles de faits causés à la jouissance par des tiers. Le bailleur n’a aucune obligation de garde
ou de surveillance du bien loué. Enfin, le bailleur a une obligation de sécurité.
On fait application des mêmes règles qu’à propos de l’obligation de sécurité dans la vente. La loi de 1998 sur la responsabilité du fait des produits
défectueux s’applique aussi au loueur (Article 1386- 7 du Code civil).
Ces obligations sont décrites à l’article 1728 du code civil : user de la chose louée en bon père de famille et payer le loyer.
Il faut ajouter une autre obligation qui est de restituer la chose à la fin du bail (articles 1730 et 1731 du code civil).
L’article 1728 – 1° du code civil fait une référence explicite au bon père de famille.
C’est le comportement d’un bon locataire qui use sans en abuser du bien loué. Il y a ici une appréciation morale sur l’usage de la chose.
Le locataire doit être honorable (il ne doit pas se livrer à la débauche : exemple : prostitution). N’use pas en bon père de famille, celui qui fait du tapage
nocturne par exemple ou qui est violent.
En revanche, le locataire ne peut pas se voir interdire par une clause d’héberger des animaux de compagnie (mais une clause du bail peut interdire la
détention d’un animal sauvage ou dangereux ).
Il peut y avoir abus du droit de détenir des animaux (exemple : 30 chats et deux chiens dans un appartement). Le plus souvent le bail contiendra une clause
d’habitation bourgeoise.
C’est une clause qui précise l’usage des lieux autorisé par le bailleur. Cette clause empêche en réalité l’usage de la chose pour une activité artisanale ou
commerciale (aussi appelée clause d’usage exclusif d’habitation). Une telle stipulation signifie que les parties peuvent affecter au bien loué une destination
(exemple : l’habitation et non le commerce).
Le locataire doit ainsi respecter la destination prévue au contrat. Pendant longtemps les juges ont interprété à la lettre les clauses d’habitation bourgeoise en
interdisant toute activité commerciale sur le lieu d’habitation. Mais la jurisprudence tend à s’assouplir et à admettre des activités accessoires lorsqu’elles
impliquent de ne recevoir ni clientèle ni marchandises (cf : travail à domicile).
Le bail est un contrat de jouissance temporaire. A la fin du bail, le locataire doit restituer la chose.
Autrement dit, le locataire doit rendre la détention matérielle du bien au propriétaire. Non seulement le locataire doit restituer la chose mais il doit la
restituer telle qu’il l’a reçue (Article 1730 du code civil). Le plus souvent un état des lieux a été dressé à l’entrée dans les lieux : il suffit alors de comparer
l’état des locaux.
Si un état des lieux n’a pas été dressé (il est obligatoire pour le bail d’habitation en vertu de la loi de 1989), on présume que le locataire a reçu le bien en
bon état de réparations locatives.
Le locataire doit ainsi prendre en charge toutes les dégradations autres que celles qui sont dues à la vétusté ou à la force majeure, ainsi que celles dues à
l’usure normale.
Les dégradations ne sont rien d’autre que la conséquence d’une mauvaise exécution par le locataire de son obligation de conservation de la chose.
Mais le locataire peut prouver que les dégradations ou les pertes ne sont pas dues à sa faute (article 1732). C’est ici une faute présumée mais cette
présomption est simple : le locataire peut rapporter la preuve que les dégradations ne sont pas dues à sa faute.
Il existe un cas particulier lorsque le bien loué a été endommagé par un incendie : dans ce cas, le locataire en répond automatiquement sauf s’il prouve que
l’incendie est dû à la force majeure, à un vice de construction (exemple : mauvaise installation électrique) ou à un feu communiqué par une maison voisine
(Article 1733 du code civil). C’est une obligation lourde qui incombe ici au locataire ce qui justifie l’obligation d’assurance qui pèse sur lui.
Titre I : Le mandat.
L’objet du mandat selon l’article 1984 est de donner à un autre le pouvoir de faire quelque chose. Cet article est particulièrement imprécis.
En réalité, cette disposition signifie que le mandataire va accomplir des actes juridiques pour autrui.
Il faut ajouter que cette mission est réalisée de manière indépendante.
Les obligations du mandataire vis-à-vis du mandant sont tout d’abord des obligations de faire.
C’est dans ce sens que le mandat se rattache aux contrats relatifs aux services. Le commettant n’acquiert la qualité de partie que lorsque le commissionnaire
lui en a transmis le bénéfice.
Le mandataire rend un service. Par exemple, il intervient dans la conclusion d’un contrat de vente en représentant le mandataire mais il n’achète pas lui-
même : il ne devient pas propriétaire du bien pour ensuite le revendre au mandat. C’est le mandant qui devient propriétaire. Le mandataire autrement dit
n’assume aucune obligation de donner.
Ensuite, le mandataire doit effectuer des actes juridiques. Il n’entre pas dans la mission du mandataire d’effectuer des actes matériels. Ces derniers font
appel à un autre contrat : le contrat d’entreprise.
Le plus souvent l’acte juridique qui est l’objet du contrat de mandat est un contrat : le contrat final. Mais par actes juridiques il faut entendre toute
manifestation de volonté destinée à produire des effets de droit. Il est donc possible de donner mandat pour effectuer un paiement, pour former une
demande en justice, pour renoncer à un droit….
Enfin, l’acte juridique, objet du mandat, est accompli pour autrui, c’est-à-dire pour le mandant. Cela veut dire que l’acte juridique va produire ses effets dans
le patrimoine du mandant et non du mandataire. Exemple : une vente est conclue par le mandataire, elle va produire effet dans le patrimoine du mandant.
L’acte juridique est conclu au bénéfice du mandat et à ses risques.
C’est le sens de l’expression selon laquelle le mandataire agit au nom et pour le compte du mandant.
Le mandataire est indépendant par rapport au mandant. Il n’y a pas de lien de subordination (idem dans le contrat d’entreprise).
Autrement dit le mandataire n’est pas le salarié du mandant (Si le code civil parle de "mandat salarié", c’est pour désigner le mandat rémunéré par
opposition au mandat gratuit).
Certes le mandataire peut recevoir des instructions de son mandant mais cela ne crée pas un lien de subordination.
Le mandataire reste en effet toujours libre des moyens à utiliser pour parvenir à remplir sa mission.
Il existe deux conditions générales qui appellent des remarques particulières à propos du mandat : la capacité et l’objet.
- La capacité.
Il existe des règles à propos de la capacité du mandant. Cette capacité doit être appréciée par rapport à l’acte à accomplir (ex : une vente). Si l’acte à
accomplir est un acte de disposition, la capacité du mandant doit être celle de disposer.
Si cette condition de capacité fait défaut c’est le contrat de mandat lui-même qui est nul, cette nullité pouvant être invoquée soit par le mandant soit par le
mandataire.
Il existe également des règles quant à la capacité du mandataire : la capacité ne concerne que le contrat de mandat lui-même. Si le mandataire est
incapable, l’acte final sera néanmoins valable (cf : article 1990 du code civil : un mineur non émancipé peut être choisi pour mandataire).
La règle est logique car le mandataire ne fait que représenter le mandat qui est le seul à juridiquement conclure l’acte.
- L’objet
C’est l’acte juridique à accomplir. Il faut donc que cet acte soit déterminé (ou déterminable). Il faut normalement donner mandat d’accomplir un acte
déterminé. Mais le code civil distingue entre deux types de mandats : le mandat spécial et le mandat général (article 1987). Le mandat est spécial lorsqu’il
porte sur un acte ou des actes particuliers.
Le mandat est général lorsqu’il est donné pour gérer toutes les affaires du mandant.
Il faut ajouter à cela une autre distinction : la distinction entre mandats conçus en termes généraux et mandats exprès (article 1988 du code civil). Si le
mandat est conçu en termes généraux il n’embrasse que les actes d’administration.
Si l’acte à accomplir est un acte de disposition, le mandat doit être exprès (c’est-à-dire que la volonté du mandat de donner au mandataire le pouvoir
d’aliéner un bien doit être clairement exprimée).
On confond habituellement et de manière fausse le mandat général de l’article 1987 et le mandat conçu en termes généraux de l’article 1988.
Le code civil pose un principe d’interprétation restrictive de l’étendue du mandat (article 1989). On protège ainsi le mandant qui ne saurait être engagé
juridiquement trop loin si une interprétation large du mandat était donnée. Il n’est donc pas possible dans ces conditions d’interpréter le mandat par
analogie (ex : le mandataire chargé de recevoir un chèque ne peut pas recevoir une lettre de change).
L’acte à accomplir doit être licite (cf : licéité de l’objet).
Si l’acte à accomplir est illicite, cette circonstance entraîne l’illicéité du contrat de mandat.
Ex : on ne peut donner mandat d’acheter une chose hors commerce. De même on ne peut donner mandat pour accomplir un acte qui doit être accompli en
personne (ex : le mariage).
On ne peut enfin donner mandat d’accomplir un acte impossible (ex : vendre un bien qui a disparu).
La rémunération du mandataire doit-elle être fixée dans le contrat de mandat (lorsque le mandat est à titre onéreux) ? Y a-t-il application des règles en
matière de détermination du prix ?
En réalité comme pour le contrat d’entreprise, les honoraires du mandataire n’ont pas à être déterminés. L’article 1129 du code civil ne s’applique pas.
Il est donc possible de conclure des mandats sans prix déterminé (sauf pour les agents immobiliers : article 6 de la loi du 2 janvier 1970). Les honoraires
pourront être fixés par le juge a posteriori.
Le pseudo mandant est engagé juridiquement, même en l’absence de faute de sa part, envers le tiers qui a cru légitimement en l’existence d’un mandat (le
tiers a seulement la faculté de se prévaloir du mandat apparent, il n’en a pas l’obligation).
Autrement dit, vis-à-vis du tiers, on fait comme s’il existait un véritable mandat.
Exemple : une vente effectuée sans pouvoir produira ses effets dans le patrimoine du pseudo-mandant.
Mais dans les relations entre le pseudo-mandant et le mandataire apparent il n’existe aucun contrat de mandat. On n’applique pas les effets du contrat de
mandat.
Cependant, si le mandataire apparent a commis une faute (en sachant qu’il n’était pas mandataire), il engagera sa responsabilité délictuelle (et non
contractuelle puisqu’il n’existe pas de contrat) envers le pseudo mandant.
Le contrat de mandat est un contrat particulier en ce qu’il porte le plus souvent sur la conclusion d’un contrat avec un tiers.
C’est pourquoi, il existe des effets entre les parties au contrat de mandat mais également des effets à l’égard du tiers contractant.
Le mandat étant synallagmatique, même s’il est gratuit, les deux parties ont des obligations réciproques l’une à l’égard de l’autre.
A) Les obligations.
Les obligations du mandataire se sont aggravées à mesure que le mandat s’est professionnalisé.
Est ainsi née une obligation de conseil incombant au mandataire professionnel : il doit ainsi conseiller le mandant sur l’utilité de l’acte envisagé, sur les
conséquences et les risques de cet acte (ex : un agent immobilier doit avertir son mandant que le prix de vente projeté est trop faible).
- L’exécution de la mission.
Il revient au mandataire d’exécuter la mission qu’il a reçue du mandant. Le contrat de mandat étant un contrat portant sur un service, le mandataire doit
exécuter le service qui a été promis au mandant.
Le mandataire doit ainsi exécuter les instructions qu’il a reçues du mandant. L’exécution de la mission doit être fidèle. Ainsi un mandataire s’il a reçu mission
de vendre un bien, ne peut le louer. Le mandataire ne peut dépasser les pouvoirs qui lui ont été conférés : cas du dépassement de pouvoir. Le mandataire
va au-delà de la mission qui lui a été confiée.
Le mandataire doit aussi exécuter sa mission avec diligence.
Il doit agir sans retard (exemple : pour interrompre un délai de procédure). Il doit faire preuve de persévérance et de prudence. L’exécution de la mission
doit être efficace. Le mandataire n’est pas tenu d’une obligation de résultat dans l’accomplissement de sa mission (ex : s’il a pour mission de vendre, il se
peut qu’aucun acheteur ne se présente).
Le mandataire doit mettre tout en œuvre pour accomplir efficacement sa mission.
La jurisprudence est bien entendue et comme d’habitude plus exigeante à l’égard des mandataires professionnels (ex : l’agent immobilier doit vérifier la
constructibilité d’un terrain à acheter).
On apprécie la diligence du mandataire au regard du standard du bon professionnel. Le mandataire doit aussi d’abstenir d’un détournement de pouvoir. Il
doit servir les intérêts du mandant et non ses propres intérêts ou les intérêts des tiers.
L’exécution de la mission doit donc être non seulement fidèle mais aussi loyale. Ainsi le mandataire ne doit pas devenir lui-même le co-contractant du
mandant dans le cadre de la mission qui lui a été confiée.
Exemple : le mandataire chargé de vendre un bien ne doit pas lui-même se porter acquéreur de ce bien.
La règle joue même lorsque le mandataire agit par personne interposée.
Le contrat conclu directement par le mandataire est nul d’une nullité relative (invocable par le mandant). Le mandataire doit-il exécuter sa mission
personnellement ou bien peut-il procéder à une substitution de mandataire (forme de sous-mandat). Le caractère intuitu personnae devrait normalement
s’opposer à cette hypothèse (sauf accord du mandant). Mais le droit positif autorise la substitution de mandataire en rendant le mandataire responsable du
tiers qui le substitue.
La règle s’explique par son caractère pratique : il est utile de pouvoir démultiplier les mandataires. Mais il existe des exceptions lorsque le caractère intuitu
personnae du mandat est trop marqué (ex : pour l’avocat).
Le mandataire doit rendre compte de sa gestion au mandant. Il doit tout d’abord l’informer au cours de sa mission des principales initiatives qu’il prend et
des événements se déroulant (sans nécessairement entrer dans le détail mais en donnant les informations importantes permettant au mandant d’adapter
ses instructions).
Ainsi l’avocat doit informer son client du déroulement du procès (ex : réception des pièces adverses). Le mandataire doit ensuite informer le mandant du
résultat de sa mission : doit dire au mandant si l’acte final a ou n’a pas été conclu.
C’est du jour de la reddition de compte, que le délai pour agir en responsabilité contre le mandataire commence à courir (30 ou 10 ans selon le droit
commun).
C’est en effet à compter de ce jour que le mandant peut avoir connaissance d’une faute et d’un préjudice.
A la fin du mandat, le mandataire doit en plus restituer tout ce qu’il a reçu du mandant. Le mandataire doit donc restituer tout ce qu’il a reçu du mandant
lui-même (ex : pour un avocat les pièces) mais aussi ce qu’il a reçu de tiers au titre de sa mission (ex : les sommes qui reviennent au mandant en vertu d’un
paiement effectué par un tiers et reçu par le mandataire).
La sanction est la responsabilité du mandataire. Il s’agit d’une responsabilité pour faute. Les obligations qui pèsent sur le mandataire sont en effet des
obligations de moyens. L’appréciation de la faute se fait moins sévèrement en cas de mandat gratuit.
Celui qui rend un service bénévole est favorisé par rapport au mandataire professionnel.
La preuve de la faute obéit à un régime complexe. Si le mandat a été inexécuté, il existe une présomption de faute du mandataire : celui-ci doit prouver qu’il
a rempli ses obligations ou qu’il a été empêché par la force majeure. Si la mission a été remplie (et donc le mandat exécuté), c’est au mandant qu’il revient
de prouver l’existence d’une faute dans l’exécution du mandat (mauvaise exécution de celui-ci). Normalement, le mandataire n’est responsable que dans le
cadre de l’exécution du contrat de mandat.
Il ne répond pas de la bonne exécution du contrat conclu avec le tiers (exemple : ne garantit pas le fait que l’acheteur du bien ne paie pas).
Il existence cependant un cas particulier : le mandataire ducroire. Dans ce cas, lorsqu’il existe une clause ducroire, le mandataire garantit la bonne exécution
du contrat conclu avec le tiers.
Ce sont des mandataires professionnels qui sont ducroires comme le commissionnaire ducroire ou bien le promoteur immobilier qui porte garant des
entrepreneurs avec qui il traite pour le compte de son client.
Il existe une obligation générale qui incombe au mandant, à savoir un devoir de coopération.
La réussite de la mission du mandataire dépend également de la bonne volonté du mandant lui-même. Dès lors le mandant doit mettre le mandataire en
mesure d’exécuter sa mission.
C’est un devoir de coopération qui repose sur la bonne foi contractuelle.
Dans le contrat de mandat, il n’y a pas l’antagonisme qu’il peut y avoir dans d’autres types de contrats comme la vente. Le mandat, par sa nature, est un
contrat qui réclame une collaboration entre les parties.
Ce devoir de collaboration revêt plusieurs formes : le mandant doit par exemple fournir les renseignements indispensables à la réussite de la mission. La
Cour de cassation est même allée très loin par son arrêt du 24 novembre en 1998 dans l’arrêt Chevassus-Marche/ Danone.
Le mandant doit mettre son agent commercial en mesure de pratiquer des prix concurrentiels (cf : bonne foi contractuelle et affectio contractus). Il existe
même des mandats d’intérêt commun : type de mandat où le contrat n’est pas conclu dans l’intérêt exclusif du mandant mais aussi dans celui du mandataire
(ex : le mandataire commercial qui a intérêt à développer la clientèle du mandant afin d’accroître ses commissions). Dans le mandat d’intérêt commun, la
révocation du contrat par le mandant l’oblige à indemniser le mandataire du préjudice ressenti par la rupture.
Outre cette obligation générale, le mandant a deux obligations particulières :
- rembourser le mandataire.
Le mandant doit rembourser le mandataire de toutes les avances et frais engagés dans le cadre de l’exécution de la mission. Le remboursement doit avoir
lieu même si la mission a échoué et l’acte final n’a pas été conclu. Mais si le mandataire a commis une faute, le remboursement est susceptible d’être réduit
voire supprimé.
Par ailleurs une clause du contrat peut mettre à la charge du mandataire l’intégralité des frais (mécanisme du forfait). De plus l’article 2000 du code civil
oblige le mandant à rembourser le mandataire des pertes essuyées à l’occasion de sa gestion.
La jurisprudence considère que le mandataire doit sortir indemne de sa gestion et être couvert de toute perte financière occasionnée par celle-ci (exemple :
les pertes constituées par des redressements fiscaux).
L’article 2000 n’est cependant pas d’ordre public.
Il est possible de l’écarter par une clause stipulant que les pertes sont à la charge du mandataire (le forfait inclut alors les pertes susceptibles d’être
engendrées par la mission). Ce type de clause est cependant réservé au mandat professionnel et est nulle lorsque le mandat est gratuit.
- rémunérer le mandataire.
Dans le cadre des mandats rémunérés, les parties peuvent établir plusieurs sortes de rémunérations : soit fixe par pourcentage (système de la commission
extrêmement répandue en matière commerciale. Il ne faut cependant pas confondre le contrat de commission et la commission qui est un mode de
rémunération du mandataire).
Même si la mission échoue, le mandataire perçoit la rémunération sauf si la rémunération était au pourcentage ou s’il a commis une faute qui est à l’origine
de l’échec de la mission. Il existe une disposition originale en matière de mandat. En principe le juge ne peut pas réviser le prix d’un contrat.
La lésion n’est pas admise en droit français.
Mais exceptionnellement les juges se sont autorisés à réviser la rémunération des mandataires lorsque cette rémunération est hors de proportion avec le
service rendu. C’est donc une forme de réfaction du contrat par le juge qui est une exception au principe de la force obligatoire du contrat. Cette
jurisprudence a été étendue au contrat d’entreprise.
Mais la révision judiciaire est exclue dans deux cas : lorsque le prix a été fixé après l’achèvement de la mission (le mandant peut alors apprécier lui- même le
service rendu et l’adéquation du prix à celui-ci) ou bien lorsque le contrat revêt un caractère aléatoire (le forfait qui inclut les frais et les pertes éventuelles
exclut la révision judiciaire).
Si les parties n’ont pas fixé le montant de la rémunération et se sont seulement accordées sur le principe d’une rémunération, à défaut d’accord entre elles,
il reviendra au juge de fixer lui-même cette rémunération.
Le principe même de la représentation parfaite postule que le contrat conclu avec le tiers ne produit aucun effet à l’égard du mandataire. L’acte ne profite
pas au mandataire, il ne lui préjudicie pas non plus. Le mandataire et le tiers sont donc d’un point de vue juridique des étrangers. Aucun lien de droit ne les
unit.
Il existe des exceptions :
- Dans le cadre des mandats avec représentation imparfaite : (ex : contrat de commission), le commissionnaire est lié contractuellement avec le tiers
contractant.
- Lorsque le mandataire a commis une faute à l’égard du tiers, il expose sa responsabilité civile.
Comme il n’existe aucun lien de nature contractuelle, la responsabilité est délictuelle.
L’hypothèse classique est celle d’un dépassement de pouvoir du mandataire : dans ce cas l’acte est nul et le tiers pourra demander réparation au mandataire
pour compenser le préjudice lié à cette nullité.
C’est un contrat par laquelle une personne (l’entrepreneur) s’oblige envers une autre (le maître de l’ouvrage) à exécuter un travail contre rémunération mais
de manière indépendante et sans représentation. C’est donc un travail pour autrui mais qui ne tombe pas sous la qualification de contrat de travail car il n’y
a pas de lien de subordination.
Ce n’est pas non plus un mandat car il n’y a pas représentation. Le contrat d’entreprise couvre tout le champs des prestations de services (ex : professions
libérales, artisanat, construction et bâtiment…). Au vu de l’importance considérable des services dans l’économie moderne, il est possible de dire que le
contrat d’entreprise est le pendant de la vente : c’est un vecteur de circulation de richesses, non pas portant sur des biens mais sur des services
immatériels.
Mais contrairement à la vente (qui opère circulation de valeurs préexistantes), le contrat d’entreprise opère créations de valeurs nouvelles. L’importance
pratique considérable de ce contrat tranche avec le caractère désuet des textes. Le code civil ne parle pas de contrat d’entreprise mais de louage d’ouvrage,
qui serait une forme particulière de location mais portant sur un travail. Le code civil utilise aussi l’expression de devis et marchés.
L’expression moderne est celle de contrat d’entreprise (qui ne doit pas être confondue avec l’entreprise au sens économique du terme). Le contrat
d’entreprise repose sur une obligation de faire. Le service n’est en effet pas objet de propriété (il n’est pas appropriable).
C’est une prestation.
L’article 1710 du code civil définit le contrat d’entreprise comme le contrat par lequel l’une des parties s’engage à faire quelque chose pour l’autre
moyennant un prix convenu entre elles. L’objet du contrat est donc une obligation de faire rémunérée (il est cependant admis que le contrat d’entreprise
peut être à titre gratuit).
Le contrat d’entreprise n’a pas échappé à la voie de la spécialisation. Il y a eu une multiplication des statuts spéciaux au sein du contrat d’entreprise (qui
correspond à la multiplication des statuts professionnels) : contrat de transport, contrat de construction, contrat médical, contrat d’hôtellerie, contrat de
sous-traitance…
La qualification de contrat d’entreprise est cependant générique. C’est une qualification fourre tout : lorsqu’une convention de service ne trouve pas de
qualification, elle est facilement rattachée au contrat d’entreprise (ex : un contrat de spectacle, le contrat de promenades équestres, contrat de parrainage
publicitaire).
Le contrat d'entreprise, contrairement à la vente, autorise une marge d’indétermination. C’est l’une des spécificités de ce contrat qui est de porter sur un
ouvrage.
§ I : Les conditions relatives à l’objet.
L’objet de l’opération est le travail à accomplir. Il faut donc un accord entre les parties sur la prestation à effectuer. Mais les exigences sont assez souples. Il
se peut que le contrat contienne une description détaillée du travail à accomplir (rédaction d’un cahier des charges). Il se peut aussi que la prestation reste
indéterminée afin de laisser une liberté à l’entrepreneur (exemple : un contrat d’architecte qui va le laisser libre d’imaginer la construction).
Dans tous les cas, le contrat d’entreprise porte sur la réalisation d’un ouvrage. Cet ouvrage peut être au sens le plus strict une prestation de service : ex :
les plans d’une maison pour un architecte. Cette prestation peut au demeurant être standardisée et ne pas requérir de spécifications particulières (ex :
contrat de nettoyage, d’entretien, de teinturerie).
L’ouvrage peut aussi être une chose à fabriquer (ex : contrat portant sur la fabrication d’une meuble). Dans ce dernier cas, la chose à fabriquer n’existe pas
encore.
Elle ne peut donc être déterminée avec précision. Il y a là une distinction importante : le contrat portant sur une chose à fabriquer n’est pas une vente mais
un contrat d’entreprise 6 . La vente porte sur une chose et le contrat d’entreprise porte sur un ouvrage.
Dans notre cas, l’ouvrage est la fabrication d’une chose.
C’est ici la fabrication qui est essentielle. Mais il y a une difficulté dans la mesure où dans cette hypothèse, le contrat d’entreprise opère transfert de
propriété. Le contrat d’entreprise porte donc sur un ouvrage à réaliser. Il y a nécessairement anticipation. C’est pourquoi, dans bien des cas, le contrat
d’entreprise est précédé d’un devis ou d’études préalables
Il existe des règles particulières en matière de prix. Les parties peuvent convenir d’un prix au moment de la formation du contrat. Il peut s’agir d’un marché
à forfait. Dans ce cas, le prix est fixé d’avance, de manière ferme et définitive. Le prix ne peut alors être modifié (c’est l’entrepreneur qui supporte les aléas
de l’exécution du contrat).
Il existe une deuxième manière de fixer le prix : le marché sur série (cas dans lesquels, le prix ne peut être déterminé qu’après l’exécution des travaux en
fonction de l’importance des travaux et de la quantité de matériel fourni). Le prix est alors fixé en référence à des tarifs préexistants ou à des barèmes ou en
fonction de la qualité du service rendu.
Il n’est cependant pas nécessaire que le prix soit déterminé au moment de la formation du contrat. Le prix n’est pas un élément essentiel du contrat
d’entreprise (différence avec la vente).
Si les parties n’arrivent pas à se mettre d’accord ultérieurement sur le prix (en pratique, le professionnel envoie une facture qui est acceptée ou non par le
client : la facture n’est en aucun cas obligatoire, elle peut être contestée), le contrat n’est pas nul. Il reviendra alors au juge de fixer lui-même le prix (de
manière souveraine, en fonction du service rendu et des usages professionnels).
Cette règle s’explique parce qu’il est parfois difficile de savoir à l’avance quel sera le temps nécessaire à la réalisation de l’ouvrage et quelle sera la qualité de
l’ouvrage réalisé.
Lorsque l’ouvrage est réalisé, il est alors possible du côté de l’entrepreneur d’évaluer le temps de travail avec précision, et du côté du maître de l’ouvrage
d’apprécier la qualité de l’ouvrage. De plus, lorsque les parties ont fixé un prix, le juge a la possibilité de le réviser. Pour les contrats d’entreprise donnant
lieu à honoraires (pour les professions libérales), le juge a le pouvoir de réduire les honoraires excessifs (mais la règle pourrait être généralisée à tous les
contrats d’entreprise).
Ce pouvoir est une nouvelle exception au principe de la force obligatoire. C’est une forme d’admission de la lésion. Cette dérogation se justifie par le
caractère particulier du contrat d’entreprise : les parties conviennent d’un prix alors que l’ouvrage n’est pas encore réalisé. Il peut donc y avoir un décalage
entre le prix convenu et la qualité de l’ouvrage finalement réalisé.
Il faut que les honoraires soient excessifs. La règle ne vaut que pour les honoraires préalablement fixés.
Les honoraires convenus après que le service ait été rendu ne sont pas révisables car le client a donné son accord (les parties peuvent ainsi apprécier
l’importance et la qualité du service rendu).
Le contrat est synallagmatique. Il y a des obligations à la charge de l’entrepreneur et à la charge du maître de l’ouvrage.
Le plus souvent, l’entrepreneur exécute lui-même sa prestation mais il peut aussi recourir à un tiers : c’est la sous-traitance.
A) L’exécution personnelle.
L’entrepreneur est tenu de fournir le travail commandé en respectant les stipulations contractuelles, les usages et la qualité habituelle de l’ouvrage.
Il n’y a pas de réponse prédéterminée. Selon les cas, il s’agira de l’une ou de l’autre. Il faut ici appliquer les critères habituels (aléa, rôle actif du créancier).
Ainsi le médecin est lié par un contrat d’entreprise à son patient (contrat médical).
Il est normalement tenu d’une obligation de moyens quant à la guérison (mais il y a aussi des obligations de résultat notamment quant à la sécurité des
produits qu’il utilise).
Il est généralement admis que les prestations intellectuelles sont plutôt de moyens et les prestations matérielles sont plutôt de résultat. Mais de manière
générale, dans tous les contrats d’entreprise, l’entrepreneur doit fournir le travail convenu : c’est une obligation de résultat. Lorsque l’ouvrage est achevé,
l’entrepreneur doit le livrer.
Il ne s’agit pas d’une délivrance (comme dans la vente).
C’est plutôt une fourniture ou une remise.
Un garagiste va remettre une voiture une fois réparée, un menuisier va remettre un meuble une fois fabriqué, un architecte va remettre les plans une fois
conçus…
Lorsque le contrat d’entreprise porte sur un bien à fabriquer, l’entrepreneur est-il tenu de la garantie des vices cachés ?
La question se pose lorsque l’entrepreneur fournit tout ou partie de la matière qui forme l’ouvrage. La jurisprudence se refuse à étendre dans ce cadre la
garantie des vices cachés, qui est réservée à la vente. C’est de là que vient tout le contentieux portant sur la distinction de la vente et du contrat
d’entreprise. L’entrepreneur est sanctionné non sur les vices cachés mais sur son obligation d’exécuter le travail convenu (obligation de résultat).
Certains auteurs considèrent qu’il faudrait étendre dans cette hypothèse la garantie des vices cachés au contrat d’entreprise. Dans cette même direction, la
garantie de conformité a été étendue au contrat d’entreprise.
L’ordonnance du 17 février 2005 dispose en effet que la garantie concerne à la fois la vente et les contrats d’entreprise tendant à la fabrication ou à la
production d’un bien meuble.
Il y a assimilation entre les deux : dans les deux cas, la finalité est la même : le transfert de propriété d’un bien.
C’est en particulier dans les contrats d’entreprise que l’exécution forcée a posé problème : article 1142 du code civil (obligations de faire). Aujourd’hui il est
admis que les obligations de faire sont susceptibles d’exécution forcée sauf lorsque cela est incompatible avec la liberté individuelle (ex : contrat avec un
peintre pour l’exécution d’un portrait).
Le maître de l’ouvrage peut aussi invoquer l’article 1144 du code civil et se faire autoriser en justice à faire exécuter la prestation par un tiers. Lorsque
l’ouvrage présente des malfaçons, le maître peut aussi en refuser la livraison (pratique du laissé pour compte). Il peut aussi, et à la place, demander une
réduction du prix (réfaction du contrat).
Enfin, il est possible de mettre en jeu la responsabilité d’entrepreneur (cf : distinction entre obligations de moyens et obligations de résultat).
La sous-traitance est une application particulière du sous-contrat. L’entrepreneur va confier à un sous-traitant l’exécution de tout ou partie du marché
principal conclu avec le maître de l’ouvrage. C’est une loi du 31 décembre 1975 qui régit la sous-traitance. Selon cette loi, le contrat de sous-traitance est
nécessairement un contrat d’entreprise.
Il y a une forme de chaîne de contrats : le contrat d’entreprise principal et le contrat d’entreprise de sous-traitance. La loi de 1975 a pour objectif principal
de protéger le sous-traitant en lui offrant une garantie de paiement (en cas de défaillance de l’entrepreneur principal). La principale disposition est d’offrir au
sous-traitant une action directe à l’encontre du maître de l’ouvrage.
Le contrat de sous-traitance est passé entre l’entrepreneur principal et le sous-traitant. Le maître de l’ouvrage est tiers rapport à ce contrat. Mais pour le
prévenir de l’insolvabilité de l’entrepreneur, le sous-traitant peut agir directement en paiement contre le maître de l’ouvrage (ce afin d’éviter des faillites en
chaîne).
Pour cela, il faut que le sous-traitant ait été agréé par le maître de l’ouvrage et il faut que l’entrepreneur n’ait pas payé dans le délai d’un mois suivant la
mise en demeure.
Mais le maître de l’ouvrage, dans le cadre de l’action directe, ne peut pas payer plus que ce qu’il doit lui-même à l’entrepreneur. A l’inverse, le sous-traitant
encourt une responsabilité à l’égard du maître de l’ouvrage. Depuis l’arrêt Besse du 12 juillet 1991, cette responsabilité est délictuelle en l’absence de
contrat entre les deux.
Le contrat d’entreprise étant un contrat à titre onéreux, le maître de l’ouvrage est obligé de payer le prix. A moins d’une convention contraire, le paiement
n’est dû qu’après l’achèvement des travaux.
En pratique, il y a souvent versement d’une provision ou d’un acompte. La prescription concernant l’action en paiement du prix est celle de droit commun
(30 ou 10 ans).
Il y a des prescriptions abrégées : 6 mois pour les hôteliers, deux ans pour les médecins, et pour les avoués et les avocats.
En ce qui concerne les garanties de paiement, l’entrepreneur dispose à l’égard du maître de l’ouvrage des garanties de droit commun (exemple :
cautionnement).
Il est titulaire également d’un droit de rétention.
Il existe en outre des privilèges spéciaux de faible portée (exemple : privilège du réparateur pour les frais de conservation de la chose : article 2102-3 du
code civil).
§ II : L’obligation de réception.
La réception est un acte important surtout dans les marchés de travaux immobiliers. C’est l’acte juridique par lequel le maître de l’ouvrage approuve les
travaux accomplis par l’entrepreneur et reconnaît la conformité de ceux-ci.
C’est aussi l’acte par lequel le maître de l’ouvrage déclare accepter l’ouvrage. La réception se fait sans forme et elle peut être tacite (Par exemple, elle peut
résulter du paiement du prix).
Elle peut se faire avec ou sans réserves. Lorsqu’elle se fait avec réserves, le maître de l’ouvrage peut demander la mise en conformité ou bien une réduction
du prix.
La réception est non seulement un droit pour le maître de l’ouvrage mais également une obligation. Elle peut même être prononcée judiciairement à la
demande de l’entrepreneur.
La réception entraîne en effet un certain nombre de conséquences. Tout d’abord, elle rend le prix exigible. Ensuite elle couvre, à moins qu’il y ait des
réserves, les défauts de conformité.
Enfin, lorsqu’un bien meuble est fourni exclusivement par l’entrepreneur, la réception opère transfert de propriété. Dans ce cas, le transfert de propriété ne
se fait pas solo consensu mais lors de la réception (exemple : commande d’un costume auprès d’un tailleur).