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Colloque

“Le Judaïsme marocain


contemporain
et le Maroc de demain”

Compte-rendu

Casablanca
Hotel Hyatt Regency
23 octobre 2008
CONCLUSIONS PRINCIPALES

1. Faisant écho à l’allocution de M. Saad Kettani, Haut-Commissaire de l’Association pour le 1200


ème anniversaire de la fondation de la ville de Fès, qui souligna l’objectif de l’Association et des
manifestations organisées en 2008 de faciliter l’appropriation de leur histoire par tous les Marocains,
que la composante judéo-marocaine est un fait historique avéré depuis des siècles et qu’elle témoigne
de valeurs de coexistence et de tolérance, M. Serge Berdugo, Ambassadeur itinérant de Sa Majesté le
Roi Mohamed VI et secrétaire général des Conseil des communautés israélites du Maroc, a rappelé :
- l’enracinement depuis 2000 ans de la communauté juive au Maroc ;
- l’islam maghrébin a permis au judaïsme d’exister et de se développer ;
- le Roi est commandeur des croyants, musulmans et juifs, et qu’Il doit protéger les Juifs du Maroc ;
- l’histoire des Juifs du Maroc a bien évidemment ses pages noires et ses moments plus heureux et
même de gloire ; et qu’elle a été traversée par la coexistence arabe-amazigh-juive ;
- les actes courageux des rois Hassan 1er, Mohamed V, Hassan II, dont S.M. le Roi Mohamed VI
assure la continuité ;
- la pleine citoyenneté accordée en 1956 aux Juifs marocains, qui ont participé à la construction du
Maroc indépendant ;
- l’impact négatif du conflit du Moyen-Orient sur les communautés juives, dont une très grande
proportion a émigré ;
- ceux qui sont restés ont conforté leurs institutions ; celles-ci fonctionnent bien et suscitent parfois la
surprise admirative ;
- trois axes d’action : conservation du patrimoine culturel ; contribution au dialogue au Proche-Orient ;
renforcement des liens avec la diaspora ;
- la culture juive marocaine est partie intégrante de la culture nationale (musée du judaïsme marocain à
Casablanca, Fondation du patrimoine du judaïsme marocain) ;
- les citoyens marocains de confession juive sont les tenants matriciels et non résiduels ; ils accueillent
leurs coreligionnaires de tous les continents ;
- les citoyens marocains de confession musulmane prennent conscience de façon croissante de la
réalité et de la valeur de leurs concitoyens de confession juive ; les attentats terroristes du 16 mai 2003
à Casablanca ont été une épreuve partagée par la communauté nationale ;
- le judaïsme a toute sa place dans le Maroc de demain et a à cœur de contribuer à la réconciliation
profonde entre les héritiers d’Abraham.

2. Les exposés sur l’histoire des Juifs du Maroc ont souligné une fois encore le vieil enracinement de
ceux-ci dans le Maroc phénicien, amazigh, romain et arabe. Ils sont une part importante et
indispensable du Maroc : activités dans les ports et le commerce extérieur, artisanat, commerce entre
tribus (nomadisme de village en village jusqu’en 1940), judaïsme rural important.
L’âge d’or du judaïsme maroco-andalous, en même temps que l’essor du commerce transsaharien est
symbolisé par Fès el Alia, fondée par Idriss II ; 20% de la population de la ville de Fès est juive ; le
plurilinguisme y prévaut (amazigh, latin, arabe, hébreu) ; grandes figures de la culture judéo-
marocaine, comme Yehuda ben Koraich, auteur de “Rissalat ila jamaat yahud Fès” et chef de file
d’une école de linguistique de trois siècles ; ou Ytzhak Elfassi qui est le plus grand rabbin de l’époque,
avant Maimonide, qui reprend le talmud sous la forme d’un ”Talmud quatan” (petit talmud) ; la
grammaire hébraïque se forge au contact de la grammaire arabe.
En 1160, Maimonide est à Fès durant le règne des Almohades, et écrit son épître sur la persécution de
ses coreligionnaires.
Avec les Mérinides, c’est le retour à la judéité autorisée ; création de mellahs, quartiers réservés aux
Juifs ; concurrence économique entre communautés autochtones et allochtones dans les villes.
Quelle que soit l’époque de l’histoire du Maroc, la recherche rencontre les communautés juives.
L’histoire de celle-ci et du judaïsme marocain est à repenser et à revisiter, comme c’est le cas de
l’ensemble de l’histoire du Maroc. C’est le travail des historiens marocains contemporains. En
particulier, l'histoire contemporaine, avant et après l’indépendance du Maroc, est l’objet
d’investigations poussées et de remises en question. En témoignent les monographies élaborées dans le
milieu des années 1970 sous la direction de Germain Ayache, des monographies régionales, puis
thématiques, qui témoignent de la liberté de la recherche et de la sérénité de celle-ci, notamment en ce
qui concerne la composante juive de la nation marocaine. En 1997, le Groupe de recherches et
d’études sur le judaïsme marocain (GREJM) à la Faculté des lettres et des sciences humaines de
l’université Mohamed V - Rabat/Agdal, donne une impulsion décisive aux travaux historiques portant
sur les Juifs du Maroc à différentes époques de l’histoire nationale, de notre histoire.
Il faut aider cette recherche et ces travaux, car les moyens manquent et les étudiants sont souvent
démunis. C’est une des conditions pour garantir la liberté académique et pour analyser sereinement les
faits, comme les effets, positifs et négatifs du nationalisme ou des tendances panarabistes sur les Juifs
du Maroc, les causes de leur émigration ou sur l’occultation de la partie juive de notre histoire par les
ou les autres.
Ce devoir d’appréhender toute l’histoire nationale a été réitéré en conclusion de récits d’expériences
personnelles de grande convivialité vécue au quotidien pendant des générations entre concitoyens juifs
et musulmans dans le même espace urbain ou rural. Au-delà de l’émotion, le colloque a noté l’espoir
d’une collaboration renforcée entre les équipes d’historiens universitaires, notamment ceux du
GREJM, et la nouvelle Bibliothèque nationale - lieu de mémoire et d’avenir.

Une base de données sur le judaïsme marocain, élargie à un centre de documentation national, reste à
créer, grâce sans doute à une collaboration entre le GREJM et la Bibliothèque nationale. Les soutiens à
cette entreprise de grande utilité ne manqueront pas.
Tout en relisant l’histoire et en l’abordant dans sa totalité, il faut encourager le dialogue fondé sur la
participation, l’écoute, la non suprématie de l’un sur l’autre (se connaître pour se reconnaître) ; et
pourquoi ne pas participer équitablement et sereinement à un grand débat sur le conflit israélo-
palestinien et sur la paix - le Maroc donnant une fois encore l’exemple en raison de son action passée
et de la fidélité à son histoire.

3. Les interventions sur l’identité nationale et sur la place de la judéité au sein de celle-ci ont porté sur
un large éventail de questions :
- est-il possible de projeter le présent sur l’avenir? de négocier l’entrée dans la modernité tout en
conservant ses racines, à l’instar de ce qu’a pu faire la communauté juive marocaine? situation inédite
et spécifique du Maroc, caractérisée par l’accumulation heureuse de paradoxes - judéité et marocanité,
patrimoine judéo-berbère et judéo-arabe, dynamique de la modernité et esprit d’innovation et
d’ouverture (les Juifs ont été des passeurs, des relayeurs) ; pourquoi le Maroc ne pourrait-il pas
devenir une nouvelle Andalousie?
- identité millénaire, ouverte, en perpétuelle construction ; fondée sur la cosmologie (amalgame de
cultures) ; un système de valeurs (le système de valeurs juives était accepté par les Musulmans) ; des
lois et des jurisprudences (érudition respectée des rabbins séfarades, école rabbinique marocaine
reconnue) ; des comportements ou des lignes de conduite (vestimentaires, culinaires, linguistiques,
musicales, qui montrent peu de différences avec ceux ou celles des Marocains musulmans) ; il existe
d’autres analogies (absence de figuration humaine dans l’art religieux, fondements communs à
certaines superstitions, culte des saints).
- quelle place pour la judéité dans l’identité nationale? selon l’opinion d’un orateur : “elle y circule
comme l’eau dans les pétales d’une rose”.
- un lieu d’éducation partagée comme le lycée Maimonide à Casablanca est un lieu privilégié de
transmission de valeurs de coexistence conviviale entre étudiants juifs et musulmans dans le respect de
leurs confessions et de leurs traditions ; le respect des différences en même temps que l’adhésion à des
valeurs communes, renforcée par l’enseignement des langues arabe et hébraïque, sont un gage de paix
civile et de contribution à un Maroc ouvert et tolérant.
4. La première série de témoignages et de perceptions croisées sur le Maroc d’aujourd’hui et de
demain et sur la contribution du judaïsme marocain à cette évolution contemporaine ont permis de
dégager les conclusions suivantes :
- de la part d’un Israélien d’origine marocaine, ayant assumé des charges diplomatiques importantes,
le regard sur le Maroc a été présent dans les revendications culturelles des Juifs du Maroc ayant
émigré en Israël ; il a participé à leur valorisation culturelle. Ce même diplomate souligne le rôle du
roi Hassan II dans ce processus de valorisation du Juif marocain en Israël, qui réapprendra à puiser
dans son fonds culturel ; il n’y a point d’envol de la diaspora sans l’enracinement local ; travailler à la
consolidation de nos racines, décupler l’héritage commun, cela conduit à jouer un rôle dans la
recherche de la paix ;
- de la part d’un Canadien ( Montréalais ) d’origine marocaine, il faut avoir le courage de reconnaître
les difficultés et parfois les drames concernant les rapports entre juifs et musulmans au Maroc, mais
aussi les audaces et les visions rassembleuses de grands souverains du Royaume ; il faut se
réapproprier le passé et cesser de glorifier l’âge d’or de l’Andalousie (car là aussi les relations
intercommunautaires n’étaient pas toujours des plus heureuses) ; revenir à notre monde contemporain
et y rechercher les opportunités exceptionnelles qu’il peut offrir au judaïsme dans le Maroc en devenir
; au Québec, une communauté de plus de 25. 000 âmes, bien installée et bien intégrée, avec des
institutions communautaires qui fonctionnement, se donne pour objectif de pérenniser le patrimoine du
judaïsme marocain (chaires d’études, archives, bibliothèques, cursus scolaire), y compris les efforts
contribuant à extraire de cinq siècles d’archives conservées à Jérusalem les trésors du judaïsme
marocain ; du Québec aussi le message est venu que juifs et musulmans peuvent lutter ensemble pour
défendre des valeurs partagées, la pratique de langues vernaculaires (judéo-arabe et judéo-berbère) ;
qu’ ensemble ils peuvent mieux relever le défi de la marocanité et celui posé par la définition de
l’identité nationale marocaine, en interaction avec l’identité des pays d’accueil des immigrés
marocains ;
- du directeur du Centre communautaire de Paris-Lafayette, est venue l’annonce de retrouvailles à Fès,
en mai 2009, de centaines de Juifs originaires de cette ville, et cela à la suite de l’organisation par le
centre de la cinquième édition des Journées du judaïsme marocain à Paris en 2008 ; cela illustre la
continuité des relations avec le Maroc ainsi que le rôle des cultures de passage, que l’on retrouve dans
l’histoire des Juifs du Maroc ;
- de l’homme de foi engagé sur le terrain des Amitiés judéo-musulmanes de France (AJMF ), allant
défendre dans les quartiers réputés “difficiles” le dialogue et la conciliation entre communautés juives
et musulmanes, en dépit du manque de moyens, du repli identitaire ici et là, des prises de position des
média, le message au colloque a été de poursuivre ce dialogue contre vents et marées et de l’appuyer
sur la solidarité ; le Maroc peut jouer un rôle important dans la conduite et la réussite de ce dialogue ;
- d’un opérateur économique canadien, installé à Montréal, on retiendra que les identités se combinent
et se diluent dans le Juif d’origine marocaine ayant émigré au Canada / Québec (références à l’identité
locale, à Israël et à celle de l’identité des origines juives et marocaines ; érosion due au temps et à
l’intégration dans la nouvelle société d’accueil) ; on retiendra aussi le jugement sans détour sur le
Maroc des opportunités économiques, de la croissance, de l’ouverture, pas celui des folklores ; ce
Maroc qui appelle des investissements de raison et de cœur, et en faveur duquel il conviendrait de
mobiliser les principales institutions juives canadiennes, des leaders d’opinion, la communauté
marocaine en Israël et ailleurs ;
- du chirurgien réputé qui a réussi en France, mais qui investit beaucoup de son temps au Maroc pour y
promouvoir médecine et chirurgie avancées ainsi que les méthodes de gestion hospitalière modernes,
on retient qu’il n’est pas facile de réunir dans une même identité individuelle autant de composantes
provenant de l’adolescence à Fès, du militantisme paternel dans la lutte pour l’indépendance, de
l’intégration en France, de la pratique de la profession dans un cadre aux référents culturels distincts,
ainsi que la profonde affection pour le pays d’origine ; on retient aussi l’objectif qui n’est pas hors de
notre portée, de vivre mieux ensemble, en se fondant certes sur les leçons du passé, mais surtout sur
les actions communes de solidarité, aujourd’hui et demain ;
- du psychanalyste, installé en Belgique, mais gardant des liens étroits avec ses collègues marocains,
les historiens, les sociologues, et s’appuyant aussi sur une remarquable muséographie du patrimoine
culturel juif marocain, on se rend compte de l’importance et des difficultés à se réapproprier une
mémoire ; de la nécessité de s’enrichir en donnant aux autres ; et qu’enfin un tel travail à l’échelle
individuelle, mais aussi collectif, aiderait beaucoup à construire avec le Maroc contemporain de
nouveaux liens de coopération et d’affection.

5. La seconde série de témoignages et de perceptions croisées a conduit aux conclusions suivantes,


dont certaines ont conforté ou approfondi celles des intervenants de la première série :
- de la journaliste canadienne, élevée en Israël et adoptée par une famille hongroise, plongée dans les
activités culturelles les plus diverses, l’intérêt pour les Juifs du Maroc, développé lors d’une vingtaine
de voyages au Maroc, plaide pour l’importance et la nécessité du dialogue interculturel ;
- de l’opérateur économique, installé dans l’État du New Jersey, aux États-Unis d’Amérique, on a
entendu les questions : si je sais qui je suis, comment transmettre cette identité ? Qui sommes-nous et
que seront nos enfants ou que sera notre communauté alentour ? Autre questionnement : ne pas se
détacher de sa communauté, probablement pour co-évoluer avec elle, et en particulier actualiser les
liens entre le Maroc d’aujourd’hui et ces communautés qui y furent enracinées ;
- du médecin canadien, ancien directeur de l’hôpital juif de Montréal, qui a quitté Safi il y a une
quarantaine d’années, on retiendra le message d’une forte coopération médicale qui a déjà porté ses
fruits (en néonatologie, en médecine d’urgence) et qui est pleine de promesses (formation avancée,
organisation de congrès médicaux internationaux, etc.), ainsi que la volonté de demeurer un émissaire ;
- du jeune entrepreneur, né à Marrakech, juif marocain en rupture avec beaucoup de traditions, mais
qui ressent une affinité pour le Maroc, où sa société emploie 3.000 personnes dans l’informatique et le
conseil, on retiendra le message fort en faveur de la création, de l’innovation et de l’entrepreunariat,
qui doivent marquer l’évolution du Maroc de demain, où les Juifs originaires du Maroc pourront jouer
un rôle déterminant ; comment donc reconstruire les passerelles entre les gens, recréer des liens et
créer une entreprise au Maroc ?
- d’un autre opérateur économique à Montréal et au Canada, l’accent était mis sur l’avenir de paix au
Proche-Orient et sur la place privilégiée que le Maroc pourrait y occuper, par exemple l’organisation
d’un grand concert pour la paix ;
- du rabbin érudit, compagnon de l’ancien grand rabbin de France, René-Samuel Sirat, on a entendu le
commentaire judicieux sur l’esprit de Fès qui a précédé celui de Cordoue et qui continue ; vérité
historique alliée à la foi dans un avenir de convivialité et de paix ; on a aussi entendu la référence au
rabbinat marocain et à ses traditions fidèles à l’esprit de Fès, au judaïsme maimonidien et à la voie du
milieu ;
- enfin du président de la communauté juive de Marbella, en Andalousie, l’évocation d’une carrière
d’ingénieur au service du Maroc et du développement de ses provinces sahariennes, suivie du rappel
des activités d’une communauté enracinée dans ses traditions juives marocaines en Espagne,
témoignait de la vivacité de ces traditions, sans contradiction avec la modernité.

6. En conclusion, ni l’histoire, ni les questions de diversité culturelle et d’identité nationale n’ont été
absentes des exposés, des interventions et des débats du colloque. On a ainsi constaté que la richesse
de l’histoire des Juifs du Maroc replacée dans le contexte de l’histoire générale du Maroc, elle-même
revisitée par les historiens marocains, est loin d’être épuisée. Il convient de soutenir tous les travaux de
recherche visant à donner à l’enseignement de l’histoire du Maroc sa plénitude pour embrasser la
grande diversité culturelle du pays depuis plus de deux mille ans. L’identité nationale, élément
fondamental de l’unité de la nation marocaine, ne peut ignorer cette diversité culturelle dont le
judaïsme est l’une des composantes. Cette diversité culturelle représente en effet la grande richesse du
Maroc moderne, un Maroc qui cultive l’ouverture et non le repli identitaire, qui accepte le changement
et s’y adapte, qui recherche la coopération et le mieux-vivre ensemble, un Maroc décidé à consolider
une société fondée sur l’égalité, la justice et la démocratie.
C’est dans cette perspective qu’ont été entendus les témoignages et les propositions d’action de Juifs
d’origine marocaine, aujourd’hui citoyens de plusieurs pays d’accueil et ce parfois depuis deux ou
trois générations. En effet, au-delà de la nostalgie émouvante, des sentiments d’affection, de
l’empathie des années de cohabitation fructueuse, mais aussi de regrets ou de critiques de situations
politiques et sociales injustes, il est apparu que la grande majorité de ces Juifs souhaite mieux
connaître le Maroc contemporain et établir avec la société marocaine des relations de solidarité et de
coopération.
Qu’il s’agisse d’activité économique, d’action sociale et culturelle, de recherche scientifique et
technique, ou encore des orientations politiques nationales à moyen et long termes, le Maroc a besoin
de toutes les bonnes volontés. Aussi, les Juifs marocains de l’étranger, de par leurs compétences en
matière politique, économique, sociale ou culturelle, peuvent contribuer au développement du Maroc.
Ils peuvent aussi participer, avec leurs coreligionnaires présents au Maroc, au débat national sur
l’identité et l’histoire de la nation, sur l’évolution du pays vers la modernité, dans le respect de ses
traditions de tolérance et d’ouverture à l’autre.
Il nous faut donc, comme a conclu le colloque de Casablanca, rétablir, élargir, amplifier et approfondir
les relations entre le Maroc et les Juifs d’origine marocaine, qui font partie de la grande communauté
marocaine à l’étranger. On s’inscrit là tout à fait dans le cadre de la mission fondamentale du Conseil
consultatif de la communauté marocaine à l’étranger (C.C.M.E.) que Sa Majesté le Roi Mohamed VI a
créé auprès de lui pour animer cette action de rapprochement.

Suivi du colloque
Pour donner une suite concrète aux conclusions du Colloque de Casablanca, deux types d’actions sont
proposées.
1. L’organisation d’un premier déplacement au Maroc d’un groupe d’une quarantaine de
personnes originaires des communautés juives marocaines de plusieurs pays (en veillant à l’équilibre
géographique, à celui des responsabilités professionnelles et à une représentation suffisante de jeunes),
en vue de leur faire connaître la réalité du Maroc contemporain. Il s’agit d’un séjour construit autour
de rencontres avec la société civile, les autorités, les responsables ; ces rencontres permettront de
donner une idée précise de l’évolution en cours, des difficultés ou insuffisances, des problèmes, mais
aussi des progrès et des réalisations. A partir de cette appréhension et après la réflexion critique
indispensable, il conviendra d’établir une liste des actions de coopération, de solidarité et de synergie,
qui paraissent pertinentes et d’en rechercher les partenaires.

2. La création de groupes de réflexion


Ces groupes de réflexion réunissant des personnes de confession et de culture juives et musulmanes
originaires du Maroc, seraient mis en place avec l’aide du C.C.M.E. et de médiateurs de bonne
volonté, dans un ou deux pays (Canada et Belgique, par exemple). En se fondant sur l’expérience
vécue dans les pays d’accueil communs, les deux communautés examineraient ensemble les moyens
d’approfondir et d’amplifier leurs relations avec le Maroc dans tous les domaines. Cette synergie dans
la réflexion et dans l’action ne peut qu’obtenir les meilleurs résultats, non seulement dans le pays
d’accueil pour des raisons de solidarité évidentes, mais encore et surtout pour le Maroc d’aujourd’hui
et de demain. Ensemble, ils pourraient aussi prendre des initiatives bienvenues pour une paix juste et
durable au Proche-Orient, en montrant que les Marocains des deux confessions et des deux cultures
peuvent témoigner, en dépit des aléas de l’histoire, d’une coexistence globalement réussie.
La mise en oeuvre des actions proposées se déroulera à partir de juin 2009.

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