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Chap Iii
Chap Iii
Après des revues sur des théories des services publics et différents régimes juridiques de la grève
sur le plan international et sur le plan national ou interne, il était question pour nous de faire une
analyse dans l’exercice du droit de grève dans les établissements publics en République
Démocratique du Congo.
Ce chapitre sera consacré autour des notions de régime légal de la grève dans les relations du
travail (section1) ainsi que l’intérêt général dans l’établissement public cas de l’HGR
MWANGEJI (section 2).
1
Article 39 de la constitution du 18 février 2006 de la RDC
avoir lieu qu’à l’occasion d’un conflit collectif de travail et une fois que le moyen de règlement
du conflit ou les processus ont été régulièrement épuisés »2.
2
Article 315 du code de travail de 2002 tel que révisé à ce jour
3
Tshizanga Mutshipangu, cours de droit du travail, unilu, 2018-2019, inédit
4
Idem
5
Ibidem
6
Ibidem
7
Fédération nationale de l’action sociale force ouvrière, paris, P1
8
Idem
9
Ibidem
- Une cessation concertée : la grève implique une concertation préalable des salariés cela
n’empêche pas le mouvement de grève spontané s’ils correspondent à une décision
commune des salariés de revendiquer10.
Cette démarche semble être illogique, dire que la grève peut se faire même de façon spontané
cela mettrait en danger la volonté individuelle de chaque salarié parce que celui-ci, avant de
participer aux mouvements de grève apprécie d’abord l’opportunité car la grève est accompagnée
de certains effets. Les mouvements de grève spontanés portent aussi atteintes aux droits
d’information à l’égard de l’employeur parce qu’avant de déclencher la grève en droit congolais,
les travailleurs par le biais de leurs représentants (délégués syndicaux) doivent notifiés un
préavis du déclanchement de grève dans le délai de 6 jours ouvrables. Non seulement les salariés
doivent notifiés l’employeur mais ils doivent également notifier l’inspecteur du travail du ressort.
Ce délai de préavis est d’une grande importance car il permet à l’employeur de faire :
- Bloquer le déclanchement de la grève en saisissant le tribunal de travail en interdiction de
la grève.
- Améliorer ou résoudre dans un bref délai les revendications de ses employés
- Revendication professionnelle raisonnable : la cessation du travail doit être destinée à
appuyer des revendications professionnelles pour être qualifié de grève11.
L’alinéa 1 de l’article 315 déjà cité du code de travail appréhende la grève comme étant la
cessation collective du travail à l’occasion d’un conflit qui n’a pas été résolu. Le recours à la
grève n’est envisageable que dans un but purement professionnel, peu importe que l’avantage
réclamé par les travailleurs résulte d’une loi ou d’une convention collective 12.
C’est ainsi qu’il a été arrêté que n’ont commis aucune faute susceptible d’entrainer leur
licenciement des travailleurs qui avaient grevé pour réclamer les indemnités scolaires de leurs
enfants car ils auraient agis dans la légitimité. C’est-à-dire en application de la convention
collective qui le régit avec l’employeur qui, du reste n’a jamais informer officiellement son
personnel de la suspension de cette indemnité13.
10
Fédération nationale de l’action sociale, force ouvrière, paris, P1
11
Idem
12
Kalonji Mitongo, op. cit, P33
13
idem
La grève devient illicite lorsque la revendication des travailleurs s’écarte du but professionnel et
s’immixe dans l’exercice des actes réservés à la puissance publique, faussant ainsi le jeu des
institutions14.
A titre illustratif, les travailleurs cessent leur activité pour exiger du gouvernement plus d’efforts
dans la traque d’une rébellion sans que les actes posées par cette dernière puissent influencées
directement ou indirectement sur le fonctionnement de l’entreprise, sur leur relation
professionnelle avec l’employeur ; ou encore pour exiger la démission d’un membre du
gouvernement ou la destitution d’une institution étatique15.
b. Forme de grève
Les travailleurs congolais ne pratiquent que deux formes de grève qui sont :
- L’arrêt complet du travail
- L’arrêt partiel du travail16
Ils ne recourent au débrayage, à la grève tournante, à la grève bouchant autrement appelé
thrombose17.
1. Les grèves tournantes ou parcellaires
C’est sont des grèves qui se font à tour de rôle, les travailleurs se relèvent successivement. Elles
se déroulent par catégorie de travailleurs ou par secteur d’activité. Elles sont considérées comme
une sorte de guerre d’usure ou d’harcèlement. Elles peuvent se réaliser horizontalement ou
verticalement. Elles sont en principes légitimes18
2. Les débrayages
Les débrayages sont des grèves courtes et répétées caractérisé par la cessation du travail et la
reprise de celui-ci19.
3. Les thromboses
Les thromboses sont des grèves qui paralysent le centre névralgique de l’entreprise20.
4. La grève de rendement ou la grève perlée
14
Kalonji Mitongo, op. cit, P33
15
Idem
16
Tshizanga Mutshipangu, cours de droit du travail, unilu, 2018-2019, inédit
17
Idem
18
Ibidem
19
Ibidem
20
Ibidem
Elle consiste à la réduction du rythme de travail, de production de l’entreprise 21.
Toutes ces formes de grève sont mises dans les pays développés. Les congolais ne pratiquent que
l’arrêt complet ou partiel du travail. Il existe également la grève de solidarité et la grève
politique. Ces grèves sont illégales dès lors qu’elles ne sont pas justifiées par un conflit de
travail.
§3. Procédure du déclanchement de la grève
a. La procédure conventionnelle
Au nom de l’autonomie de volonté (les travailleurs par leur délégation syndicale) avec un ou
plusieurs employeurs peuvent conclure une convention collective ou un ensemble des
dispositions concernant la procédure du déclanchement de la grève sera fixé afin que toutes les
fois qu’il y aurait des conflits sans solution, que les parties signataires s’y réfèrent. A défaut de la
procédure constitutionnelle les travailleurs et leur employeur peuvent recourir à la procédure
légale telle que prévu par le code du travail.
b. La procédure légale
Ici nous avons la conciliation et la médiation.
1. La conciliation
La procédure de conciliation consiste pour l’inspecteur du travail compétent en raison du lieu où
s’exécute le travail et où est né le conflit de procédé à l’invitation dans le délai légal de toutes les
parties qui peuvent à cet effet délégué leurs représentant si l’une des parties ne comparait pas par
elle-même, ni moins par un délégué, l’inspecteur du travail établi un procès-verbal de garance
valant constat de non conciliation. Mais dans un contexte positif c’est-à-dire si les parties
comparaissaient, l’inspecteur du travail procède à un échange des vues sur l’objet du conflit et à
l’issu de cet échange. Il dresse un procès-verbal constatant soit l’accord soit les désaccords total
ou partiel. L’accord de conciliation non frappé l’opposition est obligatoirement exécutive pour
les parties concernées.22
En cas de non conciliation total ou partiel, le conflit est obligatoirement soumis à la médiation. 23
2. La Médiation
Après tentative infructueuse de concilier les parties conflictuelles par l’inspecteur du travail,
celui-ci transmet les dossiers soit au gouverneur de province, soit le ministère ayant le travail et
21
KIbidem
22
Kalonji Mitongo, op. cit, P36
23
Idem
la prévoyance sociale dans ses attributions selon que le conflit affecte un ou plusieurs
établissements dans une seule province, ou affecte plusieurs établissements d’une même
entreprise situées dans des domaines de provinces différentes24.
L’autorité ainsi saisie désigne à cet effet une commission qui sera chargé de la médiation. Cette
commission est tripartite composée d’un juge, magistrat de commerce qui est le président du
tribunal de paix et assisté les deux juges assesseurs, l’un représentant le patronat et l’autre le
prolétariat. Au sens technique des termes, la commission de médiation n’est ni un arbitrage ni
une médiation, ni une conciliation. Elle n’est pas un arbitrage étant donné que ceux qui la
compose ne sont pas des juges privés saisi par la partie en plus cette commission ne tranche pas
un tribunal les litiges qui lui est soumis. Elle ne réalise pas non plus une médiation au sens strict
car celle-ci suppose que les parties en cause ont librement choisies leur médiateur qui les aide à
trouver la solution à leur différend. Le médiateur intervient ici d’une manière très intense mais la
décision ne lui appartient pas25.
La procédure ainsi que les délibérations de la commission de méditation s’effectuent à la huit-
clos. Cette commission se prononce en droit dans les conflits relatif à l’interprétation, et à
l’exécution des actes législatifs ou réglementaires, ou d’une convention collective ; elle se
prononce en équité sur tout autre fiat. Elle jouit de plus larges pouvoirs pour s’informer sur la
situation économique des entreprises ou des établissements en cause, et de la situation des
travailleurs intéressés par ce conflit26.
Enfin l’exécution des recommandations de la commission de méditation avalisées par le parties
et non frappés d’opposition est obligatoire pour les parties.
3. La notification du préavis de la grève
Avant de déclencher la grève, les salariés doivent notifier l’employeur un préavis de 6 jours
ouvrables. Le préavis est notifié par lettre par les représentants de ces derniers. Une copie de la
lettre est réservée à l’inspecteur du travail du ressort qui en informe le ministre, le gouverneur, le
maire de la ville et l’administrateur du territoire. Lorsque l’employeur saisit le tribunal du travail
d’une requête tendant à interdire la grève, les salariés ne peuvent aucunement déclencher la
grève27.
24
Kalonji Mitongo, op. cit, P36
25
Matadi Lenga Gamanda, cité par m « itongo kalojni dans son ouvrage, droit de grève et principe de continuité
dans les établissments publics », Lubumbashi, 2009, P36
26
Kalonji Mitongo, op. cit, P37
27
Tshizanga Mutshipangu, cours de droit du travail, unilu, 2018-2019, inédit
4. Les effets de la grève
La grève est considérée comme un incident qui affecte le contrat de travail engendre plusieurs
effets à l’égard des salariés grévistes, des salariés non-grévistes et à l’égard des tierces
personnes.
- A l’égard des salariés grévistes
La grève provoque la suspension du contrat liant les salariés grévistes à l’employeur. Les
grévistes n’ont pas pendant la grève droit à la rémunération.
Selon l’article 89 alinéa 2 du code de travail, le montant de la rémunération est déterminé à
l’heure, à la journée, à la semaine ou au mois, soit à la pièce ou à la tâche28.
Au Congo, la rémunération la plus rependue, c’est la rémunération au temps. Par-là, nous faisons
une déduction selon laquelle, dès lors que les salariés grévistes ne sont plus à la disposition de
l’employeur il n’y a pas lieu qu’on puisse les considérés comme ayant été présents de manière
effective au lieu du travail.
Le contrat de travail est un contrat synallagmatique, c’est-à-dire que chaque partie liée au contrat
a droit de tirer un profit et dès lors que l’employeur ne profite pas de la prestation de son salarié,
il est difficile pour lui de payer une rémunération à ce dernier (Exception d’exécution en matière
contractuelle).
L’accident qui survient aux grévistes pendant la grève n’est pas un accident de travail. Cela
s’explique par le fait que les relations entre l’employeur et les salariés sont suspendues.
La grève peut avoir aussi un impact négatif par rapport à la promotion des salariés grévistes dans
la mesure où le déclanchement de la grève a pour but de faire mal à l’employeur. Pendant la
période de la grève, les salariés grévistes ne doivent pas être remplacés par des nouveaux
travailleurs.
- A l’égard des salariés non-grévistes
En principe, la grève n’a pas d’effet vis-à-vis des travailleurs non-grévistes parce que nous
l’avions dit précédemment que le droit de grève est individuel, c’est-à-dire que participer au
déclenchement de la grève c’est vouloir.
Pour les travailleurs non-grévistes leur contrat de travail reste en vigueur, ils doivent continuer à
prester et l’employeur leur doit une rémunération.
28
Article 89 alinéa 2 du code travail.
Dans la plupart de cas en République Démocratique du Congo, les grévistes recourent à la
barricade des portes d’entrée de l’entreprise en brulant des pneus, en mettant des pneus dans la
route menant directement à l’entreprise, cela préjudicie quelque peu aux droits d’autres
travailleurs non-grévistes qui auront du mal à accéder aux installations de l’entreprise et de fois
ils sont victimes d’agression de la part de leurs collègues de service.
Les salariés non-grévistes sont en droit d’agir au pénal contre les travailleurs agresseurs et ces
derniers vont engager leurs responsabilités d’une manière dualiste :
- Premièrement une responsabilité pénale devant le juge de droit commun ;
- Deuxièmement une responsabilité disciplinaire auprès de son employeur et celui-ci au
terme de la grève peut récupérer les salariés grévistes qui ont recouru aux actes
d’agression pour intimider leurs collègues.
L’employeur après l’audition des salariés grévistes agresseurs peut prendre plusieurs sanctions à
l’égard de ces derniers selon ce que prévoient les règles internes de l’entreprise en l’occurrence
du règlement intérieure d’entreprise. Il peut prononcer soit :
- Réprimande ;
- Le blâme
- La mise à pieds,
- Le licenciement avec ou sans préavis.
A l’égard des tiers
La grève n’est pas opposable aux tiers comme cas de force majeure, sauf dans le cas où une
entreprise liant les tiers considère la grève comme cas de force majeure.
Parlant des effets de la grève à l’égard des tiers, la cible en vue, c’est sont les clients, les usagers
ou le public en général, avec lesquels l’employeur pourrait avoir conclu un contrat en vertu
duquel il doit par exemple, livraison des marchandises, fournitures des biens ou des services,
paiement d’une créance, etc.
La grève peut empêcher l’employeur d’exécuter ses obligations vis-à-vis des tiers. Cette situation
ne l’exonère pas de sa responsabilité29.
L’employeur n’est pas responsable civilement pour répondre à la réparation des dommages que
les salariés grévistes causeraient aux tierces personnes parce que pendant la grève le contrat de
29
Kalonji Mitongo, op. cit, P38
travail est paralysé. C’est-à-dire que l’article 260 du code civil congolais livre 3 ne va pas
s’appliquer dans cette occurrence.
Section2 : DE L’INTERET GENERAL ET LE DROIT DE GREVE DE
L’ETABLISSEMENT PUBLIC (cas de l’hôpital MWANGEJI)
Cette section est composée de trois paragraphes ; le premier a trait à la notion de l’organisation
du service minimum dans l’établissement public (§1), le deuxième va s’articuler autour de
l’exercice illicite du droit de grève dans l’établissement public (§2) et le troisième paragraphe
consacré à faire un constat à l’hôpital général de référence MWANGEJI (§3).
33
Kalonji Mitongo, op. Cit, P38
34
L’article 39 de la constitution
Les travailleurs qui auraient grevé sans notifié leur préavis de 6 jours commettraient une faute
lourde qui peut fonder leur employeur de pouvoir le licencie. Cette grève sera considérée comme
une grève sauvage.
Le droit de grève tenu par les organes de contrôle de l’OIT pour fondamental le droit de grève
n’est pas pour autant un droit absolu et doit s’exercer dans le respect des droits fondamentaux
des citoyens et des employeurs35.
L’exercice abusif du droit de grève peut prendre des formes diverses : grève suivie par des
travailleurs, à qui ce droit n’est pas reconnu (dans le respect des principes de la liberté
syndicale), non observations des conditions mises à la grève (quand ces conditions sont
raisonnables), détérioration ou destruction des biens et des installations de l’entreprise, violence
contre les personnes. Les abus de ce genre sont punis en principe par la législation, les sanctions
pouvant variés selon la gravité des faits36.
3.1 Historique
La construction de l’hôpital a débuté en 1952 sous l’initiative de l’état du Congo belge à
l’époque coloniale cependant ses portes furent ouvertes en 1958.
Plusieurs médecins expatriés se assurent la fonctionnalité de cette institution ce fut :
- Dr BOODOUR
- Dr KOQ
- Dr WELEY
- Dr NYST
En 1980 la gestion de l’hôpital fut cédée à l’église Méthodiste unie vue la crise qui frappait les
institutions étatique du pays.
En 1997 le 26 juillet ce fut la rétrocession à l’état c’est-à-dire à l’inspection provinciale de la
santé. Dès lors plusieurs médecins dirigent successivement l’hôpital : Dr KAPEND, Dr
35
Bernard GERNIGON, Alberto ODERO et HORACIO GUIDO, les principes de l’OIT sur le droit de grève, OIT, 200,
P42
36
Idem
KABWIT, Dr ILUNGA NGOIE, Dr KANSWE MUTANDE, Dr J.C. TEMBELE et actuellement
la direction est assurée par Dr THIERRY MWANDWE.