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Texte 3- Hélène DORION

« Mes forêts sont de longues tiges d’histoire… »

Table des matières


Introduction........................................................................................................................................................ 1
Présentation ................................................................................................................................................... 1
Situation de l’extrait ....................................................................................................................................... 1
(Projet de lecture) .......................................................................................................................................... 1
Mouvements de texte .................................................................................................................................... 2
ANALYSE LINEAIRE .............................................................................................................................................. 2
PREMIER MOUVEMENT = le démembrement................................................................................................ 2
SECOND MOUVEMENT : la reconstruction .................................................................................................... 2
Conclusion .......................................................................................................................................................... 4
Bilan ................................................................................................................................................................ 4
Conclusion ...................................................................................................................................................... 4

Introduction

Présentation
H. Dorion propose pour structurer son recueil un motif répétitif qui est celui des forêts
- effet-miroir entre le titre du recueil / les poèmes à l’intérieur du recueil
- effet d’écho entre les 5 poèmes qui structurent le recueil au fil des 4 sections, et même, ça encadre
le recueil = fidélisation, stabilisation autour du même pôle de référence (la forêt), force d’un rituel

Situation de l’extrait
Nous étudions le dernier « Mes forêts »,
(En nous rappelant que, dès le premier texte, ont été fixés

- le principe de délégation mes forêts=moi je,

- la récurrence de « mes forêts » tel un leitmotiv rassurant et structurant,

- la question de la disposition des strophes, irrégulières et cependant réfléchies et significatives, avec un


rétrécissement de strophe en strophe de la parole)

(Projet de lecture)
Poème final qui récapitule l’expérience intime de la poétesse
Bascule des traumatismes à la résilience, des douleurs à la libération, de la « blessure » à la
guérison

Mouvements de texte
1° 1 lot de 13 vers + 1 quatrain + 1 distique = mise à plat des épreuves endurées (ensemble des
strophes dépareillées)
2° 1 quatrain + 1 quintil + 1 tercet = l’écriture poétique a sauvé la locutrice. (Travail
d’harmonisation des strophes entre elles, à deux vers près)

ANALYSE LINEAIRE

PREMIER MOUVEMENT = le démembrement

• Allitération en -t- tirée du terme de « tige » v.1 : « tiges », « histoire », « tournent », « travers »
jusqu’à la fin de cette longue première strophe « ratures », « repentirs » = impression de
brindilles disséminées dans le texte

• V.2, v.3 espaces typographiques qui créent des béances, des manques :
«à travers les saisons elles vont » = matérialisation du manque

• V. 4-5 quatre points cardinaux nommés à la suite = plus aucun repère spécifique : dans « d’est
en ouest jusqu’au sud / et tout au nord », le nord point de repère des bergers ou des boussoles
n’est ici donné qu’en dernier ; c’est dire son égarement.

• V. 6 terme péjoratif placé à la rime « solitude », avec peut-être une propagation de cette solitude
en [u] (sud, solitude, rature)

• V.9-10 tournures privatives, négations prépositionnelles : « sans famille », « sans amour »,


« sans retour » + préfixe négatif « ignorant »

• V.11-13 allitération en [r] qui mime la « boule dans la gorge » de la strophe suivante
« retrouve », « rature », « repentirs », « résout ».

• Tout ce mouvement repose sur une réduction des strophes (boule dans la gorge => difficulté à
dire) 13 vers => 4 vers (quatrain) => distique (2 vers) = une parole étouffée

SECOND MOUVEMENT : la reconstruction

A partir de « elles sont des lignes au crayon… » = 2e mouvement, qui amorce un renouveau
• V. 18, oppositions lexicales : des « tiges » et des « lames de bois » deviennent des « lignes » et
des « mots » = passage du végétal sauvage à l’artistique, passage de l’erreur (« ratures et
repentirs ») à la justesse des « mots » et des « lignes ».

• Synthèse des éléments réalisée : air (« nuages »), feu (« rayons »), eau (« pluie »), terre
(« forêts ») : unité du monde retrouvée

• Musicalité au rendez-vous, amorce d’un système de rimes suivies = harmonisation sonore :


« nuages/passage » (v.23-24), « promène/moi-même », « blessure/dure » (v.26-27)

• Vers 25 : Ouverture du système de communication : du « on » (indéfini neutre, anonyme et


inquiétant du début) au « nous » dans « nos mots d’exil » ;

• V. 27-28 « un rayon qui dure/dans sa douceur » « dure » qui renvoie non pas la dureté (et qui
alors jurerait violemment avec le mot suivant à la rime, douceur) mais à la durée de temps = jeu
de mot avantageux ici

• Enjambements qui créent cette durée évoquée, en faisant s’étirer les phrases par-delà les limites
des vers : « elles sont des lignes au crayon / sur papier de temps » mais aussi « un rayon qui dure
/ dans sa douceur ».

• Verticalisation : tension vers le sacré et la rédemption (« nuages », « rayon »)

• Continuité (tous les ingrédients de la reconstruction étaient là dès le début) en [p] qui traverse
le poème (« pointes », « papier », « passage », « peu », « pluie », « promène », « prendre) mais
qui s’intensifie au second mouvement, à partir du moment où le « papier » (de l’écriture, de la
page) est nommé = intensification de la musicalité et renforcement de la cohérence du poème
à partir de là.

• Reprise en main de soi, réhabilitation de soi : à la dernière strophe, avec trois formes en trois
vers de la première personne (sujet « je », objet « m’», et réfléchi « moi-même).

• Vers final qui nous rappelle que le poème, comme le recueil, est intitulé « mes forêts » et renvoie
à un écosystème géographique mais dans ce poème, les compléments de lieu sont en fait des
affaires de temps (« à travers les saisons », « dans la nuit rare ») et d’intimité (« dans la gorge »).
La fin du poème consacre la poétesse comme son propre lieu (« vers moi-même ») (sa propre
base), en faisant de soi un locatif directionnel. Si, dans « Mes forêts » le lieu était subjectivé (les
forêts devenaient personnelles), en fin de recueil, « vers moi-même », le personnel devient un
lieu. En somme, un échange de bons procédés, chacun devenant l’autre, la fusion
nature/humanité étant enfin aboutie. La poésie aura opéré ce glissement réciproque
nature/intime.

Conclusion

Bilan
Le poème propose de refaire l’histoire de la conversion qui s ‘est opérée de la destruction à la
reconstruction. Ce dernier poème officialise aussi la pertinence du parcours, puisque c’est par la
poésie que l’intime et la nature peuvent ensemble non seulement traduire le moi mais aussi,
surtout, le légitimer et le renforcer.

Conclusion
Tout le recueil est à entendre comme un récit initiatique, par étapes, (cf. les préfixes à valeur de
récurrence, « retrouve », « repentirs », « résout », « recommencent », « retour ») avec des repères
fréquents (le recueil est balisé par le leitmotiv « mes forêts »).
Comme dans le premier poème intitulé « Mes forêts sont… » on devine que le double enjeu est
moins l’espace que le temps d’une vie humaine, une expérience à apprivoiser (« Mes forêts sont de
longues trainées de temps … Mes forêts sont de longues tiges d’histoire ») : démarche
psychologique, philosophique et poétique bien-sûr puisque ce cheminement ne se fait que par
l’écriture. Forêt initiatique, lieu de la révélation de soi et au monde chez Ph Jaccottet aussi, dans
Airs, 1961-1964

Arbres I il est conduit par de tremblants dédales

Du monde confus, opaque par des essaim d'étincelles et d'ombres

des ossements et des graines


vers une grotte à peine plus profonde
ils s'arrachent avec patience
Peut-être maintenant qu'il n'y a plus de stèle

afin d'être chaque année n'y a-t-il plus d'absence ni d'oubli

plus criblés d'air

Arbres III

Arbres II Arbres, travailleurs tenaces ajourant peu à peu la


terre
D'une yeuse à l'autre si l’œil erre
Ainsi le cœur endurant peut-être, purifie

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