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Fasc.9 - OUVRAGES DE SOUTENEMENT
Fasc.9 - OUVRAGES DE SOUTENEMENT
Fascicule IX
Ouvrages de soutènement
Géotechnique – RC 2007
FASCICULE 9
OUVRAGES DE SOUTENEMENT
___________________________________________________________________
Géotechnique – RC 2007
3.3. Formulation des conditions de stabilité .................................................................................................. 42
3.3.1. Stabilité au glissement ..................................................................................................................... 43
3.3.2. Stabilité élastique et capacité portante ............................................................................................. 45
3.3.3. Stabilité interne ................................................................................................................................ 48
3.3.4. Instabilité à grande échelle............................................................................................................... 49
3.4. Technologie des ouvrages rigides ............................................................................................................ 49
3.4.1. Murs en maçonnerie......................................................................................................................... 49
3.4.2. Murs en béton armé ......................................................................................................................... 50
3.4.3. Dispositions constructives................................................................................................................ 53
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1. Introduction générale
Les divers types de barrages et les digues sont des ouvrages destinés à retenir des
poussées d’eau. Les barrages à gravité et les autres types de barrages en béton font également
partie, au sens strict, des ouvrages de soutènement, mais ils ne seront pas abordés dans le
cadre du présent enseignement. Les barrages et les digues en terre et enrochements seront
étudiés dans une autre partie du cours.
Ce fascicule sera donc réservé à l’étude des différents ouvrages de soutènement au
sens où on l’entend usuellement, c’est-à-dire les murs de différents types, les ouvrages en
palplanches, les parois moulées dans le sol et quelques autres techniques un peu particulières.
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En général, ces ouvrages de soutènement ainsi définis trouvent leur raison d’être dans
le fait que les talus de déblai (ou de remblai) ne peuvent pas, pour des questions de stabilité,
dépasser une certaine inclinaison sur l'horizontale. Cette inclinaison maximum est une
fonction de la dénivellation, des caractéristiques physiques et mécaniques des matériaux, de la
forme géométrique, des conditions hydrologiques, des charges et sollicitations appliquées, etc.
Le passage graduel d'un niveau bas à un niveau haut par un talus nécessite dès lors une
certaine surface horizontale qui parfois n'est pas disponible pour des raisons de topographie,
d'encombrement, d'économie, ...
On peut alors réaliser la transition entre ces deux niveaux par un ouvrage de
soutènement, dont l'encombrement en plan peut être nettement réduit par rapport à celui d’un
talus stable.
Talus stable
Figure 1-2 : Gain de place résultant du remplacement d’un talus stable par un
ouvrage de soutènement
Ces ouvrages devront bien entendu être conçus, dimensionnés et réalisés de manière à
présenter, depuis les différentes phases de construction jusqu’à leur durée de vie prévue, des
conditions de stabilité acceptables. Ce sont ces divers aspects qui constituent l’objet principal
de la présente étude.
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Ces ouvrages sont ainsi appelés parce qu’ils assurent la résistance aux poussées par
l’effet de leur seul poids propre, ou par leur forme étudiée pour mobiliser en complément une
partie du poids propre du remblai. Il s'agit la plupart du temps de constructions à caractère
définitif.
Leur appellation est justifiée par le fait que la souplesse relative de ces ouvrages
autorise des déformations propres et des déplacements assez importants, permettant de
mobiliser des états limites de rupture (ELI et ELS) dans le sol. Les méthodes de calcul
habituelles utilisent cette particularité pour admettre d’emblée que le sol au contact de ces
ouvrages se trouve partout dans un de ces deux états limites. Cette hypothèse simplifie les
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d) Techniques particulières
A côté de ces méthodes de construction assez classiques, mais présentant de très
nombreuses variantes et une grande adaptabilité à la variété des situations pratiques, il existe
des techniques particulières de soutènement, d’origine assez récente (ou plus précisément
redécouvertes ou adaptées, comme on le verra plus loin).
Il s’agit en général de méthodes de soutènement faisant principalement appel au sol
lui-même, grâce à un renforcement apportant à ce matériau la résistance à la traction qui lui
fait défaut.
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Depuis que l’homme préhistorique est devenu sédentaire [Kérisel (1956, 1993)], c’est-
à-dire depuis plus de 10.000 ans, il s’est protégé en élevant des obstacles, puis il a construit
des monuments à but religieux. Les premiers exemples d’ouvrages destinés à soutenir une
masse de sol par une paroi verticale semblent se situer sur la côte Atlantique de l’Europe, où
l’on retrouve des constructions mégalithiques de ce type. Les civilisations précolombiennes
d’Amérique ont laissé des vestiges similaires, encore plus impressionnants par leurs
dimensions et le fini de leur réalisation. Les quelques monuments mésopotamiens épargnés
par l’érosion (ziggourats) témoignent aussi de la maîtrise acquise à ces époques très reculées.
Il apparaît clairement que les concepteurs de ces ouvrages ont saisi l’importance des
poussées exercées et ont tenté de les réduire ou d’atténuer leurs effets par deux techniques
principales : l’insertion de tapis horizontaux renforçant le sol, et le compartimentage des
constructions.
Le premier écrit consacré aux ouvrages de soutènement est dû au romain Vitruvius,
qui proposait déjà des solutions assez performantes non seulement pour les ouvrages à sec,
mais également pour les structures hydrauliques et portuaires (De portibus et struturis in aqua
faciendis). On y trouve notamment la description d’une technique très proche des batardeaux
encore utilisés actuellement.
Au Moyen Age et à la Renaissance, on voit apparaître un grand nombre de traités sur
les fortifications. Le Maréchal de Vauban publie en 1684 les tables résultant de son
expérience de la construction de 150 forts pour le Roi de France, travaux totalisant un volume
de matériaux de 3.700.000 m3, avec des hauteurs dépassant parfois 30 mètres. Il n’est alors
qu’à la moitié de sa carrière, et il propose des dimensions standardisées pour les murs, avec
des contreforts internes, fonctions de la hauteur de l’ouvrage. Après avoir connu des
problèmes avec des fortifications dans le nord de la France, dont les fondations reposant sur
des argiles du Sparnacien (proches de l’argile de Londres, mais moins surconsolidées) peu
résistantes, Vauban dut revoir et compléter ses tables pour tenir compte de la stabilité des
fondations.
La théorie de la poussée des terres trouve son origine aux 18e et 19e siècles, avec
l’observation et l’analyse a posteriori de la résistance des murs, et par la réalisation d’essais
sur modèles [Coulomb (1773), Rankine (1857), Boussinesq (1876, 1882, 1885)]. Les
équations posées par Boussinesq décrivent clairement et correctement le phénomène de
poussée en y incluant le frottement à la paroi, mais elles ne sont pas intégrables
analytiquement. Toutes ces théories considèrent toutefois les sols comme un matériau
possédant uniquement un frottement interne, mais sans cohésion.
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Au 20e siècle, de grands progrès sont faits dans la connaissance des propriétés des
sols, et il est aisé d’introduire les effets de la cohésion par la méthode des états correspondants
[Caquot (1934)]. L’apparition des ordinateurs permet d’obtenir numériquement les solutions
des équations posées par Boussinesq, tant en poussée qu’en butée, pour de nombreuses
combinaisons d’angle de frottement interne et d’inclinaison du sol et de la paroi [Caquot et
Kérisel (1948), Kérisel et Absi (1990)].
Les murs à gravité, en maçonnerie, sont progressivement remplacés par des
constructions en béton, puis par des murs cantilever utilisant la résistance à la flexion du
béton armé, et enfin par toutes sortes d’autres ouvrages de soutènement : gabions, murs creux
en poutres croisées, rideaux de palplanches, techniques particulières de renforcement des sols,
etc.
De nombreux chercheurs ont mis en évidence l’importance, sur la valeur des poussées
exercées par les sols, de la déformabilité des ouvrages et des déplacements relatifs entre la
paroi et le sol soutenu. Enfin, il faut bien reconnaître que, malgré les progrès considérables
réalisés ces dernières années dans ce domaine, nos connaissances sur les poussées réellement
exercées sur les ouvrages restent encore assez incertaines.
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Pour certains types d’ouvrages, l’interaction entre le sol et l’ouvrage devra être pris en
considération, en formulant des hypothèses sur la relation entre les déplacements de la paroi et
les contraintes dans le massif de sol.
b) Poussées en ELI et en ELS
On étudiera d’abord le problème des poussées dues au poids propre du sol par des
méthodes simplifiées ignorant la question du frottement au contact entre le sol et la paroi, en
supposant en fait que l’ouvrage n’apporte aucune perturbation dans massif supposé semi-
indéfini (massif de Rankine).
L’approche sera ensuite affinée en supposant que des contraintes tangentielles (de
frottement) peuvent se développer et modifier l’état généralisé ELI ou ELS de Rankine dans
une zone au voisinage de la paroi. On verra que cet aspect de la question est particulièrement
important dans le cas ELS, où il ne peut jamais être négligé.
Cette approche plus fine sera menée par diverses techniques, soit en modifiant le
modèle de rupture généralisée de Rankine pour y introduire une zone perturbée, soit en
supposant une cinématique de rupture formée de blocs glissant sur des surfaces choisies.
Les différentes méthodes seront comparées entre elles, et elles seront confrontées avec
les observations et mesures sur ouvrages réels et sur modèles, de manière à préciser pour
chacune leur domaine d’application. Les simplifications de la distribution des contraintes
calculées, adoptées pour faciliter les calculs pratiques, seront aussi discutées et confrontées à
la réalité.
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l’ouvrage. Dans une approche plus fine, les contraintes appliquées par le sol sur l’ouvrage
pourront tenir compte d’une modification locale (raidissement) au voisinage du niveau
d’application de l’effort. Dans certains cas, l’interaction entre les mouvements de l’ouvrage et
les efforts appliqués devra être modélisée, en caractérisant l’appui par une loi de
comportement élastique, ou élastoplastique.
Dans les zones sismiques, les effets dynamiques des séismes sur les ouvrages de
soutènements devront être pris en considération. Ces effets sismiques comprennent l’action
dynamique sur l’ouvrage lui-même, et des contraintes dynamiques additionnelles appliquées
par le sol supporté (et éventuellement l’eau).
Un aspect important de ces effets dynamiques concerne les modifications des
caractéristiques de comportement des sols qui peuvent résulter des séismes. Ces modifications
peuvent concerner les massifs soutenus par les ouvrages, qui pourraient momentanément
perdre la majeure partie de leur résistance (liquéfaction), et se comporter alors presque
comme un liquide (K = 1). Si ces modifications concernent le sol de fondation supportant
l’ouvrage, la diminution ou la perte de capacité portante peut entraîner l’instabilité.
L’étude détaillée de ces effets sismiques sort du cadre du présent exposé et elle ne sera
pas abordée en détail. Signalons toutefois que pour les ouvrages de retenue (barrages de
divers types), ce type de sollicitation ne peut jamais être ignoré.
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On peut aussi noter que le mode de mise en place d’un remblai à l’arrière de
l’ouvrage a une influence importante sur l’état de poussée. Dans la pratique habituelle, les
matériaux de remblai sont compactés après leur mise en place. Ils développent de ce fait des
poussées qui peuvent largement dépasser les valeurs ELI supposées habituellement. C’est
pourquoi le dimensionnement devra toujours tenir compte des modalités de construction, de
manière à simuler au mieux les conditions réelles de sollicitation et de fonctionnement de
l’ouvrage.
Une situation particulièrement critique peut se développer dans la situation
schématisée ci-dessous, lorsque la fouille initiale à l’arrière de l’ouvrage est de faible largeur,
ce qui se justifie dans un terrain rocheux, ou un sol pouvant présenter une cohésion
(temporaire) suffisante.
Si le matériau de remblai est évolutif, et subit au fil du temps des altérations, des
gonflements et retraits alternés, etc, il peut se développer des contraintes très importantes
entre le mur et le sol resté en place à l’arrière du remblai. Il faut être conscient que ces
contraintes peuvent être sans aucune commune mesure avec celles qui découleraient d’un
calcul classique de poussées, voire même des butées, car les lignes de rupture diffèrent
fortement des hypothèses classiques. Elles peuvent conduire en quelques années à la ruine
complète de l’ouvrage.
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On doit alors exprimer que le mur, considéré comme un corps rendu libre, est en
équilibre (de translation et de rotation). Pour obtenir cet équilibre, on dispose de la réaction R
du sol de fondation sous la base cd, qui est inconnue au départ. Elle est obtenue en équilibrant
les autres forces appliquées, selon le schéma qui suit.
E W
R
W
e b
d c E
R
Actions
Résistance
Glissement sur la base sous l’effet des Dépassement de la capacité portante, avec
composantes horizontales tassement et mouvement de basculement
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Partie de W
Partie de E
M, N, T
Actions de A Actions du
l’eau sol
KP
f KA
Figure 1-8 : Actions sur les ouvrages souples (sol, eau et ancrage)
Le poids propre du rideau est généralement négligé devant les autres actions, en
première approximation.
Les pressions d’eau peuvent être immédiatement calculées à partir de la géométrie du
problème, car on suppose que le réseau d’écoulement n’est pas influencé par les déplacements
et déformations de la paroi.
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Par contre, les contraintes exercées par le sol (sous son poids propre et sous
d’éventuelles surcharges) ne peuvent être déterminées que si l’on connaît, en tout point de la
hauteur, la direction du mouvement relatif de la paroi. Dans le cas présent, le déplacement du
rideau de palplanches n’est donc pas connu a priori, et il constitue une des inconnues du
problème. La seconde inconnue est la fiche f du rideau, c’est-à-dire sa longueur
d’encastrement de la partie inférieure dans le sol.
On considère le rideau comme un corps rendu libre, en équilibre de rotation et de
translation (horizontale uniquement, en première approche). On dispose ainsi de deux
relations pour deux inconnues en l’absence d’ancrage, mais il apparaît des inconnues
supplémentaires (les efforts A) si l’on utilise un ou plusieurs niveaux d’ancrages.
Sauf pour le cas du rideau simplement encastré (sans ancrage), on sera dès lors amené
à formuler des hypothèses supplémentaires, sur la cinématique ou sur la répartition des efforts
et des contraintes, pour lever les indéterminations. Ces diverses simplifications constituent la
base des méthodes pratiques de dimensionnement qui seront étudiées dans la suite.
Les principaux modes d’instabilité propres à ce type d’ouvrage sont représentés
schématiquement sur les figures qui suivent.
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On doit encore y ajouter des cas d’instabilité externes (érosion interne du sol) ou des
déformations excessives de l’ouvrage lui-même ou du sol supporté :
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c
φ
σ
σh σv
ν
{2.1} σ h = (1 − sin φ). σ v ou σh = σv
1− ν
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La première expression est une formule empirique proposée par Jaky en 1936 pour les
sables, tandis que la seconde est un résultat de la théorie de l’élasticité linéaire exprimant le
confinement latéral parfait du matériau (ν est le coefficient de Poisson). La proposition
empirique de Jaky a été modifiée par des chercheurs canadiens pour le cas des argiles :
Supposons maintenant que l’on arrive à introduire dans ce massif de sol une paroi
verticale lisse, infiniment rigide, et que l’on retire ensuite, sans produire de perturbation de
l’état d’équilibre initial du sol, c’est-à-dire sans permettre le moindre mouvement latéral, le
matériau situé d’un côté de cette paroi. Cette dernière sera alors soumise, du côté où le sol est
resté en place, à des contraintes correspondant à l’état au repos, contraintes dont on peut
aisément déterminer les valeurs en tout point ainsi que la résultante E.
z σh = γ.z.K0
H
E = ½ .K0.γ.H2
H/3
Cette méthode de calcul s’appliquera assez logiquement aux actions des sols sur les
écrans dont le déplacement peut être considéré comme nul ou négligeable. Il s’agira par
exemple d’ouvrages massifs, très rigides, ou ceux dont les déplacements sont totalement
empêchés par le principe même de leur conception comme des bajoyers d'écluse, des ponts et
passages inférieurs en cadre, et d'autres ouvrages symétriques, ainsi que des ouvrages fondés
directement sur une roche peu déformable.
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On peut également remarquer que certains murs de faible hauteur sont souvent très
rigides et que les poussées exercées par les sols peuvent s'y révéler proportionnellement plus
importantes que sur des ouvrages plus élancés.
c
φ σv
Direction de σ
KA.σv K0.σv
rupture
1 − sin φ φ
{2.3} KA = = tan 2 (45°− )
1 + sin φ 2
Selon cette même théorie les deux directions de rupture font un angle avec
l’horizontale valant 45° + φ/2. Cet angle permet aussi d’identifier la zone de sol qui contribue
à la poussée sur la paroi, quand la poussée active (rupture) est complètement développée.
Quand le matériau présente également de la cohésion, la résolution du problème dans
le plan de Mohr conduit à une valeur de la contrainte horizontale valant :
{2.4} σ h = K A . γ . z − 2. c. K A
On notera que cette formule fournit des contraintes horizontales de traction, présentant
une valeur maximum en surface, et s’atténuant progressivement avec la profondeur pour
s’annuler en :
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2. c
{2.5} zT 0 =
γ. KA
Si des contraintes de traction peuvent effectivement exister dans un massif de sol
continu, il paraît raisonnable de négliger ces contraintes de traction au contact d’un ouvrage,
et de ne tenir compte que de la partie positive du diagramme des poussées. Dans la plupart des
applications réelles, on sera amené à négliger totalement les effets de la cohésion, car celle-ci
pourrait disparaître, ou se réduire fortement, au cours de la durée de vie des ouvrages, par
suite de diverses circonstances : saturation du massif, sécheresse, fissurations, effets
sismiques, etc.
Remarquons bien que les développements ci-dessus supposent que la paroi de
soutènement n’apporte aucune perturbation dans le massif, qui continue à se comporter
comme un massif semi-indéfini de Rankine. C’est une conséquence directe de notre
hypothèse d’une paroi lisse, sur laquelle les contraintes ne peuvent être que normales.
En réalité, lors du mouvement schématisé sur la figure, où l’on voit que le sol a
tendance à se déplacer vers le bas par rapport à la paroi, on imagine aisément que des
contraintes tangentielles (frottement) pourraient se développer et modifier l’état généralisé
ELI de Rankine dans toute une zone au voisinage de la paroi. Cet aspect de la question, qui
constitue la principale limitation de la méthode dite de Rankine, sera repris plus loin en y
apportant des solutions plus conformes à la réalité physique.
c
φ K0.σv σv σ
KP.σv
Direction théorique
de rupture
Selon Rankine, pour un massif de sol homogène, horizontal, sans cohésion, et une
paroi verticale, le coefficient de butée KP est donné par :
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1 + sin φ φ 1
{2.6} KP = = tan 2 (45°+ ) =
1 − sin φ 2 KA
Les deux directions de rupture font ici un angle avec l’horizontale valant 45° - φ/2. Cet
angle permet aussi, en théorie, d’identifier la zone de sol qui contribue à la poussée sur la
paroi, quand la poussée passive (rupture) est complètement développée. Toutefois on a
observé que les formes réelles de rupture ont généralement une allure courbe assez éloignée
de ce schéma.
Quand le matériau présente également de la cohésion, la résolution du problème dans
le plan de Mohr conduit à une valeur de la contrainte horizontale valant :
{2.7} σ h = K P . γ . z + 2. c. K P
Les contraintes horizontales restent partout des contraintes de compression. Pour les
mêmes raisons que celles évoquées dans le paragraphe précédent à propos de l’état ELI, on
sera souvent amené à négliger la cohésion lorsque celle-ci peut avoir un effet stabilisant.
Remarquons aussi, comme pour l’ELI, que nous avons supposé une paroi lisse, sur
laquelle les contraintes ne peuvent être que normales, et que tout se passe donc comme dans
un massif semi-indéfini de Rankine. En réalité, lors du mouvement de refoulement du sol par
la paroi, le sol aura tendance à se déplacer vers le haut, et des contraintes tangentielles dues au
frottement vont se développer et modifier l’état généralisé de Rankine au voisinage de la
paroi.
Cet aspect de la question, particulièrement important dans le cas ELS, où il ne peut
jamais être négligé, sera examiné dans le paragraphe suivant pour y apporter des solutions
plus conformes à la réalité.
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Zone de
transition
θ ELI de θ
Rankine
ELS de
Zone de Rankine
transition
On constate en pratique que cette manière de faire, très simple d'application, fournit
pour les cas habituels (parement vertical ou léger fruit positif, terrain subhorizontal), des
résultats acceptables, proches des valeurs expérimentales et peu différents de ceux obtenus par
des méthodes plus élaborées. Notons toutefois que cette conclusion n’est valable que pour la
poussée active.
Dans la méthode des états limites généralisés avec frottement à la paroi, on admet
que la paroi limite l'extension du milieu semi-indéfini considéré ci-avant, avec une
perturbation de la répartition des contraintes au voisinage de cette paroi. Pour définir la forme
et l’état de contraintes de cette zone perturbée, on y suppose toujours l’état de rupture (ELI ou
ELS), c’est-à-dire une rupture en tout point selon le critère de Mohr-Coulomb. On y impose
toutefois une condition aux limites supplémentaire, à savoir l'inclinaison θ de la contrainte sur
la paroi.
Le problème à résoudre comporte dès lors les données suivantes :
• la loi de rupture de Mohr-Coulomb dans la zone perturbée (ELI ou ELS);
• un état d'équilibre limite de Rankine dans le massif prolongeant la zone perturbée;
• l'inclinaison θ imposée des contraintes sur la paroi.
Les équations de ce problème ont été posées par Boussinesq dès 1882, mais il n'a pu
calculer que quelques valeurs approchées des coefficients de poussée, faute de moyens de
calcul. Caquot et Kérisel ont repris le problème dès 1948 et ont établi par approximations
numériques des tables de valeurs permettant une application très simple de la méthode. Ces
tables ont été plusieurs fois mises à jour avec des moyens de calcul plus perfectionnés
permettant une meilleure précision [Kérisel & Absi (1990)].
Ces tables traitent les deux cas E.L.I. et E.L.S., pour lesquels elles fournissent des
valeurs du coefficient de poussée K en fonctions de toute une série de valeurs de :
• l'angle de frottement interne φ du matériau;
• l'inclinaison i (positive et négative) du terre-plein;
• le fruit α (positif et négatif) du parement (angle sur la verticale);
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W Γ
F W
θ φ
E F Γ
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i
E
W
Γ
α F W
H
φ
θ
F
E Γ
cos2 (φ − α )
E = 21 γ . H 2 . 2
{2.9} ⎡ sin(φ + θ).sin(φ − i ) ⎤
cos α. ⎢ cos(θ + α ) +
2
⎥
⎣ cos(α − i ) ⎦
Des méthodes cinématiques utilisant des lignes de glissement courbes ont été mises au
point par de nombreux autres chercheurs. Dans cette famille de méthodes, les conditions
d'équilibre sont souvent plus difficiles à exprimer, car elles nécessitent la connaissance de la
direction de la résultante F, donc une hypothèse sur la répartition des contraintes le long de la
ligne de glissement. L’utilisation de la forme en spirale logarithmique pour la ligne de rupture
permet de simplifier cette résolution [Brinch-Hansen (1953)].
On ne développera toutefois aucune de ces méthodes dans le cadre de ce cours.
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Ouvrages de soutènement 9 — 29
0.7
0.6
Rankine
Coefficent de poussée K
0.5
0.4
Caquot-Kérisel, Coulomb
0.3
0.2
0.1
0.0
0 10 20 30 40 50
Angle de frottem ent inte rne (de grés )
Cette concordance est justifiée par le fait que la forme rectiligne de la surface de
rupture, adoptée comme hypothèse par Coulomb, correspond assez bien à la forme observée
dans les expériences et à celle obtenue par la théorie de Boussinesq.
Pour l’état passif, la prise en compte du frottement à la paroi modifie fortement les
valeurs du coefficient de poussée. Cette divergence est principalement due à la forme
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 30
rectiligne de la surface de rupture adoptée comme hypothèse par Coulomb, hypothèse qui ne
correspond guère à la forme curviligne observée dans les expériences et mieux reproduite par
la théorie de Boussinesq.
Lorsque la paroi est verticale et le sol horizontal, le tableau et le diagramme qui
suivent donnent les valeurs obtenues par les différentes méthodes. On peut y constater cette
forte influence du frottement à la paroi, mais également que la méthode de Coulomb fournit
des valeurs qui divergent rapidement de celles de Caquot-Kérisel.
12
-1/3
10 Rankine
Caquot-Kérisel -2/3
Coefficent de butée K
8 Coulomb
-1
6
0
4
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Angle de frottem ent interne (degrés)
On évitera d’utiliser les valeurs de Rankine (sauf si le frottement est proche de zéro) et celles,
trop élevées, données par la méthode de Coulomb, et on utilisera plutôt les résultats obtenus
par Caquot et Kérisel, en adoptant des valeurs réalistes pour le frottement.
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 31
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 32
Les essais de Terzaghi, étudiant l'effet du déplacement (rotation autour du pied) d'une
paroi de soutènement sur le coefficient de poussée de sables à différentes compacités, ont
donné les résultats schématisés à la figure suivante.
K
2 Sable compact
butée Sable peu compact
1 +δ -δ
K0 poussée
KA H
δ/H
-2 0 2 4 (10-3)
On observe que :
• pour un déplacement nul, on retrouve la valeur du coefficient de poussée au
repos K0 ;
• le déplacement nécessaire pour retomber de la valeur au repos à un palier,
correspondant à la poussée active, est faible, inférieur au millième de la hauteur ;
• les contraintes de butée ne se mobilisent que beaucoup plus progressivement.
De nombreux autres expérimentateurs ont confirmé l'allure générale de ces résultats,
en faisant apparaître l'influence d'autres paramètres, tels que :
• le type de déplacement : translation, rotation en tête, rotation en pied, rotation et
translation combinées, ...
• la nature, l’état de compacité relative et l’histoire du matériau soutenu par la paroi;
• la rugosité de la paroi, surtout pour le comportement passif, comme le montrent par
exemple les résultats schématisés à la figure suivante [Rowe (1965)].
K Sable compact
8 Sable peu compact
θ = 2/3 φ -δ
H
θ=0 δ/H
K0
-100 -50 0 (10-3)
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Ouvrages de soutènement 9 — 33
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Ouvrages de soutènement 9 — 34
Couche
imperméable
Etanchéité ou très peu Couche peu
perméable perméable
effective
Si les niveaux sont différents de part et d’autre de l’ouvrage, et s’il existe une
étanchéité empêchant effectivement toute percolation sous l’ouvrage, un état hydrostatique
peut être admis à gauche et à droite de cet écran d’étanchéité. Les résultantes horizontales ne
s’équilibrent pas, et les résultantes verticales, en particulier celles agissant de bas en haut
(sous-pressions) peuvent jouer un rôle important dans la stabilité des ouvrages.
Dans les autres cas où les niveaux sont différents, même si le sol est très peu
perméable, il existe un écoulement (qui peut être très lent, voire imperceptible). Il s’établit
alors une distribution des pressions (ou des potentiels hydrauliques) et la situation doit
impérativement être étudiée comme un phénomène hydrodynamique.
En outre, quand les niveaux sont susceptibles de varier fréquemment, ou de manière
accidentelle, il y aura lieu de tenir compte des différentes situations possibles, sans oublier
que les équilibres ne sont pas nécessairement atteints de manière instantanée.
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Ouvrages de soutènement 9 — 35
Surcharge q
K.γ.z K.q
K.q.H
H ½.K.γ.H 2
1/3 H + ½H
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Ouvrages de soutènement 9 — 36
⎧Q 0.28 n 2
⎪ H 2 . (016 m ≤ 0.4
⎪ . + n2 )3
{2.10} σQ = ⎨
⎪ Q . 177. (m. n) 2
m > 0.4
⎪⎩ H 2 (m2 + n 2 ) 3
m.H Surcharge Q
n.H σQ
Résultante R
H
Y
Coefficient de Q/H²
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6
0
Profondeur relative n
0.6
0.8
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Ouvrages de soutènement 9 — 37
Coefficient de q/H
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2
Profondeur relative n 0
0.2
0.6 m = 0.6
0.8
Figure 2-27 : Contraintes résultant d’une surcharge q sur une ligne parallèle à
l’ouvrage, appliquée à une distance m.H
Pour une surcharge q répartie le long d’une ligne parallèle à l’ouvrage (exprimée en
force par unité de longueur), les formules deviennent :
⎧ q 0.203 n
⎪ H . (016 m ≤ 0.4
⎪ . + n2 )2
{2.11} σQ = ⎨ 2
⎪ q . 4 m .n m > 0.4
⎪⎩ H π.(m2 + n 2 ) 2
Enfin, pour une surcharge q répartie sur une bande parallèle à l’ouvrage (exprimée
en contrainte), les formules deviennent, pour la composante horizontale de la contrainte
appliquée à la paroi :
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Ouvrages de soutènement 9 — 38
m1.H m2.H
Surcharge q
β
n.H α
H Résultante R
Y
σx
Figure 2-28 : Contraintes résultant d’une surcharge répartie sur une bande
2. q
{2.12} σx = .(β − sin β.cos 2α )
H
La valeur de la résultante R par unité de longueur de paroi (mais pas sa position Y) est
donnée par intégration de cette contrainte sur la hauteur de la paroi [Jarquio (1981)] :
Une autre méthode assez simple pour traiter ce problème utilise les notions de
directions de rupture pour définir la zone recevant les contraintes, et le coefficient de poussée
K correspondant aux poussées du sol lui-même pour la transmission de la surcharge :
Surcharge q
K.q
φ
45° + φ/2
Figure 2-29 : Contraintes résultant d’une surcharge répartie sur une bande
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Ouvrages de soutènement 9 — 39
Murs anciens en moellons bruts, sans liant Mur de gabions en protection de berge
Les ouvrages à gravité sont ainsi appelés parce qu’ils assurent la résistance aux
poussées par l’effet de leur seul poids propre, ou par leur forme étudiée pour mobiliser en
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 40
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 41
fonctionnement de l’ouvrage. La réalisation devra aussi être contrôlée avec soin, pour assurer
un compactage adéquat, mais pas excessif, du matériau à l'arrière de l'ouvrage.
On considère généralement que l'énergie de compactage Proctor Standard est
suffisante pour le corps du remblai, avec éventuellement un compactage plus énergique en
surface si la portance doit être élevée.
Une situation particulièrement critique peut se développer dans les circonstances
schématisées ci-dessous, lorsque la fouille initiale à l’arrière de l’ouvrage est de faible largeur.
En fait, dans un terrain rocheux, ou dans un sol pouvant présenter une cohésion (temporaire)
suffisante, on peut tailler verticalement le sol et on considère (à tort) que le mur sert
simplement de protection vis-à-vis des intempéries, de l'altération, des chutes de pierres…
Dans un certain nombre de cas, on se contentera même de couler le béton de l'ouvrage
directement au contact du sol ou du rocher, avec dans les meilleurs cas interposition d'une
couche drainante pour capter les eaux et éviter les pressions hydrauliques sur l'ouvrage.
Mais le matériau (sol en place ou remblai) est souvent évolutif, et il va subir au fil du
temps et au gré des saisons, des altérations, des gonflements et retraits alternés, etc… Des
contraintes très importantes entre le mur et le sol resté en place à l’arrière du remblai vont
ainsi se pouvoir développer.
Il faut être conscient que ces contraintes (poussées) peuvent être sans commune
mesure avec celles qui découleraient d’un calcul classique de poussées, voire même des
butées, car les conditions de sollicitation diffèrent fortement des hypothèses classiques1. Elles
peuvent conduire en quelques années à la ruine complète de l’ouvrage, "soufflé" par ces
contraintes.
1
Le remblai de faible largeur, ou le sol en place qui s'altère, peuvent être vus comme disposés entre deux
plaques sensiblement parallèles et peu écartées (le sol en place et le mur), et leur gonflement force ces deux
plaques à s'écarter.
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Ouvrages de soutènement 9 — 42
E W
R
W
e b
d c E
R
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Ouvrages de soutènement 9 — 43
Actions
Résistance
Glissement sur la base sous l’effet des Dépassement de la capacité portante, avec
composantes horizontales tassement et mouvement de basculement
Partie de W
Partie de E
M, N, T
T
d c
R θ
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Ouvrages de soutènement 9 — 44
N. f
{3.14} S FG =
T
T f
{3.2} tan θ = ≤
N S FG
Signalons encore que certains auteurs, dont Terzaghi, estiment que ce mode de rupture
n'est en réalité qu'un cas particulier des ruptures d'ensemble (voir plus loin), avec une ligne de
rupture particulière, rectiligne, passant dans le sol immédiatement sous la fondation.
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 45
On appelle cette vérification stabilité élastique parce que l'étude de la rupture (ou
d'une déformation excessive) par défaut de capacité portante exige de déterminer la répartition
des contraintes sous la fondation. Il faut donc formuler des hypothèses sur le comportement
du sol, et on utilise généralement une hypothèse élastique linéaire, ce qui justifie cette
dénomination.
L'hypothèse de comportement linéaire du sol, nécessaire pour obtenir la répartition des
contraintes normales sous la fondation, consiste à utiliser le modèle de Winckler de type
fibres / ressorts. Pour la semelle (la "poutre" sur fondation élastique), on fait l'hypothèse d'une
rigidité parfaite (EI infini). La déformée propre de la "poutre" est nulle, donc aussi sa
courbure, et le déplacement (vertical) de la surface du sol est donc linéaire. La répartition des
contraintes, qui sont proportionnelles à ces déplacements verticaux par le biais du coefficient
de réaction k, est aussi linéaire.
La combinaison de toutes les actions agissant sur le mur (poussée des terres, actions de
l'eau, poids propre de l'ouvrages, éventuellement tirants et étançons) fournit une résultante
globale R connue en grandeur, direction et position, résultante qui doit être transmise au sol
par la fondation. On décompose d'habitude cette résultante R en ses composantes normale N
et tangentielle T, comme on vient de le faire pour l'étude du glissement sous l'action de T. On
va maintenant étudier les effets des contraintes normales sous la base dc.
b) Capacité portante
e
N N N
B
= + e N
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 46
On peut alors calculer la répartition des contraintes par la superposition de ces deux
cas élémentaires :
N N N N
= + +σflex -σflex
σmin N/B
σmax 2.B/3
Les contraintes aux deux extrémités σflex, dues au couple de forces, sont aisément
calculées par l'équilibre des moments :
σ flex . B 2. B N 6. e
{3.3} N .e = . ⇒ σ flex = .
4 3 B B
N 6. e
{3.4} σ max = .(1 ± )
min B B
ce qui équivaut précisément, on le notera, aux formules de la flexion composée dans une
poutre de hauteur B (et de largeur unitaire).
On constate que les contraintes ainsi calculées peuvent prendre des valeurs négatives
(c'est-à-dire de la traction) lorsque l'excentricité e dépasse B/6, c'est-à-dire lorsque le point
d'application tombe en dehors du tiers central (noyau central). Ceci est bien entendu
inadmissible au contact entre le sol et une fondation, et il faut dans ce cas considérer qu'un
décollement pourra apparaître entre la semelle et le sol de fondation.
N e
σmax N
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Ouvrages de soutènement 9 — 47
σ max .( B − d ) ⎫ ⎧ B
N=
2 ⎪⎪ ⎪⎪d = 3. e − 2
{3.5} ⎬ ⇒ ⎨
B B−d ⎪ ⎪σ max = 2. N
−e=
2 3 ⎪⎭ ⎩⎪ B−d
Le critère de stabilité élastique à vérifier exprime que les contraintes ne dépassent pas
la capacité portante du sol. Celle-ci peut être déterminée par les méthodes spécifiques aux
fondations superficielles. On notera toutefois que, pour rester cohérent avec les modèles
développés dans ce cadre, il faudrait tenir compte de l'inclinaison de la charge et des
différences considérables entre les surcharges sur le sol de part et d'autre de la fondation.
Une étude rigoureuse et détaillée de ce comportement complexe sort du cadre du
présent enseignement, et on s'en tiendra à des indications assez générales. Rappelons
notamment que l'on a introduit des coefficients correcteurs pour l'inclinaison de la charge, et
que l'excentricité peut aussi être prise en compte par la méthode de la largeur réduite de
Meyerhof. Bien entendu, par sécurité, on ne tiendra pas compte de la surcharge produite par le
massif soutenu, mais uniquement de la profondeur d'encastrement minimum de la fondation
au pied du mur.
c) Déformations
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Ouvrages de soutènement 9 — 48
En effet, cette méthode, que l'on peut classer dans les méthodes cinématiques, ne peut
fournir, comme toutes ces méthodes, qu'une borne supérieure du coefficient de sécurité réel.
On n'obtient la valeur exacte que lorsque le schéma cinématique de rupture correspond au
schéma exact, donnant le coefficient de sécurité minimum2.
Le défaut fondamental réside dans le choix a priori d'une seule cinématique de
rupture, à savoir une rotation autour de l'arête inférieure de la semelle. Cette cinématique est
physiquement impossible en pratique, car elle imposerait des contraintes infinies sous cette
arête, contraintes qu'aucun matériau ne peut supporter.
Dans une modélisation plus correcte, comme celle que nous avons développée dans le
paragraphe précédent, ce mode de rupture est envisagé. Le renversement est susceptible de se
produire si les contraintes, estimées en respectant les principes de base de la statique,
dépassent la capacité de résistance du sol.
2
C'est exactement le même raisonnement qui est mis en oeuvre pour l'étude de la stabilité des talus par les
méthodes de Fellenius, Bishop…
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 49
Partie de W
Partie de E
M, N, T
Les murs en maçonnerie de briques ou de moellons, réalisés de très longue date, ainsi
que ceux en béton non-armé d'origine plus récente mais de forme identique, résistent aux
sollicitations par leur poids propre. En aucun point de leur section, ils ne peuvent résister à
des efforts de traction sans se fissurer.
On désigne encore ces ouvrages sous le nom de murs-poids, ou d'ouvrages à gravité,
pour indiquer que la stabilité est assurée par leur poids propre.
Les principes de dimensionnement interne se résument à s'assurer que la résultante des
efforts dans une section quelconque de l'ouvrage passe à l'intérieur de la section3. Plus
précisément, cette résultante devra passer suffisamment loin des bords de la section
3
C'est exactement le même principe qui régit la stabilité des cathédrales romanes et gothiques. La forme des
voutes, des arcs, et des autres éléments, est conçue pour que les résultantes restent partout à l'intérieur de la
matière, ne produisant ainsi que des contraintes de compression.
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 50
considérée pour éviter des sollicitations trop élevées, ou trop fortement dissymétriques, du
matériau.
C'est ainsi qu'on limite en général la dimension de la zone fissurée (comme sous la
fondation) à la moitié de la largeur de l'ouvrage, ce qui correspond à un point de passage de la
résultante situé à 1/6 de la largeur à partir du bord le plus chargé.
En toute rigueur, il faut aussi considérer les effets des contraintes tangentielles dans
une section quelconque du mur, comme au niveau du sol de fondation. Dans certains cas, on
sera amené à incliner les assises (les joints), ou à ménager des redents, de manière à éviter les
glissements internes.
On constate que, d'une manière générale, les calculs de stabilité de tels ouvrages
conduisent à des épaisseurs importantes (largeur en base voisine de 0,4 à 0,5 fois la hauteur),
et donc à des quantités assez considérables de matériaux à mettre en oeuvre, mais ces
matériaux sont assez peu sollicités.
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 51
toutefois précaire, et il faut souvent prévoir une bêche (élément vertical plus profond
s'opposant au glissement).
Les formes en L avec arrière-bec, et les formes en T renversé reçoivent le poids d'une
partie du massif soutenu, qui fournit ainsi un effort vertical ramenant vers l'arrière le point
d'application de la résultante et améliorant les conditions de stabilité au glissement. Mais ils
nécessitent une emprise plus importante à l'arrière.
La section à la base de la partie verticale de ces murs peut être fortement sollicitée.
Son dimensionnement organique (stabilité interne) doit prendre en considération le fait que
le léger basculement du parement, implicitement admis pour le calcul des pressions des terres
en ELI, est empêché par le massif s'appuyant sur l'arrière-bec. Pour les murs de grande
hauteur, cette section sera utilement renforcée à intervalles réguliers par des contreforts
(voiles, diaphragmes…) perpendiculaires à la longueur du mur. Ces derniers pourront être
disposés soit côté amont, soit côté aval de l'ouvrage.
b) Solutions particulières
A côté de ces formes simples, diverses améliorations peuvent être apportées à ces
dispositions fondamentales, par exemple :
• l'utilisation de béton léger ou de structures creuses;
• l'application d'efforts stabilisants (ancrages…);
• la réduction des efforts de poussée (matériau de remblai à faible poussée4, consoles
sur le parement interne…).
La forme peut encore être adaptée de manière très spécifique aux dispositions
particulières du lieu, en tenant compte de tous les facteurs qui peuvent intervenir dans le choix
de la solution, mais en se référant toujours aux mêmes principes de base du dimensionnement.
On pourra ainsi réaliser des murs plus ou moins inclinés vers le massif soutenu,
entraînant une diminution de la poussée et une plus grande efficacité du poids propre. Le cas
limite est celui du perré, formé de pierres sèches5 simplement posées sur le talus, le plus
souvent dans un but de protection.
Dans certains cas, on réalisera des ouvrages-poids, c'est-à-dire résistant par leur poids
propre, en remplissant une structure creuse avec du sol ou un autre matériau pesant. Cette
structure creuse pourra être formée de cellules fermées, soit être ouverte à l'arrière, vers le
massif soutenu. Ce dernier cas est difficile à distinguer de la solution avec contreforts,
diaphragmes et consoles intérieurs.
L'utilisation de cette technique (remplissage d'une structure creuse) pourra également
se faire à partir de cellules constituées d'éléments métalliques (les gabions de palplanches
4
On utilise même, depuis quelques années et dans certains cas particuliers, des remblais formés de blocs très
légers, formés de matière plastique neuve ou recyclée, qui permettent de réduire de manière drastique à la fois
les poussées et les surcharges. La résistance mécanique de ces éléments est suffisante pour permettre la
circulation des véhicules en surface (sous une structure de roulement).
5
Ce qui signifie posées à joints ouverts, sans mortier.
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 52
seront étudiés plus loin), voire de poutres de béton armé préfabriquées et entrecroisées (murs-
cages).
Le même principe poussé à l'extrême consiste à simplement armer le matériau à
soutenir (sol en place ou remblai) pour lui permettre de former lui-même une structure à
gravité (Terre Armée, Texsol, clouage de sol…). Ces techniques particulières seront reprises
en détail plus loin.
c) Murs ancrés
Les efforts horizontaux appliqués au mur peuvent être partiellement repris par des
ancrages, dont la nature, la disposition et le mode de réalisation peuvent être très divers.
On distinguera les ancrages longs, qui sollicitent la résistance du sol (ou mieux encore
de la roche) dans une zone qui n'influence pas la poussée sur le mur. Ils peuvent être
considérés, pour l'étude de stabilité, comme des efforts externes indépendants du mur.
Par contre, les ancrages courts sont partiellement ou totalement situés dans la zone de
rupture prise en considération pour le calcul de la poussée des terres. Dans ce cas, ils ne
peuvent pas être considérés comme des efforts extérieurs appliqués au mur, mais plutôt
comme des efforts de solidarisation internes à l'ensemble formé par le mur et cette zone de
rupture.
D'un point de vue technologique, les ancrages sont généralement constitués de câbles
ou de tiges métalliques pleines, protégés de la corrosion, voire d'éléments en béton
précontraint. Ils sont accrochés d'une part au mur par un dispositif de répartition, et d'autre
part à des dalles (horizontales ou verticales), à des scellements en forage, voire à des éléments
divers (plaques métalliques, éléments préfabriqués) remblayés au fur et à mesure de
l'exécution.
Lorsque les ancrages sont inclinés sur l'horizontale, ce qui est souvent le cas, on
n'omettra pas de prendre en considération pour le calcul de la fondation la composante
verticale de ces efforts, qui contribue à augmenter les contraintes sur le sol de fondation.
d) Murs à consoles
L'adjonction d'une console (parfois appelée chaise) horizontale sur la face interne d'un
mur permet d'améliorer la stabilité en réduisant la poussée horizontale par formation d'un
talus sous cet élément, et en augmentant la force verticale stabilisante par le poids du remblai
pesant sur la console.
Dans certains cas, cette console peut prendre la forme d'une dalle horizontale reliant
des voiles ou contreforts, voire de dalles simplement appuyées sur le mur et reposant
librement sur le remblai.
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 53
b) Drainage
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 54
d'évacuation traversant éventuellement le mur. Ces dispositifs doivent être conçus de manière
à rester efficaces en tout temps, ou à être facilement entretenus. On veillera notamment à
l'élimination des glaces en temps de gel, ainsi qu'à la formation de concrétions
(principalement calcaires ou ferrugineuses) au contact de l'atmosphère.
Le drainage permet également d’éviter le développement de surpressions sous la
semelle de l’ouvrage. Ces surpressions réduiraient en effet la contrainte normale effective
(postulat de Terzaghi) et donc la résistance au glissement.
c) Corrosion
Les ouvrages en contact avec des matériaux de remblai et/ou des eaux agressifs
peuvent être rapidement détériorés par suite de l'attaque du ciment (puis de l'acier des
armatures) par ces agents.
Comme pour les fondations et les autres ouvrages enterrés, l'utilisation de ciments peu
sensibles constitue un premier remède. Mais on peut être amené à isoler complètement le
béton par une protection imperméable constituée par une chape bitumineuse, ou plus souvent
à l'heure actuelle par des feuilles de matériaux synthétiques collés ou soudés. Des produits
récents combinent les fonctions d'isolation et de filtre drainant.
Si cette protection est également utilisée sous la fondation, sous la forme de feuilles de
plastique, par exemple, on veillera spécialement à contrôler que la stabilité au glissement reste
assurée, car ces matériaux sont susceptibles de réduire fortement le frottement mobilisable.
Dans le cas des ouvrages comportant des ancrages, ces derniers seront soigneusement
protégés, et le cas échéant une protection cathodique complétera le dispositif.
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 55
Par comparaison avec les ouvrages rigides, les soutènements souples présentent une
déformabilité (déformabilité propre et déplacements) nettement supérieure, telle que des
contraintes de butée peuvent se développer complètement dans le sol.
Ils sont le plus souvent utilisés comme ouvrages provisoires, en présence de problèmes
de nappe aquifère, ainsi que pour les ouvrages hydrauliques.
0,25 à 0,35 m
Simplement équarries Assemblage à grain d'orge avec clameaux7
On ne traitera pas non plus des palplanches préfabriquées en béton armé, qui ont été
utilisées à une certaine époque, mais qui sont maintenant totalement abandonnées parce que
trop lourdes et fragiles.
6
On notera que le terme palplanche est formé de l'assemblage des deux termes pal (ou pieu) et planche, ce qui
fait référence à ces systèmes anciens.
7
Ce terme technique (de l'anglais clam : serrer) désigne des pièces accessoires d'assemblage servant à maintenir
les pièces en contact.
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 56
1m 0,70 m
"Palpieu" COIGNET-RAVIER Assemblage à grain d'orge
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 57
• Les blindages et les batardeaux en rideau simple sont des ouvrages de dimensions
limitées en plan, de forme rectangulaire ou circulaire. Les blindages sont des
constructions en terre ferme, assurant le soutènement des parois, et permettant aussi de
rabattre le niveau de la nappe à l'intérieur de la fouille. Les batardeaux sont des
constructions de forme similaire, mais établies dans des rivières ou d'autres plans
d'eau, et permettant de rendre accessible une surface de travail.
• Les rideaux plans sont des ouvrages comparables, mais leur grande longueur
permet de les considérer comme des ouvrages à deux dimensions. Les rideaux plans
peuvent résister par leur simple encastrement dans le sol, ou ils peuvent en surplus être
ancrés ou étançonnés. C'est à ce type de structure que l'on va plus particulièrement
s'intéresser dans la suite.
D'autres constructions à usage de soutènement, utilisant les palplanches comme
éléments constitutifs, sont plutôt à considérer comme des ouvrages massifs, dont la stabilité
est principalement assurée par le poids propre :
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 58
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 59
4.2.1. Définitions
L'exposé se limitera au cas des rideaux de palplanches simples, rectilignes et d'une
certaine longueur (rideaux plans). On ne s'intéressera qu'aux rideaux non ancrés et aux
rideaux à un seul niveau d'ancrage.
Rideau simple, plan, non ancré Rideau simple, plan, avec un ancrage
Vu les hypothèses formulées, ces ouvrages pourront être étudiés à deux dimensions.
Ils reçoivent des poussées du sol, et généralement aussi des poussées d'eau, sollicitations
auxquelles ils résistent par l'encastrement de leur partie inférieure appelée fiche. A cet effet
d'encastrement s'ajoute souvent, à partir d'une hauteur soutenue de quelques mètres, un (ou
parfois plusieurs) niveau d'appui par ancrage, étançon horizontal ou oblique…
Il s'agit la plupart du temps de constructions à caractère provisoire.
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 60
8
On doit remarquer que cette matière, bien plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord, constitue encore à
l'heure actuelle un sujet de discussion entre spécialistes. Les codes de calcul peuvent être assez divergents d'un
pays à l'autre, conduisant parfois, pour des situations identiques, à des dimensionnements assez différents. On
peut toutefois comprendre que cette situation soit tolérée par les praticiens en remarquant que la plupart de ces
ouvrages peuvent être surveillés au cours de leur mise en charge. En cas de comportement s'écartant trop des
prévisions du calcul, ils peuvent être facilement (mais pas gratuitement) modifiés, renforcés, complétés en cours
de travail, notamment par adjonction d'éléments supplémentaires (ancrages, étançons).
9
De telles méthodes, supposant que la résistance limite des matériaux est atteinte, sont maintenant désignées,
dans les nouveaux codes de calcul en préparation, sous le nom de méthodes aux états limites ultimes ou ultimate
limit states (ULS). Ces codes imposent également de vérifier d'autres modes de mise hors service, se basant sur
l'étude des déformations, les états limites de service ou serviceability limit states (SLS).
Géotechnique – RC 2007
Ouvrages de soutènement 9 — 61
de résistance des sols est délicate à mesurer, et elle peut diminuer ou disparaître dans certaines
circonstances.
A
a
l h p
KA
KP KR N
C KP x
KA C
Mouvement et actions du sol Actions idéalisées selon Blum
Elle consiste à remplacer les diagrammes théoriques des poussées par des diagrammes
approximatifs, sans introduire d'erreur importante [Blum, 1951]. Selon la direction du
mouvement horizontal supposé, on utilise des coefficients KA ou KP pour les actions du sol.
Pour la partie inférieure encastrée, dont le mouvement est supposé être opposé à la fouille, les
actions du sol sont remplacées par une force horizontale unique passant par le point C. De
plus, l'hypothèse est faite que le moment d'encastrement au point C est nul. Le point N
correspond à la profondeur où les pressions de part et d'autre de la palplanche s'annulent.
Dans la partie encastrée du rideau, la résultante des coefficients de poussée et de butée
à gauche et à droite peut être remplacée par un coefficient équivalent défini par :
{4.1} KR = K P − K A
Au-dessus du point N, les actions sur la palplanche sont définies par leur intensité p et
leur distance a mesurée à partir du sommet. Pour la simplicité du schéma, le diagramme
choisi pour l'illustration est linéaire (sol homogène, sans eau et sans surcharge), mais dans un
cas plus général, ce diagramme pourrait prendre une forme plus complexe. En présence d'eau,
le coefficient KR devrait inclure aussi les effets de l'eau.
La distance x définissant la position du point C est inconnue au départ. L'équilibre de
rotation autour du point C permet de ne pas tenir compte de la force concentrée en C :
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Ouvrages de soutènement 9 — 62
γ. K R 3 l
{4.2} . x − ∫ p.(l + x − a ). da = 0
6 0
Le poids volumique γ doit tenir compte de la présence éventuelle d'eau (poids volumique
déjaugé).
L’équation (4.2) du 3ième degré en x permet de calculer x, donc la longueur de la
palplanche. On peut introduire pour la distance inconnue x une nouvelle variable sans
x
dimension définie par ξ = , et deux constantes réduites :
l
6 l 6 l
{4.3} m1 =
γ . KR . l 2 ∫
0
p. da et n1 =
γ . KR .l 3 ∫ p. a. da
0
L'équation {4.2} se ramène ainsi à une équation sans dimension du troisième degré en
ξ réduite à une forme canonique :
{4.4} ξ 3 − m1 . ξ − m1 + n1 = 0
l γ . KR 2 m1
{4.5} ∫ p. da =
0 2
. xm ou xm = l .
3
l xm γ . KR . l 3 ⎛ m ⎞
{4.6} M max = ∫ p.(l − a ). da + ∫ γ . K R . x . dx =
2
. ⎜ m1 − n1 + 2.( 1 ) 3/ 2 ⎟
0 0 6 ⎝ 3 ⎠
I M max
{4.7} ≥
v σa
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Ouvrages de soutènement 9 — 63
Le type de palplanche peut alors être choisi dans les catalogues de profilés. Selon les
cas, pour une même résistance, on pourra choisir entre plusieurs types de profils conduisant à
des raideurs (inerties) diverses.
La déformation de la palplanche, maximum en tête, peut aussi être calculée par les
méthodes usuelles applicables aux poutres fléchies, en supposant un encastrement parfait à la
base. Les valeurs ainsi calculées sont souvent sous-estimées, car elles négligent les
déformations du sol à l'encastrement, dont l'importance est difficile à déterminer avec
précision.
A
l0 Q
B a
l h
KA p
KP y x KR N
C KP
KA C
Mouvement et actions du sol Actions idéalisées selon Blum
Pour la partie inférieure encastrée, dont le mouvement est supposé être opposé à la
fouille, les actions du sol sont de nouveau remplacées par une force horizontale unique
passant par le point C. De plus, l'hypothèse est faite que le moment d'encastrement au point C
est nul. Le point N correspond à la profondeur où les pressions de part et d'autre de la
palplanche s'annulent.
Au-dessus du point N, les actions sur la palplanche sont définies par leur intensité p
Leur position est définie par leur distance a mesurée à partir, non plus du sommet A du
rideau, mais à partir du point B d'application de l'ancrage.
La distance x définissant la position du point C est inconnue au départ, et il s'y ajoute
une seconde inconnue, la force Q dans l'ancrage. L'équilibre de rotation autour du point C
permet de ne pas tenir compte de la force concentrée en C et fournit une première relation :
l γ .K R
{4.8} Q.(l + x) − ∫ p.(l + x − a ).da + .x 3 = 0
− l0 6
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Ouvrages de soutènement 9 — 64
Q.(l + x) 3 l ⎛ p.(l + x − a )
3
p.(l + x − a) 2 a ⎞ γ .K R
{4.9} − ∫ ⎜⎜ + ⎟⎟.da + (4 x 5 + 5lx 4 ) = 0
−
3EI l 0
⎝ 3EI 2 EI ⎠ 120 EI
l l γ .K R ⎛ 5 4 ⎞
{4.10} (l + x) 2 ∫ p.a.da − ∫ p.a 3 .da − .x 3 .⎜ 2l 2 + l.x + x 2 ⎟ = 0
−l0 −l0 6 ⎝ 2 5 ⎠
x
On peut encore introduire la nouvelle variable sans dimension définie par ξ = , et les
l
deux constantes réduites :
6 l 6 l
{4.11} m2 =
γ .K R .l 3 ∫
− l0
p.a.da et n 2 =
γ .K R .l 5 ∫
−l0
p.a 3 .da
1 ⎛ l γ .K R 3 ⎞ l γ .K R
{4.13} Q= ⎜ ∫ p.(l + x − a ).da − .x ⎟ = ∫ p.da − .(m 2 .l 3 + x 3 )
l + x ⎝ − l0 6 ⎠ − l0 6.( l + x )
l γ .K R m2 .l 3 + x 3
{4.14} Q − ∫ p.da + .x = 0 ou x m =
2
3.(l + x)
m
− l0 2
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γ .K R ⎛⎜ l.x ⎞
{4.15} 3/ 2
⎛ m 2 .l 3 + x 3 ⎞ ⎟
= . .(−m 2 .l + x ) + 2.⎜⎜
2 2
⎟
⎟
6 ⎜l + x ⎝ 3.(l + x) ⎠ ⎟
⎝ ⎠
10
Des méthodes ont été développées pour déterminer cette capacité portante, à la suite de l'usage de plus en plus
répandu de rideaux de palplanches comme organes définitifs, avec une double fonction de fondation et de
soutènement.
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Ouvrages de soutènement 9 — 66
4.3. Annexes
b) Longueurs recommandées
Selon les profils, pour des raisons essentiellement liées à la mise en oeuvre, les
longueurs maximales recommandées pourront varier de 8 à 28 mètres environ.
Les longueurs disponibles pourront si nécessaire être adaptées par oxycoupage et par
soudage, avec un matériel approprié et en respectant les prescriptions techniques relatives à
ces opérations. On évitera en particulier toute disposition susceptible de produire des
concentrations de contraintes, comme les variations brusques d'inertie : coupes en oblique ou
arrondies…
c) Profils et caractéristiques
Les principaux profils utilisés sont les palplanches plates, les profils en U et les profils
en Z. Les palplanches plates sont essentiellement destinées à constituer des rideaux
cylindriques, généralement fermés, limitant un massif de sol du côté concave. La stabilité de
ces ouvrages est surtout assurée par le poids propre de l'ensemble formé par le sol et les
palplanches. On parlera alors de cellules ou de gabions. Les efforts repris par les palplanches
plates sont principalement des tractions horizontales dans leur plan, ce qui nécessite pour les
joints une résistance suffisante au dégrafage.
Les catalogues des palplanches plates précisent, outre les dimensions, sections et
poids, les angles de débattement admissibles (de 4 à 12°), ainsi que le module de résistance et
le moment d'inertie, généralement exprimés en cm3 et cm4.
Les profils en U présentent une résistance en flexion importante et sont utilisés,
notamment, pour la réalisation de rideaux plans. Ils existent dans une large gamme de
dimensions (largeur utile de 400 à 600 mm, hauteur du profilé variant de 200 à 450 mm
environ, épaisseurs de 7 à 20 mm environ). Le poids par m2 de rideau peut ainsi passer de 45 à
près de 200 kg.
Le module de résistance peut varier de 600 à 3200 cm3 par mètre de rideau, tandis que
le moment d'inertie passe de 7000 à 70000 cm4 environ, ces nombres étant chaque fois
exprimés par mètre de longueur (en plan) de rideau.
Les profils en Z présentent, par rapport aux profils en U, l'avantage de la continuité de
l'âme dans la partie centrale du rideau, avec les joints reportés de part et d'autre de l'axe
neutre. Le rapport résistance/poids est ainsi amélioré. Les dimensions et caractéristiques de
résistance se situent sensiblement dans les mêmes fourchettes que celles des profils en U.
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Ouvrages de soutènement 9 — 67
2.0 2.0
1.4
1.3
1.5 1.5
1.2
n1 m1 1.1 ξ
1.0 1.0
1.0
0.9
0.8
0.5 0.5
0.7
0.6
0.5
0.0 0.0
1.0 1.0
0.8 0.8
0.7
0.6 n2 m2 0.6 ξ
0.6
0.4 0.4
0.5
0.2 0.2
0.4
0.3
0.0 0.0
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