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MODULE I

CHAPITRE II
Les opérations économiques
La répartition des revenus et problèmes des
inégalités
LA RÉPARTITION DES
REVENUS
I - La répartition primaire
1) Définition
La répartition primaire des revenus est la répartition qui résulte du
partage de la valeur ajoutée entre les agents qui ont participé à sa
réalisation, notamment en tant qu’apporteurs de force de travail ou
qu’apporteurs de capital (actif financier ou corporel).
Rappel

La valeur ajoutée (VA) représente la richesse nouvelle produite par


l’entreprise lors du processus de production qui pourra être répartie
sous forme de revenus. => VA = CA – CI
I - La répartition primaire

Partage / Répartition de la
Valeur Ajoutée (VA)

Cotisations Impôts et
Salaires Intérêts Dividendes Bénéfices
Sociales taxes
I - La répartition primaire
2) Le partage de la valeur ajoutée
Globalement, les bénéficiaires du partage de la valeur ajoutée (VA) sont tous les agents
qui ont contribué à sa création, à savoir :
✓ Les salariés, représentant la force de travail, perçoivent une rémunération.
✓ Les sociétés financières reçoivent les intérêts et remboursements de leurs prêts.
✓ Les actionnaires, an tant que financeurs de l’activité de l’entreprise, perçoivent des
dividendes.
✓ Les administrations publiques collectent les impôts et taxes.
✓ Les organismes de sécurité sociale perçoivent des cotisations sociales.
✓ L’entreprise perçoit une partie de la valeur ajoutée sous forme de bénéfice (une
partie du profit, après versement des dividendes).
I - La répartition primaire
3) Les différents types de revenus primaires (des ménages)
Le revenu primaire est le revenu directement lié à une participation des
ménages au processus de production.

Revenus salariaux

Revenus primaires Revenus mixtes

Revenus de la
propriété
I - La répartition primaire
3) Les différents types de revenus primaires (des ménages)
a) Le revenu salarial (ou revenu du travail salarié)

Il correspond à l’ensemble des versements effectués (salaire de base, prime,


avantages en nature, …) par les employeurs au titre de la rémunération du
travail de leurs salariés.

Au Maroc, « les salaires, en milieu urbain, et les revenus agricoles, en milieu


rural, constituent les principales sources de revenu des ménages

A l’échelle nationale, 38% des revenus des ménages proviennent des salaires,
44% en milieu urbain et 23% en milieu rural. Cette proportion est de 26,6%
pour les 20% des ménages les moins aisés, 38% pour les 60% des ménages
intermédiaires et 39,2% pour les 20% les plus aisés ». (Source : HCP – 2019)
I - La répartition primaire
3) Les différents types de revenus primaires (des ménages)
b) Les revenus mixtes (ou revenus du travail non salariés)

Ils correspondent aux revenus des entrepreneurs individuels ou aux honoraires


perçus par les professions libérales (avocats, expert-comptable…); ils
rémunèrent à la fois le travail effectué par le propriétaire et aussi son profit
comme entrepreneur, qu’il touche en tant que propriétaire du capital.

Ces revenus sont dits « mixtes » parce qu’ils rémunèrent à la fois le travail
effectué et la possession des moyens de production.
I - La répartition primaire
3) Les différents types de revenus primaires (des ménages)
c) Les revenus de la propriété (du capital ou du patrimoine)

Ils correspondent aux revenus que reçoit le propriétaire d’un actif financier
(actions, obligation, …) ou d’un actif corporel (terrain, gisement, ..).

Ils comprennent donc essentiellement :

✓ les loyers perçus du fait de la mise en location d’un patrimoine foncier (terres
agricoles ou non) ou de biens immobiliers (à usage d’habitation ou non) ;

✓ les revenus des placements financiers (intérêts, dividendes).


I - La répartition primaire
3) Les différents types de revenus primaires (des ménages)
c) Les revenus de la propriété (du capital ou du patrimoine)
I - La répartition primaire
4) Les limites de la répartition primaire

La réparation primaire a toujours été à l’origine du débat économique


concernant le partage « salaire – profit ».

Le partage « salaire-profit » correspond à la rémunération des apports en


facteurs de production (travail, capital) effectués par les agents économiques.

✓ Le facteur travail est rémunéré par les salaires et les charges sociales
(charges salariales et patronales). => Du point de vue des entreprises, cette
rémunération représente le coût du travail :
I - La répartition primaire
4) Les limites de la répartition primaire

✓ Le facteur capital est rémunéré par le profit.

La comptabilité des entreprises et la comptabilité nationale définissent


différemment la notion économique de profit :

➢ Les entreprises évaluent leur profit par le bénéfice net (résultat net après
impôt qui peut être soit distribué aux associés sous la forme de dividendes,
soit mis en réserve).

➢ La comptabilité nationale mesure la part revenant au capital en calculant


l’Excédent brut d’exploitation (EBE) au niveau macroéconomique.
I - La répartition primaire
4) Les limites de la répartition primaire

 On constate aujourd’hui que la répartition primaire aboutit à un partage


inégalitaire entre les salaires et les profits en favorisant essentiellement la
rémunération du capital ou détriment de la rémunération du travail.

 De plus, chaque agent économique revendique une part plus importante


dans la répartition de la valeur ajoutée, compte tenu de sa contribution à la
création de la richesse.

 La répartition primaire est ainsi le résultat de rapports de force qui peut


aboutir à une répartition inégale de la richesse qui a été créée.
II - La répartition secondaire
1) La répartition secondaire et ses objectifs

a) Définition

La répartition secondaire (la redistribution) désigne l’ensemble des opérations


qui conduisent à modifier la répartition primaire des revenus.

✓Elle fait partie des trois grandes fonctions de l’Etat, déterminées par Richard
Musgrave, aux côtés de l’allocation des ressources et de la régulation.

✓ Les acteurs de la répartition secondaire sont l’Etat, la Sécurité sociale et les


collectivités locales qui redistribuent le revenu national en effectuant des
prélèvements obligatoires et des transferts.
II - La répartition secondaire
1) La répartition secondaire et ses objectifs

b) Les objectifs de la répartition secondaire

✓ Objectif de correction des inégalités de la répartition primaire pour une


cohésion sociale plus forte;

✓ Objectif assurantiel pour réduire l’incertitude du lendemain et réduire


l’épargne de précaution;

✓ Objectif de stabilisation de la demande en période de crise, à travers


l’accroissement des revenus des ménages, les allocations chômage (=> Optique
keynésienne contracyclique).
II - La répartition secondaire
2) Les instruments de la répartition secondaire
a) Les prélèvements obligatoires
Ils correspondent à l’ensemble des contributions obligatoires (impôts, taxes, cotisations
sociales) collectés auprès des agents économiques par les administrations publiques (
administrations publiques centrales, de sécurité sociale, collectivités locales).
Ces prélèvements peuvent être effectués soit au niveau des revenus, du patrimoine ou
des dépenses, à travers deux types de fiscalité :
✓ La fiscalité directe : elle regroupe essentiellement l’impôt sur le revenu (IR) des
personnes physiques ou l’impôt sur les sociétés (IS). S’ajoute, selon chaque pays,
l’imposition sur le patrimoine (droits de succession, impôt de solidarité sur la
fortune…) ou certaines taxes comme la taxe d’habitation.
✓ La fiscalité indirecte : dont le type le plus important est la taxe sur la valeur
ajoutée (TVA). Il existe d’autres contributions indirectes comme les impôts
spécifiques sur les alcools, les tabacs, les produits pétroliers, etc.
II - La répartition secondaire
2) Les instruments de la répartition secondaire

a) Les prélèvements obligatoires


Exemple de cotisations sociales au Maroc
Risques Part patronale Part salariale Total
Maladie-maternité, décès 0,67% 0,33% 1%

Pension 7,92% 3,96% 11,89%

Prestations familiales 6,40% - 6,40%

Assurance Maladie Obligatoire 4,11% 2,26% 6,37%


(AMO)
Indemnité pour perte d’emploi 0,38% 0,19% 0,57%

Taux de formation professionnelle 1,6% - 1,6%


II - La répartition secondaire
2) Les instruments de la répartition secondaire

b) Les revenus de transfert

Ils correspondent aux revenus qui sont la contrepartie de droits reconnus par la
société, et qui transitent par le système de protection sociale. Ils prennent la
forme de prestations sociales, qui sont les transferts versés (en espèces ou en
nature) à des individus afin de réduire la charge financière que représente la
protection contre divers risques.

Les prestations sociales sont des allocations (revenus en espèce) ou des


fournitures (revenus en nature).
II - La répartition secondaire
2) Les instruments de la répartition secondaire

b) Les revenus de transfert

Les prestations sociales peuvent être soit :

✓ Contributives (assurantielles) : Leur versement et leur montant sont liés au


paiement préalable de cotisations (par exp : les allocations chômage ou les
pensions de retraite);

✓ Non contributives ( d’assistance) : Elles sont versées aux individus sans qu’il
ait été nécessaire pour eux de cotiser au préalable (par exp : les allocations
familiales).
II - La répartition secondaire
2) Les instruments de la répartition secondaire
b) Les revenus de transfert
Exemples de prestations sociales au Maroc
1/ Maladie - Prestations en nature :L'Assurance Maladie Obligatoire (AMO),
Régime d'assistance médicale (RAMED)
2/ Les Allocations familiales
3/ Accidents du travail et maladies professionnelles
4/ Décès : Pension de survivants
5/ Vieillesse : régimes de pension
6/ Chômage (Indemnité pour Perte d'Emploi)
II - La répartition secondaire
2) Les instruments de la répartition secondaire

c) L’évaluation des opérations de redistribution

Deux ratios permettent d’évaluer l’importance prise par la fonction


redistributive :

✓ Le taux de redistribution sociale = Prestations sociales / PIB (en % du PIB)

✓ Le taux de socialisation des revenus = Prestations sociales / Revenu disponible


(en % du revenu disponible)
II - La répartition secondaire
3) Le revenu disponible (des ménages)

a) Définition

Le revenu disponible correspond à la part du revenu primaire qui reste à la


disposition des ménages, après la perception des revenus de transfert et le
paiement des prélèvements obligatoires.

Le revenu disponible est ce qui permet aux ménages de consommer et


d'épargner.

b) Formule
III – Les systèmes de protection sociale
Les systèmes de protection sociales fonctionnent globalement selon deux modes
de financement différents :

a) Le système bismarckien ou assurantiel

Ce modèle a vu le jour en 1880 grâce au chancelier allemand Otto von


Bismarck. Il s’agit d’un système d’assurance sociale fondé sur les cotisations
obligatoires ouvrières et patronales visant à protéger principalement contre les
risques maladie puis accidents et vieillesse.

=> les prestations sont versées aux individus qui se sont assurés. Il s’agit d’une
logique de redistribution horizontale.
III – Les systèmes de protection sociale
Les systèmes de protection sociales fonctionnent globalement selon deux modes
de financement différents :

b) Le système beveridgien ou assistanciel

Ce modèle a vu le jour en 1942, grâce à l’économiste britannique William


Beveridge, dans le but d’assurer une protection sociale fondée les principes
d’universalité (toute la population peut en bénéficier) et d’uniformité ( calculé
sur les besoins des individus et non sur les revenus).

=> Il vise à corriger les inégalités de revenu à travers une logique de


redistribution verticale : taxer les ménages les plus aisés plus fortement que les
autres ou à verser des aides sociales dont les seuls bénéficiaires sont les
ménages les plus modestes.
LES INÉGALITÉS
I – Définition et mesures des inégalités
1) Définition
Une inégalité économique désigne la répartition non uniforme des richesses
disponibles dans la population.
Historique
Le début du XXème siècle a été une période de fortes inégalités dues au
développement économique permis par la Révolution industrielle qu’ont connu les
pays occidentaux => « L’âge d’or des rentiers »
A partir des années 30 => forte diminution des inégalités : l’affaiblissement des
grandes fortunes suite au krach de 1929 + montée des classes moyennes durant les
Trente Glorieuses + généralisation des systèmes de redistribution (après la WWII).
A partir des années 80 => les inégalités se creusent : l’instauration du modèle
néolibéral + l’ouverture économique de la Chine.
I – Définition et mesures des inégalités

Courbe de Lorenz
Remarque
Droite d’équirépartition = la bissectrice
Plus la courbe s’éloigne de la bissectrice plus
les inégalités sont fortes.
I – Définition et mesures des inégalités
2) Mesure des inégalités économiques
a) La courbe de Lorenz
L’un des moyens les plus connus pour mesurer les inégalités au sein d’une
population est la courbe de Lorenz.
 La courbe de Lorenz est une représentation graphique permettant de
visualiser la distribution d'une variable (actif, patrimoine, revenu, etc.) au
sein d'une population, en divisant cette dernière en des fractiles.
 Pour mesurer les inégalités au sein d’une population, la variable illustrée par
la courbe de Lorenz est le revenu. Dans ce cas, la population est généralement
découpée en dix fractiles (des déciles). (Le premier décile représente les 10
% de la population les plus modestes, le second décile les 20 % les plus
modestes, etc.)
Exemple
d’une courbe
de Lorenz
I – Définition et mesures des inégalités
2) Mesure des inégalités économiques
a) La courbe de Lorenz (interprétation de l’exemple)
L’étude du graphique permet de montrer que :
✓ Les 20% des ménages qui ont le patrimoine le plus faible détiennent seulement 0,23 %
de la masse totale du patrimoine + Les 20% des ménages qui ont le revenu disponible le
plus faible détiennent 7,1 % de la masse totale des revenus disponibles.
✓ Les 20% dont le patrimoine est le plus élevé détiennent 65 % de la totalité du
patrimoine + Les 20% dont le revenu disponible est le plus élevé détiennent 41,6 % de
la masse totale des revenus disponibles.
=> Ainsi, la part du patrimoine détenue par les 20 % les plus riches est 280 fois (
65/0,23) plus importante que la part des 20% des ménages ayant le patrimoine le plus
faible. Par contre, ce même rapport pour la part des revenus disponibles est seulement
de 5,9 ( 41,6/7 ,1).
I – Définition et mesures des inégalités
2) Mesure des inégalités économiques

b) Le coefficient de GINI

✓ Grâce à la courbe de Lorenz, on peut définir un nouvel indicateur : le


coefficient de Gini. => Il s’agit d’un indicateur de dispersion permettant de
mesurer les inégalités dans la distribution des revenus au sein d’une
population.

✓ Il se calcule en rapportant l’aire du triangle formé par la bissectrice sur


l’aire de la zone délimitée par la courbe du revenu, ou du patrimoine…
etc.
I – Définition et mesures des inégalités
2) Mesure des inégalités économiques
b) Le coefficient de GINI
𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑒 ℎ𝑎𝑐ℎ𝑢𝑟é𝑒
Coef de GINI =
𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑢 𝑡𝑟𝑖𝑎𝑛𝑔𝑙𝑒 𝑂𝐴𝐵

Plus l’écart entre la courbe et la droite


d’équirépartition est grand et plus le
coefficient de Gini est grand.
Ce coefficient compris entre 0 et 1
permet de comprendre que plus il se
rapproche d’un coefficient proche de 0
plus la répartition est égalitaire ; par
contre plus il se rapproche de 1 plus la
répartition est inégalitaire.
I – Définition et mesures des inégalités
2) Mesure des inégalités économiques

b) Le coefficient de GINI

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