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Test Bank For Psychology Core Concepts 7th Edition Zimbardo Johnson Hamilton 0205183468 9780205183463
Test Bank For Psychology Core Concepts 7th Edition Zimbardo Johnson Hamilton 0205183468 9780205183463
Test Bank For Psychology Core Concepts 7th Edition Zimbardo Johnson Hamilton 0205183468 9780205183463
Solution Manual:
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concepts-7th-edition-zimbardo-johnson-hamilton-0205183468-
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Difficulty: 3
Page Reference: 42
Topic: Introduction
Skill: Factual
Objective: 2.1
Answer: c. The total number of neurons remains relatively constant once we
reach adulthood.
Difficulty: 1
Page Reference: 42
Topic: Introduction
Skill: Factual
Objective: 2.1
Answer: e. Neuroscience
4. Because the human brain is born already programmed for language, we can say
that language is a(n) behavioral tendency.
a. essential
b. critical
c. innate
Correct. An innate tendency is something that is ready to develop from birth, and
consistent across a species.
d. somatic
Incorrect. The word somatic refers to something that has to do with the body. It is
not the correct answer to this question.
e. cerebral
Difficulty: 2
Page Reference: 43
Topic: How Are Genes and Behavior Linked?
Skill: Conceptual
Objective: 2.1
Answer: c. innate
Difficulty: 1
Page Reference: 43
Topic: How Are Genes and Behavior Linked?
Skill: Factual
Objective: 2.1
Answer: a. Evolution
6. Behavior consistently found in a species is likely to have a genetic basis that evolved
because the behavior has been adaptive. Which of the following human behaviors
illustrate this concept?
a. driving a car
b. sending astronauts to the moon
c. Down syndrome
Incorrect. Down syndrome is not an adaptive quality of human beings; rather, it is
an illness that is caused by having one too many chromosomes.
d. language
Correct. The ability to use language as a means of communication is certainly
adaptive to human beings.
e. the ability to program a cell phone
Difficulty: 2
Page Reference: 43
Topic: How Are Genes and Behavior Linked?
Skill: Conceptual
Objective: 2.1
Answer: d. language
7. Darwin's theory of argues that evolution favors those organisms that are best
adapted to their environment.
a. encephalization
b. bipedalism
Incorrect. This term refers to an animal that walks on two feet. Fish are not bipedal
animals, yet they adapt very well to their environments.
c. specialization
d. natural selection
Correct. This was the major crux of Darwin's theory of evolution.
e. creationism
Difficulty: 2
Page Reference: 44
Topic: Evolution and Natural Selection
Skill: Conceptual
Objective: 2.1
8. Darwin's theory of evolution suggests that the only measure of success for a species
is a. being the largest of the species.
Incorrect. Being the largest is not always a desirable trait. In some species, the
largest are the first to die off.
b. not competing with members of the same species.
c. possessing the best coloring and shape of the species.
d. successful reproduction.
Correct. Those members of a species that successfully passed their genes to the next
generation were considered the most successful members of the species in Darwin's
theory.
e. the uniqueness of the species.
Difficulty: 3
Page Reference: 44
Topic: Evolution and Natural Selection
Skill: Conceptual
Objective: 2.1
9. In purely evolutionary terms, which one would be a measure of your own success as
an organism?
a. your intellectual accomplishments
b. the length of your life
c. the number of children you have
Correct. Successful reproduction was a major measure of success in Darwin's
theory. d. the contributions you made to the happiness of humanity
e. your height relative to others in your “clan,” or “tribe”
Incorrect. Being the biggest is not always the best. Successful reproduction, however,
is what Darwin's theory paid the most attention to.
Difficulty: 2
Page Reference: 44
Topic: Evolution and Natural Selection
Skill: Applied
Objective: 2.1
10. Which of the following did you NOT inherit from your parents?
a. religious beliefs
b. facial features
c. temperament
d. hair color
e. height
Difficulty: 1
Page Reference: 45
Topic: Genetics and Inheritance
Skill: Factual
Objective: 2.1
11. The genetic blueprint you inherited from your parents is referred to as your
a. genetic hardiness.
b. genotype.
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— Non, monsieur ; sauvez-vous, répliqua-t-elle, d’un ton ferme et
tranquille.
Et elle me regardait en tenant toujours les mains jointes, comme si
elle n’attendait que mon départ pour se remettre en prières.
Je trépignais.
— Mais, mademoiselle ! m’écriai-je, en considérant sa forme vêtue
de blanc, que ces ténèbres rayées de temps à autre par le trait de feu
d’une flammèche jaillissante, faisaient paraître presque irréelle ; mais,
mademoiselle, comprenez donc ! ceci n’est pas un jeu. Rester ici, c’est
vouloir mourir ! mourir ! Le château est en feu. Ce toit qui nous supporte
ne tardera pas à s’écrouler…
— Plutôt cela, répondit-elle, en levant la main, et Dieu sait quelle
noblesse féminine inspirait à l’enfant cette minute suprême. Plutôt cela,
que de tomber en leur pouvoir ! Je suis une Saint-Alais, et je saurai
mourir, continua-t-elle avec fermeté, mais je ne dois pas tomber vivante
entre leurs mains. Vous, monsieur, sauvez votre vie. Allez, je prierai
Dieu pour vous.
— Et moi pour vous, mademoiselle, répondis-je, dans un élan
d’abnégation. Si vous restez, je reste.
Elle me regarda un moment, troublée. Puis elle se remit debout avec
lenteur. Les domestiques avaient disparu, laissant la trappe ouverte ;
personne n’était encore monté. Nous avions le toit à nous. Je la vis
frissonner en regardant autour d’elle : et dans la même seconde je la
soulevais entre mes bras — elle ne pesait pas plus qu’un enfant — et je
traversais la moitié du toit. Elle poussa un léger cri de protestation, de
reproche, et se débattit un peu. Mais je ne l’en serrai que plus étroitement
et continuai à courir. De la trappe, une échelle menait en bas. Tant bien
que mal, la soutenant toujours d’une main, je descendis jusqu’au pied de
l’échelle, et me trouvai dans un corridor entièrement obscur. D’un côté
cependant, tout au fond, brillait une lumière. J’emportai la jeune fille
dans cette direction. Les cheveux contre mes lèvres, la tête sur ma
poitrine, elle ne luttait plus ; et j’atteignis bientôt le haut d’un escalier. Ce
devait être un escalier de service, car il était nu, étroit et laid, avec des
murs blanchis à la chaux et d’une propreté douteuse. Il n’y avait par là
aucune trace d’incendie, la fumée elle-même n’y parvenait pas encore ;
mais à mi-descente des degrés, un flambeau renversé, mais qui brûlait
encore, gisait sur une marche, comme si quelqu’un venait de le laisser
tomber. De tout le rez-de-chaussée de la maison s’élevait un affreux
vacarme de désordre et d’orgie, des cris de détresse, des encouragements,
des rires. Je fis halte pour écouter.
Denise se redressa un peu entre mes bras.
— Mettez-moi par terre, monsieur, chuchota-t-elle.
— Vous viendrez ?
— Je ferai ce que vous me direz de faire.
Je la déposai dans l’angle du corridor, au haut de l’escalier ; et je lui
demandai à voix basse ce qu’il y avait derrière la porte que j’apercevais
au bas des degrés.
— La cuisine, répondit-elle.
— Si j’avais un manteau quelconque pour vous envelopper, dis-je, je
crois que nous passerions. Ils ne nous cherchent plus. Ils sont occupés à
piller et à boire.
— Voulez-vous prendre la lumière ? chuchota-t-elle, toute
tremblante. Dans l’une de ces pièces-ci nous trouverons peut-être
quelque chose.
A pas de loup, je descendis les marches nues, et, l’ayant ramassé, je
remontai avec le flambeau en main. Comme je me rapprochais de
Denise, nos regards se rencontrèrent, et une rougeur, qui se fonçait de
plus en plus, envahit son visage, comme l’aurore s’étale sur l’aube grise.
Cette rougeur une fois venue, elle demeura ; la jeune fille baissa les yeux
et s’éloigna un peu de moi, éperdue et confuse. Nous étions seuls ; et
pour la première fois de la nuit, je pense, elle s’avisa de ses cheveux en
désordre et de sa toilette négligée : elle se rappela qu’elle était une
femme et moi un homme.
Le moment était singulier pour songer à de telles choses ; alors qu’à
tout instant la porte pouvait s’ouvrir, au bas de l’escalier devant nous, et
livrer passage à une douzaine de bandits assoiffés de butin, et de pis
encore. Mais cette expression et ce geste me réchauffèrent le cœur et
firent battre mes artères avec plus de force que jamais. Le courage me
revint à flots, et doubla mes énergies. Je me sentais capable de défendre
l’escalier contre cent, contre mille ennemis, aussi longtemps qu’elle
serait au haut. Par-dessus tout, j’admirais comment j’avais pu la porter
dans mes bras une minute plus tôt, la serrer contre ma poitrine et sentir
sur mes lèvres le contact de ses cheveux, en restant insensible !
Dorénavant, je serais incapable de la porter sans que mon pouls battît
plus vite. Cette certitude me pénétra tandis que j’étais à côté d’elle, au
haut des marches nues, affectant de prêter l’oreille aux bruits d’en
dessous, afin de lui laisser le temps de se remettre.
Mais je ne tardai pas à écouter plus sérieusement, car le bacchanal
redoublait dans la cuisine que nous devions traverser pour fuir ; et dans
le même temps que je faisais cette remarque, une odeur de bois brûlé me
parvint aux narines, avec une bouffée de fumée, et m’avertit que le feu se
propageait au corps de bâtiment dans lequel nous nous trouvions.
Derrière nous, à l’opposé de l’escalier, il y avait une porte ; le long du
couloir à gauche par où nous étions venus, se trouvaient d’autres portes.
Je confiai la chandelle à Denise, et la priai d’aller jeter un coup d’œil
dans les chambres.
— Vous trouverez bien un manteau, ou quelque chose ! dis-je
vivement. Nous ne pouvons nous attarder. Moi, pendant ce temps-là…
Un bruit me coupa la parole : la porte au bas de l’escalier s’ouvrit
violemment, et un homme s’y précipita tête baissée, qui se mit à grimper
les marches deux à deux. Il portait un flambeau devant lui et dans la
main droite une grosse barre de fer. Un sauvage ouragan de vociférations
pénétra avec lui par l’ouverture.
Sa brusque apparition ne nous laissa pas le temps de faire un
mouvement. Je vis du coin de l’œil notre luminaire prêt à s’échapper des
mains de Denise, que paralysait la terreur. Je lui repris le flambeau,
éteignis la chandelle, et l’arrachai du chandelier de fer, que j’empoignai à
pleine main ; puis, penché en avant, j’attendis l’homme de pied ferme.
J’avais laissé mon épée dans l’autre aile du château et me trouvais sans
arme ; mais le chandelier pouvait en tenir lieu, grâce à l’étroitesse de
l’escalier et sous ce plafond bas et incliné. Si personne d’autre ne
survenait, le chandelier ferait l’affaire.
L’homme était aux deux tiers du degré, tenant le lumière haute
devant lui. Quatre ou cinq marches seulement le séparaient de nous !
Mais soudain il trébucha, sacra, et tomba lourdement sur le nez. La
lumière qu’il portait s’éteignit, et nous fûmes dans les ténèbres !
Instinctivement j’empoignai dans ma main gauche la main de Denise
pour arrêter le cri qu’elle allait pousser ; et nous restâmes comme deux
statues, sans oser respirer. L’homme, si proche de nous, mais toujours
ignorant de notre présence, continuait à sacrer. Au bout d’une effroyable
minute d’angoisse, qu’il passa, j’imagine, à chercher son flambeau à
tâtons, ses pas pesants redescendirent les marches. On avait refermé la
porte du bas, et il ne réussit pas tout d’abord à trouver le loquet. Mais il y
parvint enfin, et ouvrit la porte. Alors je reculai, et à la faveur du
vacarme qui envahit aussitôt l’escalier, j’attirai Denise dans la chambre
derrière nous, dont je refermai la porte qui faisait face aux marches, et je
restai aux aguets.
Je croyais entendre battre son cœur. A coup sûr j’entendais battre le
mien. Dans cette chambre, nous étions provisoirement en sûreté ; mais
comment pouvions-nous, sans lumière, trouver un déguisement pour la
jeune fille ? Et je regrettais presque d’avoir quitté l’escalier. Nous étions
dans une obscurité complète, et tout restait invisible dans cette chambre,
qui sentait le renfermé, ou plutôt la souris. Mais comme je remarquais
cette odeur, le relent de bois brûlé, qui avait pénétré sans doute avec
nous, se renforça et masqua l’autre odeur. Pareil au bruit du vent, le
ronflement de l’incendie qui se rapprochait devenait perceptible, avec le
crépitement lointain des flammes. Le cœur me manqua.
— Mademoiselle, dis-je à voix basse.
Je la tenais toujours par la main.
— Oui, monsieur, murmura-t-elle d’une voix faible.
Et elle me parut s’appuyer contre moi.
— N’y a-t-il pas de fenêtre à cette chambre ?
— Je crois que les volets sont mis, murmura-t-elle.
Je songeais à présent que le chemin de la cuisine étant coupé, il nous
restait à fuir par les fenêtres. Je fis un pas dans leur direction. Je voulais
lâcher la main de la jeune fille, afin de libérer la mienne pour me diriger
à tâtons, mais je la sentis avec surprise s’accrocher à moi et refuser de
me laisser aller. Puis je l’entendis soupirer dans les ténèbres ; et elle
s’appuya sur moi, comme prête à s’évanouir.
— Courage, mademoiselle ; courage ! dis-je, terrifié à cette seule
pensée.
— Oh ! que j’ai peur ! geignit-elle à mon oreille. J’ai si peur !
Sauvez-moi, monsieur ! sauvez-moi !
Elle venait de se montrer si brave un peu plus tôt que je fus stupéfait.
J’ignorais que le courage de la femme la plus vaillante a de ces
faiblesses-là. Mais je n’eus guère le temps d’y songer. Sa masse pesait
entre mes bras, plus inerte à chaque instant, et le cœur me battait
éperdument, à chercher autour de moi un secours, une pensée, une idée.
Mais je scrutai en vain les ténèbres. Je ne me rappelais même plus où se
trouvait la porte d’entrée. Je ne discernais pas le moindre filet de fumée
qui m’eût révélé l’emplacement des fenêtres. J’étais seul avec Denise, et
sans défense ; nous avions la retraite coupée, et les flammes se
rapprochaient. Je sentis sa tête retomber en arrière, et compris qu’elle
venait de perdre connaissance. Tout ce que je pouvais faire dans le noir
était de la soutenir, et de guetter le retour des pas de l’homme ou tout
autre événement qui allait survenir.
Pour une durée assez longue, ou qui me parut telle, il ne se produisit
rien. Puis un soudain éclat de tapage m’apprit que la porte se rouvrait, au
bas de l’escalier ; après quoi un claquement de sabots retentit sur les
marches nues. Je discernai alors où se trouvait la porte de la chambre, et
vivement mais avec douceur je déposai Denise sur le plancher, un peu en
arrière de cette porte, et me postai sur le seuil. Je tenais toujours mon
chandelier, et j’étais prêt à toute extrémité.
Je les entendis passer, avec un battement de cœur ; puis ils firent
halte, et je serrai mon arme ; et soudain une voix qui m’était familière
lança un ordre, et poussant un cri de joie je tirai brusquement la porte et
me dressai devant eux, comme ils me le racontèrent plus tard, avec la
mine d’un spectre sortant du tombeau. Ils étaient quatre, et le plus proche
de nous était l’abbé Benoît.
Le bon prêtre me sauta au cou et m’embrassa.
— Vous n’êtes pas blessé ? cria-t-il.
— Non, dis-je, d’une voix sépulcrale. Vous voilà donc arrivé ?
— Oui, répondit-il, assez tôt pour vous sauver, Dieu soit loué ! Dieu
soit loué ! Et mademoiselle ? Mademoiselle de Saint-Alais ? ajouta-t-il
avec vivacité, en me considérant comme s’il me croyait hors de mon
sens. Ne savez-vous rien d’elle ?
Je lui tournai le dos sans rien dire, et rentrai dans la chambre. Il me
suivit avec de la lumière, et les trois hommes, parmi lesquels se trouvait
Buton, entrèrent à sa suite. Ce n’étaient que de grossiers paysans, mais
ils se reculèrent et se découvrirent, à la vue de Denise. Elle gisait où je
l’avais laissée, la tête reposant sur le sombre tapis de sa chevelure, au
milieu duquel sa face enfantine, aux yeux mi-clos et levés au plafond,
prenait la pâleur et la solennité de la mort. Pour moi, j’étais tellement
épuisé d’émotions que je la regardai presque avec indifférence. Mais le
curé poussa un cri.
— Mot Dieu ! fit-il, un sanglot dans la voix. Est-ce qu’ils l’ont tuée ?
— Non, répondis-je. Elle n’est qu’évanouie. S’il y a une femme ici…
— Il n’y a pas de femme ici à qui j’ose me fier, répondit-il entre ses
dents.
Et il ordonna à l’un des hommes d’aller chercher de l’eau, en
ajoutant quelques paroles que je ne saisis pas.
L’homme revint presque tout de suite, et l’abbé Benoît, l’ayant fait
mettre à l’écart ainsi que ses compagnons, humecta les lèvres de la jeune
fille, après lui avoir jeté quelques gouttes sur la figure. Il agissait avec un
air de hâte qui m’intriguait ; mais je m’aperçus bientôt que la chambre
s’emplissait de fumée. En allant moi-même à la porte, je vis au bout du
corridor la rouge réverbération du feu, et je perçus un lointain
écroulement de pierres et de madriers. Je compris alors l’attitude de
l’abbé Benoît, et je lui proposai d’emporter la jeune fille au dehors.
— Elle ne se ranimera jamais ici, dis-je avec un sanglot dans la
gorge. Elle va suffoquer, si nous ne lui donnons de l’air.
Une volute de fumée dense qui passait dans le couloir vint confirmer
tout à point mes paroles.
— En effet, dit le prêtre avec lenteur. C’est aussi mon avis, mon fils,
mais…
— Mais quoi ? m’écriai-je. Il est périlleux de nous attarder !
— Vous avez envoyé un messager à Cahors ?
— Qui, répondis-je. Est-ce que le marquis serait arrivé ?
— Non pas ; et sachez-le, monsieur le vicomte, je n’ai avec moi que
ces quatre hommes, ajouta-t-il. Si j’avais cherché à en réunir davantage,
je serais peut-être arrivé trop tard. Et avec ceux-ci seulement, je ne sais
que faire. La moitié des pauvres misérables qui ont commis ce forfait
sont perdus de boisson. Les autres ne me connaissent pas…
— Mais je croyais… je croyais que tout était fini, m’écriai-je
stupéfait.
— Non, fit-il gravement. On nous a laissés passer, après discussion.
Moi, je suis du Comité, ainsi que Buton. Mais quand ils vous verront, et
encore plus Mlle de Saint-Alais… je ne sais ce qu’ils sont capables de
faire, mon ami.
— Mais, mon Dieu ! m’écriai-je. Ils n’oseront sûrement pas…
— Non, monseigneur, ils n’oseront pas, n’ayez crainte !
Ces paroles sortaient de la fumée. C’était Buton qui les prononçait.
En même temps, il s’avança, une pesante barre de fer au poing, et ses
gros bras velus retroussés jusqu’aux coudes.
— Mais il y a une chose que vous devrez faire, dit-il.
— Quoi donc ?
— Vous devrez mettre la cocarde tricolore. Avec cela ils n’oseront
pas vous toucher.
Il montrait un naïf orgueil, que je trouvai tout d’abord inintelligible.
Je le comprends mieux à cette heure. Le lendemain, déjà, ce n’était plus
pour moi une énigme, mais une redoutable merveille.
Le prêtre saisit l’idée au vol.
— Parfait, dit-il. Buton a trouvé. Ils vous respecteront avec cela.
Et sans me laisser le temps de parler, il détacha la large rosette piquée
à sa soutane, et l’épingla sur ma poitrine.
— La vôtre, maintenant, Buton, reprit-il (et prenant celle du forgeron
— elle n’était rien moins que propre — il l’assujettit sur l’épaule de
Denise). Allons, monsieur le vicomte, emportez-la. Vite, ou nous allons
étouffer. Buton et moi marcherons devant, et nos amis que voici vous
suivront.
Denise, poussant des soupirs et des sanglots, commençait à revenir à
elle, quand je la soulevai dans mes bras ; et nous toussions tous à cause
de la fumée. Celle-ci emplissait le couloir ; eussions-nous tardé une
minute de plus, et nous n’aurions pu passer sans danger, car les flammes
léchaient déjà la porte de la pièce voisine, et dardaient vers nous des
langues irritées. Néanmoins, nous descendîmes tant bien que mal
l’escalier, avec notre aide mutuelle. Au bas, la porte fermée nous retint
un instant, et lorsqu’elle s’ouvrit nous fûmes bien aises de déboucher
pêle-mêle dans la cuisine, où nous restâmes à reprendre haleine, en nous
frottant les yeux.
C’était la grande cuisine du château, celle qui avait vu les apprêts de
tant de festins et contenu de tels monceaux de venaison ; mais je fus
heureux pour Denise qu’elle tînt sa figure cachée contre ma poitrine, et
qu’elle n’en pût voir l’aspect actuel. Un grand feu, alimenté avec du lard
et des jambons, flambait dans l’âtre, et devant ce feu, en guise de viande,
les dépouilles de trois chiens rôtissaient à la broche et imprégnaient l’air
d’une odeur de chair grillée. C’étaient les chiens favoris du marquis, tués
par méchanceté pure. Au-dessous d’eux, sur le carreau jonché de
bouteilles, le vin répandu formait un lac où les meubles brisés et les
caisses défoncées faisaient comme des îles. Tout ce que les émeutiers ne
pouvaient emporter ils le mettaient en pièces. Sous nos yeux mêmes,
dans un coin, une femme emplissait son tablier à même un grand tas de
sel piétiné, et trois ou quatre individus achevaient de piller le dressoir.
Mais le plus grand nombre des paysans s’étaient retirés au dehors, et
nous les entendions applaudir hideusement aux flammes, pousser des
acclamations lorsqu’une cheminée tombait ou qu’une fenêtre éclatait, et
jeter dans le feu tout être vivant qui avait le malheur de leur tomber sous
la main.
Les pillards, à notre vue, s’éclipsèrent avec des mines haineuses de
loups forcés de lâcher leur proie. Ils durent répandre la nouvelle de notre
arrivée, car dans le temps bref que nous restâmes dans la cuisine, le
hourvari du dehors s’apaisa, et ce fut au milieu d’un effrayant silence
que nous apparûmes à la porte.
La lueur de l’incendie éclairait comme en plein jour la rangée d’êtres
féroces qui se tenaient devant nous, à côté du vaste amas de débris qui
témoignaient de leur fureur. Au début nous étions dans l’ombre du mur,
et invisibles pour eux ; mais quand nous eûmes avancé de quelques pas,
le silence menaçant prit fin, et la foule, avec un hurlement de rage,
s’élança, comme une meute de chiens déchaînés. Ces êtres au front bas et
aux chevelures hirsutes, à demi nus et barbouillés de sang et de suie,
ressemblaient davantage à des bêtes qu’à des hommes ; et ils s’élancèrent
comme des fauves, claquant des mâchoires, tandis que des derniers rangs
— car ceux des premiers ne savaient plus que rugir — s’élevaient les cris
de : « Mort aux tyrans ! Mort aux accapareurs ! » Mêlés au fracas de
l’incendie, ces cris suffisaient à intimider les plus résolus.
Si mon escorte avait faibli une seconde, c’en était fait de nous. Maïs
elle resta ferme, et sa contenance assurée en imposa à la foule qui se
retira en grognant et réclamant notre mort, à l’exception d’un seul
homme. Celui-là s’avança pour me porter un coup de couteau. Sur-le-
champ Buton leva sa barre de fer, et avec un cri formidable de :
« Respect aux trois couleurs ! » il l’étendit sur le sol, et mit le pied sur
son corps.
— Respect aux trois couleurs ! cria-t-il à nouveau de sa voix de
tonnerre.
Et ces mots eurent un effet magique. A leur son, la foule se rejeta en
arrière et sur les côtés, et les yeux se fixèrent stupidement sur moi et mon
fardeau.
— Respect aux trois couleurs ! cria l’abbé Benoît, en levant la main.
Et il fit le signe de la croix. A cette vue cent voix reprirent le cri ; et
sans me laisser le temps de me reconnaître, ceux qui une minute plus tôt
réclamaient notre mort se rejetèrent les uns sur les autres, en criant d’une
seule voix :
— Place ! place aux trois couleurs !
Il y avait quelque chose d’indiciblement nouveau, d’étrange, de
redoutable, dans un tel respect accordé par ces brutes à un mot, à un bout
de ruban, à une idée. L’impression que j’en ressentis ne s’est jamais
complètement effacée. Mais sur le coup je m’en rendis à peine compte.
J’entendais et voyais les choses indistinctement. Comme dans un songe,
je m’avançai parmi la cohue, et trébuchant sous mon fardeau, passai
entre deux rangs de faces bestiales, puis descendis l’avenue, jusqu’à la
grille. Arrivé là, l’abbé Benoît voulut me prendre Denise, mais je ne le
lui permis pas.
— A Saux ! A Saux ! dis-je fiévreusement.
Et alors, sans bien savoir comment, je me trouvai installé sur mon
cheval, avec la jeune fille devant moi. Et nous prîmes la route de Saux,
éclairés chemin faisant par les flammes du château en feu.
CHAPITRE X
LE MATIN QUI SUIT LA TEMPÊTE