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Étude paramétrique de la qualité

environnementale de l’enveloppe à partir de


matériaux biosourcés en façade
Rapport : Projet de fin d’études
VERSION CONFIDENTIELLE
Avril - Octobre 2023

Dalia Becker

Tuteur entreprise : Aymercic De La Bachelerie


Tuteur académique : Ludovic Missemer

Stage au sein de Arcora : 18, rue des deux gares - 92563 Rueil Malmaison
Remerciements
Résumé

Ce document présente le travail réalisé au sein d’Arcora, bureau d’études spécialisé


dans la façade et les enveloppes du bâtiment, dans le cadre d’un projet de fin d’études
à l’ENSE3.

Le sujet de recherche s’oriente sur l’utilisation de modes constructifs biosourcés en


façade. Plus spécifiquement seront étudiées deux typologies de façade : une façade à
ossature bois, ainsi qu’une façade en béton de chanvre.
Dans un premier temps, un état de l’art des enjeux de la qualité environnementale
du bâtiment, et plus spécifiquement de la façade, est bâti, à partir de recherches biblio-
graphiques.
Dans un second temps, une mission pour Saint-Gobain Glass France est poursuivie.
Cette mission d’étude paramétrique multicritère s’intéresse à la performance des sys-
tèmes de façade de Saint-Gobain Glass, pour divers scénarios à partir de logiciels de
modélisation et de calcul. Dans le cadre de l’étendue de l’étude à des variantes de
façades en biosourcé, des simulations énergétiques dynamiques sur le logiciel Gras-
shopper permettent l’étude de besoins énergétiques annuels et de confort thermique à
l’échelle d’un bâtiment type. Une analyse de cycle de vie a également été menée afin de
faire un comparatif entre les typologies de façade traditionnelles et celles en matériaux
biosourcés.

Mots clés : étude paramétrique - simulation énergétique dynamique - impact car-


bone - façade - biosourcé

Abstract
to write in english once the french version is completed
Glossaire
• HQE : Haute Qualité Environnementale. Certification délivrée par l’organisme
français Certivea. Elle vise à évaluer la performance environnementale d’un bâti-
ment, en tenant compte de 14 cibles, dont 4 grandes catégories : l’éco-construction,
l’éco-gestion, le confort et la santé. Il existe 4 niveaux de certification, de ’bon’ à
’exceptionnel’.
• BREEAM : Building Research Establishment Environmental Assessment Method.
Certification qui évalue la performance environnementale d’un bâtiment en pre-
nant en compte 9 catégories, telles que l’énergie, l’eau, les déchets, la santé et le
bien-être, la gestion écologique des terrains, etc. La notation s’étent de ’accepta-
ble’ à ’exceptionnel’.
• LEED : Leadership in Energy and Environmental Design. Certification qui éva-
lue la performance environnementale des bâtiments en prenant en compte 7 ca-
tégories, telles que l’énergie, l’eau, les matériaux et ressources, la qualité de l’air
intérieur, la conception et l’innovation, etc. L”évaluation comporte 4 niveaux de
qualité : ’certifié’, ’argent’, ’or’ ou ’platine’.
• Label Bâtiment Biosourcé : Label s’intéressant au taux d’incorporation (kg) de
matériaux biosourcés par m² de Surface De Plancher (SDP). L”évaluation com-
porte 3 niveaux.
• Matériaux biosourcés : Matériaux issus de ressources renouvelables d’origine
végétale, et parfois animale.
• Matériaux géosourcés : Matériaux issus de ressources du sous-sol, d’origine mi-
nérale.
• Façade légère : Façade qui ne participe pas à la stabilité du bâtiment. On dis-
tingue le mur rideau et la façade bloc.
• Inertie thermique : Capacité d’un matériau à emmagasiner la chaleur et à la res-
tituer progressivement. Se caractérise à travers deux paramètres : la diffusivité
thermique et l’effusivité.
• VCTH : Valeur de la Capacité Tampon Hydrique. Valeur illustrant la capacité
d’un matériau à échanger de l’humidité avec son environnement, permettant l’es-
timation du comportement hygrothermique du matériau
• Emissivité : Aptitude d’un matériau à émettre par radiation. Le terme ’low-e’ est
employé en synonyme d’une faible émissivité.
• Panneau de façade à ossature bois : Structure de la façade composée d’un as-
semblage d’ossature (montants et traverses) et d’un voile de contreventement ou
de stabilité selon le contexte constructif.
• Façade filante : Façade située entièrement devant les nez de plancher de l’ossa-
ture primaire
• Voile de stabilité : Panneau fixé à une ossature afin de lui conférer une résistance
aux efforts dans son plan. N’assure pas le rôle de contreventement.
• Pare-pluie : Matériau servant de protection contre le passage de l’eau, disposé
sous le revêtement extérieur du mur. Reste perméable à la vapeur d’eau.
• Pare-vapeur : Matériau souple disposé sur les surfaces intérieures, afin de limiter
la transmission de vapeur d’eau à l’intérieur des parois.
• Pont thermique : Zone linéaire ou ponctuelle qui présente une moindre résis-
tance thermique dans l’enveloppe du bâtiment.
• Climat d’une zone géographique : ’Ensemble des caractéristiques de l’atmo-
sphère (température, pluviométrie, pression atmosphérique, humidité, ensoleille-
ment, vents, etc.) et de leurs variations, à une échelle spatiale donnée et sur une
période suffisamment longue (30 ans selon L’Organisation Météorologique Mon-
diale)’.

Symboles
Symbole Unité Grandeur
A m2 Aire
l m Longueur
e m Épaisseur
λ W/(mK) Conductivité thermique
U W/(m2 K) Coefficient de transmission surfacique
ψ W/(mK) Coefficient de transmission linéique
R m2 K/W Résistance thermique
h W/(m2 K) Coefficient d’échanges superficiels
Sw [0-1] Facteur solaire
T Lw [0-1] Coefficient de transmission lumineuse
δM m Fine couche proche de la surface du mur

Indices
w Fenêtre
f Menuiserie
g Vitrage
p Paroi opaque
s Store
Table des matières
1 Introduction
1.1 Arcora . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.2 Thématiques du stage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2 Qualité environnementale de l’enveloppe


2.1 Enjeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.1.1 Consommation énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.1.2 Impact carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.1.3 Confort thermique, visuel, acoustique . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2 Contexte d’une étude multi-critère réalisée . . . . . . . . . . . . . . . . .

3 Extension de la qualité environnementale au confort hygrothermique


3.1 Hygrothermie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.2 Modèles algorithmiques Energy Plus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4 Extension de l’étude à des modes constructifs vertueux


4.1 Façade à Ossature Bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.1.1 Description du mode constructif . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.1.2 Contraintes liées à la réglementation incendie . . . . . . . . . . .
4.1.3 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.1.4 Application à l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.2 Façade en Béton de Chanvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.2.1 Description du mode constructif . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.2.2 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.2.3 Application à l’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

5 Application : modélisation
5.1 Hypothèses globales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.1.1 Modélisation du bâtiment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.1.2 Modélisation du socle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.1.3 Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.2 Hypothèses spécifiques à l’enveloppe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.2.1 Modes constructifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.2.2 Impact carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.2.3 Performances thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.2.4 Performances énergétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.3 Hypothèses liées à la SED . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.3.1 Modélisation énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.3.2 Donnée climatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.3.3 Scénarios d’usage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6 Résultats
6.1 Simulation Énergétique Dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.2 Impact carbone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

7 Conclusion générale
Table des figures
1 Multiples fonctions de l’enveloppe (Source : Aymeric de la Bachelerie). .
2 PMV/PPD (Modèle de Franger). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3 FOB sur plancher béton. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4 Green Office Enjoy, ZAC Paris-Batignolles, Baumschlager eberle archi-
tekten, 2017. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5 Pulse, ZAC Nozal Saint-Denis, Fassio Viaud Architecte, 2019. . . . . . .
6 Vues éclatées du panneau FOB aux WWR 40% et 60%, T3A et T3B. . . .
7 Applications du béton de chanvre [9]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
8 Fabrication en usine d’un bloc en béton de chanvre Wall’Up. . . . . . . .
9 Bâtiment de bureaux avec façades préfabriquées en béton de chanvre
(Triballat Noyal). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
10 Vues éclatées des panneaux de béton de chanvre WWR 40% et 60%. . . .
11 Bâtiment de référence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12 Résultats des besoins énergétiques annuels à Paris sur le climat 2020 en
orientation Nord Sud. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13 Résultats d’analyse de l’impact carbone en dynamique sur 50 ans. . . .
14 Comparaison de l’impact carbone en dynamique sur 50 ans de la FOB
W40 et FOB W60. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1 Introduction
Le secteur du bâtiment représente une part importante des émissions de gaz à effet
de serre en Europe et en France. En France, ce secteur est aussi l’un des principaux
secteurs en terme de consommation d’énergie (en 2021, le gouvernement français es-
time que le secteur du bâtiment représente 44% de l’énergie consommée en France [6]).

Depuis quelques années, l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues


de chaleur par le réchauffement climatique augmente. Le parc existant et les construc-
tions neuves ne rencontrent pas le même défi, l’un devant s’y adapter en limitant les
consommations d’énergie, l’autre se concentrant sur la conception de bâtiments sobres
et confortables. Ainsi, les professionnels de ce secteur sont confrontés à un double défi :
réduire l’empreinte carbone des bâtiments et concevoir des bâtiments à faible consom-
mation énergétique, tout en garantissant un confort optimal tout au long de l’année.
impact carbone du secteur de la construction en france à AJOUTER Nous intéresser
au rôle que l’enveloppe d’un bâtiment peut jouer, et plus particulièrement les façades.
A titre indicatif, le poids carbone moyen du lot façade est estimé aux alentours de 15 à
25% en bureau [2].

L’Union européenne a mis en place des directives et des réglementations visant à


améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments, à promouvoir les énergies renouve-
lables et à réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment. De
même, à l’échelle nationale, on peut citer des outils réglementaires comme la RE 2020,
entrée en vigueur le 1er juillet 2022, qui vise à diminuer l’impact énergétique et envi-
ronnemental des bâtiments neufs, en donnant la priorité à la sobriété énergétique et à
la décarbonation de l’énergie, diminuant l’impact carbone de la construction des bâti-
ments et en garantissant le confort en cas de forte chaleur [1]. Dans ce contexte, un en-
semble de textes législatifs (décrets et arrêtés) définissent précisément les exigences (de
moyens et de résultats) à respecter, les méthodes de calcul à prendre en compte dans
les logiciels de calcul, la forme des données environnementales à prendre en compte
nécessaire à l’évaluation réglementaire de la performance environnementale des bâti-
ments neufs, etc. L’imposition de l’évaluation du Potentiel Réchauffement Climatique
(PRC), impact des matériaux de construction sur le réchauffement climatique, impose
des études d’impact carbone pour les constructions neuves. En particulier, il devient
nécessaire d’étudier différents modes constructifs de façade au regard de leur impact
carbone.

L’enveloppe du bâtiment correspond à la séparation matérialisant la limite entre


l’intérieur et l’extérieur, puisqu’elle est à l’interface entre l’espace abrité et l’espace ex-
posé. La façade constitue le lot impactant le plus sur les dépenses énergétiques et le
enveloppedef.png

F IGURE 1 – Multiples fonctions de l’enveloppe (Source : Aymeric de la Bachelerie).

confort des occupants, et doit, de ce fait, remplir de nombreuses fonctions techniques


et esthétiques en lien avec des enjeux variés, comme la qualité d’usage, le confort, la
performance énergétique, la vue, la stabilité et l’étanchéité. La conception doit prendre
en compte l’environnement extérieur – orientation du bâtiment et des bâtiments envi-
ronnants, température, bruit, vent, etc – pour les choix des matériaux opaques et vitrés.

Dans le cadre de ce mémoire, nous allons nous intéresser à l’utilisation de matériaux


biosourcés en façade, et particulièrement à un mode constructif de façade à ossature
bois, et un mode constructif à partir de panneaux de béton de chanvre.
à compléter à la fin...

1.1 Arcora
Arcora est un bureau d’études ingénierie fondé en 1976 par Corentin Queffélec,
dans le but d’accompagner des architectes dans la conception et l’exécution de struc-
tures en toiles textiles tendues. Le nom d’agence vient de cette spécialisation autour
des sujets de géométrie et de toiles tendues : ARC, CORde et RAyon pour ARCORA.
L’entreprise présente aujourd’hui une expertise en façades et structures complexes et
est depuis 2009 une filiale du groupe Ingérop.
Les projets sont développés et suivis par les directeurs et directrices de projet, les chefs
et cheffes de projet et chefs et cheffes de projets adjoints et adjointes, qui sont pour la
plupart, détenteurs et détentrices d’un diplôme en architecture et/ou ingénierie. Trois
pôles sont supports sur les projets : le pôle dessin, constitué de dessinateurs projeteurs
et d’un modeleur, le pôle structure constitué d’ingénieurs calculateurs, et le pôle tra-
vaux, constitué d’ingénieurs chargés du suivi des chantiers.
Depuis 2017, Arcora structure sa démarche de R&D au sein d’une cellule interne nom-
mée Le Lab, qui est réparti selon cinq axes principaux : ressources et matériaux, com-
portement énergétique et climat, usages et adaptabilité, comportement mécanique,
modélisation et méthodes. Arcora s’investit sur l’impact environnemental de l’enve-
loppe du bâtiment, et travaille sur le développement d’un outil interne ecale, créé pour
le calcul de l’impact carbone des enveloppes en phase de conception. Chaque premier
vendredi du mois, l’équipe Arcora se retrouve pour suivre une présentation ouverte
à débats et discussions sur un thème donné. Dans le cadre de ce stage portant que la
qualité environnementale de l’enveloppe, j’ai pu participer à la préparation du Lab 51
portant sur l’hygrothermie ainsi que à celle du Lab 52 traitant du confort et climat.
Arcora développe également des projets de recherche et développement en interne,
comme pour le développement du configurateur ecale, et mène des missions avec des
entreprises, comme la mission en cours avec Saint-Gobain Glass France sur laquelle
mon projet se greffe.

1.2 Thématiques du stage


Le sujet de recherche est axé autour d’une étude paramétrique multicritère de sys-
tèmes de façade. Au moyen de variations de localisation, climat, orientation du bâti-
ment, mode constructif de façade, ration opaque/vitré, modénatures, vitrage et stores.
Dans ce cadre, l’objectif du stage est d’étendre cette étude confidentielle à des modes
constructifs de façade à partir de matériaux biosourcés. Différents scénarios servent
alors à la caractérisation de deux systèmes de façades en biosourcé : façade à ossature
bois et façade en béton de chanvre. L’étude sera réalisée au moyen de modélisation
énergétique dynamique avec Energy Plus sur le logiciel de conception paramétrique
Grasshopper, et de calculs sur des outils interne à Arcora.

Rhinoceros Grasshopper est le logiciel utilisé pour la modélisation algorithmique.


Ce logiciel allie programmation et design, avec d’un côté la représentation 3D sur Rhi-
noceros, de l’autre le code sur Grasshopper. Le travail nécessaire à la SED a consisté en
l’extension d’un code existant pour l’utilisation dans le cadre de modes constructifs de
façade en matériaux biosourcés.
Ce mémoire est confidentiel.
2 Qualité environnementale de l’enveloppe
Lorsque l’on s’intéresse à la Qualité Environnementale du Bâtiment (QEB), on s’in-
téresse à l’intégration de critères environnementaux dans les phases de conception,
construction, gestion et rénovation d’un bâtiment. L’objectif est la création d’un en-
vironnement intérieur sain et confortable pour les occupants, tout en limitant les im-
pacts négatifs sur l’environnement extérieur. Pour ce faire, l’ensemble du cycle de vie
de l’ouvrage doit être pris en compte.

2.1 Enjeux
Les enjeux de la QEB sont multiples. Ils comprennent l’ensemble des aspects envi-
ronnementaux, entre autres la qualité des matériaux, l’efficacité énergétique, la gestion
de l’eau et des déchets. Nous nous intéresserons ici en particulier à la qualité environ-
nementale de l’enveloppe du bâtiment. Les enjeux sont encadrés par des réglemen-
tations, labels et certifications environnementales. La réglementation RE2020 établit
des normes légales, reposant sur trois nouveaux objectifs majeurs : réduire l’empreinte
carbone des bâtiments, améliorer leur efficacité énergétique et assurer le confort d’été.
La réglementation prévoit un renforcement progressif de ses exigences en matière de
réduction des émissions de carbone tous les trois ans, à compter de 2025. En ce qui
concerne les labels, le label Bâtiment Biosourcé par exemple s’intéresse au taux d’in-
corporation (kg) de matériaux biosourcés par m2 de Surface De Plancher (SDP). Di-
verses certifications existent, dont HQE, BREEAM ou LEED, dont le fonctionnement
est détaillé dans le Glossaire.

2.1.1 Consommation énergétique

Le premier enjeu dont nous pouvons parler concerne la consommation énergétique.


Comme vu précédemment (Chapitre 1), le secteur du bâtiment est confronté à la né-
cessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à la consommation
d’énergie. Les postes de consommation énergétique en énergie finale par usages des
bureaux sont selon l’OID [20] essentiellement le chauffage (29%), le froid (13%), l’éclai-
rage, la ventilation ainsi que la bureautique (12% chacun). Il semble primordial de
tendre vers des performances énergétiques exemplaires, dans la construction comme
dans la rénovation.
En plus de constituer un enjeu environnemental, la performance énergétique est un en-
jeu réglementaire. La RE 2020 impose des seuils d’énergie primaire, qui dépendent de
plusieurs paramètres. La Loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTEC)
traite de divers domaines clés à la transition énergétique en France, et définit notam-
ment des mesures d’amélioration de la performance énergétique des constructions
neuves.
Cependant, nous avons vu que le secteur du bâtiment génère également d’autres
impacts, notamment à la phase construction. Un second enjeu important est alors l’im-
pact carbone.

2.1.2 Impact carbone

Chacune des étapes du cycle de vie peut générer des impacts sur l’environnement.
L”Analyse de Cycle de Vie (ACV) est une méthodologie qui permet l’évaluation de
tous les impacts environnementaux générés par un produit tout au long de son cycle
de vie, allant de l’extraction des matières premières jusqu’à la gestion de sa fin de vie.
Elle permet de génèrer un bilan environnemental complet et détaillé d’un produit, par
la prise en compte de tous les flux entrants (consommation de ressources) et sortants
(émissions). Un calcul de l’empreinte environnementale globale d’un bâtiment peut
être fait à partir des résultats d’études d’ACV pour chacun des composants du bâti-
ment.

Les données d’impacts environnementaux d’un produit sont renseignées dans une
Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES), document technique basé
sur l’ACV, valide pour une durée de cinq ans. La norme NF EN 15804+A2 est le docu-
ment référent à la réalisation de FDES. On dénombre une trentaine d’indicateurs d’im-
pacts environnementaux sur une FDES (production de déchets, pollution de l’eau,...),
dont l’indicateur ’impact sur le changement climatique’ sur lequel la RE 2020 se concentre.

La réglementation RE 2020 a introduit deux indicateurs, exprimés en kg équivalent


CO2/m2 SU , et associés à des seuils à ne pas dépasser :

• Icenergie : indicateur évaluant l’impact des consommations d’énergie primaire


(émissions de gaz à effet de serre dues à la production et utilisation de l’éner-
gie du bâtiment), sur une période de 50 ans
• Icconstruction : indicateur mesurant l’impact des composants (matériaux de construc-
tion, équipements, ..) du à leur production, transport, installation, utilisation,
maintenance, remplacement, fin de vie.

La communauté scientifique a mise en place une méthode d’ACV dynamique, uti-


lisée par la RE2020 également, où l’impact est pondéré en fonction de l’étape du cycle
de vie à laquelle il intervient. Ainsi, l’impact est plus important si l’émission de CO2 a
lieu tôt. Cela signifie que les produits dont les émissions ont lieu en fin de vie sont fa-
vorisés, comme le bois par exemple. En effet, une de ses caractéristiques est de capter
du CO2 avant utilisation comme matériau de construction. De manière générale, les
produits biosourcés ont la particularité d’intégrer une matière première produite par
le phénomène de photosynthèse. Par cette réaction, le CO2 atmosphérique est trans-
formé en carbone, que l’on appelle carbone biogénique. Cette réaction permet alors la
diminution de CO2 présent dans l’atmosphère. C’est pour cette raison qu’on dit que
les produits biosourcés ont un impact positif sur le phénomène de réchauffement cli-
matique.
Ce sont alors des coefficients qui permettent de pondérer le calcul de l’impact sur le
réchauffement climatique : entre la construction où le coefficient est pris égal à 1 et la
déconstruction où le coefficient est pris égal à 0.58, les coefficients décroissent linéaire-
ment.

Arcora a développé un outil d’évaluation du poids carbone des façades, ecale [19],
qui permet de configurer une trame de façade et d’obtenir son impact type sur 50 ans.

2.1.3 Confort thermique, visuel, acoustique

Le confort thermique est défini comme étant ’un état de satisfaction du corps vis-
à-vis de l’environnement thermique’ ([ISO 7730 :1994). Le confort thermique peut être
décrit par un grand nombre de paramètres environnementaux (température, rayonne-
ment thermique, humidité, vitesse de l’air) et personnels (métabolisme, habillement),
mais aussi physiques, psychologiques, quantitatifs ou bien qualitatives, imprécis et
difficilement mesurables. La prise en compte du confort thermique est importante non
seulement pour la qualité du climat intérieur du bâtiment, mais également pour la
quantité d’énergie requise par les équipements.

Un autre paramètre clé dans la conception est la notion de confort visuel, obtenu
par un apport en lumière naturel de qualité et de quantité (mesurée en lux) suffisantes.
Selon le barème de l’Observatoire de l’Immobilier Durable (OID) de 2019 [20], le poste
d’éclairage représentant environ 12% des consommations en énergie finale en Île-de-
France. En dehors d’une réduction de la consommation d’éclairage, il est important
à l’humain (vitamine D, rythme naturel, ...), et doit pouvoir limiter la fatigue visuelle
ainsi que l’éblouissement. Le confort visuel s’obtient à la fois en utilisant cet apport
naturel, et en s’en protégeant (ratio opaque vitré des façades, performance des stores,
orientation,...).

Enfin, le confort acoustique est une composante importante à la conception puisque


également clé à la qualité d’usage d’un bâtiment. Il dépend du niveau sonore, quan-
tifie en décibels (db), ainsi que de la source émettrice du bruit. Deux points clés sont
la localisation, donc le lieu d’implantation du bâtiment, ainsi que l’isolation phonique
mise en place.

La notion de confort est subjective, puisque les seuils de confort thermique, visuel
ou acoustique diffèrent d’une personne à l’autre. Cependant, des réglementations, qui
varient en fonction du lieu et du type de bâtiment, ont pour but de fixer des seuils
d’inconfort.
La Nouvelle Réglementation Acoustique (NRA), définie par l’arrêté du 30 juin 1999,
définit les exigences pour constructions neuves comme bâtiments existants de loge-
ment. En ce qui concerne les bâtiments à usage autre que habitation, trois arrêtés du 25
avril 2003 regroupent les normes d’isolation acoustique ainsi que les exigences sur les
valeurs de pression acoustiques maximales en décibels.
La norme EN 17037 définit des recommandations de protection à l’éblouissement, ex-
position à la lumière directe du soleil, vues sur l’extérieur et de quantité minimale de
lumière naturelle. Aussi, les certifications environnementales telles que HQE, LEED ou
BREEAM traitent du confort visuel, notamment sur des aspects d’Autonomie en Lu-
mière du Jour (ALJ) et de contrôle d’éblouissement.
En ce qui concerne le confort thermique, des approches analytiques visant à déterminer
les différents critères physiques et physiologiques afin d’évaluer le confort thermique.

2.2 Contexte d’une étude multi-critère réalisée


Une étude multi-critère a été réalisée dans le cadre d’une mission pour Saint-Gobain
Glass France. Le but était de caractériser la performance environnementale globale
d’un grand nombre de types de façades (combinaisons des paramètres), par la modé-
lisation énergétique dynamique d’un bâtiment type, la modélisation thermique régle-
mentaire, des simulations d’éclairage naturel et des calculs carbone, et selon différents
scénarios d’orientation et de conditions climatiques. L’étude traite un bâtiment neuf à
usage de bureaux, classé Code du Travail.Trois modes constructifs ont été étudiés dans
l’étude :
• Chassis dans voile percé avec pour la partie vitrée : menuiserie en aluminium,
vitrage variable, pose en applique extérieure au moyen d’un précadre périphé-
rique en acier, bavette en aluminium côté extérieur ; et pour la partie opaque :
de l’intérieur vers l’extérieur, voile en béton armé d’épaisseur 20 cm, isolation de
type laine minérale λ = 0,032 W/m2 K épaisseur 18 cm, ossature secondaire en
aluminium support de parement extérieur de type bardage ventilé en cassettes
aluminium
• Façade mur rideau grille : la façade est constituée d’une ossature montants-traverses
en profilés tubulaires en aluminium extrudé sépacés selon une trame de 1,35 m et
autoportant sur la hauteur d’un étage. Les remplissages sont parclosés au moyen
de serreurs habillés par des capots en aluminium. Pour la partie vitrée : menui-
serie en aluminium, vitrage variable ; pour la partie opaque : tôle aluminium en
parement extérieur, isolation de type laine minérale λ = 0,032 W/m2 K épaisseur
18 cm, caisson aluminium étanché sur les montants et les traverses faisant finition
côté intérieur
• Façade mur rideau cadre : la façade est constituée d’une ossature de profilés spé-
cifiques au droit du périmètre extérieur du cadre (1,35 x 3,50) de type double-
profil de largeur totale 90 mm. Les double-profils sont connectés de manière
étanche au moyen de joints EPDM. Pour la partie vitrée : menuiserie en alu-
minium, vitrage variable ; pour la partie opaque : tôle aluminium en parement
extérieur, isolation de type laine minérale λ = 0,032 W/m2 K épaisseur 18 cm,
caisson aluminium étanché sur les montants et les traverses faisant finition côté
intérieur
Dans le cadre de l’étude, une Simulation Energetique Dynamique (SED) est effec-
tuée, pour l’étude du comportement thermique et énergétique du bâtiment sur une
période donnée. Grasshopper, plugin pour Rhinoceros 3D, est utilisé pour la création
des modèles paramétriques. Les simulations d’énergie utilisent Energy Plus (par le
plugin Honey Bee), et notamment le modèle CTF pour le calcul des transferts de cha-
leur, voir 3.2.

Pour l’étude du confort thermique, la méthode du PMV/PPD est utilisée, présen-


tant une grande marge d’application. Un indice PPD (Predicted Percentage Dissatis-
fied) permet de prévoir le pourcentage de personnes insatisfaites à un environnement
donné sur un sondage échelonné par le PMV (Predicted Mean Vote), allant de -3 pour
désigner le froid à +3 pour le chaud. On obtient ainsi un graphique tel que celui Figure
2, où même à PMV 0 le modèle estime que 5% des personnes sont insatisfaites.
Dans l’étude réalisée, l’hygrothermie n’est pas prise en considération. En effet, l’hu-
midité relative peut avoir une influence notable sur la performance énergétique du
bâtiment et son confort intérieur [3], puisqu’elle caractérise par définition le taux d’hu-
midité et la température à l’intérieur du bâtiment. La question d’étendre l’étude se
pose alors : comment pourrait-on prendre en compte l’hygrothermie dans les simu-
lations ?

Une deuxième limite est l’utilisation de techniques traditionnelles uniquement. De


nombreux secteurs d’activité s’orientent vers la sélection de matériaux biosourcés et
de matériaux géosourcés pour répondre à l’épuisement des ressources minérales et à
leur impact environnemental. Dans une démarche d’éncouragement de l’écoconstruc-
tion, l’utilisation de matériaux de construction biosourcés se développe dernièrement.
Ces derniers permettent de répondre aux enjeux environnementaux d’une construc-
tion durable avec une empreinte environnementale faible sur l’ensemble du cycle de
vie de la construction. De plus, des études ont mis en avant les performances ther-
miques améliorées par des matériaux biosourcés (16). La question d’étendre l’étude se
pose alors : l’utilisation de modes constructifs plus vertueux pour la façade a-t-elle
ppm.png

F IGURE 2 – PMV/PPD (Modèle de Franger).

un impact significatif sur la qualité environnementale de l’enveloppe ?


3 Extension de la qualité environnementale au confort
hygrothermique
3.1 Hygrothermie
On parle d’hygrothermie pour caractériser le taux d’humidité et la température de
l’air ambiant à l’intérieur d’un bâtiment. Cette mesure est utilisée pour la mesure du
confort thermique et donc le confort dit hygrothermique.
L’étude du comportement hygrothermique se fait à différents niveaux d’étude :
• à l’échelle matériau, où l’on s’intéresse au transfert d’humidité et de chaleur et
les caractéristiques du matériau par des modèles mathématiques (équations dif-
férentielles de la conservation de la masse et de l’énergie)
• à l’échelle composant, où l’on s’intéresse à la varation d’humidité et de tempéra-
ture sur les enveloppes du bâtiment, par simulation et expérimentation
• à l’échelle bâtiment, où l’on étudie la variation d’humidité et de température
à l’intérieur du bâtiment et la consommation énergétique. Des normes comme
ASHRAE 55 ou ISO 7730 définissent des crières de confort hygrothermique :
’Une zone de température et d’humidité relative (HR) satisfaisant hygrothermi-
quement au moins 80% d’occupants dans un local intérieur est définie comme
une zone de confort’.
Un matériau particulièrement intéressant en raison de son comportement hygro-
thermique est la chènevotte de chanvre, qui correspond à la partie de la tige de chanvre
une fois que la fibre est retirée. En effet, son réseau poreux lui donne une grande sens-
bilité à l’eau et lui permet d’échanger de la vapeur avec son environnement [18]. L’uti-
lisation de chanvre permettrait ainsi d’améliorer nettement le confort hygrothermique
au sein du bâtiment (17).

3.2 Modèles algorithmiques Energy Plus


Je me suis intéressée à trois modèles pour le calcul des effets d’humidité sur les
consommations énergétiques du bâtiment sur Energy Plus. Le modèle CTF est utilisé
dans l’étude pour le calcul des transferts de chaleur. Le facteur d’humidité n’est donc
pas pris en compte dans ces calculs.

Différents modèles sont disponibles pour le calcul des effets de chaleur et d’humi-
dité sur les consommations énergétiques du bâtiment sous Energy Plus.

La méthode du CTF (Conduction Transfer Function) présente un modèle simplifié


du calcul de transfert de chaleur des enveloppes, et est utilisé par défaut dans Energy
Plus. Le flux de chaleur est linéairement lié à la température actuelle et à certaines de
sgg_sed.png

températures précédentes sur la surface intérieure et extérieure, ainsi qu’à certaines des
valeurs précédentes du flux sur la surface intérieure. Ce modèle élimine la nécessité de
connaitre les températures et flux à l’intérieur de la surface pour le calcul des flux de
chaleur de surface. Les CTF sont des constantes déterminées par un calcul unique, ce
qui élimine la nécessité d’un calcul et stockage des températures intérieures, et ce qui
réduit considérablement les temps de calcul.
Les paramètres d’entrée de ce modèle sont l’épaisseur, la densité, la conductivité et
la chaleur spécifique des matériaux. La modélisation nodale consiste à discrétiser un
système étudié en noeuds. Ainsi, chaque couche de matériau est divisée en 6 à 18
noeuds, avec des noeuds supplémentaires à l’interface de différentes couches. Cette
méthode est valable pour tout type de surface, et s’applique donc aux constructions
multicouches.

Ensuite, le modèle HAMT (Heat and Moisture Transfer Effective) est un modèle des
différences finies pour le calcul du transfert couplé de chaleur et d’humidité unidi-
mensionnel pour simuler le flux et stockage de chaleur et d’humidité à l’intérieur de
l’enveloppe et entre enveloppe et environnement. Les équations de transfert de cha-
leur et de transfert d’humidité sont utilisées de manière alternative, étape par étape,
pour le calcul des nouveaux profils de température et d’humidité relative pour chaque
cellule au cours du pas de temps suivant. Le modèle HAMT fonctionne mieux avec un
pas de temps aussi court que possible. Le pas de temps optimal dépend de la nature
des conditions météorologiques et du type de bâtiment en question. Les bâtiments à
changements fréquents et importants de température interne et externe et d’humidité
relative nécessitent un petit pas de temps (60 pas par heure), alors que dans le cadre de
bâtiments où une évolution lente est observée, 20 à 6 pas de temps peuvent suffire.
Ce modèle nécessite un nombre important de paramètres d’entrée, déterminés par
des études ou expérimentations préalables. Le dataset propose six matériaux, dont les
données proviennent notamment de Wufi, ce qui indique un besoin de consulter les
catalogues de propriétés des matériaux pour chaque cas d’étude.

Finalement, le modèle EMPD (Effective Moisture Penetration Depth) est utilisé


pour simuler les phénomènes d’adsorption et de désorption de l’humidité en sur-
face. On y considère qu’une fine couche proche de la surface du mur, que l’on notera
δM , se comporte de façon dynamique et échange de l’humidité avec l’air : elle repré-
sente la teneur en humidité totale du solide. La détermination de δ se fait de façon
expérimentale ou par simulation.

Dans le cadre de l’étude réalisée, du fait de l’utilisation du modèle CTF dans Energy
Plus, le facteur de l’humidité n’est pas pris en compte. Nous allons nous intéresser,
dans le cadre de l’étude des variantes en biosourcé, à l’influence éventuelle du modèle
thermique utilisé sur les résultats des simulations, dans un contexte de climat tempéré
comme celui de Paris et Marseille.
4 Extension de l’étude à des modes constructifs vertueux
Dans une démarche de diminution de l’empreinte carbone de la façade, l’utilisation
de matériaux biosourcés est identifiée comme étant un levier d’action [4]. Un matériau
biosourcé est issu de biomasse, ressource organique renouvelable, telle que les plantes,
les arbres, les champignons. Des exemples de matériaux de construction biosourcés
peuvent être le bois, la paille, la cellulose, le chanvre, le myscanthus. Les matériaux de
construction biosourcés sont utilisés dans de nombreuses applications de construction,
notamment pour les murs, isolations ou encore revêtements. Les politiques nationales
et européennes encouragent le développement de ces filières, notamment à travers la
loi 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique (article 5) [5]. Le label
réglementaire national ’Bâtiment biosourcé’ a été créé par le Ministère chargé de l’en-
vironnement afin de valoriser l’emploi de matériaux biosourcés pour la construction
neuve. Ce label attribue, en fonction de la quantité de matériau biosourcé incorporée,
un niveau, allant de 1 à 3. A minima deux produits de construction biosourcés de fonc-
tions différentes doivent être mis en oeuvre.
Aussi, en évoquant le confort thermique, on peut penser aux constructions en maté-
riaux bio et géo sourcés. Ces matériaux sont reconnus pour leurs performances en ma-
tière d’isolation thermique et de confort hygrométrique, grâce à leur capacité à réguler
l’humidité de l’air et à leur déphasage thermique (capacité d’un matériau à retenir la
pénétration de la chaleur).

Nous avons donc décidé d’étendre l’étude à des façades aux matériaux plus ver-
tueux, et allons en particulier nous intéresser à deux types de façades :
• Façade à Ossature Bois (voir 4.1)
• Façade en Béton de Chanvre (voir 4.2)

4.1 Façade à Ossature Bois


4.1.1 Description du mode constructif

La Façade Ossature Bois (FOB) est un système constructif sans rôle structurel. En
effet, la FOB s’appuie sur le système constructif du bâtiment (bois, béton). C’est une fa-
çade légère, constituée d’une ossature bois, à laquelle sont fixés les éléments de barge
et d’isolation. La pré-fabrication en usine permet une mise en oeuvre rapide sur site de
fixation d’ossature à la structure du bâtiment. La pose des FOB en avant des éléments
structuraux portants, favorise la suppression des discontinuités thermiques au niveau
des dalles.

L’ossature des FOB est faite à partir de bois massifs dits de structure, conformément
au NF DTU 31.4. Cela comprend les bois massifs structuraux, bois massifs reconstitués
(BMR), bois massifs aboutés (BMA), ou bois lamellés collés (BLC).
L’isolant en laine minérale présent entre les montants du support doit satisfaire des
exigences de caractéristiques spécifiques selon NF EN 13162, décrit par la norme NF
DTU 31.4. Si l’on met en oeuvre un isolant biosourcé, il doit faire l’objet d’une évalua-
tion spécifique de type Atex ou Atec/DTA.
En ce qui concerne les panneaux de contreventement, ils assurent la stabilité de l’élé-
ment de façade et doivent être conformes au NF DTU 31.4. Il peut s’agir de panneaux
de contreplaqué, Oriented Strand Board (OSB), Lamibois, ou panneaux de particules,
placés côté intérieur et d’épaisseur minimale de 12 mm [13]. Côté extérieur, un pan-
neau fixé aux montants, d’épaisseur maximale de 18mm, permet de rigidifier l’en-
semble et peut servir d’écran thermique. Un exemple est donné Figure 3, d’une so-
lution sur plancher béton avec une plaque de platre en guise d’écran thermique.

fobprincipe.png

F IGURE 3 – FOB sur plancher béton.

4.1.2 Contraintes liées à la réglementation incendie

La règle du "C+D" est une règle de sécurité incendie définie par l’Instruction Tech-
nique n°249 et s’applique aux façades dotées d’ouvertures pour des bâtiments recevant
du public, des immeubles de grande hauteur et des immeubles d’habitation. Cette
règle vise à prévenir la propagation du feu d’un étage à l’autre de la façade en éta-
blissant des distances spécifiques : le coefficient C correspondant à la distance verticale
la plus courte entre deux baies, tandis que le coefficient D fait référence à la distance
horizontale entre le plan du vitrage et le nu de l’obstacle. Le résultat de ces deux co-
efficients doit avoir une valeur minimale, qui varie suivant la masse combustible mo-
bilisable de la façade (déterminée conformément aux règles de l’IT n°249 - 1982). Des
niveaux d’exigences différents sont requis en fonction de la typologie du bâtiment.
Dans la conception d’une FOB, un aspect crucial à considérer dès les premières étapes
est la règle du "C+D" associée à la masse combustible du bois. Pour cette raison, un dé-
flecteur est placé en continu entre les blocs, à l’horizontale, afin d’éviter la propagation
du feu dans les FOB (voir Figure 3).

4.1.3 Références

Au cours des dernières années, la conception de FOB se développe en France. Les


Figures 4 et 5 illustrent des projets à façades en ossature bois réalisés par Arcora. Les
deux bâtiments sont à usage de bureaux.

baumschlager.png

F IGURE 4 – Green Office Enjoy, ZAC Paris-Batignolles, Baumschlager eberle architek-


ten, 2017.

4.1.4 Application à l’étude

La FOB étudiée est une FOB filante ancrée en nez de dalle, conformément au NF
DTU 31.4. Les panneaux filent devant les structures porteuses et sont repris en tête à la
dalle par des équerres métalliques positionnées au droit des montants..
pulse.jpg

F IGURE 5 – Pulse, ZAC Nozal Saint-Denis, Fassio Viaud Architecte, 2019.

L’Element de Remplissage (EdR) est un isolation en fibre de bois, insérée entre mon-
tants. Côté intérieur, une couche complémentaire d’isolation est mise en oeuvre. Ce
doublage est maintenu par des tasseaux en bois, sur lesquels une plaque OSB est fixée
en intérieur.
Un voile de contreventement de type OSB 22mm est placé en face extérieure. Sur ce
dernier est fixé un panneau de fibre de bois de 30mm. Sur site, des barrettes d’arrêt
d’enduit sont fixées sur les panneaux de fibre de bois rigide. Ensuite, un enduit de
chaux de 5mm est déposé. Des déflecteurs sont placés entre les blocs le long de la
longueur de ces derniers. Ces éléments permettent de joindre les blocs, et d’assurer
l’étanchéité à l’eau et à l’air avec des joints compribande. Le long de la hauteur des
blocs, des joints de fractionnement sont mis en oeuvre, recouverts d’un capot d’ha-
billage métallique.
Deux configurations de FOB ont été étudiées, voir vues éclatées 6. Le premier, que
l’on nommera T3A présente un WWR de 40%, c’est-à-dire que l’ouverture [vitrage +
menuiserie] occupe 40% de la surface de façade, et la T3B présente un WWR de 60%.
La menuiserie est fixée sur un pré-cadre étanche.
En annexe se trouvent élévation, coupe horizontale et verticale des systèmes construc-
tifs T3A et T3B (Annexe 7).

4.2 Façade en Béton de Chanvre


4.2.1 Description du mode constructif

Le béton de chanvre, ou ’chaux-chanvre’, est obtenu à partir d’un mélange d’eau,


d’un liant et d’un granulat. Le liant minéral est de la chaux, et le granulat végétal est
T3A.png

T3B.png

F IGURE 6 – Vues éclatées du panneau FOB aux WWR 40% et 60%, T3A et T3B.

ici de la chènevotte, paille obtenue à partir de la tige du chanvre, à laquelle la fibre


est retirée. Le béton de chanvre n’est pas structurant, mais est utilisé en tant qu’isolant
massique.

Les impacts environnementaux et sociétaux de l’utilisation de béton de chanvre se


notent sur plusieurs points. Tout d’abord, les éléments préfabriqués permettent de di-
minuer la durée des chantiers ainsi que leur nocivité, puisqu’aucun produit chimique
n’est utilisé dans la mise en oeuvre. Ensuite, le carbone est stocké par bois et chanvre
tout au long de sa durée de vie (35 kg de CO2 selon [12]). Ce matériau présente égale-
ment une certaine capacité à réguler les variations d’humidité et de température, capa-
cité hygrothermique due à la forte porosité du béton de chanvre. Un béton de chanvre
de 400kg/m3 présente une porosité d’environ 70% [7]. Une caractéristique qui en dé-
coule est la capacité de ’fixer les molécules d’eau de l’air humide et de rejeter l’humidité
lorsque l’air est plus sec’ [10]. Le béton de chanvre constitue un matériau intéressant
pour l’enveloppe du bâtiment, puisqu’il permet par sa capacité à réguler l’hygrother-
mie de limiter les besoins en climatisation et chauffage et garantir le confort intérieur
[11].

Plusieurs mises en oeuvre sont possibles, en fonction des besoins. A l’aide d’une
bétonnière, par projection mécanique, avec camion-toupie ou par préfabrication.
utilisationbdc.png

F IGURE 7 – Applications du béton de chanvre [9].

Des entreprises proposant des blocs en béton de chanvre préfabriqués émergent


sur le marché du biosourcé. Par exemple, en Ile de France ’Wal’Up Préfa’ commercia-
lise des façades non porteuses en béton de chanvre sur ossature bois, préfabriqués en
atelier, comme présenté sur la Figure 8. Des blocs de façade peuvent donc être prépa-
rés en amont d’un chantier. Une fois mélangés avec de l’eau, le mélange est moulé puis
séché à l’air pendant une semaine.

Mis à part pour les blocs préfabriqués, l’utilisation du béton de chanvre est régie par
les Règles Professionnelles d’Exécution et d’Ouvrage en Béton de Chanvre, décrivant la
mise en oeuvre pour les différentes applications [8] . Il est classé incombustible REI 240
(norme EN 13501-2 : Capacité portante, Etanchéité au feu, Isolation thermique pendant
240 minutes), ce qui signifie qu’il apporte une résistance au feu, soit une capacité à
conserver ses propriétés physiques et mécaniques durant un temps de 240 minutes
lors d’un feu.
bdc.jpeg

F IGURE 8 – Fabrication en usine d’un bloc en béton de chanvre Wall’Up.

4.2.2 Références

Son utilisation, aujourd’hui encore limitée, se développe dans la construction. Plu-


sieurs références de construction avec béton de chanvre existent en France. A Noyal-

triballat.jpeg

F IGURE 9 – Bâtiment de bureaux avec façades préfabriquées en béton de chanvre (Tri-


ballat Noyal).

sur-Vilaine, un immeuble de bureaux de 1000 m2 a été construit, avec des panneaux


T4A.png
T4B.png

F IGURE 10 – Vues éclatées des panneaux de béton de chanvre WWR 40% et 60%.

préfabriqués (450m2 de façade, voir Figure 9) et une toiture isolée en béton de chanvre
projeté (400m2 ).

4.2.3 Application à l’étude

La façade étudiée en béton de chanvre est une façade non porteuse, selon la fabrica-
tion des panneaux préfabriqués de ’Wall’Up Préfa’. Le panneau est constitué d’une os-
sature bois (45x145 mm) remplie de béton de chanvre à caractère isolant, assurant une
conductivité thermique λ = 0, 0762W/m.K sur une épaisseur de 30cm [15], soit une
résistance thermique équivalente R de 3, 95m2 .K/W . Le béton de chanvre est constitué
d’un mélange de chènevottes, d’eau et de chaux. Un panneau fermacell en fond de
coffrage assure le contreventement.
Deux configurations de panneaux en béton de chanvre ont été étudiées, voir vues écla-
tées 10. Le premier, que l’on nommera T4A présente un WWR de 40%, et le second,
T4B, présente un WWR de 60%.
Sur site, des barettes d’arrêt d’enduit sont fixées sur les panneaux de fibre de bois ri-
gide. Ensuite, un enduit de chaux de 5mm est déposé. Des déflecteurs sont placés entre
les blocs le long de la longueur de ces derniers. Ces éléments permettent de joindre les
blocs, et d’assurer l’étanchéité à l’eau et à l’air avec des joints compribande.
En annexe se trouvent élévation, coupe horizontale et verticale des systèmes construc-
tifs T4A et T4B (Annexe 7).
5 Application : modélisation
5.1 Hypothèses globales
Cette section a pour but de préciser les hypothèses sous-jacentes à l’étude des fa-
çades biosourcées.

5.1.1 Modélisation du bâtiment

L’étude vise les bâtiments neufs à usage de bureaux, classés Code du Travail sur
le marché français. Le bâtiment modélisé est un parallélépipède de 8 niveaux, d’une
surface de plancher environnant 6 000 m2 et dont la représentation est visible Figure
11. Les choix de positionnement des noyaux techniques et circulations suivent les stan-

batimentref.png

F IGURE 11 – Bâtiment de référence.

dards du marché tertiaire en France. La hauteur d’étage est de 3,5m. Les 4 façades sont
orientées selon les 4 points cardinaux. Nous considérons que des bâtiments de même
gabarit entourent le bâtiment modélisé avec une largeur de voirie de 40 m. Ils consti-
tuent des masques solaires pour les modélisations énergétiques et d’éclairage naturel.
Nous ne considérons pas d’autre masque de contexte (végétation) dans le cadre de
cette étude.

5.1.2 Modélisation du socle

Le socle est modélisé comme un espace tampon, chauffé et climatisé, donc sans
déperditions, ni apports vers les bureaux. Ses consommations ne seront pas compta-
bilisées dans les calculs SED afin de ne pas influencer les conclusions de l’analyse :
en effet, son usage est variable d’une opération à l’autre, constitué souvent de locaux
tiers (commerces) non comptabilisés dans le bilan des bureaux, ou d’espaces à usages
spécifiques comme les zones d’accueil, RIE, locaux techniques, archives et magasins,
douches etc. Enfin, les façades en RDC ont souvent un traitement spécifique, dont
les caractéristiques constructives et les performances diffèrent significativement des
étages courants.

5.1.3 Contexte

L’étude vise à caractériser la performance énergétique et environnementale des dif-


férentes configurations de façades biosourcées décrites au Chapitre 4 pour divers scé-
narii. L’étude paramétrique étant multi-critère, nous allons faire varier les facteurs sui-
vants :

• Localisation : Paris (station météorologique de l’aéroport Paris Orly), Marseille


(station météorologique de l’aéroport Marseille Provence) voir Annexe 7
• Contexte climatique : 2020 (Année météorologique type sur la période 2007-2021
(traitement statistique selon les normes de calcul pour la simulation énergétique
TMY « Typical Meteorological Year ») – source : meteonorm), 2050 (Projection
climatique à horizon 2050 selon scénario GIEC RCP 8,5 source : meteonorm). Les
fichiers climatiques utilisés pour les moteurs de calcul sont au format .epw.
• Orientation : Nord-Sud, Ouest-Est
• Ratio opaque-vitré : Pourcentage de la surface de baies (y compris menuiseries)
par rapport à la surface totale de la façade, aussi nommé Window to Wall Ratio
(WWR) : 40%, 60 %
• Modénature : sans modénature, casquette horizontale balcon au droit du nez
de plancher de largeur 1,8 m, modénature faisant lames brise-soleil verticales de
profondeur 0,4 m, espacement 1,35 m
• Vitrage : vitrage à contrôle solaire à forte sélectivité XTREME 70-33, vitrage clair
Eclaz
• Store : Store toile intérieur blanc gris, store toile intérieur blanc métal low-e, store
vénitien intérieur, store vénitien extérieur
5.2 Hypothèses spécifiques à l’enveloppe
Le coût, la performance acoustique et la sécurité incendie ne sont pas des para-
mètres étudiés.

5.2.1 Modes constructifs

Les deux modes constructifs évalués sont une façade en ossature bois et une façade
en béton de chanvre. Les parties opaques sont décrites aux chapitres 4.2.3 et 4.1.4. En
ce qui concerne les parties vitrées, les menuiseries sont en bois, le vitrage varie selon le
scénario, la pose se fait en applique extérieure au moyen d’un pré-cadre périphérique
en acier, et une bavette en aluminium se trouve du côté extérieur en recouvrement de
la partie opaque.

Les scénarios de ventilation naturelle ne sont pas prévus dans l’étude, donc les
ouvrants sont considérés fermés. Ils n’impactent ainsi les résultats de modélisation
qu’à travers les variations du ratio de clair de vitrage et de la performance thermique
des menuiseries qu’ils entraînent. Ces trois scénarios de calepinage de la façade sont
choisis selon les règles couramment appliquées dans les projets de bureaux neufs en
France :
• Une trame de 2,7m de large facilitant une cloisonabilité en unités de bureaux
individuels de 2,7 m de large, en bureaux bench pour 4 personnes sur 4 trames
soit 5,4 m, etc
• Un alignement de la traverse haute de la baie vitrée avec la hauteur du faux-
plafond (2,7 m)
• Une zone en allège vitrée feuilleté
Les vitrages étudiés (XTREME 70-33 et Eclaz) sont de type double vitrage 44.2 /
16 (Ar) / 6 (PVB standard) avec espaceur de type warm-edge. Le substrat est de type
Planiclear.
Les performances des doubles vitrages selon les normes EN 673-2011 et EN 410 sont
précisées dans le tableau ci-dessous, obtenues au moyen du logiciel VitragesDécision) :
Vitrage Ug (W/m2 K) Tlg [0-1] Sg [0-1]
XTREME 70-33 1.0 0.69 0.32
Eclaz 1.1 0.81 0.61
En ce qui concerne les modénatures, quelque soit le scénario, elles sont modélisées
comme des objets opaques avec une réflectance lumineuse de 0,4.

5.2.2 Impact carbone

La base de données officielle INIES recense les FDES vérifiées et utilisables dans les
ACV. Dans le cas où les produits désirés ne sont pas disponibles sur la base de donnée,
des Données Environnementales par Défaut (DED) peuvent servir en remplacement.
Par exemple, pour la recherche de double vitrage, produit retrouvé dans les deux blocs
de façade étudiés, il faut trouver la FDES correspondante à son produit (type, marque),
et calculer le métré de son projet. L’Unité Fonctionnelle (UF), unité de référence quan-
tifiant la performance du produit, est dans notre cas le m2 , et sa Durée de Vie de Réfé-
rence (DVR) est de 30 ans. Dans cet exemple, la DVR est inférieure à 50 ans, et il faut
donc en tenir compte afin de ramener la durée du produit à 50 ans.

La liste exhaustive des fiches FDES utilisées pour l’étude de l’impact carbone des
deux modes constructifs est disponible en Annexe 7. Y sont joints les métrés des élé-
ments constitutifs des façades ainsi que leur DVR. L’indicateur auquel nous nous inté-
ressons est ’Réchauffement climatique (kgCO2 eq/U F )’, et englobe les étapes du cycle
de vie du produit suivant les modules : A1-A3 (extraction, transport, fabrication), A4-
A5 (transport, installation), B1-B7 (utilisation, maintenance, réparation, remplacement,
), C1-C4 (déconstruction, transport, traitement, élimination), et D (bénéfices et charges
au-delà des frontières du système). Les données récoltées sur la FDES étant en sta-
tique, un script interne à Arcora sur Grasshopper permet le passage des indicateurs
en dynamique. Les coefficients à appliquer pour pondérer le calcul de l’impact sur le
réchauffement climatique sont tels que le coefficient est pris égal à 1 à la construction et
0,58 à la déconstruction, les coefficients décroissent linéairement. Le module A (A1-A3
et A4-A5) reste donc inchangé. Le module B est pondéré avec les coefficients de chaque
année, puis le module C de fin de vie est pondéré par 0,58. Finalement, les valeurs du
module D sont calculées en fonction de la durée de vie des éléments : si elle est infé-
rieure à la DVR, un calcul de remplacement est fait.

Une hypothèse a été prise quant à l’impact carbone de fabrication des blocs. Nous
nous sommes basés sur des études réalisées par Arcora pour le configurateur ECALE,
où il est estimé que la fabrication correspond à 5% de l’Ic total.
En ce qui concerne le transport, nous avons pris une distance pour le transport de
400km, en supposant qu’un camion transporte deux blocs à la fois.

Concernant le vitrage, nous ne disposons donc pas de données environnementales


différenciées en fonction de la nature de la couche de contrôle solaire, et les vitrages
XTREME ou Eclaz sont ainsi décrits par la même FDES.
Les lames de brise-soleil verticaux sont modélisées comme des feuilles d’aluminium
thermolaqué et pliée de profondeur 400 mm par 50 mm de largeur. Cette configuration
est décrite par la FDES n° 30883 « Tôles en aluminium pliées et laquées MESIMA -
Habillage de finition de façade. Bandeaux et façonnés prélaqués ».
5.2.3 Performances thermiques

Les caractéristiques thermiques des parois vitrées et de leurs composants ont été
calculé dans un premier temps, et servent au calcul des déperditions du bâtiment au
travers des parois.
Le calcul du coefficient surfacique moyen de fenêtre Uw se fait selon la formule
suivante :
Ug Ag + Uf Af + ψg lg
Uw = (1)
Ag + Af
où Ug et Uf sont respectivement les coefficients de transmission thermique surfacique
du vitrage et de la menuiseie, Ag et Af les aires projetées de vitrage et de menuiserie,
lg la plus grande somme des périmètres visibles du vitrage et ψg le coefficient linéique
de la jonction entre la menuisierie et le vitrage. La valeur de ce coefficient pour le cas
d’une menuiserie bois et d’un double vitrage est de ψg = 0, 06W/(m.K) d’après 21.

Le calcul du coefficient surfacique moyen du panneau opaque Up se fait à partir de


Rp , selon la formule suivante :
1 1
Up = = P ei (2)
Rp λi
+ Rse + Rsi
Finalement, le coefficient surfacique moyen du bloc Uw est calculé selon la formule
suivante :
Up Ap + Uw Aw
Umoy = (3)
Atot
Le tableau suivant regroupe les performances des vitrages et protections solaires
mobiles retenus pour l’étude :

Vitrage Protection solaire mobile Identifiant Tlg [0-1] Sg [0-1]


XTREME 70-33 Toile intérieur blanc gris 1 0,04 0,17
XTREME 70-33 Toile intérieur blanc métal 2 0,03 0,09
Eclaz Toile extérieur gris foncé 8 0,04 0,05
Eclaz Store vénitien intégré lames orientées à 45° 11 0,15 0,27
AJOUT GRAPHE SG/TL si nécessaire (partie 4.5 rapport SGG)
Les valeurs de performance thermique sont calculées avec l’hypothèse suivante,
que l’on considère, dans le cadre d’une construction FOB ou BdC, les divers ponts
thermiques ponctuels de fixation dans le bois ajoutent un ∆U = 0, 03W/m2 K. (valeur
moyenne issue de retours d’expérience internes à Arcora).

5.2.4 Performances énergétiques

La synthèse des performances énergétiques équivalentes pour les différents scéna-


rios est présentée en Annexe 7. La nomenclature des scénarios suit la logique suivante :
TX-WY-VSZ, avec
• X, l’identifiant du mode constructif soit 3 pour FOB et 4 pour BdC
• Y, le scénario de ratio opaque-vitré 40% - 60%
• Z, l’identifiant du cas de combinaison vitrage + store tel que présenté au Chapitre
5.2.3
L’article 24 de l’Arrêté du 4 août 2021 impose pour les bâtiments neufs à usage de
bureaux, un facteur solaire, en considérant la protection solaire totalement déployée,
Sw − s inférieur ou égal à 0,25, pour les deux scénarios de localisation choisis. D’après
les calculs de l’Annexe ..., ces scénarios sont bien conformes.

5.3 Hypothèses liées à la SED


Habituellement, la performance énergétique d’un bâtiment de construction neuve
à usage de bureaux s’évalue de deux manières, dans le cadre d’un calcul de Réglemen-
tation Thermique (RE 2020 en vigueur à ce jour) ; soit dans le cadre d’une Simulation
Énergétique Dynamique (SED) à partir d’outils numériques.
Une SED permet :
• d’analyser de manière plus détaillée et réaliste le comportement thermique et
énergétique d’un bâtiment sur une période donnée, en se basant sur divers scéna-
rios de fonctionnement et d’utilisation du bâtiment (occupation, apports internes,
éclairage, ventilation, etc.)
• de quantifier les besoins thermiques (chauffage, refroidissement, eau chaude sa-
nitaire) qui caractérisent l’enveloppe du bâtiment
• d’estimer, avec une granularité horaire, la consommation énergétique annuelle
du bâtiment en termes d’énergie finale, y compris tout autre usage qui ne serait
pas pris en compte dans le calcul standard de la réglementation thermique (par
exemple : l’énergie utilisée pour les équipements bureautiques). Cela permet de
modéliser de manière plus précise la production et la possible utilisation d’éner-
gie renouvelable locale en fonction du fonctionnement réel du bâtiment.
Dans notre cas, une SED nous sert à la simulation à un pas de temps horaire du
fonctionnement du bâtiment, selon les scénarii de fonctionnement, les données clima-
tiques, les caractéristiques de façade choisis. Les calculs sont fait à l’aide d’une modé-
lisation sur Energy Plus. On y considère une évolution des équilibres thermiques à un
pas de temps de 10 minutes, soit 6 pas de temps par heure.
Dans ce cas d’étude, la SED permet d’évaluer le confort thermique, la performance
énergétique, d’en déduire l’impact environnemental lié à l’énergie (connaissant le contenu
carbone de l’énergie). D’autres indicateurs sont mesurés avec des outils tels que Ra-
diance sur Grasshopper pour le confort visuel, et ecale pour l’impact environnemental
construction.
5.3.1 Modélisation énergétique

Les différents algorithmes de calcul sont détaillés dans la documentation technique


consultable en ligne : Energy Plus Version 22.1.0 Documentation Engineering Refe-
rence. Comme expliqué au chapitre 3.2, nous faisons une première SED avec le modèle
CTF.
performance des systèmes de traitement et d’approvisionnements ?

5.3.2 Donnée climatique

Les résultats de la SED dépendent fortement des données climatiques horaires uti-
lisées pour la localisation du projet. Les fichiers utilisés par Energy Plus sont au Ener-
gyPlus Weather Format (EPW)

5.3.3 Scénarios d’usage

L’Annexe 7 présente les différentes hypothèses utilisées dans les calculs sur Energy
Plus.

Le taux d’occupation du bâtiment est pris en compte de la manière suivante. Pour


les bureaux et salles de réunion :
• le nombre d’occupants par m² utile par local qui dans le cas de l’étude tient
compte de la répartition bureaux / salles de réunion, est respectivement de :
0, 1pers/m2 - 0, 5pers/m2
• ratio de surface utile des groupes selon la répartition bureaux / salles de réunion,
respectivement de : 80% / 20%
Pour les circulations et sanitaires :
• occupation ponctuelle (avec une plage d’occupation spécifique) dans les circu-
lations, pour environ un nombre d’occupants par m2 utile pris égal à 10% des
bureaux, soit 0,01 pers/m2
• occupation ponctuelle (avec une plage d’occupation spécifique) dans les sani-
taires, pour environ un nombre d’occupants par m2 utile pris égal à 5% des bu-
reaux, soit 0,005 pers/m2
Occupation :

Pour rendre l’étude la plus réaliste possible, les plages quotidiennes où l’occupation
est plus faible ou encore les périodes estivales (2 mois d’été avec des absences dues
aux congés) sont prises en compte. Les circulations et les sanitaires ont également des
plages d’occupation spécifiques.
En ce qui concerne les apports internes des occupants, on considère :
• en sensible : 90 watts / occupant
• en latent : 60 watts / occupant
Ventilation :

Le scénario de ventilation tient compte de l’activation de la ventilation dès que l’oc-


cupation est effective pour les bureaux et salles de réunion. Il n’est pas considéré de
ventilation réduite en inoccupation. Le scénario de ventilation des sanitaires en extrac-
tion simple-flux est quant à lui défini permanent. Il n’est pas considéré de débits de
ventilation dans les circulations.

Éclairage :

L’activation de l’éclairage (et donc de la puissance installée) est conditionnée par le


niveau d’éclairement naturel dans la pièce et la présence effective dans le local (détec-
tion).

Température de chauffage :

Les températures de consigne en période de chauffage sont les suivantes :


• bureaux : 21°C en mode confort et 16°C en mode réduit
• salles de réunion : 21°C en mode confort et 16°C en mode réduit
• sanitaires : 19°C en mode confort et 16°C en mode réduit
• circulations : considérées comme non chauffées
La période de chauffage s’étale de mi-octobre à mi-avril.

Température de refroidissement :

Les températures de consigne en période de refroidissement sont les suivantes :


• bureaux : 26°C en mode confort et 32°C en mode réduit
• salles de réunion : 26°C en mode confort et 32°C en mode réduit
• sanitaires : considérées comme non refroidies
• circulations : considérées comme non refroidies
La période de chauffage s’étale de mi-avril à mi-octobre.
Il n’est pas prévu de période de mi saison (c’est-à-dire que le bâtiment est soit chauffé
soit climatisé en fonction des consignes).

Bureautique :
Les hypothèses spécifiques aux équipements de bureautiques sont les suivantes :
• un poste informatique y compris bureautique par occupants en bureaux
• un poste informatique y compris bureautique (dont équipements de vidéo pro-
jection et Visio et un écran TV) par salle de réunion
• les équipements de bureautique pour les bureaux sont en fonctionnement dès
l’arrivée de l’occupant le matin et sont éteints le soir
• les équipements de bureautique pour les salles de réunion sont en fonctionne-
ment dès l’occupation dans la salle et sont en veille le soir (5% de la puissance
nominale)
• la puissance installée est de 10 W/m2 en fonctionnement
• la puissance installée est de 4,2 W/m2 en fonctionnement, et de 0,2 W/m2 en veille
Protections solaires :

Différentes possibilités sont disponibles sur Energy Plus pour la gestion des pro-
tections solaires. L’hypothèse retenue dans l’étude est une activation de la protection
solaire mobile si l’irradiation totale (directe et diffuse) reçue au niveau de la baie dé-
passe une valeur consigne de 200W/m2 .

La consommation énergétique des protections solaires mobiles peut être calculée


sur la base du temps d’utilisation des protections.
A CALCULER puis sur UN AN voir si prise en compte des résultats ou non
Autre :

Les consommations des ascenseurs et des ECS (eau chaude sanitaire) ne sont pas
modélisées par la SED.
Indicateurs :

Les indicateurs suivants sont obtenus de la SED :


• Consommations énergétiques en kW h/m2 /an : Chauffage, Climatisation, Éclai-
rage artificiel, Auxiliaires de ventilation
6 Résultats
Les différents scénarios de calcul pour la SED sont les suivants :

Orientation Implantation + climat Mode constructif Vitrage + store WWR Modénature Nombre de scénarios
4 2 1 2 3 voir à la fin

Pour le calcul carbone, les scénarios étudiés sont ceux correspondant aux deux
modes constructifs biosourcés, avec deux WWR et avec prise en compte de la modé-
nature verticale, soit T3W40M2, T4W40M2, T3W60M2 et T4W60M2. Ces derniers ont
été mis en comparaison avec les scénarios existants de l’étude SGG, soit T0W40M2,
T1W40M2, T2W40M2, T0W60M2, T1W60M2, T2W60M2.

6.1 Simulation Énergétique Dynamique

resultats1.png

F IGURE 12 – Résultats des besoins énergétiques annuels à Paris sur le climat 2020 en
orientation Nord Sud.

Graphe Répartition de la consommation énergétique en énergie finale par usages


des bureaux à comparer avec rapport Barometre OID graphe [20]
6.2 Impact carbone
Les indicateurs ICdyn pour l’impact sur le Réchauffement Climatique sur 50 ans du
lot façade du bâtiment calculé en sommant les modules A à D pondérés des coefficients
d’impact dynamique (au sens de la RE2020) sont rapportés par m2 de façade et décom-
posés selon les différents composants de la façade (ossature, remplissages opaque et
vitré, transport et fabrication, autre), voir Annexe 7.

icdyn.png

F IGURE 13 – Résultats d’analyse de l’impact carbone en dynamique sur 50 ans.

L’impact carbone des façades a été calculé pour les cinq façades (T0, T1 et T2 de
l’étude déjà réalisée) et T3 et T4 étants les ajouts en biosourcé. Les calculs ont été fait
pour des WWR de 40%, avec la modénature M2 de brise-soleil vertical et pour le vi-
trage VS01. Ont donc été comparés T0W40M2VS01, T1W40M2VS01, T2W40M2VS01,
T3W40M2VS01 et T4W40M2VS01, voir Figure 13. Les résultats de l’Ic dynamique sur
50 ans, mesurant l’impact sur le réchauffement climatique du lot façade, met en avant
une réduction nette de l’empreinte carbone avec l’utilisation de systèmes de façades
biosourcés, tels que la FOB ou le bloc de BdC.
Nous observons une légère réduction de l’impact carbone de la FOBW60, valant
130,2 kg eq. CO2/m2 de façade par rapport à la FOBW40, où l’impact s’élève 144,3 kg
eq. CO2/m2 de façade. Une explication peut être l’augmentation de surface d’enduit
de chaux, et un plus grand volume de bois dans le mode construction W40 engendrant
un plus grand montant de visseries, suivant l’hypothèse de volume de visserie égal à
icdynfob.png

F IGURE 14 – Comparaison de l’impact carbone en dynamique sur 50 ans de la FOB


W40 et FOB W60.

5% du volume d’ossature bois.


7 Conclusion générale
Références
[1] https://rt-re-batiment.developpement-durable.gouv.fr/
[2] Hub des prescripteurs bas carbone. Brief Façade - Les messages clés, ifpeb, Carbone 4, Mai
2022.
[3] T. Busser, M. Pailla, A. Piot, M. Woloszyn. Vers les simulations plus précises des transferts
hygrothermiques dans les matériaux fortement hygroscopiques, Mai 2016.
[4] Hub des prescripteurs bas carbone. Brief de Filière Biosourcés - Les messages clés, ifpeb, Car-
bone 4, Avril 2020.
[5] Loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte
(TEPCV).
[6] Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires, Ministère de la Tran-
sition énergétique. Construction et performance environnementale du batiment, 2022.
[7] M. Chabannes. Formulation et étude des propriétés mécaniques d’agrobétons légers isolants à base
de balles de riz et de chènevotte pour l’éco-construction, 2016.
[8] C. en Chanvre, Construire en Chanvre. Règles professionnelles d’éxécution, SEBTP, 2012.
[9] S. Amziane, L. Arnaud. Les bétons de granulats d’origine végétale. Application au béton de
chanvre, Lavoisier, 2013.
[10] J. Chamoin. Optimisation des propriétés (physiques, mécaniques et hydriques) de bétons de
chanvre par la maîtrise de la formulation, INSA Rennes, 2013.
[11] A.-D. Tran Le, Etude des transferts hygrothermiques dans le béton de chanvre et leur application
au batiment, 2010.
[12] M.P. Boutin, C. Flamin, S. Quinton, G. Gosse. Analyse du cycle de vie : Compounds thermo-
plastiques chargés fibres de chanvre et Mur en béton de chanvre banché sur ossature bois, INRA
Lille, 2005.
[13] Guide d’aide à la conception d’ETICS sur construction ou façade à ossature bois, SOLIDEO,
CSTB, 2020.
[14] Recommandations Professionnelles, Façades Ossature Bois non porteuses, Juillet 2013.
[15] Fiche de déclaration environnementale et sanitaire du produit, Wall’Up Préfa, FDES véri-
fiée inies, 2021.
https://www.base-inies.fr/iniesV4/dist/consultation.html?id=33522
[16] Construction and Building Materials, Hygrothermal properties of insulation materials from
rice straw and natural binders for buildings, Volume 372, 3 April 2023.

[17] Arielle Mélissa Omeme Ada, Optimisation des performances hygrothermiques des matériaux
biosourcés pour application dans le bâtiment, Université de Picardie Jules Verne, 11 Mai 2023.

[18] E. Gourlay, L. Arnaud. Comportement hygrothermique des murs de béton de chanvre, 2010.
[19] https://ecale.io/
[20] Baromètre de la performance énergétique et environnementale des bâtiments, OID, 2019.
[21] Règles Th-U. Fascicule 3 : parois vitrées, CSTB, Novembre 2012.
Annexe : Fichiers climatiques utilisés pour l’étude

fichierclimatmars.png

Annexe : Hypothèses de plannings pour la SED

annexe1.png
annexe2.png
annexe3.png

Annexe : Façade à ossature bois

Annexe : Façade en béton de chanvre


Annexe : Calculs du coefficient surfacique moyen des par-
ties opaques Up

Up.png

Annexe : Performances thermiques des modes constructifs


étudiés

perfth.png

Annexe : Calculs de l’impact carbone T3A


iccarbonefob.png

Annexe : Calculs de l’impact carbone T3B


iccarbonebdc.png

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