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Une Nouvelle Figure La Composition A Do
Une Nouvelle Figure La Composition A Do
PEETERS
LEUVEN – PARIS – BRISTOL, CT
2019
Indice
Presentazione ............................................................................................... 7
Sigle e abbreviazioni ................................................................................... 9
Roberto DI PAOLO
Il Figlio di Davide compie la Parola con autorità.
Analisi retorica biblica di Mt 21,1–27 ................................................... 85
Timothy CHIKWETO
«From Where then do You have the Living Water?».
Composition and Interpretation of John 4,5-18 ..................................... 137
+ Ciro QUISPE
Pablo y los Tesalonicenses:
Análisis retórico semítico de 1Tes 2,17-3,13 ......................................... 153
354 Studi del quinto convegno RBS
Javier LOPÉZ
Un inicio insólito. Análisis retórico semítico de Ap 1,1-8 .................... 181
Heon KIM
A Metaphorical Interpretation
on Paul’s Sea Journey to Rome in Acts 27:1–28:15 .............................. 203
Nicolas LEROUX
Rhétorique et parallelismus membrorum
aux portes des temples égyptiens : le cas des Recommandations
aux prêtres du temple d’Horus à Edfou ................................................. 249
Roland MEYNET
Une nouvelle figure:
la composition à double foyer ................................................................ 325
1
Voir le tableau, page suivante.
2
F. GRAZIANO, La composizione letteraria del vangelo di Matteo, thèse de doctorat en théo-
logie biblique, soutenue le 23 mars 2018 à l’Université Grégorienne, 145-152.
3
Voir P. BOVATI, « Il centro assente. Riflessioni ermeneutiche sul metodo dell’analisi retorica,
in riferimento specifico alle strutture prive di centro », R. MEYNET – J. ONISZCZUK, ed., Retorica
Biblica e Semitica 1. Atti del primo convegno RBS, Bologna 2009, 107-121.
4
Voir P. MAGNARD, Pascal. La clé du chiffre, La table ronde, Paris 20072.
5
Voir R. MEYNET, Traité de rhétorique biblique, RhSem 12, Pendé 20132, 193-195.
326 Roland MEYNET
Section B
Discours sur la Vie Apostolique 10,1-41
3.690
Section D
Discours sur la Vie Ecclésiale 18,1-35
3.262
6
F. GRAZIANO, La composizione letteraria del vangelo di Matteo (cf. nt. 2), 144. Les comptes
sont faits en nombre de signes, espaces, accents et esprits exclus (Nestle–Aland, 28e édition).
Une nouvelle figure : la composition à double foyer 327
7
Cette recherche m’a conduit à remettre en question mon analyse de Lc 9,10-17, où j’avais vu
deux segments de reliure (voir L’évangile de Luc, Rhétorique sémitique 8, Pendé 20113, 398). En
outre, j’ai repris mon analyse du Ps 37, intégrant désormais à la partie centrale du psaume les deux
segments que je considérais comme segments de reliure (voir Les huit psaumes acrostiches alpha-
bétiques, Retorica biblica e Semitica 6, Rome 2015, 118) ; repris et corrigé dans Le Psautier.
Premier livre (Ps 1–41), RBSem 16, Leuven 2018, 493-521.
8
F. GRAZIANO, La composizione letteraria del vangelo di Matteo (cf. nt. 2), 385.
328 Roland MEYNET
27
Mais je le dis à vous qui écoutez :
31
Et comme vous voulez que FASSENT pour vous
LES HOMMES,
FAITES pour eux semblablement.
36
Soyez compatissants
comme VOTRE PÈRE
compatissant est.
9
Voir R. MEYNET, L’évangile de Luc (cf. nt. 7), 290-295.
10
Sur l’origine de cette appellation, voir C. SPICQ, Agapè dans le Nouveau Testament : analyse
des textes, ÉtB, Paris 1958, I, 105, nt. 3.
330 Roland MEYNET
: venant
: celui qui t’a invité te dise :
.. “Ami, monte PLUS HAUT.”
11
Car quiconque S’ÉLÈVE SERA ABAISSÉ
et qui S’ABAISSE SERA ÉLEVÉ. »
11
Voir l’analyse de ce passage dans R. MEYNET, L’évangile de Luc (cf. nt. 7), 610-614.
12
Voir R. MEYNET, L’évangile de Luc (cf. nt. 7), 299-308.
Une nouvelle figure : la composition à double foyer 331
39
Il leur dit aussi une parabole :
– « Un aveugle peut-il guider un AVEUGLE ? Tous deux ne TOMBERONT-ils pas dans un creux ?
+ 40 Le disciple n’est pas au-dessus du maître. Tout BIEN-INSTRUIT sera comme son maître.
······································································································
: 41 Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère
. et la poutre qui est dans ton œil tu ne la remarques pas ?
42
Comment peux-tu dire à ton frère :
“Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”
et toi-même la poutre qui est dans ton œil tu ne la vois pas ?
. Hypocrite, enlève d’abord la poutre de ton œil
: et alors tu verras la paille qui est dans l’œil de ton frère pour l’enlever.
······································································································
+ 43 Il n’est pas en effet d’ARBRE BON qui fasse du FRUIT MALADE
– et il n’est pas non plus d’ARBRE MALADE qui fasse du FRUIT BON.
44
Chaque arbre en effet de son propre fruit est connu.
Parlant d’« arbre » et de « son propre fruit », le premier foyer (44a) généralise
ce qui est dit dans la partie précédente avec le « fruit bon » de « l’arbre bon » et
avec « le fruit malade » de « l’arbre malade » (43) — images qui renvoient à
« l’aveugle » qui conduit « un aveugle », lesquels s’opposent au « maitre » et à
son « disciple bien instruit » (39b-40) — ainsi que ce qui est dit dans la première
moitié de la partie centrale (44bc) où il est question de « ronces » et d’« épines »
d’une part et des fruits que sont « figues » et « raisins ». De manière analogue le
deuxième foyer articule la seconde moitié de la partie centrale (45) et la dernière
partie (46-49) où il n’est plus question d’arbre et de fruit mais des disciples dont
la « bouche » dit des choses bonnes mais ne les « font » pas.
332 Roland MEYNET
20,1 En effet le RÈGNE des Cieux est semblable à un homme maître de maison
qui sortit à l’aube pour embaucher des ouvriers dans sa vigne. 2 S’étant mis
d’accord avec les ouvriers pour un denier par jour, il les envoya dans sa vigne.
3
Et, sorti vers neuf heures, il en vit d’autres qui étaient sur la place sans travail
4
et il leur dit : “Allez, vous aussi, dans ma vigne, et ce qui sera juste je vous le
donnerai.” Et ils y allèrent. 5 Sorti de nouveau vers midi et vers trois heures,
il fit de même. 6 Sorti encore vers cinq heures, il en vit d’autres qui étaient là et
il leur dit : “Pourquoi êtes-vous ici toute la journée sans travail ?” 7 Ils lui
disent : “Parce que personne ne nous a embauchés.” Il leur dit : “Allez, vous
aussi, dans ma vigne.”
8
Le soir venu, le seigneur de la vigne dit à son gérant :
“Appelle les ouvriers et DONNE-leur la paie,
en commençant par les DERNIERS jusqu’aux PREMIERS.”
9
Ceux de cinq heures étant venus REÇURENT chacun un denier. 10 Et les premiers
étant venus pensaient qu’ils auraient REÇU davantage ; mais ils REÇURENT eux
aussi un denier chacun. 11 Cependant l’ayant REÇU, ils murmuraient contre le
maître de maison disant : 12 “Ces derniers n’ont fait qu’une seule heure et tu as
fait pour eux comme pour nous qui avons supporté le poids du jour et de la
chaleur !” 13 Mais lui, répondant à l’un d’eux, dit : “Ami, je ne suis pas injuste
avec toi ; ne t’es-tu pas mis d’accord avec moi pour un denier ? 14 Prends ce qui
est à toi et va-t’en. Je veux donner à ce dernier aussi autant qu’à toi ; 15 est-ce
que je ne peux pas faire ce que je veux de ce que j’ai, ou bien ton œil est-il
mauvais parce que je suis bon ?”
16
Ainsi les DERNIERS seront PREMIERS
et les PREMIERS DERNIERS ! »
17
Et Jésus montant à Jérusalem prit les DOUZE à part et le long du chemin il leur dit :
18
« Voici que NOUS nous montons à Jérusalem et que LE FILS DE L’HOMME sera
livré aux grands-prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort ; 19 et ils le
livreront aux païens pour qu’il soit bafoué et flagellé et crucifié mais le troisième jour
il ressuscitera. »
Une nouvelle figure : la composition à double foyer 333
13
La première fois le pronom hēmeis est utilisé ; la deuxième fois au contraire ce pronom n’est
pas utilisé, mais le verbe « montons » est à la première personne du pluriel, comme l’est aussi
« avons laissé ».
14
Voir R. MEYNET, Le fait synoptique reconsidéré, ReBibSem 7, Rome 2015, 248-253 (la
citation se trouve p. 248).
334 Roland MEYNET
10,28 Pierre se mit à lui dire : « Voici que nous nous avons tout laissé et nous t’avons
29
SUIVI. » Jésus déclara : « En vérité je vous dis, il n’est personne qui ait laissé maison
ou frères ou sœurs ou mère ou père ou fils ou champs, pour moi et pour l’Évangile,
30
qui ne reçoive le centuple, maintenant, en ce temps-ci, maisons et frères et sœurs et
mère et fils et champs,
avec des PERSÉCUTIONS, et dans le siècle qui vient LA VIE ÉTERNELLE.
31
Beaucoup de PREMIERS seront DERNIERS
et les DERNIERS PREMIERS. »
32
Ils étaient sur la route montant à Jérusalem, et Jésus les précédait. Ils étaient
stupéfaits et ceux qui SUIVAIENT étaient épouvantés. Prenant de nouveau les Douze, il
commença à leur dire ce qui allait lui arriver : 33 « Voici que nous montons à
Jérusalem; le Fils de l’homme sera livré aux grands-prêtres et aux scribes et ils le
condamneront à mort et le livreront aux nations ; 34 ceux-ci se moqueront de lui et lui
cracheront dessus, ils le flagelleront ;
ils le TUERONT et après trois jours IL RESSUSCITERA. »
Marc n’a pas la parabole des ouvriers de la dernière heure et les deux foyers
de la sous-séquence de Mt sont réduits chez Marc au seul centre de sa compo-
sition concentrique (10,31)15.
Il est aussi un autre genre de double foyer, celui de la double question. Ce cas
rejoint celui, si fréquent, de « la question au centre » pour les compositions
concentriques16.
Le passage de Lc 10,25-37 comprend trois parties reliées par deux questions.
La première partie (25-28) rapporte le dialogue entre Jésus et un légiste où la
déclaration finale de Jésus (28) répond à la question initiale du légiste (25). Dans
le court dialogue final (37) la réponse de Jésus, « va et fais de même », rappelle
sa réponse à la fin de la première partie, « fais cela et tu vivras » (28). La longue
partie centrale est occupée par la parabole du bon Samaritain (30-35). La para-
bole est déclenchée par une question du légiste (29) et elle est suivie par une
question de Jésus (36). Ce sont là les deux foyers de l’ellipse. Ils en constituent
la clé de lecture, en particulier par le retournement que Jésus opère : en effet,
alors que pour le légiste le problème est de savoir qui est son prochain, l’autre
qu’il doit aimer, pour Jésus il s’agit de savoir qui s’est comporté en prochain de
l’autre. D’objet qu’il était dans la bouche du légiste, le prochain devient le sujet
de l’action. En d’autres termes, le problème n’est pas celui de l’autre, il est celui
de son interlocuteur, et c’est ce qu’il explicitera en finale quand il lui dira de
faire comme le bon Samaritain17.
15
Voir R. MEYNET, Le fait synoptique reconsidéré (cf. nt. 14), 223.260-261.
16
Voir R. MEYNET, Traité (cf. nt. 5), 417-436.
17
Voir R. MEYNET, L’évangile de Luc (cf. nt. 7), 496-502.
Une nouvelle figure : la composition à double foyer 335
• 29 Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et QUI est le PROCHAIN de moi ? »
• 36 QUI de ces trois penses-tu avoir été LE PROCHAIN de celui qui était tombé sur les brigands ? »
– 37 Il dit :
· « Celui qui A FAIT la miséricorde envers lui. »
+ Jésus lui dit :
· « Va et FAIS de même. »
336 Roland MEYNET
5,2 Moi je dors, mais mon cœur veille ; la voix de MON BIEN-AIMÉ frappe.
« Ouvre-moi, ma sœur, MA COMPAGNE, ma COLOMBE, ma parfaite,
car MA TÊTE est pleine de rosée, MES BOUCLES, des gouttes de la nuit. »
3
« J’ai ôté ma tunique, comment la vêtirais-je ?
J’ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? »
4
MON BIEN-AIMÉ a passé LA MAIN par la fente, et MON VENTRE a frémi pour lui.
5
Je me suis levée, moi, pour ouvrir à MON BIEN-AIMÉ ;
et de MES MAINS A DÉGOUTTÉ LA MYRRHE, de mes doigts la myrrhe liquide
sur la poignée du verrou.
6
J’ai ouvert moi à MON BIEN-AIMÉ, et MON BIEN-AIMÉ se déroba, s’enfuit ;
J’ai rendu l’âme à cause de sa disparition,
je l’ai cherché mais ne l’ai point trouvé, je l’ai appelé, mais il n’a pas répondu.
7
M’ont trouvée les gardes, ceux qui font la ronde dans la ville ;
ils m’ont frappée, ils m’ont blessée, ils m’ont enlevé mon manteau,
les gardes des remparts.
8
Je vous en conjure, FILLES DE JÉRUSALEM, si vous trouvez MON BIEN-AIMÉ,
que lui déclarerez-vous ? Que je suis malade d’amour, moi.
9
Qu’a donc TON BIEN-AIMÉ de plus qu’UN BIEN-AIMÉ, ô la plus belle des femmes ?
Qu’a donc TON BIEN-AIMÉ de plus qu’UN BIEN-AIMÉ, pour qu’ainsi tu nous conjures ?
10
MON BIEN-AIMÉ est frais et vermeil, reconnaissable entre dix mille.
11
SA TÊTE est d’or, d’or-pur ;
SES BOUCLES des palmes, noires comme le corbeau.
12
Ses yeux comme des COLOMBES, au bord des eaux
se baignant dans le lait, demeurant sur la berge.
13
Ses joues comme des parterres embaumés, des massifs parfumés.
Ses lèvres des anémones ; DÉGOUTTANT DE MYRRHE vierge.
14
SES MAINS des globes d’or, sertis de chrysolithes ;
SON VENTRE une masse d’ivoire, couverte de saphirs ;
15
Ses jambes des colonnes d’albâtre, posés sur des bases d’or-pur.
Son aspect comme le Liban, distingué comme les cèdres.
16
Son palais est la suavité même, et il n’est que délices.
Tel est MON BIEN-AIMÉ, tel est MON COMPAGNON, FILLES DE JÉRUSALEM.
2
MON BIEN-AIMÉ est descendu à son jardin, aux parterres embaumés,
pour paitre dans les jardins, et pour cueillir des anémones.
3
Je suis à MON BIEN-AIMÉ et MON BIEN-AIMÉ est à moi
QUI PAIT parmi les anémones.
Une nouvelle figure : la composition à double foyer 337
Les cinq passages sont liés du point de vue narratif : le premier s’achève par
une requête adressée par la bien-aimée aux « filles de Jérusalem » (5,8). Ces
dernières lui demandent alors ce que son bien-aimé a de particulier (9). Elle leur
répond en en brossant un portrait détaillé (10-16). Alors, avec une seconde
double question les filles de Jérusalem lui demandent où son ami est parti (6,1),
à quoi elle répond dans le dernier passage qu’ils se sont retrouvés (6,2-3). Au
long récit initial où les deux amants se cherchent mais ne se trouvent pas
correspond le court passage final où ils sont enfin réunis.
Les trois passages principaux sont articulés par deux courts passages qui
contiennent chacun une question redoublée (5,9 ; 6,1) ; les premières questions
s’achèvent par la même apostrophe, « ô la plus belle des femmes », les secondes
par une proposition subordonnée, causale dans le premier cas, finale dans le
deuxième.
Le premier passage a beaucoup de vocables en commun avec la description du
passage central : « tête » et « boucles » jouent le rôle de termes initiaux (5,2c.
11ab), « colombe(s) » revient en 2b et 12a, « main(s) » et « ventre » en 4-5 et 14,
enfin les deux occurrences de « filles de Jérusalem » (8.16) remplissent la fonc-
tion de termes finaux.
« Ma compagne » du début du premier passage (5,2) trouve son correspondant
avec « mon compagnon » de la fin du passage central (5,16) ; il faut ajouter que
« qui fait paitre » (rō‘eh) à la fin de la séquence est en rapport de paronomase
avec « compagnon » (rē‘î). « Bien-aimé » revient dix-sept fois dans la séquence.
La deuxième partie relie les passages qui l’encadrent : d’une part, le lien avec
la première partie est assuré par la reprise du verbe « conjurer » (5,8a.9b),
d’autre part la longue description enthousiaste de la partie centrale répond à la
question des filles de Jérusalem, qui demandent ce que le bien-aimé a de plus
que les autres.
L’avant-dernière partie (6,1) renvoie, par-delà la description centrale, à la
première partie : le bien-aimé était « parti » (6,1), il s’était « enfui » (5,6), sa
compagne l’avait « cherché » en vain (6c), et elle avait confié aux filles de
Jérusalem un message pour lui au cas où elles le trouveraient. La réponse à leur
dernière question est qu’il est revenu à elle : à la rencontre manquée du début
s’oppose les retrouvailles de la fin.
18
R. MEYNET, Traité (cf. nt. 5), 15-21.
338 Roland MEYNET
– 44 Or pensant
. qu’il était DANS LA CARAVANE,
– ils firent une journée de chemin,
. et ils le cherchèrent PARMI LEURS PARENTS ET CONNAISSANCES.
········································································································
45
NE LE TROUVANT PAS, ils retournèrent À JÉRUSALEM EN LE CHERCHANT.
········································································································
– 46 Et il arriva qu’après trois jours
– ILS LE TROUVÈRENT DANS LE TEMPLE,
– assis AU MILIEU DES DOCTEURS,
. les écoutant
. et les interrogeant.
47
Et tous s’extasiaient en l’écoutant
DEVANT L’INTELLIGENCE DE SES RÉPONSES.
48
En le voyant ils furent frappés.
19
Voir R. MEYNET, L’évangile de Luc (cf. nt. 7), 152-153 où l’interprétation se développe en
deux paragraphes intitulés : « La sagesse de Jésus » et « L’incompréhension des parents ».
20
Voir R. MEYNET, La Pâque du Seigneur. Passion et résurrection du Seigneur dans les
évangiles synoptiques, RhSem 14, Pendé 2013, 83-123 ; ID., L’évangile de Marc, RhSem 16,
Pendé 2014, 429-468.
340 Roland MEYNET
14,1 Or c’était la Pâque et les Azymes après deux jours : les grands prêtres et les scribes cherchaient comment,
s’emparant de lui par ruse, ils le tueraient. 2 Car ils disaient : « Pas durant la fête, de peur qu’il y ait un tumulte du
peuple. »
3
Tandis qu’il était à Béthanie, dans la maison de Simon le Lépreux, tandis qu’il était à table, vint une femme
ayant un flacon de parfum d’un nard pur de grand prix. Ayant brisé le vase, elle le versa sur sa tête. 4 Il y en
avait certains à s’indigner entre eux : « En vue de quoi cette perte du parfum est-elle advenue ? 5 Car ce parfum
aurait pu être vendu plus de trois cents deniers et être donné aux pauvres ! »
Et ils s’irritaient contre elle.
6
Mais Jésus dit : « Laissez-la ; pourquoi lui causez-vous des ennuis ? C’est une bonne œuvre qu’elle a
accomplie pour moi. 7 Car vous avez toujours les pauvres avec vous et quand vous voulez, vous pouvez leur
faire du bien, mais moi vous ne m’avez pas toujours. 8 Ce qu’elle a pu, elle l’a fait : d’avance elle a parfumé
mon corps en vue de la sépulture. 9 En vérité je vous dis : partout où sera proclamée la bonne nouvelle dans le
monde entier, aussi ce qu’elle a fait on en parlera en souvenir d’elle. »
10
JUDAS Iscariote, L’UN DES DOUZE, alla vers les grands prêtres afin de le leur -donner. 11 Ayant entendu, ils se réjouirent
et lui promirent de lui donner de l’argent. Et il cherchait comment il le -donnerait au bon-moment.
12 Et le premier jour des Azymes, quand ils immolaient la Pâque, ses disciples lui disent : « Où veux-tu que nous allions
préparer afin que tu MANGES la Pâque ? » 13 Et il envoie deux de ses disciples et leur dit : « Allez dans la ville et vous
rencontrera un homme portant une cruche d’eau ; accompagnez-le 14 et où il entrera, dites au maitre-de-maison que : “Le
Maitre dit : ‘Où est ma salle, où je MANGERAI la Pâque AVEC mes disciples’ ?” 15 Et lui vous montrera une salle-haute grande,
garnie, préparée ; et là préparez pour nous. » 16 Et les disciples sortirent et ils vinrent à la ville, et ils trouvèrent comme il leur
avait dit et ils préparèrent la Pâque.
17
Le soir venu, il vient AVEC les Douze 18 et, tandis qu’ils étaient à table et qu’ils mangeaient, Jésus dit : « En
vérité je vous dis que l’un de vous me -donnera, celui-qui mange AVEC moi. » 19 Ils commencèrent à s’attrister
et lui dirent, l’un après l’autre : « Serait-ce moi ? » 20 Mais lui leur dit : « L’un des Douze, celui qui plonge
21
AVEC moi la main dans le plat. Car le Fils de l’homme s’en va comme il est écrit de lui, mais malheur à cet
homme-là par qui le Fils de l’homme est -donné ! Il eût mieux valu qu’il ne soit pas né cet homme-là. »
22 Et tandis qu’ils MANGEAIENT, ayant pris du pain, ayant dit la bénédiction, il le rompit et le leur donna et dit :
« Prenez, ceci est mon corps. » 23 Et ayant pris une COUPE et ayant rendu grâces, il leur donna et ils en BURENT
tous 24 et il leur dit : « Ceci est mon sang de l’alliance, qui est répandu pour beaucoup. 25 En vérité, je vous dis que
je ne BOIRAI plus du produit de la vigne, jusqu’au jour où je le BOIRAI nouveau dans le royaume de Dieu. »
26
Après le chant des psaumes, ils sortirent vers le Mont des Oliviers. 27 Et Jésus leur dit : « Vous serez tous
scandalisés ; car il est écrit : “Je frapperai le berger et les brebis seront dispersées.” 28 Mais après m’être
dressé, je vous précéderai en Galilée. » 29 Pierre lui déclara : « Même si tous sont scandalisés, du moins pas
moi ! » 30 Et Jésus lui dit : « En vérité, je te dis que toi, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq ne crie
deux fois, tu m’auras renié trois fois. » 31 Mais lui disait de plus belle : « Même s’il me fallait mourir AVEC toi,
non je ne te renierai pas. » Et tous en disaient autant.
32 Et ils viennent à un domaine dont le nom est Gethsémani et il dit à ses disciples : « Asseyez-vous ici tandis que je prierai. »
33 Et il prend Pierre, Jacques et Jean AVEC lui et se mit à être effrayé et angoissé 34 et il leur dit : « Mon âme est triste à en
mourir ; restez ici et veillez. » 35 Et s’étant éloigné un peu, il tombait à terre et priait afin que, s’il était possible, passe loin de lui
l’heure. 36 Et il disait : « Abba, Père, tout est possible pour toi ; emporte cette COUPE loin de moi. Mais non ce que je veux,
mais ce que tu veux toi ! » 37 Et il vient et les trouve endormis, et il dit à Pierre : « Simon, tu dors ? Tu n’as pas pu veiller une
seule heure ? 38 Veillez et priez afin que vous ne veniez pas en tentation. L’esprit est prompt, mais la chair est faible. » 39 Et de
nouveau s’en étant allé, il priait, disant les mêmes paroles. 40 Et de nouveau étant venu, il les trouva endormis, car leurs yeux
étaient alourdis, et ils ne savaient quoi lui répondre. 41 Et il vient une troisième fois et il leur dit : « Vous dormez encore et vous
vous reposez ? C’en est fait, l’heure est venue. Voici qu’est -donné le Fils de l’homme dans les mains des pécheurs. 42 Levez-
vous, allons : voici que celui qui me -donne est proche. »
43
Et aussitôt, comme il parlait encore, arrive JUDAS, L’UN DES DOUZE, et avec lui une foule avec épées et bâtons de chez les
grands prêtres, les scribes et les anciens. 44 Celui qui le -donnait leur avait donné un signal disant : « Celui que
j’embrasserai, c’est lui ; emparez-vous de lui et emmenez-le sous bonne-garde. » 45 Et étant venu aussitôt, s’étant
avancé vers lui, il dit : « Rabbi. » Et il l’embrassa. 46 Or eux jetèrent les mains sur lui et s’emparèrent de lui.
47
Or l’un de ceux se tenant là, ayant tiré l’épée, frappa le serviteur du Grand Prêtre et lui enleva son oreille.
48
Et répondant, Jésus leur dit : « Comme contre un bandit vous êtes sortis avec épées et bâtons pour me prendre.
49
Chaque jour j’étais parmi vous dans le temple enseignant, et vous ne vous êtes pas emparés de moi. Mais (c’est)
afin que soient accomplies les Écritures. » 50 Et l’abandonnant, ils s’enfuirent tous. 51 Et un jeune homme le suivait,
enveloppé d’un drap sur sa nudité, et ils s’emparent de lui. 52 Mais lui, lâchant le drap, nu il s’enfuit.
342 Roland MEYNET
1
Au maitre de chant. Sur « la biche de l’aurore ». Psaume, de David.
2
MON DIEU, MON DIEU, pourquoi m’as-tu abandonné ? LOIN de mon SALUT, les paroles que je rugis !
3
MON DIEU, j’appelle le jour et TU NE RÉPONDS PAS, et la nuit et point de repos pour moi.
4
Et toi, tu es le Saint, habitant les louanges d’Israël :
5
en toi se fiaient NOS PÈRES, ils se fiaient et tu les DÉLIVRAIS,
6
vers toi ils criaient et ils échappaient, en toi ils se fiaient et ils n’avaient-pas-honte.
7
Et moi, vermisseau et non homme, risée d’adam et mépris du PEUPLE :
8
tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent de leur lèvre, ils hochent la tête :
9
« Il s’est remis à YHWH, qu’il le DÉLIVRE, qu’il le libère, puisqu’il s’est plu en lui ! »
10
Car toi, tu m’as tiré du ventre, mis-en-confiance sur les seins de MA MÈRE ;
11
sur toi je fus jeté dès les entrailles; dès le ventre de MA MÈRE, tu es MON DIEU, toi.
12
NE SOIS PAS LOIN de moi car l’angoisse est proche, car point de SECOURANT !
13
Me cernent des TAUREAUX nombreux, de fortes-bêtes de Bashân m’encerclent ;
14
bâille contre moi leur bouche, LION lacérant et rugissant.
15
Comme l’eau je m’écoule et se disloquent tous mes os ;
mon cœur est comme la cire, fondant au milieu de mes viscères ;
16
est sèche comme un tesson ma force, et ma langue est collée à ma mâchoire.
20
Et toi, YHWH, NE SOIS PAS LOIN, ô ma vigueur, à mon SECOURS hâte-toi.
21
DÉLIVRE de l’épée mon ÂME, de la MAIN du CHIEN, mon unique.
22
SAUVE-moi de la bouche du LION, et des cornes des BUFFLES. TU M’AS RÉPONDU.
23
Je raconterai ton nom à MES FRÈRES, au milieu de l’assemblée je te louerai :
24
« Les craignant YHWH, louez-le, toute LA DESCENDANCE de Jacob, glorifiez-le,
Redoutez-le, toute LA DESCENDANCE d’Israël ! »
25
Car il ne méprisa ni ne dédaigna la misère du miséreux,
il n’a pas caché sa face de lui, mais, invoqué par lui, il écouta.
26
De toi ma louange dans l’assemblée nombreuse, mes vœux j’accomplirai devant ses craignant.
27
Ils mangeront les humiliés et seront rassasiés, ils loueront YHWH ses cherchant :
« QUE VIVE votre cœur à jamais ! »
28
Se souviendront et reviendront vers YHWH tous les lointains de la terre
et se prosterneront devant toi toutes LES FAMILLES des nations.
29
Car à YHWH la royauté, et il est maître dans les nations.
30
Ils ont mangé et se prosterneront tous les gras de la terre,
devant lui se courberont tous les descendant à LA POUSSIÈRE
et qui son ÂME NE FAIT PAS VIVRE.
31
UNE DESCENDANCE le servira, il sera raconté sur LE SEIGNEUR à la GÉNÉRATION ;
32
ils viendront et annonceront sa justice à un PEUPLE À NAITRE, CAR IL A FAIT.
Une nouvelle figure : la composition à double foyer 343
Le psaume 22 est lui aussi de composition elliptique : ses trois grandes parties
— toutes trois comprenant deux ou trois sous-parties — sont reliées par deux
courtes parties (12 et 20-22) qui représentent les foyers de la construction21.
Adressée à « mon Dieu » (2-3.11), la première partie (2-11) est la plainte que
fait monter le psalmiste vers le Seigneur. Il reproche d’abord à Dieu de l’avoir
abandonné, ce qu’il ne faisait pas avec ses pères ; il expose ensuite le mépris
dans lequel il est tenu actuellement alors que dès avant sa naissance la confiance
divine lui était acquise.
La partie centrale (13-19) revient sur la situation terrible du psalmiste, agressé
par des « vauriens » assimilés à des animaux féroces ; au centre (16b) seulement,
le psalmiste s’adresse à Dieu, comme pour lui reprocher de le faire mourir.
Dans la dernière partie (23-32) le psalmiste, désormais sauvé, raconte à ses
« frères » comment sa plainte a été « écoutée » par le Seigneur (23-27) ; la lou-
ange s’étend à « toutes les familles des nations » (28-30), jusqu’aux générations
futures rassemblées dans « un peuple à naitre » (31-32).
Les parties de reliure se distinguent des trois autres, car ce sont les seules
supplications du psaume. Si la seconde (20-22) est notablement plus développée
que la première (12), c’est qu’elle suit la partie centrale où l’angoisse est portée à
son paroxysme avec la perspective de la mort. Les deux parties commencent par le
même impératif négatif. Alors que la première fois les paroles du psalmiste
s’achevaient par la constatation qu’il n’y avait pour lui « point de secourant », la
deuxième fois, le premier segment s’achève par un appel au « secours ».
Ces parties ont nombre de points de contact formels avec les autres parties.
– Avec la première partie : les deux occurrences de « ne sois pas loin » (12.20)
rappellent « loin de mon salut » (2) ; de même « sauve-moi » (22) rappelle
« mon salut » (2) et « délivre » (21) les deux occurrences de « délivrer » (5.9).
« Tu m’as répondu » (22) s’oppose à « tu ne réponds pas » (3). « Et toi » de 20
se trouvait déjà au début de 4. « Lion » (22) renvoie à « rugit » de 2.
– Avec la partie centrale : y sont repris « bouche » (14.22) et « main(s) » (17. 21),
« lion » (14.22) et « chien(s) » (17.21 ; « buffles » à la fin de la deuxième partie de
reliure (22) correspond à « taureaux » au début de la partie précédente (13).
– Avec la dernière partie. « Âme » est le seul terme commun aux deux dernières
parties (21.30c). À la fin de la dernière partie « car il a fait » (32) semble corres-
pondre à « tu m’as répondu » à la fin de la deuxième partie de reliure (22) : non
seulement ce sont des propositions en elles-mêmes, qui se détachent ainsi de ce
qui précède, mais elles se correspondent aussi du point de vue du sens : ce que le
Seigneur « a fait » fut de « répondre » à la supplication du psalmiste.
Si tout le psaume est focalisé sur le segment central, « Et dans la poussière de
la mort tu me couches », les supplications des deux parties de reliure peuvent
être considérées comme les deux foyers d’une construction elliptique : c’est
l’angoisse de la mort qui pousse le psalmiste à supplier avec foi son Seigneur.
21
Cf. F. GRAZIANO, « Il Salmo 22. La preghiera del Servo di Yhwh », in R. MEYNET –
J. ONISZCZUK, ed., Studi del terzo convegno RBS. International Studies on Biblical & Semitic Rhetoric,
ReBibSem 2, Roma 2013, 65-85 ; R. MEYNET, Le Psautier. Premier livre (cf. nt. 7), 271-288.
344 Roland MEYNET
1
Du maitre-de-chant, psaume de David.
5
MOI, j’avais dit : YHWH aie-pitié de moi,
guéris MON ÂME car j’ai péché contre toi.
11
Et TOI, YHWH, aie-pitié de moi
et RELÈVE-MOI et je repaierai eux.
22
Voir, par exemple, M.-F. IRIGOYEN, Le harcèlement moral. La violence perverse au quoti-
dien, Paris 1998.
346 Roland MEYNET
1
Du maitre-de-chant, sur instruments à corde, psaume, chant.
5
Que jubilent et chantent LES NATIONS
car tu juges LES PEUPLES avec droiture
et LES NATIONS sur LA TERRE tu conduis.
-- Les chœurs des non-corporels avec les bergers, sans aucun doute, 7
-- de CHRIST la descente à tous les terrestres 8
-- annoncent : 9
+ « Gloire – criant – DANS LES HAUTEURS 10
= et SUR TERRE paix ! » 11
23
Voir R. MEYNET, « Le psaume 67. “Je ferai de toi la lumière des nations” », NRTh 120
(1998) 3-17.
24
Voir G. GJORGJEVSKI – R. MEYNET, « San Clemente di Ocrida e la retorica biblica »,
Gregorianum 98 (2017) 687-403 (692-695).
348 Roland MEYNET
25
Am 3,1-8 : voir P. BOVATI – R. MEYNET, Le livre du prophète Amos, RhBib 2, Paris 1994,
103-112.
Ps 51 : voir R. MEYNET, « Analyse rhétorique du Psaume 51. Hommage critique à Marc
Girard », RivBib 45 (1997) 187-226.
Ps 89 : inédit.
Ps 145 : voir R. MEYNET, « Le psaume 145 », Annales du Département des lettres arabes
(Institut de lettres orientales), Fs. Maurice Fyet, 6B (1991-92) 213-225 ; mis à jour dans StRBS 1
(01.02.2002 ; 31.03.2004) ; intégré dans Le Psautier. Cinquième livre (Ps 107–150), RBSem 12,
Leuven 2017, 603-619.
Mt 4,12-25: voir F. GRAZIANO, La composizione letteraria del vangelo di Matteo (cf. nt. 2),
385-389.
Jn 2,13-25: voir J.M. CABRERA, « The Third Day. From the beginning of Jesus’ signs in
Galilee to the announcement of his definitive sign in Jerusalem (John 2,1-25) », R. MEYNET –
J. ONISZCZUK, ed., Studi del terzo convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic
Rhetoric, ReBibSem 2, Roma 2013, 152-155.
Une nouvelle figure : la composition à double foyer 349
RÉSUMÉ
Selon le Traité de rhétorique biblique les textes s’organisent selon trois figures de
composition : la composition parallèle (ABC/A’B’C’), la spéculaire (ABC/C’B’A’) et la
concentrique (ABC/x/A’B’C’ ou ABC/x/C’B’A’). Une quatrième figure doit s’ajouter
aux trois premières, qu’on appellera la « composition à double foyer », ou « composition
elliptique ». Comme son nom l’indique, le texte ne s’organise pas autour d’un centre
unique mais d’un centre double.
ABSTRACT
According to the Treaty of Biblical Rhetoric the texts are organized according to three
compositional figures: parallel composition (ABC / A’B’C’), specular (ABC / C’B’A’)
and concentric composition (ABC / x / A’B’C’ or ABC / x / C’B’A’). A fourth figure
must be added to the first three, which will be called the «bifocal composition», or
«elliptical composition». As its name indicates, the text is not organized around a single
center but around a double center.