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Vénus, que l'Amour trouve entre les bras de Mars, est ravie
d'apprendre la défaite d'un jeune héros si fier, et jusqu'alors si
insensible. Elle veut qu'il se couvre d'une gloire nouvelle, pour que la
victoire remportée par son fils ait plus d'éclat. Elle ordonne à tous les
Amours de s'armer, de se pénétrer de tous les feux du dieu Mars, de
voler à Florence, d'inspirer aux jeunes Toscans l'ardeur des combats.
Tandis qu'ils remplissent ses ordres, elle appelle Pasitée, épouse du
Sommeil et sœur des Grâces; elle lui enjoint d'aller trouver son
époux, et d'obtenir de lui qu'il envoie à Julien des Songes analogues
au projet qu'elle a formé. Les Songes lui obéissent comme les
Amours. Le jeune héros, dans son sommeil du matin, croit voir la
belle nymphe de la forêt, mais aussi fière, aussi sévère qu'elle était
douce et affable, couverte des armes de Pallas, et les opposant aux
traits de l'Amour. C'est à Pallas même, c'est à la Gloire qui descend
des cieux, le revêt d'une armure d'or et le couronne de lauriers, qu'il
appartient de vaincre cette fierté. Il s'éveille; il invoque l'Amour,
Minerve et la Gloire: leurs feux réunis brûlent son cœur. Il va paraître
dans la lice, en portant leur bannière.
L'imitation du Tasse est toute dans les mots et dans l'harmonie, sans
aucun rapport entre le fond des choses. On cite souvent et avec
raison, comme un chef-d'œuvre d'harmonie imitative dans le genre
terrible, ces vers du quatrième chant de la Jérusalem, où le son
rauque de la trompette infernale se fait entendre. Tous les mots de
cette octave effrayante contribuent à l'effet qu'elle produit, mais il
naît surtout de cette consonnance à la fois sourde et retentissante
de la tartarea tromba, avec les deux rimes des vers suivants,
rimbomba, et piomba. Or, la stance 28 de Politien fait entendre de
même et la trompette du tartare et son double retentissement 728.
Note 728: (retour)
Ce qu'il faut observer dans cette pièce, qui nous paraît aujourd'hui
très-médiocre, et qui porte en effet tous les caractères de l'enfance
de l'art, c'est qu'elle fut faite en deux jours, au milieu des préparatifs
tumultueux d'une fête, et que cependant, outre le tissu général du
dialogue qui est conduit naturellement, purement et même
élégamment écrit, il y a trois morceaux, la chanson pastorale
d'Aristée, le chant d'Orphée pour fléchir les dieux infernaux, et le
dithyrambe des Bacchantes, qui paraîtraient seuls exiger plus de
temps; le dernier, plein d'inspiration, de verve et de chaleur 729, est
le premier modèle d'un genre que les Italiens aiment beaucoup, et
qu'ils ont cultivé depuis avec succès. Je ne parle point de l'hymne
que chante Orphée quand il paraît pour la première fois sur la
montagne; c'est une ode latine en vers saphiques en l'honneur du
cardinal de Gonzague, pour qui cette fête se donnait à Mantoue.
C'est la trace d'un reste de barbarie et une singularité qui put
paraître moins choquante dans un temps où la langue vulgaire était
presque retombée en discrédit, et où l'on cultivait beaucoup plus la
poésie latine que l'italienne. Au reste, il paraît aujourd'hui prouvé
que cette ode qui se trouve parmi les poésies latines de Politien, a
été interpolée après coup dans son Orphée. On a retrouvé 730 un
ancien manuscrit où elle n'est pas; elle y est remplacée par un
chœur, à l'imitation de ceux des Grecs, dans lequel les Dryades
déplorent la mort d'Eurydice. L'édition que l'on a faite d'après ce
manuscrit a plusieurs autres avantages sur toutes celles qui l'avaient
précédée 731, et c'est d'après ce texte seulement que l'on peut juger
une composition rapide et presque improvisée, qui donne cependant
à Politien la gloire d'avoir été le premier auteur dramatique parmi les
modernes, et à la cour des Gonzague de Mantoue, l'honneur d'avoir
applaudi la première 732 un spectacle plus intéressant et plus noble
que les momeries de la légende, les supplices et les diableries qui
amusaient alors toute l'Europe.
Note 729: (retour)
Note 731: (retour) L'Orfeo, tragedia illustrata dal P. Ireneo Affò. Venise,
1776, in-4.
Note 738: (retour) Selon Tiraboschi (tom. VI, part. II, p. 174), il publia
d'abord des Églogues qui furent imprimées en 1484, avec celles de
quelques autres poëtes, et ensuite la traduction des Bucoliques,
imprimée en 1494; mais M. Roscoe a fort bien observé (The Life of
Lorenzo, etc., ch. 5), que c'est le même ouvrage publié deux fois, et
qu'on n'a point, de Bernardo Pulci, d'autres églogues que celles de Virgile
qu'il a traduites.
Le second frère, Luca Pulci, avait, comme nous l'avons vu, célébré
par un poëme, la joûte de Laurent de Médicis, avant que Politien eût
chanté celle de Julien. Ce poëme, très-inférieur pour l'imagination et
pour le style, à celui de son jeune émule, est aussi en octaves.
L'auteur s'y est attaché à peindre les circonstances les plus
minutieuses des préparatifs du combat, et ensuite du combat même.
Les attaques que les divers champions se livrent, sont décrites avec
assez de chaleur et de rapidité. Celles de Laurent sont plus détaillées
que les autres. Après avoir rompu quelques lances de la manière la
plus brillantes, il change de cheval, tient tête à plusieurs champions,
et remporte enfin le premier prix de l'adresse et de la valeur.
Luigi Pulci est le dernier et le plus célèbre des trois frères. Il était né
à Florence en 1431. Quoique beaucoup plus âgé que Laurent de
Médicis, il vécut avec lui dans la familiarité la plus intime. On ne sait
rien de plus sur sa vie, qui fut toute littéraire. Le poëme qui a donné
le plus d'éclat à son nom, est le Morgante Maggiore, premier modèle
des poëmes romanesques, dont les exploits de Charlemagne et de
Roland sont le sujet. Il l'entreprit, à la prière de Lucrèce Tornabuoni,
mère de Laurent; et l'on a dit, mais sans preuve, qu'il le chantait
comme les rapsodes à la table de son jeune patron. Je ne dirai rien
ici du caractère singulier, de la conduite ni du mérite poétique de cet
ouvrage fameux. Il ouvre, en quelque sorte, la carrière du poëme
épique moderne; et comme, dans la suite de cette Histoire, je
traiterai la littérature italienne par genres, en même temps que par
ordre chronologique; je réserve le Morgante pour le placer en tête
de ce genre si riche et si varié.
Note 746: (retour) Carmen Bucolicon, Reggio, 1500, in-4.; Venise, 1528.
Ce sont huit Églogues latines en vers hexamètres, dédiées au duc
Hercule Ier.
Note 747: (retour) Sonetti e Canzoni, Reggio, 1499, in-4.; Venise, 1501,
in-4.
Un poëte qui paraît avoir suivi naturellement son goût pour cette
poésie bizarre et satirique, c'est Bernardo Bellincioni. Né à Florence,
il se fixa de bonne heure à la cour des ducs de Milan, et y mourut en
1491. Ses poésies furent imprimées deux ans après 749. Elles sont au
nombre de celles qui font autorité dans la langue; la malignité en fait
pourtant le principal mérite, et l'on ne doit pas y chercher, plus que
dans la plupart des poésies de ce temps, l'élégance et la pureté, qui
pourraient engager à les prendre pour modèles. Rien ne prouve
mieux la différence entre ce qui fait autorité et ce qui doit servir
d'exemple. On ne manquait pas alors de poëtes à grande réputation;
mais cette réputation manquait de véritables titres, et leur a peu
survécu. Francesco Cei, autre Florentin, qui florissait vers 1480, était
regardé comme l'égal de Pétrarque, et il se trouvait même de hardis
connaisseurs qui lui donnaient la préférence; mais, si l'on excepte
ses rimes anacréontiques, où il y a de la verve et une certaine
vivacité poétique, on cherche inutilement, dans tout le reste, ce qui
avait pu lui donner tant de renommée. Ce fut encore un autre
Pétrarque de ce temps que Gasparo Visconti, poëte milanais, mort
jeune, en 1499 750; mais il ne l'eût pas été du temps de Pétrarque ni
du nôtre. Il faut ranger à peu près dans la même classe Agostino
Staccoli d'Urbino, que le duc envoya, en 1485, en ambassade à
Innocent VIII; et dont ce pape fut si enchanté, qu'il le nomma son
secrétaire. Peut-être y a-t-il cependant plus de naturel et de
fécondité dans ses sentiments, plus de souplesse et de facilité dans
son style.
Note 749: (retour) Sonetti, Canzoni, Capitoli, Sestine et altre rime,
Milan, 1493, in-4. Cette première édition est fort rare, mais très-
incorrecte.
Note 752: (retour) Tiraboschi, Stor. della Letter. ital., t. VI, part. II, p.
156.
Gian Filoteo Achillini mérite d'être tiré de la foule, non pas qu'il ait eu
moins de défauts que les autres, mais parce qu'il les eut au contraire
d'une manière plus décidée, plus prononcée, et qui lui est plus
propre; en sorte que l'on peut croire qu'il les eut moins par imitation
que par la pente naturelle de son génie. Il était d'ailleurs
profondément versé dans le latin et dans le grec, dans la musique, la
philosophie, la théologie et les antiquités. Dans ses deux Poëmes
scientifiques et moraux, l'un intitulé Il Viridario, en octaves 755, et
l'autre Il Fedele, en terza rima 756, il a semé, sinon beaucoup de
poésie, du moins des preuves nombreuses de ses connaissances
étendues et d'une sorte de vigueur de tête qui était alors moins
commune que le brillant et le faux éclat.
Note 755: (retour) Canti IX, Bologne, 1513, in-4.
Note 756: (retour) Lib. V, Cantilene cento, Bologne, 1523, in-8. Ces
deux poëmes, qui n'ont point été réimprimés, sont fort rares.