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Francine Lussier

100 IDÉES
POUR MIEUX GÉRER
LES TROUBLES DE L’ATTENTION
PRÉFACE

PROLOGUE, PROLÉGOMÈNES, PRÉLIMINAIRES…

Chapitre I

POUR MIEUX CONNAÎTRE ET COMPRENDRE LE TDA/H

INTRODUCTION

Chapitre II

DES IDÉES POUR LES PARENTS

1 - RECONNAÎTRE LES SYMPTÔMES CHEZ SON ENFANT

2 - CONSULTER UNE PERSONNE COMPÉTENTE POUR POSER


UN BON DIAGNOSTIC

3 - DEMANDER QU’UN BILAN NEUROPSYCHOLOGIQUE SOIT


FAIT

4 - DÉMYSTIFIER LE TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE

5 - RÉVISER SES VALEURS

Î
6 - RECONNAÎTRE QU’ON N’EST PAS RESPONSABLE DES
SYMPTÔMES DE SON ENFANT

7 - SE RAPPELER QUE L’ENFANT N’EST PAS RESPONSABLE DE


SON SYNDROME

8 - SE RAPPELER QU’À SON ÂGE, IL N’A PAS LES MÊMES


CAPACITÉS DE RÉFLEXION QUE VOUS

9 - VIVRE AVEC LES PRÉJUGÉS DE L’ENTOURAGE

10 - S’ADAPTER AU HANDICAP DE SON ENFANT

11 - OSER DEMANDER DE L’AIDE

12 - PRENDRE SOIN DE SOI ET DE SON COUPLE

13 - EXPLIQUER À SON ENFANT CE QU’EST SON TDA/H

14 - MAINTENIR UN ENVIRONNEMENT CALME, STABLE,


ORDONNÉ, SANS TROP DE STIMULATION

15 - ÉTABLIR DES ROUTINES STABLES

16 - DONNER À SON ENFANT DES MODÈLES CONCRETS

17 - FAIRE AVEC SON ENFANT DES JEUX DE RÔLE

18 - AIDER SON ENFANT À S’ORGANISER

19 - FAVORISER UN TEMPS DE RÉFLEXION AVEC SON


ENFANT

20 - DISPENSER ENCOURAGEMENTS ET FÉLICITATIONS

21 - ÉTABLISSEZ UNE DISCIPLINE QUI TIENNE COMPTE DE


SES SYMPTÔMES

É
22 - MODIFIEZ OU AMÉNAGEZ L’ENVIRONNEMENT POUR
PALLIER LES MANIFESTATIONS DU TDA/H

23 - ÉTABLIR UN SYSTÈME D’ÉMULATION

24 - AFFICHER CLAIREMENT LA DURÉE D’UNE ACTIVITÉ OU


LA QUANTITÉ DE TRAVAIL À EXÉCUTER

25 - DÉVELOPPER UNE BONNE ESTIME DE SOI CHEZ SON


ENFANT

26 - AIDER SON ENFANT À SE DÉCOUVRIR UNE PASSION

27 - PRÉVENIR OU GÉRER LES CRISES ET L’OBSTINATION

28 - ASSURER UNE BONNE QUALITÉ DE VIE

29 - OPTIMISER L’ORGANISATION DES DEVOIRS

30 - UTILISER DES MOYENS TECHNIQUES QUI


CONVIENNENT À SON ENFANT

31 - OPTIMISER LES APPRENTISSAGES

32 - FAIRE INTERVENIR UNE TIERCE PERSONNE POUR


SURVEILLER LES DEVOIRS

33 - ÉTABLIR UNE BONNE COMMUNICATION AVEC L’ÉCOLE

34 - FOURNIR UNE AIDE SUPPLÉMENTAIRE POUR LES


APPRENTISSAGES

35 - PRÉPARER LA RENTRÉE DES CLASSES DURANT LES


VACANCES D’ÉTÉ

36 - ENSEIGNER CLAIREMENT À SON ENFANT LES RÈGLES DE


VIE EN SOCIÉTÉ

À À
37 - AIDER SON ENFANT À SE CONSTRUIRE ET À
CONSERVER SON CERCLE SOCIAL

38 - COMMENT INTERVENIR AURPÈS DE SON ADOLESCENT


QUI SOUFFRE DE TDA/H ?

39 - GARDER SON SANG-FROID

Chapitre III

DES IDÉES POUR L’ENSEIGNANT

40 - CONNAÎTRE LES SYMPTÔMES SPÉCIFIQUES DU TDA/H

41 - RECONNAÎTRE LE DÉFICIT D’ATTENTION CHEZ SON


ÉLÈVE

42 - RECONNAÎTRE L’IMPULSIVITÉ ET L’HYPERACTIVITÉ

43 - CONNAÎTRE LES AUTRES MANIFESTATION ASSOCIÉES


AU TDA/H

44 - SAVOIR QU’IL EXISTE UNE FORTE ASSOCIATION ENTRE


LES TROUBLES ANXIEUX ET LE TDA/H

45 - CONNAÎTRE LES EFFETS DU TDA/H SUR LE


FONCTIONNEMENT SCOLAIRE ET FAMILIAL

46 - ACCEPTER SON ÉLÈVE MALGRÉ SON HANDICAP

47 - MIEUX CONNAÎTRE LES CAPACITÉS ET LES LIMITES DE


SON ÉLÈVE

48 - MIEUX CONNAÎTRE SON ÉLÈVE EN DEHORS DU CADRE


SCOLAIRE

É
49 - ÉTABLIR UNE BONNE COMMUNICATION AVEC LES
PARENTS DE CET ÉLÈVE

50 - ÉTABLIR UNE BONNE COMMUNICATION AVEC CET


ÉLÈVE

51 - ÉTABLIR UN PLAN D’INTERVENTION

52 - ÊTRE PLUS TOLÉRANT AVEC L’ÉLÈVE SOUFFRANT DE


TDA/H

53 - ENCOURAGER SOUVENT SON ÉLÈVE

54 - COMMENT GÉRER SA CLASSE QUAND ON A UN ÉLÈVE


IMPULSIF HYPERACTIF ?

55 - AMÉNAGER LA CLASSE POUR DIMINUER LES SOURCES


DE DISTRACTION

56 - AMÉNAGER LA PÉDAGOGIE POUR FAVORISER


L’ATTENTION

57 - RECOURIR À L’INTERNET ET IDENTIFIER DES SITES QUI


FAVORISENT LES APPRENTISSAGES

58 - IDENTIFIER DES MOYENS PERMETTANT À L’ÉLÈVE


HYPERACTIF DE BOUGER

59 - GÉRER LES PROBLÈMES D’INHIBITION, D’IMPULSIVITÉ

60 - COMMENT L’AIDER QUAND IL NE SE CONTRÔLE PLUS ?

60 - COMMENT COMPENSER SON INCAPACITÉ À GÉRER


PLUSIEURS CHOSES À LA FOIS ?

62 - COMMENT AIDER SON ÉLÈVE À MIEUX PLANIFIER ET


ORGANISER SON TRAVAIL ?

É È À É
63 - ADIER SON ÉLÈVE À VÉRIFIER DE SES ERREURS

64 - AIDER SON ÉLÈVE À PRENDRE CONSCIENCE DE


L’IMPACT DE SES COMPORTEMENTS SUR AUTRUI

65 - POUR MIEUX GÉRER LES COMPORTEMENTS : UTILISEZ LA


FEUILLE DE ROUTE

66 - MODIFIER L’ENVIRONNEMENT OU LES RÈGLES DU JEU


POUR ÉVITER LES RISQUES DE RÉCIDIVE

67 - DONNER À L’ÉLÈVE UNE CHANCE DE SE METTRE EN


VALEUR

Chapitre IV

DES IDÉES POUR LE JEUNE

68 - PRENDS CONSCIENCE DE TON TDA/H

69 - ACCEPTE L’AIDE DE TES PARENTS ET DE TES


PROFESSEURS

70 - ACCEPTE DE PRENDRE TA MÉDICATION SI LE MÉDECIN


LA RECOMMANDE

71 - REFUSE DE TE SERVIR DE TON TDA/H

72 - RÉPONDS TOUT DE SUITE AUX DEMANDES QUI TE


SONT FAITES

73 - ASTREINS-TOI À FAIRE UNE SEULE CHOSE À LA FOIS

74 - DONNE-TOI DES PENSE-BÊTES

75 - FAVORISE DE BONNES CONDITIONS DE TRAVAIL

76 - LIMITE LES SOURCES DE DISTRACTION


ÀÉ É
77 - APPRENDS À ÉVALUER LE TEMPS RÉEL

78 - PRENDS CONSCIENCE DE TON ÉTAT AU FIL DU TEMPS

79 - CRÉE-TOI DES ROUTINES

80 - FAIS-TOI UNE LISTE 80

81 - UTILISE UN AGENDA

82 - CONSTRUIS-TOI UN HORAIRE DE TRAVAIL ET


D’ACTIVITÉS

83 - ÉVITE DE REMETTRE À PLUS TARD…

84 - ORGANISE TON ESPACE

85 - POUR MIEUX ORGANISER TON ESPACE DE TRAVAIL

86 - DONNE-TOI DES STRATÉGIES POUR APPRENDRE

87 - POUR AMÉLIORER TA MÉMOIRE À COURT TERME

88 - DONNE-TOI UNE MÉTHODE DE TRAVAIL

89 - PENSE À T’AUTOCORRIGER

90 - CONTRÔLER TON IMPULSIVITÉ

91 - MIEUX CONTRÔLER TA PATIENCE

92 - MIEUX CONTRÔLER TES ÉMOTIONS À LA MAISON

93 - QUE FAIRE QUAND TU AS PERDU LE NORD, QUAND TU


AS DISJONCTÉ À L’ÉCOLE ?

94 - POUR MIEUX CONTRÔLER TON HYPERACTIVITÉ

Ô
95 - POUR MIEUX CONTRÔLER TA « BOUGEOTTE » EN
CLASSE

96 - TROUVE-TOI DES ACTIVITÉS QUI PEUVENT T’AIDER À


MIEUX CANALISER TON ÉNERGIE

97 - APPRENDS À RESPECTER LES AUTRES

98 - TROUVE-TOI UN BON CAMARADE EN QUI TU AS


PARFAITEMENT CONFIANCE

99 - UTILISE TA CRÉATIVITÉ POUR TROUVER DES


SOLUTIONS

100 - AIE CONFIANCE EN TOI, L’AVENIR T’APPARTIENT

BIBLIOGRAPHIE

DES AMÉNAGEMENTS DE LA SCOLARITÉ EN FRANCE

ET CHEZ LE MÊME ÉDITEUR…

COPYRIGHT
Il dit non avec la tête

Mais il dit oui avec le cœur

Il dit oui à ce qu’il aime

Il dit non au professeur

Il est debout

On le questionne

Et tous les problèmes sont posés

Soudain le fou rire le prend

Et il efface tout

Les chiffres et les mots

Les dates et les noms

Les phrases et les pièges

Et malgré les menaces du maître

Sous les huées des enfants prodiges

Avec des craies de toutes les couleurs

Sur le tableau noir du malheur

Il dessine le visage du bonheur.

Jacques Prévert, adolescent turbulent, a si bien mis en poésie le

point de vue du « cancre », qu’on peut se demander s’il n’était pas lui-

même victime d’un soupçon d’hyperactivité. Ce révolté sort de l’école

à quinze ans et prend le chemin de fer de la vie avec un simple

certificat d’études. Il rejoindra les surréalistes, écrira de multiples


ouvrages cinématographiques, poétiques et littéraires, dont ses Contes

pour enfants pas sages et verra, au final, comme un pied de nez, son

nom donné à de nombreuses institutions scolaires.

Bruyant, bouillonnant, brise-tout, chahuteur, diable, dissipé,

emporté, excité, échevelé, effervescent, effréné, énervé, fébrile,

frénétique, grouillant (au Québec), hystérique, impatient, maladroit,

mouvementé, passionné, remuant, trépidant, tumultueux, tapageur,

turbulent, tannant (au Québec), et aussi nerveux, angoissé, anxieux,

tourmenté, tracassé, troublé, émotif, violent..., les parents et les

enseignants épuisés n’ont pas assez de mots pour décrire cet enfant

inattentif et hyperactif si attachant, surtout quand il dort. L’éduquer,

l’élever, lui donner un enseignement, l’accompagner avec

bienveillance, sont des tâches particulièrement délicates à mettre en

œuvre pour l’amener à devenir un adulte intégré dans la société.

Les manifestations du syndrome du déficit d’attention/

hyperactivité sont multiples, inconstantes, imprévisibles, et rarement

isolées. Les difficultés d’apprentissage et/ou les troubles de l’humeur

leurs sont fréquemment associés. Le développement intellectuel et la

construction psychique de l’enfant peuvent s’en trouver gravement

perturbés lorsque le trouble est négligé ou ignoré. « Si l’on guérit de la

cancrerie, on ne cicatrise jamais tout à fait des blessures qu’elle nous

infligea », écrit, d’expérience, Daniel Pennac dans Chagrin d’école

(2007). Après l’indispensable diagnostic, le traitement du TDA/H

demeure le fait d’un travail acharné et du dévouement de tout

l’entourage de l’enfant. Il n’y a pas de solution facile, pas de solution

toute faite qui permettent de gérer ces déficits, que ce soit en classe ou

à la maison. Tout dépend des connaissances du problème, de la

tolérance, de l’adaptation, de la persévérance, et de la collaboration

entre l’enfant, l’école, les professionnels de santé et la famille.

Face à ces troubles, le pragmatisme de nos amis canadiens est

connu et depuis longtemps apprécié. Francine Lussier s’inscrit dans

cette tradition en offrant à l’enfant hyperactif, à sa famille et à ses


éducateurs ces 100 Idées, qui devraient être une aide pour permettre

de gérer, contourner, s’adapter au mieux aux difficultés qui naissent de

ces symptômes. Ces « trucs » sont le fruit d’une longue expérience

auprès des enfants à besoins particuliers. Après avoir travaillé une

quinzaine d’années dans l’enseignement élémentaire et secondaire, elle

s’est engagée dans la neuropsychologie et s’est forgée une belle

expérience à l’hôpital Sainte-Justine. Francine Lussier exerce

aujourd’hui son art de neuropsychologue spécialisée en pédiatrie dans

le Centre d’Évaluation Neuropsychologique et d’Orientation

Pédagogique FL (CÉNOP-FL) qu’elle a fondé en 1993 à Montréal.

Je ne sais pas si Francine était, à la manière de Prévert, une jeune

femme turbulente, mais son « hyperactivité » actuelle, qui se distribue

entre les consultations, les formations, les congrès, la construction de

tests, l’écriture d’ouvrages, la vie de famille, la musique, les voyages, ...

ne peut qu’être saluée par tous.

Bons vents pour ces « Idées », avec toute mon amitié.

Marie-Hélène Marchand

Neuropsychologue
Francine Lussier détient une Maîtrise en Éducation et une Maîtrise

en Psychologie de l’Université du Québec à Montréal ; elle a obtenu son

Doctorat en Neuropsychologie de l‘Université de Montréal. Sa thèse

portait sur l’hypothèse d’un dysfonctionnement frontal chez les enfants

atteints du syndrome de Tourette.

Elle a d’abord œuvré quinze ans dans le milieu scolaire comme

enseignante au secondaire puis au primaire . Elle y avait entre autres

élaboré un système d’enseignement personnalisé auprès d’enfants du

régulier et d’enfants en difficultés d’apprentissage et de comportement.

Elle a, par la suite, travaillé en tant que neuropsychologue clinicienne

à l’Hôpital Ste-Justine durant quinze ans comme consultante à la

Clinique de Développement, au Service de Neurologie et au Département

de Psychiatrie .

Elle a été chargée du cours de neuropsychologie de l’enfant et de

formation clinique à l’Université de Montréal durant 10 ans. Elle a

publié entre autres un livre sur la neuropsychologie de l’enfant en 2001,

réédité en 2009.

Elle a fondé le Centre d’Évaluation Neuropsychologique et

d’Orientation Pédagogique (CÉNOP) en 1994 puis, en 2001, elle ouvre

le Centre de Rééducation d’Approche Neuropsychologique (CRAN) qui

offre des services personnalisés (orthopédagogie, orthophonie,

neuropsychologie, psychologie et psycho-éducation) aux enfants et

adolescents en souffrance psychologique ou en difficultés d’apprentissage et

de comportement. Elle a élaboré un programme d’intervention pour

développer l’attention et la métacognition (PIDAM) présenté aux enfants

É
sous forme d’ateliers de jeux. C’est elle qui assure la direction du CÉNOP

et du CRAN.
Quand j’étais enfant, le diagnostic d’hyperactivité n’existait pas.

Par contre, on trouvait des enfants turbulents, des enfants étourdis,

des têtes de linotte comme je me rappelle avoir été souvent nommée.

Je me souviens aussi avoir été à contre-courant, en marge des autres,

sans jamais trop savoir pourquoi. Quand on se baignait à la mer, par

exemple, j’entends encore mes parents me dire « Pourquoi faut-il que

tu ailles toujours trop loin ? » Mais c’est où trop loin ? « Il ne faut pas

que tu dépasses Lise, elle, elle est raisonnable », disaient-ils. Dans ma

tête à moi, c’était plutôt parce qu’elle était peureuse, mais à partir de

ce moment, je savais où, pour mes parents, c’était trop loin. Mon

univers a été marqué par le trop : trop tard, trop loin, trop vite, trop

fort. « Tu cries trop, tu parles trop »…

À l’école aussi ça n’allait pas comme Lise, qui était première de sa

classe et toujours dans les petits papiers des religieuses. Une fois, alors

que la mère supérieure nous remettait nos bulletins, j’ai dû dire une

bêtise. La sœur m’a alors dit de tourner ma langue sept fois avant de

dire des sornettes, ce que je fis bien sûr avec grande démonstration,

pour qu’elle voie bien que je tournais ma langue comme il faut.

Combien de fois me suis-je fait mettre au coin, je ne me le rappelle

pas bien, mais sûrement un très grand nombre. Dans mes bulletins,

e e e
j’étais tantôt 2 , tantôt 35 , tantôt 18 , bref on ne pouvait ni dire si

j’étais bonne, ni si j’étais médiocre, tant je surprenais les professeurs et

mes parents avec mes notes variées.


Je me souviens, au lycée, avoir été exclue de l’équipe de basket par

la mère supérieure, pour me « mettre du plomb dans la tête », me faire

réfléchir, m’amener à prendre mes études plus au sérieux.

Catastrophée, j’ai couru voir mon professeur d’éducation physique

qui me prit sous son aile (elle avait besoin de moi en défense pour

assurer la victoire de l’école) et alla plaider ma cause auprès de la mère

supérieure. J’ai été réintégrée dans l’équipe, à condition de tout mettre

en œuvre pour réussir en mathématiques, matière que j’avais

commencé à négliger. Je m’en suis sortie avec une très bonne note.

Ah ! La motivation, ce que ça peut faire ! Ça ne m’a pourtant pas

guérie définitivement puisque j’ai continué à avoir de grandes

variations dans mes notes, quelle que soit la matière.

Mon parcours a donc été plutôt chaotique au niveau des résultats

scolaires jusqu’à la fin de mon cours classique vers 18-19 ans. À cet

âge, j’avais enfin, semble-t-il, développé des stratégies pour réussir.

Mais je me souviens aussi qu’il m’a fallu travailler plus fort que les

autres pour avoir les meilleures notes, passer le baccalauréat, avoir la

maîtrise, puis un doctorat. Heureusement, j’étais passionnée... Encore

une fois, c’est le « trop » qui gérait mes apprentissages, mais c’est aussi

la motivation qui me faisait maintenir le cap.

Aujourd’hui encore, les gens qui me côtoient savent que j’ai trop

de choses dans la tête et que je n’arrive pas toujours à maintenir le fil

de ce qu’ils me disent parce qu’une idée qu’ils émettent en suscite

mille dans ma cervelle et m’amène loin de la conversation qu’on

tenait. Pourtant, malgré cela, j’ai réussi à compléter des études

supérieures, à élever trois enfants, à diriger une clinique et à mener

plusieurs projets à la fois.

C’est sans doute en revoyant mon propre parcours que je me suis

plus particulièrement attachée à ces enfants qui bougent trop, qui

oublient tout, et qui se retrouvent le plus souvent en marge des autres.

Et c’est sans doute pour la même raison que j’ai accepté de mettre par

écrit 100 idées qui pourront, je l’espère, aider l’enfant ou l’adolescent


qui souffre de TDA/H, et même l’adulte (parent ou professeur) qui

s’occupe de lui.
INTRODUCTION

Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité

(TDA/H) représente un des motifs de consultation clinique les plus

courants. Le TDA/H est un syndrome développemental d’origine

neurologique qui apparaît avant l’âge de 7 ans, et se manifeste par des

symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité quasi

permanents. On estime qu’en France 5 % environ des enfants sont

concernés par ce syndrome. Les conséquences du TDA/H sur les

comportements, les fonctions cognitives ou le rendement académique

et les relations sociales sont largement documentées. Les moteurs de

recherche ne répertoriaient pas moins de 6 500 articles scientifiques

sur ce sujet pour la seule année 2009, sans compter toutes les entrées

que peut générer ce mot sur Internet. Bien que la recrudescence des

cas de TDA/H observés au cours des dernières décennies puisse être

un phénomène de société ainsi que le prétendent certains auteurs,

l’ampleur du problème, notamment sa chronicité (66 % des enfants

avec un TDAH continuent de présenter des difficultés d’adaptation à

l’âge adulte) justifie amplement les efforts dévolus à la compréhension

et au traitement de ce syndrome.

Les manifestations cliniques du TDA/H

Le DSM-IV, manuel qui décrit les principaux symptômes des

troubles dits psychiatriques, définit le TDA/H comme un mode

persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité, plus fréquent

et plus sévère que ce qu’on observe habituellement chez des sujets

d’un niveau de développement similaire. La présence excessive de

comportements d’inattention et d’hyperactivité-impulsivité, ou les

deux, donne lieu à trois types de diagnostics : le type inattention

prédominante, le type hyperactivité-impulsivité et le type mixte qui

inclut les deux premiers. Le DSM-IV définit un certain nombre de

critères généraux qui doivent être présents depuis au moins six mois

pour identifier chacun des sous-types de TDA/H.


L’inattentif ne parvient pas à prêter attention aux détails ou fait des

fautes d’étourderie ; il a souvent du mal à soutenir son attention.

L’enfant inattentif semble souvent ne pas écouter ; il ne se conforme

pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ses devoirs

scolaires ; il a souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités.

Il évite les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu ; il perd

souvent les objets nécessaires à son travail ; il se laisse facilement

distraire par des stimuli externes ; il a des oublis fréquents dans la vie

quotidienne.

L’enfant hyperactif remue souvent les mains ou les pieds ou se

tortille sur son siège ; il se lève souvent en classe ou dans d’autres

situations. Il court ou grimpe partout ; il a du mal à se tenir tranquille

dans les jeux ; il est souvent « sur la brèche » ou agit comme s’il était

« monté sur ressorts » ; il parle excessivement. L’enfant impulsif laisse

souvent échapper la réponse à une question qui n’est pas encore

posée ; il a du mal à attendre son tour ; il interrompt souvent les autres

ou impose sa présence.

Pour que le diagnostic soit posé, le DSM VI exige aussi la présence

d’un certain degré de gêne fonctionnelle liée aux symptômes dans au

moins deux types d’environnement différents (par exemple, à l’école

et à la maison) qui doivent altérer significativement le fonctionnement

social, scolaire ou professionnel. De plus, les symptômes ne doivent

pas résulter d’un autre trouble développemental ou d’une autre

maladie psychiatrique.

On observe plusieurs différences significatives entre les différents

types de TDA/H sur des variables comme le sexe, les difficultés

scolaires ou sociales et les comorbidités. Ainsi, l’inattention affecterait

davantage les filles, c’est pourquoi celles-ci sont souvent plus difficiles

à diagnostiquer, leurs symptômes étant moins dérangeants. Par

ailleurs, les difficultés scolaires se retrouvent davantage chez les

enfants qui présentent des symptômes d’inattention. Les troubles de

comportement, comme l’opposition et l’agressivité, se retrouvent

surtout chez les enfants où le niveau d’hyperactivité-impulsivité est

élevé.

Les causes du TDA/H


Bien qu’on n’ait encore retrouvé aucun marqueur biologique

spécifique (identifiable par une prise de sang, un prélèvement d’urine,

une technique neuroradiologique…), la recherche scientifique

démontre que les causes les plus fréquentes du TDA/H sont d’ordre

neurobiologique et génétique. Plusieurs hypothèses ont été avancées

pour expliquer la présence de TDA/H : hypothèses biochimiques

(déséquilibre des neurotransmetteurs), hypothèses métaboliques (sous-

activation corticale ou dysfonction des structures sous-corticales),

hypothèses physiologiques (altération du contrôle inhibiteur du cortex

frontal ou délai de maturation des lobes frontaux). Outre le fait que le

TDA/H est un trouble d’origine organique, l’hérédité constitue la

cause la plus fréquente du TDAH. L’incidence élevée du trouble dans

une même famille est connue et les études menées sur les vrais

jumeaux démontrent l’influence de l’hérédité sur les symptômes

d’hyperactivité-impulsivité.

D’autres causes peuvent expliquer le TDA/H et entraîner

l’apparition des symptômes. Certains cas sont le résultat d’une atteinte

subie par le cerveau en période prénatale (exposition à l’alcool ou à

des drogues, par exemple) ou de dommages cérébraux postnataux

(infection, traumatisme crânien, manque d’oxygène à la naissance…).

Même s’ils peuvent intensifier le syndrome ou contribuer à sa

persistance, les facteurs sociaux ne peuvent être retenus comme une

cause du TDAH. Les facteurs environnementaux, bien qu’ils ne

causent pas le TDAH, peuvent précipiter ou aggraver les symptômes.

Le traitement du TDA/H

Reconnaître que le TDA/H relève d’un trouble neurobiologique et

qu’il est héréditaire, c’est aussi reconnaître que la personne qui en est

atteinte ne peut être blâmée pour ses symptômes et qu’elle nécessite

une aide afin de mieux en contrôler les inconforts, pour elle et pour

les autres.

L’efficacité largement documentée de la pharmacothérapie

constitue la principale justification à sa fréquente utilisation. Plusieurs

études scientifiques justifient le recours à la médication puisque celle-

ci diminue, de manière significative, les symptômes reliés au TDA/H.

Les résultats d’une récente méta-analyse suggèrent même que l’ajout


d’une intervention psychosociale à une intervention pharmacologique

ajouterait peu à la réduction des symptômes liés au TDA/H. De plus,

la littérature scientifique démontre clairement que la

pharmacothérapie n’améliore pas seulement les comportements

problématiques liés au TDA/H, mais également l’estime de soi,

l’apprentissage et le fonctionnement général.

Malgré l’importance accordée à la pharmacothérapie, les

interventions psychologiques ou psychosociales ont leur place parce

qu’elles créent des habitudes de vie qui perdureront au-delà du

traitement médical et sont indéniablement souhaitables pour améliorer

non seulement la qualité de vie des personnes qui ont un TDA/H, mais

également celle des personnes de leur entourage. Elles permettent

entre autres de développer des attitudes et des interventions qui

favorisent une meilleure gestion des symptômes, d’améliorer la qualité

des relations sociales et même les problèmes associés (opposition,

anxiété, problèmes d’apprentissage). Les interventions psychosociales

ne visent pas directement à réduire l’hyperactivité ou l’impulsivité,

mais plutôt à faciliter l’adaptation du jeune dans diverses facettes de

son quotidien. L’observation de déficits cognitifs associés au trouble a

également conduit à intervenir de façon spécifique auprès des jeunes

atteints par ce syndrome, afin de mettre en place de meilleures

conditions pour faciliter les apprentissages. C’est dans ces perspectives

que sont proposées ici des idées pour améliorer le vécu des parents et

des personnes intervenant auprès des enfants ayant un TDA/H, mais

aussi pour aider ces jeunes à mieux vivre avec leur syndrome.
IDÉE

1
RECONNAÎTRE LES SYMPTÔMES CHEZ SON
ENFANT

Quand un enfant présente de l’agitation, de l’impulsivité, des

problèmes d’inattention, on se demande toujours un peu pourquoi il

est comme ça. Très souvent, on attribue en premier lieu ses problèmes

de comportement à son fichu caractère, puis rapidement, on se blâme.

Quand, en plus, l’école ne parvient pas davantage à gérer les

comportements de votre enfant et vous en attribue aussi la

responsabilité alors que vous faites tout pour bien l’encadrer, vous

devez vous questionner sur les causes de ces comportements.

Voici quelques symptômes qui vous orienteront si vous croyez que

votre enfant présente un problème neurologique. Si vous observez six

des neuf manifestations suivantes et si ces symptômes sont présents

depuis plus de six mois, il y a lieu de consulter (voir l’Idée 2).

Symptômes d’inattention

Évite, exprime de la réticence ou de la difficulté à faire les tâches

qui exigent un effort mental soutenu (par exemple, les devoirs et

autres travaux scolaires).

A de la difficulté à se concentrer sur des tâches ou des activités de

jeu.

Ne semble pas écouter ce qu’on lui dit.

Ne suit pas les instructions jusqu’au bout et ne termine pas ses

devoirs scolaires, travaux ou autres tâches (non pas en raison d’un

comportement oppositionnel ou d’un défaut de compréhension

des instructions).

A des difficultés à organiser ses tâches ou ses activités.

N’a pas le souci du détail, fait des fautes d’inattention dans ses

devoirs scolaires ou autres activités.


Oublie facilement ses activités quotidiennes.

Égare les affaires nécessaires pour ses devoirs, tâches ou activités

diverses (par exemple, sa trousse, son carnet de notes, ses livres,

ses jouets, …).

Est facilement distrait(e) par ce qui se passe autour de lui/d’elle.

Symptômes d’hyperactivité ou d’impulsivité

Ne s’arrête jamais, agit comme propulsé(e) par un moteur.

Court, grimpe (aux arbres, sur les chaises, etc.) dans des

circonstances ou des lieux inappropriés.

Parle excessivement.

A de la difficulté rester à sa place dans une queue, ou à attendre

son tour (dans un jeu, un groupe…).

Interrompt les autres, ou s’incruste dans une conversation, dans

un jeu.

Se tortille, tripote ses mains, agite ses pieds, se trémousse sur son

siège.

A de la difficulté à jouer tranquillement, ou à s’engager

calmement dans une activité de loisir.

Se lève de sa chaise, en classe ou dans d’autres occasions où on

attend de lui qu’il reste assis.

Répond avant qu’on ait fini de poser les questions.


IDÉE

2
CONSULTER UNE PERSONNE COMPÉTENTE POUR
POSER UN BON DIAGNOSTIC

Vivre avec un enfant hyperactif n’est pas une chose aisée pour les

parents, principalement lorsque ce trouble n’est pas encore

diagnostiqué. Les premières manifestations apparaissent tôt durant la

petite enfance et les parents trouvent d’abord toutes sortes

d’explications pour les justifier : c’est sa « période du non », c’est le

« terrible 2 ans » qui se prolonge. À l’école, comme à la maison,

l’enfant bouge tout le temps, il n’écoute pas ce qu’on lui demande, il

ne respecte pas les consignes simples, il ignore les règles de

bienséance ; encore pire, il recommence, même après avoir subi

plusieurs fois les conséquences de ses comportements dérangeants ; il

n’apprend pas de ses erreurs. Aucune intervention ne semble avoir de

prise définitive sur ses comportements.

Les premières consultations auprès des proches donnent lieu à des

conseils bien souvent contradictoires. « Tu es trop sévère avec lui »,

« Laisse-le un peu tranquille » ; « Tu es trop permissive », « Prends-le

un peu en main » ; « Ça va passer », « C’est l’âge », etc.

Quand il se retrouve avec des étrangers, le jeune est rapidement

étiqueté « enfant mal élevé ». Les parents ne savent plus quoi faire

avec leur enfant pour apaiser les critiques qui fusent de toutes parts. Il

faut alors consulter. C’est le médecin qui posera le diagnostic final et

proposera éventuellement une médication, mais d’autres

professionnels de santé peuvent éclairer le médecin sur les symptômes

qu’ils observent et permettent de confirmer ce que les parents eux-

mêmes ont remarqué depuis longtemps. Même si les enfants ayant un

TDA/H présentent un certain nombre de symptômes typiques, ces

professionnels pourront, avec vous, cibler les principales

caractéristiques spécifiques de votre enfant, celles qui sont les plus

handicapantes pour lui, et les comportements qui gênent le plus son


adaptation dans son milieu scolaire et familial. Ils pourront ensuite

vous guider pour mieux gérer les situations conflictuelles.


IDÉE

3
DEMANDER QU’UN BILAN
NEUROPSYCHOLOGIQUE SOIT FAIT

On évalue la prévalence des troubles d’apprentissage reliés à une

problématique neurologique ou neuro-dévelop– pementale à

environ 10 à 15 % des enfants d’âge scolaire. Le déficit de l’attention

est la cause la plus fréquente de ces difficultés scolaires. Par ailleurs,

le déficit d’attention peut parfois s’accompagner d’un trouble

spécifique d’appren– tissage ou, au contraire, il peut être sous-estimé

parce que non diagnostiqué ; les difficultés sérieuses en lecture et en

orthographe ou des erreurs fréquentes en calcul sont alors interprétées

à tort comme une dyslexie, une dysorthographie ou une dyscalculie.

Si l’enfant est en difficulté scolaire, il est donc important d’en

comprendre la cause réelle pour identifier les meilleures interventions

pédagogiques à privilégier.

Les processus cognitifs impliqués dans tout apprentissage

intéressent le neuropsychologue en pédiatrie. Celui-ci pourra poser un

diagnostic des difficultés ou des troubles d’apprentissage au moyen

d’une panoplie de tests et par ses observations sur la façon dont

l’enfant y réagit. Chez l’enfant en difficulté ou en trouble

d’apprentissage, on suppose qu’une ou plusieurs voies d’accès à

l’information sont affectées alors que d’autres sont intactes. Le rôle du

neuropsychologue consiste donc à identifier le plus clairement

possible les processus cognitifs en jeu afin d’identifier les interventions

orthopédagogiques les plus pertinentes pour compenser ou contourner

les difficultés de l’enfant. Le neuropsychologue pourra également

estimer la sévérité du déficit d’attention et de l’impulsivité ou même

vérifier, le cas échéant, l’efficacité d’une médication sur le déficit

d’attention. Récemment, la neuropsychologie a en outre développé


des approches rééducatives, qui tiennent compte des déficits cognitifs

spécifiques des enfants en trouble d’apprentissage.

Comme le neuropsychologue dresse un portrait le plus exhaustif

possible des forces et des lacunes de l’enfant, les intervenants (parents

et enseignants) peuvent avoir des attentes plus réalistes, ce qui favorise

généralement une meilleure réaction de l’enfant face à ses

apprentissages. Il en résulte fréquemment une diminution de l’anxiété

et une restauration de l’estime de soi chez l’enfant qui se sent accepté

dans sa différence et soutenu dans ses efforts.


IDÉE

4
DÉMYSTIFIER LE TRAITEMENT
PHARMACOLOGIQUE

Puisque le TDA/H relève de facteurs neurochimiques, les

manifestations des symptômes ne résultent donc pas de prétendus

caprices ou de la personnalité de l’enfant, pas plus que d’une

mauvaise éducation. Depuis maintenant un grand nombre d’années,

on parvient à diminuer jusqu’à 80 % des symptômes avec une

médication appropriée. Le phénomène est plus répandu en Amérique

qu’en Europe, mais de plus en plus de médecins traitent ainsi les

enfants en France. Il existe aujourd’hui plusieurs formes

médicamenteuses pour traiter le TDA/H. Il n’est pas de notre

responsabilité ici de considérer chacune d’elles. On doit pour cela

consulter son médecin. Cependant, notre expérience clinique nous a

largement démontré les bienfaits de la médication, tant pour l’enfant

lui-même que pour sa famille, ses amis et ses professeurs, avec qui il

peut mieux interagir et aussi en regard des apprentissages scolaires

qu’il appréhende avec plus de facilité.

Malgré la réponse favorable de la médication, celle-ci ne constitue

pas la panacée et des interventions multimodales sont essentielles

pour encadrer l’enfant porteur d’un TDA/H. Rappelons toutefois

l’expérience de l’équipe de Lily Hechtman, pédopsychiatre

québécoise, qui a publié il y a quelques années une étude

longitudinale portant sur le traitement à long terme d’enfants ayant un

TDA/H. Trois groupes d’enfants (disons A, B et C) présentant tous un

tableau de TDA/H, ont été soumis à trois types de traitements. Le

groupe A ne recevait que la médication ; le groupe B recevait la

médication et de l’information pour mieux comprendre le TDA/H ; les

parents du groupe C participaient à un programme sur les habilités

parentales, et les enfants du même groupe recevaient non seulement


la médication et de l’information pour mieux comprendre le TDA/H,

mais bénéficiaient en outre d’un programme pour les aider à mieux

gérer leurs comportements. Dans tous les groupes, la médication avait

été donnée dès le début de l’expérimentation, puis, à l’aide de

questionnaires adressés aux parents, une amélioration immédiate et

substantielle avait été remarquée également dans chacun des groupes

dès la prise de médication. Ensuite, l’information sur le TDA/H a été

donnée aux groupes B et C, puis les programmes conjoints sur les

habilités parentales et sur la gestion des comportements auprès des

enfants ont débuté pour le groupe C et ont été poursuivis

durant 16 semaines. À la fin des 16 semaines, on s’attendait à voir une

plus grande amélioration dans le groupe C, puis, à un moindre degré,

dans le groupe B, comparativement au groupe A, qui n’avait reçu que

la médication. À la surprise des chercheurs, on n’a noté aucune

différence significative entre les trois groupes, démontrant ainsi que la

médication expliquait à elle seule l’amélioration spectaculaire des

comportements chez les enfants.

Même si, comme le suggère cette étude, la médication semble

pallier à elle seule les manifestations du TDA/H, des programmes

d’intervention restent nécessaires et indispensables pour aider le jeune

à développer des compétences qui seront efficaces à plus long terme.

En effet, les bénéfices de la médication sont immédiatement

interrompus dès que celle-ci s’arrête. Par contre, les stratégies de

compensation apprises durant l’entraînement pourront durer même

après l’arrêt de la médication.


IDÉE

5
RÉVISER SES VALEURS

Aucun parent ne souhaite administrer une médication à son

enfant. Même informé de l’efficacité du traitement pharmacologique,

les parents demandent toujours spontanément comment aider

autrement l’enfant pour pallier les difficultés découlant du TDA/H.

Pour certains enfants, les suggestions proposées dans ce guide

des 100 Idées pour gérer le trouble de l’attention peuvent se révéler

adéquates pour améliorer grandement la condition de l’enfant en

classe et à la maison et permettre ainsi une vie harmonieuse malgré le

déficit d’attention, l’impulsivité ou l’hyperactivité. Par contre, pour

d’autres enfants, dont le TDA/H est plus sévère, elles seront nettement

insuffisantes pour compenser les déficits.

Quand, malgré toute l’énergie déployée, l’enfant continue à vivre

des échecs, du rejet par ses camarades, une perte d’estime de soi en

raison des réprobations constantes de la part des intervenants

scolaires, on doit s’interroger sur les valeurs qui sous-tendent le refus

de le médicamenter. On peut vouloir éviter la voie de la facilité en

refusant la médication, on peut vouloir développer en lui des attitudes

qui persisteront toute sa vie, on peut considérer que s’appuyer sur la

médication est un renoncement à l’effort, on peut refuser de donner la

médication parce qu’elle constitue une béquille, on peut aussi voir la

médication comme une drogue qui risque d’aliéner l’enfant ou

l’adolescent. En contrepartie, il faudra aussi s’interroger sur les

conséquences que le refus de la médication peut avoir sur le devenir

de son enfant.

Des études américaines révèlent qu’un fort pourcentage d’enfants

souffrant d’un TDA/H non traité aura plus tard affaire à la justice.

Plusieurs d’entre eux seront aux prises avec des problèmes de

délinquance ou de toxicomanie. L’enfant ou l’adolescent qui se sent

constamment rejeté à cause de ses symptômes recherchera la


présence de ceux qui l’accepteront inconditionnellement parce qu’ils

pourront éventuellement l’exploiter. L’adolescent qui n’est pas

médicamenté convenablement cherchera à s’auto-médicamenter en

absorbant des substances qui le déstresseront de ses symptômes. Se

posera alors la question de sa propre échelle de valeurs : « Est-ce que

mes craintes ou mes préjugés vis-à-vis de la médication sont plus

importants que la perspective de voir un jour mon enfant s’orienter

vers la délinquance ? ». C’est pourquoi il faut intervenir en bas âge

afin de prévenir ou de limiter au mieux les éventuelles déviances.


IDÉE

6
RECONNAÎTRE QU’ON N’EST PAS RESPONSABLE
DES SYMPTÔMES DE SON ENFANT

Parce que l’enfant ayant un TDA/H présente davantage de

comportements impulsifs, parce qu’il est agité dans des lieux où il

faudrait qu’il se tienne tranquille, parce qu’il ne semble pas obéir ou

répondre aux demandes ou exigences formulées par les adultes, parce

qu’il a un plus faible seuil de tolérance à la frustration, parce qu’il est

davantage porté à défier l’autorité, parce qu’il vit davantage de conflits

avec ses camarades ou avec sa fratrie, parce qu’il est souvent moins

autonome dans ses jeux et réclame davantage la participation de ses

parents, parce qu’il demande beaucoup plus d’interventions de la part

de l’adulte pour le contenir, il épuise les parents qui, continuellement,

sont amenés à s’interroger sur la meilleure façon d’agir avec leur

enfant. Et ce dernier y réagit infailliblement avec les mêmes

comportements, tout simplement parce que ceux-ci constituent

précisément les symptômes du trouble dont il est atteint.

Souvent, les parents sont portés à des interventions marquées par

l’impatience, à utiliser des méthodes plus coercitives en raison des

« désobéissances chroniques » de l’enfant affecté par un TDA/H et

souvent… le climat familial se dégrade. Les parents témoignent plus

souvent être stressés par le défi que pose l’éducation d’un enfant ayant

un TDA/H et, bien qu’ils s’investissent souvent davantage que d’autres

dans l’éducation de leur enfant, ils se perçoivent comme moins

compétents, ils se dévalorisent dans leur rôle parental, ils s’attribuent

l’échec des relations de l’enfant, même en dehors du cercle familial.

Barkley rapporte que les parents d’enfant ayant un TDA/H donnent

plus de directives, désapprouvent plus souvent le comportement de

l’enfant, ont recours à des châtiments corporels plus fréquemment,

gèrent moins efficacement les comportements de leur enfant et sont

plus négatifs envers lui. Ce genre d’interventions n’est pas sans avoir
d’impact sur l’évolution et la qualité de leur relation avec leur enfant,

et risque davantage d’entraîner des inadaptations sociales déjà

suffisamment compromises du fait de cet état neurologique.

Ce cercle vicieux peut cependant être brisé. Quand, épuisés, les

parents finissent par consulter (voir l’Idée 2) et même, répondant à la

suggestion du médecin, acceptent d’apporter un support

pharmacologique à leur enfant (voir l’Idée 4), les comportements de

l’enfant s’améliorent et, en conséquence, les interventions parentales

négatives ou délétères se font plus rares. Les parents qui comprennent

mieux le TDA/H et ses conséquences ont des attentes plus réalistes

face à leur enfant, ce qui épargne un stress à ce dernier.


IDÉE

7
SE RAPPELER QUE L’ENFANT N’EST PAS
RESPONSABLE DE SON SYNDROME

Puisqu’il s’agit d’un syndrome neurologique, l’enfant souffre autant

que ses parents de ne pas pouvoir répondre à leurs attentes. Pas plus

qu’il ne nous viendrait à l’idée de condamner une personne qui a une

crise d’épilepsie, on ne peut blâmer un enfant pour son TDA/H.

Comme pour l’épilepsie, on acceptera plus facilement un traitement

pharmacologique qui peut atténuer l’inconfort des symptômes.

Par ailleurs, nos interventions devraient toujours tenir compte du

fait que l’enfant est incapable de se plier longtemps aux consignes qui

visent l’arrêt des symptômes liés à son TDA/H : « arrête de bouger »,

« tiens-toi tranquille », « fais attention à tes fautes », « écoute quand je

te parle », « cesse de perdre tes affaires », « réfléchis donc avant de

parler »…

Il est vrai que, parfois, l’enfant peut respecter la consigne pendant

un bref moment. Le problème est que ça ne dure pas. Quand certaines

conditions sont réunies, il est plus facile de répondre aux attentes des

adultes, mais là encore, pas tout le temps. Après un sprint, on ne peut

pas recommencer la course ! L’enfant hyperactif peut fournir un effort

intensif pour répondre à une consigne si, par exemple, il se trouve

sous la menace d’une conséquence imminente. Mais dès que la

conséquence aura disparu de son esprit, l’enfant sera incapable de

maintenir son effort. Laissez croire à l’enfant qu’il le peut quand il le

veut, c’est oublier qu’il est atteint d’un problème neurologique, et c’est

lui laisser croire qu’il était à blâmer toutes les autres fois où il n’a pas

pu. Son estime de soi en prendra inévitablement un coup. Il faut donc

reconnaître les limites de l’enfant face à nos exigences.


IDÉE

8
SE RAPPELER QU’À SON ÂGE, IL N’A PAS LES
MÊMES CAPACITÉS DE RÉFLEXION QUE VOUS

On interprète trop souvent une situation avec notre regard

d’adulte. L’enfant, lui, n’a pas la même vision, la même perspective et

ne comprend pas nécessairement l’impact de ses comportements sur

autrui ou dans un lieu donné. Rien ne sert de lui dire : « Comment

peux-tu ne pas y avoir pensé ? ». Il faut plutôt s’asseoir et trouver avec

lui comment, la prochaine fois, il pourrait réagir différemment,

comment prévenir la prochaine fois une pareille « bêtise », quel truc

se donner pour éviter la récidive.

C’est à force de moult exemples, grâce à une exposition fréquente

à des résolutions de problèmes qu’on aura pris le temps d’explorer

avec lui, que l’enfant pourra éventuellement garder en tête un

répertoire de gestes adéquats.

Ne jugez pas votre enfant selon ce que vous croyez qu’il devrait

être en mesure de faire à son âge. Consultez un psychologue pour

confirmer une impression que vous avez du juste niveau de

développement de votre enfant et des attentes que vous êtes

raisonnablement en droit de concevoir en fonction de son âge.


IDÉE

9
VIVRE AVEC LES PRÉJUGÉS DE L’ENTOURAGE

Malheureusement, le TDA/H n’est pas encore suffisamment connu

et, souvent, les symptômes que présente votre enfant sont davantage

perçus par l’entourage comme le résultat d’une mauvaise éducation

que comme une déficience physiologique de son système nerveux.

Les autres parents vous critiqueront sur votre manière de gérer les

comportements de votre enfant. « Trop gâté ! » diront-ils ; « Ton enfant

aurait besoin d’un bon coup de pied au derrière » ; « Tu n’as vraiment

pas la manière avec ton enfant, si je l’avais avec moi quelque temps,

je le recadrerais… », etc.

Chaque fois que vous sortez, quel que soit l’endroit, votre enfant

trouve toujours le moyen de se faire remarquer par son impulsivité,

son agitation excessive, ses colères explosives, ses impertinences, etc.

Devant les critiques qui fusent de toutes parts, certains parents n’osent

plus sortir avec leur enfant, de peur d’être à nouveau confrontés aux

critiques et à l’incompréhension de l’entourage. Parfois, même, on

vous jugera sévèrement d’avoir renoncé à exercer votre rôle de

parents du fait que vous avez consenti à donner une médication (une

drogue !!!) à votre enfant.

Le meilleur moyen de faire face à l’ignorance des autres, c’est de

se renseigner sur le sujet, de lire, de participer à des rencontres

d’information. Une fois bien informé, il est possible d’affronter les

préjugés des autres en rétablissant les faits, en leur décrivant les

facteurs neurobiologiques qui expliquent les symptômes de votre

enfant. Si, malgré vos explications, certaines personnes continuent de

vous juger, il est peut être alors souhaitable d’éviter désormais de les

rencontrer.
IDÉE

10
S’ADAPTER AU HANDICAP DE SON ENFANT

Plusieurs parents ont en vain tenté de s’attaquer aux difficultés de

leur enfant en leur prodiguant généreusement des conseils du type :

« Fais attention quand le professeur parle, écoute bien ce qu’il dit, ne

te laisse pas déranger par les autres, n’oublie pas tes devoirs » ; en leur

donnant les meilleurs arguments pour qu’il fasse attention : « Si tu

veux avoir un bon bulletin…, si tu veux te faire des amis…, si tu ne

veux pas te faire disputer par ton professeur… » ; parfois même en

évoquant des conséquences qui n’ont que peu d’effet, ou dont les

effets sont toujours de très courte durée. Les parents s’épuisent, se

remettent en question, blâment leur enfant de ne pas faire d’efforts

suffisants…

Tous ces conseils-là, votre enfant les connaît bien : il n’arrive tout

simplement pas à les appliquer.

On peut au contraire développer certaines attitudes destinées à

alléger son fardeau déjà lourd :

Reconnaître que votre enfant a un problème biologique et que ce

n’est pas de sa faute ; cela diminuera son stress qui, bien souvent,

est de nature à aggraver ses symptômes ;

Cesser de blâmer, de critiquer, de juger votre enfant (« Tu es

vraiment paresseux, tu es désobéissant… ») ; se souvenir que c’est

son déficit d’attention qui l’empêche de répondre aux attentes

sociales ;

Reconnaître que votre enfant a des besoins particuliers en raison

de son handicap : il a besoin de consignes claires parce qu’il se

désorganise plus facilement quand les règles sont floues et

imprécises. Dans certaines situations – dans la salle d’attente chez

le médecin, par exemple – il aura aussi besoin qu’on prévoie

pour lui des jeux qui le maintiendront tranquillement assis plutôt

qu’à ne rien faire ;

Ê
Être moins exigeant avec lui, tout en expliquant aux autres enfants

les difficultés particulières auxquelles il doit faire face à cause de

son TDA/H.
IDÉE

11
OSER DEMANDER DE L’AIDE

Même quand le diagnostic est posé, que l’on comprend bien les

difficultés de notre enfant, et que l’on reconnaît qu’il ne fait pas exprès

de nous déplaire, il arrive que l’on soit épuisé. Même quand les deux

parents sont bien informés des problèmes liés au TDA/H dont l’enfant

ne saurait être tenu responsable, même quand les deux parents sont

d’accord pour adopter des attitudes différentes de celles qu’ils auraient

normalement eues devant tout autre enfant qui désobéit, même quand

tous les efforts sont consentis pour tenir compte des particularités de

leur enfant et agir en concertation avec l’autre parent, il arrive que les

deux conjoints aient une mésentente devant une intervention

particulière à mettre en place. Il est alors utile de consulter pour faire

le point, revoir nos stratégies afin de ne pas amplifier la mésentente

qui pourrait se transformer en querelle inutile et faire se sentir

coupable l’enfant qui en est à l’origine. Un professionnel sera plus

impartial qu’un ami qui n’osera pas prendre parti pour l’un ou l’autre

des parents. Il pourra amener le parent à réinterpréter différemment ce

qu’il avait compris des conséquences du TDA/H et à revoir les grandes

lignes d’éducation dans ce cas particulier.

Il existe des groupes d’entraide de parents. Qui mieux, qu’un autre

parent qui vit le même problème, peut comprendre ce que vous

vivez ? Dans ces groupes, on peut trouver du réconfort et briser son

isolement. Parfois même, des activités de répit (camp d’été, centre

aéré de fin de semaine…) sont mises en place pour soulager les

parents à bout de souffle.


IDÉE

12
PRENDRE SOIN DE SOI ET DE SON COUPLE

Il est important de conserver une vie de couple en parallèle avec

sa vie de parents, de prendre du temps pour se retrouver. Même si

l’enfant qui souffre d’un TDA/H a besoin de plus d’attention, les

parents doivent se ménager du temps ensemble, sans la présence des

enfants, pour se ressourcer et trouver justement l’énergie nécessaire à

la gestion de l’enfant difficile.

On peut trouver une gardienne fiable pour s’occuper des enfants,

capable de faire respecter les limites pour éviter un retour pénible à la

maison après l’absence du couple. Pour éviter l’épuisement de l’un

des parents, on peut se partager équitablement les jours de sorties et

garder les enfants à tour de rôle afin de permettre que chacun puisse

rencontrer ses amis, vaquer à ses activités préférées et rester

disponible à son couple au retour, quand les enfants sont couchés. Il

est parfois possible de s’organiser dans son travail pour prendre un

congé en même temps que le conjoint, pendant que les enfants sont à

l’école, et ainsi se permettre une sortie ou une activité en amoureux.


IDÉE

13
EXPLIQUER À SON ENFANT CE QU’EST SON
TDA/H

On l’a dit plus haut, l’enfant qui présente un TDA/H souffre lui-

même de son état. Il doit par conséquent bien comprendre les

symptômes qui le composent pour éviter de se dévaloriser chaque fois

qu’un tiers se plaint de lui ou de ses comportements. De même qu’on

explique à l’enfant qui souffre d’un diabète quels sont les symptômes

et quelles sont les habitudes qu’il doit développer pour diminuer ceux-

ci, on doit expliquer à l‘enfant qui souffre d’un TDA/H quelles en sont

les conséquences et la manière de les contourner, de les éviter ou de

les amoindrir.

Plusieurs livres ont été rédigés à l’intention des enfants pour leur

expliquer avec leurs mots et à leur niveau les manifestations du

TDA/H. Celui que je recommande le plus souvent aux enfants

de 8 à 12 ans est Le cousin hyperactif, de Jean Gervais. Il est rédigé

sous forme d’une histoire, intéressante et drôle, facile d’accès, tant

pour l’enfant que pour ses camarades, et comporte à la fin une section

qui s’adresse aux parents et à l’enseignant confrontés aux

manifestations du TDA/H.

Il y a beaucoup d’autres livres qui ont maintenant été écrits pour

expliquer le TDA/H aux enfants ou aux adolescents.


IDÉE

14
MAINTENIR UN ENVIRONNEMENT CALME,
STABLE, ORDONNÉ, SANS TROP DE STIMULATION

Le TDA/H confère à l’infant une grande sensibilité à son

environnement, ce qui en fera peut être quelqu’un de passionné et de

très sensible, empreint d’une grande humanité, ce qui n’est pas une

mauvaise chose, mais cette sensibilité peut aussi rendre difficile

l’encadrement de cet enfant dans un univers instable, désordonné,

soumis à un grand nombre de stimulations. Voici quelques trucs pour

prévoir un environnement calme et serein pour votre enfant en mal de

bouger :

Offrir un milieu calme où sont réduits au minimum stress,

changements et dérangements ; • Prévoir les changements qui

sont inévitables et y préparer l’enfant en lui prédisant ce qui

risque d’arriver ;

Prévenir les réactions excessives susceptibles de se produire dans

un environnement nouveau en les anticipant à sa place et en les

lui décrivant ;

Prévoir d’avance les conséquences à une dérogation de

comportements ;

Établir des routines quotidiennes les plus stables possible avec des

activités et des tâches prévisibles, à des moments et dans des

lieux prédéterminés (voir l’Idée 15) ;

Diminuer le plus possible les moments d’excitation intense (jeux

vidéo, films violents…) ;

Éviter les endroits bruyants où les cris dominent comme les foires

ou les fêtes foraines ;

Faire un effort constant pour maintenir propreté et ordre dans les

lieux qu’il habite ;

Anticiper avec lui toute activité dans laquelle il prévoit de se

lancer, en décrivant les possibles façons d’y réagir.


IDÉE

15
ÉTABLIR DES ROUTINES STABLES

Un routine est souvent longue à implanter, mais il est plus facile de

gérer les activités personnelles et familiales quand elles sont bien

ancrées, et on épargne beaucoup d’énergie quand chacun sait ce qu’il

a à faire. On évite les batailles du matin, les querelles pour les devoirs,

les obstinations lors du coucher. Avec un enfant qui a un TDA/H, les

routines sont difficiles à mettre en place parce qu’il les oublie tout le

temps ; c’est donc plus long, mais avec votre aide constante, l’enfant y

parviendra et la plupart des routines qui seront bien consolidées

durant l’enfance se maintiendront à l’adolescence.

Pour en faciliter la mise en place, on affichera, à l’aide

d’illustrations amusantes pour attirer son attention, la séquence des

activités ou des tâches quotidiennes prévues. La mise en route d’une

routine se passe généralement bien parce que l’activité est nouvelle ;

l’enfant veut participer et vous n’aurez probablement rien à redire

dans les premières journées. Rapidement par contre, à la nouveauté

excitante succèdera le dur labeur du maintien. C’est à ce moment que

votre rôle parental devient le plus crucial : si vous-même vous

abandonnez, il y a peu de chance (pour ne pas dire, aucune) de voir

votre enfant prendre en main sa routine. Il y aura eu beaucoup

d’efforts déployés pour la mise en place, le choix de la chronologie

des tâches, la recherche des illustrations et leur disposition sur un

grand carton, la rédaction des tâches, etc. Bien sûr, quand vous aurez

fait cela avec votre enfant, vous aurez réalisé une belle activité parent-

enfant, mais l’objectif de la démarche n’aura pas été atteint et sans

cela vous ne connaîtrez probablement pas le plaisir du déroulement

harmonieux le matin, ni le soir quand tout doit se faire en même

temps.

Quand le respect de la routine diminue, on peut changer les

illustrations, on peut réaménager l’affiche, on peut discuter avec


l’enfant pour voir quelles sont les étapes ennuyeuses pour lui, revoir

avec lui comment réactiver cette routine en lui expliquant que ce n’est

pas une question de choix, mais une décision des parents de la

maintenir, car elle doit être maintenue : de même qu’il ne choisit pas

d’aller à l’école le matin, il ne choisit pas non plus de suivre sa routine

quand bon lui semble.

De la même manière, on pourra afficher le calendrier des activités

scolaires quotidiennes pour qu’il puisse se préparer d’avance, et

l’amener à anticiper ce qui en découle pour lui.


IDÉE

16
DONNER À SON ENFANT DES MODÈLES
CONCRETS

Plus l’enfant est jeune, plus il calque ses comportements sur ceux

de ses parents, principalement ceux du parent du même sexe.

L’expression « C’est le vrai portrait de son père, … le vrai portrait de sa

mère » ne se rapporte pas seulement aux traits physiques, mais aux

attitudes, aux manières, à la façon de réagir de son parent… Pour

l’enfant, le parent est un modèle. Utilisez ce principe pour inculquer

de bons comportements à votre enfant.

Souvent, le premier réflexe d’un parent devant un mauvais

comportement de son enfant est de lui expliquer verbalement que ce

qu’il fait n’est pas correct, par exemple, qu’il ne doit pas jeter ses

jouets par terre pour les casser ; de le menacer : « Tu n’en auras

plus » ; éventuellement, de le gronder s’il récidive... Quand on

analyse cette séquence, on constate que toutes nos interventions sont

essentiellement verbales. Et, bien que l’enfant soit parfaitement

capable de les comprendre, il répondra beaucoup mieux si on

intervient avec un geste qui lui servira de modèle (en prenant

délicatement le jouet par exemple, et en le rangeant dans le coffre à

jouets), et en accompagnant son geste de l’explication qui justifie

notre intervention.

Rappelez-vous que votre enfant avec son TDA/H est souvent plus

immature et que, plus l’enfant est jeune, plus il a besoin de modèles

concrets.
IDÉE

17
FAIRE AVEC SON ENFANT DES JEUX DE RÔLE

Même un peu plus âgé, l’enfant a encore besoin de modèles

concrets. Un des bons moyens pour y parvenir avec les adolescents

est de faire avec eux des jeux de rôle.

Par exemple, si votre enfant ne sait pas comment s’y prendre avec

son ami avec qui il s’est disputé, et s’il se plaint d’être seul, sans savoir

comment reprendre le contact, vous pouvez intervenir en jouant le

rôle de son ami. Vous lui demandez de renouer les liens. Vous

formulez les arguments que pourrait exprimer son ami, vous réagissez

comme si vous étiez cet ami. Puisqu’il est moins gêné avec vous, il

trouvera plus facilement les façons de s’y prendre pour s’excuser, et ça

lui donnera des idées pour pouvoir reprendre contact avec son ami.

Le modèle est bien concret, facilement applicable à la situation.

On peut ainsi faire des jeux de rôle chaque fois qu’un conflit s’est

installé ou risque de survenir entre deux personnes, chaque fois que

l’enfant se sent démuni pour interagir correctement avec une autre

personne, adulte ou enfant. On joue le rôle du professeur à qui il doit

demander une permission spéciale ; on joue le rôle d’un ami avec qui

il voudrait pratiquer une activité alors qu’il a peur de se faire rejeter…

On peut aussi inverser les rôles et jouer celui du jeune lui-même.

On l’invitera à exprimer les arguments que pourrait développer son

interlocuteur face à sa demande ; on adoptera, à la place de son

enfant, les attitudes qui conviennent à l’échange, puis on formulera

des réponses qu’il devrait donner ; il pourra éventuellement réutiliser

ce modèle lorsqu’il sera face à la situation réelle. Même s’il ne s’agit

que d’un exercice, même si les interventions ne seront pas

nécessairement appliquées lors de la situation réelle, l’exemple aura


permis de désamorcer la panique qui aurait pu s’installer devant le

sentiment d’impuissance du jeune face à cette situation.

Notre enfant a aussi parfois besoin de se voir agir pour

comprendre l’impact que ses comportements peuvent avoir sur autrui ;

alors on peut l’imiter, sans toutefois se moquer de lui. On tentera par

ce moyen de lui faire comprendre ce que l’autre peut ressentir quand

il agit de la sorte.
IDÉE

18
AIDER SON ENFANT À S’ORGANISER

L’une des manifestations les plus fréquemment associées au

TDA/H est le manque d’organisation. L’enfant ne sait pas comment s’y

prendre et, souvent, à cause de cela, toute tâche lui paraît une corvée

insurmontable, susceptible de provoquer une colère explosive (voir

l’Idée 27). Il a donc besoin qu’on l’aide à s’organiser pour lui rendre la

tâche plus accessible.

On essaiera d’habituer l’enfant à écrire une liste des tâches qu’il

devra accomplir et qu’il pourra biffer à mesure de leur exécution.

C’est d’ailleurs ce que plusieurs adultes font eux-mêmes quand ils

se sentent débordés par les tâches à accomplir, la veille de Noël,

par exemple. Comme cette stratégie ne fait pas encore partie du

répertoire de l’enfant pour s’organiser, il faut donc la lui

enseigner.

On utilisera un chronomètre visuel pour l’aider à structurer son

temps durant les devoirs. Un « Time-timer » est disponible sur le

marché : il permet à l’enfant de « voir » le temps s’écouler

puisque qu’il s’agit d’un cadran dont un secteur, coloré en rouge,

diminue au fur et à mesure que le temps passe. L’enfant verra

donc à quoi s’attendre et ne perdra pas son temps à se demander

combien de temps il lui reste pour terminer sa tâche.

On fragmentera ses tâches (deux fois cinq problèmes seront

beaucoup plus faciles à faire que 10 problèmes d’un seul coup).

On déterminera son espace physique. Placer le bureau de l’enfant

dans un endroit où il ne sera pas exposé à des distractions l’aidera

à mieux se concentrer.

On essaiera de se procurer son matériel scolaire en double. Ainsi,

on évitera les irritations dues aux fréquents oublis involontaires

qui l’empêchent de faire ses devoirs et d’apprendre ses leçons, et


qui, en fin de compte, lui attireront une fois de plus une

réprimande de la part de son professeur.


IDÉE

19
FAVORISER UN TEMPS DE RÉFLEXION AVEC SON
ENFANT

L’enfant hyperactif/impulsif prend rarement le temps de réfléchir,

c’est d’ailleurs là son plus grand handicap : « Oups ! Je n’y ai pas

pensé… Oups ! Je me suis trompé… Oups ! J’ai oublié… » C’est

décourageant parce que, chaque fois, c’est la même chose. Alors, on

peut l’aider à développer une intériorité, une certaine capacité

d’introspection. Tous les soirs, avec lui, au moment du coucher,

instituez ce moment privilégié de réflexion, et faites-en chez lui un

rituel. Amenez-le à réfléchir sur sa conduite au cours de la journée :

est-il satisfait de ce qu’il a fait ? De quoi est-il le plus fier ? Comment

demain pourra-t-il répéter son exploit ? De quoi est-il le moins fier ?

Comment peut-il éviter une prochaine fois de revivre ce moment-là ?

Revoyez avec lui chaque soir au coucher (Voir l’Idée 15 : Établir des

routines stables) ses raisons de fierté et les moments où il est insatisfait

de lui-même ; profitez-en pour discuter des efforts qu’il fournit.

Quand lui-même exprime son regret parce que ses paroles ont

dépassé sa pensée, expliquez-lui que cela fait partie de son syndrome,

mais servez-vous de ce moment de prise de conscience pour renforcer

l’idée qu’il doit rester vigilant sur ses moments d’impulsivité. Amenez-

le à réfléchir sur son travail, sur ses objectifs.

Aidez votre enfant à corriger ses erreurs en cherchant avec lui des

stratégies pour éviter la récidive.


IDÉE

20
DISPENSER ENCOURAGEMENTS ET FÉLICITATIONS

Réagissez immédiatement devant les petites réussites de votre

enfant, afin de renforcer sa confiance en lui-même. Déterminez ses

points forts et ses domaines d’intérêt personnels (ses passe-temps) ;

exploitez-les (en général, les enfants qui ont un TDA/H sont

extrêmement créatifs). Accordez de l’importance à l’activité qu’il

réalise en invitant toute la famille à assister à l’une de ses

performances (voir l’Idée 26).

Suscitez le plus possible d’occasions de valorisation ; limitez le

nombre d’objectifs à atteindre en les augmentant graduellement pour

que les défis restent réalistes. Mettez l’accent sur ce qu’il réussit.

Restez toutefois authentique dans vos compliments, ne les

inventez pas (voir l’Idée 25).


IDÉE

21
ÉTABLISSEZ UNE DISCIPLINE QUI TIENNE COMPTE
DE SES SYMPTÔMES

Puisque l’enfant hyperactif dispose d’une faible capacité de

contrôle interne, le contrôle doit venir de l’extérieur, plus

spécifiquement de ses parents. Tous les enfants ont besoin d’une

discipline. Avec l’enfant souffrant d’un TDA/H, celle-ci peut être un

peu plus difficile à instaurer parce qu’il résiste davantage aux

contraintes, en perçoit moins facilement le bien fondé, et surtout,

parce qu’il oublie facilement toutes les consignes qu’on s’attend à le

voir respecter. Il faut donc avoir une approche particulière pour établir

une discipline avec lui. On doit clarifier et réduire à l’essentiel les

règles de bienséance à la maison et fixer des limites claires : « Ne va

pas trop loin » n’a aucun sens pour l’enfant hyperactif. « Ne va pas

plus loin que la maison d’Antoine » a l’avantage de ne laisser aucune

place à l’interprétation.

Formulez des consignes claires et simples, une seule à la fois, et

veillez à ce qu’elles soient respectées sur le champ. Il ne sert à rien de

redonner la consigne plusieurs fois si l’enfant n’y répond pas

immédiatement. L’intervention risque de se terminer en cris

d’impatience de votre part, parce que c’est déjà la cinquième fois que

vous formulez votre demande sans succès. Vous aurez réussi à le

mettre en colère contre votre propre colère (« Pas la peine de

t’énerver, j’étais en train de venir ») ; allez plutôt le chercher là où il

est, avec un air de mécontentement ou de désapprobation mais sans

discours, ni cris de votre part ; il comprendra que vous n’êtes pas de

bonne humeur, mais il n’aura aucune prise pour contre-attaquer avec

des arguments. Pour cela il faut toujours procéder ainsi.

Évitez de multiplier les demandes. Assurez-vous de parler à votre

enfant en le regardant directement dans les yeux. Dites-lui


précisément ce que vous attendez de lui.

Même si l’enfant agit souvent par impulsivité, sans réfléchir aux

conséquences, et qu’il agit ainsi en grande partie en raison de son

syndrome, il ne doit pas rester impuni quand les règles sont

transgressées. Prévoyez un retrait de privilège automatique et

immédiat. L’enfant doit toutefois connaître d’avance les conséquences

qu’il encourt quand il n’obéit pas. On peut prévoir une conséquence

positive ou négative associée au respect ou non des règles. Par

exemple, si un enfant se dispute souvent avec son ami et que ça

tourne toujours au vinaigre, on peut dire : « Tu peux jouer avec Martin

de 10h00 à 11h30 aujourd’hui, et si tout va bien, que vous réglez vos

conflits sans que j’aie à intervenir, vous pourrez rejouer demain ».

Évitez les punitions excessives, les cris, les injures qui n’ont pour effet

qu’une dégradation de votre relation et une détérioration de l’estime

de soi (voir l’Idée 25).

Imaginez un système simple et concret de récompenses (jetons,

timbres…) et variez-en souvent la forme (voir l’Idée 23).

Surtout, restez constant dans les consignes, les règlements, les

mesures disciplinaires. Soyez rigoureux sans pour autant être rigide.


IDÉE

22
MODIFIEZ OU AMÉNAGEZ L’ENVIRONNEMENT
POUR PALLIER LES MANIFESTATIONS DU TDA/H

Il ne vous viendrait pas à l’idée de vous limiter à interdire à votre

poupon de 1 an, qui marche pourtant déjà bien, de ne pas traverser la

rue sans prendre les mesures nécessaires pour l’en empêcher.

Pourquoi ? Parce qu’il est trop petit. Et, bien qu’il comprenne

clairement cette phrase « Ne traverse pas la rue », vous savez bien

qu’en peu de temps, il aurait oublié et vous ne prendriez jamais ce

risque-là sans avoir veillé à placer une clôture pour limiter son aire de

jeu ou sans rester là à le surveiller. Dites-vous de même que pour

plusieurs consignes pourtant claires que vous aurez données à un

enfant souffrant d’un TDA/H, il en oubliera de très nombreuses à

cause de son déficit d’attention. Et si vous voulez respecter votre ligne

de conduite en matière de discipline, il faudrait à chaque fois

immédiatement réagir : votre enfant serait sans doute bien trop

souvent puni. Alors il faut définitivement limiter les occasions d’avoir

à le punir.

Par exemple :

Si un enfant se chamaille toujours avec son frère pour le même

jeu, rangez ce jeu, faites-le disparaître ou instituez une règle qui

accorde à chacun sa journée (chacun son tour laisse trop de

latitude) ;

Si c’est chaque fois la bataille pour qu’il s’occupe de son petit

animal, rapportez celui-ci à l’animalerie ;

Si l’enfant se désorganise toujours quand tel ami est présent, il

faut peut-être diminuer la fréquence des visites de cet ami, ou

mieux contrôler les activités entre les deux enfants quand cet ami

vient à la maison ;

Choisir le moment propice pour lui demander d’exécuter une

tâche que vous savez délicate pour lui ;


Enlever dans la mesure du possible tout ce qui peut être une

source de conflit ou de distraction…


IDÉE

23
ÉTABLIR UN SYSTÈME D’ÉMULATION

Un système d’émulation est une façon d’encourager un bon

comportement. Par exemple, quand on veut stimuler la collecte de

fonds ou de denrées alimentaires à la veille de Noël pour donner aux

familles dans le besoin, on dessinera une échelle graduée qui

indiquera où on en est de notre objectif avec un trait rouge qu’on

allongera à mesure qu’entrera l’argent ou la collecte des denrées. C’est

souvent un très bon moyen pour encourager notre enfant à maintenir

les comportements qu’on attend de lui.

On fixera des objectifs simples au sujet d’un comportement à

améliorer ou à bannir, clairement identifié et facile à mettre en œuvre.

Par exemple, « être plus gentil avec sa sœur » n’est pas précis

puisqu’« être gentil avec sa sœur » ne signifie rien pour l’enfant. En

revanche, « Partager mes jouets avec ma sœur » ou « Ne pas crier

après ma sœur », constituent des comportements concrets puisqu’on

pourra les marquer d’une étoile ou d’une croix selon les

comportements observés. Avec un enfant qui a un TDA/H, c’est plus

souvent les comportements à bannir qui nous préoccupent. Il faut

donc y aller très progressivement, un comportement à la fois,

généralement celui qui nous irrite le plus.

Il faut aussi savoir que même avec ce système, si efficace soit-il,

l’intérêt pour la récompense s’émousse rapidement comme pour

toutes les autres activités qu’on propose à ces enfants. Il faudra donc

changer régulièrement de stratégie d’encouragement, faire des pauses

et revenir avec un nouveau système de récompenses, ou, parfois, de

punitions.
IDÉE

24
AFFICHER CLAIREMENT LA DURÉE D’UNE
ACTIVITÉ OU LA QUANTITÉ DE TRAVAIL À EXÉCUTER

Une des choses les plus difficiles pour l’enfant impulsif est

d’estimer la durée d’une activité ou d’un événement. Le temps alloué

à son jeu vidéo lui paraît toujours trop court alors que le temps pour

faire ses devoirs s’avère toujours trop long. C’est souvent à cause de

cette mauvaise gestion interne du temps que les crises explosent.

L’enfant doit donc savoir à l’avance à quoi s’attendre. Utilisez un

compteur à rebours, ou Time-Timer, qui lui permettra de visualiser le

temps qui lui reste et d’anticiper l’échéance. On peut aussi lui

indiquer qu’il pourra faire trois parties avant le dîner, mais qu’il devra

s’arrêter sitôt après s’il veut pouvoir retourner à son jeu après le repas.

Il devra faire cinq des 10 exercices de mathématiques maintenant,

mais devra faire les cinq autres après une pause (limitée dans le temps

ou durant laquelle il pourra faire tel jeu, tant de fois).

Si vous vous apprêtez à lui demander une corvée qu’il rechigne à

faire, suggérez-lui un temps fixé d’avance, et revenez à la charge plus

tard pour poursuivre la tâche en fixant un nouvel objectif. Il est parfois

nécessaire de découper la tâche en plusieurs petites parties : dire à

l’enfant « range ta chambre » peut constituer un défi insurmontable

pour lui. Déterminez des objectifs limités (« met ton linge au lavage,

range ton jeu de Lego, place tes cartes dans ton album, fais ton lit,

passe le balai », etc.) dont vous dresserez la liste : cela pourra au

contraire fournir la matière d’un jeu si on s’amuse à lui faire deviner

laquelle de ces activités prendra le moins de temps et que l’on

chronomètre chacune d’elles pour valider son jugement.


IDÉE

25
DÉVELOPPER UNE BONNE ESTIME DE SOI CHEZ
SON ENFANT

Quand l’enfant subit des remontrances à répétition parce qu’il

bouge trop, parce qu’il parle trop, parce qu’il dérange trop, quand il

reçoit sans arrêt des signes de désapprobation parce qu’il prend trop

de place, ou parce qu’il n’est pas à la bonne place, l’enfant finit par se

percevoir comme mauvais, paresseux, incapable. Il renonce à tout

effort puisque, malgré les efforts qu’il déploie, c’est toujours pareil : on

le blâme tout le temps, on est toujours « sur son dos ». Il se décourage,

perd confiance en lui, en ses ressources, en ses moyens. Son estime de

soi est à zéro. Il ne lui reste pas beaucoup d’autres endroits pour lui

permettre de se reconstruire une bonne image de lui-même, si ce n’est

chez lui, avec des parents qui le comprennent et qui sont conscients

de tout ce qu’il tente en vain de surmonter.

Pour vous aider, un guide pratique sur la manière dont on peut

développer l’estime de soi chez son enfant, ou chez son adolescent,

nous est donné par Danielle Laporte. Selon cette psychologue :

« Avoir une bonne estime de soi ne signifie pas être gentil, mais

bien avoir conscience de ses forces et de ses faiblesses et

s’accepter soi-même dans ce qu’on a de plus personnel, de plus

précieux. »

L’estime de soi se construit tout au long de la vie. Chaque être

humain a des zones de confort où il se sent solide, sûr de lui, et des

zones d’inconfort, où il doute de lui et de ses capacités. Et c’est mieux

comme ça : une personne trop sûre d’elle peut être écrasante pour les

autres. Par contre, une personne qui doute trop d’elle-même ne

développe pas tout son potentiel. L’idéal serait d’avoir suffisamment

de zones de confort pour s’accomplir au mieux de ses capacités, et


suffisamment de doutes pour continuer à chercher à évoluer, les

premières devant, bien sûr, être plus nombreuses que les secondes.

Pour qu’un enfant acquière l’estime de lui-même, il ne suffit pas

de lui dire chaque fois qu’il fait quelque chose « Que c’est bien, que

c’est beau, tu es un vrai champion… ». Au contraire, il faut être

réaliste dans nos commentaires à son égard. Être réaliste signifie qu’on

est capable de dire à l’enfant : « Tu aurais pu mieux faire », tout

comme on doit lui dire souvent : « Ce n’est pas fameux, mais j’ai bien

vu que tu as fait un bel effort ».

Comme tout enfant, l’enfant qui souffre de TDA/H a besoin

d’encouragements quand il fait des efforts, même si ceux-ci, à cause

de son handicap, se soldent souvent par un nouvel échec. Si on

félicite toujours notre enfant pour tout, même là où il n’est pas du tout

brillant, pour soi-disant compenser le nombre de fois où il se fait

réprimander, on contribuera à développer une surestimation de lui-

même qui peut déplaire et finir par susciter le rejet de la part des

autres. Un enfant qui dit toujours « J’suis fort, hein ? C’est trop

facile ! », c’est désagréable. De plus, on ne lui apprend pas à prendre

conscience de ses forces ni de ses faiblesses, ce qui serait pourtant

essentiel au développement de l’estime de soi. Par contre, il faut tenter

d’amener le plus souvent possible l’enfant aux prises avec un TDA/H

vers des situations où l’on sait qu’il se montrera véritablement

compétent, afin de contrebalancer le grand nombre de fois où il se fait

traiter de cancre.
IDÉE

26
AIDER SON ENFANT À SE DÉCOUVRIR UNE
PASSION

L’enfant hyperactif, impulsif, inattentif, a souvent une piètre idée

de lui-même et ne se trouve bon en rien. Pourtant, c’est connu, c’est

très souvent un enfant attachant, spontané, avec une énergie sans

pareille, une imagination débordante, de la créativité et de la

débrouillardise. Il a souvent une manière très originale de trouver des

solutions. Il faut donc s’appuyer sur ces forces vives.

Souvent, par contre, il voudra commencer quelque chose : un

sport, une activité, un bricolage… pour lequel son intérêt ne se

maintiendra que sur une courte durée. Vous aurez parfois investi une

importante somme d’argent pour lui acheter l’équipement d’un sport

qu’il ne voudra plus pratiquer après vous avoir harcelé. Il détruira un

superbe bricolage auquel vous aviez consacré une partie de votre

temps de loisir pour l’encourager. Par son excitation démesurée, il

gâchera une activité que vous aviez soigneusement préparée pour lui

faire plaisir et que vous devrez interrompre pour rester cohérent avec

une consigne que vous lui aviez intimée. Alors que faire pour

l’amener à maintenir son intérêt à long terme, à s’investir pour

canaliser son énergie ? On peut toujours attendre qu’une passion se

découvre, mais on peut aussi faire naître une passion chez l’enfant

parce qu’on aura tout mis en œuvre pour la développer. Dès qu’on

verra poindre un intérêt, dès qu’on se rendra compte d’une certaine

compétence, on cherchera à faire mousser cet intérêt, à faire valoir

cette compétence en investissant autour de ce premier point

d’ancrage. L’enfant se découvrira alors une passion et consacrera

beaucoup d’efforts pour la réaliser.

Je me souviens d’un de mes petits patients qui jonglait habilement

avec trois balles dans notre salle d’attente. C’est à partir de cette
observation que la maman a encouragé la passion de son fils en

amenant toute la famille au cirque, puis en inscrivant le petit Carl à

l’école du cirque du samedi matin, puis en l’envoyant dans un camp

de cirque l’été. On l’a ensuite vu se produire sur un site Internet, puis

il s’est finalement inscrit à l’école permanente du cirque et il en fera

peut-être un métier pour lequel il aura développé une passion.

Mettre tout en œuvre pour investir une activité et susciter la

passion chez son enfant, c’est y consacrer du temps, en allant par

exemple observer des vedettes dans le domaine, en y accordant plus

d’importance qu’on ne le ferait normalement, en intéressant la famille

élargie, outre les frères et sœurs (tantes, oncles, cousins, cousines…)

dès que l’enfant se produit dans un petit spectacle ou une

compétition. C’est ainsi que l’enfant sentira que ses efforts portent des

fruits et qu’il voudra les soutenir. Sa passion deviendra le

prolongement de lui-même, il voudra lui-même y consacrer du temps,

canalisant ainsi son énergie.


IDÉE

27
PRÉVENIR OU GÉRER LES CRISES ET
L’OBSTINATION

L’enfant qui souffre de TDA/H exprime souvent une franche

opposition en défiant toute autorité par des comportements hostiles

face aux demandes, en argumentant, en proférant des insultes, en

brisant des objets. Parfois, au contraire, il offre une opposition passive

par une nonchalance, une léthargie, une lenteur à répondre à la

demande qui sont tout autant irritantes. Il faut donc prévenir les

dérapages au moyen d’avertissements bien ciblés qui seront maintenus

en tout temps et en tous lieux. Nous devons nous efforcer de ne pas

perdre patience et de demeurer maîtres de nous-mêmes, de cesser

d’argumenter pour expliquer nos décisions afin de permettre ainsi à la

querelle de s’éteindre.

Quand une crise survient, et qu’elle s’aggrave malgré notre

tentative de résoudre le conflit, il faut prévoir un lieu d’isolement. Non

pas nécessairement un lieu de punition, mais un endroit où l’enfant

pourra retrouver son calme avant de poursuivre son activité. Ce

pourrait être sa chambre, dans laquelle il pourra s’adonner à loisir à

quelque chose qui le détournera de sa colère et retrouver le calme

intérieur qui lui permettra ensuite de s’excuser et de revenir à l’activité

sans perdre la face.

On peut aussi décider d’un lieu bien connu de l’enfant, un lieu de

« pause », une chaise dans un coin par exemple, et l’y envoyer

chaque fois qu’il se désorganise en le maintenant assis pour une durée

déterminée (on recommande une minute par année d’âge, par

exemple, à 4 ans, 4 minutes). Après la pause, on demande à l’enfant

s’il est prêt à revoir sa conduite, sinon, on maintient la consigne pour

une autre « pause » jusqu’à ce qu’il accepte d’obtempérer. S’il refuse


de rester assis sur la chaise, on l’y retient bras croisés devant lui et ses

mains retenues par vous derrière la chaise jusqu’à ce qu’il consente de

lui-même à respecter la pause pour la durée indiquée. La pause peut

être utilisée chaque fois que l’enfant aura un mauvais comportement

(faire mal aux autres, briser un objet, etc.).

Quand on prévoira une sortie avec l’enfant dans un lieu public ou

une visite, on l’informera à l’avance des limites qu’on exige de lui (par

exemple, il ne devra toucher à rien, on n’achètera rien pour lui dans

un magasin, il devra rester à portée de vue…). On lui demandera de

répéter les consignes (pas plus de trois à la fois) et on l’informera tout

de suite des conséquences qu’il encourra s’il ne s’y conforme pas et

de la récompense qu’il méritera s’il se conduit convenablement. On

prévoira aussi un lieu et un temps d’arrêt, même dans un lieu public,

ou encore l’éventualité d’être renvoyé à la maison avec l’autre parent

si celui-ci est présent, en l’informant que, la prochaine fois, il sera

privé d’une telle sortie.


IDÉE

28
ASSURER UNE BONNE QUALITÉ DE VIE

On sait que l’enfant hyperactif a une énergie débordante, il faut

donc tenter de canaliser celle-ci par des activités qui, elles, seront

organisées et l’aideront à se structurer. Un sport individuel est souvent

plus à sa portée, car il lui évite les sources de conflits que génère

souvent la présence des autres enfants. Le ski de fond, le ski alpin, la

natation, l’équitation en sont de bons exemples. Ce peut être un sport

avec un seul adversaire : le tennis ou l’escrime, pour éviter

l’excitation, l’effervescence et les débordements qui résultent

fréquemment des sports collectifs. Quel que soit le sport choisi, un des

parents doit être présent, particulièrement dans les premiers moments,

afin d’encadrer l’enfant encore un peu timide face à une nouvelle

structure et des intervenants nouveaux. Il pourra alors réussir à bien

jouer avant l’apparition du relâchement propice aux manifestations

sans frein des symptômes TDA/H qui le mettront en porte à faux vis à

vis des autres participants ou intervenants.

Des repas pris à n’importe quelle heure du jour peuvent également

contribuer à aggraver la désorganisation d’un enfant déjà

passablement irrégulier dans ses activités. Des repas à heures fixes

ancreront davantage les routines qui doivent nécessairement être

implantés chez les enfants hyperactifs (voir l’Idée 15). Bien qu’on ne

puisse établir un lien de causalité entre un groupe d’aliments et la

présence d’un TDA/H, plusieurs parents remarqueront qu’un excès de

sucre est susceptible de surexciter les enfants.

Les groupes tels les scouts, éclaireurs, louveteaux ou autres, les

loisirs tels des activités de peinture, de bricolage, etc. sont d’autres

sources de structuration des comportements de l’enfant atteint de

TDA/H qui valent la peine d’être explorées afin de multiplier les

chances de trouver une source de valorisation pour le petit et un

temps de répit pour les parents.


IDÉE

29
OPTIMISER L’ORGANISATION DES DEVOIRS

Presque tous les enfants ont besoin d’être guidés quand ils font

leurs devoirs et qu’ils apprennent leurs leçons. C’est encore plus vrai

avec un enfant qui présente un TDA/H. Voici quelques conseils qui

vous aideront à offrir à votre enfant des conditions favorables à ses

apprentissages.

Organiser un lieu de travail où les outils sont à la portée de la

main (crayons, marqueurs, dictionnaire, lexique mathématiques,

feuilles réglées ou quadrillées, etc.) ;

Établir une routine stable et utiliser une séquence visuelle (voir

l’Idée 24) ;

Utiliser l’agenda pour aider l’enfant à planifier sa semaine

d’études et à remettre ses devoirs à temps ;

Participer aux devoirs et leçons en apportant de l’aide (vérifiez les

devoirs, faites réciter les leçons, lisez les consignes et expliquez-

les) ;

Instaurez un système de récompenses afin de motiver l’enfant à

devenir responsable de ses devoirs ;

Définir une limite de temps en utilisant une minuterie ou une

horloge. Les devoirs et leçons ne devraient jamais prendre plus

de 45 à 60 minutes au primaire, et cette période devrait être

réalisée en deux ou trois temps, selon l’âge.


IDÉE

30
UTILISER DES MOYENS TECHNIQUES QUI
CONVIENNENT À SON ENFANT

Tous les enfants inattentifs, hyperactifs ou impulsifs ne réagissent

pas de la même manière aux aides qui leur sont proposées. Par

exemple, pour certains enfants, faire les devoirs en écoutant de la

musique peut être profitable parce que celle-ci canalise pendant un

effort cognitif leur trop grand besoin d’activités ludiques. Pour

d’autres, au contraire, le silence absolu est la seule garantie de succès

afin d’éviter la distraction que susciterait l’intérêt plus fort aux paroles

de la chanson qu’au texte qu’on est en train de lire. Pour d’autres

encore, le silence constitue à lui seul un inconfort qui génère

davantage de distraction ou de pensées anxiogènes que la musique

instrumentale peut calmer. Il faut donc tenter de savoir quelle mise en

œuvre sera la plus efficace. Outre l’utilisation ou non de la musique,

voici quelques exemples de moyens techniques que vous pouvez

essayer pour aider votre enfant :

Des balles antistress (balles en caoutchouc mousse, balles en pâte

à modeler), ou tout autre objet que l’enfant pourra manipuler

pour répondre à son besoin de faire quelque chose avec ses

mains ;

Un casque anti-bruit pour diminuer au maximum les sons

environnants (comme celui que portent les ouvriers sur les

chantiers) ;

Des bouchons dans les oreilles ;

Un gros ballon suisse sur lequel il pourra s’asseoir pour assouvir

son besoin de bouger tout en travaillant ;

Des objets pesants à mettre autour du cou et sur les épaules pour

calmer son trop-plein d’énergie ;

Un paravent pour éviter les distractions visuelles ;


Des coussins ou un tapis de sol pour changer le lieu de travail et

permettre un divertissement pendant la lecture d’un texte.


IDÉE

31
OPTIMISER LES APPRENTISSAGES

Si la routine est mise en place pour les devoirs (voir l’Idée 29) et

que vous avez fixé le temps que l’enfant devra leur consacrer

(45 à 60 minutes environ), appliquez-la avec constance et rigueur.

Quand, par exemple, l’enfant n’a pas de devoir, ou quand les devoirs

sont finis plus rapidement que prévu, maintenez l’horaire et profitez-

en pour améliorer des compétences que l’enfant n’a pas encore

complètement maîtrisées. Travaillez les tables d’addition et de

multiplication, l’orthographe ou les verbes sous forme de jeux (par

exemple, pour consolider l’apprentissage, tirez dans un chapeau

toutes les multiplications que l’enfant devrait avoir apprises ; donnez

une multiplication dont l’enfant devra donner la réponse en recevant

un ballon que vous lui lancerez ; demandez à l’enfant qu’il vous

donne une dictée à partir d’un de ses livres d’histoire qu’il devra lui-

même corriger, ce qui l’obligera à en vérifier l’orthographe, etc.).

Il arrive également souvent que l’écriture des enfants TDA/H soit

laborieuse. Demandez à votre enfant de copier un paragraphe en le

chronométrant. Proposez-lui de vous chronométrer à son tour pendant

que vous transcrirez le même paragraphe (on suppose que vous serez

plus rapide que lui). Lancez-lui alors le défi de se reprendre pour

améliorer sa vitesse d’écriture. L’exercice devient un jeu auquel

l’enfant sera davantage susceptible de bien réagir.

Vous pouvez aussi utiliser ces moyens pour faire une pause lors

d’un travail plus ardu.


IDÉE

32
FAIRE INTERVENIR UNE TIERCE PERSONNE POUR
SURVEILLER LES DEVOIRS

Une des difficultés les plus souvent rapportées par les parents des

enfants qui souffrent de TDA/H, est la période douloureuse et

laborieuse des devoirs. L’enfant est incapable de rester longtemps assis

pour faire ses devoirs calmement. Il ne comprend pas ce que le

professeur a demandé car il n’a pas noté correctement la consigne. Les

parents s’obligent à revoir l’ensemble de la matière parce qu’ils ne

veulent pas que leur enfant subisse une fois de plus une remontrance

pour devoir non fait. Ils tentent d’expliquer à l’enfant qui s’obstine en

disant que « ce n’est pas comme la maîtresse l’a montré » et, la

plupart du temps, c’est la guerre pour finir les devoirs. Une fois de

plus, ce qui devait être une aide apportée à son enfant devient une

source de conflit.

Pourquoi alors ne pas prendre une autre décision : celle de ne

jamais s’immiscer dans les devoirs de son enfant, mais de laisser à une

tierce personne la responsabilité de cette tâche ingrate. En fait, la

tâche sera toujours beaucoup moins désagréable si elle est guidée par

quelqu’un d’autre que par les parents. C’est bien connu, nos enfants

sont toujours plus gentils chez les autres. Pourquoi ne pas utiliser cette

force-là ? Trouvez un jeune qui aime les enfants, qui voudrait même

éventuellement devenir professeur, ou qui cherche un petit revenu

d’appoint en aidant l’enfant quatre jours sur cinq dans ses devoirs et

leçons. Ainsi, une certaine supervision sera faite auprès de l’enfant

sans que ses devoirs scolaires soient une source de conflit avec vous.

Vous pourrez alors consacrer ce temps que vous aurez gagné à des

activités plus ludiques avec votre enfant, moins susceptibles

d’entraîner des tensions.


IDÉE

33
ÉTABLIR UNE BONNE COMMUNICATION AVEC
L’ÉCOLE

L’école est souvent le premier lieu de bataille pour les parents d’un

enfant qui souffre d’un TDA/H. Même si, en faisant respecter des

règles simples, en évitant les environnements susceptibles d’exacerber

l’agitation et l’impulsivité de leur enfant, les parents parviennent à peu

près, au prix d’un encadrement ferme et de tout instant, à contrôler

leur enfant dans les lieux familiers et à limiter ses dérapages possibles,

ils vont dès la rentrée des classes se retrouver rapidement sous le

regard accusateur des professeurs, qui verront dans les comportements

de leur enfant le résultat d’une mauvaise éducation et d’un laisser-aller

inadmissible. Il faut alors prendre les devants à chaque début d’année,

et avertir le professeur du syndrome de l’enfant et de ses

conséquences. Il faudra se faire un allié de l’enseignant en lui

expliquant ce qu’est le TDA/H au lieu de se l’aliéner en évitant de

l’informer sur un trouble sur lequel vous n’avez qu’un bien faible

pouvoir d’action.

Vous pourriez inviter le professeur à lire la section du présent livre

qui lui est destinée (voir la section pour les enseignants page 81). Les

professeurs ne demandent pas mieux que d’avoir des conseils pour

faire face aux difficultés que leur suscitent les manifestations du

TDA/H.

Vous pourriez constituer avec son professeur et la direction

d’école un protocole dans lequel une série d’interventions serait mise

en place afin de mieux encadrer les comportements de votre enfant.

Celui-ci devra être mis au courant de cette entente que vous avez

passée avec l’école.


Vous pourriez construire un plan d’intervention qui impliquera

tous les partenaires (à la maison et à l’école) responsables de l’enfant.

Par exemple, discutez avec son professeur pour trouver les meilleures

façons de faire pour rendre possibles les devoirs :

en ayant à la maison un second exemplaire des livres qu’il

pourrait avoir oubliés pour les faire ;

en proposant à son professeur de vous envoyer par courriel les

devoirs que l’enfant aura à faire au cours de la semaine.


IDÉE

34
FOURNIR UNE AIDE SUPPLÉMENTAIRE POUR LES
APPRENTISSAGES

Si l’enfant inattentif ne réussit pas bien à l’école, ce n’est pas parce

qu’il n’est pas aussi intelligent que les autres. En groupe, il est

facilement distrait. Il n’arrive pas à écouter convenablement toutes les

consignes en classe. Il ne suit pas le groupe. Il fait des erreurs

d’inattention qui diminuent son rendement aux examens. Il oublie ses

devoirs et manque par la même occasion de consolider ses

apprentissages. Bref, il lui manque un certain nombre d’heures de

classe tout simplement parce qu’il n’est pas là. Si, à cause de ces

raisons, son passage en classe supérieure est compromis, il faut

intervenir durant les vacances d’été.

Un enfant inattentif est beaucoup moins pénalisé par ses déficits

quand il fait ses apprentissages en relation individuelle avec un adulte,

parce que ce dernier est constamment en interaction avec son élève.

La matière à apprendre est aussi beaucoup moins fastidieuse parce

que l’intervenant peut programmer des petites activités pédagogiques

variées pour suivre son rythme et ses intérêts. La matière peut aussi

être présentée de manière beaucoup plus ludique.

Si l’enfant connaît bien la réalité de son TDA/H, si la session de

révision d’été n’est pas présentée comme une punition pour ses

défauts d’apprentissages, mais comme une aide pour lui permettre de

maintenir le cap avec ses autres camarades de classe, il acceptera

beaucoup plus facilement de faire des activités scolaires pendant l’été.

Il pourra repartir en septembre sur un bon pied et peut-être même

avec une petite longueur d’avance sur les autres élèves qui auront

durant l’été oublié plusieurs règles que le professeur devra faire réviser

durant le mois de septembre. Votre enfant sentira qu’il est à la hauteur,


ce qui le motivera pour maintenir la petite avance que lui aura

donnée sa session d’été.


IDÉE

35
PRÉPARER LA RENTRÉE DES CLASSES DURANT LES
VACANCES D’ÉTÉ

Durant l’année scolaire, l’enfant est largement sollicité par toutes

les demandes émanant de l’école qui s’ajoutent aux exigences des

parents pour maintenir la barre sur le plan des apprentissages. Chez

un enfant souffrant d’un déficit d’attention, ces sollicitations sont

décuplées puisque chacun des intervenants lui aura demandé

plusieurs fois d’accomplir une tâche avant que celle-ci ne soit enfin

réalisée.

La mise en place d’une routine, on l’a vu, est parfois longue à

installer (voir l’Idée 15). Il serait donc de bonne intelligence de

commencer celle-ci avant le début des classes, pendant que l’enfant

est beaucoup plus détendu, libre des multiples contraintes que

représente son environnement scolaire.

On pourra profiter de la semaine qui précède la rentrée scolaire

pour « pratiquer » les rituels du matin et du coucher. Sous forme de

jeu dans lequel l’enfant pourra se noter, avec « bulletin de bonne

routine » à l’appui, on instaurera les petites tâches qui devront être

accomplies dans l’ordre qu’on aura déterminé avec lui afin de faciliter

la bonne marche à suivre durant ces périodes cruciales de la journée.


IDÉE

36
ENSEIGNER CLAIREMENT À SON ENFANT LES
RÈGLES DE VIE EN SOCIÉTÉ

Bien que plusieurs des comportements de l’enfant souffrant d’un

TDA/H soient l’expression d‘un désordre neurologique, ceux qui sont

socialement inacceptables requièrent de la part des parents une

surveillance particulière. L’enfant doit comprendre qu’on l’acceptera

inconditionnellement pour ce qu’il est, mais qu’il devra aussi ajuster

ses comportements pour qu’ils tiennent compte d’autrui.

Souvent, au grand désespoir des parents, l’enfant ne vit que pour

l’instant présent. Bien qu’il soit d’intelligence normale, l’anticipation

des conséquences ne fait pas partie de son répertoire de pensée. Alors,

il lui arrive souvent de ne pas se sentir responsable de ses actes. Il

n’est pas volontairement irresponsable : il n‘a tout simplement pas vu

le lien entre son action et la conséquence de celle-ci. Il faudra donc

lui enseigner formellement les comportements désirables et les règles

de vie en groupe, en lui donnant des exemples concrets. On indiquera

des conséquences découlant directement de la faute commise (par

exemple : réparer ou remplacer un matériel endommagé. S’il lui est

impossible de le faire, on exigera de sa part des services en

compensation du temps que vous devrez mettre vous-même à réparer

ou remplacer le matériel).

On devra souvent lui apprendre directement les relations de cause

à effet. Tout en lui apprenant le concept de cause à effet, on peut lui

montrer le lien entre le choix de ses comportements et la manière dont

les autres y répondent. On peut aussi lui montrer comment faire des

choix et accepter les conséquences de ses choix. Comme pour le

reste, cela prend beaucoup de temps, de démonstrations et de

pratiques, mais on peut y arriver. Il se souviendra même à l’âge adulte


des nombreux exemples que vous lui aurez donnés pour éviter un

comportement socialement inacceptable et vous serez surpris de

constater qu’il utilisera auprès de ses propres enfants les mêmes

arguments que ceux que vous utilisiez jadis avec lui et contre lesquels

il se rebiffait sans cesse.


IDÉE

37
AIDER SON ENFANT À SE CONSTRUIRE ET À
CONSERVER SON CERCLE SOCIAL

Les enfants souffrant d’un TDA/H ont souvent beaucoup de mal à

se faire des amis ou à maintenir leur réseau social. Ils sont rarement

invités par les parents de leurs amis à cause de leurs comportements.

Ils ne sont pas conviés aux anniversaires parce qu’ils risquent de

gâcher le climat de la fête et sont souvent rejetés à l’école par leurs

condisciples à cause leur impulsivité. Que faut-il faire ?

Ces enfants ont pourtant souvent beaucoup de succès avec les plus

jeunes qu’eux, de qui ils sont peut-être admirés du simple fait qu’ils

sont leurs aînés. Pourquoi blâmer l’enfant de n’aller qu’avec de plus

jeunes que lui ? Au contraire, il faut l’encourager et le valoriser dans

son rôle de grand auprès des petits.

Il faut parfois prendre les devants avec les amis. On les invite, on

leur fait vivre une belle expérience avec notre enfant lors d’une sortie

qu’on leur a organisée. On aide ainsi à créer, à tisser et à maintenir les

liens avec les autres. Un père racontait à un groupe de parents

comment il était satisfait d’avoir entretenu à coup d’invitations et de

sorties de toutes sortes les amitiés de son fils, car il constatait qu’à 26

ans, ce dernier avait toujours les mêmes amis qu’il lui avait « attirés »

par ses bons soins…

Quand les autres enfants connaissent la cause de l’agitation et des

comportements difficiles d’un enfant qui souffre de TDA/H, ils finissent

par l’accepter pour ce qu’il est, au-delà de ses symptômes. Il est donc

parfois utile d’expliquer les comportements de son enfant, sans pour

autant les excuser, et de demander la collaboration de tous pour faire

régner une belle harmonie.


IDÉE

38
COMMENT INTERVENIR AURPÈS DE SON
ADOLESCENT QUI SOUFFRE DE TDA/H ?

Les symptômes d’hyperactivité se manifestent de manière

différente à l’adolescence. L’agitation motrice diminue drastiquement,

au point de se muer en une sorte d’apathie ou d’indifférence qui nous

inquiète autrement davantage que son hyperactivité passée. Ce peut

être une argumentation sans fin, une logorrhée verbale lors de

discussions, une hyperactivité mentale qui l’entraîne dans mille et un

projets qui le distraient de ses études.

L’adolescence représente un grand défi pour tout parent et pour

tout enfant. L’adolescent vit de grands changements dans son corps,

ce qui l’amène à se préoccuper de sa nouvelle image en mutation. Il

doit également faire face aux émotions qui varient très rapidement

face aux situations, face aux amis. Il entrevoit les lacunes et les limites

de ses parents qui ne sont plus la source principale de ses

informations. Il découvre le plaisir de l’argumentation, du choc des

idées, de la satisfaction des échanges intellectuels. Il recherche

davantage la reconnaissance à travers les amis : il cherche à

s’identifier à son groupe tout en s’en démarquant à sa manière. Le défi

est encore plus grand pour l’adolescent qui souffre d’un désordre

neurologique, en raison de son inattention, de son impulsivité, et

souvent même de son immaturité. Le défi pour le parent d’un tel

adolescent est lui aussi plus grand.

Il peut être utile de lire le chapitre de ce livre qui s’adresse aux

adolescents afin de pouvoir les aider dans leur propre démarche. On

pourra bien entendu inviter le jeune à lire lui aussi ce chapitre.

Soutenez-le dans ses tentatives pour trouver des solutions ou appliquer

les conseils qui lui sont proposés.


IDÉE

39
GARDER SON SANG-FROID

Beaucoup de parents s’inquiètent pour l’avenir de leur enfant. Bien

que le TDA/H soit un syndrome qui persistera toute la vie, les

inconvénients qu’il entraîne vont s’atténuer avec l’âge. L’enfant, au fur

et à mesure qu’il grandira, appliquera les conseils que vous lui aurez

répétés maintes fois. Il les intégrera à ses routines, même s’il a l’air de

ne pas s’en soucier aujourd’hui. Il découvrira aussi des trucs par lui-

même et sur lui-même. Il saura que telle ou telle façon de faire lui

convient mieux que telle autre, il réussira plus facilement.

Il faut également savoir que plusieurs adultes ayant souffert de

TDA/H durant l’enfance et qui en vivent toujours les symptômes s’en

servent aujourd’hui pour se réaliser dans des activités qui les

conduisent à entreprendre de grandes choses, à créer de formidables

chefs d’œuvre, ou à diriger une entreprise, par exemple. Souvent ces

modèles se rappelleront en souriant la série de bévues qu’ils auront

commises, le nombre de réprimandes qu’ils auront subies, mais qui ne

les auront pas marqués outre mesure parce que leurs parents auront

maintenu envers et contre tout leur confiance en eux.


IDÉE

40
CONNAÎTRE LES SYMPTÔMES SPÉCIFIQUES DU
TDA/H

Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité

(TDA/H) est un trouble neuro-développemental des plus fréquents,

d’étiologie multifactorielle, cliniquement hétérogène, entraînant des

coûts psychologiques et sociaux importants à cause de son impact sur

l’enfant dans ses apprentissages scolaires, dans ses relations avec

l’adulte et avec ses camarades. Comme ce trouble neurologique

touche entre 3 et 7 % des enfants d’âge scolaire, tout professeur aura

l’occasion un jour d’être confronté aux défis d’implanter une

pédagogie adaptée à un élève qui souffre d’un TDA/H, d’aménager sa

classe pour faciliter les apprentissages de cet élève ainsi que son

intégration avec ses camarades, et enfin de collaborer avec les parents

de cet enfant pour trouver les meilleures stratégies garantes de sa

réussite scolaire tout en préservant la qualité de son enseignement

auprès de tout son groupe. C’est pourquoi nous invitons tous les

professeurs à lire un ouvrage scientifique qui explique plus

spécifiquement ce qu’est le TDA/H. Plusieurs bons ouvrages existent

en français. Un des plus récents a été publié au Québec par un groupe

de professionnels, chercheurs et cliniciens intitulé « Trouble déficitaire

de l’attention avec hyperactivité : soigner, éduquer, surtout valoriser ».

Il est facilement disponible sur Internet. Dans le présent guide, nous

passerons en revue les principaux symptômes d’inattention (voir

l’Idée 41), d’impulsivité et d’hyperactivité (voir Idée 42) et les autres

manifestations souvent associées au TDA/H (voir l’Idée 43) pour

lesquelles nous vous proposerons des « idées » pour mieux y faire face

en tant qu’enseignant.
IDÉE

41
RECONNAÎTRE LE DÉFICIT D’ATTENTION CHEZ
SON ÉLÈVE

L’enfant qui présente un déficit d’attention oublie des choses qu’il

a déjà apprises, il évite, il exprime une réticence ou a de la difficulté à

s’engager dans des tâches qui demandent un effort. Il n’arrive pas à

finir les choses qu’il commence, il semble manquer d’intérêt pour les

travaux scolaires, il perd les affaires nécessaires pour ses tâches ou

activités (par exemple, devoirs scolaires, crayons…). Il est facilement

distrait par des stimuli externes, son attention est de courte durée, il a

de la difficulté à maintenir son attention à des tâches ou des jeux, ne

fait pas attention aux détails ou commet des erreurs d’inattention dans

ses travaux scolaires ou autres activités. Il ne semble pas écouter ce

qu’on lui dit.

Il faut garder à l’esprit que l’enfant aux prises avec un déficit

d’attention ne fait jamais exprès de perdre ses affaires, d’oublier de

vérifier, de se perdre dans son imagination débordante. Rappelons

qu’il lui est souvent impossible de maintenir longtemps son intérêt

pour une activité cognitive qui lui demande un plus grand effort que

pour les autres. Le réprimander parce qu’il manque d’attention

n’améliorera pas son attention, sinon pour quelques instants. Cela

risque plutôt de l’enfoncer plus profondément dans sa perte d’estime

de lui-même.
IDÉE

42
RECONNAÎTRE L’IMPULSIVITÉ ET
L’HYPERACTIVITÉ

Votre élève est excitable et impulsif. Il a de la difficulté à attendre

son tour. Il interrompt ou fait intrusion dans les activités des autres (par

exemple, dans leurs conversations ou leurs jeux). Il laisse échapper la

réponse à des questions avant qu’on ait fini de les énoncer. Il ne suit

pas les instructions jusqu’au bout et n’arrive pas à finir ses devoirs

scolaires (et pas à cause d’un comportement oppositionnel ou d’une

incapacité à comprendre les instructions). Il est facilement frustré si on

ne répond pas immédiatement à ses demandes.

L’enfant est agité, toujours debout et en mouvement. Il est

constamment actif ou agit comme s’il était animé par un moteur. Il se

lève de sa chaise en classe ou dans d’autres situations où l’on s’attend

à ce qu’il reste assis. Il grimpe partout et court excessivement dans des

situations où cela n’est pas approprié. Il a des difficultés à jouer ou à

s’engager calmement (sans trop de bruit) dans des activités de loisirs. Il

n’arrive pas à demeurer en place. Il tripote ou joue nerveusement avec

ses mains ou ses pieds ou gigote sur sa chaise. Il parle excessivement.

On doit alors penser qu’il est hyperactif et impulsif, et que ses

comportements sont causés par son état neurologique et non à cause

d’une mauvaise éducation.


IDÉE

43
CONNAÎTRE LES AUTRES MANIFESTATION
ASSOCIÉES AU TDA/H

En raison de l’atteinte neurologique touchant principalement

l’intégrité des lobes frontaux, les fonctions dites d’autorégulation

frontale font cruellement défaut chez l’enfant qui présente un TDA/H.

Ces fonctions, dont le développement débute tôt dans l’enfance et se

poursuit jusqu’à l’âge adulte, sont aussi appelées fonctions exécutives.

Elles jouent un rôle essentiel dans la planification, l’organisation et

l’utilisation de stratégies pour atteindre et maintenir un objectif, la

vérification de la pertinence de ces stratégies en cours de travail et

l’autocorrection s’il y a lieu, l’inhibition d’une action ou d’une pensée

qui viendrait nuire à la poursuite de son objectif, ainsi que la flexibilité

cognitive pour s’ajuster face aux imprévus qui surviennent en cours

d’exécution. Ces fonctions régulent l’ensemble de nos actions et de

notre comportement, mais aussi nos émotions. La mémoire de travail

qui permet la manipulation et le maintien en mémoire immédiate de

toutes ces informations nécessaires à la réalisation de ces activités

cognitives requises en même temps fait également partie des fonctions

exécutives. Elle est souvent très limitée chez l’enfant ayant un TDA/H.

Dans le TDA/H, on parlera plutôt d’une immaturité neuro-

développementale frontale que d’une véritable lésion cérébrale

frontale. Cette immaturité entraînera principalement des problèmes

d’inhibition et de mauvais contrôle émotionnel. L’enfant sera en outre

incapable de gérer plusieurs choses à la fois (mémoire de travail

limitée), de planifier et de s’organiser dans son travail et dans ses

affaires, il manquera d’autogestion, de vérification. Puisqu’on retrouve

de tels problèmes chez la plupart de ces enfants ayant un TDA/H, on

peut plus facilement admettre qu’ils relèvent bien davantage du

syndrome que de la personnalité de l’enfant ou de son éducation.


Ces limites constituent chez l’enfant ayant un TDA/H un handicap

qu’il faut tenter de contourner ou de compenser par des interventions

appropriées plutôt que de s’acharner à transformer l’enfant.

Si nos interventions sont adéquates avec ces jeunes, ceux-ci

évolueront plus sereinement et l’immaturité s’amenuisera

progressivement avec le développement plus tardif des fonctions

frontales. Ils apprennent donc eux aussi, mais leur rythme est

beaucoup plus lent et ils demandent plus de démonstrations pour

parvenir au même rendement que leurs camarades.

Il faut donc accepter d’être davantage patient avec eux.


IDÉE

44
SAVOIR QU’IL EXISTE UNE FORTE ASSOCIATION
ENTRE LES TROUBLES ANXIEUX ET LE TDA/H

Les études scientifiques ont mis en évidence une plus grande

prévalence de troubles anxieux chez les enfants présentant un TDA/H.

En effet, environ 25 % des enfants porteurs d’un TDA/H souffriraient

également d’un trouble anxieux. Les chercheurs s’interrogent toutefois

sur la question de savoir s’il s’agit de deux affections distinctes chez

un même individu ou d’un recoupement de manifestations semblables

des deux pathologies, ou encore des conséquences de l’une des

pathologies sur l’autre. En d’autres termes, sommes-nous en présence

d’un enfant qui porterait à la fois le TDA/H et le trouble anxieux ? Ou

d’un enfant anxieux qu’ont identifierait à tort comme un enfant ayant

un TDA/H parce que plusieurs manifestations des deux pathologies se

ressemblent ? Ou enfin, est-ce que les souffrances que vit un enfant à

cause de ses symptômes du TDA/H entraînent secondairement une

anxiété démesurée qu’on interprète comme un véritable trouble

anxieux, ou, inversement, un enfant anxieux qui présente plusieurs

des manifestations généralement reconnues chez les enfants

hyperactifs ?

Chez les enfants anxieux, les biais cognitifs les plus fréquents,

selon Verreault et Berthiaumes, « sont d’avoir tendance à surestimer

les probabilités d’apparition d’un événement redouté et de surestimer

ses conséquences négatives. Les réactions comportementales les plus

typiques sont l’évitement comportemental ou cognitif de l’objet

anxiogène et les demandes de réassurance excessives auprès de

l’adulte. Il est également fréquent que les manifestations

comportementales s’observent par des crises de colère, des

cauchemars répétitifs et de l’opposition » (p. 114).

Quand l’anxiété devient excessive et envahissante, l’enfant

anxieux, même sans TDA/H, « ne parvient pas à prêter attention aux


détails, il a du mal à soutenir son attention, il semble ne pas écouter

quand on lui parle. Il ne parvient pas à mener ses tâches à terme » à la

suite de vérifications excessives par crainte de ne pas avoir bien fait

les choses. Il « ne se conforme pas aux consignes » ou « se lève en

classe alors qu’il est supposé rester assis » pour tenter d’éviter une

situation anxiogène ; il a « du mal à organiser ses travaux ou ses

activités, il oublie ses affaires » lorsque les cognitions anxiogènes sont

persistantes. « Il parle souvent trop, il impose sa présence ou

interrompt les autres » pour éviter des cognitions dérangeantes ou par

des demandes de réassurance constantes. « Il remue les mains ou les

pieds et se tortille sur son siège et il a du mal à se tenir tranquille dans

les jeux ou activités de loisir », surtout lors d’une activation

physiologique reliée au trouble anxieux. Par cette description de

l’enfant anxieux, on peut voir à quel point les manifestations des deux

pathologies se ressemblent et peuvent facilement être prises l’une pour

l’autre. Comme ces manifestations sont plus susceptibles de se

produire en classe qu’à la maison, où son environnement familier est

pour lui plus rassurant, l’enseignant est le mieux placé pour les

observer.

Si votre élève présente ces symptômes, il est important d’en parler

avec les parents pour savoir si les comportements de l’enfant sont

identiques à la maison. Des thérapies cognitivo-comportementales qui

ont peu d’impact chez les enfants ayant un TDA/H pur, sans trouble

anxieux, sont au contraire très efficaces chez les enfants qui présentent

un trouble anxieux pur ou un trouble anxieux doublé d’un TDA/H.

Vous pourriez ainsi contribuer à éclairer le diagnostic que posera le

médecin ou le psychologue si vous leur apportez vos observations

avisées, et ainsi concourir au choix du traitement.


IDÉE

45
CONNAÎTRE LES EFFETS DU TDA/H SUR LE
FONCTIONNEMENT SCOLAIRE ET FAMILIAL

À l’école, on comprendra que l’enfant peut rencontrer des

difficultés scolaires parce qu’il n’écoute pas ce que dit son professeur,

surtout lorsqu’il est en groupe, et parce qu’il est distrait par tout ce qui

l’entoure. Il fait des erreurs d’inattention ou d’impulsivité, et perd des

points même s’il connaît la règle. Comme il ne parvient pas non plus à

finir ses devoirs ou ses contrôles, il obtient des notes incomplètes et

souvent insuffisantes pour pouvoir passer dans la classe supérieure.

Il présente aussi des problèmes de comportement parce qu’il est

colérique. Il change d’humeur rapidement et il a des réactions de

frustration exagérées. Il a une agitation excessive qui désorganise

facilement le groupe. Il semble ne pas obéir aux consignes, ni

respecter les exigences du professeur.

Ses difficultés risquent d’entraîner également des problèmes

sociaux : l’enfant est souvent immature, il manque d’habiletés

sociales, il tient peu compte des réactions de ses camarades, il est trop

distrait pour suivre les règles d’un jeu en groupe ou dérange les autres

enfants, il ne semble pas être accepté par le groupe, il est l’un des

derniers à être choisi pour des jeux ou pour constituer des équipes, il a

peu d’amis et ne sait pas comment s’en faire.

Sur le plan familial, il est souvent peu autonome pour suivre les

routines du matin, ce qui entraîne de vives réactions des parents pour

l’amener à se presser et arriver à l’heure à l’école. Les relations avec

ses frères et sœurs sont tendues. Le moment des devoirs peut être un

calvaire pour les parents déjà sous tension à cause de ses mauvais

résultats scolaires. Ils sont alors en proie à des sentiments


d’incompétence et de découragement, et abandonnent parfois leur

rôle d’éducateurs pour avoir la paix.

L’impact du TDA/H sera encore plus important si le trouble n’est

pas diagnostiqué. On attribuera la responsabilité des comportements

problématiques à l’enfant lui-même, qu’on dira paresseux, entêté,

étourdi, et qui développera une mauvaise estime de lui-même parce

qu’il se sentira incapable et impuissant à répondre aux attentes de ses

professeurs ou de ses parents. On blâmera les parents de mal encadrer

leur enfant, de négliger les principes d’une saine éducation, ce qui les

mettra sur la défensive quand ils recevront des commentaires négatifs

de l’école.

Il est donc primordial de comprendre qu’un enfant ayant un

TDA/H a des limites réelles qui constituent chez lui un handicap

véritable. Seules des interventions et des mesures adaptées à son état

et à ses besoins sont susceptibles de l’aider et de faciliter pour tous son

intégration dans le milieu scolaire.

Les interventions en milieu scolaire prendront la forme d’un

aménagement particulier dans sa classe (voir l’Idée 55), d’une

adaptation du matériel et du travail demandé, d’une aide

pédagogique, d’une organisation du travail, de mise en œuvre d’une

feuille de route (voir l’Idée 65)…


IDÉE

46
ACCEPTER SON ÉLÈVE MALGRÉ SON HANDICAP

Il ne vous viendrait pas à l’idée de blâmer un enfant sourd parce

qu’il n’entend pas, ou de vous impatienter contre un enfant qui

déambule péniblement à cause d’une paralysie cérébrale ou d’une

infirmité motrice. Vous consacreriez plus de temps ou vous pourriez

ajuster votre pédagogie avec un enfant qui manque souvent la classe,

en raison de ses traitements de dialyse par exemple. Et vous seriez

parfaitement justifié de le faire parce que les handicaps présentés par

ces enfants ne relèvent pas de leur responsabilité.

Si vous êtes capable de reconnaître que le TDA/H est un problème

neurologique dont l’enfant n’est pas responsable, si vous comprenez

mieux les symptômes de l’inattention (voir l’Idée 41), de l’impulsivité

et de l’hyperactivité (voir l’Idée 42), et les autres manifestations reliées

à l’immaturité neuro-développementale (voir l’Idée 43), vous serez

davantage disponible pour adopter une attitude ouverte et vous

pourrez plus facilement ajuster vos interventions face à cet élève qui

dérange immanquablement la discipline de la classe.

Vous découvrirez que derrière cette frimousse exubérante se

trouve un enfant très attachant pour autant qu’on aura pu abaisser les

systèmes de défense qu’il a souvent développés pour faire face aux

critiques qui fusent de toutes parts. Vous pourrez alors développer

avec lui une relation significative qui orientera peut-être le cours de

son histoire personnelle, et vous serez alors fier d’apprendre un jour

que vous avez contribué au rôle qu’il jouera dans la société. Car ces

enfants, s’ils manifestent tant de comportements affligeants quand ils

sont petits, sont néanmoins souvent plus créatifs, plus débrouillards,

capables d’une grande sensibilité. Quand, à l’âge adulte, l’immaturité

développementale s’est estompée, quand le jeune a pu émerger parce

qu’il a bénéficié d’interventions adéquates et capables de prendre en


compte ses difficultés, ses lacunes de jadis deviennent des forces, et

son énergie débordante le rend capable de faire avancer de grands

projets.
IDÉE

47
MIEUX CONNAÎTRE LES CAPACITÉS ET LES LIMITES
DE SON ÉLÈVE

Avant de chercher à établir un plan d’intervention qui tiendra

compte des besoins et des limites de votre élève (voir l’Idée 51), il est

important de connaître son profil personnel. Bien qu’on retrouve un

certain nombre de points communs sous l’appellation « TDA/H », tous

les enfants qui souffrent de ce trouble n’en présentent pas

nécessairement tous les symptômes. De plus, la personnalité de

chaque enfant, tout comme l’éducation qu’il reçoit et le milieu dans

lequel il évolue vont marquer de manière singulière les diverses

manifestations de son TDA/H. Il est donc essentiel de bien

comprendre ce qu’est le TDA/H, mais davantage encore de connaître

en particulier l’enfant qui est devant vous et qui en est atteint.

Des grilles d’observation peuvent vous aider à identifier les

comportements qui caractérisent votre élève (parfois / à l’occasion ;

souvent / régulièrement) et vous permettront de cibler ceux sur

lesquels on doit intervenir en priorité.

Observez également votre élève dans ses apprentissages : semble-

t-il avoir une bonne mémoire ? Comment est son écriture ? Lui faut-il

plus de temps pour écrire sous la dictée ? Arrive-t-il à vous suivre ?

Parvient-il à vous suivre quand vous parlez ?, quand vous écrivez au

tableau ?, quand il est en grand groupe ?, quand il est seul avec vous ?

S’entend-il mieux avec un élève en particulier dans la classe ? Cet

élève peut-il être pour lui un bon modèle, une aide pertinente pour

l’accompagner dans ses apprentissages ?


IDÉE

48
MIEUX CONNAÎTRE SON ÉLÈVE EN DEHORS DU
CADRE SCOLAIRE

L’enfant n’est pas qu’un sujet de diagnostic, il n’est pas non plus la

somme de ses capacités et de ses limites. L’enfant a sa personnalité,

ses intérêts, ses talents, sa (ses) matière(s) préférée(s). Tenez compte de

l’ensemble. Trouvez des moments pour échanger avec lui, pour lui

demander ce qu’il a fait pendant sa fin de semaine, pour découvrir ce

qu’il aime faire durant l’été, durant les congés d’hiver…

Connaître ses intérêts et ses talents en dehors de l’école pourra

vous amener à découvrir cet enfant, à l’apprécier autrement, à

entretenir avec lui une meilleure relation. Les jeunes collaborent

toujours mieux avec des personnes avec lesquelles ils ont pu établir

un bon rapport.

Connaître ses domaines d’intérêt et ses talents pourra vous guider

dans votre pédagogie en vous permettant par exemple de choisir

comme sujet de composition un thème qui le passionne ou, pour un

exposé oral, un domaine qu’il connaît mieux. Il pourra ainsi se mettre

en valeur auprès de ses camarades par lesquels il est souvent perçu

comme le cancre de la classe.

Rendre les apprentissages significatifs parce que vous aurez tenu

compte de ses intérêts favorisera leur consolidation. Connaître ses

intérêts et ses talents vous permettra également d’alimenter votre

bagage de récompenses et de privilèges, et d’être plus inventif dans

leur application (voir l’Idée 53).


IDÉE

49
ÉTABLIR UNE BONNE COMMUNICATION AVEC
LES PARENTS DE CET ÉLÈVE

Rappelez-vous qu’être parent à plein temps d’un enfant hyperactif

demande beaucoup d’énergie et entraîne parfois un épuisement. Las

de se voir constamment sollicités et rabroués par les autres adultes en

contact avec leur enfant, les parents peuvent développer ou adopter

des attitudes défensives. Ils ont davantage besoin d’être soutenus que

blâmés pour les comportements inadéquats de leur enfant. Une

communication positive permettra aux parents d’apprécier votre

compréhension du problème et de collaborer éventuellement à établir

avec vous un plan d’intervention qui respectera à la fois les capacités

et les limites de leur enfant. On pourra ainsi assurer une continuité

entre les interventions faites à l’école et celles que les parents pourront

poursuivre à la maison. La cohérence des exigences ainsi assurée

risque d’être mieux respectée par l’enfant, parce que le message sera

univoque.

Les communications doivent être plus fréquentes qu’avec les

parents des autres élèves parce que l’enfant n’a pas les mêmes

capacités d’autonomie vis-à-vis de la prise en note des devoirs et des

leçons, des papiers à faire signer, de la préparation d’un prochain

contrôle, des devoirs à faire et des leçons à apprendre, de la

transmission d’information ou de vos demandes particulières à ses

parents.

Il est aujourd’hui facile d’établir avec les parents de votre élève

une brève communication quotidienne par Internet pour leur indiquer

la matière à revoir, les consignes à suivre, la planification de la

semaine, etc. Il sera peut-être utile d’établir des règles claires et de

poser des bornes pour ne pas vous laisser envahir par des

communications démesurément longues, trop nombreuses ou

intempestives de la part de parents anxieux.


Invitez-les à lire ce livre qui leur donnera des idées pour mieux

intervenir avec leur enfant, ce qui réduira sans doute leur niveau

d’anxiété.
IDÉE

50
ÉTABLIR UNE BONNE COMMUNICATION AVEC
CET ÉLÈVE

L’élève souffrant d’un TDA/H a déjà une longue expérience des

réprimandes, du sentiment de son inadéquation, de son incapacité à

répondre correctement aux attentes et exigences des adultes, à moins

d’être en maternelle ou en première année du primaire, où il fera

bientôt cette expérience si rien n’est encore mis en œuvre pour l’aider.

Aussi, c’est souvent avec méfiance que cet enfant aborde un nouveau

professeur, craignant que celui-ci, une fois encore, trouve qu’il n’est

pas à la hauteur de ses attentes.

Prenez alors les devants. Souvent, vous aurez déjà eu l’occasion

d’entendre parler de cette « petite peste » par le professeur de l’année

précédente, par les surveillants du midi ou des récréations. Dites-le

lui. Expliquez-lui que vous savez qu’il a des difficultés, mais que vous

allez travailler avec lui pour trouver des solutions afin qu’il soit

heureux cette année dans votre classe. Demandez-lui s’il est prêt à

collaborer avec vous pour trouver des solutions. Informez-le que vous

avez discuté de ses difficultés avec ses parents et qu’ensemble, avec

eux et avec lui, vous allez relever le défi d’une année bien réussie.

Décrivez les symptômes que son TDA/H entraîne à l’école, avec les

amis, vis-à-vis des apprentissages, et dites-lui que vous devrez

travailler tous ensemble dans la classe pour contourner ou aplanir ses

petits problèmes, qu’on fera appel à des amis pour l’aider au besoin,

qu’on souhaite compter sur sa collaboration. Ainsi, il deviendra un

acteur actif dans sa prise en charge.

Vous pourrez l’impliquer dans le plan d’intervention (voir Idée 51)

que vous pourrez constituer en équipe pluridisciplinaire avec un(e)

psychologue, un(e) orthopédagogue ou un(e) enseignant(e)


spécialisé(e), avec la direction de l’école et avec les parents. On

pourra à cette occasion lui faire prendre conscience de ses capacités

et de ses limites. On lui exposera ce qu’il devrait tenter d’améliorer

avec les moyens qu’on aura trouvés ensemble. On l’invitera à

participer au choix des récompenses ou des punitions (voir Idée 53)

qui pourraient être appliquées en fonction des objectifs qu’il aura

atteints ou non.
IDÉE

51
ÉTABLIR UN PLAN D’INTERVENTION

Quand le TDA/H est identifié chez un enfant, un plan

d’intervention devrait immédiatement être mis en place pour

améliorer la qualité de ses apprentissages, faciliter ses relations avec

les adultes et ses camarades, et préserver son estime de soi.

Pour concevoir un plan d’intervention, on doit d’abord identifier

les besoins de l’élève en établissant ses capacités et ses limites, ses

forces et ses faiblesses dans les différentes matières scolaires, et ses

facilités et ses difficultés dans ses relations sociales. On pourra ainsi

dresser la liste des objectifs à atteindre tout en respectant le rythme de

l’enfant.

Dans le plan d’intervention, on fera figurer les moyens

d’intervention à privilégier, les modalités d’application, la fréquence

de la réévaluation pour mesurer l’impact de la démarche, et le nom

des intervenants (incluant les parents, les enseignants et les autres

intervenants : psychologue, éducateur, direction, concierge) qui auront

la responsabilité de soutenir l’enfant dans telle ou telle activité

spécifique.

Ce plan d’intervention devra être révisé régulièrement pour en

mesurer l’efficacité. La période d’essai doit être suffisamment longue

parce que les progrès sont souvent lents, mais un plan ne doit pas être

maintenu trop longtemps si les moyens mis en place ne fonctionnent

pas ou si on observe l’apparition de nouvelles difficultés en raison

même de l’application du plan.

Les objectifs définis doivent être opérationnels, et les moyens mis

en place doivent être concrets, les uns et les autres doivent être

facilement mesurables. Par exemple, si vous proposez un objectif tel

que : « L’enfant devra améliorer sa conduite (objectif) en étant plus

gentil avec les autres (moyen) », l’enfant est défini ici comme seul
responsable du succès ou de l’échec d’un objectif assez flou par un

moyen complètement inapproprié, puisque c’est malgré lui que cet

enfant perd facilement son contrôle. Formulé autrement, cet objectif et

sa mise en œuvre seraient plus directement applicables. Par exemple :

« L’enfant ne se battra pas dans la cour de récréation. Pour l’aider, un

camarade (un ami de l’enfant qui consentira à jouer ce rôle) pourra,

par un mot choisi d’avance par l’élève, lui rappeler cette consigne

avant que la bagarre s’amorce. Il devra aviser le surveillant s’il ne

parvient pas à convaincre son ami d’arrêter sur le champ. » On pourra

ensuite dénombrer les situations où la première intervention a été

suffisante, celles où on a dû faire intervenir le surveillant, et constater

l’amélioration ou non du comportement ciblé.

Le plan d’intervention doit viser des objectifs réalistes en fonction

des capacités de l’enfant. Les parents sont souvent des interlocuteurs

valables qui peuvent apporter une utile contribution lors des échanges

sur les capacités de leur enfant à pouvoir répondre aux objectifs avec

les moyens suggérés.


IDÉE

52
ÊTRE PLUS TOLÉRANT AVEC L’ÉLÈVE SOUFFRANT
DE TDA/H

Une des objections que j’ai très souvent entendue de la part de

professeurs qui interviennent auprès d’un enfant souffrant d’un TDA/H

est qu’ils ne peuvent accorder de dispenses ou de passe-droit

particuliers sans que tous les autres élèves ne les exigent à leur tour.

Pourtant, si un enfant leucémique avait des besoins spéciaux, tous

seraient d’accord pour les lui accorder, pour lui donner un droit que

les autres élèves n’auraient pas, et personne ne s’en plaindrait. On

peut donc réagir de la même façon avec un enfant dont le syndrome

n’est peut-être pas aussi émouvant que la leucémie, mais qui le

handicape néanmoins dans ses activités de la vie quotidienne, et

spécialement quand il est à l’école.

Vous êtes le gestionnaire de votre classe. Si un autre élève se plaint

de l’injustice qu’il ressent vis-à-vis d’une permission que vous lui

refusez alors qu’elle est accordée à l’enfant hyperactif, vous pouvez

lui expliquer que votre décision ne le concerne pas, que vous

connaissez chez son camarade des lacunes que lui n’a pas et que

vous choisissez d’intervenir pour le bénéfice de chacun. Il est parfois

utile, avec le consentement de l’élève et de son parent, d’expliquer à

toute la classe ce qu’est le TDA/H, ce qu’il entraîne et ce qu’il

nécessite. Cela pourrait même être choisi comme sujet d’un exposé

oral par l’élève lui-même, qui pourrait ainsi expliquer ses symptômes

et favoriser ainsi leur meilleure compréhension par les autres élèves.

Une autre objection fréquente vient du fait que si on fait certaines

choses à la place du jeune, il n’apprendra jamais à les faire par lui-

même.
Rappelez-vous tout d’abord qu’il s’agit avec le TDA/H d’une

immaturité neuro-développementale (voir Idée 43). Avec les stratégies

qu’on lui enseignera et celles qu’il découvrira progressivement par lui-

même, l’enfant souffrant de ce trouble pourra éventuellement parvenir

à prendre son développement en main, mais cette prise en charge

risque de survenir plus tard que chez les enfants du même âge.

De plus, vous savez que l’enfant apprend aussi beaucoup par

imitation. S’il est privé de modèles suffisants, il peut développer au

contraire des façons de faire qui nuiront en fin de compte à son bon

développement. Mieux vaut une longue mise en place des modèles

pour qu’il finisse par les intégrer, que de le forcer à suivre des modèles

qu’il n’est pas encore prêt à utiliser par lui-même.


IDÉE

53
ENCOURAGER SOUVENT SON ÉLÈVE

L’enfant impulsif, inattentif ou hyperactif est souvent critiqué pour

tout ce qu’il fait ou ne fait pas. Il faut donc identifier toutes les

situations où votre élève fait un effort, même s’il ne réussit pas

nécessairement.

Par exemple, s’il a l’habitude de parler avant son tour, on le

félicitera chaque fois qu’il aura levé la main et attendu qu’on lui

donne la parole. Si l’élève obtempère dès le premier signe, félicitez-

le : vous contribuerez ainsi à renforcer la consigne.

• On peut utiliser un système d’émulation pour amener l’enfant à

mériter des félicitations, mais surtout, par des moyens tangibles, à

développer chez lui une fierté. Les systèmes de récompense ont

prouvé leur efficacité auprès de ces enfants car ils apportent un

support concret dont ces enfants ont grand besoin pour prendre

conscience des efforts à produire pour se mériter des privilèges.

Donnez une gratification chaque fois que l’enfant répond à l’effort

demandé (autocollants, images, jetons, billets de bonne conduite), lui

accordant éventuellement un droit à des privilèges particuliers.

Utilisez un système cumulatif qui lui octroiera un passe-droit ou une

récompense dès qu’il aura accumulé le nombre de jetons nécessaires

à leur obtention, quel que soit le temps qu’il lui aura fallu pour les

obtenir.

• Évitez au contraire le système de retrait de récompenses, qui est

de nature à susciter plus de frustration et à décourager le jeune s’il

perd dès le matin les images nécessaires à l’obtention d’un privilège

ou d’une récompense.
IDÉE

54
COMMENT GÉRER SA CLASSE QUAND ON A UN
ÉLÈVE IMPULSIF HYPERACTIF ?

Avoir un enfant qui perturbe régulièrement sa classe parce qu’il ne

parvient pas à suivre vos directives, parce qu’il devient rapidement un

trouble-fête, et possiblement le bouc émissaire responsable de toutes

les situations de désordre peut décourager tout enseignant confronté à

ce problème.

Il vaut parfois mieux prendre, dès septembre, le temps de bien

élaborer une stratégie efficace de gestion de la classe qui tienne

compte de l’enfant souffrant d’un TDA/H. Cette décision permettra

probablement de vous épargner par la suite un surcroît de travail et

une dépense d’énergie inutile pour arriver à faire régner l’ordre en

tentant de contrôler cet élève qui n’a pas l’équipement neurologique

adéquat pour lui permettre de répondre aux exigences de la vie en

groupe. Voici quelques recommandations :

Établir dès le début d’année un code des conduites nécessaires au

bon fonctionnement de la classe. Le nombre de règles doit

toutefois être limité : elles doivent être exprimées en termes

simples, avec un minimum de mots. Il vaut mieux parfois les

illustrer avec une image évocatrice (une image vaut mille mots).

Expliquer que les conséquences du non-respect de ces règles

tiendront compte des capacités et des limites de chaque élève, et

que ces dernières sont différentes d’un enfant à l’autre (voir

l’Idée 52).

Mettre en place un rituel stable pour l’entrée et la sortie des

élèves, et pour leurs déplacements.

Favoriser un climat calme et silencieux.

Pour obtenir le silence, éteindre la lumière dans la classe est

certainement plus efficace que de crier après les élèves pour


couvrir leur bruit en leur demandant de se taire.

Féliciter publiquement un élève devant toute la classe. Critiquer

en privé et de façon constructive ses mauvais comportements.

Éviter les stimulations visuelles trop nombreuses (voir l’Idée 55).

Ne pas appliquer de punition collective pour sanctionner les

comportements d’un seul élève.

Concentrer les nouveaux apprentissages scolaires importants le

matin ; réservez pour l’après-midi les exercices de consolidation

de ces apprentissages.

Utiliser un système d’émulation efficace dans la classe.


IDÉE

55
AMÉNAGER LA CLASSE POUR DIMINUER LES
SOURCES DE DISTRACTION

Dans une classe, l’élève souffrant d’un TDA/H est incapable de

maintenir longtemps son attention parce qu’il est constamment

sollicité par tous les bruits, chuchotements, déplacements ou signaux

inhabituels qui peuvent survenir autour de lui. On doit donc porter

une attention particulière à l’emplacement de son pupitre : loin des

fenêtres et des portes, loin d’autres élèves qui perturbent la classe, près

d’élèves attentifs, près de votre pupitre ou près du lieu où vous vous

tenez le plus souvent afin de pouvoir facilement et discrètement le

ramener à l’ordre.

Une classe bien décorée est toujours attrayante pour les enfants ;

les rappels visuels de certaines règles grammaticales, de la séquence

alphabétique, des tables d’addition, des cartes géographiques, des

règlements du fonctionnement de la classe, etc., peuvent servir

d’éléments de décoration, mais attention : une surcharge visuelle peut

au contraire constituer une source importante de distraction. Pour

l’enfant souffrant d’un déficit d’attention, et pour beaucoup d’autres

aussi, la sobriété est généralement garante d’un climat de sérénité

propice aux apprentissages. Si on veut attirer l’attention des enfants,

mieux vaut installer une seule affiche pendant un moment déterminé,

limité dans le temps, puisqu’à long terme, une affiche perd de son

impact et devient par conséquent inutile.

Une classe toujours bien disposée aura un effet similaire. Exigez

des enfants que les pupitres soient toujours en ordre. Vérifiez plus

spécialement celui de votre élève inattentif. Demandez-lui

régulièrement de ranger son pupitre afin d’éviter les oublis fréquents

dus au désordre. Parce qu’il a souvent du mal à s’organiser, aidez-le


au besoin ou faites appel à un camarade pour l’aider à ranger sa table

de travail, à classer ses papiers dans des reliures à anneaux avec des

intercalaires de couleurs différentes pour chaque matière. Durant une

explication, exigez que tout son matériel soit rangé à l’exception du

matériel nécessaire à la leçon en cours pour éviter les distractions

inutiles. Demandez aux parents d’inscrire son nom sur chaque objet,

sur chaque crayon, sur chaque cahier.


IDÉE

56
AMÉNAGER LA PÉDAGOGIE POUR FAVORISER
L’ATTENTION

Après que vous aurez donné à l’ensemble de la classe les

directives sur un travail à réaliser, demandez discrètement à votre

élève inattentif de vous répéter ces directives et corrigez les lacunes

s’il y a lieu. Assurez-vous de bien capter son regard quand vous lui

donnez une consigne importante. Utilisez un support visuel en même

temps que vous donnez l’information verbale (au moins une des deux

sources d’information aura une chance d’être captée par l’élève

inattentif), et il faudra le rappeler plusieurs fois à l’ordre si on veut

qu’il comprenne l’ensemble du message. Utiliser un signe non verbal

pour attirer son attention pour éviter qu’il prenne pour une

remontrance humiliante le fait d’être interpellé devant les autres

élèves.

L’enfant qui ne peut fournir un effort soutenu a tendance à se

décourager quand sa tâche lui paraît trop longue. Diminuez

discrètement, à l’insu des autres élèves, le nombre d’exercices ou la

quantité de travail que vous exigez de lui (demandez-lui seulement les

numéros d’exercice impairs, d’écrire un mot sur deux, de faire une

dictée à trous qui ne concerne que certains mots ciblés…). Morcelez

le travail en plusieurs étapes à l’aide d’un support visuel placé sur son

bureau. Si on lui présente une seule étape à la fois, sa motivation

initiale sera préservée. Il pourra entre chaque étape prendre une petite

pause, se dégourdir un peu (voir l’Idée 58) avant de passer à l’étape

suivante. Vérifiez plus souvent la qualité de son travail.

L’enfant inattentif a du mal à s’organiser. Permettez à l’élève de

faire appel à l’aide d’un camarade pour exécuter certaines tâches.

Identifiez un élève scripteur qui pourra prendre en note les devoirs et


leçons si l’élève inattentif n’arrive pas à suivre le rythme, ou pour

l’aider à préparer son cartable de manière à ne rien oublier. Procurez

aux parents un double des livres de classe dont il a besoin pour

réaliser ses devoirs et leçons ; ceux-ci pourront être conservés à la

maison afin d’éviter les tensions causées par les oublis de matériel et

qui empêchent les parents d’aider leur enfant à faire ses devoirs. Fixez

avec les parents le temps qui doit être consacré à la réalisation d’un

travail (non pas la quantité) et félicitez l’enfant pour son effort au lieu

de le critiquer pour les exercices non faits. Demandez-lui s’il peut

essayer de relever le défi d’en faire un de plus le lendemain.

Lors des contrôles, identifiez un endroit plus silencieux et plus

calme que la salle de classe (le CDI, par exemple, ou le bureau du

directeur…) : en effet, s’il voit d’autres élèves remettre leur copie, un

enfant impulsif remettra la sienne avant d’avoir terminé. Accordez-lui

un peu plus de temps ou divisez le contrôle en deux parties.


IDÉE

57
RECOURIR À L’INTERNET ET IDENTIFIER DES SITES
QUI FAVORISENT LES APPRENTISSAGES

Incapable de rester tranquillement assis sur sa chaise et de

maintenir longtemps un effort cognitif, l’enfant souffrant d’un TDA/H

devra parfois, pour éviter de distraire les autres élèves, être

temporairement détourné vers une autre source d’apprentissage. De

nombreux sites Internet ont été développés pour aider les enfants dans

leurs différents apprentissages. Conçus le plus souvent comme des

jeux ou des activités ludiques, ces exercices pourront

avantageusement constituer un moment de répit quand l’enfant sera

incapable de soutenir plus longtemps son attention sur son travail

scolaire.

Si aucun ordinateur n’est disponible dans votre salle de classe,

demandez un poste de travail avec Internet à votre directeur

(directrice) pour l’enfant qui aura temporairement besoin de se divertir

de son travail. Ainsi, au lieu d’être exclu de la classe parce qu’il

commence à déranger, il sera invité à poursuivre ailleurs une activité

différente mais qui contribuera néanmoins à consolider ses

apprentissages. Fournissez-lui une grille de titres de jeux qu’il pourra

explorer un nombre déterminé de fois et qu’il pourra retrouver à

chacune de ses « visites » sur l’ordinateur. Vous maintiendrez ainsi

votre contrôle sur le choix de ses activités, tandis que lui aura

l’impression de pouvoir choisir librement ses jeux.


IDÉE

58
IDENTIFIER DES MOYENS PERMETTANT À L’ÉLÈVE
HYPERACTIF DE BOUGER

Le besoin de bouger n’est pas un caprice de l’enfant : c’est une

conséquence directe de son TDA/H. S’il n’est pas médicamenté, son

agitation prend des proportions démesurées et risque de gêner

l’organisation de la classe sans qu’il y puisse quoi que ce soit, ou il ne

parviendra à la contenir qu’au prix de grands efforts qui mobiliseront

toute l’énergie dont il a besoin pour ses apprentissages. Même en lui

promettant des récompenses, il sera incapable de rester tranquillement

assis pendant longtemps. Aussi est-il essentiel de trouver des exutoires

pour lui permettre de se dégourdir, de canaliser son agitation vers des

comportements acceptables et moins dérangeants, voire parfois utiles

au bon déroulement de la classe.

On peut ainsi permettre à l’élève de sortir régulièrement de la salle

de classe, par exemple pour aller prendre un verre d’eau (on peut lui

offrir un certain nombre de droits de sortie illustrés sur des cartons

qu’il pourra utiliser jusqu’à épuisement au cours de la journée). On

peut également trouver un lieu où il pourra aller se calmer et

reprendre le contrôle de lui après s’être désorganisé, lors d’une crise

de colère, par exemple. Quand il devient trop agité, plutôt que de le

gronder pour qu’il se calme, on peut aussi le nommer

commissionnaire de la classe pour porter des messages (réels ou fictifs)

au directeur. Trouvez régulièrement des moments où l’élève pourra

bouger (passer les feuilles, effacer le tableau, ouvrir et fermer les

fenêtres, etc.)

Certains enfants sont plus calmes s’ils écoutent de la musique. On

pourrait donc vérifier si c’est le cas et, éventuellement, lui permettre

d’avoir des écouteurs durant un travail à exécuter calmement. Certains


élèves sont aussi parfois plus attentifs lorsqu’ils jouent avec un petit

objet dans la main (une balle anti-stress ou une boule de pâte à

modeler ne font pas de bruit et occupent les mains pendant que vous

expliquez une consigne).

On peut créer un espace dans la classe qui tienne lieu d’isoloir et

inviter l’élève à s’y installer quand il se laisse trop déranger, ou qu’il

est trop porté à déranger. Cet isoloir peut être un lieu pour lui

permettre de se livrer à une activité qui le divertira d’un travail trop

laborieux pour qu’il puisse le faire d’une seule traite. On peut aussi

prévoir un temps de repos pour laisser retomber la surexcitation qui

pourrait découler de la récréation, d’une leçon d’éducation physique

ou d’une activité inhabituelle.


IDÉE

59
GÉRER LES PROBLÈMES D’INHIBITION,
D’IMPULSIVITÉ

L’enfant a souvent un comportement perturbateur ou ne se

contrôle plus et ne peut s’arrêter. Malgré les avertissements, il fait le

bouffon et il est plus agité que les autres en groupe (dans une fête,

durant les récréations, pendant les périodes d’interclasse, etc.). Il

interrompt ses camarades, parle au mauvais moment, se lève de sa

chaise fréquemment, perd le contrôle de ses comportements. Il dit

parfois des choses de façon impolie, ou avec emportement. Il fait des

bêtises s’il n’est pas supervisé par un adulte.

Il manque de contrôle interne. Il faut donc lui offrir l’aide d’un

contrôle externe qui s’insère dans une routine et qui ne doit pas être

perçu comme une punition. Par exemple, si l’enfant a l’habitude de

répondre trop rapidement, avant qu’on ait fini de poser la question, on

l’invitera systématiquement à répéter la question. Si l’enfant coupe la

parole, c’est très souvent parce qu’il sait d’expérience qu’il aura

bientôt oublié ce qu’il voulait dire, alors on lui fait prendre l’habitude

d’écrire un mot clé chaque fois qu’il voudra intervenir, ce qui

l’obligera à respecter un délai et réduira sa peur d’oublier. À chacune

de ses interventions intempestives, on lui demandera si son mot clé est

écrit, sans quoi on refusera de répondre. Lorsqu’il interrompt les autres

ou parle au mauvais moment, on pourra lui adresser un signal non

verbal ou pointer la consigne imagée sur son pupitre (ce qui sera

facilement réalisable si vous avez pris soin de placer cet élève près de

vous (voir l’Idée 55) pour lui faire prendre conscience de son

impulsivité. On peut lui trouver une responsabilité qui limitera ses

réactions de bouffonnerie qui perturbent souvent la bonne marche de

la classe au moment des déplacements ou lors des interclasses.


IDÉE

60
COMMENT L’AIDER QUAND IL NE SE CONTRÔLE
PLUS ?

Confronté à des petits problèmes, l’enfant qui souffre de TDA/H

réagit avec excès. Des incidents banaux peuvent déclencher chez lui

des réactions intenses qui se terminent subitement. Il pleure

facilement, son humeur change fréquemment et est influencée par la

situation. Il réagit plus fortement aux situations que les autres enfants,

et il est très facilement contrarié.

Établissez avec l’élève une séquence à suivre dès qu’il sentira qu’il

est en train de perdre le contrôle de lui-même (respirer profondément,

demander la permission de sortir de la classe pour attendre le retour

au calme, etc.). Signalez-lui, de manière non verbale, quand il

commence à déraper.

Il peut aussi avoir des explosions de colère inattendues,

démesurées, pour presque rien. La plupart du temps, l’enfant regrettera

sa colère aussitôt qu’elle sera éteinte. Il faut donc parvenir à faire

cesser le plus rapidement possible les comportements inadéquats qui

gênent l’enfant et qui entretiennent en même temps sa colère. Il est

important d’avoir discuté au préalable avec lui pour lui expliquer que

ses colères sont le plus souvent le fruit de son impulsivité et que vous

souhaitez l’aider en établissant avec lui un plan d’action que vous

pourrez mettre en œuvre quand ces colères surviendront.

Il est inutile de chercher à savoir comment, pourquoi, ou par qui la

querelle a débuté. Tenter de raisonner l’enfant exacerbe souvent sa

frustration. En fait, toute intervention verbale dans ces moments-là

alimente et entretient sa colère. Ce dont il a le plus besoin dans

l’immédiat est de s’isoler pour réduire son sentiment d’inadéquation,


la peur du ridicule dans lequel il se trouve si d’autres élèves sont

témoins de sa désorganisation. Pour y arriver, on coupe le contact

avec l’élément déclencheur, on procure à l’enfant un lieu de retrait

(pas un lieu de punition) où il pourra se calmer, retrouver son sang-

froid et reprendre le contrôle de soi. Après, seulement, quand

l’événement sera suffisamment éloigné du moment émotif, mais

encore assez présent à l’esprit, on invitera l’élève à revoir la situation

et on cherchera avec lui comment il aurait pu éviter cette perte de

contrôle, puis on tentera d’identifier des moyens qui pourraient

prévenir la prochaine crise explosive.


IDÉE

60
COMMENT COMPENSER SON INCAPACITÉ À
GÉRER PLUSIEURS CHOSES À LA FOIS ?

Quand on donne plusieurs choses à faire en même temps à

l’enfant qui souffre de TDA/H, il oublie facilement, ne se souvient que

de la première ou de la dernière instruction, ou encore il se laisse

distraire dès qu’il commence à exécuter la première tâche et perd

complètement de vue les autres choses qu’il avait à faire. C’est

pourquoi il a du mal à effectuer les tâches ou les travaux nécessitant le

respect de plusieurs consignes à la fois, ou comportant plusieurs

étapes. Il a du mal à terminer les tâches, il a besoin de l’aide d’un

adulte pour lui rappeler les consignes ou pour compléter une activité.

Le problème provient principalement d’une limite de sa mémoire de

travail (voir l’Idée 47).

Quand on donne des instructions à l’enfant inattentif, on veillera à

ne lui présenter qu’une consigne à la fois avec une économie de mots

si on veut qu’il puisse la respecter (on ménage ainsi notre frustration

de le voir ne pas répondre à toutes nos demandes).

Il est également important de lui découper les tâches qu’il doit

exécuter et de ne les lui présenter qu’une à la fois. Il est

particulièrement utile d’identifier par écrit la séquence des étapes à

respecter en utilisant peu de mots et sous forme d’items à biffer une

fois terminés. On évitera ainsi de surcharger sa mémoire de travail.

Cette limite de la mémoire de travail aura également une répercussion

sur sa compréhension en lecture. Comme il ne peut maintenir active

toute l’information qu’il est en train de lire, il perd de vue les éléments

d’information qui lui permettraient de trouver la réponse à une

question posée dans un texte par exemple. On doit donc développer

chez lui l’habitude de résumer une idée ou un paragraphe par un mot

clé. Ce travail devra le plus souvent se faire en situation individuelle

avec l’orthopédagogue ou l’enseignant spécialisé.


IDÉE

62
COMMENT AIDER SON ÉLÈVE À MIEUX PLANIFIER
ET ORGANISER SON TRAVAIL ?

L’enfant a beaucoup d’idées, mais il ne peut les mettre par écrit, il

se perd dans les détails et ne voit pas l’ensemble. Il a de bonnes idées,

mais ne commence pas le travail demandé (manque de suite dans les

idées). Il est vite dépassé lorsque les tâches sont longues, il sous-estime

le temps nécessaire pour les mener à bien, il commence les tâches ou

les travaux à la dernière minute, il ne planifie pas ses devoirs à

l’avance et son travail écrit est mal organisé. Il a du mal à effectuer les

actions nécessaires pour atteindre ses objectifs (étudier pour avoir une

bonne note, par exemple). Il ne trouve pas ce qu’il cherche dans son

bureau à l’école, il oublie un peu partout ses objets personnels.

Il est certain que les difficultés engendrées ici par son manque

d’organisation nécessitent une intervention individuelle. Vous pourrez

peut-être demander aux parents d’avoir recours à des services

éducatifs privés pour les aider dans cette tâche si des services

d’enseignement individualisé ne sont pas disponibles à l’école.

Mais vous pouvez aussi encourager votre élève à utiliser un

agenda pour identifier les échéances. Vous pouvez lui fournir un plan

détaillé de la démarche pour qu’il puisse l’exécuter en respectant

l’ordre hiérarchique des étapes et lui donner un modèle qu’il pourra

utiliser pour rendre son travail en respectant les points principaux.

Suggérez-lui d’utiliser des marqueurs pour surligner les points

essentiels. Demandez la collaboration des parents pour qu’ils aident

leur enfant à répartir son travail avant la date de remise. Encadrez

l’organisation du temps par des rappels fréquents sur l’avancement de

ses exercices en classe ou de son travail de longue haleine à la

maison. Invitez-le à présenter ses idées sous forme de tableau ou de

diagramme, puis incitez-le à ne développer que les points qu’il aura

abordés dans son travail schématisé.


IDÉE

63
ADIER SON ÉLÈVE À VÉRIFIER DE SES ERREURS

L’enfant a beaucoup de difficultés à vérifier son travail pour

repérer ses erreurs. Il fait des fautes d’inattention, il a souvent une

piètre écriture, son travail est mal fait, il comprend mal ses propres

forces et faiblesses.

Rappelez-vous qu’il est important de fractionner son travail en

étapes (voir les Idées 56, 57, 58). Lorsque vous donnez une dictée aux

enfants, vous leur demandez tout à la fois :

de bien écrire pour être lisibles (de bien calligraphier) ;

de retrouver de mémoire l’image des mots à écrire ;

de maintenir en mémoire de travail (très limitée chez ces enfants)

la phrase qui doit être retranscrite ;

d’utiliser les règles de grammaire pour accorder les verbes, les

noms, les adjectifs…

À cette énumération s’ajoutent, dans une composition,

l’élaboration et l’organisation des idées.

Si l’enfant écrit mal, permettez-lui d’écrire en lettres script, ce qui

est généralement plus facile pour lui. S’il n’a pas le temps de prendre

en note toute la phrase, utilisez une dictée à trous dans laquelle il

n’aura à écrire que les mots que vous aurez choisis plus

spécifiquement. Si son écriture est trop lente, demandez aux parents

de travailler l’écriture à la maison pour améliorer sa vitesse de

transcription.

Pour la vérification des fautes en mathématiques, exigez qu’il fasse

la preuve par l’opération inverse. Procurez-lui du papier quadrillé


pour qu’il puisse aligner ses chiffres convenablement, de manière à ne

pas faire d’erreurs à cause d’un décalage.


IDÉE

64
AIDER SON ÉLÈVE À PRENDRE CONSCIENCE DE
L’IMPACT DE SES COMPORTEMENTS SUR AUTRUI

L’enfant n’a très souvent qu’un petit nombre d’amis, notamment

parce qu’il est peu conscient de la manière dont son comportement

peut affecter ou déranger les autres. Il ne remarque pas quand son

comportement provoque des réactions négatives, il ne réalise pas que

certaines de ses actions gênent les autres. Il a constamment besoin

qu’on le rappelle à l’ordre pour prendre conscience de ses

comportements inadéquats. Le réprimander devant toute la classe, ou

même devant un autre enfant, ne sert généralement à rien d’autre qu’à

le mettre sur la défensive. Si, au contraire, lors d’une discussion

individuelle, vous lui expliquez qu’à cause de son syndrome il a du

mal à percevoir l’impact de ses comportements sur autrui, vous lui

montrez du même coup que vous pouvez l’aider à chercher des

solutions. Vous pourrez convenir avec lui d’un signe discret qui lui

montrera qu’il dépasse les bornes et qu’il est en train de provoquer

l’hostilité de ses camarades plutôt que de s’en faire des amis. Si votre

intervention échoue, agissez rapidement pour éviter que la situation se

dégrade, et imposez immédiatement une réparation favorisant la

conclusion de l’incident.

Notez les comportements inadéquats les plus fréquents de votre

élève quand il est en groupe, et dressez-en avec lui une liste que vous

pourrez illustrer par des dessins humoristiques. Au début, révisez

régulièrement la signification des dessins choisis pour illustrer le

comportement à proscrire, puis, avant chaque récréation ou sortie en

groupe, faites-lui un bref rappel en pointant son affiche « Comment se

faire des amis et savoir les conserver ».


IDÉE

65
POUR MIEUX GÉRER LES COMPORTEMENTS :
UTILISEZ LA FEUILLE DE ROUTE

Imposez des règles simples, mais une discipline rigoureuse pour

maintenir un climat de calme dans la classe. L’enfant hyperactif se

laissera plus facilement entraîner à perturber la classe si les autres

élèves sont eux-mêmes facilement dissipés. Posez des limites claires

sans être répressif, mais restez ferme. Utilisez une approche positive

plutôt qu’une intervention coercitive.

Comme pour les systèmes d’émulation qui reposent sur un support

concret, les feuilles de route s’avèrent des outils essentiels à la bonne

marche de l’encadrement, et permettent de mieux gérer les

comportements, particulièrement dans le secondaire, quand l’élève est

confronté à plusieurs professeurs. Présentez sa feuille de route à

l’élève comme un moyen destiné à l’aider à se contrôler. Dans cette

optique, on dressera avec lui la liste des comportements à cibler. La

feuille de route aura l’avantage de faire prendre conscience au jeune

de ses comportements (les « bons » et ceux « à éviter ») ; elle

permettra à l’élève de mesurer le nombre d’objectifs atteints (combien

de fois as-tu évité de parler sans avoir la parole ?) et lui permettra de

constater concrètement ses réussites. Inversement, la feuille de route

peut aussi l’aider à prouver à son professeur que, contrairement à ce

qu’il prétend, il n’est pas toujours en train de parler. Souvent, même,

« prouver à son prof » deviendra un défi qu’il tentera de relever par

fierté.

Récompensez ses bons comportements par quelques passe-droit

ou privilèges. Par exemple, si le jeune n’a dérangé personne et s’il est

resté concentré à son affaire, il mérite un « bon » à la fin de la

période. De la même façon, on peut aussi contrôler dans quelle


mesure il a respecté son engagement de rencontrer les professeurs

après chaque cours et, éventuellement, lui attribuer un « bon » pour le

respect de cet engagement. N’utilisez jamais la feuille de route

comme moyen de mise en demeure de bien se comporter sous peine

de renvoi : cela a peut-être du poids auprès d’un enfant présentant des

troubles du comportement d’ordre psychosocial, mais pas sur un

enfant dont les troubles sont d’origine neurologique.


IDÉE

66
MODIFIER L’ENVIRONNEMENT OU LES RÈGLES
DU JEU POUR ÉVITER LES RISQUES DE RÉCIDIVE

Quand on sait qu’un enfant se retrouve régulièrement en échec

chaque fois qu’il est confronté à une situation donnée, il vaut mieux

changer la règle, changer l’environnement ou proposer une stratégie

qui évitera le conflit.

Si, par exemple, vous voyez deux élèves qui bavardent toujours

ensemble, vous les avertissez d’abord une première fois, en espérant

qu’ils se conformeront désormais à votre injonction ; en cas de

récidive, vous leur donnez une réprimande car vous souhaitez

vraiment qu’ils se corrigent, et, pour finir, si le problème se répète,

vous avez recours aux grands moyens : vous séparez ces deux élèves

qui ne semblent pas capables de s’arrêter d’eux-mêmes. Vous

modifiez l’environnement pour régler le problème une fois pour

toutes.

Avec l’enfant inattentif, hyperactif ou impulsif, il faut rapidement

passer de la première à la dernière étape, en évitant ainsi l’étape de la

réprimande qui, dans son cas, ne servirait qu’à l’enfoncer davantage

dans son sentiment d’incompétence. Après avoir tenté sans succès

quelques avertissements discrets, il vaut mieux trouver une alternative

qui ne sera pas perçue comme une punition.

Voici quelques pistes :

Si un enfant se chamaille toujours à la récréation avec les autres à

cause de son impulsivité, demandez au concierge de lui trouver

une responsabilité (voir l’Idée 67)…

Si un enfant ne peut s’arrêter de bouger, permettez-lui de sortir de

la classe régulièrement (voir l’Idée 58).

Si l’enfant se désorganise dans les déplacements avec les autres

élèves, faites-le sortir en dernier, à côté de vous, et profitez de ce


moment d’intimité pour discuter avec lui de sa journée…

Si l’enfant est incapable de noter correctement les devoirs à faire

et les leçons à apprendre parce qu’il est trop excité à la fin des

classes, prenez l’habitude de faire noter devoirs et leçons pendant

la classe de la matinée…
IDÉE

67
DONNER À L’ÉLÈVE UNE CHANCE DE SE METTRE
EN VALEUR

À cause de ses comportements inadéquats, l’enfant se retrouve

souvent mis à l’écart par ses camarades. Comme il se perçoit

régulièrement en demande d’aide à cause de ses déficits cognitifs, il a

peu d’occasions d’être fier de lui. Ces opportunités, on peut toutefois

lui en fournir.

Même si un grand, à la fin du premier cycle, éprouve encore

certaines difficultés en lecture, il est quand même probablement

capable d’aider un plus petit qui commence seulement à apprendre à

lire. Du simple fait qu’il est son aîné, il pourra venir en aide à ce petit

dans sa lecture, et cette belle relation lui offrira la chance d’être

admiré, ce qu’il n’a pas beaucoup l’occasion d’éprouver avec les

camarades de son âge. Cette valorisation peut contribuer à lui donner

confiance, à le motiver dans ses travaux pour conserver l’estime du

petit. Il connaîtra l’expérience de l’amitié même s’il s’agit d’un élève

bien plus jeune que lui. Les enfants de cet âge n’entretiennent pas de

préjugés sur la différence d’âge. Le plus souvent, c’est l’adulte qui

reproche à l’enfant de se tenir avec des enfants trop jeunes et le traite

d’immature parce qu’il n’a pas d’amis de son âge.

On peut aussi lui trouver une responsabilité qui le fera se sentir fier

de lui. Par exemple, pourquoi ne pas s’entendre avec le concierge

pour lui demander de le seconder dans son travail, et lui demander de

vider les corbeilles à papiers à l’heure de la récréation ? Non

seulement il retirera une certaine fierté d’être promu aide-concierge,

mais vous aurez peut-être du même coup trouvé une solution à ses

fréquents débordements durant les récréations. L’enfant ne se sentira

pas privé de récréation parce qu’il est insupportable avec les autres,
mais parce qu’il a une responsabilité à remplir qui vaut bien plus pour

lui que le plaisir d’aller en récréation et de s’y trouver éventuellement

confronté une fois de plus aux désagréments d’une bagarre avec ses

camarades.

Si vous multipliez les occasions de se faire valoir, l’enfant se

sentira également fier d’être avec vous dans votre classe. Vous lui

démontrerez du même coup qu’il a de la valeur à vos yeux, même s’il

vous arrive plus souvent d’être sur son dos à cause de ses multiples

étourderies.
IDÉE

68
PRENDS CONSCIENCE DE TON TDA/H

Depuis longtemps, tu énerves tout le monde ! Pas surprenant : tu

t’énerves toi-même ! Tu es incapable de rester assis longtemps à table,

à ton pupitre, sur une chaise à écouter ton professeur ou même pour

visionner un film. Tu bouges tout le temps les pieds et les mains, tu te

tortilles, tu t’agites beaucoup. Tu ne peux pas rester calme, même dans

des endroits où tu devrais rester tranquille. Tu parles beaucoup, tout le

temps, même quand ce n’est pas le moment. Tu réponds trop vite aux

questions, tu n’attends jamais ton tour. Tu agis sans réfléchir, tu ne

peux pas t’empêcher de jouer avec des objets pour occuper tes mains.

Tu t’emportes trop facilement, tu t’obstines, tu te bats pour un rien

avec les autres. Pas étonnant : tu es sans doute hyperactif et impulsif.

On te dispute parce que tu n’écoutes pas quand on te parle. Tu es

facilement distrait par le bruit autour de toi, tu as des difficultés à

rester longtemps attentif à ton travail. Tu n’arrives pas à faire attention

aux détails dans tes travaux scolaires, tu fais des erreurs irréfléchies. Tu

as de la difficulté à organiser ton travail, tu ne sais pas par quoi

commencer. Tu n’aimes pas lire, faire tes devoirs ou faire des travaux

qui prennent du temps. Tu oublies ou tu perds tes affaires (tes crayons,

tes cahiers, ton cartable, tes devoirs, tes vêtements…). Tu oublies

même ce que tu as à faire (apporter ton goûter, préparer ton cartable,

apporter tes devoirs à faire signer, te brosser les dents, etc.). Les

consignes sont pour toi difficiles à comprendre. Tu as besoin de plus

de temps pour terminer tes travaux. Tu souffres sans doute d’un déficit

d’attention.

L’inattention et l’hyperactivité ou l’impulsivité n’est pas une

maladie, c’est un trouble biologique au niveau du cerveau. Ça veut


dire que tu es né comme ça, comme on naît avec les cheveux frisés,

avec les yeux bleus, avec des taches de rousseur ou avec de l’asthme.

Il y a entre 3 et 7 enfants sur 100 qui ont les mêmes problèmes

que toi. Les spécialistes appellent ça avoir un trouble de déficit de

l’attention avec ou sans hyperactivité, ou TDA/H. Des médicaments

existent pour diminuer les problèmes que ça peut te créer, mais dans

ce guide je te donnerai des trucs pour t’aider à diminuer les

inconvénients que ton TDA/H te cause, et je te suggérerai des

solutions pour t’aider dans tes relations avec tes amis, avec tes parents

et avec tes professeurs.


IDÉE

69
ACCEPTE L’AIDE DE TES PARENTS ET DE TES
PROFESSEURS

Quand on est adolescent ou même jeune adulte, on a bien envie

de faire les choses par soi-même, on veut se passer des adultes parce

qu’on veut leur prouver et se prouver à soi-même qu’on est autonome.

C’est normal et tu as raison. Dans la plupart des activités, je t’invite à

prendre des initiatives et même à t’affranchir de tes parents en prenant

tes responsabilités en main. Si tu ne le fais pas, tes parents voudront

exercer davantage de contrôle sur toi parce qu’ils craignent les

conséquences de tes bévues et, dans ce cas, je les approuve

totalement.

Mais lorsque, après avoir essayé plusieurs fois en vain, tu ne

parviens toujours pas à régler un problème, demande l’aide de tes

parents. Quand ça va mal, quand tu te sens dépassé, il y a

certainement des adultes autour de toi qui peuvent t’aider à trouver

des solutions.

Rappelle-toi que ton déficit d’attention ou ton impulsivité te jouent

des tours et nuisent à la réalisation de tes objectifs. Si tu demandes de

l’aide et si tu fais appel à tes parents ou à ton professeur comme

« coach », ils seront beaucoup plus enclins à te faire confiance parce

que tu leur auras prouvé ton réel désir d’atteindre tes objectifs.
IDÉE

70
ACCEPTE DE PRENDRE TA MÉDICATION SI LE
MÉDECIN LA RECOMMANDE

Personne n’aime prendre des médicaments, même quand la

nécessité est pourtant évidente. C’est encore plus difficile quand on

pense que, par sa seule volonté, on pourrait arriver à contrôler ses

comportements. Si ton médecin te prescrit une médication, c’est

certainement après avoir examiné les autres alternatives avec tes

parents. Tes parents ont tenté sans succès de t’amener à ne pas être

impulsif, ou ils ont essayé de te donner des trucs pour ne pas oublier,

mais tu oublies encore souvent tes affaires, ou bien tes résultats

scolaires sont restés médiocres malgré les efforts de tes professeurs

pour t’aider à comprendre ou à mieux étudier. Tu y as mis du tien,

mais tu n’arrives pas à faire face à tous ces défis. Tu oublies encore de

lever la main avant de parler, tu fais rigoler tes copains quand ce n’est

pas le moment, tu ne penses pas à vérifier ton carnet pour apporter

toutes les affaires de classe dont tu auras besoin, ou pour finir le

devoir qui devrait être remis le lendemain. Après plusieurs échecs, tes

parents ont consulté le médecin et celui-ci, avec eux, a discuté d’une

médication.

Ça t’inquiète parce que tu ne sais pas ce que ça va provoquer dans

ton corps !

En fait, la médication que tu vas prendre va servir à régulariser les

neurotransmetteurs dans ton cerveau. Ce sont les neurotransmetteurs

qui permettent au courant de passer d’un neurone à l’autre. Parfois, il

y en a trop, parfois, pas assez. C’est pourquoi tu es si agité, tu n’arrives

pas à te concentrer, tu oublies plusieurs choses, tu ne retiens pas bien

ta leçon de la veille, etc. Enfin, beaucoup des problèmes que tu

observes chez toi ou que les adultes te font remarquer sont dus à ce

dérèglement des neurotransmetteurs. La médication permettra de

redresser la situation. La dose dépendra de ton poids, de ton âge, de


ton métabolisme qui l’absorbe plus ou moins facilement. Il s’agit de

trouver la dose optimale. En étant attentif aux effets que ce

médicament va avoir sur toi, ce sera toi le mieux placé pour expliquer

au médecin que la dose indiquée est trop faible ou trop élevée. Si elle

est trop faible, tu ne sentiras pas la différence entre prendre ou ne pas

prendre le médicament, et si elle est trop élevée, tu te sentiras trop

surexcité ou, au contraire, trop ralenti.

Le médicament n’est pas uniquement indiqué pour les enfants

agités. Il peut aider tous ceux qui souffrent d’un déficit d’attention. Les

régions de ton cerveau qui seront stimulées par ce médicament te

permettront de focaliser ton attention et de la soutenir pendant plus

longtemps, ce qui te rendra plus disponible pour tes apprentissages et

pour pouvoir écouter en classe durant une longue période.

Ce médicament ne crée pas de dépendance car il s’élimine

facilement dans le sang. Lorsque tu cesses d’en prendre, tu ne ressens

pas de manque. Ce médicament ne te guérira pas non plus : si tu

cesses d’en prendre, tous les symptômes de ton TDA/H réapparaîtront.

C’est pourquoi tu as besoin d’apprendre certaines stratégies pour

compenser ton déficit, car elles, tu pourras les maintenir même quand

tu arrêteras de prendre ton médicament, à la condition, bien sûr, de

les avoir bien maîtrisées et pratiquées régulièrement. Pour cela, tu dois

être disponible, et pour être disponible, il faut que tu prennes

régulièrement ta médication. Tu vois le topo :

Tu as des symptômes de TDA/H qui entraînent chez toi certains

déficits.

Pour pallier ces déficits, tu vas prendre un médicament.

Étant moins handicapé par tes déficits grâce à ce médicament, tu

pourras apprendre certaines stratégies qui te permettront, elles

aussi, de compenser tes déficits.

Lorsque tu maîtriseras bien ces stratégies, tu pourras commencer

à penser qu’un jour tu n’auras plus besoin de ton médicament.

Mais attention ! Le médicament n’étudiera pas à ta place. Si tu

veux réussir, tu dois tout de même fournir les efforts nécessaires. Et si

tu réussis, tu pourras dire que ce n’est pas seulement grâce au

médicament, mais bien aux efforts que tu auras faits pour y parvenir.

La réussite sera proportionnelle aux efforts que tu auras fournis.


IDÉE

71
REFUSE DE TE SERVIR DE TON TDA/H

Il est vrai que le fait d’avoir un TDA/H explique quelques-unes de

tes « conneries », mais ce ne sera jamais une excuse pour causer du

tort à quelqu’un, ni pour justifier tes comportements et te défiler

devant tes responsabilités. Voici deux histoires que j’ai l’habitude de

raconter à mes patients quand ils m’expliquent que ce n’est pas leur

faute, et que c’est à cause de leur syndrome.

« Il était une fois…

une adolescente qui n’avait pas d’amis, mais qui se consolait tous

les jours en jouant avec son chat. Un jour, un jeune voyou passant

par-là décida d’attraper son chat, de le faire tourbillonner et de

l’assommer sur une pierre. La mort du chat, tout ensanglanté,

constitua un désastre pour la jeune-fille qui venait ainsi de perdre son

confident. »

« Il était une fois…

une adolescente qui n’avait pas d’amis, mais qui se consolait tous

les jours en jouant avec son chat. Un jour, un automobiliste, passant

par-là, roulait très lentement pour éviter tout accident dans une zone

où il était évident que des enfants étaient en train de jouer. Cependant,

malgré toute sa prudence, il ne parvint pas à éviter le chat qui traversa

la rue en courant pour attraper la balle que la jeune-fille avait lancée.

Bang ! La mort du chat, tout ensanglanté, constitua un désastre pour la

jeune-fille qui venait ainsi de perdre son confident. »

Si la fin de ces deux histoires est la même, on peut toutefois bien

comprendre que la faute imputable aux responsables de la catastrophe

n’est pas identique dans les deux cas. Dans le premier cas, le

garnement devrait certainement être puni pour son geste


impardonnable. Dans le deuxième cas, même si le conducteur n’est

pas coupable de l’accident, il est néanmoins responsable et va devoir

s’excuser et tenter de consoler la jeune fille, par exemple en lui offrant

un autre chat.

Alors, toi, quand tu fais une gaffe qui entraîne un désagrément

chez autrui, tu es comme le conducteur malheureux. Tu dois

apprendre à t’excuser et à essayer de réparer ta bévue.


IDÉE

72
RÉPONDS TOUT DE SUITE AUX DEMANDES QUI
TE SONT FAITES

Tu sais combien tu oublies facilement les choses, même celles que

tu aimes le plus, et ça te frustre terriblement. En fait c’est pareil pour

tout. Si tes parents te demandent quelque chose et que tu ne le fais pas

sur-le-champ, surtout si c’est quelque chose que tu n’as pas trop envie

de faire, c’est certain, tu vas l’oublier. Malgré quelques rappels

d’abord faits gentiment, tu vas oublier. Quand enfin, excédés parce

que tu n’as pas encore fait ce qu’ils te demandent, tes parents te

crieront après parce qu’ils auront perdu patience, et tu seras vexé de

les voir se fâcher. Vous serez trois à être en colère.

Et pourtant, tu éviterais toute cette tempête si tu te fixais le défi de

répondre du premier coup à chaque demande. Au cas où tu y

parviendrais, tu pourrais même signaler cette victoire à tes parents et

l’inscrire concrètement à ton tableau d’honneur. Tu pourras leur

montrer ce tableau quand tu auras une faveur spéciale à leur

demander.
IDÉE

73
ASTREINS-TOI À FAIRE UNE SEULE CHOSE À LA
FOIS

Tu commences quelque chose, mais la moindre activité autour de

toi suffit à te distraire de ce que tu étais en train de faire. Il est par

conséquent important de ne pas te laisser détourner de ta tâche, sans

quoi ton travail te paraîtra beaucoup plus long qu’il devrait être en

réalité. Tu finiras plus rapidement ta tâche et tu seras fier de toi.

Surtout, personne ne pourra te reprocher quoi que ce soit au sujet de

ce travail-là.

Que dirais-tu si le dentiste commençait à t’arracher une dent à

moitié, puis s’interrompait pour aller prendre une radiographie des

dents d’un autre patient, puis revenait pour tirer un peu plus sur ta

dent, puis repartait expliquer à un autre patient l’opération qu’il

compte lui faire, puis revenait de nouveau ébranler un peu plus ta

dent pour essayer de l’arracher, mais repartait avant de terminer la

tâche pour donner rendez-vous à un quatrième patient ? Tu changerais

sans doute de dentiste et personne ne pourrait t’en blâmer. Quand tu

t’éparpilles comme ça, surtout lorsqu’il s’agit d’un travail pour lequel

tu n’as pas trop d’intérêt, c’est certain que tu te comportes envers toi-

même comme ce dentiste. Alors limite-toi à faire une seule chose à la

fois et termine ta tâche avant d’en entreprendre une autre.


IDÉE

74
DONNE-TOI DES PENSE-BÊTES

Qu’est-ce qu’un pense-bête ? C’est un truc qu’on se donne pour se

rappeler de faire ou de dire quelque chose de très important et qui

serait très ennuyeux, si, par malheur, on l’oubliait.

Par exemple, ce peut être un signe que tu t’es dessiné sur la main

et qui, lorsque tu le verras, te rappellera automatiquement que tu dois

faire signer ton devoir par tes parents. Tu as promis à ton ami que tu

lui apporterais demain ta collection d’images de joueurs de foot ; tu

n’y pensais plus, mais juste avant de t’endormir, tu t’es rappelé ta

promesse. Sauf que tes parents feraient toute une histoire si tu te

relevais après l’heure de ton coucher. Mets ta collection au pied de la

porte de ta chambre de manière à la voir dès que tu l’ouvriras le

lendemain matin, ce qui te rappellera que tu dois la mettre

immédiatement dans ton cartable. Tu ne veux pas oublier de brancher

ton portable ce soir parce que la batterie est déchargée. Place ton

appareil dans un endroit insolite, mais que tu es certain d’apercevoir

au cours de la soirée, sur le lavabo par exemple. En voyant ton

téléphone dans cet endroit inattendu, tu ne pourras éviter de te

rappeler qu’il faut le mettre à recharger. Ainsi, chaque fois qu’il sera

important de ne pas oublier quelque chose, donne-toi un pense-bête

pour t’y faire penser… tout bêtement.


IDÉE

75
FAVORISE DE BONNES CONDITIONS DE TRAVAIL

Depuis que je travaille avec les enfants qui ont un déficit

d’attention, j’ai constaté que tous ne sont pas pareils. Certains enfants

travaillent mieux quand il y a le silence autour d’eux, alors que

d’autres étudient plus facilement quand il y a un bruit de fond.

Certains enfants ne sont pas dérangés par la musique, d’autres sont

incapables de travailler en écoutant des chansons, mais peuvent bien

travailler avec de la musique instrumentale. Certains enfants étudient

mieux debout, d’autres en se promenant, d’autres sont mieux assis et

d’autres couchés sur le ventre, appuyés sur leurs coudes. Certains

enfants travaillent mieux quand ils sont seuls, d’autres quand ils se

joignent à une équipe. Certains enfants préfèrent faire une seule chose

à la fois et la terminer avant d’en commencer une autre pour ne pas

s’embrouiller, et inversement, d’autres enfants aiment mieux mener de

front plusieurs projets pour pouvoir varier leurs activités.

Essaie d’identifier dans quelles conditions tu réussis le mieux à

travailler. Vérifie avec tes parents, qui pourront éventuellement te faire

apprendre tes leçons dans différentes conditions, pour voir dans

laquelle tu y parviens le mieux.

(voir tableau, page suivante)

Cherche dans quelles


conditions tu travailles le Oui Non
mieux

Dans un endroit calme et

tranquille
Cherche dans quelles
conditions tu travailles le Oui Non
mieux

En entendant de la musique

(musique chantée)

En entendant de la musique

(musique instrumentale)

Assis

Debout

En marchant

Seul

En équipe

En présence de quelqu’un

En menant plusieurs projets de

front, pour varier

En faisant une seule chose à la

fois, pour ne pas t’embrouiller.


IDÉE

76
LIMITE LES SOURCES DE DISTRACTION

Les sources de distraction sont nombreuses. Elles peuvent être

extérieures, sonores ou visuelles, ou bien internes. Essaye de découvrir

lesquelles sont les plus gênantes pour toi.

Les distractions sonores sont celles qui sont créées par tous les

bruits provenant de ton environnement immédiat. Ce peut être les

paroles des gens (parce que ce qu’ils disent t’intéresse) ou même leur

bavardage (tu ne comprends pas ce qu’ils disent, mais tu entends leur

présence). Ce peut être la musique, le téléviseur, la radio ou des bruits

de fond dont on ne connaît pas la source, mais qui parviennent à tes

oreilles. À la maison, tu peux utiliser des bouchons pendant que tu fais

tes devoirs ou encore un casque antibruit comme ceux qu’utilisent les

ouvriers sur un chantier pour limiter les décibels de leurs outils

mécaniques (c’est peut-être inélégant, mais ça coupe bien le bruit). Tu

peux aussi masquer les bruits avec une musique de fond si celle-ci ne

te dérange pas. Tu peux t’isoler en fermant la porte de ta chambre. Tu

peux lire tes textes ou tes notes à voix haute pour couvrir les bruits

environnants. À l’école, demande à ton professeur si tu peux porter

des écouteurs pendant le travail personnel (fais le pari avec lui que ton

travail sera mieux fait et de meilleure qualité). Demande à pouvoir te

retirer de ta classe durant un contrôle.

Une distraction visuelle, c’est tout ce qui surgit dans ton champ de

vision (ce que tu vois derrière la fenêtre, les gens qui bougent autour

de toi, etc.) Trouve un endroit où il y a peu de stimulations visuelles.

Demande au professeur de te placer au premier rang pour ne pas être

dérangé par tout ce qui se passe derrière toi. Enlève de ton pupitre ou

de ta table de travail tous les objets qui pourraient te distraire de ta

tâche. Prends des notes pour bien rester en contact visuel avec ton
professeur. Tiens-toi loin de la télévision ou éteins-la si personne ne

l’écoute. Éteins ton ordinateur pour ne pas te laisser tenter par les

images qui y défilent.

Les distractions internes proviennent de tes propres pensées, de

ton imagination. Prends des notes pour rester en contact avec le sujet

à étudier et éviter d’avoir la tête ailleurs. Note les idées qui te viennent

à l’esprit mais qui n’ont pas de rapport direct avec ton devoir : tu y

reviendras plus tard, quand ce sera le bon moment. Écris les questions

qui te viennent en tête afin de ne pas les oublier, et pose-les quand ce

sera le bon moment. Quand tu travailles à la maison, tu peux

programmer une alarme pour vérifier l’état dans lequel tu te trouves au

moment où elle va se déclencher (voir l’Idée 78). Étais-tu attentif à ce

moment précis ?
IDÉE

77
APPRENDS À ÉVALUER LE TEMPS RÉEL

Tu dois d’abord prendre conscience du temps. Souvent, les enfants

qui, comme toi, ont un TDA/H éprouvent des difficultés à évaluer

correctement le temps qui passe. Des devoirs, c’est toujours trop long,

mais le temps que tes parents t’accordent pour jouer avec l’ordinateur

est toujours trop court. Attendre son tour dans la queue pour entrer au

cinéma, c’est trop long, mais le temps que tu passes devant un bon

film d’action passe trop vite. Rassure-toi, c’est la même chose pour

tout le monde, mais pour toi, c’est sans doute plus irritant.

Alors, apprends à mesurer le temps. Évalue d’abord combien à peu

près ça prendrait de temps pour compter de 0 à 100. Inscris ta réponse

sur une feuille, puis, avec un chronomètre, vérifie la justesse de ton

évaluation.

Voici une petite activité qui te conviendra, j’en suis sûre :

(voir tableau, page suivante)

1. Estime le temps qu’il te faudrait pour effectuer une tâche

donnée.

2. Chronomètre ensuite le temps qu’il t’aura fallu en fait pour

mener cette tâche à bien.

3. Compare le temps estimé avec le temps réel.

Comparaison
Temps Temps
Tâches : en plus ou
estimé réel
en moins

Compter jusqu’ à 100.

Nommer 10 parties du

corps.
Comparaison
Temps Temps
Tâches : en plus ou
estimé réel
en moins

Énumérer à l’envers

les noms des jours de

la semaine.

e
Trouver la 17 lettre

de l’alphabet.

Écrire de 5 en 5 les

chiffres de 0 à 50.

Épeler à l’envers le

mot : organisation.
IDÉE

78
PRENDS CONSCIENCE DE TON ÉTAT AU FIL DU
TEMPS

Il te faut souvent plus de temps qu’aux autres pour faire tes

devoirs, c’est pourquoi ta frustration est plus grande que celle de ton

ami, qui a pourtant à faire le même devoir que toi. Tu le vois déjà

sortir pour jouer dehors alors que toi, il te reste encore à faire plus de

la moitié des exercices de mathématiques.

Et c’est d’autant plus frustrant que tu consacres beaucoup de temps

à faire ce « maudit devoir », et que tes parents te crient après parce

que tu passes ton temps à te lever de ta chaise pendant que tu fais tes

devoirs. Ce n’est sans doute pas parce que ton ami est plus intelligent

que toi, ce n’est pas non plus parce que tu es idiot, mais c’est sans

doute parce que ta tête est plus souvent ailleurs (à penser qu’il faut

regonfler le pneu de ton vélo, ou à parler à ton ami d’un projet que tu

as pour le week-end…), même si ton corps, lui, est bien là, appuyé sur

la feuille de math et ta main occupée, sans que tu t’en rendes compte,

à griffonner dans la marge de ton cahier d’exercices. C’est là une des

manifestations de ton déficit d’attention.

Alors, essaie de prendre conscience de ton état pendant que tu fais

tes devoirs. Programme une minuterie avec une alarme qui sonnera ou

vibrera, disons toutes les 10 ou 20 minutes. Mets-la de côté, mets-toi

au travail, et note ton niveau d’attention au moment où la sonnerie (ou

la vibration) se déclenchera. Étais-tu en train de travailler, ou perdu

dans tes pensées vagabondes ?

Fais plusieurs fois cette expérience et accorde-toi un bon point

chaque fois que la sonnerie te surprendra alors que tu étais concentré

sur ton travail. Enlève-toi un point si ta tête était ailleurs. Donne-toi

une récompense quand tu seras satisfait de ton résultat.


IDÉE

79
CRÉE-TOI DES ROUTINES

Donne-toi comme principe « Un temps pour chaque chose et

chaque chose en son temps ».

Pour y parvenir, tu dois te créer des routines. Il est beaucoup plus

facile de ne rien oublier quand on a pris l’habitude de faire toujours

les mêmes activités dans le même ordre. Pour qu’une habitude

s’installe, il faut avoir fait très souvent les mêmes gestes, dans le même

ordre.

Pour ne rien oublier, au commencement, on peut dresser la liste

des choses qu’on veut ou qu’on doit faire.

Établis ton propre horaire. Par exemple : « Je me lève, je me lave

la figure, je m’habille, je prends mon petit déjeuner, je me brosse

les dents, et je range mes livres dans mon cartable avant de faire

toute autre chose. S’il me reste du temps avant de prendre

l’autobus pour partir pour l’école, je me permets un

divertissement, mais pas autrement ».


IDÉE

80
FAIS-TOI UNE LISTE 80

Tu te rends compte que tu as trop de devoirs à faire et tu ne sais

plus par où commencer. La simple idée du nombre des tâches à

exécuter te donne le vertige : tu crois que tu n’auras jamais le temps

de tout finir avant de pouvoir sortir.

Ne panique pas ! Fais-toi la liste de tout ce que tu as à faire.

N’oublie rien, note même ce qui ne prend que trois minutes, ça te

procurera rapidement le plaisir de rayer cette tâche sur ta liste, et ça,

c’est une grande source de satisfaction. Tu n’es pas obligé de noter les

tâches par ordre d’importance ou en fonction du déplaisir qu’elles

suscitent pour toi. Par contre, tu pourras choisir d’effectuer en premier

certaines tâches en fonction de ton énergie disponible ou de ton

intérêt pour telle ou telle tâche. Tu constateras que certaines tâches

qui te rebutaient se font plus rapidement, mais peut-être que d’autres

pour lesquelles tu avais prévu peu de temps t’en prendront davantage.

Si tu n’as pas encore tout à fait fini au moment où ton ami

t’appellera pour sortir, tu pourras montrer ta liste à tes parents pour

leur prouver ta bonne volonté, en leur faisant voir tous les items que tu

auras déjà rayés. Ils se montreront alors sans doute plus indulgents

quand tu leur proposeras de terminer ta liste plus tard.


IDÉE

81
UTILISE UN AGENDA

Ton professeur d’histoire te donne un devoir à remettre dans deux

semaines. Tu dois préparer ton contrôle de maths pour mercredi

prochain. Tu ne veux pas oublier l’anniversaire de ta grand-mère,

le 28 du mois, et tu voudrais lui acheter un bouquet de fleurs. Tu as

promis de sortir ton petit frère pendant le week-end pour l’emmener

au stade regarder un match de foot.

Prends l’habitude d’utiliser un agenda que tu garderas toujours à

portée de main, au même endroit. Garde-le avec toi (dans ton cartable

ou dans une poche de ton sac à dos). Consulte-le régulièrement pour

ne rien oublier. Inclus-le dans ton rituel du matin ou du soir pour

planifier la journée du lendemain. Inscris-y les choses habituelles

(l’emploi du temps de la journée, les dates des contrôles, les travaux à

remettre, etc.), mais aussi les bonnes idées qui te viennent à l’esprit en

cours de journée et que tu ne veux pas oublier, les rendez-vous

inhabituels, etc.

®
Tu peux y coller des « post-it » pour indiquer une priorité, ou si

tu n’as pas la place de noter toutes les activités prévues à une heure

donnée.
IDÉE

82
CONSTRUIS-TOI UN HORAIRE DE TRAVAIL ET
D’ACTIVITÉS

Tu as tes devoirs à faire et tu devrais y consacrer au moins une

heure chaque soir. Tu ne voudrais pas manquer certaines émissions à

la télévision. Tu souhaites consacrer une heure à chatter avec tes amis

sur Internet ou à jouer à certains jeux vidéo, etc. Tu as ton

entraînement de judo le mardi et le jeudi de 19 heures à 20 heures et

il te faut 15 minutes pour y aller. Tu dois ranger ta chambre une fois

par semaine, etc.

Construis-toi une grille horaire qui tiendra compte de toutes ces

exigences. Inscris d’abord les activités qui ne peuvent être déplacées

(par exemple, le professeur de judo ne changera pas l’heure de son

cours pour que ça convienne à ton horaire, et les programmateurs ne

modifieront pas l’horaire d’une émission de télé pour que tu puisses la

regarder au moment où ça t’arrange).

Place ensuite les activités quotidiennes que tu ne peux esquiver

(une heure chaque jour pour effectuer tes devoirs et tes leçons). Puis,

identifie les plages qui pourraient accueillir des activités qui

pourraient se plier plus facilement aux contraintes de ton horaire : le

ménage de ta chambre (deux heures dans la semaine si tu ne veux pas

avoir tes parents sur le dos ; le week-end s’y prête généralement

mieux), et enfin tes rencontres sur Internet.


IDÉE

83
ÉVITE DE REMETTRE À PLUS TARD…

Quand ton professeur te donne à faire un travail de recherche à

remettre le mois suivant, n’attends pas la dernière minute pour le

commencer. Certes, un peu de stress peut être source de motivation,

de réalisation de soi, de dépassement ; mais inversement, un stress

trop important devient contreproductif, te paralyse, t’empêche de

trouver de bonnes idées. Le manque de temps provoque ta colère dès

qu’un imprévu survient (et crois-moi, les imprévus arrivent toujours à

la dernière minute et nous font perdre nos moyens). Plus tu seras près

de l’échéance, plus ton stress augmentera, surtout quand tu prendras

conscience que tu n’auras plus assez de temps pour faire le travail

dont tu avais peut-être sous-estimé la durée (voir l’Idée 77).

Commence le travail dès qu’il est donné (par exemple, commence

à noter les idées qui te viennent à l’esprit, puis, quelques jours après,

commence à essayer de les organiser et à faire un premier essai de

plan, etc.). Quand tu seras satisfait du plan pour fixer les grandes idées

que tu veux développer, découpe la tâche dans le temps, et fixe-toi un

échéancier raisonnable pour chaque étape. Donne-toi une

récompense à la fin de chaque étape.

Sache aussi qu’une fois ton plan de travail établi, de nouvelles

idées surgiront en cours de réalisation, ou même lorsque tu seras

occupé à autre chose. Ces idées sont souvent celles qui rendront ton

travail encore plus intéressant, unique et exceptionnel.


IDÉE

84
ORGANISE TON ESPACE

Tu ne sais plus où tu as posé ton cartable. Tu as perdu ta clé pour

entrer à la maison et tu dois aller la chercher au bureau de ton père.

Tu cherches où tu as bien pu mettre le film que tu dois rendre au club

vidéo. Ta chambre est complètement en désordre, alors tu ne trouves

pas le jeu que ton ami t’a prêté et que tu dois lui rendre aujourd’hui.

Rappelle-toi que chaque chose a une place et qu’il devrait y avoir

une place pour chaque chose. Il est plus facile de trouver quelque

chose qui est à sa place, et on perd moins de temps à la chercher.

Ainsi, il est plus aisé de retrouver le marteau dans le coffre à outils

qu’à l’endroit où tu l’avais laissé traîner la semaine dernière. Il est plus

raisonnable de trouver la nourriture dans le réfrigérateur que dans

n’importe quel autre endroit de la maison.

Comme pour les routines (voir l’Idée 79), tu apprendras

rapidement où sont les choses si tu t’appliques à les ranger toujours au

bon endroit, et tu t’impatienteras moins à les chercher.


IDÉE

85
POUR MIEUX ORGANISER TON ESPACE DE
TRAVAIL

Utilise un système de classement dans ton casier ;

Évite les feuilles volantes : classe tes notes selon la matière dans

un classeur avec des index séparateurs (tu éviteras ainsi de perdre

du temps à retrouver tes feuilles) ;

Utilise des codes couleurs. Par exemple : fiches bleues pour le

français, fiches vertes pour l’histoire, fiches jaunes pour les

mathématiques, etc.

Place bien en vue ce qui doit être fait en priorité ou ce que tu ne

veux pas oublier ;

Surligne dans ton agenda ce qui ne doit absolument pas être

oublié ;

Évite d’encombrer ton espace de travail (ton pupitre, ta chambre,

etc.)

Range les objets au fur et à mesure dans des endroits précis pour

les retrouver plus facilement (voir l’Idée 84) ;

Colle des étiquettes avec ton nom sur tes affaires personnelles.
IDÉE

86
DONNE-TOI DES STRATÉGIES POUR APPRENDRE

Tout le monde n’a pas la même facilité pour apprendre. Pour

apprendre ou pour mémoriser, il faut faire travailler plusieurs parties

de notre cerveau. Mémoriser n’est pas automatique : ça demande un

petit effort.

tu dois fixer ton attention sur ce que tu as à mémoriser ;

tu dois avoir le projet (le désir, la volonté) de t’en souvenir pour

l’utiliser dans le futur ;

tu dois trouver une stratégie pour conserver cette information.

Pour apprendre et retenir l’information pour longtemps, tu dois

utiliser des stratégies :

tu mets tes idées en ordre ;

tu joues et rejoues avec l’information en faisant des catégories,

des associations ;

tu dois répéter, répéter, répéter, répéter ;

tu peux montrer cette information à quelqu’un d’autre pour mieux

t’en souvenir.

Tu vérifies plus tard ce dont tu te souviens, et tu révises ce que tu

avais oublié.
IDÉE

87
POUR AMÉLIORER TA MÉMOIRE À COURT TERME

Ton déficit d’attention te conduit à oublier beaucoup de choses

dans la vie de tous les jours, ce que tu te fais d’ailleurs reprocher

régulièrement. La capacité de te rappeler ce que tu viens de faire et ce

qui te reste à faire relève de la mémoire à court terme. Comment

peux-tu améliorer ce type de mémoire ?

Voici quelques moyens que tu pourras essayer pour ne pas oublier.

Range toujours tes affaires au même endroit pour être certain de

les retrouver.

Apprends à faire les choses de la même manière et au même

moment de la journée : tu n’auras plus besoin d’y penser parce

que cela deviendra un automatisme. De plus, les automatismes

demandent beaucoup moins d’efforts d’attention.

Affiche la routine que tu t’es donnée afin de ne rien oublier.

Inscris sur ton calendrier les événements que tu ne veux pas

oublier.

Utilise ton agenda tous les jours et prends l’habitude de le

consulter pour tes devoirs et tes leçons, et tes travaux de longue

haleine ;

Pour mieux mémoriser l’information, fais-toi des résumés écrits de

ce que tu veux apprendre. Fais-toi des tableaux ou des

graphiques. Organise tes informations sur des fiches que tu

pourras consulter lors des révisions.


IDÉE

88
DONNE-TOI UNE MÉTHODE DE TRAVAIL

Avant de te lancer dans un travail, fais-toi un plan ou utilise un

modèle. Au besoin, demande à tes parents ou à ton professeur de

t’aider à faire un plan. Suis ensuite les étapes que tu t’es fixées dans

ton plan. N’attends pas d’avoir fini pour te corriger : corrige au fur et à

mesure, en utilisant les bons outils de travail (grammaire, dictionnaire

pour orthographier un mot correctement, calculatrice pour vérifier tes

problèmes, règle pour tracer une ligne, etc.).

Si tu as absolument besoin d’utiliser Internet, fais d’abord tout ce

que tu peux sans Internet afin ne pas te laisser distraire par d’autres

activités, puis, lorsque tu auras achevé le plus gros de ton travail, tu

pourras te récompenser en terminant ta recherche sur ton ordinateur.

Quand tu lis un texte, utilise des marqueurs pour surligner les

idées principales afin de mieux noter les choses essentielles à ta

compréhension. S’il s’agit d’un exercice de compréhension de texte,

lis les questions avant de lire le texte. Invente des sous-titres pour

chaque paragraphe ou fais un dessin pour résumer l’idée du

paragraphe.
IDÉE

89
PENSE À T’AUTOCORRIGER

Tu sais qu’à cause de ton déficit d’attention tu devrais toujours te

relire pour te corriger, après avoir fini un exercice. Mais voilà : tu

oublies même que tu dois te corriger. Tu n’en prends conscience que

lorsque le professeur te rend ton devoir corrigé et que tu vois tes fautes

d’inattention.

Se corriger, c’est aussi une question d’habitude. Une habitude que

tu as plus de difficulté à prendre qu’une autre tout simplement parce

que, d’une fois à l’autre, tu oublies de le faire. Pour t’aider à prendre

cette bonne habitude, tu peux essayer de t’octroyer une récompense

quand tu auras accumulé un certain nombre de fois où tu auras pensé

à te corriger. Choisis un dessin très simple que tu peux faire

rapidement (par exemple, une étoile, un smiley…). Reproduis ton

dessin dans ton agenda chaque fois que tu auras pensé à

t’autocorriger. Il te sera ainsi plus facile d’atteindre ton objectif.

Quand tu as comme devoir à faire une composition ou une

dissertation, tu es souvent préoccupé davantage par tes idées que par

l’orthographe des mots et l’application des règles de grammaire. Tu as

déjà fourni un gros effort pour organiser ta pensée. Demande à un de

tes parents de te corriger (même s’ils ne sont pas si forts que ça en

orthographe) car ils seront, eux, plus préoccupés par l’orthographe

que par les idées.


IDÉE

90
CONTRÔLER TON IMPULSIVITÉ

Quand tu réponds à une question avant qu’elle soit complètement

formulée, c’est parce que tu es impulsif. Quand tu constates tout de

suite l’erreur que tu as commise après avoir choisi une mauvaise

réponse, c’est parce que tu n’avais sans doute pas pris le temps de

bien considérer tout ce qui est dit dans l’énoncé de la question.

Quand tu dis une parole blessante que tu regrettes immédiatement

après avoir constaté la peine que tu as causée à autrui, c’est que tu

n’avais pas réalisé l’impact que cette parole aurait avant de la dire.

Quand tu achètes quelque chose sans avoir pris le temps de vérifier

les spécificités du produit ou le rapport qualité/prix, ou encore sans

considérer dans quelle mesure cet objet répond à un véritable besoin,

c’est sans doute qu’il s’agit d’un achat impulsif. Quand tu exploses à

la moindre contrariété, quand tu réagis instantanément par la colère à

une déception, c’est parce que tu n’as pas prévu d’alternative.

L’impulsivité est sans doute le problème le plus difficile à corriger.

Même à l’âge adulte, il persiste avec toutes les conséquences que cela

entraîne. Il faut savoir le reconnaître, l’admettre, et vivre avec. Il faut

s’en excuser quand ça dérange les autres, et s’en servir au lieu de s’en

plaindre, parce qu’il peut aussi s’agir d’un moteur de projet. Les

entrepreneurs sont souvent de grands impulsifs.

Si je reconnais le fait que je suis impulsif et que cette réaction

échappe à mon contrôle, il me sera plus facile de m’excuser après

avoir causé à autrui un désagrément du fait de mon impulsivité.

Quand je réponds avant que le professeur m’en ait donné

l’autorisation, c’est peut-être que j’avais peur d’oublier ce que je

voulais dire, alors pourquoi ne pas écrire un mot clé pour


conserver mon idée et pouvoir la dire quand on me donnera la

parole ?

J’essaie de prévoir un plan B pour éviter la déception ou la colère

si le plan A ne fonctionne pas.

Je me retire seul dans ma chambre avant d’exploser, puis je me

calme et j’envisage une activité qui m’occupera l’esprit. Cela me

fera oublier la frustration que je n’arrive pas à contrôler.

Si, dans un magasin, une chose que je n’avais pas prévu d’acheter

m’intéresse, j’attends une semaine en me promettant d’y revenir.

Si la semaine suivante je n’y pense plus, ou si je suis trop

paresseux pour retourner faire cet achat, c’est que je n’en avais

pas vraiment envie ou besoin.


IDÉE

91
MIEUX CONTRÔLER TA PATIENCE

Un apprentissage n’est jamais le fruit d’un résultat instantané.

Rappelle-toi tes premières tentatives en vélo. Il t’a sans doute fallu

de nombreux essais pour parvenir à faire deux tours de roues sans

tomber, puis trois, puis jusqu’en bas de la petite côte, parce que tu

avais pris de l’élan, puis tout à coup, ça y était. Mais ce n’est

certainement pas dès le premier coup de pédale que tu as réussi à

rouler sans tomber, à lâcher ton guidon pour faire le fanfaron et

prouver à tous que tu contrôlais parfaitement ta bicyclette.

Rappelle-toi la première fois que tu as tenté de franchir tous les

pièges de ton jeu vidéo : combien de vies as-tu perdues ? combien de

nouveaux essais as-tu dû faire avant de parvenir au dernier niveau ?

C’est la même chose pour celui qui apprend un numéro de trapèze,

c’est encore vrai pour celui qui apprend à jouer une sonate de Mozart.

Quand tu vois l’athlète ou le pianiste, tu vois seulement sa

performance, tu ne vois pas toutes les heures qu’il a consacrées à

maîtriser son art.

Alors, avant de commencer un nouvel apprentissage, n’exige pas

trop de ta performance, fixe-toi comme défi de maintenir ton effort

pendant un temps donné plutôt que celui de réussir d’emblée à

maîtriser l’exercice.

Au moment où tu t’apprêtes à commencer un nouvel

apprentissage, planifie d’abord plusieurs petites séances de pratique

intensive avant d’évaluer ta réussite ou ton échec. Prévois à l’avance

ces étapes dans ton agenda (voir l’Idée 81).


IDÉE

92
MIEUX CONTRÔLER TES ÉMOTIONS À LA MAISON

Apprendre à contrôler ses émotions n’est pas une petite affaire. Se

fâcher devant une personne qui ne se comporte pas comme on le

souhaite, devant une activité qui ne se déroule pas comme on l’avait

prévue, devant un objet qui se brise au moment précis où on en avait

tant besoin, n’est pas une chose anormale. Mais dans ton cas

l’explosion de colère est souvent excessive, et de plus elle risque de te

frustrer davantage (ce qui aura comme conséquence d’accroître

encore plus ta réaction de colère).

Après coup, tu regrettes toujours d’avoir perdu le contrôle de toi-

même. Tu ne sais plus trop comment t’excuser pour ce déploiement

inutile d’énergie négative. Bien souvent, ton explosion de colère

résulte de ton impulsivité (voir l’Idée 90), mais tu peux essayer de la

calmer le plus rapidement possible.

Pour retrouver ton calme, isole-toi temporairement dans ta

chambre, ou loin du lieu où ta colère a explosé. Fais tout à fait autre

chose pour te changer les idées. Sors dehors faire une course pour

libérer ton énergie. Appelle un ami pour lui raconter ta colère, il

pourra t’aider à relativiser ta frustration. Quand tu seras calmé,

réfléchis à la manière de corriger la situation : t’excuser auprès des

personnes que tu aurais pu blesser ; expliquer calmement ton point de

vue, sans t’emporter ; réparer l’objet brisé, en emprunter un ou en

acheter un nouveau si nécessaire.

Après l’événement, envisage déjà comment tu pourras mieux

répondre à ce problème la prochaine fois. Tu dois reconnaître que

chacun a droit à son idée, que souvent, lors d’une activité tu dois te

plier au désir de la majorité, que tu aurais pu utiliser un autre objet

pour exécuter ta tâche, etc.

Pour trouver des solutions, fais appel à ta créativité, c’est souvent

une belle qualité que possèdent les personnes qui ont un TDA/H.
IDÉE

93
QUE FAIRE QUAND TU AS PERDU LE NORD,
QUAND TU AS DISJONCTÉ À L’ÉCOLE ?

Tu sais que, même si tu voudrais bien pouvoir te contrôler, tu te

mets en colère plus facilement que les autres.

À l’école, discute avec ton professeur de ton problème et

demande-lui d’accepter de te laisser sortir de la classe quand tu vois

que tu commences à t’énerver et que ça risque de mal finir.

Comme tu peux exploser facilement sans avoir vu venir le coup –

comportement que tu regrettes toujours intensément quand tout est

terminé – passe avec ton professeur un accord qui t’aidera à limiter les

dégâts avant que ça ne dégénère et que tu te retrouves honteux devant

les autres élèves. Il pourra anticiper avant toi la tournure que va

prendre un conflit : accepte sur sa demande de te retirer de l’endroit

du litige en allant dans un lieu que vous aurez déterminé ensemble et

où tu pourras retrouver tes esprits.

Rappelle-toi qu’en ces moments-là, tu vois tellement rouge que tu

n’es pas en mesure de réagir intelligemment. Rassure-toi, c’est le cas

pour tout le monde. Tu as sûrement vu des adultes déraper lors d’une

querelle déclenchée pour un motif assez insignifiant observé de

l’extérieur.
IDÉE

94
POUR MIEUX CONTRÔLER TON HYPERACTIVITÉ

Tu as besoin de bouger ? C’est normal, tous les jeunes ont besoin

de bouger, et toi plus qu’un autre avec ton TDA/H. Aussi, réserve-toi

du temps pour pratiquer une activité physique.

Les arts martiaux sont souvent une bonne suggestion, à la fois

comme activité physique et comme apprentissage de la maîtrise de

soi. Consacres-y temps et efforts, participe si possible à des

compétitions pour t’amener à te dépasser. Tu n’es en compétition

qu’avec toi-même. L’art du cirque est, pour les mêmes raisons, une

autre belle alternative.

Ce sera sans doute plus facile pour toi de choisir une activité

physique où tu es seul en compétition avec toi-même, où tu n’as pas

besoin d’être en équipe, afin d’éviter les confrontations à peu près

inévitables, mais certainement inutiles dans ton cas, toi qui peux

facilement t’emporter et te laisser aller à tes obstinations.


IDÉE

95
POUR MIEUX CONTRÔLER TA « BOUGEOTTE » EN
CLASSE

Il t’est certainement plus difficile que pour d’autres de t’astreindre

à écouter ton professeur sans bouger, sans parler à ton voisin de ce qui

te passe par la tête, sans tenter de faire rire le reste de la classe pour

mettre un peu de vie durant ces longs moments d’attente.

Pour combler ton besoin d’activité durant les cours, prends des

notes sur ce que le professeur est en train d’expliquer.

Pour t’encourager, prends un beau cahier. Dessine, griffonne,

quand tu dois rester assis.

Fais des pauses pour te dégourdir les jambes. Canalise ton envie

de bouger en te rendant utile en classe (propose-toi pour passer les

feuilles, pour effacer le tableau, pour faire les commissions, etc.).

Organise pour la fin de l’année scolaire un spectacle

humoristique : accumule les blagues et retiens-toi de les dire durant la

classe afin de surprendre ton auditoire au moment du spectacle.


IDÉE

96
TROUVE-TOI DES ACTIVITÉS QUI PEUVENT
T’AIDER À MIEUX CANALISER TON ÉNERGIE

Essaie de développer des sources d’intérêt qui mobiliseront

l’énergie que tu as en abondance.

Deviens un passionné de cinéma, de musique, de photo, etc.

Apprends à jouer d’un instrument de musique.

Investis-toi dans la pratique d’un sport (le judo, la natation, la

course à pied, le ski, le tennis...).

Découvre les plaisirs d’une activité originale (l’escrime, le

jardinage, l’aviron…).

Chaque fois que tu sentiras un trop plein d’énergie, tu réserveras

du temps à l’une des activités que tu auras choisie. Quand tu

pressentiras que tu as dépassé les bornes avec tes parents, avec tes

amis, quand tu es trop irrité par leur attitude d’incompréhension ou

par tes propres comportements, réfugie-toi dans l’une de tes activités

préférées pour prendre un peu de distance et te calmer.


IDÉE

97
APPRENDS À RESPECTER LES AUTRES

Quand on vit en groupe, certaines règles doivent être respectées et

chacun a droit au respect des autres. Tu dois apprendre à accepter les

idées des autres : elles sont aussi valables que les tiennes. Certaines

sont bonnes, d’autres moins, mais il faut apprendre à en discuter avant

de les rejeter. Apprends aussi à écouter les autres. Si une discussion

s’amorce sur un sujet, donne ton point de vue, mais écoute aussi celui

des autres. Laisse-leur le temps d’exprimer leur position.

Tu ne peux pas tout décider. Dans un groupe c’est souvent la loi

de la majorité qui l’emporte. La majorité se situe du côté où le plus

grand nombre de personnes sont d’accord avec une même idée,

même si la différence entre deux groupes est faible. Si sept amis

veulent jouer au basket contre six qui veulent plutôt jouer au volley,

on jouera au basket. Dans un travail d’équipe à l’école, c’est la même

chose. On peut toujours présenter quelques arguments en faveur de

son idée, mais on doit se plier à la décision du plus grand nombre si

on n’arrive pas à convaincre les autres.

Demande à l’autre si c’est le bon moment pour parler d’une

question qui te tient à cœur. Tu lui montreras ainsi que tu respectes

son temps. Souvent, tu es porté à demander quelque chose qui est

important pour toi, immédiatement, quand tu y penses, quand ça te

vient à l’esprit. Ce n’est peut-être pas le bon moment pour obtenir ce

que tu veux. Si, pour des raisons qui ne te concernent pas, la personne

est dans de mauvaises dispositions, tu auras plus de chance de te faire

refuser, ce qui risque de te frustrer et de te mettre de mauvaise

humeur. Très mauvais pour la relation !

Par exemple, si tu demandes à ton père la permission d’aller

passer le week-end chez ton ami alors qu’il te demande d’attendre un


peu pour te répondre parce qu’il est occupé, mais que tu insistes avec

acharnement pour obtenir une réponse sur-le-champ, tu as toutes les

chances qu’il s’impatiente et finisse par te refuser ce qu’il aurait pu

t’accorder si tu avais attendu un moment plus propice pour le lui

demander.
IDÉE

98
TROUVE-TOI UN BON CAMARADE EN QUI TU AS
PARFAITEMENT CONFIANCE

Quand on souffre de TDA/H, c’est merveilleux d’avoir un ami qui

nous connaît et à qui on a pu expliquer ce que ça signifie d’avoir un

TDA/H. Un ami qui nous comprend, qui nous accepte, mais qui nous

aide aussi à mieux contrôler nos réactions impulsives, nos étourderies,

nos colères soudaines (et intempestives). Un ami qui pourra nous

éloigner d’une source de conflit dans laquelle on est toujours prêt à

s’engager sans discernement. Un ami qui pourra relativiser auprès des

autres nos réactions trop vives parce qu’il connaît bien le TDA/H et

ses conséquences. Un ami qui peut nous retenir de commettre des

impairs qu’on risque de regretter très rapidement.

Par exemple, quand tu dis quelque chose qui peut être blessant

pour l’autre, mais dont tu n’as pas réalisé l’impact, ton ami pourrait

avoir un code pour t’indiquer que tu as sans doute dépassé la limite. Il

pourrait te dire un mot que tu serais seul à comprendre (par exemple :

citron-limette) pour te signaler que tu t’engages dans une direction à

éviter.

Alors, tu t’arrêteras avant que le mal s’aggrave et tu t’excuseras

auprès de la personne que tu aurais pu offenser.


IDÉE

99
UTILISE TA CRÉATIVITÉ POUR TROUVER DES
SOLUTIONS

L’une des forces que l’on reconnaît facilement et le plus

fréquemment chez les jeunes qui ont un TDA/H, c’est leur créativité.

Appuie-toi sur cette force-là pour trouver des solutions.

Tout au long de ce chapitre, j’ai essayé de te donner des conseils

et des « trucs » pour t’aider à relever les défis que posent les

symptômes du TDA/H.

Il se peut que certains de ces trucs ne fonctionnent pas et ne

règlent pas le problème que tu tentes en vain de résoudre.

Alors ne te décourage pas : quand rien ne va plus, il te reste

encore ta créativité. Qu’est-ce que c’est, la créativité ? C’est la

fonction de ton cerveau (surtout dans l’hémisphère droit) qui te permet

de concevoir plusieurs idées nouvelles, entre autres pour arriver à

résoudre un problème.

Pense aux grands inventeurs qui ont découvert de nouvelles façons

de communiquer, de voyager, de soigner…

Alors si tu fais confiance à ta créativité, tu ne pourras pas dire :

« J’ai tout essayé, rien ne marche », mais tu pourras te convaincre que

tu n’as pas encore trouvé la bonne solution et tu pourras te dire « Je ne

baisse pas les bras, je suis capable de trouver une nouvelle idée, j’ai la

certitude que la solution existe même si je ne l’ai pas encore trouvée,

il n’y a pas de problème sans solution ».

Ce sera ton leitmotiv (une phrase que tu te répèteras sans cesse)

parce que tu auras la certitude que tu vas réussir.


IDÉE

100
AIE CONFIANCE EN TOI, L’AVENIR T’APPARTIENT

Tu te demandes si, avec un TDA/H, tu seras limité plus tard dans le

choix de ton métier. Tu te demandes si ton problème d’inattention,

d’impulsivité ou d’hyperactivité te gênera plus tard dans tes études et

dans l’exercice de ta profession. Sache que plusieurs grandes

personnalités ont elles aussi souffert de TDA/H, même si, à leur

époque, ce trouble n’était pas encore diagnostiqué. Par exemple, on

dit de Napoléon Bonaparte qu’il était hyperactif, surdoué, mais qu’il

avait de la difficulté à respecter les règles. D’Albert Einstein, on dit

qu’il était brouillon, qu’il était toujours perdu dans ses pensées. De

Mozart, on dit qu’il ne créait qu’à la dernière minute, quand il était

pressé par la nécessité et l’urgence. Il y a aujourd’hui beaucoup

d’entrepreneurs qui sont d’anciens hyperactifs et qui, en sachant

s’entourer des personnes adéquates pour remplir diverses fonctions,

réussissent parfaitement à gérer leur entreprise.

Si tu réussis à t’appuyer régulièrement sur tes routines pour ne pas

oublier ce que tu as à faire, à développer l’habitude de terminer tes

tâches et de ne jamais baisser les bras, si tu as trouvé des stratégies

pour mieux apprendre et que finalement tu as pu terminer tes études

secondaires avec succès, n’aies aucune crainte. Tu pourras aborder les

études universitaires qui te tenteront à ce moment-là. Si tu as appris à

attendre ton tour, à respecter les autres, si tu as appris à ne pas

t’emporter inutilement, si tu as appris à t’excuser auprès des autres de

tes bévues dues à ton impulsivité, tu pourras sans problème trouver un

métier et tu découvriras le grand plaisir de faire ce que tu aimes.


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Collège des médecins du Québec.

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Vincent, Annick, 2010. Mon cerveau a besoin de lunettes, Éditions

Quebecor, Collection Psychologie.


DES AMÉNAGEMENTS DE LA SCOLARITÉ EN

FRANCE

L’amélioration du déroulement de la scolarité d’un enfant ou d’un

adolescent ayant un TDAH peut parfois nécessiter la mise en place

d’aménagements précis, formalisés dans le cadre d’une convention

officielle. Dans ce cas, il convient de saisir le médecin de l’éducation

nationale. Les médecins scolaires ont pour la plupart été formés au

repérage des troubles des apprentissages et connaissent le TDAH.

Ils sont habilités à suivre les élèves concernés tout au long de leur

parcours scolaire, ils interviennent lors de la tenue d’équipes

éducatives. Lorsque les adaptations mises en œuvre par les enseignants

s’avèrent insuffisantes pour permettre une scolarité normale, il est

important de faire appel à lui. D’une façon générale, nous

recommandons vivement aux familles de le rencontrer dès que le

diagnostic du TDAH est posé.

Le PAI, projet d’accueil individualisé est une convention entre

l’école, la famille et le médecin scolaire. Selon les besoins de l’enfant, il

peut prévoir des aménagements : de l’emploi du temps pour permettre

le suivi thérapeutique, par exemple des séances d’orthophonie, de

psychomotricité, de thérapie cognitivo-comportementale, la prise d’un

médicament pendant le temps scolaire, la fourniture de photocopies

de cours dans quelques disciplines pour limiter la fatigue due à la prise

de notes, l’autorisation de quitter la salle de classe pour se rendre à

l’infirmerie (ou à la vie scolaire dans le secondaire), le temps de

s’apaiser afin d’éviter une crise préjudiciable à tous, pour n’en citer

que quelques uns (cf. p 17 & 18).

Le PPS, projet personnalisé de scolarisation, convient à des

situations plus invalidantes. Il définit les modalités du déroulement de

la scolarité et les actions pédagogiques, psychologiques, éducatives,


sociales, médicales et para-médicales répondant aux besoins

particuliers des enfants. Il peut comprendre : des aménagements

d’horaires, un allongement du délai d’acquisition de certains

apprentissages, des mesures d’accompagnement en aides techniques

(par ex. ordinateur) et humaines (par ex. auxiliaires de vie scolaire),

une prise en charge du transport entre l’établissement et le domicile,

des adaptations pédagogiques, un aménagement de l’emploi du

temps, des suivis psychologiques, éducatifs, sociaux, médicaux,

paramédicaux.

La demande d’un PPS relève de la seule initiative de la famille.

Pour ce faire, elle doit contacter la Maison Départementale des

Personnes Handicapées (MDPH). Une équipe pluridisciplinaire

élabore le PPS, les parents sont étroitement associés au projet. Puis la

Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées

accorde le PPS et décide de son contenu. L’enseignant référent est

l’interlocuteur privilégié de la famille. Il assure la coordination entre

toutes les parties prenantes du PPS et veille à son suivi.

Selon la loi, Le TDAH constitue un handicap : Art. L.114 de la

loi du 11 février 2005 : « Constitue un handicap, au sens de la

présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation

à la vie en société subie dans son environnement par une personne en

raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou

plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou

psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. »

Encart B.O. n°6 du 7-2-2002 :

Mise en œuvre d’un plan d’action pour les enfants atteints d’un

trouble spécifique du langage oral ou écrit.

Définition des troubles spécifiques du langage oral et écrit : « Les

troubles spécifiques du langage oral et écrit (dysphasies, dyslexies) qui

font l’objet de cette circulaire sont à situer dans l’ensemble plus vaste

des troubles spécifiques des apprentissages qui comportent aussi les

dyscalculies (troubles des fonctions logico-mathématiques), les


dyspraxies (troubles de l’acquisition de la coordination) et les troubles

attentionnels avec ou sans hyperactivité. »

Association « HyperSupers - TDAH France »

37 rue des Paradis - 95410 GROSLAY

Email : info@tdah-france.fr

Site : www.tdah-france.fr

HyperSupers TDAH France, est une association loi 1901, agréée

par le Ministère de la Santé, destinée à faire connaître le Trouble

Déficit d’Attention / Hyperactivité (TDAH), informer et

accompagner les familles, intervenir auprès des institutions publiques

et privées pour améliorer la prise en charge, le dépistage, les

traitements et la recherche. Favoriser l’intégration scolaire et sociale

des enfants, adolescents et adultes atteints par le TDAH.

L’association, constituée d’une équipe de cinquante bénévoles

répartis sur toute la France, répond aux demandes des familles par

téléphone ou par mail. Des réunions, des conférences sont

ponctuellement proposées dans les régions.

Pour contacter les bénévoles et être informé des différentes

manifestations, consulter le site internet de l’association.


h z le même éditeur…
et c e
© Alta communication, 2011
Éditions Tom Pousse
34-38, rue Blomet
75015 Paris

EAN : 978-2-35345-084-8

Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo

Ouvrage numérisé en partenariat avec le Centre national du Livre

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