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TRAVAIL ENCADRE

Exposé sous le titre :

JULIE OU LA NOUVELLE
HELOISE

De Jean-Jacques ROUSSEAU

Réalisé par : GUAOUGAOU Abdellah

Sous l’encadrement de : Mr. DAHMANY


La bibliographie de l’auteur
Jean-Jacques Rousseau, né à Genève dans une famille de confession
calviniste, a connu une enfance marquée par la tragédie. En effet, il a perdu
sa mère très jeune et a été abandonné par son père à l'âge de dix ans.
Cependant, il a eu la chance d'être pris en charge par son oncle. En 1741,
Jean-Jacques Rousseau devient précepteur pour les enfants de Mme de
Mably à Lyon. En tant qu'amateur passionné de musique, il développe un
système de notation musicale qui ne connaît malheureusement pas le
succès escompté à Paris. Après un séjour à Venise, il retourne à Paris où il
se lie d'amitié avec Diderot, qui lui demande d'écrire des articles sur la
musique pour l'Encyclopédie. Jean-Jacques Rousseau vit en concubinage
avec Thérèse Levasseur, une humble servante, avec qui il a cinq enfants.
N'étant pas en mesure de les élever convenablement, il les confie aux
Enfants-trouvés. En 1750, Jean-Jacques Rousseau développe son œuvre le
"Discours sur les sciences et les arts", ce qui lui vaut une renommée
considérable. Dans ce discours, il adopte une hypothèse méthodologique qui
deviendra le pilier central de sa philosophie : l'homme naît naturellement
bon et heureux, c'est la société qui le corrompt et le rend malheureux. Par
conséquent, il rejette la notion de péché originel. L'œuvre majeure de
Rousseau, intitulée "Du contrat social", examine les principes
fondamentaux du droit politique. Selon lui, seule une convention
fondamentale peut légitimer l'autorité politique et permettre à la volonté
générale du peuple d'exercer sa souveraineté. Il va au-delà de
Montesquieu et Voltaire en défendant ardemment la liberté et l'égalité entre
les individus, en proposant un ordre naturel qui concilie la liberté
individuelle avec les exigences de la vie en société. Le "Contrat social" a été
une source d'inspiration pour la Déclaration des Droits de l'Homme et a
influencé l'ensemble de la philosophie de la Révolution. Son impact a
également été significatif dans la philosophie allemande, notamment chez
Kant et Fichte
Dans son ouvrage intitulé "L'Emile ou l'Education", Jean-Jacques Rousseau
défend l'idée que l'apprentissage doit se baser sur l'expérience plutôt que
sur l'analyse. Il prône également une religion naturelle, dépourvue de
dogmes, en opposition à la révélation surnaturelle. Ces idées lui valent
d'être condamné par le parlement de Paris en 1762, ce qui le pousse à se
réfugier en Suisse puis en Angleterre, où il est accueilli par David Hume,
mais leur relation se détériore rapidement. Il retourne finalement en France
en 1769.
Critiqué par d'autres philosophes et attaqué par Voltaire, qui se moque de
sa théorie selon laquelle la société corrompt l'Homme, Jean-Jacques
Rousseau se sent persécuté. Il tente de se défendre et de s'expliquer dans
ses ouvrages "Les Lettres écrites de la montagne" et les "Confessions". Sous
l'influence de Voltaire, la population va même jusqu'à attaquer sa maison et
brûler ses livres. Les dernières années de sa vie se déroulent à
Ermenonville, dans la maladie et l'isolement.
Parmi ses principales œuvres, on retrouve le "Discours sur les sciences et
les arts" (1750), le "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité
parmi les hommes" (1755), le "Discours sur l'économie politique" (1755),
"Julie ou la Nouvelle Héloïse" (roman, 1761), "Du contrat social" (1762),
"L'Emile ou De l'éducation" (1762), "Lettres écrites de la montagne" (1764),
"Les Confessions"
(1665-1770, publié en 1782), "Pygmalion" (1770), "Rousseau, juge de
JeanJacques ou Dialogues" (1772-1776, publié en 1780) et "Les Rêveries du
promeneur solitaire" (1776-1778, publié en 1782).
Présentation des personnages :
Il peut être intéressant ensuite de présenter les différents personnages qui
interviennent dans l’action de ce roman et d’en rappeler l’histoire.
Saint Preux : Saint Preux est un pseudonyme – son vrai nom n’apparaît
jamais dans le roman. C’est un jeune roturier chargé par Madame d’Etanges
au début du roman de l’éducation de sa fille Julie. Cependant, il tombera
amoureux de son élève mais fera tout pour garder leur passion pure et
vertueuse. Dans ses lettres, il se révèlera être un fin philosophe et un habile
sociologue bien qu’assez fragile émotionnellement.
Julie D’Etanges : Julie D’Etanges est une jeune noble, fille de M. le baron
D’Etanges. Inséparable de sa cousine Claire, elle essaye de guider ses actes
par la Vertu, la Raison et l’Honnêteté. Amoureuse de son précepteur, elle
aura une liaison avec lui à laquelle elle mettra fin par son mariage avec M.
De Wolmar, dicté par ses principes qui prônent notamment l’obéissance
filiale – en effet M. De Wolmar est un vieil ami de M. D’Etanges à qui il avait
promis sa fille. Cette union fondée sur la Raison lui donnera deux fils, sans
pour autant mettre fin à son amour pour Saint Preux.

Claire : Est la cousine inséparable de Julie, avec qui elle a été élevée par la
famille "Chaillot". Cependant, Claire conserve une attitude et un caractère
beaucoup plus enfantin que Julie. Mariée à M. D'Orbe, elle aura une fille
prénommée Henriette, qu'elle décidera de confier à Julie avant de rejoindre
Julie et son mari à Clarens. Claire sera une aide précieuse pour les deux
amants dans toutes les situations.

M. et Mme D'Etanges : Les parents de Julie, font partie de la haute


noblesse suisse. M. D'Etanges a rencontré M. de Wolmar, également
mercenaire, lors de ses années de service auprès de puissances étrangères.
Plus tard, il mariera sa fille à M. de Wolmar. M. D'Etanges est très
autoritaire et violent, ce qui fait craindre à Julie pour sa vie à plusieurs
reprises. Il est également obsédé par la noblesse et s'oppose vivement à un
mariage entre sa fille et Saint Preux, un roturier vulgaire. En revanche,
Mme D'Etanges est plus douce et généreuse, cherchant le bonheur de sa
fille. Lorsque la liaison entre sa fille et Saint Preux est révélée, elle tente de
convaincre son mari de la pureté des sentiments de Saint Preux.
Cependant, sa maladie l'empêche d'agir davantage.
Milord Edouard : Également connu sous le nom d'Edouard Bomston, est
un pair d'Angleterre rencontré par Saint Preux lors d'un voyage. Après une
dispute concernant Julie qui aurait pu dégénérer en duel, il devient, avec
Claire, le soutien le plus solide des deux protagonistes. Cultivé et raffiné, il
devient le meilleur ami de Saint Preux, qui l'aide à son tour lors d'une
affaire personnelle en Italie.

Monsieur De Wolmar : Un prince russe exilé en raison d'une sombre


conspiration, fit la rencontre du père de Julie lorsqu'ils étaient tous deux
mercenaires. En sauvant la vie de ce dernier, il devint redevable envers lui
et décida donc de l'épouser. Froid et calme, il possède un don d'observation
remarquable - capable, semble-t-il, de lire dans les cœurs - mais il est
néanmoins athée, ce qui causera beaucoup de chagrin à Julie. Une fois
installé à Clarens avec Julie, il y mettra en place son système social et
philosophique visant à apporter un bonheur obligatoire. Malheureusement,
l'échec de ce système se conclura par la mort accidentelle de Julie.

Résumé

Ce roman épistolaire raconte l'histoire passionnée entre un jeune précepteur


roturier, Saint-Preux, et son élève, une jeune noble nommée Julie
d'Etanges. Leur différence sociale rend impossible tout espoir pour Saint-
Preux, et après la mort de sa mère, Julie accepte d'épouser M. de Wolmar,
un homme bon et plus âgé, auquel son père l'avait promise. Ce mariage
provoque une profonde crise entre eux et pousse Saint-Preux à faire le tour
du monde.

À son retour, désireux de revoir les cousines, il se rend à Clarens, invité par
M. de Wolmar qui, informé du passé, tentera de les guérir en transformant
cet amour en amitié. Saint-Preux s'émerveille alors du système mis en place
à Clarens. Cependant, pendant l'absence de Saint-Preux, Julie se jette à
l'eau pour sauver son fils cadet et tombe gravement malade. Sa foi, sa
sérénité et son courage réussiront à convertir son mari. Elle meurt en
confiant à Saint-Preux l'éducation de ses enfants et en lui réitérant son
amour.

Julie ou La Nouvelle Héloïse est un roman épistolaire en six parties et cent


soixante-trois lettres qui a connu un immense succès aux XVIIIe et XIXe
siècles. Reprenant la situation d'Héloïse et Abélard, Rousseau crée des
personnages qui reflètent ses idéaux : il dira dans Les Rêveries du
Promeneur Solitaire avoir donné vie à des êtres selon son cœur. Cependant,
considérer cette œuvre uniquement comme une grande et belle histoire
d'amour serait passer à côté de toute la richesse du livre, qui a influencé
son siècle et même le suivant. En effet, à travers ses personnages, Rousseau
expose déjà les idées, concepts et théories qu'il développera dans ses
œuvres futures.
Commentaire composé

Extrait à analyser :

Je me mis à parcourir avec extase ce verger ainsi métamorphosé; et si je ne trouvai point de plantes
exotiques et de productions des Indes, je trouvai celles du pays disposées et réunies de manière à
produire un effet plus riant et plus agréable. Le gazon verdoyant, mais court et serré, était mêlé de
serpolet, de baume, de thym, de marjolaine, et d'autres herbes odorantes. On y voyait briller mille
fleurs des champs, parmi lesquelles l'oeil en démêlait avec surprise quelques-unes de jardin, qui
semblaient croître naturellement avec les autres. Je rencontrais de temps en temps des touffes
obscures, impénétrables aux rayons du soleil, comme dans la plus épaisse forêt; ces touffes étaient
formées des arbres du bois le plus flexible, dont on avait fait recourber les branches, pendre en terre,
et prendre racine, par un art semblable à ce que font naturellement les mangles en Amérique. Dans
les lieux plus découverts je voyais çà et là, sans ordre et sans symétrie, des broussailles de roses, de
framboisiers, de groseilles, des fourrés de lilas, de noisetier, de sureau, de seringa, de genêt, de
trifolium, qui paraient la terre en lui donnant l'air d'être en friche. Je suivais des allées tortueuses et
irrégulières bordées de ces bocages fleuris, et couvertes de mille guirlandes de vigne de Judée, de
vigne vierge, de houblon, de liseron, de couleuvrée, de clématite, et d'autres plantes de cette espèce,
parmi lesquelles le chèvrefeuille et le jasmin daignaient se confondre. Ces guirlandes semblaient
jetées négligemment d'un arbre à l'autre, comme j'en avais remarqué quelquefois dans les forêts, et
formaient sur nous des espèces de draperies qui nous garantissaient du soleil, tandis que nous
avions sous nos pieds un marcher doux, commode et sec, sur une mousse fine, sans sable, sans
herbe, et sans rejetons raboteux. Alors seulement je découvris, non sans surprise, que ces ombrages
verts et touffus, qui m'en avaient tant imposé de loin, n'étaient formés que de ces plantes rampantes
et parasites, qui, guidées le long des arbres, environnaient leurs têtes du plus épais feuillage, et leurs
pieds d'ombre et de fraîcheur. J'observai même qu'au moyen d'une industrie assez simple on avait fait
prendre racine sur les troncs des arbres à plusieurs de ces plantes, de sorte qu'elles s'étendaient
davantage en faisant moins de chemin. Vous concevez bien que les fruits ne s'en trouvent pas mieux
de toutes ces additions; mais dans ce lieu seul on a sacrifié l'utile à l'agréable, et dans le reste des
terres on a pris un tel soin des plants et des arbres, qu'avec ce verger de moins la récolte en fruits ne
laisse pas d'être plus forte qu'auparavant. Si vous songez combien au fond d'un bois on est charmé
quelquefois de voir un fruit sauvage et même de s'en rafraîchir, vous comprendrez le plaisir qu'on a
de trouver dans ce désert artificiel des fruits excellents et mûrs, quoique clairsemés et de mauvaise
mine; ce qui donne encore le plaisir de la recherche et du choix.

Introduction

Jean-Jacques Rousseau fut un des grands représentants de la pensée


politique des Lumières cependant il fut également un précurseur du
romantisme avec son roman La Nouvelle Héloïse publié en 1761. Ce roman
épistolaire relate la passion entre un jeune précepteur roturier, Saint-Preux,
et son élève, une jeune noble nommée Julie. Dans cet extrait, Saint-Preux
évoque ses va-et-vient dans le jardin de Julie, cela donne lieu à une
description favorable du lieu.

Comment Rousseau parvient-il à exprimer une vision du monde à travers la


description de ce jardin ? Pour décortiquer cette problématique nous
verrons comment s’exprime la sensibilité du narrateur devant ce jardin à la
fois agréable et surprenant, pour ensuite dégager les caractéristiques de ce
jardin.

Développement
Dans ce passage, nous accompagnons le narrateur dans son errance au
sein du jardin qu’il appréhende de manière sensuelle et enthousiaste.
D’abord, nous constatons son déplacement dans ce jardin avec la présence
des verbes de mouvement qui soulignent sa progression : « je me mis à
parcourir », « je rencontrais ». Le verbe au passé simple souligne le début de
l’action, mais très vite l’usage de l’imparfait introduit une dimension
répétitive pour souligner la durée de cette promenade comme le souligne le
complément circonstanciel de temps « de temps en temps ». Le narrateur
nous propose des comparaisons avec d’autres paysages qu’il a pu explorer :
« je ne trouvai point de plantes exotiques et de production des Indes », « je
trouvai celles du pays ». Le narrateur met en valeur son ressenti en donnant
l’impression qu’il est partagé par d’autres en utilisant le pronom indéfini «
On » puis le pronom personnel « nous ». Cet élargissement de ces
impressions personnelles interpelle le lecteur de manière indirecte à
partager l’expérience.

Ce texte met surtout en valeur la sensibilité d’un narrateur fasciné par la


beauté du jardin. Les appréciations très mélioratives sur ce verger sont
omniprésentes. L’enthousiasme apparaît dès la première ligne avec
l’expression de son « extase », puis il qualifie le verger par deux adjectifs
mélioratifs : « riant et agréable ». Ces deux derniers adjectifs expriment le
charme de ce lieu et son effet sur le narrateur. Il souligne ensuite l’effet
agréable de « surprise » qu’il éprouve en découvrant le mélange de fleurs
sauvages et de fleurs cultivées par le jardinier.

Ce jardin se transforme en une représentation d'un lieu idéal qui s'inscrit


dans la tradition du locus amoenus tout en exprimant la sensibilité
préromantique de l’écrivain. Rousseau s'inscrit en effet dans la tradition du
locus amoenus en mettant l'accent sur la dimension protectrice de cet
endroit. En effet, il loue l'obscurité du verger en évoquant d'abord "des
touffes obscures, impénétrables aux rayons du soleil". Il reprend cet
ombrage bénéfique lorsqu'il décrit, dans une subordonnée relative, les
guirlandes de végétation "qui nous garantissaient du soleil". Or, l'ombrage
est l'une des caractéristiques du locus amoenus dans la tradition antique.
Cependant, cette caractéristique est amplifiée ici, car on ne parle plus
d'ombre, mais d'obscurité. Le narrateur met l’accent sur les branches des
arbres qui grâce à leur "bois le plus flexible" qui a été recourbé, donnent
l'impression d'une arche naturelle

Conclusion

Rousseau représente le topos du locus amoenus en décrivant avec


émerveillement ce jardin qui offre une représentation idéalisée d'une nature
protectrice et nourricière. Il exprime poétiquement une vision du monde
assez romantique : ce jardin apparemment sauvage, annonce les excès de la
sensibilité romantique ainsi que le désir d'un refuge où l'on peut s'isoler du
monde. Un autre romancier, appartenant à un mouvement littéraire
totalement différent, le naturalisme, Émile Zola, présentera également sa
propre description d'un jardin idyllique, le Paradou, dans son roman La
Faute de l'Abbé Mouret.

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