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Prévention des risques professionnels

Risques biologiques
par Isabelle BALTY
Expertise et conseil technique (ECT)
Institut national de recherche et de sécurité (INRS)
Christine DAVID
Expertise et conseil technique (ECT) (INRS)
Philippe DUQUENNE
Métrologie des polluants (MP) (INRS)
et Colette LE BÂCLE
Études et assistance médicales (INRS)

1. Risques biologiques ............................................................................... SE 3 840 – 2


1.1 Risques infectieux ...................................................................................... — 2
1.2 Risques non infectieux ............................................................................... — 2
2. Activités professionnelles concernées par les risques
biologiques ................................................................................................ — 3
3. Évaluation et prévention des risques biologiques ........................ — 3
3.1 Cas d’une exposition potentielle à des agents biologiques .................... — 3
3.2 Cas d’une utilisation délibérée d’agents biologiques .............................. — 5
4. Place de la métrologie aérienne dans l’évaluation des risques
biologiques ................................................................................................ — 5
4.1 Micro-organismes présents dans l’air ....................................................... — 5
4.2 Valeurs limites ............................................................................................. — 5
4.3 Échantillonnage ........................................................................................... — 6
4.4 Identification ................................................................................................ — 6
Références bibliographiques ......................................................................... — 7

Les agents biologiques es micro-organismes (bactéries, virus, champignons…) se trouvent


L naturellement dans l’environnement (l’eau, le sol), où ils sont à la base de
toutes les chaînes alimentaires, et chez les êtres vivants (dans l’intestin, la
peau, le nez…). Leur grande distribution s’explique par la diversité de leurs
métabolismes, le métabolisme étant l’ensemble des réactions chimiques qui se
déroulent dans un organisme vivant.
La plupart des micro-organismes sont inoffensifs pour l’homme mais certains,
les pathogènes, peuvent être à l’origine de maladies. À l’inverse, d’autres pré-
sentent un intérêt pour l’homme et sont utilisés de manière industrielle dans les
biotechnologies [1] [2] [3].
■ Certains micro-organismes sont utilisés depuis des milliers d’années pour la
transformation des produits alimentaires (boissons alcoolisées, pain, fromages).
Plus récemment, des procédés exploitant la capacité de certains micro-
organismes à dégrader de nombreuses molécules organiques ou minérales ont
été développés pour dépolluer les sols, les eaux ou l’air.

Intérêt des micro-organismes ■ Certains micro-organismes produisent des molécules qui peuvent avoir des
et utilisation applications dans le domaine de la santé (antibiotiques, vitamines…) ou de
l’industrie (tensioactifs…).

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■ Les micro-organismes génétiquement modifiés contiennent un ou plusieurs


gènes étrangers apportant un nouveau caractère transmis aux générations sui-
vantes. Ces gènes peuvent commander la synthèse d’une molécule inhabituelle
ou d’une molécule modifiée ou bien encore modifier le niveau de synthèse de la
molécule (il est possible d’obtenir des cultures dont 30 % du poids est constitué
de la molécule désirée). Cette technique permet la production industrielle de
molécules comme l’insuline ou l’hormone de croissance.

■ Certains micro-organismes possèdent des propriétés insecticides.

1. Risques biologiques Il ne s’agit pas d’un classement strictement scientifique mais d’un
outil au service de la prévention puisque, de ce classement officiel
vont découler des obligations ou des recommandations à mettre en
œuvre pour l’utilisation ou le travail en présence de ces agents
En santé au travail, la notion d’« agents biologiques » est définie biologiques.
réglementairement au niveau européen [4] comme étant les micro- Le groupe 1 comprend les agents biologiques qui ne sont pas
organismes (bactéries, virus, champignons, protozoaires et prions), pathogènes pour l’homme, au sens où ils n’entraînent pas de maladie
y compris les micro-organismes génétiquement modifiés, les cultu- infectieuse. Ces agents sont innombrables et il n’existe pas de liste
des agents du groupe 1. Un agent biologique qui ne figure pas dans
res cellulaires et les endoparasites humains, susceptibles de provo-
l’un des groupes 2, 3 ou 4 ne relève pas systématiquement du groupe
quer une infection, une allergie ou une intoxication. 1. Seule l’évaluation des risques, faite à travers les connaissances de
Nota : les cultures cellulaires issues de cellules isolées d’origine humaine ou animale
l’historique de cet agent ou un dossier d’évaluation des risques, peut
sont incluses dans la définition des agents biologiques, d’une part parce qu’elles sont sus- autoriser à dire qu’un agent biologique donné relève d’un classement
ceptibles d’être contaminées par des agents biologiques pathogènes et d’autre part parce dans le groupe 1.
que des cellules issues de certaines lignées continues pourraient s’implanter accidentelle- Les risques immuno-allergiques et la production de toxines ne
ment chez un travailleur et entraîner le développement de tumeurs.
sont pas pris en compte par ce classement. Néanmoins, pour les
pathogènes classés, certains font l’objet d’un signalement par une
note A (effets allergisants possibles) ou T (toxines possibles) en
marge du classement dans le groupe de risque. Pour le groupe de
1.1 Risques infectieux risque 3, un astérisque signale les agents classés 3 pour lesquels le
risque d’infection est limité car ils ne sont normalement pas trans-
mis par voie aérienne, ce qui autorise, après évaluation des risques,
une possibilité d’assouplissement des règles de prévention.
Les pathologies infectieuses sont les mieux connues. En santé au
travail, des classements des agents biologiques ont été établis, per- La majorité des processus industriels fait appel à des micro-
mettant d’évaluer les risques et de définir les mesures de prévention organismes du groupe 1 ; les micro-organismes pathogènes ne doi-
vent être utilisés de façon « délibérée » que lorsqu’il est impossible
à mettre en œuvre [5]. Ce classement est basé sur les critères d’utiliser des micro-organismes du groupe 1 (essentiellement pour
suivants : gravité de la maladie, risque de contagion ou d’épidémie, la production de vaccins).
existence d’une prophylaxie et/ou d’un traitement efficace. Une liste
Pour les micro-organismes à ADN recombiné, le critère recom-
européenne des agents biologiques pathogènes a été établie, qui biné n’est pas en lui-même un critère de pathogénicité ; selon l’éva-
est devenue la liste officielle française par arrêté du 18 juillet 1994 luation des risques, ils peuvent être classés dans un des groupes de
modifié [6]. Les agents biologiques sont classés de 1 à 4, par ordre pathogénicité. Des critères de classement des micro-organismes à
croissant d’infectiosité (tableau 1). ADN recombiné ont été proposés par différentes instances. En
France, la Commission de génie génétique, mise en place en 1990, a
(0) établi des règles de nature impérative permettant de déterminer les
niveaux de risques potentiels des expérimentations de construction
Tableau 1 – Résumé du classement des agents biologiques et d’utilisation des organismes génétiquement modifiés en milieu
en fonction des dangers d’infection confiné [7].

Existence
d’une
Danger Propagation 1.2 Risques non infectieux
Pathogénicité prophylaxie
Groupe pour les dans la
chez l’homme et/ou d’un
travailleurs collectivité
traitement
efficace L’exposition à des agents biologiques peut également induire des
pathologies non infectieuses pour lesquelles il persiste beaucoup
1 Non – – – d’incertitudes physio-pathologiques, qui ne sont pas prises en
2 Oui Oui Peu probable Oui compte par ce classement des micro-organismes :
3 Oui Oui Possible Oui — les risques immuno-allergiques : rhinites, asthmes, alvéolites
allergiques extrinsèques (maladie du poumon du fermier, par
4 Oui Oui Risque élevé Non exemple) ;

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— les risques toxiniques : on distingue deux types de toxines : ques de l’activité : chaleur, humidité et présence de nutriments favo-
• les exotoxines sont des molécules protéiques sécrétées par les risant l’installation et le développement d’agents biologiques
micro-organismes (toxines du tétanos, de la diphtérie, mycotoxi- (papeteries, industrie du coton…).
nes de certaines moisissures…),
• les endotoxines sont des composants de la paroi, libérées lors
de la destruction ou de la multiplication des bactéries Gram-
3.1.1 Identification et description du danger
négatif (bactéries dont la paroi contient des lipopolysaccharides).
Les endotoxines sont à l’origine de pathologies, le plus souvent L’identification du danger lié à l’activité relève :
de type pseudogrippal, telles que la byssinose (industrie du — de la conscience collective du risque (travail en équarrissage,
coton) ou le syndrome des égoutiers ; dans les égouts…) ;
— les risques cancérogènes : des maladies comme l’infection — du repérage des activités désignées dans les tableaux de mala-
chronique par le virus de l’hépatite B, l’infection chronique par le dies professionnelles liées à des agents biologiques ;
virus de l’hépatite C ; des mycotoxines ; des virus (certains papillo- — des données de la littérature rapportant les agents biologiques
mavirus…) sont classés cancérogènes pour l’homme [groupe 1 du les plus probables ou les maladies les plus fréquemment rencontrées
Centre international de recherche contre le cancer (CIRC)] mais ce dans un type d’activité donné. Ce repérage des dangers peut être
classement ne fait pas particulièrement référence aux expositions affiné par des connaissances ayant trait à des données épidémiolo-
professionnelles. Les papillomavirus humains type 31 et 33 sont giques spécifiques, des particularités régionales…
dans le groupe 2A (l’agent est probablement cancérogène). Les afla-
toxines M1 sont dans le groupe 2B (l’agent pourrait être
cancérogène). 3.1.2 Description des risques

Quelle que soit l’activité professionnelle concernée, la démarche


d’évaluation des risques est facilitée par l’utilisation du concept de
2. Activités professionnelles « chaîne épidémiologique » ou chaîne de transmission.
Une chaîne de transmission est constituée de cinq maillons : le
concernées par les risques réservoir d’agents biologiques, les portes de sortie, la transmission,
biologiques les portes d’entrée dans l’organisme et l’hôte potentiel :

Les risques d’exposition à des agents biologiques intéressent de Réservoir


nombreux secteurs professionnels : métiers de la santé, métiers au
contact d’animaux vivants ou morts, traitement de l’eau ou des
déchets, industries des biotechnologies, laboratoires de recherche… Portes de sortie
En pratique, on distingue deux grands types de situation
d’exposition : « l’utilisation délibérée » et « l’exposition potentielle ».
• Dans les activités où les micro-organismes sont utilisés de façon Transmission
délibérée (comme dans les biotechnologies et les laboratoires de
recherche), on connaît l’identité précise des agents biologiques mis
en œuvre, les quantités utilisées et les endroits où ils sont présents. Portes d´entrée
• Dans les situations d’exposition potentielle (travail dans le sec-
teur de la santé, travail au contact des animaux, agriculture et indus-
tries agroalimentaires, traitement des eaux usées, élimination des Hôtes potentiel
déchets, etc.), on ne peut que faire le repérage des agents biologi-
ques les plus probables compte tenu de l’activité.
(0)

Une enquête [8] réalisée en 1994 par des médecins du travail fai-
sait apparaître qu’1,2 million de salariés se déclaraient exposés dans Tableau 2 – Activités exposant potentiellement des salariés
leur travail à des agents biologiques. Une minorité d’entre eux à des agents biologiques (1)
(55 000 personnes) se trouvait exposée à l’occasion d’une utilisation
délibérée dans les activités des biotechnologies ou de la recherche. Secteur Nombre de salariés
Les expositions aux agents biologiques étaient essentiellement
« potentielles » (tableau 2). Secteur de la santé
dont 55 000 en laboratoires d’analyses 560 000
médicales
Services funéraires 22 000
3. Évaluation et prévention Travaux en contact avec des animaux
des risques biologiques vivants (animaux d’élevage, domestiques,
sauvages)
236 000

Industrie agroalimentaire
dont 24 000 en laboratoire 161 000

3.1 Cas d’une exposition potentielle Élimination des déchets 97 000


à des agents biologiques Travail dans les égouts 24 000
Abattage, équarrissage 27 000
Dans une situation d’exposition potentielle, les agents biologi- Activités de nettoyage en secteur exposé
ques ne font pas partie du procédé industriel, mais ils l’accom- Travaux de maintenance dans un secteur non chiffré
à risques...
pagnent soit du fait de l’activité elle-même (métiers de la santé, du
traitement de l’eau ou des déchets…), soit du fait des caractéristi- (1) Données enquête SUMER 94

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■ Le réservoir 3.1.3 Prévention des risques


C’est la source de l’infection, le lieu dans lequel s’accumulent et
prolifèrent les agents biologiques. Le réservoir peut être vivant ou La prévention des risques consiste à supprimer un maillon ou à
inanimé. Vivant, ce peut être tout ou partie d’un être humain (rhino- placer des barrières venant interrompre la chaîne. Il n’est pas possi-
pharynx, peau, appareil respiratoire, sang...) ou d’un animal (cuir, ble d’envisager ici tous les cas de figure possibles. Seules quelques
salive, urines, cervelle…). Inanimé, ce peut être le sol (agent du téta- pistes de réflexion peuvent être rapidement envisagées.
nos…), l’eau (virus de l’hépatite A, amibes, agent du choléra…) ou
un objet contaminé (seringue abandonnée…). ■ Les mesures de protection doivent, avant tout, porter sur l’origine
des risques donc sur le réservoir. Ces mesures sont à envisager
■ Les possibilités de sortie du réservoir ou d’accès du travailleur à selon les situations professionnelles :
ce réservoir — pour les professions du secteur social ou des métiers de la santé,
il s’agit de dépister et de traiter au plus tôt les individus-réservoirs ;
Pour qu’il y ait risque d’infection, il faut que les agents biologi-
— pour les métiers en contact avec des animaux, les mesures
ques puissent sortir du réservoir ou que le travailleur puisse avoir
sont parfois plus radicales (euthanasie d’un chien atteint de tubercu-
accès à ce réservoir.
lose, abattage d’un troupeau en cas de brucellose…) ;
Exemples : — nettoyage, désinfection et/ou stérilisation ;
— un patient atteint d’une tuberculose pulmonaire, qui tousse et cra- — pour d’autres situations professionnelles, des mesures telles
che, constitue un risque de contamination pour tout son entourage, les que désinsectisation, dératisation peuvent être mises en œuvre.
autres malades et les soignants qu’il côtoie. Mais s’il s’agit d’une tuber- ■ Les actions de prévention peuvent également porter sur les pos-
culose osseuse, seuls les soignants qui vont aller au-devant du foyer sibilités de transmission entre le réservoir et l’hôte potentiel :
infectieux vont être exposés à un risque de contamination ;
— de même, le risque de transmission de l’agent de l’encéphalopa- — mesures d’isolement des patients ou des animaux malades ;
thie spongiforme bovine à l’abattoir ne concerne que les postes de tra- — confinement des procédés ;
vail où les travailleurs peuvent être en contact avec le tissu nerveux — séparation des zones « propres » et des zones « sales » ;
(cervelle et moelle épinière) ou les autres matériels à risques spécifiés. — application du principe de la marche en avant (du sale vers le
Les travailleurs des ateliers de découpe ne sont pas concernés par ce propre, sans possibilité de retour en arrière) ;
risque puisque, à ce stade du travail en abattoir, le réservoir a disparu. — utilisation de conteneurs pour les déchets contaminés [9] ;
— amélioration de la ventilation ;
■ La transmission — limitation des projections…
En milieu professionnel, elle peut se faire essentiellement : Quand les mesures de protection collective ne suffisent pas ou ne
peuvent pas être mises en place rapidement (remise en cause de
— par voie aérienne, par exemple : l’organisation du travail, nouvelle conception des locaux et/ou des
• gouttelettes émises lors de la toux par une personne atteinte matériels…), il est possible d’avoir recours à des équipements de
de grippe ou de tuberculose, protection individuelle adaptés au contexte professionnel tels que
• poussières contaminées par des déjections, gants [10], vêtements de protection, lunettes, appareils de protec-
• aérosols contaminés produits par l’utilisation de jets d’eau à tion respiratoire [11].
haute pression ; L’information et la formation des personnels doivent permettre
— par contact avec la peau ou les muqueuses, par exemple : d’obtenir leur adhésion à de nouvelles pratiques parfois contrai-
gnantes, ainsi que le respect des mesures individuelles d’hygiène
• animal atteint de rage, pour autant qu’auront été mises en place toutes les facilités d’accès
• personne atteinte d’une mycose cutanée, aux installations sanitaires correspondantes, y compris sur les chan-
• manipulation d’objets contaminés, tiers mobiles et dans les véhicules.
• en portant les mains contaminées : au visage, en se frottant les
Exemple : ce concept de la chaîne de transmission (cf. schéma ci-
yeux, aux muqueuses urogénitales, en allant aux toilettes ;
dessous) permet d’évaluer, par exemple, les risques de transmission
— par inoculation accidentelle, par exemple : de la bactérie Chlamydophila psittaci présente dans les fientes
• piqûre avec une seringue abandonnée, d’oiseaux salissant aussi bien l’intérieur d’un clocher que la charpente
• piqûre d’un « vecteur » vivant (moustique dans le cas du palu- de bâtiments ouverts ou des cages à oiseaux. En effet, des oiseaux
disme, tique pour la maladie de Lyme…) ; infectés excrètent de nombreux germes dans leurs déjections. Les
— par voie digestive, par exemple : déjections desséchées forment des poussières qui peuvent contami-
ner l’homme par inhalation. Les mesures de prévention seront adap-
• en portant les mains ou des objets contaminés à la bouche, tées à l’activité concernée : installateur d’antennes relais de téléphonie
• en mangeant ou en fumant dans des lieux contaminés. mobile, couvreurs amenés à reprendre une toiture ancienne ou
employés d’un magasin d’oiseaux de compagnie.
■ Les portes d’entrée
Elles sont liées aux différents modes de transmission :
Réservoir : oiseaux
— voies respiratoires et transmission aérienne ;
— muqueuses ou peau intacte ou lésée et contact ;
— voie sanguine et plaie, piqûre ou blessure ; Porte de sortie : fientes
— voie digestive en portant les mains à la bouche.

■ L’hôte potentiel
Transmission : par l´air (poussières contaminées par des fientes)
Dans le cas des risques biologiques en milieu professionnel, il
s’agit du travailleur qui se trouve en bout de chaîne de transmission.
Il va être contaminé et pourra développer la maladie si l’exposition
est suffisamment importante et s’il n’est pas protégé par une immu- Porte d´entrée : voies respiratoires
nisation antérieure. Cette immunisation a pu être acquise au contact
de l’agent pathogène lorsque celui-ci est immunisant (par exemple,
le virus de l’hépatite A), ou en étant vacciné avec succès contre cet Hôte : travailleur (couvreur, employé d´abattoir, d´animalerie…)
agent pathogène.

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Cette démarche peut être appliquée à toutes sortes d’activités dans le milieu de travail puis sa transmission aux travailleurs et,
mais également dans les laboratoires d’analyses médicales [12] ou enfin, d’en limiter la propagation accidentelle dans l’environnement
pour les installations à risque de légionelles [13]. [14] [15].
Il existe un pictogramme (sur fond jaune) de signalisation des ris-
ques liés à la présence d’agents biologiques de niveau 2 et plus, à
apposer à l’entrée des locaux et sur les postes de travail concernés.
3.2 Cas d’une utilisation délibérée
d’agents biologiques

Dans le cas d’une utilisation délibérée, l’agent biologique fait par-


4. Place de la métrologie
tie du procédé industriel. Il est à la base de la réalisation finale. Il y a
seulement quelques années, l’utilisation délibérée concernait essen-
aérienne dans l’évaluation
tiellement la recherche et les biotechnologies dans le secteur de la des risques biologiques
santé (fabrication d’insuline, de protéines…). Depuis quelques
temps, l’utilisation délibérée d’agents biologiques se pratique pour
la dépollution (marée noire, par exemple) ou le dégraissage indus-
triel. Récemment, des fontaines de dégraissage utilisant des agents 4.1 Micro-organismes présents
biologiques ont fait leur apparition. Présentées comme une alterna- dans l’air
tive aux fontaines à solvants, elles pourraient demain être diffusées
dans tous les milieux industriels concernés par le dégraissage.
En utilisation délibérée, et particulièrement quand il s’agit de L’air ambiant comprend les micro-organismes d’origine environ-
recherche ou de biotechnologie, l’identité des agents biologiques nementale (sol, eau, plantes…) et les micro-organismes émis par les
est connue, ainsi que leur localisation et leur quantité. Il en va de la hommes ou les animaux. À l’extérieur, selon les conditions d’envi-
qualité de la recherche ou du produit fini. La démarche d’évaluation ronnement, on dénombre quelques micro-organismes à quelques
des risques s’apparente donc à la démarche d’évaluation des ris- centaines de micro-organismes par mètre cube. Dans un local nor-
ques chimiques [14]. malement ventilé, on retrouve les germes de l’atmosphère exté-
rieure accompagnés de germes provenant de sources d’émissions
(individus, procédés…) situées dans le local considéré. L’air confiné
3.2.1 Identification et description des dangers présente un degré de contamination d’autant plus important que les
individus émetteurs de micro-organismes sont nombreux. En rap-
port avec divers facteurs (activité professionnelle, taux de ventila-
L’employeur doit établir un dossier d’évaluation des dangers de
tion, température, etc.), le nombre de germes peut varier de
l’agent biologique utilisé. Cependant, pour les agents biologiques, il
quelques milliers à quelques dizaines de millions par mètre cube.
n’existe pas d’équivalent de la « fiche de données de sécurité »
concernant les produits chimiques. De nombreuses maladies infectieuses peuvent être contractées
par voie respiratoire (coqueluche, légionellose, tuberculose,
L’identification et la description des dangers sont néanmoins
grippe…). À côté des pathologies infectieuses, des pathologies
réalisables :
immuno-allergiques ou toxiniques moins bien connues sont
— soit à partir du classement officiel des agents biologiques décrites, pour lesquelles il est difficile de faire la part de ce qui
pathogènes ; revient aux micro-organismes eux-mêmes, aux toxines qu’ils libè-
— soit à partir de connaissances générales, parce qu’il s’agit d’un rent et aux poussières organiques auxquelles ils sont associés.
agent biologique couramment utilisé depuis des années.

3.2.2 Description des risques

C’est l’étude des possibilités d’exposition aux dangers identifiés.


Elle conduit à préciser notamment :
— la fréquence de l’exposition ;
— les facteurs favorisants l’exposition (aménagement du poste,
procédures de travail) ;
— la perception du risque chez les travailleurs (formation initiale,
formation en milieu de travail), qui va conditionner le respect des Figure 1 – Pictogramme risques biologiques
mesures préventives.

3.2.3 Prévention des risques 4.2 Valeurs limites


Dans un contexte d’utilisation délibérée, s’il s’avère que les
Il n’existe pas de valeur limite concernant la quantité de micro-
agents biologiques utilisés sont pathogènes, les dispositifs de pré-
organismes dans l’air. Mais il est tout à fait possible de faire des
vention doivent au moins répondre aux prescriptions de la régle-
mesures comparatives, par exemple air intérieur/air extérieur ou
mentation qui fixe les mesures techniques de prévention, notamment
local à problème/local sans problème, le même jour, dans des condi-
de confinement, à mettre en œuvre dans les industries et les labora-
tions similaires et avec le même type d’appareils.
toires où les travailleurs sont susceptibles d’être exposés à des
agents biologiques pathogènes. Avant de faire des prélèvements d’air, il est nécessaire de préciser
les points suivants :
Cette réglementation définit des niveaux de confinement mini-
mum à mettre en œuvre en fonction du groupe de danger auquel — formuler l’objectif de l’intervention :
appartient l’agent biologique utilisé. Le confinement a pour objectif • contrôle de la ventilation,
d’empêcher tout d’abord la dissémination de l’agent biologique • enquête après plaintes de travailleurs,

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• bilan initial permettant d’évaluer les résultats de futurs travaux, 4.3.2 Méthodes biologiques
• enquête sur les relations possibles entre une maladie et l’expo-
sition professionnelle… ;
— de documenter les trois éléments qui interagissent : Ces méthodes de prélèvement permettent le dénombrement des
• les sources de prolifération ou d’émission de micro-organismes, microorganismes et le dosage de leurs constituants :
• les mécanismes de dispersion,
• les personnes exposées. — sédimentation : les particules en suspension dans l’air sont
recueillies sur des milieux nutritifs solides ; cette méthode n’est pas
Les éléments qui serviront à interpréter les résultats doivent être
quantitative ;
donnés au préalable, afin de ne pas être suspecté de partialité dans
l’interprétation des résultats obtenus. On peut s’appuyer sur les — centrifugation : variante du procédé précédent, consistant à
valeurs-guides [17] publiées par l’IRSST (Institut de recherche en accélérer la sédimentation par l’action d’une force centrifuge ;
santé et sécurité du travail) au Québec. Elles correspondent à des
concentrations et des observations qui justifient d’explorer davan- — filtration : un certain volume d’air est filtré à travers un support
tage la situation et de prendre les actions requises. poreux (laine de verre, gélatine, membrane de cellulose, d’alginate
de sodium) qui retient les micro-organismes ; le filtre peut subir une
étape d’extraction des particules dans un liquide stérile ou être
4.3 Échantillonnage placé sur un milieu nutritif ;
— barbotage : un volume connu d’air est recueilli dans un flacon
Plusieurs normes existent pour le mesurage des micro- contenant un milieu liquide stérile, nutritif ou non ; des billes de
organismes dans l’atmosphère des lieux de travail. Parmi celles-ci, verre et un tube d’aspiration percé de trous favorisent la dissocia-
on peut citer la norme NF EN 13098 qui donne les recommandations tion des particules ;
pour le mesurage des micro-organismes dans l’air [18] et la norme
EN 14031 sur le mesurage des endotoxines [19]. — prélèvement par inertie : l’air contenant des particules est pro-
En pratique, une multitude de méthodes et d’appareils sont utili- jeté à grande vitesse sur un obstacle solide ou liquide.
sables pour l’étude des bioaérosols mais la majorité d’entre eux
n’est pas standardisée et leur caractérisation est souvent incomplète
[20]. 4.3.3 Critères de choix du système de mesure

4.3.1 Méthodes physiques La difficulté des méthodes de prélèvement aérobiologique est


clairement mise en évidence par l’importance du nombre d’appa-
Ces méthodes consistent à dénombrer toutes les particules por- reils proposés.
teuses ou non de micro-organismes en suspension dans l’air. En uti-
lisant les propriétés de diffusion de la lumière par les aérosols, on Le choix d’un système de prélèvement prend en compte certaines
peut mesurer directement la quantité de microconstituants atmos- estimations préalables : doit-on mesurer la concentration totale des
phériques, au moyen de photomètres ou de spectrophotomètres organismes présents dans l’atmosphère ou recherche-t-on un
par exemple. Cette méthode quantitative est intéressante dans la micro-organisme particulier ? Les concentrations seront-elles éle-
mesure où elle permet d’intervenir rapidement, en cas de contami- vées ou faibles ?
nation importante ; elle n’est en aucun cas qualitative.
(0)

Signalons également que les germes récupérés doivent présenter


Tableau 3 – Critères d’action proposés par l’IRSST la même viabilité que celle qu’ils possédaient dans l’atmosphère.
Les récupérations de germes sur milieu liquide ou surface humide
Bactéries totales (1) permettent l’obtention d’un plus grand nombre de bactéries viables.
Les modes de prélèvement susceptibles de provoquer des trauma-
Milieu agricole ou industriel 10 000 UFC/m3 sur 8 heures
tismes au niveau des cellules bactériennes peuvent augmenter leur
Milieu non industriel ventilé sensibilité à certains composants des milieux de culture. Aussi est-il
1 000 UFC/m3 sur 8 heures
mécaniquement préférable d’éviter l’utilisation de colorants ou d’antibiotiques dans
Bactéries Gram-négatif les milieux de culture sélectifs.

Milieu industriel ou agricole 1 000 UFC/m3 sur 8 heures Les études d’aérobiocontamination doivent être réalisées périodi-
Milieu non industriel présence quement avec un appareil capable de donner des résultats repro-
ductibles.
Endotoxines
En l’absence de plaintes, concentration > 30 fois la concentration
de base dans l’air du site de référence
4.4 Identification
En cas de symptômes respiratoires, concentration > 10 fois
la concentration de base dans l’air du site de référence
Moisissures L’analyse des échantillons est effectuée par le biais des méthodes
Croissance visible sur une surface utilisées classiquement en microbiologie. La culture sur milieu
gélosé permet l’identification des micro-organismes par l’étude des
Détection d’une odeur caractéristique caractères macroscopiques, microscopiques et de l’activité biochi-
Concentration > concentration de base dans l’air du site mique des colonies en culture.
de référence
Des techniques de PCR (Polymerase Chain Reaction) basées sur la
Espèces différentes du site de référence
reconnaissance de séquences génomiques permettent également
(1) UFC (unité formant colonie) d’identifier certains micro-organismes.

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______________________________________________________________________________________________ PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS

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