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Anorexie, Boulimie, Hyperphagie:

S'en libérer avec la psychonutrition


Liza Grunder, nutritionniste spécialisée dans la prise en charge des troubles du
comportement alimentaires, explique pourquoi la Psychonutrition est indispensable
pour s’en délivrer

A peine entrée dans mon bureau, Sandrine*, assistante administrative de 36 ans me


l’annonce: “Vous savez, moi c’est le sucre! Je ne peux pas m’en passer! Le matin ça va,
mais plus la journée avance, plus j’y pense et plus je sens que je vais craquer et c’est ce qui
arrive immanquablement! J’ai fait un régime sans glucide et j’ai bien tenu pendant 2 mois
mais tout est revenu comme avant, il faut m’aider!!”
A l’inverse, Cléa*, 15 ans, ne veut plus manger. Sa maman l’accompagne et se désespère: “
Je ne comprends pas ce qui se passe, depuis quelques mois, elle ne veut presque plus rien
manger, elle sélectionne ses aliments, elle maigrit à vue d’œil. Je suis vraiment très
inquiète…"

Anorexie, boulimie, hyperphagie, compulsion, dans tous les cas il s’agit bien d’une
obsession, d’une perte de liberté, d’une contrainte à consommer ou ne pas consommer
certains aliments. C’est comme une force invisible qui prendrait le contrôle sur votre volonté.
Si mettre en place plusieurs collations au cours de la journée peut s’avérer efficace chez
certaines personnes, c’est malheureusement rarement suffisant pour guérir de ces troubles
qui sont de vraies maladies, invalidantes et handicapantes.
Mal comprises, elles isolent les personnes qui en souffrent s’entendant dire à tort, qu’elles
manquent juste de volonté. Comment dès lors oser en parler?

A la fin de l'évaluation de leur situation respective du 1er rdv, je leur fais part de ma décision:
autant pour Sandrine que pour Cléa, pas de plan alimentaire! Je regarde avec elles ce
qu’elles sont capables de mettre en place mais mon attention est ailleurs. Je leur parle de
leur trouble alimentaire et de leur lien aux émotions. Si elles ne travaillent pas dessus ce
sera compliqué de s'en libérer.

L’alimentation émotionnelle est une façon de se nourrir en lien avec son ressenti, négatif:
coup de blues, stress, angoisses... ou positif: se récompenser pour quelque chose, fêter une
bonne nouvelle...

Peu habitué à gérer nos émotions, l’alimentation vient alors prendre le relai.
Sandrine me raconte: “Depuis l'adolescence, je fais ces crises compulsives. Je me souviens
très bien, ça a commencé peu de temps après le décès de ma grand-mère. J’étais tellement
dévastée que quand je rentrais de l’école je me jetais sur tout ce que je pouvais avaler.”

Pour Cléa c’est différent: “Quand je ne mange pas, je contrôle mon corps et quand je
contrôle mon corps, je contrôle mes émotions. ça me permet de les maintenir à l’écart et de
moins souffrir.”

La perte de contrôle chez l’une, l'hyper contrôle chez l’autre, les émotions tiennent la
première place.
Esclaves de ce comportement compensatoire, s’en sortir peut devenir un vrai chemin de
croix et peut prendre jusqu'à plusieurs dizaines d’années si on ne fait pas un
accompagnement adéquat.
On comprend que traiter le symptôme n'est pas suffisamment efficace, le travail sur les
émotions en lien avec le trouble alimentaire est bien souvent un passage important et
obligatoire. Comprendre pourquoi la nourriture sert à combler un ressenti, trouver le lien
avec l'élément déclencheur alpha en identifiant les émotions liées au trouble
alimentaire, nous permet d'y parvenir. Arrivé à la source, la validation existentielle** vient
achever le processus.

Pour Sandrine, le travail est relativement facile puisque l'élément déclencheur est déjà
trouvé; la perte de sa grand-mère. Aussi quand elle arrive au 3e rdv elle m'informe :
" Ça fait 2 semaines que je n'ai plus eu de crises mais j'ai peur que ça revienne…" Je la
rassure et lui explique que les objectifs atteints sont l’expression de niveaux d’intégration qui
sont permanents.

Pour Cléa, il faudra d'abord réintégrer petit à petit ses émotions pour en remonter le fil. Cela
prendra un peu plus de temps. Dans une boutade elle me confie: " pendant tout ce temps je
me suis évertuée à m'éloigner de mes émotions et vous, vous ne faites que m'en parler, c'est
pas très cool"
Malgré son ton humoristique, je tiens à m'assurer que ce ne soit pas douloureux pour elle:
"Non, non pas du tout, c'est vrai que j'étais un peu anxieuse à cette idée mais en fait ça fait
du bien et si ça me permet de m'en sortir alors oui, c'est clair, je continue!"
Après le 5e rdv, on fait un bilan:
" Je ne suis pas encore sortie de mon trouble anorexique, mais énormément de choses ont
changé en moi, c'est incroyable! J'ai retrouvé du plaisir à faire des choses que j'avais mis de
côté, je dors beaucoup mieux et je reprends confiance en moi!

Autant chez Sandrine, son problème est apparu suite à un trauma, autant chez Cléa, ce sont
les émotions négatives qui lui font tellement mal qu'elle a mis en place ce stratagème
inconscient pour ne pas les subir.

Le but de cette thérapie est de permettre à la personne de rencontrer ce qui provoque leur
trouble et une fois le processus de la validation existentielle accompli, le symptôme n'a plus
lieu d'être et il disparaît. Une éducation nutritionnelle peut alors être mise en place si cela
s'avère nécessaire.

*Prénoms fictifs
** La validation existentielle est une reconnaissance de l’être dans son ressenti et qui donne lieu à une
réhabilitation de soi. Les symptômes sont considérés comme des indicateurs pour trouver les parts de soi
en attente de réhabilitation.

Liza Grunder, genève

https://www.lizagrunder.ch/psychonutrition-tca/

contact@lizagrunder.ch

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