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qRIBUNE LibBap UN RAPIDE SURVOL DE L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE ROCK DE 1954 A NOS JOURS par Bruno Jean VILLARD I, LE ROCK AND ROLL © Les précurseurs L’expression “rock and roll” (balance et roule) désigne un style musical @ prédomi- nance vocale né au début des années 50, du mariage du blues, du jazz et de la musique folk-country-western. Das 1937, le verbe to rock fait son apparition dans une chanson d’Ella Fitzgerald (Rock it for me). Déja la connotation érotique était directement associée au balancement ryth- mique (en argot Rock and roll désigne I'acte sexuel). D’autre part, pendant les années 40, beaucoup de musiciens noirs exploitent les élé- ments rythmiques dérivés du boogie-woogie et, dans leurs compositions, accentuent natu- rellement le contre-temps (2° et 4° temps). Leurs créations s‘appuient sur des themes vits et simples, répétés plusieurs fois de suite permettant la mise en valeur d’instrumentistes et de virtuoses de l'improvisation. On regroupera, aprés la Seconde Guerre mondiale, l'ensemble de cette production faite par et pour les Noirs, sous la dénomination de rythm and blues. © Les années 1950 : les débuts du rock and roll Le rock and roll éclate réellement aux Ftats-Unis, entre les années 54-56, dans un contexte social, politique, économique et culturel bien particulier * Le rythm’n blues exerce un attrait de plus en plus fort sur les jeunes américains blancs. Les disques de Ray Charles, de Muddy Waters (qui chante Rythm and blues had a baby and they called it rock and roll !) et des Drifters connaissent un grand succes. © La forme du jazz évolue et devient une musique trop complexe pour le prolétariat américain a la recherche d'une musique plus simple, plus spontanée, plus chaleureuse. * La jeunesse américaine veut s’affirmer face au monde adulte. C’est l’époque de “Graine de violence”, de la “Fureur de vivre” et, par dessus tout, de ce mal de vivre incarné par James Dean (a qui la mort a peut-étre donné trop de talent!) * Le “star system” issu d’Hollywood décline. Le mythe du western n‘agit plus autant et ‘on recherche de nouvelles idoles dans le rock and roll. La présence de la musique jazz reste bien établie dans le rock and roll par la présence d’un battement régulier (tempo, beat), véritable ostinato magique, qui rythme les pas et figures des danseurs Peu a peu, blancs et noirs partagent leur art pour donner a cette musique ses plus grands succés et un son unique fixé sur des vinyles pour I’éternité, 222 TRIBUNE LIBRE QUELQUES GRANDS NOMS DU ROCK AND ROLL FATS DOMINO : né en 1928 a la Nouvelle Orléans. Pianiste, compositeur, chanteur et chef d’orchestre, il est I'un des principaux précurseurs du rock and roll noir. Il enregistre The Fat Man en 1948 et le trés célébre Blueberry hills en 1952 Bill HALEY : (guitariste, chanteur) né en 1927, il invente une nouvelle version du rythm and blues et sort, en 1954, un 45 tours Rock around the clock qui sera grandement popu- larisé par le film de Richard Brooks Graine de violence (Blackboard Jungle, 1955). Son nom de scéne (Haley) ainsi que celui de son groupe (The Comets) sont un clin d’ceil a la comete du méme nor. Chuck BERRY (compositeur, guitariste, interpréte, surnommé Crazy legs) : né en 1926 a Saint Louis, il est trés influencé par le blues et le rythm and blues. Rendu célébre par ses “intros” de guitare, il chante la vie de tous les jours sur des mélodies faciles 4 mémoriser (Maybelline, Sweet little sixteen, Roll over Beethoven, Johnny B. Goode, Memphis Tennessee...). Little RICHARD (compositeur, pianiste et chanteur) né en 1935 dans ’état de Georgie, aux habits excentriques, il fera résonner dans les radios et sous |’aiguille des pick-up le célébre Tutti Frutti (A wop bop alu bop a wop bam boom). En 1957, il abandonne son métier d’artiste, devient pasteur mais retrouve la scéne en 1964. Jerry Lee LEWIS, autre pianiste-chanteur-compositeur qui montre que le rock and roll n'est pas réservé qu’aux guitaristes. Ce jeune sudiste qui n’hésite pas 4 monter sur son piano et a jouer avec les pieds, enregistre son premier disque 4 Memphis en 1955 dans les studios de Sam Phillips. Son succés Whole Lota Shakin’goin‘on fait scandale par sa trop grande vulgarité : il est interdit par la plupart des radios américaines. Gene VINCENT avec son fameux Be bop a /ula fait preuve d’une grande originalité dans ses arrangements musicaux et ses solos de guitare (autres titres : Rocky road blues et Say Mama} Buddy HOLLY est la principale source d’inspiration du rock and roll anglais. La qualité de ses mélodies et de ses arrangements se retrouve entre autres dans Peggy Sue. Eddy COCHRAN : jeune guitariste né en 1938 a Oklahoma City, vétu de cuir noir, pousse l’arrogance a ses limites par son jeu scénique. Summertime blues est I'un de ses grands succés. Elvis PRESLEY reste la plus belle voix de I’histoire du rock and roll. Longtemps camion- neur a Memphis dans le Tennessee, il dédie & sa mére son premier disque. Né dans le Mississipi en 1935, il découvre le blues rural, la country, les cow-boys songs et le gospel et combine dans la musique ces différents styles. II reste célébre pour son jeu de jambes, son ondulation des hanches et ses halétements de voix au micro. Sa collaboration avec les studios d’Hollywood donne naissance a une trentaine de films. Idole de la jeunesse américaine, il s’éloigne peu a peu du rock and roll orthodoxe pour interpréter des sucre- ries de la variété américaine. II meurt en 1977. Bien d'autres pionniers marquent histoire du rock and roll parmi lesquels Bo Diddley, Roy Orbison... 223 TRIBUNE LIBRE I. — LES ANNEES 60 ET LA POP MUSIC. Les années 60 se révélent trés créatives et marquent I'époque d'une certaine révolution culturelle et morale trés anti-conformiste. Trés vite le rock and roll américain est oublié et de nouvelles tendances apparaissent. En Angleterre, Liverpool stimule le réveil de la musique anglaise. A la fin des années 1961, on y recense plus de 350 groupes Les Beatles laissent dans histoire du rock un impact profond. Ce groupe de Liverpool (ohn Lennon, Paul Mac Cartney, Ringo Starr, Georges Harrison) mélange rock dyna- mique et mélodies soignées aux paroles sans conséquences. II donne naissance au mou- vement pop anglais et 4 une musique nouvelle, plus proche de la chanson populaire anglaise et de ses habitudes mélodiques. En 1965, dans les hit-parades américains, huit des dix premiéres places sont des chan- sons des Beatles. De nombreux titres illustrent I'ceuvre de ce groupe et sont aujourd'hui des “classiques’ du genre : Yesterday, Let it be et le tres fameux album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (1967). Les Rolling Stones : ce groupe est né dans les petits clubs qui fourmillent & Londres au début des années 60. D'un public de 172 personnes qui avaient assisté a leur premier concert le 26 décembre 62, c’est devant des rassemblements de 20 000 50 000 per- sonnes que les Stones enchainent les concerts de leurs tournées mondiales de 1981 et de 1989. Brian Jones, Charlie Watts, Mick Jagger, Keith Richard et Bill Wyman cultivent un style voyou et rebelle en reprenant le theme du mal et le poussant & son extréme (Sympathy for the Devil. Ils gardent la pulsion du rock composant peu de chansons lentes et utilisant des textes critiques, violents et parfois érotiques. Brian Jones quitte le groupe en 1967 avant de se noyer en juillet 69. Quelques titres : Satisfaction, Paint it black, Street fihting man, Brown Sugar... Les Who : influencés par le pop art, quatre amis fondent ce groupe dans la banlieue ouest de Londres (quartier pauvre). Leur musique est violente, contestataire et extrémiste et leurs concerts sombrent parfois dans la démence la plus totale (amplificateurs cassés, guitares brisées), Pete Townshend et Keith Moon créent, en 1969, un opéra-rock Tommy considéré par certains comme I'ceuvre maitresse de la pop music. Les Pink Floyd : Roger Waters, Syd Barrett et David Gilmour sont a lorigine de ce groupe novateur né en Angleterre et qui donne son premier concert le 14 octobre 1966. Depuis prés de 30 ans, Pink Floyd, né du “psychédélique” des années 60, captive l’imagi- nation d'un public immense, se renouvelant réguli¢rement. Aujourd'hui encore ce groupe domine les hits-parades tenant son réle “d’alchimiste” du rock par les innovations musi- cales et les recherches de sonorités si typiques des Pink Floyd. Syd Barret quitte le groupe en 1968. Aux cétés de Nick Mason et de Rick Wright, Roger Waters et David Gilmour poursuivent l’aventure, nous laissant aujourd'hui prés d’une vingtaine d’albums-dont : A Saucerful of secrets (1968), Atom heart mother (1970), The dark side of the moon (1973), The Wall (1979), A momentary laps of reason (1987), The division bell (1994). 224 TRIBUNE LIBRE Autres groupes anglais : Kings, The Animals... Le public noir américain recherche, quant a lui, sa propre musique et se sent peu concerné par la pop music anglaise. Un nouveau son en provenance de Détroit appelé Motown (venant de Motor Town, Detroit étant un grand centre industriel automobile) marque le début de la soul music. Les Suprémes (le premier groupe de Diana Ross), Marvin Gayes, Stevie Wonder, Les Temptations... signent leurs premiers disques. Certains chanteurs participent & un style & mi-chemin entre rock and roll et rythm and blues : Aretha Franklin, Otis Redding... Mais pour tous les Noirs, le Soul Brother n° 7 est bien James Brown (I’m Black and I’m Proud). Linfluence des groupes anglais sur les radios américaines stimule la création d'un nombre trés important de groupes aux Etats-Unis (dont les Byrds et les Beach Boys). Bob Dylan se présente comme le chef de file de la Folk song, de la protest song (chanson contestataire) dont le mouvement s‘amplifie 4 la fin des années 60 (Guerre du Vietnam, mouvement hippie du Flower power). joan Baez, Leonard Cohen, Paul Simon et Art Garfunkel s‘inscrivent également dans ce courant artistique et parfois idéologique. La fin des années 60 est également marquée par ‘organisation de grands festivals et de grands rassemblements de jeunes : Monterey en 1968, Ile de Wight et de Woodstock en 1969. Faits marquants des années 60-70 ayant influencé la chanson engagée de l’époque 1960 Algérie Putsch des généraux 1961 Algérie Accords d'Evian USA Présidence de |.F. Kennedy 1963 USA Assassinat de Kennedy Marche gigantesque des Noirs sur Washington 1964 USA MLL. King obtient le prix Nobel de la paix Greve des étudiants américains 1965 USA Guerre du Viet Nam 1967 Grece Dictature des colonels Bolivie Mort de Che Guevara 1968 USA Assassinat de M.L. King - Emeutes des Noirs Révolution verte des Hippies a San Francisco Tchécoslovaquie Répression russe France Mai 68 1973 Chili Dictature de Pinochet 1975 Liban Guerre civile Cambodge Génocide (Khmers rouges) 225 TRIBUNE LI Il] — LES ANNEES 1970 La fin des années 60 et le début des années 70 semble marqué par le mauvais sort décembre 67, Ottis Redding meurt dans un accident d'avion - juillet 69 Brian Jones, fon- dateur des Stones, se noie - aot 69 Syd Barret devient fou - septembre 70, Jimi Hendrix meurt d’une overdose d’héroine tout comme Jim Morrison des Doors en juillet 71 - King Curtis, saxophoniste de soul, est assassiné en avait 71... Pourtant, le chemin est ouvert a toutes les innovations, la créativité et les audaces. De nouveaux talents, de nouvelles vocations apparaissent a la recherche d’un second souffle utilisant de nouveaux moyens : expérience de concerts géants, techniques de sonorisation améliorées, light shows, écrans vidéo géants, tournées mondiales. Une certaine tendance a la saturation et a la distorsion du son des guitares électriques donne naissance au hard rock et a la heavy métal. Des batteries bruyantes, des solo ultra rapides popularisent ce style adopté par Led Zeppelin Aérosmith, Deep Purple, ACDC, Kiss, Motorhead, Mountain, Van Halen et (avec une sonorité tres particuligre) Queen. QUELQUES GRANDS GROUPES Eagles : propose un style inspiré par le country traditionnel mais avec un son beaucoup plus moderne. Leur album Hotel California se vend & 1 million d’exemplaires (D. Felder, D. Herly, G. Frey). . Genesis : ce groupe évolue vers une musique trés technique et trés recherchée. On parle souvent d’un rock progressif dont Peter Gabriel et Phils Collins orchestrent les mélo- dies. Steve Hackett (guitariste) et Mike Rutherford (bassiste) se joignent & eux. Roxy music : connu pour ses pochettes d’albums d’un grand érotisme et le look de ses musiciens, ce groupe interpréte une musique mélant rythm’n blues, funk et pop music et faisant une synthése entre musique rock et musique de variété (Bryan Ferry fait aujourd’hui une carriére solo). Supertramp : ce groupe anglo-américain, formé & Munich en 1969 sous l'impulsion de Rick Davies (multi instrumentiste et compositeur) sort en 1997 son douziéme album Some things never change. En 1979 leur album breakfast in America s’était vendu & 20 millions d’exemplaires dans le monde. Ce groupe conserve un style marqué par le jazz auquel contribue le saxophoniste John Helliwell. Status Quo : crée en 1967 ce groupe propose a ses débuts une musique psychédélique avant de s‘orienter sur le son du Heavy Métal. Andy Bown, Bob Youg, Bernie Frost inter- prétent des mélodies carrées jouées & un train d’enfer. Foreigner : tout en mélangeant hard et musique de variété, Mick Jones, Lou Gramm, Dennis Eliot et Rick Wills réussissent a se créer un public et une renommée chez les audi- teurs de radios F.M. En 1976-77, la musique rock connait une réaction violente née en Angleterre chez cer- tains adolescents. Refusant la compétence musicale (instrumentale et mélodique), le pouvoir de plus en plus pesant du show-business et de I'argent, un jeune public “punk” 226 TRIBUNE LIBRE réagit de fagon hystérique privilégiant le cri et la provocation. Un look vestimentaire, dont l'épingle a nourrice sera le symbole, marque cette mini-révolution Les Sex Pistols et leur leader John Lydon deviennent trés vite le groupe star de cette révolte auxquels s‘ajoutent The Clash, The Cramps, The Damned, The Stranglers. Les années 1970 voient aussi la naissance d’une musique venue de la jamaique, le reggae. Véritable mouvement musical mais aussi politique et religieux, le reggae propose un son typique (accords des guitares ou des claviers en contre-temps, prédominance d'une basse trés mélodique, utilisation de tambours rastas avec peaux de chévres, travail sur les voix a capella). Bob Marley (mort en 1981), Jimmy Cliff, Toots... illustrent la mode rasta (du nom de I’empereur d’Ethiopie “ras Tafari” Hailé Sélassié) et portent leur message au monde. La fin de cette décennie s‘enflamme également avec la mode disco, musique pour la danse et dont le succés de référence reste le film Saturday night fever et la musique des Bee Gees. Ce style produit des grands noms : Donna Summer, Gloria Gaynor, Grace Jones et des groupes comme Etnic et Village People. Ce succés populaire ne laisse pas indifférents Stevie Wonder, les Jacksons et Marvyn Gaye. Une musique rythmée a quatre temps tous appuyés par la grosse caisse, des claquements de mains, une mélodie répéti- tive mais pariois travaillée donnent au disco une trace encore présente dans la Rock Music. 227 TRIBUNE LIBRE 8 p IV. LES ANNEES 1980 Apres la trace bralante laissée par I’extrémisme des grands noms du punk, peu de groupes des années 76-77 ont survécu. Ceux qui ont continué se sont reconvertis dans un style plus New Wave et ont abandonné la lutte. Les Sex Pistols et les Clash se séparent, les Stranglers changent leur style, les Damned ont aujourd'hui disparu La New Wave, courant musical anglais, succeéde au punk rock. Elle donne & la musique rock un grand nombre de stars dont beaucoup sont proches des punks a leur début Musicalement, la new wave propose un style beaucoup plus élaboré que celui des punks : ‘* mélodies et voix chantées souvent de facon claire et aigué, © son des guitares proprement restitué, amplifié avec des effets d’écho, de chorus, de phasing, de flanger... * utilisations de synthétiseurs, * son de la batterie clair et sec, avec utilisation en complément de percussions synthé- tiques et de boites a rythmes, © basse précise et dynamique avec un son parfois “slappé”... Les textes des chansons vont prendre un cété plus humaniste, abordant les grands sujets de cette fin de xx° siecle : l’écologie, la paix dans le monde, les droits de homme. Quelques grands groupes de new wave The Cure : Robert Smith, fil d’un mineur de Blackpool fonde ce groupe anglais. Séduit au début par la musique punk, il s‘en écarte ensuite, recherchant une plus grande exi- gence dans la qualité musicale. Rejoignant le son caractéristique de la new wave, tout en gardant un cété punk dans leur tenue vestimentaire (vétements sombres et cheveux noirs en hérisson), Cure sera considéré dés 1986 comme le premier groupe mondial de new wave (concert d’Orange). Albums : Pornography (1982) - Concert live (1987) - Désintégration (1989) Depeche mode : ce quatuor originaire de la banlieue de Londres regroupe Martin Gore, Andrew Fletcher, Vincent Clarke et Dave Gahan et se révéle dés 1981. Ce groupe connait un grand succés en France : Music for the Masses est disque de platine et installe le groupe de facon définitive. U2 : ce groupe irlandais véhiculant une morale catholique et humaniste, adopte tres vite le son clair et travaillé et le chant haut perché de la new-wave. War en 1982 et Rattle and Hum en 1989 restent leurs meilleurs albums . Les musiciens : The Edge (guitare), Bono (chant), Adam Clayton (basse), Larry Mullen Junior (Batterie) Simple Minds : “un rythme formidable et un texte qui porte”, telle est la définition du rock selon Jim Kerr, leader de ce groupe de new wave écossais. Simple Minds véhicule un militantisme (bon enfant), proposant des concerts luxueux et impressionnants. Once upon a time reste un album majeur dans leur carriére. 228 TRIBUNE LIBRE Eurythmics : partagé entre la tradition et le rock synthétique proche de la new wave, ce groupe est né de la rencontre de deux personnalités : Annie Lennox, chanteuse 3 la voix exceptionnelle et au look de top-model, et Dave Stewart arrangeur, musicien et pro- ducteur respecté (il a travaillé avec Bob Dylan, Ray Charles, Mick Jagger... entre autres) LE ROCK “MAIN STREAM” ET LES AUTRES TENDANCES Le terme de “main stream rock’n roll” propre aux Etats-Unis, désigne tous les genres de musique rock qui ne rentrent pas dans les catégories punk, new wave (propres a la Grande Bretagne). Et I’histoire du rock posséde de ces stars qui, fidéles aux structures du blues et & un rock plus classique, ne cherchent a ressembler qu’a elle-mémes (et c'est Ia souvent le secret de leur succes !) “LES VIEUX ROCKERS” Elton John poursuit dans les années 80 sa carriére d’authentique rocker aux costumes excentriques, avec des compositions populaires aux mélodies faciles. Ce pianiste anglais fait preuve d’un grand professionnalisme dans ses arrangements. Bruce Springsteen : ce jeune ouvrier du New Jersey, défendeur du rock américain, écrit dans un langage poétique simple... A la guitare et a I’harmonica, il ajoute les synthé- tiseurs donnant un nouvel essor stylistique au rock classique. Eric Clapton, surnommé God (Dieu) pour son jeu de guitare, commence sa carriére avec les Yardbirds. Aprés des années difficiles, l'album Just one night en 1980, marque le retour du guitariste rock le plus marquant. II faut alors compter avec lui. 1992 : Unplegged - 1994 : From the Cradle. Joe Cocker : marqué par le rythm’n blues et attaché a la soul music, ce musicien anglais reste une des plus belles voix du rock anglais. Encore faut-il ajouter & ces noms, ceux de David Bowie, musicien aux multiples facettes, provoquant ou rangé, Iggy Pop qui adopte aussi une attitude provocatrice et reste influencé par le punk et le hard, Lou Reed, ami des deux musiciens précédents, reste fidele, malgré son attachement au mouvement punk, & influence du blues (1989 : “New York"). LE PHENOMENE MADONA C’est avec un premier titre trés “funky” Everybody que cette jeune serveuse 8 New York issue d’un milieu modeste italien rentre dans les hit-parades. Entretenant a la fois une image punk et de “sex symbol”, elle enchaine les succés et emporte I'adhésion d’un large public lors de ses tournées mondiales. 229 TRIBUNE LIBRE Dire Straits : comme Eric Clapton, Mark Knopfler reste un des grands guitar heroes. Il fonde ce groupe en 1977 et Dire Straits devient l'un des plus célébres des années 80. Tournées mondiales, succés phénoménal, ventes records de disques. Sultans of swing est le morceau fétiche du groupe. Les albums : Communiqué, Making movies, Love over gold, Brother in arms, Money for nothing... De son cété, le hard continue a égrener une musique de plus en plus bruyante dont la qualité est souvent trés inégale. On peut citer Def Leppard (groupe anglais), Iron Maiden (groupe anglais), Saxon (groupe anglais), Scorpions (groupe allemand), The Runaways (groupe américain), Van Halen (groupe anglais)... Si le “rock francais" arrive bien aprés celui des anglais et des américains, il reste pour- tant productif dans des styles et des influences trés diverses : Niagara, Les Rita Mitsouko, Téléphone... ainsi que Jean-Michel Jarre dont la démarche musicale est & mi-chemin entre le rock progressif et la musique classique. LA MUSIQUE NOIRE Vélectro-funk : issue du funk (traduction en argot noir américain : se trémousser, gigoter), cette musique qui plonge ses racines chez les noirs n’est pas une musique d’écoute mais une musique de danse. L’électro-funk posséde un son synthétique, utilise des claviers et des percussions électroniques ainsi que des boites & rythmes program- mables (sons trés secs) et un son de basse mélodico-rythmique (utilisant fréquemment des rythmes syncopés). Michael Jackson : véritable musicien malgré une personnalité tout a fait particuliére, Mickael Jackson compose sa musique, fait ses arrangements et interpréte le tout. Ce per- fectionniste est aussi un danseur hors pair. Album : Thriller (1982) - Bad (1987) Prince : comme M. Jackson, Prince est un musicien hors pair, perfectionniste et provo- cateur. Sa musique rythmée, rapide, torride, définit l'électro-funk. II supprime ou diminue la présence de cuivres ou de cheeurs (traditionnel dans la musique noire) pour intégrer plus de guitare au son strident, plus de sons synthétiques. Albums : 1999 (1982) - Sign o’the times (1987) Le Rap : né dans les boites de nuit dans le Bronx et 4 Harlem au début des années 80, le rap est au début une prouesse vocale du disc-jockey qui scande un texte a toute allure sur fond de musique funk. II accompagne cette performance de scratch (faire tourner les platines a l’envers) et de repeat (phrases enregistrées et repassées en saccades). Quelques groupes américains : Public Enemy, Run DMC, Beastie Boys, Fat Boys... Quelques groupes anglais : Fatley Jack Master Funk, Steve Silk Hurley... En France : MC Sollar, NIM... 230 TRIBUNE LIBRE Vafro-rock : ce genre puise ses origines dans la plupart des pays d'Afrique Noire Sénégal, Cote d'Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Tchad, Gambie, Mozambique, etc. Le manque d’instruments électroniques oblige les musiciens a utiliser les instruments quills ont 8 disposition : balafon, kora, tambour rasta. Vafro-rock exploite les mélodies du folklore africain utilisant parfois des dialectes locaux. Le rythme répétitif des percussions, l’alternance d’un soliste et de choeurs en écho, l'utilisation et la mise en valeur d’instruments typiques donnent toute sa générosité a ce mouvement musical Mory Kanté, chanteur d’afro-rock joue du bolon (Kora a 3 cordes basses), de la kora et du balafon. Salif Keita, chanteur ivoirien mélange musique malinké, cubaine, antillaise... 231 TRIBUNE LIBRE V. LES ANNEES 90 * Sur la lancée des décennies précédentes et intimement lié & tous ces groupes qui ont marqué l'histoire du rock, un public important de fidéles affirme son “attachement aux musiques du passé” : les compilations d’anciens tubes, les anthologies d’anciens groupes connaissent un immense succes. Des tournées mondiales impressionnantes entretiennent de grandes stars du rock. Sur le devant de la scéne se retrouvent Pink Floyd, Les Stones, Paul Mac Cartney, Deep Purple, Supertramp (nouvel album en 1997), David Bowie, etc... * Le Rap continue a répandre le message des ghetto en prenant parfois une nouvelle forme. C’est le cas avec les Fugees, groupe américain, inventeur d'un rap mélangeant rock, hip-hop, soul et gospel © En Angleterre, toujours liés au mythe incontournable des Beatles, de nouveaux groupes s/affirment aux cétés des grandes stars : Texas, The Cranberries, The Corrs, Oasis, Supergrass, Blur: Kurt Cobain, chanteur du groupe Nirvana s‘appuie sur un mélange de guitares vio- lentes et de mélodies a la Beatles. I! reste, malgré son suicide en 1994, le représentant du mouvement “grunge” en cultivant I'anti-élégance, l’aspect débraillé et les cheveux gras. © Aux Etats-Unis apparait la mode des “boys band”, groupe de garcons souvent plus chanteurs qu’instrumentistes. Un travail vocal a 4 voix et des harmonies agréables carac- térisent leur style : Take That (aujourd'hui séparés), Boys Il Men... ont laissé des albums de qualité dont le nombre de ventes se compte en millions, Le méme phénoméne se répand dramatiquement aussi en France et fort de la maitrise de certains bastions qui font le star-system, le succés est parfois au rendez-vous (2 be 3...). © Et la “musique rock” ne pouvait ignorer les immenses progres de l’informatique en cette fin de siécle. La techno qui touche en particulier un jeune public propose une “musique” complétement électronique et née de l’informatique. Elle a peu de stars et pas de paroles. Les jeunes, fous de ces musiques électroniques, s’assimilent a la House Nation et portent des vétements privilégiant les matiéres fluo et les couleurs éclatantes (Laurent Granier et le groupe LFO.. 232

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