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Paroles de Traducteur Trice S
Paroles de Traducteur Trice S
TRADUCTEUR·TRICE·S
CGS – L3 – 2022/23
Ludivine Bouton-Kelly
Où parlent et d’où parlent les
traducteur·trice·s ?
Qu’ont-il·elle·s à dire ? Quel rôle ont-
il·elle·s ? En quoi leur parole participe-t-elle
et appartient-elle à l’histoire littéraire ?
Le·a traducteur·trice prend généralement la parole dans
l’espace paratextuel (prologue, notes, préface,
postfaces, adresses, etc.) pour de multiples raisons :
• Expliquer sa démarche
• Commenter le texte qu’il·elle a traduit
• Analyser les difficultés qu’il·elle a rencontrées
• Justifier ses choix/partis pris
• Rendre compte de sa retraduction, le cas échéant
Le·a traducteur·trice est généralement comparé·e à un
passeur, un intermédiaire, qui fait le pont entre les
langues, qui fait le lien entre les cultures, ce qui le·la
rend nécessairement invisible ou secondaire.
La position du·de la traducteur·trice:
• Ancillaire?
• Secondaire?
• Autoritaire?
• Ancillaire?
Le traducteur·trice au service du texte/de
l’auteur·trice
• Secondaire?
Le traducteur·trice intervient toujours après
l’auteur·trice
• Autoritaire?
Le traducteur·trice est-il·elle auteur·trice? La
Sans compter que la traduction s’apparente pendant
longtemps à un acte d’appropriation/de domination.
Saint Jérôme, Lettres, T. III, Paris, les Belles Lettres, 1953, texte établi et traduit
par Jérôme Labourt, « Lettre LVII, à Pammachius », pp. 55-73
« Il est malaisé quand on suit les lignes tracées par un autre, de ne pas s’en écarter en
quelque endroit ; il est difficile que ce qui a été bien dit dans une autre langue garde le
même éclat dans une traduction. Une idée est-elle indiquée par un seul mot propre,
mais je n’ai pas à ma disposition de quoi l’exprimer ? Alors, pour chercher à rendre
complètement le sens, je parviens malaisément, et par un long détour, à couvrir la
distance d’un chemin qui est bien brève en réalité. Ajoutez les écueils des hyperbates,
les différences de cas, les variantes des figures, enfin, le génie de la langue lui-même,
qui lui est propre et, pour ainsi dire, de son cru. Si je traduis mot à mot, cela rend un
son absurde ; si, par nécessité, je modifie si peu que ce soit la construction ou le style,
j’aurai l’air de déserter le devoir de traducteur. » Et, après de nombreuses
considérations, qu’il serait oiseux de reproduire ici en entier, j’ai encore ajouté ceci :
« si quelqu’un ne voit pas que le charme d’une langue est altéré par la traduction,
qu’il rende mot pour mot Homère en latin ; — je vais aller plus loin : que dans sa
propre langue, mais en vocabulaire prosaïque, il traduise le même auteur : il verra que
le style devient ridicule et que le plus éloquent des poètes manque presque
d’élocution. »
« De tous les langages du monde (Prescian le dit) latin est le
plus habile pour mieux exprimer son intention. Or il a été
impossible de traduire tout Aristote, car y a plusieurs mos
grecs qui n’ont pas de mos qui leur soient correspondans en
latin. Et comme il soit que latin est a present plus parfait et
plus habundant langage que francois, par plus forte raison l’on
ne pourroit transplanter proprement tout latin en francois.