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12e CONGRES DE L’ANOL

HOTEL AURASSI
ALGER – 27/28 FEVRIER 2014

CORRÉLATION RADIO-CYTO-HISTOLOGIQUE
DES NODULES THYROÏDIENS

A. DJIBO, K. SALHI,
Service d’ORL/CCF – Hôpital Central de l’Armée
INTRODUCTION
 Moins de 5% des nodules thyroïdiens sont cancéreux, toutefois,
ils posent un véritable problème de santé publique de par leur
prévalence échographique qui est de 15 à 50% selon les classes
d’âge;

 Seul l’examen anatomopathologique de la pièce opératoire


permet de donner avec certitude la nature histologique d’un
nodule thyroïdien;

 Savoir dépister les nodules susceptibles d’être malin et qui


relèvent d’une prise en charge chirurgicale, tel est le défi qui se
pose au praticien ORL;
INTRODUCTION
 Grâce à l’affinement des techniques, l’échographie et la
cytoponction à l’aiguille fine ont acquis une grande valeur et
occupent une place centrale dans le dépistage des nodules
thyroïdiens malins;

 Notre travail est une analyse rétrospective sur deux ans, 2012-
2013, menée au sein du service d’ORL/CCF de l’Hôpital
Mohamed Seghir Nekkache, qui vise à évaluer la corrélation
entre d’une part le diagnostic à l’échographie et à la
cytoponction à l’aiguille fine et d’autre part le diagnostic définitif
posé par l’examen histopathologique de la pièce opératoire
quant à la nature maligne ou bénigne des nodules thyroïdiens.
RAPPELS
Anatomie de la glande thyroïde
L. Perlemuter
J. Waligora  Siège: basicervical
antérieur, superficielle,
très accessible à
l’échographie et à la
cytoponction, sauf pour
les goitres et nodules
« plongeants »;

 2 lobes + 1 isthme;

 Volume: inférieur à 20
cc;

 Poids: environ 30 g.
Histologie de la glande thyroïde

Gilles VAN CAMP


Physiologie de la glande thyroïde
 C’est la principale glande métabolique chez le mammifère;

 Sécrétions:
• Cellules folliculaires: tri-iodo-thyronine (T3) et tétra-iodo-
tyronine (T4), sous le contrôle de la TSH hypophysaire, par
iodation de la thyroglobuline; ces hormones stimulent la
quasi-totalité des réactions métabolique de l’organisme;

• Cellules para-folliculaires (cellules C): la calcitonine, qui est


une hormone hypocalcémiante.
Pathologie nodulaire de la glande thyroïde
 Un nodule thyroïdien se défini comme une hypertrophie localisée du
parenchyme, se traduisant cliniquement par une différence de
consistance et/ou une déformation de la glande;
 Nodules bénins: principalement:
• Adénomes vésiculaires;
• Adénomes trabéculaires;
• Nodules kystiques;
• Pseudo nodules des thyroïdites subaigües et chroniques.

 Nodules malins: principalement:


• Carcinome papillaire;
• Carcinome vésiculaire;
• Carcinome médullaire;
• Carcinome indifférencié ou anaplasique;
• Lymphomes;
• Métastases.
Pathologie nodulaire de la glande thyroïde
 Facteurs favorisants:
• Âge: augmente avec la décade; 50% à 50ans;
• Sexe: 4 fois plus fréquent chez la femme;
• Parité: 3 fois moins fréquent chez la nullipare;
• Surcharge pondérale;
• Carence iodée;
• Tabac;
• Irradiation accidentelle où à visée thérapeutique, surtout
lorsqu’elle survient pendant l’enfance ;
• Facteurs génétiques;
• L’acromégalie…
MATERIEL ET METHODE
 Nous vous proposons une étude rétrospective sur deux ans
(2012 – 2013);

 Basée sur l’analyse des dossiers médicaux d’hospitalisation des


patients;

 Une fiche synoptique préalablement établie a permis le recueil


des données;

 64 dossiers ont été retenus et concernent les patients ayant


bénéficié à la fois d’une échographie cervicale, d’une
cytoponction et d’une thyroïdectomie avec disponibilité du
résultat de l’examen anatomo-pathologique de la pièce
opératoire;
MATERIEL ET METHODE
 Une partie des échographies et des cytoponctions a été pratiquée
dans le privé;

 Certains patients ont bénéficié de plusieurs échographies et/ou


plusieurs cytoponctions;

 Les échographies sont réalisées par des radiologues; aucun résultat


n’a été exprimé en score TIRADS; mais au sein de notre service,
depuis environ une année, nous rediscutons souvent ces résultats
en fonction de ce score;

 Certaines cytoponctions étaient basées sur la classification


Bethesda;

 L’examen anatomopathologique des pièces opératoires a été fait


exclusivement à l’Hôpital Central de l’Armée.
RESULTATS
Répartition des patients selon le sexe
33%

Masculin=21
Féminin=43

67%

Très nette prédominance féminine.


RESULTATS
Répartition des patients selon l'âge
60%
51
50

40
33
30

20

10 8 8

0
≤ 30 ans (5) [31-50 ans] (21) [51-70 ans] (33) > 70 ans (5)

• Aucun patient n’avait moins de 20 ans;


• Age moyen de 52 ans;
• La tranche d’âge la plus représentée est celle de [51 – 70 ans]!
RESULTATS
Circonstances de découverte
Masse basi-cervicale=45
Dysphagie=6
3 3 2% 2% 3% Echographie (incidentalome)=4
%%
6% 5% Thyrotoxicose=3
Dypnée=2
9%
Examen systématique=2

68% Douleur=1
Adénopathie=1
Autres=2
RESULTATS
Types de thyroïdectomie réalisés

5%

Thyroïdectomie
totale=61
95%
Lobo-isth-
mectomie=3

La lobo-isthmectomie a été réalisée dans seulement 3 cas, et dans


2 cas sur les 3, le résultat de l’examen anatomopathologique
était revenu en faveur d’une lésion maligne, ce qui a nécessité
une reprise chirurgicale pour totalisation.
RESULTATS
Nombre et types de curage
ganglionnaire realisés

31%

69% Central=9

Central+latéral=4

• 9 curages ganglionnaires ont été pratiqués;


• Il y avait un envahissement ganglionnaire dans 2 cas.
RESULTATS
Nombre, localisations et nature des nodules:
Multiples Unique droit Unique gauche Unique isthmique
Total
49 (77,56%) 5 (7,81%) 7 (10,93%) 3 (4,68%)
Malin 6 (12,24%) 1 (20%) 4 (57,14%) 1 (33,33%) 12 (19%)
Bénin 43 (87,45%) 4 (80%) 3 (42,85%) 2 (66,66%) 52 (81%)

 Dans 77% des cas il s’agissait de thyroïdes multi nodulaires;

 La malignité a été retrouvé chez 19% des patients;

 40% des nodules isolées étaient malins, contre 12% dans le


cadre de nodules multiples!

 57% des nodules isolés du lobe gauche étaient malins!


RESULTATS
Histologie des nodules malins
8%
8%
Papillaire classique=6
8%
50% Papillaire/forme vésiculaire=3

Papillaire à cell. Cylind.=1

25% Papillaire/sclérosant occulte=1

Micro-carcinome papillaire=1

Les nodules malins étaient à 100% des carcinomes papillaires mais


avec plusieurs variantes histologiques.
RESULTATS
Corrélation Échographie / Examen histologique
Diagnostic histologique
Malin N=12 Bénin N=52

05 07
Suspect N=12
Diagnostic (Vrais Positifs: VP) (Faux Positifs: FP)
échographique 07 45
Bénin N=52 (Faux négatifs: FN) (Vrais Négatifs: VN)

 Sur les 12 nodules classés malins par l’examen histologique de la


pièce opératoire, l’échographie en a dépisté 5, soit une
sensibilité de 41,66%; ( x 100)
 Sur les 52 nodules bénins à l’examen histologique, 45 l’étaient à
l’échographie, soit une spécificité de 86,53%. ( x 100)
RESULTATS
Corrélation Cytoponction / Examen histologique
Diagnostic histologique
Malin N=12 Bénin N=52

Malin ou Suspect N=11 07 (VP) 04 (FP)


Diagnostic Bénin N=51 05 (FN) 46 (VN)
cytologique
Non contributive N=2 00 02

 La cytoponction a dépisté 7 nodules malins sur 12, soit une


sensibilité de 58,33%;
 Sur les 52 nodules bénins à l’examen histologique, 46 l’étaient à
la cytoponction soit une spécificité de 88,46%.
RESULTATS
Corrélation Échographie+Cytoponction / Examen histologique
Diagnostic histologique
Malin N=12 Bénin N=52

Suspect N=18
Diagnostics (suspects à l’un et/ou 09 (VP) 09 (FP)
échographique l’autre)
et cytologique Bénin N=46
03 (FN) 43 (VN)
(Bénins aux 2 examens)

 La combinaison des deux examens a dépisté 9 nodules malins sur


12, soit une sensibilité de 75%;
 Sur les 52 nodules bénins à l’examen histologique, 43 l’étaient
aux deux examens soit une spécificité de 82,69%.
DISCUSSIONS
Les signes échographiques évocateurs de la bénignité
pour un nodule thyroïdien*
• Nodules liquidiens;
• Vascularisation périnodulaire;
• Nodules hyperéchogènes ou microkystiques;
• Absence d’antécédent personnel ou familial;
• Halo périnodulaire fin et complet;
• Absence d’adénopathie satellite;
• Calcification périnodulaire complète;
• Absence de dureté à l’élastographie.

* Tramalloni J, Wémeau JL. Consensus français sur la prise en charge du nodule thyroïdien: ce que le
radiologue doit connaître. EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire - thoracique - cervicale
2012;0(0):1-18 [Article 32-705-A-10].
Les signes échographiques de suspicion de malignité retrouvés à
travers les grandes études publiées entre 2002 et 2012*:
• Nodule solide hypoéchogène;
• Microcalcifications;
• Limites floues, festonnées, spiculées;
• Nodule plus épais que large;
• Effraction capsulaire; * Tramalloni J,
• Wémeau JL. Consensus
Envahissement des structures adjacentes;
français sur la prise en
• Disparition de la mobilité à la déglutition charge du nodule
• Vascularisation intranodulaire prédominante; thyroïdien : ce que le
radiologue doit
• Forme quadrangulaire; connaître. EMC -
• Macrocalcifications périphériques discontinues; Radiologie et imagerie
médicale -
• Index de résistance (au centre du nodule) > 0,80; cardiovasculaire -
• Index de dureté élevé en élastographie; thoracique - cervicale
2012;0(0):1-18 [Article
• Adénopathie satellite; 32-705-A-10].
DISCUSSIONS
 En 2002, le coréen, E.K. Kim définit 4 critères cardinaux de
suspicion de malignité pour les nodules thyroïdiens, signes qui
ont été confirmés par plusieurs études internationales:
• Forte hypoéchogénicité ;
• Contours irréguliers ;
• Microcalcifications ;
• Nodule plus épais que large.
 En 2009, la chilienne E. Horvath, s’inspirant du score BI-RADS qui
s’applique aux nodules du sein, proposa un score TI-RADS pour
les nodules thyroïdiens;
 En 2011, en France, G. Russ améliore le système TI-RADS en
ajoutant un 5e critère à savoir « l’indice de rigidité élevée en
élastographie » et en proposant une terminologie standard et un
atlas des différents aspects échographiques rencontrés.
DISCUSSIONS
Le système TIRADS

G. Russ, SCORE TI-RADS: Nouvelle version simplifiée avec…ou sans élastographie. Centre de Pathologie et d’Imagerie
– Paris 14ème et Hôpital de la Pitié-Salpétrière. En ligne: Consulté le 28 septembre 2013.
DISCUSSIONS
Le système TIRADS

G. Russ, SCORE TI-RADS: Nouvelle version simplifiée avec…ou sans élastographie. Centre de Pathologie et d’Imagerie
– Paris 14ème et Hôpital de la Pitié-Salpétrière. En ligne: Consulté le 28 septembre 2013.
DISCUSSIONS
Le système TIRADS

G. Russ, SCORE TI-RADS: Nouvelle version simplifiée avec…ou sans élastographie. Centre de Pathologie et d’Imagerie
– Paris 14ème et Hôpital de la Pitié-Salpétrière. En ligne: Consulté le 28 septembre 2013.
DISCUSSIONS
 Les signes de suspicion de malignité
sont décrits dans les compte-rendus
d’échographie de nos patients, sauf
pour le rapport épaisseur/largeur du
nodule et les données de
l’élastographie qui n’est pas pratiquée;

 Cependant, aucun score n’est utilisé et


la décision de déclarer un nodule
suspect varie d’un opérateur à l’autre
et peut être basée sur un ou deux
critères;
DISCUSSIONS
Efficacité diagnostique de l’échographie
Sensibilité Spécificité
E. Horvath (score TIRADS) 88% 49%
G. Russ (score TIRADS) 95% 68%
Notre étude (sans score) 41,66% 86,53%

 On constate que l’échographie, telle qu’elle est pratiquée pour nos


patients, manque de sensibilité, et cela peut s’expliquer par:
• L’expérience très variable des praticiens qui sont d’origines diverses
(HCA, hôpitaux régionaux, privé…);
• Certains critères ne sont pas étudiés: rapport épaisseur/largeur, indice
de rigidité.
 Par contre on trouve une spécificité plus élevée que dans ces études de
référence, et cela aussi, certainement, parce que certains critères ne sont
pas pris en compte.
DISCUSSIONS
Cytoponction à l’aiguille fine

L’utilisation de cette classification dépend également des


opérateurs.

Russ G, et al., Le système TIRADS en échographie thyroïdienne. J radiologie 2011; 92: 701—713
DISCUSSIONS
Efficacité diagnostique de la cytoponction
Sensibilité Spécificité
P. Boutin et al. (2003) 40% 100%
M. Sellami et al. (2011) 100% 67%
J-M. Prades et al (2013) 48% 99,1%
Notre étude 58,33% 88,46%

 Classiquement, la cytoponction est réputée avoir une très bonne


sensibilité pour le dépistage des cancers de la thyroïde, soit 95 à 99% et
une spécificité plus faible, soit 55 à 75%*;
 La revue ci-dessus montre une variabilité selon les auteurs;
 Notre étude retrouve une bonne spécificité et une sensibilité médiocre,
ce qui suppose un taux élevé de faux négatifs;
 Cela peut s’expliquer par la diversité des centres où nos patients font leur
bilan cytologique et le manque de standardisation de la pratique.
*B. Cochand-Priollet et al. Tumeurs de la thyroïde: corrélations cytologiques et histologiques ; apport des nouvelles technologies.
Encyclopédie Médico-Chirurgicale (Elsevier Masson SAS, Paris), Oto-rhino-laryngologie, 20-878-A-10, 2004.
CONCLUSION
 L’échographie et la cytoponction à l’aiguille fine, sans être
totalement fiables, sont de bons outils pour le dépistage des
nodules thyroïdiens malins et permettent d’éviter une
indication chirurgicale abusive ;

 Nos résultats sont en deçà de ceux retrouvés dans certaines


études de référence ;

 Ces résultats peuvent très certainement être améliorés par


une concertation multidisciplinaires pour une harmonisation
des pratiques et pourquoi pas l’utilisation systématique d’un
score de malignité type TIRADS pour l’échographie.
MERCI DE VOTRE
ATTENTION!

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