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Site du Havre

MÉMOIRE TECHNIQUE DE FIN D’ÉTUDES

146,69 dollars le baril de Brent, le signe d’une aubaine


pour la prospection sismique marine ?

par

Antoine LAURENT

Année scolaire de soutenance : 2014/2015

66 route du Cap 4 rue de la Victoire 38 rue Gabriel Péri 39 avenue du Corail Adresse courrier :
BP 41 BP 109 BP 90303 CS 50040 38 rue Gabriel Péri – BP 90303
76310 SAINTE-ADRESSE 35412 SAINT-MALO cedex 44103 NANTES cedex 04 13285 MARSEILLE cedex 08 44103 NANTES CEDEX
Adresse facturation
39 avenue du Corail – CS 50040
09 70 00 03 00 13285 MARSEILLE CEDEX 08

www.supmaritime.fr Siège social : La Défense SIRET : 130 013 097 00063


Photo de couverture : Léo Hemmert

Vue vers l’arrière du bordé bâbord de l’Oceanic Challenger en opération en Mer du Nord
MÉMOIRE TECHNIQUE DE FIN D’ÉTUDES

146,69 dollars le baril de Brent, le signe d’une aubaine


pour la prospection sismique marine ?

par

Antoine LAURENT

Mémoire préparé sous la direction de : Fabrice RICHER

Publié le : 13 mars 2015

66 route du Cap 4 rue de la Victoire 38 rue Gabriel Péri 39 avenue du Corail Adresse courrier :
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Abstract :

This study is trying to understand how the market of the marine seismic acquisition
evolves. It defines the factors influencing this market like the financial issues related to
investment, or technical and human resources issues. That requires a previous description of
the nature of the operations performed by the seismic vessels as well as technical and financial
difficulties they encounter.

Understanding the evolution of investments, which arrive in the order backlog of seismic
companies, allows understanding how do the companies which need to get geological
information make choices? Going up the causes of the investment chain, we realize that these
investments depend mainly on the evolution of the oil price and the prevailing economic and
financial environment.

The study then seeks to identify the reasons why the oil companies do open or close the
valves of the investment depending on the changes of the oil price. Finally, the study seeks to
understand, through an economic analysis correlated with structural analysis, how could change
the marine seismic industry in the coming decades, and how Western maritime nations could
they enjoy this bargain.

Keywords :
Oil – gas – exploration – seismic – price – market – spending – energy – production –
geoscience – économy – geophysic – maritime – trade – training – cycle – finance – shipyard –
offshore – industry –

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Résumé :

Cette étude cherche à comprendre comment évolue le marché de l’acquisition sismique


marine. Elle définit les facteurs qui influencent ce marché comme les problèmes financiers liés
à l’investissement, les problèmes techniques et les problèmes liés aux ressources humaines.
Cela passe alors par une description de la nature des opérations effectuées par les navires
sismiques ainsi que des difficultés techniques et financières qu’ils rencontrent.

Comprendre l’évolution des investissements qui arrivent dans les carnets de commande des
compagnies sismiques revient à comprendre comment son faits les choix des compagnies
demandeuses d’information géologiques, les compagnies d’exploration et de production de
pétrole. En remontant les causes de cette chaine d’investissement, on se rend compte que ces
investissements dépendent principalement de l’évolution à plus ou moins long terme du prix du
pétrole ainsi que de l’atmosphère économique et financière régnante.

L’étude cherche alors à cibler les raisons qui poussent les compagnies pétrolières à ouvrir
ou fermer les vannes de l’investissement selon l’évolution du prix du pétrole. Enfin, l’étude
cherche à comprendre, grâce à une analyse conjoncturelle corrélée à une analyse structurelle,
comment pourrait évoluer l’industrie de la sismique marine dans les décennies à venir, et
comment les nations maritimes occidentales pourraient-elles en profiter.

Mots-clés :
Pétrole – gaz – exploration – sismique – prix – marché – bourse – investissement – énergie –
production – geoscience – économie – géophysique – maritime – commerce – formation – cycle
– finance – construction navale – offshore – industrie -

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SOMMAIRE

I. Position de la sismique marine dans le secteur de l’offshore sur le marché pétrolier .................................................. 8
1.1 Le marché pétrolier, son organisation et ses acteurs ........................................................................................... 8
1.1.1 Le raffinage et la commercialisation : Downstream ....................................................................................... 8
1.1.2 Le transport et le traitement : Midstream .................................................................................................... 9
1.1.3 L’exploration et la production (E&P) : Upstream ........................................................................................... 9
1.1.4 Les acteurs de la production de pétrole ..................................................................................................... 10
1.2 La production de pétrole en mer, un défi technologique et financier ................................................................... 11
1.2.1 L’offshore ............................................................................................................................................... 11
1.2.2 Le processus de mise en place d’un site de production offshore .................................................................. 12
1.2.3 Dimension financière de la mise en place d’un site de production offshore ................................................... 13
1.3 La prospection sismique, outil indispensable à la prospérité de l’industrie offshore ............................................... 14
1.3.1 Le défi technologique de l’exploration sismique en mer ............................................................................... 15
1.3.2 Le défi maritime des prestations sismiques ................................................................................................ 16
1.3.3 Les caractéristiques d’un gréement et les besoins maritimes qui en découlent .............................................. 19
1.3.4 Les caractéristiques financières d’un navire et de son exploitation ............................................................... 21
II. Les relations d’interdépendance entre la sismique marine et le reste du milieu pétrolier ........................................... 22
2.1 L’intégration des acteurs de l’Exploration & Production au sein d’un système global et complexe en évolution
permanente : le marché pétrolier ..................................................................................................................... 22
2.1.1 Une demande inélastique ......................................................................................................................... 23
2.1.2 Une offre incertaine................................................................................................................................. 24
2.1.3 Un prix parfois déconnecté des fondamentaux ........................................................................................... 24
2.1.4 Le cycle, un phénomène économique aléatoire .......................................................................................... 25
2.1.5 Les spécificités du gaz ............................................................................................................................. 27
2.2 Le marché sismique, un secteur exposé ........................................................................................................... 28
2.2.1 Les prestations des compagnies sismiques ................................................................................................ 28
2.2.2 La composition du marché sismique et la santé financière de ses acteurs ..................................................... 29
2.2.3 Des stratégies industrielles à deux niveaux ................................................................................................ 31
2.2.4 L’exposition aux acteurs et facteurs externes ............................................................................................. 33
2.3 Influence de l’acquisition et de l’analyse géologique sur les capacités de production de pétrole ............................. 34
2.3.1 L’importance de l’information sismique dans le choix économique................................................................ 35
2.3.2 Impact de l’innovation en acquisition et en informatique sur les capacités d’exploration................................. 35
2.3.3 Influence de l’innovation dans l’industrie maritime sur les capacités de production offshore ........................... 37
III. Perspective d’avenir pour la sismique marine ....................................................................................................... 39
3.1 Perspective d’évolution du marché pétrolier : une fin retardée dans un contexte économique incertain ................... 39
3.1.1 2015, le contre-choc : une perspective de court terme ............................................................................... 39
3.1.2 La remis en cause de la théorie du Peak-oil : une perspective de moyen terme ............................................ 41
3.1.3 L’assurance d’une domination durable du pétrole sur les autres énergies, à condition de renouveler les
ressources exploitables : une perspective de long terme ............................................................................. 43
3.1.4 Les initiatives nationales, la grande incertitude du marché .......................................................................... 44

3|P a g e
3.2 L’offshore et l’industrie sismique détermineront l’avenir du pétrole et du gaz, à condition de gagner en
productivité .................................................................................................................................................... 45
3.2.1 Le confort de la rente, un défaut conjoncturel laissant une marge au progrès ............................................... 45
3.2.2 Un progrès à la portée des sociétés occidentales........................................................................................ 46
3.2.3 La concurrence déloyale des Export-Credit-Agencies .................................................................................. 48
3.3 Une opportunité pour les marins français et européens ? oui mais… ................................................................... 50
3.3.1 Le besoin d’une extension du domaine de compétence des marins .............................................................. 50
3.3.2 Le besoin d’une modernisation de la formation maritime............................................................................. 52
3.3.3 Une évolution du marché du travail et des conditions d’emplois des marins occidentaux vers une mobilité
encadrée, globalisée et partagée .............................................................................................................. 53
ANNEXE 1 : Part de l’activité sismique dans la chaine de production et de vente du pétrole ............................................. 59
ANNEXE 2 : Couts de transport des hydrocarbures ....................................................................................................... 60
ANNEXE 3 : Répartition et évolution des investissements dans l’E&P .............................................................................. 61
ANNEXE 4 : répartition géographique des sites de production, de consommation et des réserves de pétrole dans le
monde ............................................................................................................................................................. 62
ANNEXE 5 : Liste des plus grosses compagnies pétrolières dans le monde en fonction de leurs taux journaliers
production ........................................................................................................................................................ 63
ANNEXE 6 : répartition des licences d’exploration dans les eaux norvégiennes en Mer de Barents .................................... 64
ANNEXE 7 : Comparaison des coûts de mise en production du pétrole selon l’environnement........................................... 65
ANNEXE 8 : Répartition des types de campagnes sismiques marines en 2013 ................................................................. 66
ANNEXE 9 : Représentation géographique des sous-sols en fonction des sites d’exploration en eau profonde .................... 67
ANNEXE 10 : Composition du gréement d’un navire sismique ........................................................................................ 68
ANNEXE 11 : Répartition des coûts d’exploitation des navires sismique et leur évolution depuis 2003 ............................... 69
ANNEXE 12 : Evolution du prix du pétrole brut depuis 1861 en monnaie courante et constante ........................................ 70
ANNEXE 13 : Volatilité du prix du brut et du Gaz depuis 2007 ....................................................................................... 71
ANNEXE 14 : Organisation du marché sismique selon les prestations et les influences ..................................................... 72
ANNEXE 15 : Lexique des outils d’analyse financière .................................................................................................... 73
ANNEXE 16 : Caractéristiques de la flotte sismique 3D.................................................................................................. 74
ANNEXE 17 : Evolution du prix du pétrole brut depuis 2005 .......................................................................................... 75
ANNEXE 18 : Break-even du prix du Brent par type de projet et par Etat........................................................................ 76
ANNEXE 19 : Coût de production de l’électricité en 2014 .............................................................................................. 77
ANNEXE 20 : Efficacité énergétique par pays en 2011 et évolution depuis 2002 .............................................................. 78
ANNEXE 21 : perpective d’évolution du mix energétique mondial ................................................................................... 79
ANNEXE 21 (suite) : Perspective d’évolution du mix énergétique mondial ....................................................................... 80
ANNEXE 22 : Perspective d’évolution de la demande de pétrole selon les régions............................................................ 81
ANNEXE 23 : Perspective d’évolution de la production de pétrole en eau profonde .......................................................... 82
ANNEXE 24 : Perspective d’investissement dans la production d’énergie pour la période 2014-2035 ................................. 83
ANNEXE 25 : Lieu de construction des navires 3D depuis 1986 ...................................................................................... 84
LEXIQUE DES ACRONYMES ........................................................................................................................................ 85
BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................................................ 87
ENTRETIENS ............................................................................................................................................................ 92

4|P a g e
REMERCIEMENTS

Le défi de cette étude était de pouvoir synthétiser, autour d’un secteur économique particulier, tout un
système complexe et mouvant. Il fallu établir un raisonnement méthodique pour se situer dans ce vaste
univers du milieu pétrolier et permettre de sortir de ces analyses quelques conclusions pertinentes. Ce
travail s’est abouti grâce aux soutiens, à l’attention et à l’implication sincère et remarquable d’un bon nombre
de personnes à qui j’adresse toutes mes considérations.
Je tiens ainsi à remercier Julie Coulot, chargé des relations investisseurs chez CGG pour son
éclaircissement dès le début de mes recherches concernant la conjoncture et les difficultés structurelles du
marché. Bard Stenberg, Vice Président Investors Relations and Corporate Communications chez PGS, m’a
très vite fait comprendre l’origine des difficultés que ce marché connait, notamment l’évolution vers une
financiarisation accrue des entreprises du secteur de l’Exploration & Production. Je remercie Stéphane
Caradec, Fleet Performance Manager chez GeofieLD, pour son investissement précieux dans l’avancement
de mes recherches. Je remercie enfin le commandant Jérôme Daydou, responsable adjoint du personnel
navigant chez Louis Dreyfus Armateur pour m’avoir accompagné lors de mes temps de navigation sur des
navires sismique de CGG ainsi que pour m’avoir aidé à me rapprocher de professionnels du secteur.
Je remercie Jérôme Mondin, responsable régional de vente marine chez CGG, pour les problématiques
commerciales des compagnies sismiques ; Tamila Khelil, Strategic Marketing Senior Research Analyst chez
CGG, pour l’analyse conjoncturelle du secteur ; Thibaud Teillard et Carole Lanzi, journalistes à Le Marin ;
Brian Hall, président du Conseil d’Administration d’Animex PLC, pour son regards en tant que
consommateur de prestations sismiques ; Gersande Le Dimna, juriste en droit maritime et professeure de
Droit à l’ENSM ; Antoine Claudepierre, Officier chef de quart polyvalent chez GeofieLD pour son soutien et
ses critiques en tant que professionnel de terrain ; François Harlé, Arthur Gaudin, Barthélémy Léon,
Théotime Toussaint et Louis-Marie Vanier, officiers polyvalents et étudiants en DESMM à l’ENSM pour
m’avoir partagé leur point de vue concernant les perspectives d’emploi des marins français à l’étranger.
Je tiens à remercier particulièrement Matthieu Zékar, doctorant et professeur à l’ENSM, pour son
guidage méthodologique et sa critique indispensable d’universitaire, intéressé par les problématiques
économiques et systémiques. Puis Philippe Allemandou, directeur adjoint de l’ENSM, pour son soutien à
mon travail et pour avoir enrichis la réflexion grâce au soulèvement de problématiques pertinentes
concernant les perspectives d’emploi des marins à l’offshore. Enfin Fabrice Richer, professeur à l’ENSM et
tuteur de mon mémoire pour son regard curieux de rédacteur, passionné par les enjeux géopolitiques
comme ceux développés dans cette étude.
Un travail personnel ne peut aboutir sans l’encouragement et l’enrichissement intellectuel de personnes
plus proches. Je me permets ainsi d’intégrer à la liste de personnes à remercier Yo Kaminagaï, responsable
de l’unité Design & Projets culturels à la RATP ; Gaëtan Darwiche, ingénieur-commercial chez Gas Natural
Fenosa ; Clara Ghio, étudiante en Master 2 droit européen, droit de l’OMC à l’Université de Rennes 1.

5|P a g e
INTRODUCTION

« Dans ces temps-là s’établirent les droits insensés d’aubaine et de naufrage. »


ème
Montesquieu, De l’esprit des lois, 21 livre, chapitre 17

En janvier 2002, à l’aube d’une guerre aujourd’hui inachevée menée par l’Occident contre l’islamisme
violent, le baril de Brent se vendait à 18 dollars. Le 3 juillet 2008, ce même indice, après une augmentation
progressive de 706% étalée sur six ans et demi, pointait à un sommet historique de 146,69 dollars sur la
place londonienne1. Cette époque de croissance délirante, conjuguée à une tension géopolitique incertaine,
a offert aux acteurs pétroliers l’occasion de se développer dans des conditions très lucratives. Pourtant, au
regard de l’économie mondiale, cette période faste à l’allure chimérique a terminé son rêve sur le bord d’une
falaise. L’atteinte de ce record que l’Histoire n’est pas prête d’oublier, à la veille de la chute du système
financier, pouvait être le signe d’une aubaine pour les spéculateurs cupides, alors qu’il annonçait un
naufrage aux conséquences inégalées, que même le temps ne permet pas d’estimer.

La gifle de 2008 a averti l’opinion de la dérive anarchique d’un vaste système sans tête au sein duquel
l’énergie a une place dominante. L’ensemble des marchés, des matières premières jusqu’aux devises
monétaires en passant par les valeurs obligataires et les indices boursiers, ont été bouleversés par une
bourrasque violente générée depuis les deux fiefs de la pensée économique éminente, Wall Street et la City.

Encore aujourd’hui, le temps est incertain, la confiance est maussade et l’activité s’enlise. Pour autant,
l’énergie reste une proie que l’humanité adule. L’engagement féroce de toute autorité dans la défense de
ses ressources énergétiques est essentiel pour protéger le futur de son économie. Il est aussi la preuve que
l’exploitation de ces ressources, difficilement accessibles et désirées de tous, ne peut se faire que grâce à
certains acteurs spécifiques fournissant un travail de grande qualité, employant des moyens industriels de
haute performance, et offrant aux sociétés les plus avancées de quoi alimenter leurs croissances restées
atones. Le travail de la prospection sismique, outil essentiel au lancement et à la gestion rigoureuse de sites
de production de pétrole, fait parti de ces niches économiques où la technologie et la gestion opérationnelle
de pointe sont des acquis élémentaires qui valorisent des métiers qualifiés.

Cependant, malgré cet attachement vorace que l’on croit immortel de la consommation de masse pour
les hydrocarbures, ces acteurs pétroliers supposés jouir d’un avenir radieux subissent en effet des difficultés
aux origines mal discernables. Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait croire, on ne saurait prédire l’avenir
des acteurs fidèlement impliqués dans la production et la distribution de pétrole et de gaz. D’un côté,
certains prétendent que le pétrole se meurt pour cause d’abus et de gâchis, assombrissant l’espoir du
développement de toute son industrie. D’autres aiment à penser au contraire que l’or noir restera une
énergie incontournable pour de nombreuses décennies, de quoi assouvir les ardeurs des investisseurs
avides.

1
Sur la même période, la bourse de Chicago enregistrait une progression du prix du maïs de 190 %, le blé de 275% et le soja de 220%
[Farmdoc, 2015].

6|P a g e
La mondialisation, source d’opportunités économiques dont le manque d’encadrement a laissé
s’émanciper de fortes inégalités, a fait germer un lot de dilemmes politiques contre lesquels les sociétés les
plus développées se battent pour rester engagées dans la course à la compétitivité. Dans le milieu maritime,
bien que le trafic soit resté intense malgré certaines fractures, la crise prolongée continue d’amputer les
outils de protection des marins d’Occident : ces personnes qualifiées sont exposées à un marché inégal de
dimension mondiale où le confort social est trop concurrencé. Leur avenir indéfini doit impérativement
trouver des débouchés dans lequel s’installer, au risque de voir disparaitre un métier admirable.

De ces observations candides est née une problématique simple, que nous centrons sur un secteur
particulier qui nous concerne explicitement : le secteur pétrolier, tout aussi salutaire que vacillant, peut-il offrir
au futur du marché de la sismique marine une perspective heureuse, laissant aux marins occidentaux
l’occasion d’espérer, malgré la concurrence internationale acerbe inhérente à cette filière mondialisée ?

La réponse à cette question, relativement ciblée au cœur d’un système étendu, se divise en trois étapes.
Nous expliquerons d’abord de façon exhaustive le contexte dans lequel se loge l’exploration sismique
marine au sein du milieu pétrolier, ainsi que les relations d’interdépendance qui caractérisent ces deux
secteurs. Ces deux étapes successives constituent le préalable à l’étude des perspectives d’avenir de cet
ensemble indissociable, que nous exposerons dans une dernière partie

Un schéma systémique est mis à disposition du lecteur pour apporter un support visuel à cette
description écrite et synthétique.

7|P a g e
I. Position de la sismique marine dans le secteur de l’offshore sur le
marché pétrolier

Notre étude débute sur une phase préliminaire descriptive. Le marché de la sismique s’introduit dans un
système géographiquement très vaste et aux activités aussi nombreuses que variées : le marché pétrolier.
Ces deux marchés étant en mouvement permanent, il convient de les « photographier » pour mieux
visualiser leurs détails et comprendre leurs rôles respectifs.

1.1 Le marché pétrolier, son organisation et ses acteurs

Le processus de production et de vente de pétrole est long et complexe. On considère qu’il faut environ
dix années entre le moment où l’on découvre une réserve de pétrole et le moment où l’on peut l’extraire de
celle-ci2. De toutes ces activités, l’industrie sismique ne représente que 1,1% du prix du baril de brut, et
3
seulement 0,4% du prix à la pompe dans les stations services françaises . Sa part semble faible par rapport
à l’ampleur de l’industrie pétrolière, pourtant, son influence n’est pas négligeable, elle est même
incontournable.
Le marché pétrolier est divisé en trois secteurs principaux ayant des caractéristiques structurelles et
économiques assez différentes : le Downstream, le Midstream et l’Upstream. Nous verrons ainsi comment
s’intègre le processus de mise en place d’un site de production au sein de ce mécanisme étendu.

1.1.1 Le raffinage et la commercialisation : Downstream


Ce secteur comprend tout le travail de raffinage et de transformation des
hydrocarbures pour qu’ils deviennent exploitables par les consommateurs
finaux4. Le secteur du Downstream est en fait l’équivalent économique de la
demande mondiale en pétrole et en gaz.
Le secteur s’étend du stockage du brut jusqu’à l’explosion du produit
finis dans les moteurs ou la conversion de produits d’hydrocarbures en polymères. Entre ces deux
extrémités, on y trouve le processus de raffinage en produits exploitables 5 comme les carburants (gasoil,
FO, essence, Kérosène, GPL, etc.), les matériaux de construction (bitume, fibre de carbone, plastique) ou

2
[API. Explaining Exploration and production Timelines (Offshore). 2011]
3
Voir Annexe 1 : Par de l’activité sismique dans la chaine de production et de vente du pétrole
4
Dans le terme de consommateurs, il faut faire la distinction entre la consommation primaire et le consommateur secondaire d’énergie. Par
exemple, une voiture électrique fonctionne grâce à l’énergie secondaire qu’est l’électricité lorsqu’elle est produite à partir d’énergies
primaires comme le charbon ou l’uranium. Alors qu’une voiture à essence fonctionne directement grâce à l’énergie primaire qu’est le pétrole
raffiné. Le pétrole ou le gaz étant des produits combustibles extraits de la terre, tout comme la force de l’eau s’écoulant dans un barrage
hydro-électrique, ils seront toujours considérés comme des sources énergétiques primaires. Cette notion est importante pour pouvoir
comparer les différentes énergies entre elles et notamment la complexité de leur production.
5
On compte environ 650 centres de raffinage sur l’ensemble du globe en 2012 [LA RECHERCHE. La transformation du pétrole. 213 p. 68].
C’est un nombre très limité compte tenu de l’ampleur du marché, c’est pourquoi la mise hors service de plusieurs de ces unités peut entrainer
des perturbations significatives sur la fluidité du processus de distribution et ainsi engendrer une augmentation des stocks de brut ainsi
qu’une pénurie de produits finis (à l’image des problèmes rencontrés au sud des Etats-Unis lorsque le risque d’ouragan entraine une baisse
de la production de produits raffinés). Ces installations sont également très consommatrices en énergie et en eau. Pour 100 barils de pétrole
qui entre dans une raffinerie, il n’en sort que 93 à cause des pertes lors du processus de distillation [EIA. Refinery Yield. 2014]. De plus, leur
implantation industrielle est alors délicate car elle ne peut pas se faire n’importe où. Le projet Keystone XL consiste à relier les sites de
production de sables bitumeux canadiens avec les pôles de raffinage du Texas. La difficulté d’implantation de sites nécessite parfois la mise
en place d’infrastructures très coûteuses en argent mais surtout en risque environnemental et politique. Keystone XL est le sujet sensible des
débats politiques fédéraux et représente un investissement de 7 milliards de dollars [Radio Canada, 2013].

8|P a g e
encore les produits chimiques6. On y intègre également la chaîne de distribution des produits finis vers les
sites de consommation finaux (stations services, aéroports, ports, centrales thermiques, usines plastiques).

1.1.2 Le transport et le traitement : Midstream


Il représente le travail d’acheminement depuis le site de production jusqu’au
site de raffinage. Certains produits sont partiellement raffinés dès leur
extraction pour rentabiliser leur transport, comme sur les FPSO [Marine Insight,
2011]. On y compte le transport par la mer grâce aux pétroliers, pouvant
atteindre 440 000 tonnes de port lourd, ou le transport par la terre via les
7
oléoducs. Le gaz est traité puis transporté sous pression via les gazoducs ou les navires citernes . Le
transport de gaz par la mer offre au marché l’opportunité d’être flexible8. Mais il se pose devant plusieurs
contraintes, notamment le coût de construction et d’exploitation des navires 9 ainsi que la perte de
marchandises lors du transport10. L’industrie marine a une place centrale dans ce secteur, puisqu’au-delà du
transport en vrac liquide, de nombreux marchés se développent pour des activités dites subsea comme la
11
pose de pipeline entre les plate-formes et la terre ou entre un site de production et un site de raffinage .
Le choix du transport entre le pipeline ou le tanker peut être technique ou géostratégique. Un
pipeline sous-terrain est beaucoup moins vulnérable qu’un navire navigant à 30km/h à quelques miles des
pays les plus pauvres du monde et où la piraterie pause des problèmes de sécurité. Par contre, les taxes
infligés par les pays dits « transitaires » où des pipelines passent peuvent être très importantes, ces pays
ont également le pouvoir d’interrompre à tout moment le transit du produit, lui donnant un pouvoir d’influence
12
sur le producteur et le consommateur de ce produit .

1.1.3 L’exploration et la production (E&P) :


Upstream

Sur le marché pétrolier global centralisé sur le prix du brut, le


secteur de l’E&P est l’équivalent de l’offre de pétrole. Ce marché pèse
pour 260 milliards de dollars et connait des investissements en hausse
régulière atteignant les 700 milliards de dollars par an13, soit l’équivalent
de la formation brute de capital fixe de l’Allemagne en 2013 14. Il représente tout le travail depuis la recherche
jusqu’à la mise à disposition sur le marché du pétrole brut et du gaz naturel. Il se divise en deux secteurs,

6
[EXXONMOBIL. A Simple Guide to Oil Refining. 2006]
7 Les plus gros navires peuvent charger jusqu’à 270 000m3 . C’est nettement moins que le pétrole, à cause des limites techniques, mais le
progrès dans ce secteur n’a pas finis d’avancer [Lloyd’s Register. Qatar, Nakilat Name World’s Largest LNG Vessel. 2008]
8
Voir 2.1.5 La spécificité du gaz
9
Voir Annexe 2 : Coûts de transport des hydrocarbures
10
Un navire de transport de GNL perd 0,1 à 0,15% de sa cargaison par jour [DORDE, LALIC, KOMAR. Problem of Boil-off in LNG Supply
Chain . 2013 p.97].
11 Les sociétés du Subsea profitent d’une opportunité économique assimilable à la prospection sismique marine. C’est le segment d’activité

principal de Technip et Subsea7. [Seipem. Offshore pipelines. 2012].


12 L’exemple le plus récent de cette dépendance de producteurs et consommateur envers le pays transitaire est la crise ukrainienne que l’on

considère comme un pays transitaire stratégique pour l’Europe de l’Ouest, puisque 40% du commerce de gaz entre la Russie et l’Europe
passe par l’Ukraine. [BUCKLEY. Gazoducs : Gazprom change son fusil d’épaule. 2015]
13 Voir Annexe 3 : Répartition et évolution des investissements dans l’E&P
14
FBCF : mesure de l’investissement comprenant les acquisitions moins les cessions d’actifs fixes des acteurs privés et publics. Le FBCF de
l’Allemagne était de 19,8% de son PIB de 2013, soit 719G$ sur les 3 634,8 G$ courants. Celui de la France de 22,1%, soit 604 G$ sur les 273,9
G$ que représente son PIB. [GUILLOU, NESTA, SARACENO. L’investissement, clé de la relance. 2015 p.24]

9|P a g e
l’offshore et l’onshore, qui représentent respectivement 41 % et 59% de la production mondiale en 2010.
Les puits terrestres sont plus petits mais beaucoup plus nombreux. Le marché sismique terrestre repose
sur une technologie aboutie dans un contexte très concurrentiel, mais nécessite parfois l’emploi de moyens
humains et matériels importants, à l’image des projets mega crew au Moyen-Orient. De son coté, le secteur
offshore nécessite des moyens d’investissements très importants pour un nombre de forage limités malgré
l’avancé rapide de l’innovation technique. Ce secteur sera détaillé plus bas.

1.1.4 Les acteurs de la production de pétrole

La répartition géographique des sites de production est déséquilibrée, ce qui nécessite une
redistribution régulée des flux15. D’autre part, le poids des plus gros producteurs est tel qu’ils possèdent une
position quasi-oligopolistique16 pouvant dégrader sérieusement le caractère concurrentiel que les modèles
micro-économiques espèrent pour tout marché substituable. Il existe trois types de compagnies pétrolières :
- Les compagnies nationales (NOC) : ce sont des compagnies de propriété publique appartenant aux
états producteurs. Elles représentent plus de la moitié de la production mondiale de pétrole. Chaque Etat
membre de l’OPEP possède une NOC qui occupe un monopole ou impose des partenariats avec les
compagnies privées. Même si l’OPEP ne représente que 33% de la production mondiale en 2013, contre
51% en 1971 et 36% prévues en 2040 17, les décisions des NOC de ces pays peuvent avoir une influence
significative sur l’ensemble du marché pétrolier 18. De plus, leurs motivations sont parfois plus tournées vers
des problématiques d’ordre politique, donc nationales, plutôt que purement économiques, donc obnubilé par
la rente19.
- Les compagnies indépendantes : ce sont des compagnies de petites et moyennes tailles ayant une
activité localisée et généralement limitée. Ces compagnies sont très représentées dans la production
terrestre et surtout aux Etats-Unis où le caractère libéralisé et technologiquement abouti de la production
d’hydrocarbure favorise leur développement.
- Les « Majors » pétroliers : ce sont des compagnies multinationales verticalement intégrées. Elles
sont présentes dans toutes les régions du monde et disposent d’actifs dans tous les secteurs définis plus
haut. Ces grandes compagnies sont le fruit d’une longue série de concentration depuis l’éclatement de la
mythique et monopolistique Standard Oil de Rockefeller en 1914. On y trouve Shell, ExxonMobil, BP,
Chevron, Total et ConocoPhillips. Elles représentent moins de 10% de la production mondiale de pétrole et
de gaz mais l’ampleur de leur intégration et leurs compétences techniques leur offre un pouvoir d’influence
très important sur le reste des agents producteurs de pétrole. Une bonne partie des progrès en innovation,
motivée par l’investissement dans les plus grands projets, est stimulé par ces acteurs.

Les Etats producteurs définissent des règles plus ou moins contraignantes pour réguler la production et
l’exportation et surtout pour profiter au mieux de l’avantage que peut offrir la présence d’hydrocarbures
exploitables sur leur territoire. Cette règlementation peut aider à protéger l’économie locale et à équilibrer le

15
Voir Annexe 4 : répartition géographique des sites de production, de consommation et des réserves de pétrole dans le monde
16
Voir Annexe 5 : liste des plus grosses compagnies pétrolières du monde en fonction de leur taux journalier de production
17
[OPEC. 2014 World Oil Outlook. 2014 p.109]
18
Voir 3.1.1 2015, le contre-choc, perspective de court terme
19
Voir 3.1.4 Les initiatives nationales, la grande incertitude du marché

10 | P a g e
budget étatique par le biais d’investissements publics ou de fonds d’investissement20, mais elle peut aussi
être préjudiciable à l’économie mondiale puisqu’elle entretient de l’opacité sur les taux réels de production,
les stocks et le niveau des réserves exploitables de pétrole21. En d’autre terme, avec un contrôle étatique de
la production, un pays producteur peut, sans préavis, bousculer les marchés financiers, à l’image du premier
choc pétrolier de 1973. L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) définit quatre modèles juridiques
définissant les limites d’accès aux ressources par les étrangers :
- Ouverture totale (USA, Canada, Royaume-Uni) : toutes les compagnies peuvent obtenir une licence
d’exploration, à condition qu’elles respectent quelques conditions imposées par le droit national ou
communautaire. Ici, l’Etat ne possède pas de NOC.
- Ouverture partielle sans préférence (Colombie, Indonésie, Danemark) : Il existe une compagnie
nationale qui se met en concurrence avec les compagnies étrangères mais ne possède pas de traitement
préférentiel.
- Ouverture partielle préférentielle (Chine, Angola, Brésil, Russie) : La compagnie nationale a un
accès privilégié aux ressources, elle est impliquée dans tous les projets. Dans ce cas, les compagnies
étrangères doivent obligatoirement partager la production avec la compagnie nationale.
- Fermeture (Iran, Irak, Arabie Saoudite) : la compagnie nationale a le monopole sur l’accès aux
ressources. Les compagnies étrangères peuvent intervenir seulement par le biais d’une filiale locale.

1.2 La production de pétrole en mer, un défi technologique et financier

Une fois avoir exposé vulgairement le profil du système pétrolier, nous allons nous centrer sur l’activité
offshore. Comment est-elle organisée et quels acteurs y sont impliqués ?

1.2.1 L’offshore

20
Pour exemple, le fond d’investissement norvégien, créé en 1996 avec l’apport de 5 milliards d’euros courants, est le plus important fonds
publique généré par le bénéfice pétrolier, a une valeur de 770 milliards d’euros aujourd’hui (soit 880 G$ au taux de février 2015), soit plus
que la totalité des investissements engagés dans l’E&P sur un an [Norges Bank. 2015].
21
Les chiffres disponibles sur le niveau de réserves exploitables ou supposés sont d’une subjectivité incontrôlable. Car en plus des
approximations dans la mesure et l’estimation, il est bien connu que certains pays comme le Venezuela ou l’Arabie-Saoudite communiquent
des chiffres erronés pour ne pas afficher leur potentiel d’influence.

11 | P a g e
La production offshore c’est 860 plate-formes (dont 710 structures flottantes, donc déplaçables) 22, 3400
puits forés sur l’année 201223, plus de 200 milliards de dollars d’investissement par an, 1350 navires de
ravitaillement de plate-forme (PSV), 1950 navires de relevage d’ancre et d’assistance sous-marine (AHTS)24.
Les crew-boats sont en charge des relèves d’équipages. Les câbliers mettent en place les
télécommunications et l’alimentation en électricité des plateformes. Les navires spécialisés dans les
opérations sous-marines positionnent, entre autres, les têtes de puits. Les poseurs de pipe (PLSV) sont en
charge de poser au fond de l’eau les pipelines entre les sites d’extraction
et les sites de stockage à terre. Les FPSO sont utilisés lorsqu’il est
nécessaire de stocker le produit directement après son extraction. Les
navires de gardes sont en charge de la gestion du trafic maritime sur les
sites d’opération. Les navire-hôtels logent le personnel travaillant sur une
plate-forme en chantier. Les services de transport de plate-forme semi-
submersibles (remorqueurs de haute mer et semi-submersibles) du
chantier jusqu’à la zone d’extraction. Les barges à grue sont utilisées lors de la pose ou le démantèlement
des plate-formes. Enfin la dernière nouveauté émergente, les unités flottantes de liquéfaction de gaz
(FLNG) 25 . Autour de ces outils flottants utiles aux opérations, un grand nombre d’autres activités
économiques gravitent autour de l’offshore comme les systèmes de positionnement et de télécommunication
satellitaire, la logistique, la construction et la réparation navale et industrielle, le transport de personnel26 ou
encore la supervision tertiaire. On l’aura compris, l’offshore réunis une très grande variété de corps de métier
tous liés au milieu maritime.
Le savoir faire maritime en matière de conception et de gestion des navires spécialisés est un atout
majeur pour les sociétés où le niveau d’innovation est avancé. Du fait du haut niveau d’exigence des
compagnies pétrolière en termes de sécurité et de fiabilité à cause des très gros risques financiers et
environnementaux, ces navires doivent avoir un degré de performance supérieur à ce qui se fait dans la
marine marchande classique 27 . Au sein de cette industrie complexe et très hétérogène, notre étude se
concentrera sur la prospection sismique, secteur le plus en amont de la chaine de production.

1.2.2 Le processus de mise en place d’un site de production offshore

Avant la mise en place d’une plate-forme de production en mer, il existe une succession de travaux et de
démarches rallongeant le temps nécessaire à la mise en production et surtout complique les choix
stratégiques des sociétés engagées. La première consiste à obtenir, auprès de l’autorité publique
compétente et après avoir préalablement effectué des mesures sismiques ou ayant acheté des données
multi-clients 28 , une licence d’exploration d’une courte durée, permettant à la compagnie d’engager les
activités de forage. Après un certain temps, si la compagnie considère que le champ exploré est

22
[Rigzone. Rig Report : Offshore Rig Fleet by Rig type. 2015]
23
[IFPEN. Les investissements en exploration-production et raffinage. 2014 p. 18]
24
[Clarkson. Overview of the offshore Supply Vessel Industry. 2012 p. 10]
25
Il est prévu un investissement de 143 G$ sur la période 2013-2017 dans l’industrie de la liquéfaction de GNL [THOMAS, Mark. 2014]
26
Le transport par hélicoptère de personnels de l’offshore représente une opportunité économique colossale, digne du secteur de
l’armement, pour les industriels occidentaux comme Airbus Helicopter ou Sikorsky, à l’image du lancement récent et révolutionnaire de
l’hélicoptère X4 en février 2015 [MONNIN. Airbus Helicopters dévoile son nouvel hélicoptère et écrit une nouvelle page dans l’histoire de la
voilure tournante à l’expo 2015. 2015].
27
Voir 2.3.3 L’influence de l’innovation dans l’industrie maritime sur les capacités de production offshore
28
Voir 1.3.1 Les prestations des compagnies sismiques

12 | P a g e
économiquement exploitable et qu’elle ait effectué une étude d’impact sociale et environnementale pour
répondre aux critères nationaux, elle demande une conversion de sa licence en permis de développement -
d’une durée de 20 à 25 ans – pour engager la production. La zone est réduite et sera centrée sur le point
d’extraction autour duquel elle pourrait obtenir ultérieurement des extensions. Toutes ces étapes sont
accompagnées de contraintes imposées par le pays d’accueil en matière d’impact social et environnemental
ou encore le respect de procédures fiscales appliquées à l’entreprise et aux travailleurs étrangers.
Pour déterminer quelle société aura le droit d’exploiter les ressources du pays sur une région
particulière, l’Etat diffuse, de manière régulière ou aléatoire, des permis d’exploration et de développement.
La distribution est faite par attribution directe de l’Etat à une compagnie après délibération en fonction de
critères liés à la viabilité du projet proposé et/ou par la mise aux enchères des zones (ou blocks).
Pour exemple, la Norvège privilégie la viabilité des moyens engagés par les compagnies intéressées
plutôt que par son audace financière 29. Les eaux norvégiennes recouvrent une région à fort potentiel pétrolier
et surtout gazier, mais l’Etat a préalablement délimité certaines régions protégées pour limiter les risques
d’accidents et de dégradation de son second plus gros potentiel économique qu’est la pêche. La zone
exploitable s’étend sur 60% des 1,4 millions de km² que forment les eaux économiques norvégiennes.
Aujourd’hui, seul 16% de cette zone exploitable a été licenciée30. Le Brésil a ouvert, en octobre 2013, sa
première vente aux enchères pour la concession de gisements offshore en eaux profondes31. Cette vente
s’est soldée par la victoire d’un consortium dominé par la compagnie nationale Petrobras (avec 40% des
parts). Au Royaume-Uni, une première licence d’exploration est délivrée à des sociétés sismiques sans mise
en concurrence. Une fois les données recueillies, une série de licences de production sont proposés sans
mise aux enchères mais sur une étude de performance des compagnies candidates (performance
opérationnelle, financière, environnementale et en matière de sécurité).

Au-delà des démarches administratives, la mise en œuvre d’un site de production offshore nécessite
d’analyser attentivement différentes données qui définiront la viabilité économique et qui orientera le choix
des compagnies désirant s’engager dans une production sur plusieurs décennies.

1.2.3 Dimension financière de la mise en place d’un site de production offshore

L’offshore est un secteur en expansion et nécessite des moyens opérationnels et un niveau d’innovation
technologique considérables. Après avoir obtenu des informations géologiques grâce à l’acquisition
sismique32, le meilleur moyen pour fiabiliser les informations est de procéder au forage test. Cela consiste à
venir mesurer physiquement la contenance de la réserve découverte pour estimer, avec certitude, sa
composition chimique, donc son potentiel économique33. Or ces opérations peuvent rapidement atteindre
des coûts démesurés qui ne cessent d’augmenter, puisqu’ils ont été multipliés par six depuis 2004 en

29
La procédure se base principalement sur une étude du ministère du pétrole (MPE) qui évalue la pertinence des demandes que font les
compagnies pétrolières (ou contractants) pour engager une exploration sur un block particulier. Le MPE libère au fur et à mesure les
« blocks » en offrant la licence à la compagnie lauréate valable pour une durée limitée extensible [Norwegian Petroleum Directorate.
Production licence – licence to explore, discover and produce. 2008].
30
Voir Annexe 6 : répartition des licences d’exploration dans les eaux norvégiennes en Mer de Barents
31
[THE ECONOMIST, Brazil: Single consortium bid wins pre-salt Libra oil field auction. 2013]
32
Voir 1.3.2 Le défi technologique de l’exploration sismique en mer
33
La consistance chimique du produit contenu dans la réserve a une importance majeure dans la mesure du potentiel économique du champ.
Puisque selon la qualité du produit, son prix de vente et son coût de traitement ou de raffinage sera différent. Or, l’exploration sismique,
même avec l’aide de technologiques annexes comme le magnétisme, ne permet de définir précisément la composition chimique.

13 | P a g e
moyenne34. L’offshore est un mode de production onéreux qui doit être guidé par des services d’analyse de
pointe, à la hauteur des enjeux financiers engagés. La qualité de l’information sismique a un rôle crucial
puisqu’elle déterminera les chances de réussite de l’opération de forage et la viabilité de la production35.
On distingue le coût de construction et le coût d’exploitation. Ces coûts sont très variables selon leurs
caractéristiques techniques et géographiques 36, ils dépendent principalement de la profondeur de forage
(donc du coût de l’équipement de forage), de l’environnement du site (fort trafic maritime, zone de guerre ou
région climatique hostile), de l’éloignement à la côte (augmentation des coûts d’approvisionnement en
équipement et en personnel), du taux de change, du prix du métal, de la fiscalité, des outils de couvertures
financières et d’assurance et du coût du travail37. Pour exemple, la construction d’une plate-forme de type
Jack-up pour une profondeur de 200m coûte autour des 180 millions de dollars 38, alors que la construction
d’une plate-forme dans le Golfe du Mexique par 1.800m de fond peut coûter jusqu’à 5 milliards de dollars39.
L’opération qui concerne majoritairement le travail de prospection sismique n’est pas la plate-forme de
production, même si les informations recueillis en 3D ou 4D définiront la viabilité économique de l’installation
à long terme, mais surtout le forage, puisque son efficacité dépend directement de la précision et de la
fiabilité de l’analyse géologique. Ces informations vont déterminer à quel endroit effectuer les forages
« test », ou dit d’exploration. Sur des zones de plusieurs centaines de km², la précision du forage tant en
position qu’en profondeur peut être de quelques mètres. Les opérations de forage les plus onéreuses,
comme celles effectuées en eau profonde, peuvent dépasser les 100 M€ par perçage40. En novembre 2013,
un consortium mené par Shell aurait pu initier la France à la production de pétrole offshore, mais les cinq
tentatives d’explorations à plus de 6000m de profondeur menées sur un an et demi après un engagement de
plus de 500 M€ d’investissement ont abouti à l’abandon du projet41.
La complexité des opérations offshore et leur dimension financière importante impliquent une
planification parfaite sur plusieurs années. Chaque démarche ou prestations effectuées au cours de la mise
en production doivent respecter des limites temporelles strictes pour éviter toute perte financière en
« cascade » à cause des retards. Pour des sites exposés aux saisons, un retard de plusieurs semaines à
cause de blocages d’ordres administratifs ou techniques peuvent engendrer un report de plusieurs mois
d’une bonne partie des opérations prévues en aval à cause de la fermeture de la fenêtre météorologique
saisonnière. Cette contrainte impose à chaque acteur de respecter une ponctualité précise, donc un niveau
de performance exceptionnel, y compris la prospection sismique42.

1.3 La prospection sismique, outil indispensable à la prospérité de


l’industrie offshore

34
[IFP SCHOOL. Oil and Gas Exploration and Production. 2007 p.133]
35
Voir 2.3.1 L’influence de l’information sismique dans le choix économique
36
Voir Annexe 7 : Comparaison des coûts de mise en production du pétrole selon l’environnement
37
[KAISER, SNYDER. Reviewing rig construction cost factors. 2012]
38
Ibid.
39
[CORSI. Thunder horse in the Gulf. 2005]
40
[Schlumberger. Reducing Exporation Risk. 2007 p.26]
41
[LE BILLON. Pétrole: le programme d’exploration de Shell en Guyane s’achève sur un échec. 2013]
42
Pour exemple vécu, lors d’une mission en Mer du Nord au printemps, l’acquisition de la moitié d’un bloc devait absolument être achevée
avant l’arrivée de la plate-forme de forage prévue pour ce même bloc. Après plusieurs retards dus aux conditions météorologiques, la
mission a été terminée seulement 24h avant l’arrivée de la plate-forme. Si les retards étaient plus importants, la plate-forme ne pouvant pas
décaler son planning du fait de l’importance des moyens engagés pour sa mise en place, nous aurions été obligé de procéder à des opérations
d’undershoot et donc de changer complètement le programme d’acquisition.

14 | P a g e
L’industrie sismique a une place de marque dans la chaine de mise en place d’un site de production
offshore. Mais concrètement, quels types de prestations effectue-t-elle ?

1.3.1 Le défi technologique de l’exploration sismique en mer

Une expédition sismique a pour rôle de découvrir du pétrole mais pas seulement. La plupart des
prestations vendues par les compagnies sismiques se concentrent sur la réduction du risque d’échec lors du
forage, mais certaines missions peuvent être dédiées à la réévaluation des réserves déjà exploitées. Les
compagnies sismiques concurrentes affrontent leurs technologies pour proposer aux clients les images les
plus précises possibles obtenues dans un temps imparti le plus court. Selon les capacités d’investissement,
la surface à cartographier, le temps disponible avant le lancement des opérations de forage, le degré de
précision désiré et la disponibilité de la flotte sismique, les compagnies pétrolières ou géologiques
commandent auprès des compagnies géophysiques des informations de natures différentes provenant de
méthodes d’acquisitions distinctes :

- 2D (2 Dimensions) : la 2D permet d’obtenir une multitude de sections


verticales formant une grille afin d’en déduire un volume. Les lignes sont
séparées de 5 à 20km et donnent une image approximative de la
composition géologique des sous-sols. C’est une première estimation
pouvant être commandée par des compagnies ayant acheté à prix bradé des
Source : Arkfield blocs vendus par des Etats ou par les Etats eux-mêmes pour estimer le
potentiel énergétique de leurs sols. La mesure est faite avec un petit navire ayant un ou deux canons et ne
remorquant qu’un seul streamer. Cette activité, la toute première dans la chaine d’exploration, reste
prometteuse puisqu’il reste encore de nombreuses régions offshores n’ayant encore jamais été sondées ou
l’ayant été il y a trop longtemps pour les considérer définitivement comme inexploitables. Les images
obtenues par la 2D ne permettent pas d’engager des opérations de forage. Ainsi, pour estimer précisément
le potentiel économique d’un site, il est nécessaire d’engager des campagnes 3D.

- 3D (3 Dimensions) : l’objectif ici est d’obtenir une modélisation en


trois dimensions pour avoir une image complète et précise du volume d’un
réservoir et de la position dans l’espace de ses parois périphériques. Ces
mesures sont les plus répandues et les plus vendues par les grosses
compagnies de géophysique puisqu’elles sont indispensables pour Source : IEDA
43
engager des opérations de forage . Cette mesure a été utilisée à partir de
la fin des années 80 et a permis d’améliorer considérablement les qualités de l’image, réduisant fortement
les risques de puits secs44.

- 4D (4 Dimensions) : l’objectif ici est d’imager une zone déjà enregistrée pour connaitre l’évolution des

43
Voir Annexe 8 : Répartition des types de campagnes sismiques marines en 2013
44
Voir 2.3.2 Impact de l’innovation en acquisition et en informatique sur les capacités de production offshore

15 | P a g e
réserves pendant leur extraction. En plus de la notion de volume offerte par la 3D, on prend en compte une
quatrième dimension qu’est le temps. Le navire et le gréement devront se positionner et être programmés de
la même manière qu’ils l’étaient lors d’une mesure antérieure sur la même zone. Le but est de refaire une
mesure pour la comparer à l’ancienne avec une technologie plus récente après avoir exploité un réservoir
pendant un certain temps45. Le défi technologique est d’arriver à donner une position précise au gréement
(angle, profondeur, séparation) dans des conditions de navigation différentes de celles vécues lors de la
mesure antérieure46. Il faudra donc suivre une vitesse précise avec une disposition particulière du gréement,
ce qui peut devenir délicat lorsque le courant ou l’état de la mer oblige le déploiement de plus de puissance
propulsive et perturbent la stabilité du gréement. Le marin doit être en mesure de se familiariser avec les
outils de navigation propres à l’acquisition géophysique pour assurer la réussite de la manœuvre.

- HD3D et HD4D (Haute Définition en 3 Dimensions ou en 4 Dimensions) : pour ces missions, les
streamers sont rapprochés au maximum (jusqu’à 50m de séparation). Cela permet une meilleure précision
de mesure mais limite la largeur du gréement, donc la surface couverte en un temps donné. Le seuil de
tolérance du gréement aux conditions météorologiques est dégradé puisque la tenue de la séparation des
streamers est plus fragile. Ces missions sont donc essentiellement dédiées à des surfaces très restreintes
pour confirmer des informations déjà acquises avec des moyens moins performants avant d’engager le
forage.

Tous ces modèles d’acquisition nécessitent d’avoir, en aval, des moyens informatiques suffisamment
performants pour faire ressortir des mesures une information la plus précise et la plus juste possible. Mais
pour en arriver là, le travail d’acquisition demande de combiner une technologie de pointe qu’est la
géophysique avec une industrie en développement qu’est le maritime.

1.3.2 Le défi maritime des prestations sismiques

Les clients demandeurs d’informations sismiques adressent des niveaux d’exigence de plus en plus
élevés en termes de précision et d’efficacité. Les compagnies sismiques doivent donc répondre à ces
exigences tout en adaptant leurs technologies d’acquisition et la conception de leurs navires pour leur
permettre d’opérer dans des régions aux conditions de travail différentes (météorologie, règlementations
fiscale et environnementale, trafic maritime) et selon la nature des fonds 47. D’un point de vue maritime, le
navire doit pouvoir suivre une route et maintenir une vitesse précise (au mètre près et à 0,01 nœud près).
Les systèmes de régulation de la vitesse et de la route sont semblables à ceux utilisés pour le
positionnement dynamique, la différence vient du fait que le navire doit suivre une ligne et non maintenir une
position fixe. De plus, le navire n’est pas libre de ses mouvements puisque les streamers et les câbles
d’écartement du gréement peuvent lui infliger des forces de traction longitudinales et transversales de
plusieurs dizaines de tonnes. Les marins en charge de la conduite du navire doivent considérer ces

45
L’objectif est aussi d’ordre sécuritaire. Il est arrivé que la cadence d’extraction soit trop rapide et que le débit de gaz injecté dans le
réservoir ne soit pas suffisant, entrainant un affaissement du sol sur un rayon de 20km autour de la plateforme. Le résultat d’une mesure 4D
sera indispensable dans la définition de la cadence d’extraction pour les années qui suivront.
46
La tenue de la profondeur et de l’angle des cables par rapport à la ligne d’acquisition (le crab angle, généré par des courants de cisaillement)
sont les principales difficultés de cette opération.
47
Voir Annexe 9 : Représentation géographique des sous-sols en fonction des sites d’exploration en eau profonde

16 | P a g e
éléments pour assurer la sécurité et la fiabilité des opérations, nous verrons, pour chacune des méthodes
d’acquisition, quelle est la nature de cette considération particulière.

- Narrow Azymuth Towed Streamers (NAZ ou NATS) : c’est la


technologie la plus utilisée car la plus simple. C’est aussi la solution la
moins chère puisqu’elle ne monopolise qu’un seul navire 48 . Le navire
remorque la source et les streamers en même temps. Cette disposition peut

Source : PGS
poser des problèmes d’ordre géophysique puisque la position de la source
n’est pas largement modifiable49. De plus, un seul navire ne peut pas couvrir
une surface très importante, le maximum étant de 24 streamers pour 12km de long, soit 12,2 km², pour les
navires de la classe Ramform Titan de PGS50.

- Wide-Azymuth Towed Streamers (WAZ ou WATS) : C’est une


mesure mobilisant jusqu’à 6 navires (4 bateaux sources et 2 bateaux
d’acquisition). Elle a été conçue pour explorer sous d’épaisses couches de
sel grâce au positionnement décalé de la source par rapport au bateau
acquisiteur. Cette méthode a l’avantage d’élargir la surface couverte par les
Source : CGG
streamers et de pouvoir améliorer l’image, mais son gros inconvénient est
son coût opérationnel important, lié au grand nombre de navires impliqués. De ce fait, seules les campagnes
multi-clients utilisent cette méthode 51. Cette technologie a été initiée par CGG en 2004 dans le Golf du
Mexique52. La complexité de l’opération est importante puisqu’il faut synchroniser la route et la vitesse de
plusieurs navires au mètre et au centième de nœud près. En plus du coût opérationnel, le degré de fiabilité
est très dégradé, puisqu’il suffit qu’un seul des navires du convoi ait un problème sur son système de
navigation, sur sa propulsion ou sur son gréement pour engendrer l’annulation de la séquence d’acquisition,
soit une demi-journée de travail53. Enfin, l’encombrement du convoi est tel qu’il ne peut opérer dans des
zones contenant beaucoup d’obstacles comme les régions à fort trafic ou à forte densité d’installations
offshores. Autrement dit, le nombre d’éléments critiques est considérable.

- Multi-Azymuth (MAZ) ou Rich-azymuth (RAZ): Cette méthode consiste


à faire plusieurs passages de type NATS ou WATS sur une même zone sous
plusieurs angles. Les données sont plus précises parce que plus denses à un
point particulier (généralement le point de forage prévu). Cette opération peut
aussi être utilisée pour mesurer au plus près sous un obstacle en passant avec
différents azimuts autour de celui-ci, l’objectif est similaire à l’undershooting. La
Source : Schlumberger

48
Le marché s’est établi en 2013 autour des 300 000 $/jour pour une opération 3D de ce type [Mc BARNET. How the seismic map is changing.
2013 p.31].
49
Pour améliorer la qualité de l’acquisition, il peut parfois, selon la nature des fonds, être nécessaire de déplacer la position de la source par
rapport aux streamers. Cela est possible seulement si la source est séparée du navire d’acquisition, ce qui n’est pas le cas en NAZ.
50
Voir 2.2.3 Des stratégies industrielles à deux niveaux
51
Voir 2.2.1 Les prestation des compagnies sismiques
52
[BP. Marine seismic imaging. 2014]
53
Le coût journalier des mission Wide Azymuth dépend de beaucoup de facteur, ne rendant pas possible l’établissement d’une valeur
moyenne de référence. Pour avoir un ordre d’idée, ces missions tournent entre 500 000 et 1 million de dollars par jour.

17 | P a g e
contrainte majeure de cette opération réside dans le traitement informatique des données relevées puisqu’il
faut réussir à superposer des mesures prises avec un angle différent du navire et du gréement pour obtenir
un volume en 3D.

- Full-Azimuth (FAZ) : Développé depuis 2008 par Westerngeco, cette


méthode consiste à effectuer des tracés circulaires (Coil shootings) pour
obtenir des résultats similaires au Wide-Azimuth avec seulement un navire54.
Une autre méthode, mise en œuvre pour obtenir des informations plus
précises sur des surfaces couvertes par une couche de sel, ou un élément
Source : Schlumberger caché par une couche de gaz, consiste à pratiquer le même type tracé avec
deux navires d’acquisition et deux bateaux sources (Dual Coil Shooting), l’objectif est d’apporter une densité
2,5 fois plus importante que le Wide-Azymuth classique55. Le problème de cette technique réside dans la
capacité des systèmes informatiques à transcrire les mesures en images exploitables à cause des bruits et
de la géométrie complexe du dispositif. Ainsi, Schlumberger a du mal à commercialiser cette prestation, au
profit de la technologie StagSeis de CGG.

Source : CGG - Undershooting : Cette manœuvre monopolise un bateau source et un


bateau récepteur. Elle permet d’acquérir des données sous un obstacle, là où
un navire seul ne peut passer (plate-forme, FPSO, etc.). Chacun passe de son
coté et les ondes réfléchissent juste en dessous de l’obstacle. Cette
manœuvre est particulièrement délicate puisqu’elle fait passer le gréement
(pouvant faire plus de 10km de long) à 100m de l’installation fixe. La moindre
collision entre l’installation offshore et le gréement peut très rapidement avoir
des conséquences financières et environnementales phénoménales. Aussi, le bateau source est piloté en
cap et vitesse à distance par le système de navigation du navire acquéreur. Dans ce genre d’opération à
haut risque, le personnel maritime (officier chef de quart et commandant) sont responsable du bon
fonctionnement des systèmes de navigation, ce qui nécessite pour eux d’avoir pleinement connaissance des
procédures appliquées et des solutions d’urgence applicable en cas de problème quelconque 56.

- Broadband : cette technologie lancée en 2011 consiste à réduire les bruits de surface et à élargir la
bande de fréquences. Les streamers se positionnent à un angle particulier par rapport à la surface de l’eau
et les canons déclenchent l’explosion sonore de manière décalée pour étouffer la réflexion du son à la
surface de l’eau. Elle donne une image plus précise de certaines couches géologiques puisqu’au lieu de
filtrer les ondes non désirées à l’aide de programmes informatiques, l’absorbation des ondes perturbatrices
se fait physiquement lors de la mesure. Chaque compagnie a sa propre technologie, toutes basées sur le
même principe général : BroadSeis et BoradBand pour CGG, IsoMetrix, DisCover et ObliQ pour
WesterGeco, et GeoStreamer pour PGS

54
[TAYLOR, HILL, KAPOOR, MOLDOVEANU. Full azimuth : realizing the benefit. 2009]
55
[SCHLUMBERGER. Dual coil shooting multivessel Full-Azimuth acquisition. 2015]
56
Ces opérations demandent vraiment aux marins d’être parfaitement familiarisés avec les procédures propres à la compagnie sismique,
pouvant avoir une philosophie assez différente de celles habituellement rencontrée dans l’industrie maritime classique. Voir 3.3.1
Elargissement du domaine de compétence des marins

18 | P a g e
- StagSeis : développé en 2012 par CGG, c’est une amélioration de la
technique Wide-Azimuth. Les navires sont décalés longitudinalement afin
d’augmenter la bande de fréquences, notamment les basses fréquences qui
permettent une exploration en profondeur. Il s’agit de la dernière grande
évolution technologique qui permettra de répondre aux exigences des
compagnies pétrolières en termes de fiabilité. Tout comme le WAZ, cette
Source : CGG
méthode ne peut se faire que dans le cadre de campagnes multi-clients.

Source : Abu Dhabi Oil Corp.


- Ocean Bottom Cables et Ocean
Bottome Nodes (OBC et OBN)57 : cette
technique consiste en la mise en place
de câbles (pour l’OBC) ou de capteurs
sur batterie (pour l’OBN) fixés au fond de
l’eau. Le son est généré par un bateau
source qui navigue au dessus de ces
câbles, un autre navire est connecté aux
câbles pour récupérer les informations
sismiques. Le retour du son est directement récupéré à la surface du sol sans avoir à traverser l’eau salée,
limitant les perturbations liées à l’eau. L’objectif est de pouvoir récupérer plus facilement les ondes
réfractaires, utiles à la détermination de la densité des sols. Ce dispositif est le plus fréquemment utilisé
dans des zones dites de transitions ou de shallow-water, là où de gros navires 3D ne peuvent naviguer. Mais
l’application en eau profonde est en développement grâce au développement de la technologie des ROV.
L’avantage majeur est de pouvoir faire des mesures sous des azymth très différents, mais l’inconvénient est
que la surface couverte ne peut être importante seulement si l’installation est posée pour une longue période
pour des questions économiques, à l’image de ce qui sera prochainement installé sur le champ en eaux-
profondes brésilien Lula. Les grands avantages de cette technique sont qu’il est possible de déplacer la
source par rapport aux éléments d’acquisition (on apporte un « offset » entre l’émetteur et le récepteur), on
peut aussi améliorer la précision de la mesure grâce aux géophones orthogonaux 58. FairFieldNodal est un
des leaders du marché avec une flotte de 6 navires sismique et un navire ROV 59, nécessaire à la pose des
capteurs. Le seuil de précision atteint est tel que cette activité est prometteuse, il ne manque plus que
d’avoir les financements et les besoins nécessaires.

1.3.3 Les caractéristiques d’un gréement et les besoins maritimes qui en découlent

On se base sur quatre critères principaux pour illustrer la nature d’un gréement60 :
- La longueur (jusqu’à 12 km pour la 3D) : plus les câbles sont longs, plus les micros qu’ils logent seront
éloignés de la source et donc récupèreront les ondes sur une bande de fréquences larges (celles ayant la

57
[FRMYR. Acquisition of Multi-component seafloor seismic. 2014]
58
Cette technique, proche de celle utilisée pour l’acquisition terrestre, nécessite parfois la mise en place de composants supplémentaires,
c’est la technologie 4C (quatre composants) : les câbles sont composés d’un hydrophone classique et trois géophones orientés
orthogonalement. Cela permet de capter les ondes de cisaillement, révélatrices des caractéristiques du fluide contenu dans le réservoir. [CGG.
Multicomponent. 2010]
59
[FAIRFIELDNODAL. Fleet. 2015]
60
Voir Annexe 10 : Composition du gréement d’un navire sismique

19 | P a g e
plus grande portée). La longueur des câbles est donc généralement image de la profondeur maximum
explorable. Bien entendu, plus les câbles sont longs, plus l’encombrement du gréement sur l’eau est
contraignant aux yeux des navires aux alentours. Le travail des officiers chefs de quart en passerelle et des
navires de garde est alors rendue plus délicat. Une autre limite liée à la longueur des câbles est la tension
sur ces câbles au point de tir, ainsi que la puissance propulsive nécessaire à la traction, puisque la force
résistante de frottement des câbles et des auxiliaires de positionnement est plus grande.
- La largeur (plus d’un kilomètre) : plus la distance entre les deux câbles aux extrémités est grande, plus
la couverture est grande, donc la productivité améliorée. C'est-à-dire que pour une même surface à
prospecter, le navire aura moins de passages à faire, la mission sera exécutée plus rapidement. Seulement,
l’énergie nécessaire à l’écartement des streamers augmente avec la largeur, donc le navire doit être capable
de fournir la puissance suffisante. Cette largeur va de paire avec le nombre de streamers et donc la
séparation qui leur est apportée, plus la séparation est faible, plus la mesure est dense et plus la
manœuvrabilité du gréement est dégradée (faible vitesse de rotation et vulnérabilité face à la houle).
- Le nombre de streamers (jusqu’à 24) : le nombre de streamers complète et boucle la combinaison de
critères fixant les limites opérationnelles du navire tractant le gréement. Le nombre de streamers va
influencer sur la conception du navire, qui devra avoir une largeur, une plage de manœuvre arrière et une
capacité de stockage sur treuille adaptés. Le coût d’exploitation varie aussi, puisque la force nécessaire à
l’écartement et à la traction des câbles engendrent une augmentation de la force propulsive, donc de la
consommation en carburant. Enfin, un streamer de 10km coutant de 2 à 2,5 millions de dollars,
l’augmentation du nombre de streamer fait rapidement augmenter le prix du gréement et de son maintient en
état.
- La source : on caractérise la source (les canons) par son débit d’air. L’efficacité de l’explosion
dépendra de ce débit et du design des canons. Généralement, pour une mesure 3D, le gréement dispose de
6 batteries de canons tirant de manière alternative 61 . Les mécaniciens en charge de la production d’air
doivent fournir un débit continu et une qualité d’air – pauvre en eau et en particules – suffisants pour que la
temporisation des explosions soit la plus précise possible. L’installation du bord doit être en mesure d’étaler
ce débit de consommation d’air, donc avoir des compresseurs et une puissance électrique dimensionnés en
conséquence. Ces canons débitent autour des 120 m3/min de l’air à 140 bars, émettant un son vertical
d’environ 250 dB62. Sachant qu’un avion au décollage émet un bruit de 140 dB, le bruit de ces canons a un
impact toujours méconnu sur la faune sous-marine63.

Bon nombre de navires sismiques d’ancienne génération sont des bâtiments reconvertis. Certains
étaient des câbliers, d’autres des chalutiers ou des PSV. Les caractéristiques techniques essentielles qu’un
navire doit avoir sont la fiabilité64, la puissance65, l’autonomie66 et la capacité d’accueil d’équipage important.

61
L’alternance consiste à une percutions d’une batterie de canons (généralement 3 Arrays sur les 6 déployés) puis, quelques secondes plus
tard (5 à 10 secondes selon la vitesse fond), l’autre batterie percute à son tour. On appelle ce procédé le flip-flop, il permet de laisser le temps
aux canons de se réarmer.
62
[AUSTRALIAN GOVERNMENT. EPBC Act Policy Statement 2.1. 2008 p. 2]
63
Dans certaines régions, les navires sismiques sont obligés d’embarquer des spécialistes de la faune marine (Marine Mammal Observers).
Avant de commencer une ligne d’acquisition, une procédure de Soft Start est lancée, les canons tirent avec moins de puissance qu’en
condition nominale pour faire fuir les animaux avant le début des opérations. Si un animal s’approche à moins de 600 mètres des canons, ils
doivent être répertoriés. S’il s’approche à moins de 100m, les tirs doivent cesser en attendant qu’il quitte la zone. Ces procédures diffèrent
selon les régions [New Zealand Departement Of Conservation. 2013 Code of Conduct. 2013 p. 18].
64
La notion de fiabilité représente une succession de facteurs interdépendants disposés en cascade. Il suffit que l’un de ces facteurs fasse
défaut pour que le navire ne puisse plus produire. Une quantité importante d’éléments seront alors considérés comme « critiques » pour
l’acquisition. Ces éléments sont du domaine de la propulsion, de la direction, de la production d’électricité, de la production d’air pour les

20 | P a g e
Plus concrètement, ces navires peuvent rester plusieurs années en mission sans toucher terre67 , doivent
supporter des conditions météorologiques difficiles tout en maintenant leur puissance de traction proche du
maximum et doivent être capables d’accueillir 60 à 80 personnes.

1.3.4 Les caractéristiques financières d’un navire et de son exploitation

L’expédition sismique est loin d’être l’opération la plus onéreuse dans le processus de mise en place
d’un site de production68. Pourtant, aux yeux des coûts journaliers de location habituels rencontrés dans la
marine marchande classique, les navires sismiques ont un coût opérationnel très important 69.
Il existe deux coûts, le coût d’exploitation qui représente les frais nécessaires à la conduite des
opérations (carburant, logistique, salaires, assurances, taxes, équipements, etc.), et le coût de location
correspondant au loyer que paie le client. Ce dernier dépendra essentiellement de la nature de la mission et
du prix du marché de ce navire en fonction de son potentiel commercial (fiabilité, statistiques QHSE,
efficacité, etc.). La différence entre ces deux coûts fera la marge de la compagnie sismique.
Les navires sismiques sont équipés d’une grande quantité d’instruments de mesure de pointe. On y
compte les streamers avec tout ce qui gravite autour et à l’intérieur 70 , les canons et leur apparaux de
manœuvre, les serveurs d’enregistrement, les outils de navigation (positionnement, contrôle du navire), les
ordinateurs de traitement et d’imagerie des signaux au format brut. On compte également les moyens de
communication 71 , les structures et équipements d’accueil des hélicoptères, les WorkBoats ou encore le
réseau de gestion de la QHSE. Chacun de ces équipements spécifiques à ce secteur représente de
nombreux travaux de recherche, de contrôle et d’optimisation en amont. Les marins doivent être en mesure
de savoir utiliser une partie d’entre eux puisque leur rôle ne se limite pas aux activités purement maritimes 72.
Un navire sismique neuf avec son équipement coûte jusqu’à 280 M$73 (hors coûts d’emprunt), contre
190 M$ pour les porte-conteneurs E-Class de 18 000 EVP de Maersk 74 . D’un point de vu financier,
l’investissement nécessaire au maintien de la flotte à un niveau opérationnel élevé est particulièrement

canons, de la production de froid pour les serveurs informatiques, du système hydraulique du bord, du système informatique de contrôle des
câbles, du système informatique de contrôle et de traitement de la réception du signal ainsi que des systèmes de navigation et de
télécommunication. Ce haut niveau de fiabilité nécessite d’avoir, à chaque échelon de criticité, un suivi préventif très rigoureux. Cette rigueur
se traduit par la mise en œuvre d’un système qualité et d’une stratégie de maintenance et de stocks particulièrement pointus.
65
La puissance est l’image de la capacité du navire à accumuler une propulsion efficace avec une production d’électricité nécessaire à la
production d’air comprimé pour les canons. Certains navires peuvent être limités en puissance à cause d’un courant fort ou de conditions
météorologiques dégradée. Le navire doit parfois fournir une puissance propulsive très forte pour maintenir la vitesse fond souhaité pour la
mesure.
66
L’autonomie est nécessaire lorsqu’il est rendu difficile d’être approvisionné fréquemment à cause des conditions météorologiques ou
logistiques. Les navires doivent être autonomes en carburant, en vivre et en pièce de rechange. C’est une particularité de plus à associer aux
navires sismique que les équipages doivent gérer.
67
[VAZQUEZ-GRACIA. A client-contractor partnership and new seismic technology help Pemex achieve effective deepwater E&P. 2013 p. 155]
68
Voir Annexe 11 : Répartition des coûts d’exploitation des navires sismique et leur évolution depuis 2003
69
En effet, un coût d’affrètement d’un VLCC tourne autour des 20 000$/j [UNCTAD. Review of maritime Transport. 2013 p.73], celui du
Marco Polo de la CMA-CGM à 50 000$/j [GARNIER. Le Marco-Polo, plus grand porte-conteneurs du monde et français. 2013], alors qu’un navire
sismique 3D tourne autour des 300 000$/j sur les meilleurs contrats [Mc BARNET. How The sismic map is changing. 2013 p.31].
70
Pour exemple, un streamer de type Sentinel Seal 2Hz de Sercel d’une longueur de 8km procède 35 birds (contrôleurs verticaux), 20 DigiFins
(contrôleurs latéraux), 45 acoustics (émetteurs de positionnement), une Tail Buoy (bouée de queue) et environ 650 microphones. Ainsi, pour
un gréement complet de 12 streamers, la mise à l’eau durera environ une centaine d’heures puisque ces 1200 éléments devront être fixés
manuellement sur les streamers. (Source : CGG)
71
Les données sont transférées presque au jour le jour à terre pour analyse rapide. Les experts de terre peuvent demander à répéter une
mesure si besoin
72
Pour exemple, les marins sont en charge, en plus des activités maritimes classiques appliqués à un personnel « non marin », des opérations
hélicoptère, des opérations de ravitaillement, des apparaux de levage ou encore des opérations WorkBoat puisque certains Coxwain (la
personne en charge du ou des WorkBoat(s)) peuvent être des officiers ou des employés de la compagnie sismique. Le commandant étant
responsable de la supervision de l’ensemble de ces opérations.
73
Les Ranform Titan-class de PGS couteront environ 285 M$, contre 250M$ pour les Amazon-Class de Westerngeco [OFFSHORE ENERGY
TODAY. PGS Signs Loa Deals to finance Ramform Titans. 2012]
74
[SHIP-TECHNOLOGY. Triple-E Class Container Ships, Danemark. 2014]

21 | P a g e
important par rapport aux navires plus « classiques ».
Actuellement, le marché tend vers une augmentation des capacités opérationnelles par unité, cela se
traduit par l’armement de navires de plus en plus performants, donc plus innovants et plus chers. Du fait de
l’engagement de lourds investissements pour garder un bon niveau de performance des navires, les
possibilités de modulation de la flotte d’une compagnie se restreignent et chaque engagement financier
devient de plus en plus pesants avec un besoin de définition d’objectifs commerciaux strictes, ceci nécessite
une stratégie particulièrement prudente en comparaison avec d’autres secteurs maritimes. La visibilité du
marché, très souvent dégradée, devient alors un critère déterminant dans le comportement des acteurs.
Un risque majeur est également à considérer dans les stratégies de gestion et d’investissement, c’est le
risque de « crash » d’un équipement. Chaque gréement valant plusieurs dizaines de millions de dollars,
lorsque celui-ci est perdu ou partiellement détruit, la perte de valeur du patrimoine mobilier de l’entreprise est
lourdement et brutalement amputée. Or, ce risque étant loin d’être nul, il amplifie davantage le coût de
fonctionnement de telles installations par les frais d’assurance, de réparation et d’immobilisation.

L’industrie offshore, et en particulier la prospection sismique, est un secteur complexe par sa dimension
et par les enjeux qu’elle développe. Le savoir faire maritime de qualité est indispensable à la bonne conduite
de cette industrie « haut-de-gamme », il a le rôle de fiabilisation des investissements par la maitrise des
risques. Pour autant, l’intégration de ces compétences de grande valeur dans un système économique
complexe ne leur assure pas forcément la réussite. Alors de quoi celle-ci dépend-elle ?

II. Les relations d’interdépendance entre la sismique marine et le reste


du milieu pétrolier

On l’a vu, le marché pétrolier est un vaste champ d’activités mêlant de nombreux secteurs ayant chacun
leurs spécificités. Au sein de ce système, on retrouve une série d’affrontements commerciaux, politiques ou
technologiques qui font vivre un réseau d’inter-influence très dense et délicat à déchiffrer dans sa globalité. Il
semble bien ambitieux d’essayer de synthétiser ces mécanismes dans une modeste étude académique.
L’idée ici sera de comprendre une partie de ces influences en centrant l’étude sur un marché en particulier,
très lié au milieu maritime : l’acquisition sismique. Après avoir visualisé les influences extérieures, nous
définirons la place de ce marché au sein de ce système pétrolier. Nous verrons ainsi que ces influences
dictent l’orientation identitaire de l’industrie sismique, ce qui permettra de comprendre pourquoi ce marché
se comporte-t-il ainsi et pourquoi traite-t-il ses relations commerciales avec le monde maritime comme il le
fait.

2.1 L’intégration des acteurs de l’Exploration & Production au sein


d’un système global et complexe en évolution permanente : le
marché pétrolier

Qui mieux que le prix peut juger de la valeur d’un produit ? Les néoclassiques, et leurs frères façonneurs
de l’idée du laisser-faire, ont banni des débats économique les incrédules attachés à la régulation, de peur

22 | P a g e
de les voir freiner le flottement naturel de tous les prix qu’ils estimaient rationnels. Le monde a accepté de se
faire diriger par des lois primitives que les marchés exécutent. Ces mêmes marchés ont globalisés le risque
tout en le considérant faible, ils ont piloté chaque secteur de notre économie réelle en échange d’une
exposition aux dangers systémiques, que seule une crise permet de mesurer. Au cœur de ce mécanisme de
libéralisation aveugle, tout le système économique s’est fait dompté par les humeurs hasardeuses d’un
produit prépondérant que les marchés pilotent : le pétrole.
Les produits pétroliers sont considérés comme étant une source d’énergie des plus commodes à
transporter et à consommer, les acteurs chargés de réguler leurs productions et leurs distributions restent
pourtant vulnérables. Le prix du pétrole, valeur primaire de référence pour l’évaluation du contexte
conjoncturel du secteur et déterminant le comportement des acteurs qui l’entour 75 , est en évolution
permanente76. Comme tous les prix, il est tiraillé entre une demande et une offre dans un système plus ou
moins borné ou libéralisé. Pour définir le contexte dans lequel les marchés parapétroliers s’inscrivent, il
convient de comprendre pourquoi le prix du pétrole, élément de référence, évolue-t-il ainsi. D’où proviennent
les facteurs influençant ces variations plus ou moins brutales ?

2.1.1 Une demande inélastique

Du coté de la demande, le pétrole a la grande particularité d’être exceptionnellement globalisé. C'est-à-


dire que non seulement il est consommé dans le monde entier, mais il est un produit indispensable à la
bonne conduite de l’économie de chaque pays. Il est l’un des nutriments vital de chaque économie, et il le
restera tant qu’aucune autre énergie de substitut n’aura atteint un tel niveau de commodité et de
compétitivité 77 . Il va donc avoir une place de marque eu sein de tous les échanges commerciaux, des
négociations diplomatiques, des engagements politiques ou encore des stratégies économiques privées et
étatiques. Il est au cœur de chaque discussion locale ou internationale en rapport avec les problématiques
énergétiques. Un tel niveau de globalisation contraint cette demande à être très inélastique, car l’adaptation
du consommateur à un produit cher ne peut se faire que si celui-ci est substituable avec un produit
semblable et moins cher 78 . C'est-à-dire que même une variation forte des prix ne suffira par à changer
rapidement et amplement le comportement de la demande à court terme. Cette intégration systématique et
systémique rend la demande de pétrole directement dépendante de l’évolution de la conjoncture macro-
économique mondiale ainsi que de la situation géopolitique des zones sensibles.
Une des caractéristiques d’un produit sur un marché est sa capacité à s’adapter aux flux. Une variation
de la consommation, qu’elle soit due à une variation des besoins ou du prix, doit pouvoir être lissée par le
stockage 79 . Encore une fois, le pétrole a l’avantage, par rapport aux autres énergies comme le gaz ou

75
Plus de 60% des acteurs de l’E&P considèrent que le prix du pétrole est déterminant dans le comportement du marché [BARCLAYS. Global
2014 E&P Spending Outlook. 2013 p. 21]
76
Voir Annexe 12 : Evolution du prix du pétrole depuis 1861 en monnaie courante et constante
77
Voir 3.1.3 L’assurance d’une domination durable du pétrole sur les autres énergies, à condition de renouveler les ressources exploitables :
une perspective de long terme
78
64% du pétrole produit dans le monde est dédié au transport, et le pétrole représente 93% des énergies primaires fournissant le secteur
du transport. [IEA. World Final Consumption. 2012]Ce secteur, principal débouché du pétrole, est donc incapable de s’adapter à une variation
du prix par manque de solution de substitue. [COPINSCHI. Le pétrole, une ressource stratégique. 2012 p. 21].
79
On considère ici que le stockage du brut est à la frontière entre l’offre et la demande. Car, d’un point de vu micro-économique, cette étape se
situe au même niveau que le processus de détermination du prix. Elle représente le tampon indispensable pour ne pas voir le prix vaciller
incessamment. D’autres capacités de stockage existent en aval du raffinage, il se situe dans les équipements de transport (camions, navires),
les citernes, les centres de distribution voir directement dans les réserves des consommateurs. Ces petites capacités de stockage font aussi
office de zone tampon, mais on considère qu’elle travaille essentiellement à la régulation de flux propres au downstream et n’a pas d’influence

23 | P a g e
l’électricité, de pouvoir être stocké facilement, rapidement et n’importe où 80. Mais l’ampleur du marché est
telle que les capacités de stockage deviennent très vite insuffisantes pour palier à une évolution durable du
déséquilibre consommation/production à l’échelle mondiale. La surveillance de l’état des stocks mondiaux
permet une prévision très facile de la perspective d’évolution du prix du brut à moyen terme81. Cette zone
tampon étant très maigre et elle est une source de volatilité des prix sur un marché pourtant extrêmement
volumineux.

2.1.2 Une offre incertaine

A l’inverse, l’offre de pétrole peut évoluer rapidement et de manière imprévisible. Non pas qu’il est facile
de mettre en place de nombreux sites de production rapidement, mais il est facile de réguler leur débit de
production et de distribution. C’est le rôle habituel de l’OPEP de réguler, presque au jour le jour, l’offre
mondiale ; le transport maritime se chargeant de réguler les changements géographiques des besoins. Sans
cet ajustement rapide et ample de l’offre, en plus des problèmes liés à la demande, la moindre crise de
production, même locale, perturberait brutalement la stabilité du prix. On parle alors de lissage à court terme
des déséquilibres offre/demande, mais elle ne suffit pas à apaiser les esprits quant aux risques d’instabilités
sur des échéances plus longues.
Le pétrole est aussi une aubaine économique et parfois un confort politique extraordinaire pour chacun
des pays qui a les moyens d’en produire 82 . C’est pourquoi, même si certaines ententes multilatérales
existent, chaque pays est tout à fait libre d’imposer au marché son taux de production83.
Un autre facteur d’imprévisibilité reste le risque de conflit dans une région productrice. On l’a vu, la
globalisation de la consommation de pétrole et son intégration au cœur de chaque secteur économique dans
chaque pays fait de ce produit un élément critique allant jusqu’à faire parti des risques pour la sécurité
nationale. Cette caractéristique justifie l’investissement massif des pays importateurs dans la sécurisation
militaire ou diplomatique des régions productrices et transitaires. Car du fait de l’inélasticité de la demande,
la moindre perturbation de l’offre, à cause de conflits locaux pouvant dégrader les capacités de production,
peut faire flamber les prix. De tels évènements, lorsque la contagion se globalise, plombent
systématiquement les économies des pays importateurs, à l’image de la crise du début des années 1980.

2.1.3 Un prix parfois déconnecté des fondamentaux

« Dans l’énergie – tout comme pour la plupart des marchés de matière première – on fait référence aux
fondamentaux pour expliquer des divergences entre prévisions et réalité, car le prix objectif n’est que

très forte sur le reste du système (variation de cadence du raffinage, variation brutale de consommation lors d’une vague de froid, etc.).
L’existence de cette seconde zone tampon explique le retard constaté entre l’évolution du prix du brut et l’évolution du prix à la pompe.
80
Voir 2.1.5 Les spécificités du gaz
81
Lors du contre choc de 2015, la division du prix par deux « s’est faite sur la base d’un surplus d’offre de 1 à 2% seulement » [ALBERT. Shell
va réduire ses investissements. 2015].
82
Lors des épisodes de révolutions arabes en 2011, l’Arabie Saoudite a injecté 130 milliards de dollars dans ses dépenses publiques pour
éviter la contagion, [BEZAT. L’Arabie Saoudite devrait maintenir sa politique pétrolière. 2015].
83
Généralement, l’influence d’un seul pays ne suffit pas à déstabiliser complètement le marché, sauf lorsque l’OPEP, pour des raisons
géopolitiques, ne veut plus jouer son rôle de régulateur et que ce fameux pays a les moyens de ses ambitions. Les cas de rupture du contrat
tacite entre l’OPEP et le reste du monde ont souvent été la source de crises économiques mondiales majeures comme en 1973, en 1986
[GATELY. Lessons from the 1986 Oil price Collapse. 1986] ou en 2015 (Voir 3.1.1 2015, le contre choc).

24 | P a g e
rarement atteint par le marché »84. La globalisation du marché pétrolier ne se limite pas à l’étalement du
commerce qui le fait vivre mais s’intègre aussi dans la sphère financière. Cette intégration se traduit par des
risques de perturbation irrationnel des prix, soit dans le sens des fondamentaux du marché mais sous forme
amplifiée (cas courant lors d’une baisse rapide des prix), soit dans un sens indépendant des fondamentaux
faisant perdre les repères d’équilibre du marché (cas courant lors d’une hausse spéculative sous forme de
bulle)85. Autrement dit, la financiarisation de ce commerce introduit non seulement de l’instabilité mais peut
aussi amener le prix hors de son état d’équilibre naturel. Cette perte de repère est très préjudiciable aux
acteurs du marché – tant du coté des consommateurs que des producteurs – puisqu’elle dégrade
considérablement la visibilité des investisseurs et bride l’audace économique, tous deux indispensables à la
conduite de grands projets industriels.
Le secteur pétrolier est particulièrement exposé à l’irrationalité des marchés financiers car,
paradoxalement, il peut être générateur de gros profits. En effet, les marges dégagées par les sociétés
pétrolières et parapétrolières peuvent être insolentes au regard d’autres secteurs. Or, les marchés financiers
sont fervents de tous mouvements de valeur puisqu’ils permettent de dégager des profits sur des échéances
très courtes. Ce phénomène se traduit par une forte volatilité sur le marché actionnarial ainsi qu’un volume
d’échange démesuré sur le marché des matières premières ou des devises86.
Des outils financiers peuvent aider les acteurs de l’économie réelle à se protéger contre cette instabilité
par le biais de la couverture sur le marché des futures (ou à terme). Ces outils de couvertures sont utilisés
par les acteurs exposés aux fluctuations des marchés des matières premières ou des taux de change, ils
permettent essentiellement de lisser les variations brutales et courtes mais ne peuvent pas protéger un
acteur des grosses perturbations cycliques de moyen terme.

2.1.4 Le cycle, un phénomène économique aléatoire

On pourrait associer le terme de cycle à quelque chose de régulier et prévisible. En réalité, en


économie, et particulièrement sur le marché pétrolier, les cycles n’ont rien d’un phénomène linéaire.
On considère le cycle comme étant une succession de phases d’évolutions positives et négatives d’un
marché. A l’échelle du marché pétrolier, par exemple, un cycle peut être initié par une baisse lente de la
demande du fait d’un fléchissement durable de la croissance mondiale. Les prix vont baisser, les
producteurs marginaux cessent leurs activités87 et les prix vont ainsi se stabiliser à leur nouvel équilibre de
marché. Cet état d’équilibre étant bien plus bas que lors de la phase de ralentissement de la croissance
économique mondiale, cette même économie profitera de cette baisse pour doper sa croissance et retrouver

84
[AMIC. L’énergie, à quel prix ? 2006 p. 8]
85
Début février 2015, le Marché, sous le nom commun de sa personne immorale, a considéré que le prix du brut avait atteint son plancher.
Malgré l’augmentation continue des stocks mondiaux, le marché a forcé le prix à la hausse. Est-ce parce que le prix plancher était irréaliste et
n’attendait que l’action des spéculateurs haussiers pour se reloger à son équilibre, ou est-ce juste une nouvelle perturbation exogène au
marché pétrolier ? L’irrationalité des acteurs financiers ne permet pas de fournir l’explication. Des telles variations imprévisibles peuvent
sembler ne pas avoir de conséquence grave sur les acteurs du secteur puisqu’ils sont tous couverts contre les pics d’humeurs financiers. Mais
ce phénomène se retrouve aussi sur les marchés de denrées alimentaires ou de produits destinés à l’artisanat du textile. Dans ces secteurs, la
couverture financière se limite à la patience d’un retour à la stabilité, au prix de la ruine voir de la famine, à l’image des 3 millions de morts en
1943 au Bengale. [BOLIS. La spéculation coupable de la flambée des prix des aliments ? 2012]
86
En 2007, à l’apogée de la financiarisation de l’économie, les marchés financiers ont échangé 63 fois le PIB mondial (soit 3 478 000 G$,
contre seulement 54 000 G$ de PIB). En avril 2013, les échanges sur le marché des devises ont atteint 5 300 G$ par jour, soit 25 fois le PIB
mondial [RIME. The anatomy of the global FX market through the lens of the 2013 Triennial Survey. 2013]
87
Une production est dite marginale lorsque son coût est égal au prix du marché. Si A produit pour 100$ et que B produit pour 90$, lorsque le
marché est à 100$, A est le producteur marginal. Si le prix descend à 90$, A doit cesser son activité puisqu’il n’est plus rentable et B devient
producteur marginal.

25 | P a g e
des niveaux de consommation plus important, faisant remonter les prix jusqu’à faire redémarrer les sites de
production marginaux et retrouver l’état d’équilibre initial du prix.
Un tel scénario semble simple et cohérent. Seulement, au vu de la complexité du marché pétrolier, une
multitude de facteurs vont accentuer l’instabilité de ce processus cyclique en y infligeant une série de
perturbations impulsives. En conséquence, la linéarité du cycle est déstabilisée et déformée de part et
d’autre du système pétrolier. Par exemple, au cours d’une baisse des prix, les producteurs non marginaux
peuvent augmenter leur production pour des raisons économiques ou politiques locales, les marchés
financiers peuvent spéculer à la baisse par simple anticipation intuitive 88, un gros pays consommateur peut
subir une crise économique ou géopolitique forte et tirer davantage la demande vers le bas. Ainsi, au sein de
ce processus cyclique de moyen terme, une superposition de nombreux éléments perturbateurs plus ou
moins liés, locaux ou globaux, déforment et rendent imprévisible l’évolution de ce cycle. Leur influence peut
accentuer ou contrecarrer l’évolution naturelle, écartant ainsi l’équilibre des fondamentaux du marché.
Dans chaque secteur qui dessine la chaine de production/distribution de pétrole, d’autres phénomènes
cycliques s’engagent en cascade à la suite d’une variation des prix du pétrole. Ces phénomènes sectoriels
et non systémiques retardent et perturbent eux-aussi la linéarité du cycle systémique. A l’échelle de l’E&P,
les investisseurs et les acteurs dominants essayent de limiter les perturbations au sein de leurs activités
propres. Dans le cas des entités publiques, la priorité est de ne pas perturber l’équilibre social que leur
économie, majoritairement tournée vers le pétrole, leur donne les moyens d’entretenir 89. Les groupes privés,
comme les compagnies pétrolières intégrées, souvent très exposés aux marchés financiers obligataires et
actionnariaux, doivent maintenir leurs bénéfices à des niveaux attractifs pour limiter la fuite des capitaux
financiers.
Il peut y avoir des réactions retardées du fait du décalage entre l’E&P et le marché pétrolier. En effet, il y
a, dans ce système complexe, des stratégies d’investissement en déphasage. En phase haute de cycle, les
acteurs de l’E&P peuvent engager de gros investissements dans l’innovation et dans la mise en place de
sites de production performants mais à l’amortissement de long terme. Lorsque le cycle repart à la baisse,
les acteurs dominants doivent faire des choix et ces nouveaux actifs ne peuvent s’éroder aussi vite que le
rythme imposé par le marché. Ainsi, les premiers actifs à être réduits sont ceux ayant le moins d’inertie et
pouvant rapidement limiter les pertes de bénéfices pour ne pas frustrer les investisseurs. Stopper la
production ou annuler la construction d’une installation offshore ont un coût d’opportunité démesuré. C’est
alors le secteur de l’Exploration qui sera le premier à subir une baisse d’investissement, la prospection
sismique étant en première ligne90.
A l’inverse, lorsque le creux du cycle est passé, les acteurs dominants veulent profiter de la faiblesse
des prix des services de sous-traitance, tirés vers le bas en période de crise, pour regonfler rapidement leurs
actifs et se préparer à engager de nouveaux investissements dans l’Exploration dès que leurs marges seront
suffisantes. Les investissements en images géologiques étant de long terme, l’intérêt porté en sortie de crise
à ce secteur par les compagnies pétrolières prouve aux marchés qu’ils sont optimistes pour l’avenir de leurs
activités.
On ajoute aux perturbations de cycles les phénomènes de change. Le dollar étant toujours la monnaie la

88
Généralement, la spéculation baissière se traduit par une initiative globale de vente.
89
Voir 3.1.4 Les initiatives nationales, la grande incertitude du marché
90
En revanche, une baisse durable des investissements dans l’exploration peut avoir des conséquences graves sur les capacités de
production à long terme. La hausse progressive du prix du brut au début des années 2000 était principalement due au fait que l’offre n’avait
pas su suivre la demande à cause d’un manque d’investissement dans l’exploration 10 à 15 ans plus tôt, après la chute des cours en 1986.

26 | P a g e
plus échangée sur le FOREX, chaque exposition au dollar entraine une exposition aux variations de change.
En plus d’impacter directement les échanges commerciaux de pétrole brut ou raffiné, ces variations
déstabilisent les activités des sociétés multinationales, malgré l’existence d’outils financiers de couverture
contre la volatilité. Globalement, une entreprise qui produit et/ou achète en euros et vend son service et/ou
ses produits en dollars verra son profit accentué si le dollar s’apprécie face à l’euro. Ainsi, une société
parapétrolière occidentale employant son personnel en zone euro, et achetant ses produits nécessaires à
l’exploitation en euros, est gagnante lorsque l’euro baisse face au dollar 91.

2.1.5 Les spécificités du gaz

Toutes les prédictions de long terme s’accordent à penser que le gaz sera le grand substitut du pétrole
pour les décennies à venir. Même si les techniques d’exploration de ce produit ne diffèrent pas tellement de
celles employées pour le pétrole brut, les difficultés rencontrées lors de la production, du stockage et de la
distribution de celui-ci fait naitre une incertitude quant à la façon dont évoluera son marché.
Le gaz connait une certaine inélasticité de sa demande puisqu’il n’est consommé majoritairement que
dans un seul secteur, le résidentiel 92. L’évolution de sa consommation peut être brutale mais elle se produira
plutôt à cause d’une variation de ses besoins qu’à la suite d’une variation des prix93.
Du coté de l’offre, la fluidification des échanges physiques est beaucoup plus complexe que pour le
pétrole. Le transport par unité mobile (navires, routier ou ferroviaire) est beaucoup plus complexe et couteux,
ce qui implique d’avoir des moyens de transport fixes comme le gazoduc94. Le stockage en grande quantité
est quasi-impossible et ne peut se faire que dans des régions où le niveau technologique est suffisant, à
l’image des problèmes géographiques liés à l’industrie du raffinage.
Ainsi, le gaz ne peut s’exploiter et se commercialiser seulement s’il existe un segment commercial aux
volumes d’échanges suffisamment importants pour que tous les investissements dédiés au transport et aux
unités de stockages soient rentables.
Le gaz accumule alors une contrainte d’inélasticité sur la demande et sur l’offre. Par contre, son
exposition aux marchés financiers globalisés, même si elle s’accentue, est moindre. Car la majorité du
commerce de gaz se fait de gré à gré sur des marchés réglementés.
Dans la réalité, les prix du gaz à l’export sont directement indexés aux prix du pétrole, ce qui donne à ce
marché un caractère très particulier puisque l’évolution de son prix est presque indépendant à ses
fondamentaux et ces mêmes fondamentaux sont bridés sur plusieurs mailles de sa chaine d’exploitation.
Néanmoins, il peut exister des risques d’instabilité propre à des marchés bridés par la règlementation ou la
technologie, et l’attachement aux prix du brut se dégrade au fur et à mesure que le gaz se démocratise. Par
exemple, lorsque le Japon a coupé subrepticement sa production nucléaire en 2011, le prix du gaz en Asie

91
Ce phénomène est connu aussi pour l’ensemble des sociétés produisant en zone euro et exportant leurs produits hors zone euro en les
vendant en dollars comme l’aéronautique ou l’automobile. En revanche, toute société consommatrice de pétrole (toujours échangé en dollars)
et/ou importatrice de produits échangés en dollars, ayant un marché implanté en zone euro, sera perdante en cas de dépréciation de l’euro
face au dollar (cas des compagnies aériennes). Ainsi, l’effet positif d’une baisse du prix du pétrole sur l’économie de la zone euro peut être
atténué par une dépréciation de la monnaie commune.
92
Les autre secteurs n’étant, pour le moment, pas en mesure d’utiliser le gaz comme source d’énergie. Même si, à l’image des progrès dans
l’industrie maritime avec le lancement de ferries ou de PSVs propulsés au gaz, les progrès technologiques devraient modifier la donne. La
règlementation environnementale étant un facteur déterminant. [WINTER GRAUGAARD. LNG as fuel for ship propulsion. 2010].
93
Le plus grande variable d’imprévision est la météorologie. [GRATTAN. Low temps boost natural gas price as oil turns cold. 2014].
94
Voir Annexe 2 : Coût de transport des hydrocarbures

27 | P a g e
s’est brutalement détaché du reste du marché mondial 95.
Le marché du gaz est donc voué à se désolidariser du marché pétrolier avec les avantages de flexibilité
et les inconvénients en terme de volatilité des cours que cela implique.

Au milieu de ce mécanisme de marché aussi vaste que l’économie mondiale, le secteur de la sismique
doit, comme ses homologues du secteur de l’Upstream, s’adapter aux variations des marges, aux pressions
financières et aux contraintes réglementaires internationales ou locales. Quelle est sa position et son degré
d’exposition ?

2.2 Le marché sismique, un secteur exposé

La compréhension de l’avenir de la sismique passe avant tout par une bonne estimation du contexte de
son marché et de sa vulnérabilité par rapport aux éléments qui l’entourent. Au-delà des spécificités
technologiques de ce secteur industriel et de la richesse de son patrimoine immatériel, le marché sismique
connait également quelques particularités qui perturbent sa stabilité micro-économique. Le manque d’inertie,
la pression concurrentielle et l’exposition cyclique, saisonnière et financière sont des handicaps qui rendent
les stratégies d’entreprises complexes.

2.2.1 Les prestations des compagnies sismiques

Avant de détailler quels acteurs sont impliqués sur le marché sismique et comment ceux-ci se
comportent-ils, il convient de définir leurs domaines de compétence. Les compagnies sismiques développent
cinq types d’activités qui définiront leur degré d’intégration96.
- Equipementiers : les trois principales compagnies possèdent une filiale en charge de mener les
recherches et la fabrication des équipements. Sercel pour CGG, GeoStreamer pour PGS et Q-Marine pour
Westerngeco. Ces sociétés sont concurrencées par d’autres entreprises, plus présentes sur les marchés
terrestres et aériens comme ION ou BGP. Elles fournissent en équipement toutes les compagnies ne
possédant pas de filiale fournisseuse d’équipement, notamment pour les grands projets comme les « mega
crew » 97 , qui ont besoin d’une quantité considérable de composants et d’opérateurs. Ces sociétés
développent aussi des logiciels de navigation et de traitement de données sismiques ainsi que l’ensemble
des outils d’acquisition qui composent le gréement98. Malgré l’importance des technologies développées par
ce segement, son chiffre d’affaire ne représente que 10% du marché global de la sismique 99.
- Geophysique : c’est la tranche d’activité qui concerne l’opération d’acquisition, marine comme
terrestre. Certaines compagnies, concurrentes des 3 principales, sont spécialisées dans ce segment
d’activité et vendent leurs données à d’autres sociétés pour le traitement et l’analyse géologique. C’est le
cas de Polarcus et de Dolphin.
- Multi-client : cela consiste en la mise en place de missions d’acquisitions, généralement trop

95
Voir Annexe 13 : Volatilité du prix du gaz depuis 2007
96
Voir Annexe 14 : Organisation du marché sismique selon les prestations et les influences
97
Les « méga crew » sont des projets d’exploration à terre qui nécessite des moyens techniques et humains en très grande quantité. Ces
grands projets, essentiellement effectués au Moyen-Orient et en Sibérie, sont une grande opportunité commerciale pour les équipmentiers.
98
Voir 1.3.3 Les caractéristiques d’un gréement et les besoins maritimes qui en découlent
99
[CGG. Assemblée Générale 2013. 2014]

28 | P a g e
couteuses pour être financées par un seul client, pour lesquelles les données produites ne sont pas sous la
propriété exclusive d’une seule personne. Des compagnies s’allient pour acquérir des connaissances sur de
vastes étendues parfois difficiles d’accès, donc onéreuses100. En pratique, c’est la compagnie sismique elle-
même qui prend l’initiative de lancer une campagne d’acquisition, elle propose à d’autres sociétés de se
joindre à elle et attend d’obtenir de leur part environ 70% du financement total pour démarrer l’opération.
Une fois les données acquises, elles sont mises en vente au sein d’un « catalogue multi-client »101.
- Géologie : C’est l’étape qui suit l’imagerie géophysique. Elle consiste, non seulement à interpréter les
images relevés pour y déchiffrer leur potentiel pétrolier, mais aussi à conseiller les compagnies pétrolières
dans la gestion de leurs réserves exploitées dans le temps. D’autres sociétés spécialisées interviennent sur
ce marché comme TGS ou ION. Fugro Geoscience Division a été racheté par CGG en 2012 dans l’optique
d’élargir son panel de services à la géologie 102, d’où la création de sa filiale GGR (Geology, Geophysic &
Reservoir). Shlumberger a quand à elle déjà une filiale intégrée, le Reservoir Characterization Group.
Certains Majors possèdent aussi des filiales capables d’effectuer des travaux d’imagerie et d’analyse
géologique, mais les compagnies sismiques possèdent la technologie la plus avancée pour travailler sur les
projets les plus complexes.
- Le forage : Seul Schlumberger (maison mère de Westerngeco) – deuxième leader mondial du
parapétrolier103 avec 126.000 employés dans 85 pays 104– a une intégration industrielle aussi large, puisque
cette compagnie offre aussi des services de forage, qui est l’étape finale après l’analyse sismique. En
décembre 2014, Technip avait fait une offre d’achat sur CGG pour élargir son intégrité sur la chaine de
valeur105.
Le suivi de la production fait partie des prestations offertes par les compagnies sismiques intégrées
grâce à la technologie 4D et au segment « géologie », puisqu’ils permettent d’apporter des informations
essentielles à la conduite et à la gestion d’un site déjà en production. Les sociétés les moins intégrées
comme Polarcus ou Dolphin se contentent d’acquérir les données « brutes » au profit d’un contractant ou de
leur librairie multi-client sans les analyser.

2.2.2 La composition du marché sismique et la santé financière de ses acteurs

Le marché de la sismique marine 3D et 4D, c’est une soixantaine de navires se partageant 140
campagnes par an 106 . Il est principalement partagé entre 7 compagnies dont trois ayant une plus forte
influence du fait de leur intégration élargie 107. CGG (Compagnie Générale de Géologie), Schlumberger via sa
filiale Westerngeco et PGS (Petroleum Geo-Services) dominent largement le marché avec 67% de la flotte
3D/4D.

100
Il ne faut pas négliger qu’une grosse part du prix d’achat de données sismiques réside dans l’imagerie informatique.
101
Chaque compagnie de géophysique ou de géologie procède son propre catalogue de données multi-client ouvert. Les missions multi-client
peuvent aider les compagnies à occuper leurs navires pendant les périodes creuses. Par conséquent pendant les phases basses de cycle
conjoncturel, comme celle d’aujourd’hui, les données multi-client disponibles s’accumulent et perdent de la valeur.
102
[PARKER MUSARRA. CGGVeritas announces acquisition of Fugro Geoscience division. 2013]
103
Schlumberger était leader du marché jusqu’au rachat par Halliburton de Baker fin 2014 [SCHEYDER. With Baker Hughes, Halliburton
cements leading North Dakota role. 2014]
104
[SCHLUMBERGER. Corporate Profile. 2014]
105
Une telle fusion aurait permis la création d’un concurrent direct de Shlumbergermais les conditions de vente n’étaient pas réunies,
notamment parce que Technip désirait s’affranchir de la branche acquisition de CGG une fois celle-ci remise sur pied [CHAPERON. Technip
renonce à CGG… pour le moment. 2014].
106
[IFPEN. Les investissements en exploration-production et raffinage. 2014 p. 24]
107
Voir 2.2.3 Des strategies industrielles à deux niveaux

29 | P a g e
Certaines compagnies n’offrent qu’une petite gamme de prestations. Dans ce cas, elles répondent
généralement à des besoins précis comme COSL qui travaille au profit de la compagnie nationale chinoise
CNOOC, ou encore Global Geophysic Services qui ne travaille que sur des projets de type Ocean Bottom
Cable avec une flotte d’une dizaine de navires 108. Les limites de notre étude, portée essentiellement sur les
compagnies impliquées dans l’acquisition marine 3D et 4D, sont justifiées par le fait qu’elles sont
représentatives des particularités structurelles du marché et qu’elles sont les mieux placées pour défendre
une activité industrielle « haut-de-gamme », chère aux pays occidentaux.
Ce qu’il faut comprendre dans cette disposition du marché, c’est d’abord une forte concurrence. Les 5
plus grosses compagnies offrent des prestations semblables malgré quelques disparités, ce qui laisse
l’opportunité aux Majors de mettre sous pression le marché sismique et d’arriver à réduire les coûts
d’exploration109, contrairement à d’autres secteurs de l’offshore aux caractères plus oligopolistiques comme
la pose de pipes. Cette caractéristique concurrentielle est un nouveau critère de difficulté pour les acteurs du
secteur puisqu’elle oblige ceux-ci à devoir répondre à la demande sur un flux tendu et peu inertiel, dégradant
leur visibilité.
Nous jugeront la santé des compagnies sismiques par le biais de l’analyse de chiffres financiers de
référence, de la modernité de leurs navires, de leur degré d’intégration – donc de leur résilience face aux
perturbations cycliques – et des caractéristiques industrielles de leurs flottes110.
Dolphin Geophysical continue de se développer malgré l’environnement très maussade, son chiffre
d’affaire (+79% sur un an à 440 G$ en 2014) est le seul à progresser. Cela est principalement dû à l’arrivée
en flotte de ses nouveaux navires, ce qui implique une explosion de la dette (+122%) et de son taux
d’endettement (+357%). Mais ce dernier étant initialement limité (274% contre 770% en moyenne pour les
« cinq sœurs ») et ses revenus très corrects (+77% du résultat net, +75% de son EBIT, 60% de ROE et
12,4% de marge d’exploitation), cette entreprise a les moyen de continuer d’avancer et a de quoi se protéger
contre la conjoncture très dégradée.
Polarcus subit très fortement la crise de surcapacité. Tout comme Dolphin, sa petitesse le rend fragile et
ses valeurs financières le montrent. Polarcus a déjà joué gros en positionnant sur le marché toute sa flotte
de bateaux neufs entre 2009 et 2012, la conjoncture ne permettant pas d’amortir les investissements
passés, la situation financière de Polarcus est critique. Son activité s’est contracté (-12% de chiffre d’affaire),
ce qui lui a permis de réduire quelque peu sa dette (-5%). Mais la génération de cash est à l’arrêt (-98% de
ROE) et la flotte n’est plus rentable (marge d’exploitation à 1,1%), la réduction de dette est donc très
relative, à l’image de la hausse du taux d’endettement (+3% à 827%, donc plus que la moyenne des
concurrents).
PGS est en pleine évolution car d’ici 2016, la moitié de ses navires 3D aura moins de 6 ans. C’est
probablement la société la mieux placée sur le marché pour grignoter assurément des parts de marché. Un
endettement maitrisé et un résultat net en progrès. Son endettement est très critique (hausse de la dette de
57% et taux d’endettement établi à 1 912%), ce qui ne lui permet pas d’envisager un quelconque
développement dans les années à venir. Malgré tout, sa bonne marge d’exploitation (7,2%) et son bon levier
financier (+85% à x1,5) pourrait lui permettre de passer la crise sans trop de dommage. De plus, le
développement de la Titan Class entraine un élan d’innovation dans la conception marine, puisque ces

108
Offshore mag, Worldwide Seismic Survey Market, mars 2013 [OFFSHORE. Worldwide Seismic Vessel Survey. 2014 p. 52 à 57]
109
Voir 2.2.4 Les relations offre/demande sur le marché sismique
110
Voir le document détaché : Organisation du marché sismique marin pour la flotte de navires 3D et 4D

30 | P a g e
navires de 70 mètres de large pour 104 mètres de long sont capables de tracter jusqu’à 24 streamers sur
12km. Un des risques auquel cette compagnie est exposée est la mauvaise appropriation des prestations de
sa flotte aux futures exigences qualitatives de la demande. En effet, ces navires modernes pourraient pâtir
d’un manque de polyvalence, rendant l’offre de cette compagnie peu modulable techniquement.
Westerngeco, la filiale du numéro deux mondial du service parapétrolier Shlumberger, a une situation
financière particulière. Les informations propres à Westerngeco ne sont pas disponibles, on peut seulement
affirmer que 8 de ses 15 navires ont moins de 6 ans. Et la récente mise à flot des deux navires de l’Amazon
Class depuis un chantier allemand démontre le besoin de renouveau dans l’innovation maritime de cette
société. Malgré la récente annonce de réduction de flotte du fait du contexte conjoncturel dégradé, on
imagine aisément l’arrivée de nouvelles commandes à venir pour renouveler la flotte et maintenir un niveau
d’innovation élevé dès que la conjoncture s’améliorera. Il est très difficile de connaitre les intentions de
Schlumberger en matière d’activité sismique, ce qui est sûr, c’est que la situation financière de la maison
mère (faible taux d’endettement à 173%, très fort ROE à 173% et très bonne marge d’exploitation à 15,7%)
est telle qu’on n’imagine aucunement un manque de force de frappe en sortie de crise. Puisque la grande
particularité de cette société est qu’elle a un poids beaucoup plus conséquent que ses concurrents en
termes d’influence industrielle, ce qui lui laisse la liberté relative de pouvoir imposer une certaine orientation
technologique de l’offre.
CGG est le grand leader dans l’acquisition sismique mais partage sa place avec Westerngeco dans le
maritime depuis que sa stratégie industrielle a évolué. La logique de cette société est de générer de la
liquidité pour se désendetter, grâce à une suppression des actifs les moins rentables. Seule la branche GGR
a pu se développer (+7% contre -23% pour l’acquisition et -20% pour l’équipement), notamment grâce à de
bonnes ventes Multi-client fin 2014. Du fait d’une forte réduction de flotte (de 18 à 11 navires en 18 mois), le
chiffre d’affaire du groupe a beaucoup diminué (-18%), impliquant mécaniquement une forte hausse du taux
d’endettement (+61%, établi à 674%). La dette, elle, n’a augmenté « que » de 9%. La santé financière de
CGG est dégradée, mais cette situation est partagée par la pluparts des acteurs du secteur. Sa mauvaise
cote auprès des marchés (-45% du cours de l’action entre mars 2014 et mars 2015) et son endettement
critique la rend très vulnérable. La sortie de crise se fera dans la douleur, mais la forte implantation de CGG
sur le marché en termes d’innovation, de connaissance de certaines régions, et d’expérience opérationnelle,
lui laisse l’espoir de croire qu’elle saura se remettre debout, à terme.

2.2.3 Des stratégies industrielles à deux niveaux

Les compagnies sismiques sont sectorisées en différentes activités 111. L’étendue de cette sectorisation
illustre l’ampleur de leur intégration, c'est-à-dire la diversité de leurs prestations. Une large gamme
d’activités permet d’être compétitifs puisqu’elle permet d’offrir un produit complet, mais elle peut aussi avoir
un pouvoir d’ajustement des parts d’activités selon l’évolution du contexte économique. Autrement dit, la
diversité protège une société de l’instabilité dans un secteur particulier, grâce à la bonne santé du reste de

111
Voir Annexe 14 : Organisation du marché sismique selon les prestations et les influences et 2.2.1 Les prestations des compagnies
sismiques

31 | P a g e
ses actifs 112 . Une compagnie entièrement intégrée – comme Schlumberger avec seulement 4% de son
chiffre d’affaire dédié à l’acquisition marine, contre 51% pour CGG – offre aux clients un panel d’activités
permettant d’effectuer l’ensemble des travaux de gestion d’un réservoir pétrolier. Cette intégration va du
choix de la zone à prospecter par les missions 2D ou 3D jusqu’au suivi de la production (4D) en passant par
le choix de la technologie à utiliser pour prospecter avec précision (rôle des équipementiers), le processus
d’acquisition à terre et en mer (activité géophysique), le choix des position de forage (activité géologie), le
choix des technologies de forages et le choix des technologies d’extraction.
La particularité du marché sismique est l’hétérogénéité des profils de ses acteurs. Avec plus ou moins
d’intégration, plus ou moins de capacité d’innovation (tant en termes d’infrastructures de recherche que de
moyens financiers) ou encore plus ou moins de disparité du catalogue des prestations, ce marché semble
n’avoir rien d’un marché équilibré et stabilisé. Ainsi, les marges d’évolution des caractéristiques du marché
sont importantes. Chaque choix stratégique connait ses avantages et ses défauts et chaque acteur profite
ou subit la conjoncture selon les exigences qualitatives de la demande. Selon si la demande se dirige vers
des besoins différents en fonction des multiples incertitudes qui floutent l’avenir du marché pétrolier (décision
étatiques, naissance de conflits géopolitiques, succès technologiques, crise financières ou politiques),
chaque acteur du marché sismique réagira différemment.
D’une manière plus générale, il existe deux profils distincts. Les sociétés les plus intégrées
(Schlumberger et CGG) et les compagnies les plus spécialisées (PGS, Polarcus, Dolphin). Les sociétés
intégrées ont le pouvoir de s’adapter aux changements technologiques puisqu’elles y participent
directement. En revanche, chaque perturbation exogène – comme une réduction des investissements en
E&P – perturbe l’ensemble de leurs activités et elles peuvent être amené à restructurer certains secteurs,
généralement les moins rentables.
Les sociétés spécialisées dans le segment de l’acquisition sont des prestataires. Leur activité dépend
essentiellement de leur carnet de commande de court terme. L’acquisition sismique étant plus un outil
industriel plutôt qu’un segment générateur de profits, il est un des domaines d’activité le plus vulnérable à la
moindre réduction d’actifs lorsque les profits globaux de l’entreprise sont amputés.
D’un point de vu de la stratégie industrielle maritime, les dernières commandes de navires montrent une
certaine disparité dans la logique de développement. La Titan Class de PGS est conçu pour tenter de tracter
un gréement le plus large et le plus dense possible (gain de productivité en HD3D et HD4D). Alors que
l’Amazon Class de Westerngeco est conçu pour optimiser la consommation de carburant et la fiabilité des
équipements sans cherche à augmenter la capacité de production113. CGG n’est pas dans une logique de
commande de navires mais plutôt dans le rachat d’actifs diversifiés 114 , le rééquilibrage des activités
intégrées, l’entretien d’une technologie de pointe et la concentration des partenaires gestionnaires de leurs
navires115. De son côté, Dolphin Geo., avec la commande du Polar Express et la livraison récente du Sanco

112
Par exemple, pour CGG, la dégradation récente de la conjoncture sur le marché de l’acquisition marine a été modérément compensée par
l’accroissement des activités en géologie par le biais de la filière GGR, qui avait un chiffre d’affaire de 1 384 M$ en 2014 générant une marge
opérationnelle de 25% (contre 1 775 M$ de chiffre d’affaire et -1% de marge pour la branche acquisition).
113
Certains acteurs du marché considèrent que la combinaison économique et technique idéale est de 10-12 streamers par navire. Pour
améliorer la largeur de sondage, le plus viable reste le Multi-Azymuth. Malgré tout, la stratégie de PGS d’offrir des navires très productifs
enconfiguration NAZ pourrait payer dès lors que les investissements en E&P repartiront.
114
Les derniers en date étant la fusion entre CGG et Vertias en 2006 ainsi que le rachat de la division géoscience de Fugro en 2012.
115
CGG est, en 2015, en pleine période de restructuration. Après le rachat de Fugro en 2012, le développement de sa section GGR et la
réduction de flotte (passée de 18 à 13 navires 3D en 2014 puis 11 en 2015), la logique est à l’équilibrage entre une activité d’acquisition très
stratégique mais peu rentable et deux activités beaucoup plus profitables, l’équipementier Sercel et le GGR. En parallèle, du coté maritime,
CGG a choisi de concentrer le service de gestion de sa flotte sur seulement deux armateurs (Eidesvik et Louis Dreyfus Armateur) alors qu’elle

32 | P a g e
Sword et du Sanco Swift a parié sur des navires particulièrement puissants et résistants aux conditions
météorologiques difficiles, privilégiant la fiabilité qualitative sur la productivité quantitative 116.
Ce qui est certain, c’est qu’avec une mutation du marché vers des navires de plus en plus couteux à la
construction, et plus difficilement concevables à partir de navires d’occasions, la visibilité se dégrade aux
yeux des investisseurs 117 . Ces navires très performants mais nouveaux ont une capacité d’exploitation
encore difficile à estimer financièrement pour le calcul de leurs amortissements économique. Le
rallongement de l’échéance des investissements oblige les compagnies à générer continuellement du cash
flow pour palier à leur difficulté de se financer auprès des banques.

2.2.4 L’exposition aux acteurs et facteurs externes

On considère qu’un marché concurrentiel ne peut pas se stabiliser parfaitement tant que l’innovation est
toujours possible, parce qu’il connaitra des perturbations d’ordre technologique qui l’obligera à évoluer, donc
à se déstabiliser jusqu’à retrouver un nouveau point d’équilibre.
Chaque navire a un panel de capacités, c’est son potentiel d’exploitation 118 . Lorsqu’une compagnie
pétrolière, ou spécialisée dans la géologie, veut faire appelle aux services d’une compagnie sismique pour
l’acquisition de données, elle diffuse une offre ouverte à l’ensemble des acteurs. Pour les compagnies à la
culture budgétaire stricte, cet appel d’offre se fait à chaque étape du processus de production de données
géologiques, c'est-à-dire de l’acquisition 2D de base jusqu’à l’analyse, en passant par l’acquisition précise et
l’imagerie informatique. Ce genre de contrat implique une pression concurrentielle forte et peut nuire à la
visibilité des compagnies sismiques, puisqu’elles peuvent voir se refuser ou accepter des contrats très
rapidement. Pour d’autres, le service demandé doit être complet, nécessitant, de la part des compagnies
sismiques, un bon niveau d’intégration119.
Les coûts d’exploitation des navires sont tels que les compagnies doivent, en permanence, garnir leur
carnet de commande et limiter absolument les creux d’activité 120. Mais cette difficulté est accentuée par le
comportement de certains clients qui n’hésitent pas à annuler des missions ou à en retarder le
commencement, dans le but de tirer les coûts vers le bas grâce à la pression concurrentielle, ou pour de
simples raisons budgétaires personnelles.
En plus de son caractère concurrentiel, ce marché a la particularité de subir le phénomène de saison.
Une des grandes régions d’exploration d’avenir est l’Arctique (Mer du Nord, Mer de Norvège, Pacifique
Nord, Mer de Kara, Détroit du Labrador, etc.). A l’été boréal, un tiers de la flotte 3D/4D sont en mission en

en comptait encore cinq en 2012. Le récent contre-choc pourrait amener CGG à continuer d’optimiser ses actifs d’acquisition par une
nouvelle réduction de flotte et/ou une nouvelle manœuvre de concentration de prestataires.
116
[KHAN. Dolphin Geophysical. 2014]
117
Voir Annexe 16 : Caractéristique de la flotte sismique 3D
118
Par exemple, Un client a besoin d’acquérir des données sismiques 4D dans une région à fort courant avant d’engager ses opérations de
forage. CGG propose un navire capable de remorquer 12 streamers sur 8 000m, a un coût de location de 250 000$/jour, mais sa puissance
propulsive l’empêche de dépasser 4 nœuds surface avec une séparation de streamers de 100m, limitant la surface couverte et allongeant le
temps de mission de deux semaines. De son coté, PGS propose un navire de la même capacité de gréement mais avec une puissance
propulsive suffisante pour dépasser les 5 nœuds, ce qui ne devrait pas amener à des retards. Par contre, son coût de location est fixé à
350 000 $/jour, parce que c’est un navire plus puissant ayant un potentiel d’exploitation plus important. La décision du client dépendra de la
valeur financière d’un retard de deux semaines et la comparera avec la différence de coût de location. S’il considère qu’un retard de deux
semaines lui couterait 3 millions de dollars, alors il fera appelle à PGS. Par contre, s’il possède une marge d’une semaine et que retarder son
forage d’une semaine ne lui coutera que 700 000 dollars, alors le navire de CGG sera privilégié.
119
Voir 1.3.1 Les prestations des compagnies sismiques
120
On considère qu’il suffit d’un arrêt de la production d’un navire pendant 10 jours (donc aux frais de la compagnie sismique) pour perdre
les bénéfices engendrés sur une mission de 3 mois. Cette proportion inflige les compagnies à devoir occuper leurs navires à n’importe quel
prix. CGG, réputé pour offrir des prestations de haute-gamme, donc à un prix globalement supérieur à la moyenne, est obligé de proposer des
prix de location de leurs navires très faibles en période de bas de cycle, car leur arrêt, même temporaire, serait bien plus préjudiciable.

33 | P a g e
Europe du Nord et en Russie. Ainsi, les acteurs du marché doivent être capables de trouver des contrats
pouvant occuper les navires lors de la période hivernale 121. Les sociétés étant déjà fragiles du fait d’une
réduction des investissements dans ce secteur, elles préfèrent limiter les pertes en hiver plutôt que profiter
des opportunités existantes en été, d’où leur volonté de réduire la flotte et de retendre le marché.
Enfin, les compagnies pétrolières ne peuvent se passer des prestations sismiques pour engager les
opérations de forage ou de revalorisation d’un site en production. C’est donc une relation étroite qui
demande un haut niveau de confiance et de complicité, car de très gros enjeux sont partagés entre ces
entreprises plus ou moins partenaires 122. Cette confiance est entretenue grâce à la rigueur opérationnelle,
notamment par le biais de systèmes qualité très rigoureux, encadrés par des politiques et des outils de
gestion QSHE de pointe123. La complicité est assurée par une capacité forte de la part des compagnies
sismiques d’adapter ses difficultés opérationnelles avec la rigueur qualitative exigée par ses clients.
D’une manière générale, les activités des compagnies sismiques dépendent directement du niveau
d’investissement des compagnies pétrolières, qui lui dépend du prix du pétrole et des perspectives
d’évolution du marché pétrolier. Néanmoins, d’autres risques existent. D’un point de vu financier, les
compagnies sismiques sont particulièrement exposées aux risques de taux d’intérêt, de change, de crédit,
du prix du fuel pour les navires et de liquidité 124. D’un point de vu opérationnel, du fait de leur activités
menées dans plusieurs dizaines de pays différents, elles sont exposées aux risques de conflits politiques
internes, de guerre, de terrorisme, de piraterie, de militantisme environnementaliste, de taxes douanières,
d’embargos commerciaux, de sanctions économiques, de corruption ou encore de l’inflation. D’un point de
vu de la gestion des actifs productifs, il existe un risque significatif du domaine de la propriété intellectuelle
ainsi qu’un risque de tension sur le marché du travail à cause d’un manque de personnel qualifié125.

Au vu de l’étendue considérable du marché pétrolier, le poids financier de l’activité sismique est très
limité. Pour autant, l’industrie sismique a une place suffisamment stratégique dans le processus de
production pour être notablement influente auprès des autres secteurs du système. Cela fait d’elle un
secteur incontournable et irremplaçable.

2.3 Influence de l’acquisition et de l’analyse géologique sur les


capacités de production de pétrole

La capacité de production de pétrole dépend de trois facteurs, le prix, curseur des productions

121
L’une des difficultés reste la période de transit vers le sud car elle est toujours très préjudiciable aux compagnies puisque cette
« migration » monopolise le navire, son équipage et du carburant sans prise en charge par un client. Généralement, la phase de migration se
fait en octobre et avril, les navires affectés à la Mer du Nord, Mer de Barents ou Mer de Kara migrent vers la Mer Méditerranée, le sud de la
Mer du Nord ou l’Afrique.
122
Pour exemple, en octobre 2014, CGG et BP ont signé un accord de collaboration en R&D sur des technologies de source [CGG. BP et CGG
annoncent un accord pour le développement en commun d’une nouvelle génération de technologie de source sismique marine. 2014].
123
Voir 3.3.1 Elargissement des compétences des marins
124
Les taux d’intérêt dépendent du marché des obligations, donc des notes accréditées par les agences de notation ainsi que du niveau de
liquidité disponible sur ces marchés. Les variations sont protégées par des outils financiers disponibles sur les archés de produits dérivés tels
que les Crédit Default Swaps (CDS) ou les Ien Interest Rates Swaps (IRS). Les compagnies sismiqes travaillent essentiellement en dollar mais
diversifient leurs activités financières en euro, en couronne norvégienne, en franc suisse, en livres ou en dollars singapourien pour limiter
les variations de change du dollar. Ainsi, elles se couvrent grâce à des contrats à terme. Le crédit, ou l’endettement, est préoccupation
permanente. Les compagnies sismiques doivent générer du cash flow en permanence pour assurer un bon accès au crédit, sans lequel elles ne
pourraient pas assumer les importants investissements nécessaire aux opérations. [PGS. Annual Report 2013. 2014 p. 51 et 52]
125
[SCHLUMBERGER. Annual Report 2013. 2014 p. 7 à 10]

34 | P a g e
marginales ; les réserves découvertes exploitables, gage de visibilité pour les investisseurs et les
puissances étatiques ; et enfin les réserves à découvrir pour combler la perte due à l’extraction continuelle et
intense des ressources fossiles. Sur le long terme, le renouvellement des réserves exploitables dépend des
performances technologiques des industries en charge des recherches, couplé à l’audace économique des
acteurs qui les encadrent.

2.3.1 L’importance de l’information sismique dans le choix économique

Il n’est pas possible d’établir précisément la répartition des coûts sur l’ensemble d’une opération puisque
chaque forage est particulier. Le tout est de définir quels facteurs vont influencer ces coûts. Toutefois, une
dimension importante est à prendre en compte si l’on veut analyser l’influence de l’information géologique :
70 à 75% des coûts de forage sont proportionnels à la durée de l’opération 126. Ce qui veut dire qu’un des
grands facteurs de qualité, pour lequel les compagnies pétrolières sont contraintes lorsqu’elles veulent
engager un forage, est le temps. Les opérations doivent être efficaces et à risque d’erreur le plus affaibli
possible afin d’en limiter les retards. A partir de là, au vu du faible coût relatif d’une opération d’acquisition
sismique, les contraintes qualitatives et temporelles prennent largement le dessus sur les contraintes
financières. Les compagnies sismiques vont alors devoir être compétentes avant d’être bon marché.
Concrètement, une compagnie sismique doit pouvoir effectuer ses mesures dans un temps précis et ne
doivent pas avoir à revenir dessus si les informations recueillis sont inexploitables. Parfois, lorsqu’il est
nécessaire d’atteindre des échéances quasi inaccessibles, les investissements engagés dans l’acquisition
peuvent rapidement devenir très supérieur à ce qui était prévu. Mais vu l’ampleur des risques de retard,
cette hausse du coût reste négligeable.
Le besoin de mesures sismiques s’établit grâce à des calculs de probabilité et une bonne connaissance
des investissements en jeu permettant d’apprécier la valeur vraie, ou le coût d’opportunité, de l’information
sismique. On joue alors avec la notion du taux de réussite des forages d’exploration, se traduisant eux-
mêmes par leur probabilité d’atteindre une réserve d’hydrocarbure et que ce produit soit économiquement
exploitable 127. Toute la difficulté réside dans la capacité à quantifier le coût du risque. Ce risque est un
rapport entre le coût du forage et la probabilité d’échec, dépendant elle-même directement de la qualité de
l’information sismique128. Finalement, la valeur de l’information sismique est très supérieure au prix de son
obtention lorsque les risques liés au forage et à l’extraction sont importants, ce qui est le cas de l’ultra-
profond ou de toute autre production onéreuse de pétrole en mer.

2.3.2 Impact de l’innovation en acquisition et en informatique sur les capacités


d’exploration

Le choix de la méthode d’acquisition et des investissements engagés pour l’obtention de l’information

126
[IFP SCHOOL. Oil and Gas Exploration and Production. 2007 p.132].
127
Pour le comprendre concrètement, prenons un cas fictif pour exemple. On sait qu’en forant après avoir prospecté en NAZ 3D pour 10
millions de dollars avec des informations de qualité limitée, le risque de puits sec est de 70%. D’autre part, on sait qu’en effectuant une
campagne sismique de bonne qualité en WAZ 3D pour 15 millions de dollars, le risque est réduit à 50%. De ces statistiques, on va déterminer
une valeur financière à l’information sismique qui naitra d’une comparaison entre les deux prix d’acquisitions par rapport à la différence de
coût du risque encourus selon le type de prospection effectué en amont.
128
[EIDSVIK. The value of seismic amplitude information. 2007]

35 | P a g e
sismique est directement déterminé par le coût des risques lors du forage. Mais ces choix stratégiques
évoluent dans le temps au fur et à mesure que la technologie progresse. Plus l’innovation avance, plus la
confiance s’émancipe et plus l’avenir du secteur s’éclaircit.
On l’a vu, la qualité de la mesure influe sur le risque financier. L’exemple concret a été perçu lors du
lancement des premières campagnes 3D. Le taux de puits secs en 1988 était de plus de 30%, il a été réduit
à 10% en 2005 129. Grâce aux technologies nouvelles d’exploration sismique, les compagnies pétrolières
prennent confiance en leurs projets. Or, il existe un frein notable à l’augmentation des capacités de
production offshore, qui est le manque de sources d’investissement 130 . Lorsque l’on parle de risques
financiers, on se tourne vers les investisseurs. Si le risque financier au sein d’un secteur se réduit, les
capacités d’investissement augmentent puisque ces investisseurs seront moins craintifs à se positionner sur
ce secteur. Lorsque cette confiance se rétablie entre pétroliers et investisseurs, les compagnies pétrolières
peuvent prétendre engager des opérations de plus en plus coûteuses afin de maintenir leur niveau de
production à flot. Vu l’ampleur des investissements131 et le déficit de visibilité à court terme, les compagnies
pétrolières sont obligées de maintenir un niveau de confiance élevée avec leurs investisseurs. Cela se
traduit par une diminution des risques là où il est possible de le faire, puisque d’autres risques systémiques
comme la géopolitique, la volatilité sur le marché du brut ou encore la macroéconomie, sont intouchables
voir imprévisibles 132 . Cet effort commence par la limitation du risque d’échec au forage ainsi que dans
l’estimation la plus précise du potentiel économique d’un champ, c’est le rôle de la sismique133.
Un autre frein est technique. L’essor de la production des pétroles et gazes non-conventionnels est dû,
entre autres, aux progrès technologiques. On ne parle plus ici de risque financier, comme le forage sec,
mais de limites technologiques. Puisqu’il s’agit de mesurer de plus en plus profond, dans des conditions
environnementales de surface de plus en plus extrêmes, sous des règlementations de plus en plus
restrictives et dans un milieu géologique de plus en plus complexe à déchiffrer 134 . Des avancées sont
possibles dans des domaines de l’informatique et de la télécommunication, que ce soit pour la navigation, la
logistique, l’acquisition, le traitement informatique des données ou l’analyse géologique. Ce qui nous
préoccupe ici est surtout l’amélioration des performances dans le travail d’acquisition marine.
L’amélioration de la performance opérationnelle des navires et de leur gréement permet, par exemple,
d’effectuer la même qualité de mesure dans un temps plus court. Lorsque l’on sait que 30 à 40% du temps
de mission est consacré aux « line-change » 135 , on imagine que la moindre amélioration technique peut
rapidement réduire le temps global de mission. Pour autant, les limites hydrodynamiques des gréements
actuels et le rapprochement déjà étroit avec le risque de crash ne permettent pas une amélioration
significative136. En revanche, pour ce qui concerne les phases de déroulage et d’enroulage, même si ces
périodes ont moins de poids dans le temps global des missions (de 10 à 15%), les marges de progrès sont
plus importantes, notamment grâce à l’ergonomie des plages de manœuvres, à l’automatisation des

129
[COCHENER. Quantifying Drilling Efficiency. 2010 p. 7]
130
[KRONICK. Oil company – and financial – risk in the high Arctic. 2014]
131
Voir 1.2.3 Dimension financière de la mise en place d’un site de production offshore
132
Voir 2.1 L’intégration des acteurs de l’E&P au sein d’un système global et complexe en évolution permanente : le marché pétrolier
133
Voir 2.3.1 L’importance de l’information sismique dans le choix économique
134
Exemple des couches de sels avec les technologies « azymuth ». Voir 1.2.3 Le défi maritime de l’exploration sismique
135
Le line-change correspond à la phase durant la mission où le convoi stoppe la production et fait demi-tour pour entamer une nouvelle ligne
d’acquisition. Pour l’exemple d’une configuration typique de 10 ou 12 streamers de 8 km avec 100 m de séparation, le convoi tourne à +/- 4,5
nœuds surface sur un rayon de +/- 4 km, soit sur une durée de 3 heures.
136
Les solutions pour raccourcir ces phases transitoires délicates sont d’augmenter la vitesse du convoi, ce qui infligerait une force de
traction trop importante sur le gréement, ou de réduire le rayon de giration, ce qui amplifierait davantage le risque, déjà grand, de croiser les
câbles (à cause des courants cisaillant, difficiles à maitriser lorsque le gréement est courbé et à cause des limites hydrodynamiques des
panneaux divergents).

36 | P a g e
systèmes hydrauliques et à la compétence des opérateurs à bord137.
Puis, on l’a vu, la géométrie du gréement permet d’améliorer la force de pénétration des mesures dans
les sous-sols à la géologie complexe138. La complexité de ces géométries réside, en plus des problèmes liés
au traitement de l’information, dans la difficulté de disposer un convoi de plusieurs navires et de plusieurs
gréements en synchronisme. La tenue d’une position précise des gréements eux-mêmes, tant
horizontalement que verticalement est aussi une innovation récente ayant grandement amélioré la qualité
des données. On y retrouve, dans ces objectifs, le développement du StagSeis, du Coil Shooting, du
BroadSeis et du BroadSource. D’autre progrès sur l’équipement sont à venir, notamment la démocratisation
des outils de contrôle des streamers comme le Nautilus139.

2.3.3 Influence de l’innovation dans l’industrie maritime sur les capacités de


production offshore

Il existe un point commun à tous les acteurs du monde de l’offshore 140 : l’industrie maritime. Cette
industrie a une place centrale dans l’amélioration des capacités d’exploration et de production.
Le développement de l’offshore rencontrera deux contraintes majeures : l’exploration et la production en
eau profonde (Brésil, Golfe du Mexique, Afrique de l’Ouest) ainsi que l’exploration et la production dans des
régions hostiles (Mer du Nord, Mer de Norvège, Sibérie, Arctique et Pacifique Nord).
Du point de vu du concepteur et de l’utilisateur de navires sismiques, l’exploration en eau profonde n’est
pas une difficulté en soit. Puisque le principal défi revient aux technologies de prospection, de forage et
d’extraction141. Le seul bémol, on l’a vu plus haut, existe lorsque l’opération monopolise plusieurs navires en
même en temps lors des missions « azymuth ».
En revanche, certains milieux hostiles nécessitent une adaptation particulière des navires et des
opérateurs logistiques. En premier lieu, il y a les régions à fort trafic. Celles-ci nécessitent une veille plus
active, avec le soutien de navires de garde pour un balisage et une protection appropriée du gréement, une
bonne expérience des officiers chefs de quarts, et la présence d’effectifs supplémentaires en passerelle
(veilleurs, pilotes de haute-mer, FLO142). Lorsque le navire remorque des kilomètres de câbles, l’officier chef
de quart, avec l’aide d’une bonne ergonomie des systèmes de navigation et de communication, doit pouvoir
gérer les dangers tout au long du gréement. La qualité de la surveillance doit être aussi grande tant autour
de la passerelle, où tout est centralisé (y compris la perspective de visualisation de l’officier pour son
gréement), que le long du gréement et autour des bouées de queue. Autrement dit, l’officier doit piloter et

137
Pour un exemple type d’un gréement de 12x8km avec 2 Arrays sur une mission de 1500 à 4000km² correspondant à 1,2 à 3 mois de
mission, il faut environ une centaine d’heures pour tout mettre à l’eau (contre une cinquantaine d’heures pour le récupérer). Ces durées
peuvent être réduites grâce à une optimisation du design du back-deck (recherche d’une meilleure ergonomie), à la place disponible aux
opérateurs pour mettre à l’eau plusieurs streamers simultanément, à l’effectif d’opérateurs disponibles pour gréer les streamer et effectuer
les transferts de treuils, à la puissance disponible pour faire travailler plusieurs treuils en même temps et à une optimisation du système
d’automatisation pour améliorer la sécurité si la cadence de travail est accélérée. Néanmoins, la vitesse d’enroulage est limité par la force de
traction infligée aux streamers ainsi que par les contraintes subites par les connectiques à l’intérieur des streamers lors de leur enroulage sur
les treuils (de diamètre +/- 3,5m). Malgré tout les progrès envisageables, le déroulage est une opération effectuée avec beaucoup de
prudence pour éviter d’avoir à refaire toute la manœuvre à cause d’une erreur de disposition du gréement. C’est la recherche permanente
d’un compromis entre rapidité opérationnelle et risque d’erreur ou pour la sécurité.
138
Voir 1.2.3 Le défi maritime de l’exploration sismique
139
Le Nautilus, développé par Sercel, est un outil de contrôle de la position des câbles. Il réunit le rôle des Digifins et des Birds sur un même
élément (avec 3 ailerons espacés de 120°). Cela diminue la force de trainée du gréement et améliore la tenue des câbles à la position désirée,
mais cela nécessite d’avoir une plage de manœuvre adaptée sur le navire, du fait de leur grande envergure.
140
Voir 1.2.1 L’offshore
141
Annexe 23 : Perspective d’évolution de la production de pétrole en eau profonde
142
Fisheries Liaison Officer

37 | P a g e
sécuriser un engin de 10 à 12 kilomètres de long tout en étant placé à l’extrême avant de ce dernier 143. Cela
implique une bonne précision des radars sur une longue portée, une bonne qualité et portée des radios et
une bonne connaissance des opérations à venir du navire pour anticiper le positionnement des câbles sur la
surface de l’eau et ainsi superviser et adapter la trajectoire des navires alentours. D’un point de vue de
l’innovation technologique marine, les navires doivent être équipés d’instruments précis, de longue portée et
fiables dans un environnement ergonome144.
Ensuite, il existe les milieux où l’hostilité est entretenue par un climat extrême. Le vent fait subir une très
forte dérive au navire, son système de navigation et de tenue de cap doivent être conçu en conséquence. La
houle amplifie les efforts sur le gréement, cela implique de devoir concevoir intelligemment le navire pour
éviter toute dérive de la stabilité dynamique. Le froid, ainsi que la houle, rendent difficiles les interventions
sur le pont par l’équipage, nécessitant une conception ergonomique des espaces de travail. La longue
distance par rapport à la côte peut parfois empêcher les relèves par hélicoptère, ce qui implique des relèves
par bateau, donc un aménagement des moyens de transfert de personnels en pleine mer. Ces opérations
peuvent vite être retardées lorsque des conditions météorologiques extrêmes sont subites. Enfin, les marins
peuvent être appelés à participer aux prise de décisions concernant la gestion des dangers
météorologiques145, ils doivent donc se familiariser avec les limites du navire et de son gréement.
Par conséquent, il est impératif que les navires affrétés dans les régions hostiles (que ce soit les navires
sismiques ou les Seismic Support Vessels (SSV)) soient conçus pour y naviguer et y opérer tout en limitant
les retards ou les risques de crash. L’innovation maritime a tout son rôle à jouer dans l’amélioration des
« plages de navigabilité » des navires, c'est-à-dire qu’ils doivent pouvoir opérer dans des conditions de plus
en plus hostiles pour assurer le développement de sites de production dans ces régions146.
On a vu que le marché sismique était saisonnier, si l’industrie maritime réussit à concevoir des navires
résistants permettant d’affronter ces eaux hostiles, alors il sera possible d’aller chercher le pétrole là où il
n’a, pour le moment, jamais été possible d’aller. Plus concrètement, nous pourrions explorer plus au nord et
rallonger les saisons d’exploration.
Cette limite environnementale liée aux capacités des navires est la même pour toute l’industrie
parapétrolière ainsi que le transport maritime. On considère que l’exploitation du pétrole des mers proches
de l’Arctique coûte en moyenne trois fois plus cher que dans des zones tempérées, en raison du coût des
plate-formes, d’un déficit de moyens logistique et du transport des produits extraits, car les tankers doivent
souvent être précédés de brise-glaces pour y accéder147. On peut ainsi espérer un avenir prometteur pour
les industries maritimes à haut niveau d’innovation installées au sein des pays développés. Puisqu’elles sont

143
Le pilotage du gréement lui-même n’est pas assuré par l’officier chef de quart mais les navigateurs. L’officier doit simplement s’assurer
que le navire est en mesure d’exécuter les souhaits des navigateurs, ce qui implique une bonne complicité dans les prises de décision,
notamment lorsqu’il s’agit de tourner ou de modifier la vitesse.
144
Il deviendra habituel d’intégrer au système d’identification AIS quelques éléments du gréement. Celui-ci étant complètement immergé sur
toute sa longueur, il est invisible au radar ou à vue. L’idée est de signaler sur les ECDIS des navires alentours la présence du gréement grâce à
l’émission, par le navire sismique mère, de balises AIS virtuelles correspondantes aux positions des points d’extrémité du gréement.
Néanmoins, le moyen le plus sûr reste le balisage par des navires de garde. Pour exemple, le navire Amadeus de CGG opérant au large du
Vietnam dans une région à fort trafic de navires de pêche, avait besoin d’une douzaine de navires d’assistance pour éviter la collision du
gréement avec les équipements de pêche ou les navires de pêche eux-mêmes.
145
Le commandant reste le seul responsable de la sécurité du navire. Il doit travailler en collaboration avec les objectifs des compagnies
sismiques pour trouver un compromis afin de limiter les pertes financières, en cas de retard ou de casse, sans contrarier la sécurité de
l’ensemble.
146
Pour exemple, une des innovations stimulée par le secteur de l’offshore est le développement des Radars de glace [KENNEDY. Ice data
management system improves Arctic operations. 2015]
147
[GRENELLE. Les nouveaux défis du pétrole. 2006]

38 | P a g e
en mesure, grâce à leur avancement technologique, de répondre à ces contraintes techniques 148.

L’activité de prospection évolue dans un contexte d’une complexité immesurable. Pourtant, l’objectif de
notre étude, et nous tenterons de le tenir, est d’estimer quel avenir peut-on espérer pour cette industrie et les
personnes qui la fait vivre.

III. Perspective d’avenir pour la sismique marine

Grâce aux éléments étudiés plus haut, on peut prétendre avoir acquis une vision plus clair sur le
fonctionnement du marché pétrolier, du secteur de l’Exploration & Production et sur la position du marché de
l’acquisition géophysique marine en leurs seins. Pour autant, le doute persiste quant à la compréhension de
la conjoncture. Les médias économiques font un bilan quotidien de la situation à chaque clôture des places
boursières, mais comment, à moyen et long terme, les sous-traitants (ou contractors) du marché pétrolier
vont-ils vivre les évolutions à venir ? Dans cette atmosphère instable et brumeuse, comment le marché de la
sismique marine, et les sociétés occidentales qui ont fait son prestige, est-il amené à évoluer ? Nous allons
même aller jusqu’à nous demander : est-ce un secteur d’avenir ? L’aubaine n’était-elle que l’illusion d’un soir,
ou pouvons-nous lui espérer une perspective heureuse ?

3.1 Perspective d’évolution du marché pétrolier : une fin retardée


dans un contexte économique incertain

Le marché pétrolier est en pleine période de tâtonnement, de transition, de restructuration, de remise en


question, mais certainement pas en perdition. Comment prévoit-on l’évolution du marché pétrolier, source de
développement de l’industrie de la prospection sismique ? A-t-il encore sa place dans ce monde redevenu
tendu, tant économiquement que politiquement, et soucieux de lui-même depuis que nous assumons nos
responsabilité quant à la dégradation de l’environnement ?

3.1.1 2015, le contre-choc : une perspective de court terme

La crise financière de 2008, rapidement devenue systémique, puisque survenue après une longue
période de financiarisation à l’internationale de l’économie réelle, a, en plus d’avoir plongé le monde dans un
brouillard opaque et ingérable, donné un coup d’arrêt à la stabilité relative des prix pétroliers. L’ascension
lente et heureuse de beaucoup d’indicateurs boursiers avant l’effondrement, a projeté le prix du baril au
sommet de son Histoire, 146,69 dollars à Londres, 145,85$ à New-York149.
Chaque société, à son niveau et à son échelle, a pâtie de la crise financière de 2008. Les nations
occidentales ont calé après une phase de sous-régime. Les pays en voix de développement ont saisi l’afflux
de capitaux pour ouvrir les investissements étrangers, à l’image des croissances exagérées qu’ils ont pu
générer, mais au détriment du gonflement dangereux de nouvelles bulles fragiles. Dès que les pays

148
Voir 3.2.2 Un progrès à la portée des sociétés occidentales
149
[AFP. Pétrole : record du brent à 146.69 dollars. 2008]

39 | P a g e
développés ont digéré l’onde de choc, l’économie mondiale, blessée puis condamnée à changer, repris la
lente acensions de croissance qui lui est destinée. Ainsi, dans un contexte morose où l’investissement dans
des grands projets risqués n’est plus la norme, la croissance de la demande mondiale de pétrole revient
perturber l’offre pour forcer son prix à venir s’assoir sur le plancher rêvé des 100 dollars150. Nous sommes au
printemps 2011, à l’aube d’une réplique de la crise de 2008 qui touchera les dettes européennes et enlisera
le beau projet Europe dans un flou artistique qu’elle n’avait pas anticipé dans ses traités 151.
L’aubaine est à son apogée, les pétroliers se goinfrent sous le regard jaloux d’Etats endettés et englués
dans divers dilemmes politiques152. Les producteurs de pétrole et leurs partenaires complices promettent à
leurs portefeuilles un avenir radieux. La sphère financière s’en empare, puisque c’est son métier. Le pétrole
ne pourra plus être bon marché, l’humanité en a trop besoin pour le laisser son prix flotter à des niveaux
raisonnés. Pourtant, à l’été 2014, l’audace a payée, pour un prix encore mal estimé au regard de notre
environnement. L’Amérique du Nord, avec le soutien tacite de l’OPEP pour déstabiliser la Russie et
quelques-uns de ses alliés, inonde le marché de produits pétroliers dans une atmosphère de plomb où la
consommation mondiale décline153, par dégoût au profit d’énergies mieux digérables ou par dépit, car pour
certains, au-delà des besoins en énergie, se nourrir reste une priorité absolue. De ce déséquilibre
imprévisible découle un nouveau choc de baisse des prix, au grand bonheur de l’économie mondiale qui
n’espérait pas de reprise prochaine, mais au détriment des investisseurs pétroliers. En janvier 2015, la
presse s’étonne d’une baisse de 60% du prix depuis l’été 2014, tombé à 45$. A l’heure où parait notre étude,
le baril de Brent vacille autour des 60$, mais le niveau des stocks mondiaux est tel qu’une rechutte des
cours n’est pas exclu154.
L’Histoire le nomme déjà le contre-choc, comme un retour à la raison après des années d’hystérie. Le
milieu financier, par sa candeur inchangée, s’effraye de voir un secteur se contracter, alors qu’il ne fait que
se ressaisir pour continuer de dominer. Le gain de confiance du marché, autour d’un état d’équilibre mieux
fondé, a fait reculer l’absurdité, prouvant ainsi à l’opinion que le pétrole n’est pas mort155. Ce bas de cycle est
passager, tout le monde l’admet. L’inconnu reste la durée, puisque c’est elle qui déterminera l’ampleur des
dégâts ainsi causés. Aujourd’hui, l’heure est à la coupe d’actifs pour maintenir à flot l’essentiel : le profit.
Du côté du marché sismique, le temps n’est plus à l’aubaine mais au naufrage, en route pour l’échouage
en attendant l’accalmie. Certains acteurs perdront en influence, deviendront des proies vulnérables à
l’ombre des vautours de la sphère financière 156. D’autres devrons revoir la structure de leur modèle fragilisé.
Néanmoins, selon l’avis des plus familiers avec les cycles pétroliers, la réduction des actifs pousse le

150
Voir Annexe 17 : Evolution du prix du Brent depuis 2005
151
La vague de percutions de bulles sur les dettes européennes depuis 2011 a placé l’Europe en face à face avec son destin. Le
développement très économique de ce projet fédéraliste n’était pas politiquement équipé pour subir de telles secousses. Depuis, la mise en
place de mécanismes de protection (TSCG, MES) ont accéléré le processus de fiabilisation de la zone euro. La récente chute des cours
pétrolier s’est ajouté à la phase de désinflation dangereuse de l’économie européenne (par déflation importée), d’où le choix audacieux de la
BCE de lancer sa campagne d’amortissement quantitatif ainsi que des prêts à taux négatifs des pays nordiques.
152
Les dilemmes politiques sont ceux qui animent les débats au sein des pays développés surendettés. L’objectif des politiques de ces pays
est d’arriver à faire repartir la croissance sans pouvoir jouer la carte de l’investissement publique massif keynésien.
153
L’aspect imprévisible de cette chute des cours est, en grande partie, due à une mauvaise estimation de la croissance de la demande
mondiale. Elle était prévue d’augmenter de 1,3 millions de baril par jour en 2014, elle n’a été « que » de 0,5 Mboe/j. Cette demande, on l’a vu,
dépend principalement de la conjoncture macro-économique mondiale. Ici, cette baisse est due à une très faible croissance de l’Europe, d’un
ralentissement de la croissance des BRICS et d’une stabilisation démographique des pays les plus énergivores [LASSERRE. Pétrole : les
conditions d’un rebond durable des cours ne sont pas réunies. 2015].
154
Les stocks américains ont battu un record jamais connu depuis 84 ans. [LA TRIBUNE. Les Etats-Unis ne savent plus où stocker leur pétrole.
2015]
155
Voir 3.1.2 La remise en cause de la théorie du Peak-oil
156
A l’image de l’offre de Technip pour le rachat de CGG en décembre 2014, les compagnies affaiblies ont un court en bourse sous-évalué, ce
qui les expose à des rachats. De manière pus générale, les périodes de creux sont propices aux rachats des petits acteurs par des plus gros
pour des prix bradés.

40 | P a g e
marché à la tangente de la sous-capacité, sensible en cas de rebond soudain des investissements en E&P.
Le retour à la bonne santé devrait donc être soudain et juteux pour les survivants de ce lendemain de fête,
qui n’est pas le premier que le secteur ait connu.
Ce nouveau départ dépendra des mêmes facteurs qui ont brusqué l’âge d’or et ses années d’euphories.
Avec une politique accommodante des banques centrales européennes et américaines, une remise en
cause de la viabilité des thérapies de chocs infligées par la pensée économique dominante, ainsi qu’une
réduction de la facture énergétique, beaucoup de facteurs conjoncturels nous laissent à penser que la
croissance mondiale devrait repartir. En parallèle, avec un arrêt inévitable des productions pétrolières
marginales et avec la monté en pression au Moyen-Orient et au Sahel par l’expansion spectaculaire de
l’Islamisme radical157, l’offre de pétrole a toutes les raisons de cesser de croitre irrationnellement 158.
En terme de prix, après la secousse de ce contre-choc, les fondamentaux du marché devraient
reprendre la main sur la spéculation boursière. Le retour de la croissance n’étant pas prévu d’être franc, un
plancher à 100$ n’est pas d’actualité. Les acteurs du marché prévoient plutôt une stabilisation dans une
fourchette autour des 80$159, déterminée par le fiscal break-even des pays les plus fragiles politiquement, et
par le break-even des sites indispensables au maintien de la cadence de production160.

3.1.2 La remis en cause de la théorie du Peak-oil : une perspective de moyen terme

« L’âge de pierre n’a pas pris fin par manque de pierres »


Ahmad Zaki Yamani, ministre du pétrole saoudien de 1962 à 1986161

Les temps changent. Les sociétés importatrices s’étaient presque résignées à vivre avec un pétrole
cher. Cette fameuse et désirable croissance économique, corrélée à la croissance démographique, n’arrête
plus l’augmentation de la demande en énergie. De l’autre bord, les évènements géopolitiques majeurs du
début de ce siècle, et le manque d’audace des investisseurs dans les gros projets de long terme, ont établi
la perspective d’une fin accélérée du pétrole bon marché. On se croyait bloqué sur une route unique, nous
menant rapidement vers une inflammation des prix jusqu’à des sommets insupportables pour les
consommateurs, ayant solidement ancré l’or noir dans leurs habitudes énergétiques depuis des décennies.
On a cru, en 2005 162, que l’humanité avait perdu son pouvoir de domptage sur la nature puisqu’elle ne
semblait plus être en mesure de nous offrir toutes ses ressources, vielles comme son existence 163. Les plus
pessimistes estimaient une fin du pétrole précoce à cause de l’explosion des prix et d’une raréfaction

157
Nous pourrions lister beaucoup d’autres facteurs importants susceptibles de perturber l’offre de pétrole. Le Venezuela est au bord de la
crise politique, la Russie – 3ème producteur de pétrole et 1er producteur de gaz http://www.eia.gov/countries/country-data.cfm?fips=RS -
s’enfonce dans une guerre d’égo insupportable pour son économie, l’arrêt du projet Keystone XL en Amérique du Nord peut grandement
remettre en cause l’avenir des productions canadiennes ou encore la conférence sur le climat de Paris pourrait conclure sur un accord
préjudiciable à l’industrie pétrolière. L’entorse conjoncturelle pourrait se transformer en fracture structurelle pour les acteurs pétroliers. Car
la baisse brutale et globale des investissements dans l’exploration va indéniablement limiter les capacités des producteurs à assurer une
cadence d’extraction souhaitable.
158
Malgré tout, les Etats-Unis prévoient de rajouter 1 Mboe en 2015 sur le marché, 700 Kboe en 2016 et 500 Kboe en 2017, alors qu’il
faudrait retirer 2 Mboe/j pour maintenir un prix élevé. [ANDLAUER. Comment explique-t-on la chute brutale du pétrole ?. 2014]
159
[REUTERS. Les pays arabes de l’OPEP attentend un baril à 70-80$ fin 2015. 2014].
160
Voir Annexe 18 : Break-even du prix du Brent par type de projet et par Etat
161
[LESTRANGE, DE. Géopolitique du pétrole. 2005 p. 30]
162
On parle ici du Peak-Oil, le jour où la production a diminuée et où beaucoup d’acteurs ont supposé que le système industriel pétrolier
n’était plus en mesure d’assurer une cadence de production suffisante pour assumer la croissance effrénée de la demande à cette époque.
[HUET. Le pétrole auait touché son pic de Hubbert en 2005. 2012]
163
Certains économistes supposent qu’avec une baisse de la production de 2% par an sur 20 ans, le prix du pétrole grimperait de 800%. Les
prédictions sont souvent des illusions vulnérables face à l’Histoire. [AUZANNEAU. Pic pétrolier : l’alerte d’un expert du FMI. 2012]

41 | P a g e
inévitable des ressources exploitables. Depuis 2011, nous y étions, le prix ne pouvait plus redescendre sous
les 100$, on le voyait déjà s’envoler indéfiniment. Nous étions obligés de trouver des alternatives
rapidement, au risque de ne plus être en mesure de nourrir l’économie en pétrole, son nutriment le plus
précieux.
Pourtant, cette théorie du « peak oil », argument phare des écologistes pour illustrer l’urgence du besoin
d’une transition énergétique, n’est plus fondée. Nous avons vu plus haut que 2015 est l’année du contre-
choc. Ce retour surprenant et brutal à des prix bas peut sembler préjudiciable à l’industrie de la production.
Pourtant, elle a toutes les raisons de s’en réjouir, il lui suffit de garder un œil sur l’avenir de moyen terme.
Le retour d’un équilibre sur le marché – certes instable et incertain164 –, prouve que le système mondial
de l’offre de pétrole est en mesure de dépasser la demande. L’accélération de l’investissement, possible
grâce au dégagement de fortes marges des producteurs, a fait bondir, presque de manière inespérée, les
capacités de production. Economiquement, cela veut simplement dire que le plafond marginal, qui permet à
l’offre de se ressaisir pour rattraper la demande, n’est pas inatteignable. Le phénomène cyclique non-linéaire
n’aide pas à la stabilisation vers un niveau d’équilibre juste et prévisible, mais l’inflammation des courts n’est
plus à prévoir, car la soif des hommes pour le pétrole s’estompe et l’offre sait qu’elle peut s’adapter.
Néanmoins, cette embellie sur l’appareil productif pétrolier est à prendre avec des pincettes. Le plafond
marginal atteint a bien permis une redescente vers l’équilibre. Mais les projets marginaux ainsi déclenchés,
comme les non-conventionnels nord-américains ou l’offshore ultra-profond, ne sont peut-être pas aussi
durables qu’on pourrait l’espérer. Pour le moment, tout laisse à penser que l’arrêt de ces sites « chers »
nous assure une sécurité sur l’offre et nous éloigne d’un risque de pic d’offre. Mais lorsque ces sites ne
seront plus marginaux mais banalisés, il est difficile de prévoir combien de temps peuvent-ils suffire à
subvenir aux besoins de la planète en pétrole. Tout dépendra de la capacité des énergies alternatives à
prendre le pas sur le pétrole. Puisque, si celles-ci arrivent à compenser le manque en énergie que le pétrole
ne saurait donner, grâce à un gain de compétitivité, la course à l’hydrocarbure serait moins virulente. En
revanche, si les énergies alternatives n’ont pas les capacités de subvenir aux besoins globaux en énergie, le
monde pourrait redevenir explosif puisque chacun de ses acteurs investira massivement dans des
programmes de sécurisation des missions d’exploration et des sites de production d’énergies fossiles
(pétrole, gaz, charbon et ressource radioactives).
Dans tous les cas, l’énergie reste un élément fondamental à la survie de toute économie. Tout risque de
pénurie sera immédiatement et franchement combattu par les nations les plus dépendantes au pétrole. On
peut donc imaginer qu’à chaque phase de sursaut du risque de pénurie, les nations les plus dépendantes du
pétrole s’engageront immédiatement et franchement dans des mesures de fiabilisation des sites de
production. Ainsi, la date de fin du pétrole sera systématiquement et rapidement retardée, laissant aux
industries en charge de sa production un avenir serein.
En conclusion, à moyen terme, les projets marginaux démarrés entre 2011 et 2014 auront le rôle de
soupape de sécurité en cas de redémarrage de la consommation mondiale en pétrole. Sur le long terme, on
imagine plus facilement une fin du pétrole par une reconversion progressive de l’offre en énergie vers des
ressources plus durables, notamment grâce à la pression de l’opinion sur les dangers environnementaux ;
plutôt que par une explosion brutale de la demande en pétrole, avant la dérive vers une pénurie

164
Les chocs précèdent toujours une période de volatilité, telle une brusque impulsion sur une régulation naturellement instable. Le risque
systémique d’une nouvelle crise financière n’est pas non plus écarté [OCDE. Advance G-20 Release : OECD Economic Outlook. 2014]

42 | P a g e
improbable165. D’une manière générale, « l’histoire des énergies s’identifie toujours à celle du développement
de leur consommation »166.

3.1.3 L’assurance d’une domination durable du pétrole sur les autres énergies, à
condition de renouveler les ressources exploitables : une perspective de long terme

Même si l’on considère que pour le consommateur individuel, la commodité d’utilisation est plus
importante que le prix instantané167, le prix d’une énergie par rapport à ses concurrents est déterminant pour
expliquer le comportement de la demande globale. Il existe alors deux critères sur lequel les énergies
alternatives peuvent concurrencer sérieusement le pétrole : le prix et la commodité168.
Lors de la période 2011 – 2014, l’offre de pétrole a su se développer et se maintenir à la hauteur des
exigences de la demande169. En parallèle, cette période a également encouragé les efforts d’innovation dans
les énergies alternatives qui sont devenues plus compétitives et qui ont gagné en commodité, que ce soit
sur la production ou la consommation170. Le pétrole cher a stimulé l’amélioration de l’efficience énergétique
des pays consommateurs171, a contribué à l’accélération de la transition énergétique et a fait admettre à
l’opinion, devenu sensible aux risques de pénurie des ressources fossiles et de pollution par hydrocarbure,
que le pétrole n’est plus la seule énergie économiquement viable à long terme172.
Pourtant, les prévisions de composition du mix énergétique pour les décennies à venir, assurent aux
hydrocarbures une domination pérenne dans un climat de croissance démographique et économique
cadencé, notamment grâce au développement du gaz173. En fait, la consommation mondiale en énergie ne
peut qu’augmenter, seulement, le taux de croissance de la consommation de pétrole et de gaz sera moindre
que le taux global. De son côté, la diminution de la part du charbon dans le mix énergétique 174 sera
compensée par le développement du nucléaire et des énergies renouvelables.
En réalité, deux effets se compensent. D’un coté, nous vivons une amélioration de l’efficience
énergétique des pays développés175, ainsi qu’une progression importante des énergies renouvelables dans
leur mix énergétique grâce à une volonté politique grandissante 176. Cela entraine, parallèlement à une faible
croissance de leurs économies, une baisse de leur consommation en pétrole, donc une baisse de leur
consommation globale en énergie. De l’autre côté, la forte croissance économique et démographique des

165
On suppose que le pic de demande dans les pays industriels a été atteint en 2007-2008. Depuis lors, l’offre s’est progressivement
développée pour venir dépasser la demande et faire retomber les prix. [LAWLER. Oil demand has peaked in developed world : IEA. 2010]
166
[AMIC. L’énergie, à quel prix ? 2006 p. 5]
167
[AMIC. L’énergie, à quel prix ? 2006 p. 7]
168
On l’a vu, le gaz n’est pas aussi commode que le pétrole à cause de l’inélasticité de son offre (voir 2.1.5 La spécificité du gaz). Pourtant, le
développement de nouvelles technologies, notamment dans le transport et la production d’électricité, lui laisse l’opportunité d’améliorer sa
commodité et de prendre le pas sur le pétrole et le charbon, à condition de l’exploiter dans un contexte globalisé pour arriver à une économie
d’échelle suffisante pour le rendre compétitif. Ainsi, ses facteurs prix et commodité devanceront ceux du pétrole et du charbon.
169
Voir 3.1.1 2015, le contre-choc, perspective de court terme
170
Voir Annexe 19 : Coût de production de l’électricité en 2014
171
Voir Annexe 19 : Efficacité énergétique par pays en 2011 et évolution depuis 2002
172
Nous n’oublions pas l’importance du charbon dans le mix énergétique mondiale, puisqu’il représente 30% des ressources consommées en
énergie primaire. Celui-ci reste aujourd’hui l’un des meilleurs substituts au pétrole en matière de production d’électricité et de chaleur, car il
est bon marché et commode en termes d’extraction, de transport et d’exploitation. Il a aussi l’atout d’être extrait dans des régions différentes
de celles des hydrocarbures, ce qui permet une certaine sécurisation de l’approvisionnement en énergie d’un pays.
173
Voir Annexe 20 : Perspective d’évolution du mix énergétique mondial jusqu’en 2040 et Annexe 21 : Réserves connues non exploitées et
production de pétrole et de gaz offshore.
174
Cette diminution pourrait être due au retour du marché du CO2 ainsi qu’à la volonté politique environnementale, comme la Chine qui
assume à elle seule 50% de la consommation mondiale de charbon. [NARAYANAN. China Cut dependance on Coal for Energy as smog chokes
cities. 2014]
175
Voir Annexe 19 : efficacité énergétique par pays en 2011 et évolution depuis 2002
176
Pour exemple, le Danemark espère faire passer la part de l’éolien à 50% dans sa production d’électricité en 2020, contre 39% en 2014.
[DWORKIN. Denmark sets world record for wind power with no plans of stopping. 2015].

43 | P a g e
pays hors-OCDE persiste 177 . Celle-ci étant principalement développée autour de secteurs économiques
assez énergivores, cela fait progresser notablement leur demande global en énergie. Ainsi, du fait de ce
phénomène compensatoire, l’augmentation de la demande mondiale en énergie devrait rester modérée178.
Cette modération de la croissance n’exempte pas l’industrie pétrolière de rechercher d’autres ressources
exploitables pour suivre cette évolution. Or, on l’a compris, cette industrie semble capable de suivre une
hausse de la demande dès que les prix dépassent un certain seuil 179. Du côté de l’offshore, la période
propice à l’investissement a été trop courte pour démontrer l’ampleur du potentiel économique des champs
marins ultra-profonds. Malgré tout, comme pour le cas des produits non-conventionnels exploités en
Amérique du Nord, certaines régions ont connu un développement important comme le Golfe du Mexique, le
Brésil, le Golfe de Guinée, l’Australie ou encore le Mozambique, dont le break-even est au dessus des 100
dollars180. A la différence du non-conventionnel, il n’est pas aussi évident de stopper la production, ni même
de construire un site en eaux-profondes. On imagine alors que ces projets ne peuvent voir le jour qu’à
condition d’avoir une bonne visibilité sur le marché pétrolier, donc une stabilisation du prix et non un simple
pic record.
Dans tous les cas, l’industrie pétrolière devra continuer de se moderniser et de se fiabiliser pour assurer
la cadence de production que la demande en pétrole lui impose181.

3.1.4 Les initiatives nationales, la grande incertitude du marché

Certains lancements de projets, depuis une initiative publique, sont parfois totalement indépendants du
marché pétrolier dans le sens où ils peuvent être déphasés par rapport au cycle du secteur privé et en
incohérence avec les anticipations faites par les investisseurs privés, guidés par les perspectives d’évolution
des fondamentaux 182 . Même si un baril élevé reste un des facteurs principaux qui encourage le
développement de l’économie nationale autour de l’industrie pétrolière, la grande variable reste la stratégie
politique et économique locale de l’Etat concerné 183 . Cette politique peut être influencée par l’histoire
socioculturelle propre au pays184, par la perte de croissance dans un autre secteur à part entière ou pour des
raisons budgétaires, politiques et/ou monétaires185. Le développement soudain d’un potentiel économique
régional peut surgir également lorsqu’un pays ouvre son marché aux compagnies étrangères, ou lorsqu’il
libère subrepticement de nombreux permis d’exploration.
Pour exemple, le Venezuela, un pays historiquement fermé par sa culture communiste, connait des
difficultés politiques problématiques à cause d’une ingérence en matière industrielle dans sa branche

177
On suppose que 95% de la croissance de la demande mondiale en énergie, entre 2014 et 2035, viendra des pays hors-OCDE, dont plus de
la moitié depuis la Chine et l’Inde. Ces chiffres proviennent de BP, Exxon prévoit même une diminution de 3% de la consommation en énergie
des pays de l’OCDE entre 2010 et 2040. [COLTON. The outlook for energy : a view to 2040. 2014 p. 52] et [BP. Energy Outlook 2035. 2014].
178
Voir Annexe 22 : Perspective d’évolution de la demande de pétrole selon les régions
179
Voir 3.1.2 La remise en cause de la théorie du Peak-oil
180
Voir Annexe 18 : Break-even du prix du Brent par type de projet et par région productrice
181
Voir Annexe 23 : perspective d’évolution de la production de pétrole en eau profonde, l’exemple du Brésil
182
Voir 2.1.4 Le cycle, un phénomène économique aléatoire
183
Pour exemple, le Brésil a découvert récemment l’existence de champs pétroliers en eau profonde monstrueux au large de la côte sud.
Malgré cette aubaine, les problèmes de corruption et de gestion budgétaire, s’additionnant avec la chute des cours en 2014-2015, ont bridés
l’investissement dans cette région et n’ont pas pu profiter à l’économie du pays comme le régime l’avait espéré. [BOURCIER. Petrobras, le
scandale qui éclabousse le Brésil. 2015]
184
Les raisons d’origine socioculturel peuvent être dues à une culture plus ou moins écologique, une politique historiquement partisante du
marché ouvert, un environnement fiscale plus ou moins accommodant ou encore selon le degré d’accessibilité du capital d’investissement
185
Les hydrocarbures représentent 70% des recettes publiques au Nigéria et 52% des recettes publiques en Russie en 2014, contre 8-9% en
2000. Le pétrole représente 96% des exportations du Venezuela. Pour l’Algérie, le pétrole représente 40% de son PIB, contre 4% pour
l’industrie et 2% pour l’agriculture. (Source : LeMonde.fr, 3 décembre 2014, Les grands perdants de la chute des cours du pétrole)

44 | P a g e
pétrolière. On pourrait imaginer, après les élections législatives de 2015, une flexibilisation des mesures de
contrôle du marché de la production 186 . Ainsi, ce pays, considéré comme l’un des plus gros potentiels
pétroliers de notre temps187, pourrait bouleverser les perspectives d’avenir de l’offre à l’échelle mondiale.
Aux regards des compagnies sismiques, ces décisions sont imprévisibles et ponctuelles, et elles
peuvent amener à tendre très rapidement le marché du fait d’un bond de la demande en données
géologiques. Le marché doit donc pouvoir être en mesure de digérer de telles variations, malgré le manque
inévitable de visibilité à moyen terme.
Aujourd’hui, il existe de nombreuses régions inexploitées encore fermées ou difficilement accessibles à
l’exploration pour des raisons politiques et auquel on atteste un potentiel pétrolier considérable 188. Ainsi, en
plus des régions en développement comme le Brésil ou la Norvège, d’autres parties du monde sont
susceptibles de contribuer à la pérennisation de l’offre de pétrole et de l’activité économique pour l’industrie
offshore.

Ces différentes perspectives d’ordre conjoncturelles ne peuvent être justifiées qu’après avoir déterminés
quels éléments structurels sont en jeux. L’industrie de l’offshore, avec la participation active de la
prospection sismique, doit continuer de se développer et de se moderniser pour répondre à la cadence de
production que l’on prétend espérer.

3.2 L’offshore et l’industrie sismique détermineront l’avenir du pétrole


et du gaz, à condition de gagner en productivité

En imaginant une domination pérenne de l’énergie du pétrole dans le mix énergétique global, on sait que
l’investissement dans le secteur de l’Upstream ne peut qu’augmenter, et l’industrie offshore sera en première
ligne pour profiter de cet élan durable et important 189 . Seulement, malgré cette perspective radieuse, le
secteur pétrolier devra faire preuve davantage de rigueur budgétaire et opérationnelle.

3.2.1 Le confort de la rente, un défaut conjoncturel laissant une marge au progrès

Le renouvellement des ressources exploitables ne peut se faire seulement si la technologie d’exploration


est fiable, accessible et efficace. La performance opérationnelle doit progresser en permanence pour
s’adapter aux futures régions productrices à la géologie complexe ou à l’environnement de travail hostile, à
l’image des innovations engagées au cours des années 2000 pour faciliter l’imagerie des grands fonds dans
le Golfe du Mexique.
On l’a vu, la stabilisation longue à un niveau de prix de pétrole élevé a permis aux industries
productrices d’hydrocarbures de développer rapidement des profits et d’engager des investissements

186
Le Venezuela possède 17,7% de la réserve mondiale de pétrole prouvée alors qu’il n’en produit que 3,3% à 2,6 Mboe/jour [BP. Statistical
review 2014. 2014]
187
[WATTS. Venezuela election result set to upset global oil politics. 2012]
188
On y recense, parmi d’autres, la Russie, la Syrie, la Libye, le Soudan du Sud, la République Démocratique du Congo, la Colombie, l’Algérie, la
Corée du Nord, le Niger, le Mali, l’Irak ou encore l’Iran. Globalement, on retrouve essentiellement des régimes autoritaires ou en position de
faiblesse sécuritaire, comme les pays sous la menace de mouvements islamistes radicaux.
189
Voir Annexe 24 : Perspective d’investissement dans la production d’énergie pour la période 2014-2035

45 | P a g e
massifs ayant eu pour effet de remettre en cause, contre toute attente, la théorie du Peak-oil190. Le secteur
pétrolier a toujours été une industrie génératrice de gros bénéfices puisqu’elle fonctionnait sur des prévisions
toujours plus optimistes quant à l’augmentation de la demande mondiale. Une telle perspective est idéale
pour un secteur économique, pourtant, elle n’est plus aussi évidente aujourd’hui. En s’habituant à la rente
facile, ce secteur a investi pour rester dynamique sans pour autant réduire ses coûts d’exploitation191. Le
milieu pétrolier devra redynamiser sa productivité pour faire face à un déséquilibre ponctuel et fréquent entre
la demande et l’offre et non plus une domination admise de la demande sur l’offre. En résumé, à la suite
d’une ère prospère de rentabilité, l’industrie pétrolière renouvelle son objectif, celui de la recherche durable
de compétitivité.
On l’a compris, la chute des marges des pétroliers, du fait de la chute des prix du brut, de l’augmentation
des coûts d’exploitation des installations offshore ainsi que de la financiarisation des stratégies de gestion 192,
les incitent à tirer vers le bas les prix des prestations parapétrolières. Cette pression, devenu insupportable
pour de nombreux acteurs, amène à bouleverser la structure du marché. Mais au-delà d’une nouvelle
répartition des parts de marché, au-delà des opérations de rachat193, au-delà des plans de restructurations,
les prestataires parapétroliers devront gagner en efficacité, en productivité et en compétitivité pour assurer
l’avenir de la production de pétrole. Ainsi, dans l’ensemble des secteurs sous-jacents au marché global, la
pression concurrentielle sera amplifiée pour arriver à un niveau de productivité beaucoup plus élevé qu’il ne
l’était pendant l’âge d’or du pétrole à plus de 100 dollars. Cette course à la compétitivité, à tous les échelons
de la chaine de production, imposera à chaque acteur de renouveler son arsenal productif 194. C’est tout
bonnement l’assurance de continuer de voir l’innovation se développer.
Ces investisseurs n’ont aucune volonté dogmatique à voir l’activité pétrolière s’éterniser, ils n’ont qu’un
objectif tout aussi pragmatique que frustrant : la rente. Or, cette rente pourrait très bien naitre, et de manière
plus attrayante encore, au sein des énergies alternatives au pétrole. On en conclu alors qu’un des critères
principal qui pourrait faire pâlir l’optimisme des acteurs pétrolier, craignant un désistement systématique des
investisseurs, serait une perte de viabilité des projets proposés.

3.2.2 Un progrès à la portée des sociétés occidentales

La majeure partie des navires sismiques ont été construits en Norvège195, le pays où le coût du travail
est le plus cher du monde196 et XX% des navires 3D sont gérés par des sociétés norvégiennes. Ces simples
constats font immédiatement percevoir une aubaine évidente pour les sociétés les plus développés. Alors
pourquoi la France n’a-t-elle pas pu saisir cette opportunité malgré l’existence sur son territoire de leader en

190
Voir 3.2.1 La remise en cause de la théorie du Peak-oil : une perspective de moyen terme
191
Selon une étude, les compagnies pétrolières ont été trop focalisées sur l’augmentation de leurs capacités de production pour développer
un maximum de profits, au détriment de l’entretien d’une culture du coût (the cost culture). [BOMAN. Study : oil price downturn creates need
for cost culture in industry. 2015]. Les dépenses du secteur pétrolier ont augmenté largement plus rapidement que l’ensemble de l’économie.
A Aberdeen, capitale européenne de l’industrie offshore, le taux de chômage était de 2% en juin 2014. Le salaire moyens, en 2013, s’élevait à
£39 000/an contre £27 000/an au Royaume-Unis, soit 45% de plus. [GEOGHEGAN. Aberdeen, the oil city where boom and bust happen at the
same time. 2014]
192
Cette financiarisation a pour conséquence de devoir rajouter dans les profits et dans la stratégie de gestion d’entreprise, une part de
redistribution aux actionnaires ou aux créanciers. Cela rehausse l’objectif de bénéfice et dévalorise les ciblages de long terme.
193
Avec une position boursière très en deçà de la réalité tenue en période de creux, certaines compagnies exposés sur les marchés financiers
sont la proie de grands groupes désirant reprendre des parts de marché ou de s’étendre.
194
Sur le marché sismique, cette course n’a pas attendu la chute des cours pour démarrer. Voir 2.2.4 Les relations offre/demande sur le
marché sismique
195
Voir Annexe 25 : Lieu de construction des navires 3D depuis 1986
196
1,42 fois plus cher qu’en France et 32 fois plus cher qu’aux Philippines [JDN. Prix du travail : le coût de la main d’œuvre das l’industrie, pays
par pays. 2013]

46 | P a g e
la matière ?
L’innovation est bien l’avantage comparatif majeure des pays occidentaux. Cela implique d’avoir une
économie à la pointe mais aussi une société organisée pour nourrir cette économie. La Chine a recentré son
économie sur le marché intérieur afin de dégonfler l’endettement par l’augmentation de la consommation197.
Les Etats-Unis continuent de dominer le monde dans bon nombres de secteurs en évolution, sous
l’impulsion permanente d’une innovation active. L’Europe, engluée par son orientation politique ayant glacé
la demande effective, n’a pas pour autant perdu sa capacité à développer des activités de pointes. La
France a engagé des réformes pour améliorer la compétitivité de ses produits exportés et pour redynamiser
l’investissement privé et l’entreprenariat, avec le soutien des sociétés étrangères198. Le constat reste succin,
mais il nous permet de conclure que même si les pays occidentaux n’ont pas le niveau de compétitivité
requis pour concurrencer les industries de bases à l’international, ils restent tout à fait capables de dominer
l’économie de la haute technologie. Or, l’industrie offshore fait indéniablement partie de la longue liste de
secteurs économiques de pointe qui offrent aux sociétés occidentales le potentiel de croissance qu’elle n’a
pas l’audace ou l’opportunité d’exploiter complètement, à cause de réticences privées, plombées par le
manque de crédibilité et de visibilité des manœuvres étatiques.
La France, avec ses cousins européens, a déjà une position forte dans l’industrie parapétrolière
mondiale. Bourbon, CGG, Bureau Veritas, Eiffage, GDF-Suez, Schlumberger, Subsea7, Technip, Total,
Perenco, Schneider-Electric, SGS, STX Europe, SPIE, Veolia, Vallourec ou encore Cegelec. La liste est
longue et bien incomplète, elle représente les plus grandes sociétés françaises actives sur le marché de
l’offshore. Les principaux concurrents et partenaires de ces groupes industriels sont essentiellement
européens ou nord-américains. C’est donc avec la compétitivité de ces régions, leur niveau de formation,
leurs capacités d’innovation et leur efficacité d’investissement qu’il faut se comparer pour pérenniser
l’excellence et l’influence des sociétés française sur le marché de l’E&P.
Ce fameux progrès, poussé par la globalisation des marchés de services parapétroliers, peut aussi
apporter l’avantage de nourrir d’autres secteurs d’activité, à toute aussi forte plus-value. Dans l’exemple de
l’offshore, un pays, ou un groupe de pays partenaires, qui engage des investissements dans ce secteur
gagne aussi l’occasion d’aider le développement de l’éolien offshore, la pose de tuyaux ou de câbles de
télécommunication sous-marins ou encore le stockage d’eau ou de CO 2 dans le cas de l’étude sismique199.
On recense également un développement de technologies navales pour la conception d’unités militaires
capables de naviguer en Arctique200. Les objectifs de ces activités sont tout autres, mais elles restent, dans
ce cas, facilement accessibles, puisque tous ces secteurs ont en commun certaines technologies et
compétences humaines échangeables. La diversité économique des pays développés leur donne cet
avantage de pouvoir diffuser l’impact de leurs investissements dans une grande variété de secteurs
d’activité.
Dans l’industrie de la construction navale, le défi sera de rendre les navires moins énergivores 201, plus

197
La part de la consommation des ménages ne représente que 35 % en Chine en 2012 (contre 61,5% dans l’OCDE). [ALTERNATIVES
ECONOMIQUES. Les chiffres de 2014. 2015 p. 66]. L’endettement (public + privé) représentait près de 215% du PIB fin 2013 (contre 131%
en 2008) [GRESILLON. La Chine tente de remettre de l’ordre dans un système financier nébuleux. 2014].
198
C’est l’objectif du Crédit Impôt Compétitivité Emploi, de la Banque Publique d’Investissement, du Pacte de Responsabilité et, entre autres,
du Crédit Impôt Recherche, l’un des plus avantageux au monde [CROUZEL. Paris redevient la troisième métropole la plus attractive du monde.
2015]
199
[IEA. An overview of CO2 storage capacity assessment methodologies for saline aquifers. 2012].
200
[MER ET MARINE. NPEA : Les nouveaux patrouilleurs arctiques canadiens. 2012].
201
Même si l’on peut considérer que la baisse du coût du pétrole implique une baisse de la part du carburant dans les coûts d’exploitation des
navires, ces coûts représentent un tel pourcentage qu’ils méritent largement d’être réduits tant que possible. Les navires sismiques

47 | P a g e
fiables, plus autonomes et plus robustes pour affronter les régions les plus hostiles 202. La technologie de
l’acquisition devra aussi continuer de se fiabiliser grâce à une meilleure résistance des matériaux et des
instruments immergés aux conditions environnementales203, et de se moderniser pour raccourcir les périodes
de manutention du gréement204 ou les phases transitoires entre deux lignes d’acquisition 205. Les systèmes de
navigation n’ont pas encore une fiabilité optimale. Or, le développement de la 4D et de l’HD3D implique que
ces systèmes puissent offrir aux convois la plus grande précision dans des conditions d’exploitation
changeantes. Les systèmes de traitement informatique des données doivent suivre la complexification des
méthodes d’acquisition pour subvenir aux besoins de précisions exigés lors des phases d’analyse et de
forage206.
La particularité de l’industrie offshore est qu’elle vit grâce à des capacités technologiques et humaines
de pointe. Or, à la différence d’autres secteurs contraints aux mêmes exigences comme l’aéronautique, le
spatial, la recherche en biologie ou en nanotechnologie, la production de produits pétroliers ne peut se faire
que sur des sites délocalisés. Les compagnies pétrolières et parapétrolières doivent alors performer au plus
haut niveau, quelques soient les régions dans lesquelles elles travaillent. Quelque soit le régime politique ou
juridique, quelque soit le niveau d’efficacité des infrastructures logistiques d’accueil, quelques soient les
compétences des travailleurs et sous-traitants locaux, la performance opérationnelle doit rester
irréprochable. C’est pour cette raison que l’industrie pétrolière a toujours été à la pointe du progrès en
matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE) à l’international. Non pas qu’elle le souhaite par
respect pour des principes éthiques, mais parce qu’elle en est obligée pour performer partout où elle
s’implante. C’est donc dans l’optique de sécuriser la performance de terrain, donc la rente, que ces
compagnies font appel à la RSE. Or, la notion de RSE n’a pas encore terminé son éveil dans l’esprit des lois
et des acteurs de l’économie mondiale. La marge de progrès dans ce domaine, toujours bourgeonnante
dans le milieu universitaire, est donc colossale 207. C’est une opportunité à saisir par le secteur tertiaire des
sociétés occidentales.

Malgré ces opportunités de croissance bienvenues en occident, les capacités d’investissement ne sont
pas égales.

3.2.3 La concurrence déloyale des Export-Credit-Agencies

reconvertis ont le désavantage de ne pas avoir été conçu pour être efficient à puissance de poussée maximale pour des vitesses de l’ordre de
3 à 5 nœuds. On prévoit alors de voir se développer les commandes de navires neufs plutôt que de navires d’occasions.
202
L’Amazon Warrior de Westerngeco est certifié Polar Class 7, soit le plus faible niveau de l’échelle de classification. Or, pour l’exemple de la
mer de Kara, la limite n’est pas d’etre contraint par les conditions environnementales sur zone, mais lors du transit migratoire entre la zone
de survey et l’Europe. On peut alors imaginer un certains progrès en matière de classification polaire pour allonger la saison hivernale dans
les eaux russes.
203
Il arrive parfois que le convoi sismique perde des éléments du gréement à cause d’erreurs de manipulation ou de conditions
environnementales trop contraignantes. La moindre perte de l’un des centaines d’instrument implique l’arrêt de l’acquisition et la mise en
œuvre d’opérations de maintenances pouvant durer plusieurs heures voir plusieurs jours. Puisqu’il faut envoyer le Work-Boat à l’eau ou
remonter un ou plusieurs câbles, partiellement ou complètement.
204
Il est possible de remonter ou mettre à l’eau plusieurs câbles en même temps pour gagner en efficacité lors des opérations de déploiement
ou de récupération du gréement. Ces manœuvres très délicates demandent d’avoir un système hydraulique automatisé et sécurisé, des
opérateurs entrainés et une géométrie de gréement adapté.
205
Une bonne partie du temps perdu lors des missions est le temps de changement de ligne (ou line-change). Il s’agit de faire un demi-tour
avec plusieurs kilomètres de câbles en remorque susceptibles de se croiser. (Voir 2.3.2 Impact de l’innovation en acquisition et en
informatique).
206
La méthode du Coil Shooting de Schlumberger ne peut être complètement exploitée à cause d’un problème de suivi des outils
informatiques en aval de l’acquisition. CGG ayant beaucoup investi dans sa branche GGR, son modèle StagSeis est devenu beaucoup plus
performant, notamment sur les phases de line-change (Voir 2.3.2 Impact de l’innovation en acquisition et en informatique).
207
La grande particularité de la RSE est que c’est une discipline très intégrée, regroupant de nombreux domaines intellectuels. Les
universités occidentales, avec l’implication des départements R&D des compagnies privés, sont les plus à même de répondre à ce besoin
naissant.

48 | P a g e
La composition de la flotte mondiale de navires sismiques, ainsi que les lieux de construction des
navires, nous donne un aperçu bref mais très explicite de la répartition géographiques des compétences en
la matière208. Avec une telle domination, la Norvège se donne le droit de se vanter lorsque certains pays sont
font face à des dilemmes politiques dangereux, dont la problématique est de relancer la croissance
économique sans ressource de financement public. En réalité, même si la Norvège est historiquement à la
pointe en matière maritime, ce pseudo succès s’explique aussi par son pouvoir d’attractivité des
investisseurs et des industriels grâce à son généreux crédit à l’export.
Un bon nombre de pays, consortium de pays, ou institutions financières, se dotent de moyens
permettant de doper certains secteurs d’activité à caractère exportateur, donc créateurs de richesse
nationale. Ces produits sont, par le biais agences dédiées (Export-Credit-Agencies), proposés aux
investisseurs étrangers sous la forme de crédits à très bas taux et/ou de garanties d’investissements. En
contrepartie, les sociétés ainsi appâtées doivent respecter quelques clauses assurant au pays exportateur
une part du gain généré, comme le développement de l’emploi local, de la sous-traitance locale ou le
respect de normes de RSE209 strictes et propres à la culture politique locale.
Bien entendu, de tels dispositifs nécessitent d’être plus compétitif qu’une banque classique et d’avoir un
réseau de sous-traitance et de compétence locale suffisamment performants. C’est sur ce terrain que les
pays pétroliers ont les moyens d’imposer une concurrence déloyale dans certains secteurs économiques. La
Norvège et les Emirats Arabes Unis 210 ont chacun fortement contribués à la construction et à la gestion des
navires sismiques exploités actuellement. Pourtant, le premier est le pays où le coût du travail est le plus
élevé au monde ; le second n’a, historiquement, qu’une maigre expérience industrielle maritime.
Il semble évident que lorsque l’atmosphère économique mondial est morose, que la liquidité fuit le
risque, que le système bancaire traditionnel subit le plus gros choc de son histoire, et doit renflouer ses
fonds propres sous la pression des autorités de régulation, et enfin que l’investissement publique des pays
en crise s’effrite, de tels outils financiers génèrent un effet d’aubaine total pour les entreprises chanceuses
de pouvoir en profiter 211 . Le développement rapide de Polarcus, Dolphin, Eidesvik, Volstad ou encore
GCRieber au milieu de la crise financière mondiale s’explique, en partie, par l’existence des fonds de
garantie et de crédit du GIEK212.
Tout comme le secteur de l’aéronautique où les puissances arabes inondent la flotte mondiale de gros
porteurs213, le milieu maritime se plie au pouvoir d’investissement déloyal et massif des pays exportateurs de
pétrole. Mais ce phénomène fait aussi partie du cycle aléatoire qui rythme l’évolution du prix du pétrole.
Lorsque celui-ci diminue jusqu’à obliger ces pays à réorienter leurs budgets publiques pour confiner le risque
de remontrance démocratique, ces aides peuvent êtres amenées à diminuer à leur tour 214. Elles peuvent

208
Voir Annexe 25 : Lieu de construction des navires 3D depuis 1986
209
Le GIEK impose aux entreprises souhaitant profiter d’un crédit-d’export ou d’une garantie d’emprunt de respecter la norme SA8000 ou la
OHSAS18001(futur ISO 45001).
210
L’ECA des Emirats Arabes Unis est l’ECIE (Export Credit and Insurance Company of the Emirates)
211
[MARINE MONEY OFFSHORE. Facilitators – The export credit award. 2013]
212
Le GIEK, l’ECA Norvégienne, a prêté et garantie des projets à hauteur de 23 milliards de dollars en 2014. Quelques exemples de
bénéficiaires en dates sont, entre autres, Polarcus pour l’équipement de ses navires, Eidesvik pour la construction de navires sismiques de
CGG ou d’opérations sous-marines pour Subsea 7 ou encore DOF, Wärtsila, Rolls-Royce, Kongsberg, STX OSV, Farstad, Volstad, GCRieber
Jotron…
213
En 10 ans, les compagnies du Moyen-Orient ont reçu 40 milliards de dollars de subvention [GLISZCZYNSKI. Essor des compagnies du Golfe :
l’inquiétude est mondiale. 2015]
214
On parle aussi du besoin de diversification de l’économie nationale pour éviter une trop forte exposition de l’ensemble du pays aux
risques de perte de profit à partir des hydrocarbures. Dans l’exemple de la Norvège, même si le gouvernement pense que le pétrole restera

49 | P a g e
également ouvrir davantage les opportunités d’accès à ces crédits d’exports pour d’autres entreprises
étrangères afin de maintenir le niveau de performance de leur propre industrie215. C’est à ce moment là que
les compagnies maritimes et parapétrolières occidentales de pointes peuvent gagner des parts de marché.

On peut en conclure que l’aubaine économique toute relative que constitue le marché de l’E&P ne peut
être exploitée par les sociétés occidentales seulement si elles entretiennent un certain niveau de productivité
et de rigueur à la hauteur des exigences du secteur. L’avancée technologique et la sécurité financière que
défendent ces sociétés est la clé de la réussite du milieu pétrolier. Mais les Etats, tout comme les
compagnies privées, doivent prendre la mesure de l’enjeux et travailler à la fiabilisation de leurs services,
grâce à une réduction de leur exposition à la volatilité financière, à une réorientation de l’effort publique en
matière de formation, de recherche et d’encadrement fiscale, ainsi qu’à une amélioration de la rigueur
budgétaire des acteurs du secteurs. Au milieu de ces progrès structurels souhaitables pour les économies
occidentales, l’industrie maritime a sa part d’efforts à consentir pour gagner en influence et défendre son
rang sur la scène internationale.

3.3 Une opportunité pour les marins français et européens ? oui


mais…

La marine marchande évolue. Est-ce un murissement irréversible ou une simple transition ? A


l’évidence, l’internationalisation du marché du travail, corrélée à la croissance vigoureuse du commerce
maritime, n’est pas prête de décélérer. Les marins des sociétés développées doivent maintenir un niveau de
compétence suffisant pour justifier la plus-value qu’ils revendiquent. Les emplois « classiques », que les
travailleurs à bas prix ont désormais les moyens d’occuper, ne peuvent plus être la source principale de
débouchés que les centres de formation maritimes occidentaux promettent à leurs jeunes élèves. Il s’agirait
plus d’une mauvaise estimation des opportunités et des possibilités, plutôt que d’un réel désavantage
comparatif. Après avoir constaté, il faut agir.
L’industrie pétrolière, du fait de sa complexité et des risques financiers et environnementaux qu’elle
manipule, est un secteur extrêmement exigeant. Chaque acteur, chaque collaborateur, chaque sous-traitant
ou chaque dirigeant doivent avoir un niveau de compétence particulièrement élevé. Ainsi, la formation et
d’encadrement financier et juridique des acteurs maritimes, impliqués dans la réussite de cette précieuse
sphère économique, doivent être à la hauteur.

3.3.1 Le besoin d’une extension du domaine de compétence des marins

On l’a vu, les navires spécialisés, comme les navires sismiques, n’ont rien à voir avec le travail demandé
aux navires marchands classiques. En plus de tout le savoir-faire maritime qui regroupe la conduite, la
maintenance, la gestion des stocks, des marchandises et des ressources humaines ou encore l’adaptation

une source de profit importante, l’investissement public sera réorienté vers d’autres secteurs plus indépendants [CHARREL. La Norvège
prépare l’après-pétrole. 2015].
215
Lorsqu’un pays souhaite garder un secteur de son économie actif et performant mais que celui-ci n’est pas autonome, il peut être obligé de
faire appel à des sociétés étrangères pour assurer la complétion de la chaine de production. C’est le principe du partage des compétences
spécialisées.

50 | P a g e
d’une règlementation avant-gardiste sur un système opérationnel très complet 216. Les marins eux-mêmes qui
travaillent sur ces navires spécialisés doivent s’intégrer au cœur d’un secteur de production regroupant une
multitude de corps de métiers, et doivent être capables de s’adapter constamment à de nouveaux savoirs
faire, de nouveaux objectifs opérationnels et de nouvelles pratiques en matière de gestion de la sécurité.
La prospection sismique est particulière, et c’est pour quoi il est intéressant de l’étudier, puisque sur ces
outils industriels de pointe, le métier de marin garde encore une place très importante dans la bonne
conduite des opérations, et pas seulement sur les problèmes d’ordre purement maritime. Les officiers et
marins doivent être sensibles aux exigences auxquelles les compagnies sismiques sont contraintes. Cela se
résume en une série de domaines de compétences additionnels qui leurs dessinent une performance
opérationnelle bien plus valorisante que celle d’un marin « classique ».
Les marins, avec l’aide des équipes assistantes de terre, doivent pouvoir mesurer l’ampleur des risques
liés à leur travail et à leurs décisions. En matière de risque commercial : la tenue du niveau de fiabilité du
navire, de la rapidité des opérations portuaires, des périodes de transit et de réparation ou encore de la
gestion des risques liés au trafic et à la météorologie sont autant de facteurs qui, on l’a vu, déterminent
directement la performance opérationnelle d’un navire sismique. De plus, ces marins doivent pouvoir
comprendre les stratégies de gestion les plus appropriées pour que toutes ces exigences soient respectées.
Car ils sont les acteurs les plus à même de savoir de quoi a besoin l’outil qui génère la richesse de
l’entreprise. Le tout est de leur offrir les moyens de saisir ces outils, de les comprendre, de les perfectionner
et de les gérer. Plus concrètement, un marin sur un navire spécialisé doit savoir gérer ses stocks de manière
autonome grâce à des outils de gestion intelligents, mais surtout grâce à sa bonne connaissance des
stratégies de son entreprise217. Il doit pouvoir supporter humainement son exposition – et celle des autres – à
la pression mentale par le biais de différents savoir-faire en matière de gestion des ressources humaines et
de gestion de soi, donc de facteur humain. Sa performance individuelle et collective dépend principalement
de la motivation régnante, il doit alors être incessamment restimulé. Notre motivation persiste lorsque notre
propre travail abouti à un produit utile et reconnu par notre entourage proche. Le salaire offre la
reconnaissance une fois rentré, mais la motivation doit résister au temps pendant les nombreuses semaines
de bord. Il faut alors que les opérateurs de terrains puissent quotidiennement apprécier l’utilité de leur travail
grâce à une bonne compréhension de leur position au sein du large système qui fait appel à eux218.
En matière de gestion de la sécurité : les pratiques QHSE (Quality, Health, Safety and Environnement)
dans l’industrie pétrolière font partie des plus avancées au monde. Les progrès perçus dans la marine
marchande classique sont importants depuis quelques années, mais le pas à franchir entre ces deux milieux
reste suffisamment grand pour avoir le droit de revendiquer une compétence supérieure lorsqu’il s’agit de
travailler dans l’offshore. Puisqu’à chaque mission, l’ensemble du système QHSE (ou plus « maritimement »
le SMS) doit pouvoir s’adapter aux systèmes imposés par les sociétés clientes, généralement plus exigeants

216
L’avant-gardisme de la réglementation maritime est historique. Rares sont les branches de la mondialisation où les contraintes
règlementaires d’échelle d’internationale sont aussi contraignantes et organisées. La large batterie de conventions internationales maritimes
permet un encadrement complet et global des problèmes inhérents au transport maritime : droit du travail, droit de l’environnement, droit
fiscal, droit fondamentaux et droit international public.
217
Cette compétence existe déjà dans la marine marchande classique. Mais l’idée ici est de ressortir l’importance d’avoir, sur le terrain, un
opérateur totalement maitre de ses décisions. Pour cela, il doit savoir apprécier chaque besoin et chaque contrainte auquel son navire est
soumis. Cela implique une réelle complicité avec les ingénieurs d’armement, une bonne connaissance des budgets et des coûts liés à
l’exploitation de son navire, une bonne connaissance des objectifs de l’entreprise ainsi qu’une bonne connaissance des attentes des clients.
On sort du contexte de simple exécutant d’un plan de gestion, le marin devient ingénieur d’armement détaché sur le terrain conscient des
difficultés et tout à fait en mesure d’apporter son expertise pour des décisions à forte impact financière. En termes de responsabilités
commerciales, celles-ci restent partagées avec les soutiens de terre (superintendant, directeur technique, etc.).
218
Encore une fois, ces éléments sont déjà applicables aux navigations « classiques ». Mais la dimension financière de ces opérations et le fort
degré d’implication des marins dans les prises de décision transforment ces éléments, d’or, en une réelle nécessité.

51 | P a g e
que le « standard ISM » 219 . Les opérateurs et les décideurs de terrain doivent alors être suffisamment
familiarisés avec les différentes philosophies QHSE pour être en mesure d’apporter des modifications des
systèmes de gestion pour les adapter à leurs propres navires. Sur des navires « classiques », les marins
exécutent les dispositions en matière de gestion de la sécurité que leur armement leur communique, en
accord avec les exigences réglementaires émanant des conventions internationales. En l’occurrence, penser
la sécurité reste un métier de spécialiste qui pourrait être associé aux nombreuses autres compétences
qu’un marin polyvalent accumule. Même s’il ne s’agit pas de tout réformer, il faut être plus que l’exécutant
d’un système imposé, on devient contributeur de sa conception au lieu d’être simple utilisateur.

3.3.2 Le besoin d’une modernisation de la formation maritime

De cette série de compétences générales additionnelles en découle le besoin de repenser la formation


des marins occidentaux pour les garder à un niveau de compétence digne de leurs revendications sociales
et salariales. Tout l’intérêt de cette étude consiste à établir des objectifs dans la formation maritime pour
embellir l’avenir de cette filière en occident, mise à mal par la progression rapide des pays à bas prix.
Les centres de formation européens doivent d’abord s’efforcer de s’allier. Cela consiste à la
mutualisation de leurs compétences, en profitant de la complicité juridique, politique et économique déjà
existante, par le biais d’un cursus de formation croisé. Cette notion existe déjà dans le système universitaire
classique, comme par exemple le programmes d’échange Erasmus. La particularité de la formation
maritime, tout à fait unique, est que les textes qui régissent le modèle de formation sont déjà communs, le
diplôme de sortie est lui aussi commun et reconnu mondialement, les niveaux de salaires et le degré de
protection sociale une fois employé sont analogues et les branches du marché de l’emploi visées sont
identiques220. Tout est réuni pour mettre en place un programme d’échange cohérent et efficace. Cela aurait
l’avantage de mutualiser les moyens pédagogiques tels que les navires-écoles, les simulateurs, les centres
de formation à la sécurité, les stages de recyclage des professeurs ou encore les pôles de recherche
spécialisés et permettrait d’élargir la flotte accessible aux élèves officiers.
Le partage des outils pédagogiques, des méthodes, des professeurs, des cultures, des opportunités de
travail ; c’est la raison d’existence même de l’Europe, qui doit aujourd’hui être exploité sans modération. La
langue doit être considérée comme un atout plutôt qu’une contrainte. Par exemple, les français ont
beaucoup à apprendre aux anglo-saxons puisqu’on le sait, le cœur du développement économique mondiale
– y compris l’exploitation pétrolière - pour le reste de ce siècle fraichement entamé sera l’Afrique221.
Les centres de formation doivent se rapprocher continuellement des besoins des employeurs pour que
les élèves qui y passent y soient formés au plus près des exigences professionnelles222. Premièrement, il
s’agit de considérer quels sont les employeurs potentiels et les intégrer au processus d’élaboration des

219
Il convient d’insister sur la particularité de l’exploitation de navires destinés à travailler avec l’industrie pétrolière. Car le partage de
responsabilité, et l’association des efforts opérationnels sur les navires, demandent aux agents de terrain une réelle réflexion proactive
concernant la performance du système QHSE qui les encadre. Ces agents doivent savoir associer les exigences et l’esprit maritimes du code
ISM et du SMS de l’armement avec les exigences et les pratiques QHSE du secteur pétrolier. Ce n’est pas qu’une simple juxtaposition de
procédures faites par la terre que les agents de terrain exécutent dans une totale indifférence. C’est aussi une utilisation minutieuse, en
accord avec l’esprit des deux modèles, et une capacité de changement judicieuse de ces procédures, qui justifie la plus-value des marins sur
ces navires. A condition que ceux-ci soient formés à assumer cette pro-activité.
220
Les branches professionnelles dont nous faisons allusion sont l’offshore, la croisière et l’ensemble des navires spécialisés.
221
Avec une population de 1,9 milliards d’habitants en 2050 et le fait qu’une vingtaine de pays ont le français en langue officielle, l’Afrique
sera une grande opportunité de développement économique pour les acteurs français du pétrole. [LORGEOUX, BOCKEL. L’Afrique est notre
avenir. 2013 p.223].
222
Voir 3.3.1 Le besoin d’une extension du domaine de compétence des marins

52 | P a g e
référentiels pédagogiques. Il faut ensuite laisser à ces référentiels une certaine marge de flexibilité pour
s’adapter aux changements conjoncturels. Ensuite, il convient d’entretenir une relation complice entre ces
acteurs privés et leurs futurs opérateurs et décideurs grâce à des évènements rassembleurs, une
communication à deux sens ainsi qu’une implication plus pérenne des anciens élèves tout au long de leur
carrière afin d’assurer une vraie continuité entre la formation initiale et le milieu professionnel.
On sait que les centres de formations des marins doivent s’adapter aux modèles de formation
internationaux régis par les conventions internationales de l’OMI. L’objectif de la STCW et de la SOLAS est de
sensibiliser les marins à la gestion de la sécurité, dans un environnement commerciale et technique sensible. Il
suffit alors d’orienter le processus pédagogique vers une polyvalence plus moderne, adaptée et adaptable aux
exigences nouvelles que notre étude a décrite, où la notion de sécurité deviendrait un outil de gestion plutôt
qu’une astreinte, et où la notion du facteur humain devienne une priorité incontournable plutôt qu’une option.
Concrètement, cela consiste à ce que les centres de formation soit eux-mêmes capables de modifier leurs
référentiels. Pour y arriver, les modalités de modification doivent être facilitées 223. Les responsabilités et les
compétences, en matière de rédaction des référentiels de formation, doivent être assumées par un groupe de
réflexion mixant professionnels, administrateurs, professeurs et élèves, échangeant au sein d’un réseau
d’information et de consultation européen, et possédant des moyens suffisant pour aboutir à des résultats de
recherche pertinents224.

3.3.3 Une évolution du marché du travail et des conditions d’emplois des marins
occidentaux vers une mobilité encadrée, globalisée et partagée

Le grand défi des sociétés développées est de réussir à préserver les acquis sociaux lorsque la
mondialisation les incite à les amputer au profit de la compétitivité. Or, les écarts de richesse et de prospérité
sociale entre les pays développés, et ceux en cours de rattrapage, perturbent l’équilibre social dans ces
pays par la hausse du chômage dans un contexte de stagnation économique. Notre époque est celle de la
compétition, où les plus forts n’ont pas le choix de le rester, au risque de se faire rattraper puis très
rapidement distancer par les plus faibles, impatients de pouvoir les imiter. C’est pourquoi il n’est pas inutile
de chercher à profiter de toute sorte d’opportunité laissant la possibilité de préserver son avance, l’offshore
en fait partie.
N’importe quel marin possédant un titre STCW peut offrir son travail sur un marché de l’emploi globalisé,
et seules des règles internationales efficaces peuvent définir un « plancher salarial »225. Avec cette étude, on
estime que dans le secteur de l’offshore, les marins « haut-de-gamme » peuvent prétendre à rester à des
postes à haut revenu grâce au développement de leur niveau de compétence. Mais l’entretien de ces
compétences ne suffit pas, il faut rendre l’offre de travail attrayante pour les employeurs. Aujourd’hui, malgré

223
Aujourd’hui, dans le cas de l’ENSM, les modalités de modification des textes relatifs à la formation sont trop complexes et trop lentes. Cela
a pour conséquence une certaine « mollesse » dans la réaction de l’école aux nouveaux besoins du marché du travail. Il convient alors de
moderniser ces modalités de telle manière que des élèves, anciens-élèves, professeurs ou professionnels, puissent demander, par le dépôt
d’un document d’étude sérieux et argumenté, des propositions de changements.
224
Autrement dit, le référentiel de formation doit être l’aboutissement d’un travail de réflexion profond et collectif, mené par des personnes
les plus à même de connaitre les besoins et ayant les moyens de travailler sur du long terme de manière continue.
225
Il ne s’agit pas ici de salaire minimum mais de conditions de travail, donc de coût du travail pour les employeurs. Typiquement, avec des
conventions comme la MLC 2006 ou certaines conventions collectives internationales comme celle signée entre Total et XXX début 2014, les
conditions de travail des marins aux plus bas revenus se sont rapprochées des plus hauts revenus. L’écart ainsi réduit limite l’influence des
bas salaires sur les hauts revenus considérés comme de meilleures qualités. Lorsque des pays ne respectent pas les clauses du droit du
travail, on parle alors de « dumping social ». [VINCENT. L’OMC et les pays en développement 2010 p. 321]

53 | P a g e
la qualité de son suivi, le pavillon français n’a plus de succès, et le régime de protection sociale des marins
français est déficitaire parce qu’inadapté et trop généreux 226.
Le marin français, tout comme ses homologues européens, a besoins de maintenir un niveau de
protection sociale digne et un salaire à la hauteur du niveau de vie du pays où il réside. La solution du travail
en freelance est très loin de l’esprit traditionnel d’une sécurité sociale basée sur la solidarité universelle
nationale, gérée par les pouvoirs publics, et souvent plus efficaces que les privées car elle regroupe plus de
cotisants227. C’est pourquoi il est nécessaire de moderniser le régime ENIM et de permettre aux marins une
plus grande lisibilité et une meilleure flexibilité, pour qu’ils puissent naviguer sans contrainte sur des navires
offshore étrangers, sous la gestion d’armements européens ou nord-américains.
L’idée générale, que l’on ne peut développer davantage ici puisque ce n’est pas le sujet central de
l’étude, est d’encourager un effort d’uniformisation des conditions d’emploi et de protection sociale entre les
armements européens. Ceci grâce à un encadrement juridique adaptée aux marins afin de développer une
dynamique de réelle mobilité 228 . Même si c’est l’Etat du pavillon qui définit les conditions de travail des
marins, il est dans l’intérêt de tous les marins européens de s’unir et de mutualiser leurs forces pour
développer un marché du travail protecteur plus étendu que ce qu’offre les différents registres de pavillons
nationaux. Cette unification passe aussi par un rapprochement entre les différents systèmes publics de
protection sociale, dans le but de faciliter le détachement ou l’affiliation d’un marin sur des navires étrangers
de manière plus permanente que ce qui est déjà autorisé.
À l’avenir, le développement d’une politique maritime volontariste à l’échelle européenne pourrait
renverser la tendance de l’exil fiscal parfaitement assumé des compagnies maritimes vers des pavillons de
complaisance. Le débat sur la répartition des eaux Arctique pourrait stimuler ce mouvement, puisque les
Etats européens ont tous intérêts à garder une flotte de navire importante pour rester influent dans les
décisions de l’OMI229.

Même si l’on constate un opportunité évidente dans cette activité économique attrayante, il semble
encore compliqué d’en profiter pleinement, notamment à cause de problèmes structurels d’échelle
internationale, entretenus par un manque de volonté politique de la part des pays occidentaux pour
maintenir le niveau opérationnel de leur flotte de navires offshore à la hauteur de ce qu’ils requièrent. On
comprend que, que ce soit dans le cadre de la construction, la réparation ou l’innovation navale ou que ce
soit dans le cadre de la formation et l’encadrement des emplois marins, l’Europe, avec l’implication d’autres
membres de l’OCDE, a encore de quoi s’émanciper et doit approfondir les règles d’unification, de
collaboration et d’harmonisation dans le domaine maritime pour garder son rang de puissance économie
avancée.

226
Le déficit de l’ENIM a atteint 28 M€ en 2012 et 47 M€ en 2013. Il n’est pas prévu qu’il se stabilise avant 2018. [DELAITRE. Rapport
d’information sur le régime spécial de retraite et de sécurité sociale des marins (ENIM). 2013 p. 60]
227
En 2014, les dépenses de santé représentaient 16,9% du PIB aux Etats-Unis (dont 47% financés par les pouvoirs publics) contre 11,6% an
France (dont 77% financés par les pouvoirs publics) et 9,3% en moyenne dans l’OCDE [OCDE. Statistique de l’OCDE sur la santé 2014,
comment la France se positionne ? 2014].
228
En réalité, il existe déjà des mesures de dérogation permettant aux marins français de naviguer sur des navires étrangers européens sans
perdre leur attachement à l’ENIM. Cette dérogation est également possible, de manière provisoire et sous un contrat de détachement,
lorsqu’une convention bilatérale existe entre la France et le pays tiers (ce qui est le cas avec le Sénégal, le Togo, l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le
Gabon et Madagascar (http://www.cleiss.fr/pdf/liste_accords_internationaux.pdf)) ou même avec d’autres pavillons, à condition que le
marin soit aussi affilié au régime de sécurité sociale de l’Etat du pavillon (décret du 2 novembre 1979). Or, ces mesures ne suffisent pas, du
moins dans la pratique, à développer la mobilité des travailleurs européens. [ENIM. Mobilité de marins ressortissant français sur des navires
battant pavillon étranger. 2013].
229
L’importance d’une flotte permet également de peser dans les discussions à l’OIT, au CNUCED ou encore à la FAO [GALLAIS-BOUCHET.
Pavillon marchand et influence internationale. 2008].

54 | P a g e
55 | P a g e
CONCLUSION

146,69 dollars est le symbole d’une période d’exception qu’aucun individu rationnel et morale ne
souhaite revivre. Ce pic, qui représente l’apogée d’un phénomène aujourd’hui naufragé, a révélé un signe
d’aubaine assez différent de ce que l’on pourrait penser. Ce n’est pas tant le fait d’avoir atteint un sommet
qui a permis à l’industrie pétrolière d’espérer profiter d’une marge opérationnelle exceptionnelle, mais c’est
plutôt le fait d’avoir sagement atterrit après un voyage turbulent, d’avoir quitté l’orage pour retrouver
l’équilibre.

La production pétrolière est un segment complexe où de nombreux facteurs perturbent continuellement


la visibilité et l’épanouissement financier de ses acteurs. L’exposition à ces phénomènes qui s’influencent
mutuellement, et parfois aléatoirement, ne permet pas de prédire précisément et objectivement la nature de
l’évolution futur du secteur. Néanmoins, il est possible d’établir une tendance intéressante. Le marché
pétrolier n’est pas prêt de s’effondrer, car sa commodité et sa compétitivité font que cette énergie, déjà très
implantée dans les cultures consommatrices à l’échelle mondiale, restera durablement dominante sur les
alternatives, notamment grâce à l’essor du gaz.

La pérennité de cette hégémonie dépendra principalement de l’évolution de la demande, donc de


l’orientation politique et culturelle des consommateurs, et non des limites capacitives de l’offre. Seul un
changement radical et global de l’esprit consommateur est en mesure d’inquiéter la domination solide et
confortable des hydrocarbures sur ses substituts. Par contre, cette même offre aura le devoir d’assumer son
rang par le maintient de sa cadence de production, donc de faire preuve d’intelligence et de prévoyance
dans ses investissements de long terme. C’est à dire d’être en mesure d’engager des projets ambitieux, que
les investisseurs ne craindront pas de financier, tout en préservant une certaine coordination à l’échelle
mondiale pour ne pas subir les perturbations imprévisibles inhérentes à la conjoncture. Ainsi, en sachant que
l’appareil productif pétrolier n’est pas à la traine par rapport à la demande mondiale, on peut imaginer que ce
secteur restera profitable à ceux qui auront l’audace de le gérer.

Le marché de la prospection sismique est un outil essentiel placé au cœur de ce besoin de


développement durable de l’offre de pétrole. Sa rigueur opérationnelle, son haut niveau technologique et
l’accroissement inévitable de son influence sur les choix stratégiques, aux impacts financiers grandissants,
font de cette industrie une niche économique à très forte valeur ajoutée.

Dans un contexte économique incertain où la croissance des puissances émergentes ralentit et où les
économies avancées cherchent toujours la solution pour sortir de la stagnation et du risque de déflation
structurelle, le marché de la sismique, ainsi que l’ensemble des activités offshore de pointe, sont une
opportunité à ne pas négliger. Les pays développés doivent saisir fermement cette aubaine pour ne pas la
laisser filer dans le flux de transfert de technologies vers les pays à moindre coût, au risque de voir péricliter
cette industrie ne pouvant pas survivre sans le savoir-faire d’un réseau industriel avancé. Pour résister, les
sociétés occidentales doivent considérer l’opportunité avec précision, c'est-à-dire à la hauteur de ce qu’elle

56 | P a g e
représente en termes d’enrichissement et de développement économique. Grâce à une prise de conscience
politique et collective, ces sociétés pourront s’allier dans le domaine de la recherche et de la formation afin
de faire vivre le réseau de compétence et ainsi maintenir le niveau de performance exigé.

La branche maritime aura une place fondamentale dans la viabilité du développement du secteur. La
libération régulière de régions marines exploitables par les autorités étatiques, l’augmentation du nombre de
forage au prix unitaire croissant, le développement de l’extraction en eau profonde ainsi que le
développement d’activités offshore dans des régions hostiles, notamment grâce à l’avancement des
discussions politiques internationales concernant l’Arctique, offrent à l’industrie navale « haut-de-gamme »
l’occasion de s’émanciper. Car l’information sismique acquise en mer verra inévitablement sa valeur grandir.
Que ce soit pour le para-maritime dans le cas des chantiers et des bureaux d’études techniques, ou que ce
soit pour le maritime dans le cas des marins et des armements, ces besoins naissants ou grandissants font
partie des pistes de croissance que certains pays doivent exploiter. La France et l’Europe ont les outils et les
moyens pour performer grâce à une organisation coopérative pour l’obtention de contrats de construction et
de réparation navale. Une marge de progrès existe aussi en termes d’harmonisation des conditions d’emploi
du personnel embarqué et de révision du système fiscal maritime européen.

L’objectif principal de cette étude était d’exposer l’ampleur des gains accessibles par une société, grâce
à l’implication de sa force économique dans un secteur à forte plus-value. L’Union Européenne, par
l’initiative des nations maritimes comme la France, doit engager des efforts d’investissement et un
encadrement politique ambitieux à la hauteur des enjeux. Après la naissance et l’aboutissement de la
Politique Agricole Commune, après le transfert de souveraineté vers des institutions interétatiques et enfin
après le rapprochement bancaire et monétaire, il serait temps de partager les moyens humains, financiers et
technologiques, d’harmoniser les outils de gestion et d’uniformiser les conditions de développement
économique pour encourager l’émergence d’une politique maritime de l’Union, portée par l’offshore, un
secteur commun d’avenir.

Dans ces temps de naufrage où la marine française se prive d’utopie par manque d’inspiration, il lui
reste le droit de profiter d’une aubaine que la volonté doit saisir.

Antoine Laurent

Mars 2015

Ecole Nationale Supérieure Maritime, Le Havre

57 | P a g e
MÉMOIRE TECHNIQUE DE FIN D’ÉTUDES

146,69 dollars le baril de Brent, le signe d’une aubaine


pour la prospection sismique marine ?

par

Antoine LAURENT

A N N E X E S,

Lexique des acronymes,


entretiens et Bibliographie

Mémoire préparé sous la direction de : Fabrice RICHER

Publié le : 13 mars 2015

66 route du Cap 4 rue de la Victoire 38 rue Gabriel Péri 39 avenue du Corail Adresse courrier :
BP 41 BP 109 BP 90303 CS 50040 38 rue Gabriel Péri – BP 90303
76310 SAINTE-ADRESSE 35412 SAINT-MALO cedex 44103 NANTES cedex 04 13285 MARSEILLE cedex 08 44103 NANTES CEDEX
Adresse facturation
39 avenue du Corail – CS 50040
09 70 00 03 00 13285 MARSEILLE CEDEX 08

www.supmaritime.fr Siège social : La Défense SIRET : 130 013 097 00063


ANNEXE 1 : Part de l’activité sismique dans la chaine de production et
de vente du pétrole

Marge de transport- Marge de raffinage


distribution 9%
6%

profit des majors


1%
TICPE Rente des pays
29% producteurs
Pétrole brut 28%
40%
Exploration &
Production
TVA
11%
16%

Décomposition du prix à la pompe du gazole en France en 2012

Part de la sismique dans les


investissements en Exploration &
Production en 2010

Source :
En haut : [BOLLIET. Les prix, les marges et la
consommation des carburants. 2012 p. 2].
En bas : [FRIEDEMANN. Seismic sector overview. 2010
p.6].

A lui seul, le schéma de


décomposition du prix du gasoil à la
pompe expose le poids de chacun des
acteurs liés au marché pétrolier. En
corrélation avec le schéma systémique
joint à cette étude, on y retrouve les Etats des pays consommateurs qui modulent la détermination du mix
énergétique grâce aux charges, aux taxes d’import ou de consommation, aux investissements, aux impôts
ou aux crédits d’impôts.
Il faut néanmoins modérer l’objectivité de ce graphique, puisqu’il ne représente que les caractéristiques
du prix d’un seul produit dans un pays particulier, en l’occurrence la France. Au Royaume-Unis et en
Norvège, les prélèvements fiscaux représentent plus de 60% du prix à la pompe230 contre 11% en moyenne
aux Etats-Unis231. Ceux-ci dépendent de la culture fiscale du pays ainsi que de l’orientation de sa politique
fiscale environnementale.
La part de la géophysique dans la mise en œuvre de sites de production offshore n’est pas
importante en termes de volume d’investissement (pour 100 euros de gasoil acheté en station service, 44
centimes vont à l’industrie sismique et 17,6 centimes vont à l’acquisition marine). Malgré tout, son
importance est forte et grandissante lorsque l’on pense à son impacte sur le reste de la chaine de
production. Ces chiffres datant de 2010, en intégrant le fait que les besoins évoluent vers des informations
sismiques de plus grande précision, on peut imaginer une augmentation de la part de l’investissement dans
la géophysique sur l’ensemble du secteur.
→ 1.1 Le marché pétrolier, son organisation et ses acteurs

230
[PETROLPRICE. The price of fuel. 2011]
231
[EIA. How much tax do we pay on a gallon of gasoline and diesel fuel ? 2014]

59 | P a g e
ANNEXE 2 : Couts de transport des hydrocarbures

L’inélasticité du marché gazier s’explique principalement, en plus des complications liées au stockage,
par son problème lié au transport. Ce graphique donne une vision parfaitement explicite de la nature de ce
problème puisqu’il permet de comparer la grande différence entre le gaz, le pétrole et le charbon. On se rend
compte que le pétrole a un avantage comparatif indéniable en termes d’économie d’échelle. La lecture du
manque de flexibilité se comprend lorsque l’on imagine ce que représentent les investissements nécessaires
au développement de gazoduc ou de navires LNG.
La flotte mondiale de tankers (tout produits pétroliers confondus) compte près de 5.000 navires pour une
capacité de transport de 472.000.000 tonnes (dont 3400 navires construits après 2004) 232 . La flotte de
navires de transport de gaz compte 1.600 navires pour une capacité de 73.750.000 tonnes (77% de GPL et
23% de GNL)233. Le coût du transport par la mer est resté stable depuis 2009 et est légèrement plus faible
que la période 2004-2008, caractéristique du gonflement de la bulle financière ayant fait monter le prix du
baril 234 . On comprend alors que si le marché du gaz s’agrandit, il sera impossible d’imaginer ce
développement sans l’augmentation des capacités de transport par la mer (LNG) pour répondre aux besoins
en hydrocarbures sur l’ensemble du globe.
1.790 Mt de brut ont été transportées par la mer en 2009, contre 540 Mt de produits raffinés, 170 Mt de
235
GNL et seulement 60 Mt de GPL , le rééquilibrage de ces proportions est en marche.

→ 1.1.2 Le transport et le traitement : Midstream

232 [OPEC. Annual statistical Bulletin. 2014 p. 64]


233 [OPEC. Annual statistical Bulletin. 2014 p. 66]
234 [OPEC. Annual statistical Bulletin. 2014 p. 69]
235 [MEEDDM. Analyse explicative sur l’évolution du transport maritime international. 2010]

60 | P a g e
ANNEXE 3 : Répartition et évolution des investissements dans l’E&P

Equipements Services annexes;


Const. Offshore;
subsea; 19,2 3,6
37,2
Forage en mer;
56,64
Marché sismique
dans son
ensemble; 16 forage à terre;
28,32

Casing
Forage cementation,
directionnel; 33,04 produits
chimiques; 18,88

Outilas de
Fracturation/pomp forage/equipemen
age; 35,4 Casing completion; ts; 28,32
35,4
Répartition des investissements sur les marchés amont en E&P en G$ :
Forage, Construction et Géophysique

900 0,25
Investissements globaux dans

800 0,2
investissements en E&P (%)
Croissance annuelle des

700 0,15
600
0,1
l'E&P (G$)

500
0,05 Investissement en G$
400
0 Evolution annuelle
300
200 -0,05

100 -0,1
0 -0,15
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Source: [IFPEN. Les investissements en exploration-production et raffinage. 2014 p. 18]

En 2014, le marché sismique ne représente que 1,8% des investissements globaux engagés dans le
secteur de l’E&P (13 G$ contre 733 G$ au total, dont 210 G$ en Amérique du Nord seulement), soit 3% sur
les marchés amont qui représente 422 G$ (géophysique, forage et construction).
En 2012, les Etats-Unis espéraient pouvoir investir à eux seuls 400 milliards de dollars sur 5 ans pour le
développement de produits non-conventionnels236. En 5 ans, les investissements en E&P dans le monde ont
augmenté de 75%, passant de 418 G$ en 2009 à 733 G$ en 2014. Malgré la période difficile que traverse le
secteur pétrolier, le rythme de croissance des investissements en E&P est prévu de diminuer sans pour
autant s’arrêter.
→ 1.1.3 L’exploration et la production (E&P) : Upstream

236
[DUPIN. Les gaz de schiste font bondir l’investissement industriel aux Etats-Unis. 2012].

61 | P a g e
ANNEXE 4 : répartition géographique des sites de production, de
consommation et des réserves de pétrole dans le monde

Source : [RODRIGUE. The Global Oil Market. 2009]

L’homme extrait de la terre entre 90 et 95 millions de barils de pétrole par jour [IEA. World Oil Demand.
2015], soit l’équivalent de cinquante jours de consommation de pétrole en France ] et près de cinq jours de
consommation aux Etats-Unis [EIA. Overview data for France. 2013]. Cela semble beaucoup et pourrait paraître
difficilement soutenable, en réalité, la quantité des réserves découvertes a augmenté de 140 % entre 1980
et 2013 lorsque la consommation mondiale n’a augmenté « que » de 50% sur la même période. [TOULON. Le
pétrole, une ressource (trop) abondante. 2015]. En outre, depuis 1993, le volume des réserves prouvées dans le
monde ont augmenté de 62% pour le pétrole et 57% pour le gaz en vingt ans. Elles s’établissent fin 2013 à 1
688 milliards de barils de pétrole (soit 19 ans et demi de production, au taux de production d’aujourd’hui) et
3
186 000 milliards de m de gaz (soit 55 ans de production) [BP. Statistical review 2014. 2014].
→ 1.1.4 Les acteurs de la production de pétrole

62 | P a g e
ANNEXE 5 : Liste des plus grosses compagnies pétrolières dans le monde en fonction de leurs taux journaliers
production

14 12,5
12
millions de barils/jour

9,7
10
8 6,4
5,3
6 4,4 4,1 3,9 3,6 3,5 3,2
4 2,9 2,7 2,7 2,6 2,6 2,3 2,3 2,2 2,2 2,1 2 1,9 1,6 1,4 1,4
2
0

Source : [FORBES. The world’s 25 biggest oil companies. 2012]

Le marché pétrolier est dominé par une poignée de compagnies, et les compagnies privées sont loin d’imposer un oligopole. Les 10 plus grosses compagnies
produisent 63% des ressources mondiales. En revanche, les majors (les 6 plus grosses IOC) sont les compagnies les plus à même d’infliger une pression commerciale sur
les compagnies sismiques, mais leur position non majoritaire sur le marché pétrolier laisse l’opportunité aux compagnies sismiques de continuer de travailler sur des contrats
plus souples.
La particularité des contrats d’exploration sismique est qu’ils sont courts (quelques mois). Cette contrainte implique une très mauvaise visibilité, les compagnies
sismiques ont alors tout intérêt à préférer les contrats avec les NOC, puisque celles-ci offrent une meilleure garantie de partenariat que les IOC.

→ Voir 1.1.4 Les acteurs de la production de pétrole

63 | P a g e
ANNEXE 6 : répartition des licences d’exploration dans les eaux norvégiennes en Mer de Barents

Source : [NPD. Den norske kontinentalsokkel. 2014]

Cette carte montre un exemple de la manière dont peut être distribué les parcelles d’exploration. La Norvège distribue aux acteurs privés ou à sa compagnie nationale
ème
Statoil des parcelles de ses eaux exploitables afin d’y engager des opérations d’exploration, la 23 distribution de licence sera annoncée en décembre 2015 et concernera
160 blocks237 . Seules 16% des eaux exploitables ont été licenciées aujourd’hui. Les différentes taxes représentent 18% des recettes de l’Etat. D’après ces deux cartes, on
imagine le très grand potentiel d’exploration de cette région, mais les conditions climatiques hostiles nécessitent un équipement maritime et aérien adapté.
→ 1.2.2 Le processus de mise en place d’un site de production offshore

237
[NPD. 23rd licensing round – announcement. 2015]

64 | P a g e
ANNEXE 7 : Comparaison des coûts de mise en production du pétrole
selon l’environnement

300
500

Coût journalier d'exploitation


Nombre d'installation

250
400
200
300
150

(K$/j)
100 200

50 100

0 0

Coût journalier d'exploitation (K$/j) Total des installations utilisées Total des installations construites
Source: En haut : [IFP SCHOOL. Oil and Gas Exploration and Production. 2007]
En bas : [RIGZONE. Offshore rig day rates. 2015]

L’exploration sismique offshore est moins chère que l’exploration sismique onshore puisqu’elle demande
moins de ressources matérielles et humaines et qu’elle a un ratio d’efficacité plus important. Une campagne
sismique marine 3D coûte entre 0,5 et 1,5 M$/100km² alors qu’une exploration dans le désert coute entre 1,5 et
2,5M$/100 km². Les opérations les plus couteuses étant celles effectuées dans la jungle (5 à 10 M$/km²) et
dans la montagne (7 à 12M$/100km²). En revanche, le coût d’un forage dans le désert coute six fois moins cher
qu’en mer. On peut donc interpréter ces chiffres en disant que la sismique marine a une valeur six fois plus
grande que la sismique terrestre la moins cher pour un cout presque deux fois moindre. C’est un avantage
comparatif considérable qui prouve que l’augmentation des investissements en E&P prévus pour les décennies
à venir ne sera pas exclusive à l’onshore.
La production pétrolière terrestre est la plus libéralisée, la plus répandue géographiquement et la plus facile
à mettre en œuvre. Mais elle connait un inconvénient majeur qui a fragilisé à plusieurs reprise le marché global
du pétrole, c’est la sécurité. L’arrivée des pétroles non-conventionnels comme le gaz de schiste ou les sables
bitumeux a pu fiabiliser l’approvisionnement de brut sur la marché, puisque les Etats nord-américains ont gagné
du terrain sur les régions du Moyen-Orient et le Venezuela. Pour confirmer ce constat, on remarque que 97%
des forages sont faits à terre238.
Le graphique du bas nous indique l’ensemble des coûts d’exploitations selon le type d’équipement utilisé et
la profondeur d’eau. On voit clairement que l’évolution du prix vers des forages profonds est exponentiel,
accentuant davantage le coût du risque, donc la valeur de l’information géologique.
→ 1.2.3 Dimension financière de la mise en place d’un site de production offshore

238
En 2013, 101 000 nouveaux puits ont été forés à terre, contre 3 600 en mer. Pourtant, le chiffre d’affaire cumulé des opérations de forage à
terre représente 29 G$ en 2013, contre 56 G$ en mer. [IFPEN. Les investissements en exploration-production et raffinage. 2014]

65 | P a g e
ANNEXE 8 : Répartition des types de campagnes sismiques marines en
2013
Magnetism 4D
OBC 3% 3%
3%

OBN
4% 3D
44%
WAZ
9%

Source
20%
2D
14%

Source : [IFPEN. Les investissements en exploration-production et raffinage. 2014]

On se rend compte grâce à ces données que la technologie 4D est loin d’être autant exploitée que la
3D. Or, l’un n’est ni un concurrent ni un complément de l’autre puisque ces prestations n’interviennent pas dans
le même secteur et n’ont pas la même utilité économique. On peut donc facilement espérer un développement
de l’activité 4D pour répondre à un tout nouveau besoin qu’est celui de rentabiliser au mieux les sites de
production existants.
Les outils de mesures fixes (OBC et OBN) sont généralement utilisés au même titre que la 4D. C'est-à-
dire qu’ils sont positionnés au sol durant toute la période de production du site. Ainsi, ils servent à faciliter les
opérations d’acquisitions, à condition de les faire régulièrement que l’installation soit rentable. Ces technologies
sont amenées à se développer davantage.

→ 1.3.1 Le défi technologique de l’exploration sismique en mer

66 | P a g e
ANNEXE 9 : Représentation géographique des sous-sols en fonction des
sites d’exploration en eau profonde

Source : [POLARCUS. Company Presentation. 2010 p. 16]

La contrainte géologique se traduit par la difficulté à déchiffrer les sous-sols lorsque ceux-ci sont de
formes aléatoires, déformés par le cisaillement, les failles de roches ou encore les « champignons » de sel
pouvant faire jusqu’à 8km de profondeur sur 10km de diamètre. On parle de tectonique salifère (Basalt et Salt
sur la carte), comme on en retrouve au Mexique, au Cameroun ou en Angola.
On voit sur cette carte que la plupart des plus gros champs récemment découverts situés dans le Golf
du Mexique, sur la côte africaine ou au large du Brésil, son recouverts par des couches de sel. Grâce à
l’innovation technologique dans le secteur de la géophysique, notamment avec le développement de
l’acquisition décalée (OBC, WAZ, FAZ ou StagSeis), la prospection offshore a pu palier à cette contrainte
environnementale de taille. S’il on considère que la marge de progrès possible au sein de ces technologies
reste important, on peut aisément imaginer que l’avenir du secteur est assuré, tant qu’il y aura de
l’investissement dans l’exploration en eau profonde.

→ 1.3.2 Le défi maritime des prestations sismiques

67 | P a g e
ANNEXE 10 : Composition du gréement d’un navire sismique

SSV

Mother Ship

w
To
de
Wi

Deflector
Canons

Longueur : jusqu’à 16 km
Streamer

Tail Buoys

Largeur : jusqu’à 1,5 km

Mother Ship

Tail Buoys

Canons
Streamers

Zone d’acquisition

Source : Antoine Laurent

La tenue d’un tel parallélisme relève d’un travail très précis de régulation de vitesse, de positionnement,
d’anticipation des conditions de météo et des phénomènes de marée. Cela implique aussi aux équipes du bord
d’être extrêmement pointilleux lors des opération de déploiement du gréement.
→ 1.3.3 Les caractéristiques d’un gréement et les besoins maritimes qui en découlent

68 | P a g e
ANNEXE 11 : Répartition des coûts d’exploitation des navires sismique et
leur évolution depuis 2003

Sources:
A gauche: [PGS. 37th Annual marine/offshore industry outlook conference. 2014 p. 29]
A droite: [DELOITTE. Seismic market review. 2010]

Globalement, sur l’ensemble de l’E&P offshore, le CAPEX et l’OPEX ont augmenté de 140% entre 2004 et
2014239.
Ces graphiques nous aident à comprendre comment évolue le cout d’exploitation des installations offshores
et de quoi ce coût dépend-t-il. Le coût d’exploitation des navires ne cessent de grimper, en parallèle de celui
des plate-forme. En 10 ans, le prix des plate-formes flottantes a qintuplé alors que celui des navires sismiques
n’a « que » doublé. Il faut intérpréter cette évolution de la manière suivante : si le prix d’une plate-forme
quntuple, la valeur de l’information sismique aussi, mais pas son coût.
Le prix d’un navire sismique évolue en fonction de la prestation qu’il offre. Malgré tout, lors des phases
basse du cycle conjoncturel, donc lorsque la pression concurrentiel est la plus forte, même les services « high-
techs » se retrouvent alignés sur le prix de référence.

→ 1.3.4 Les caractéristiques financières d’un navire et de son exploitation

239
[LANZI. La lutte des pétroliers contre la vie chère. 2014]

69 | P a g e
ANNEXE 12 : Evolution du prix du pétrole brut depuis 1861 en monnaie
courante240 et constante241

Source: [BP. Statistical review. 2014 p. 15]

L’étude en monnaie constante (vert claire) permet de comparer l’importance d’une variation du prix du brut
en fonction de la conjoncture d’époque, donc en supprimant l’effet de l’inflation et sans considérer le taux de
change. On prend en compte la valeur économique du produit plutôt que son prix absolu. On remarque que,
hors-mis la période de lancement du marché dans les années 1860, jamais le prix du pétrole n’a atteint ni s’est
stabilisé à une valeur aussi élevé qu’entre 2011 et 2014. Cette période très spéciale est jugée exceptionnelle
par les acteurs et n’est pas prête de devenir une norme. Le retour à une fourchette de prix rationnelle est, selon
eux, évidente.

→ 2.1 L’intégration des acteurs de l’E&P au sein d’un système global et complexe en évolution permanente :
le marché pétrolier

240
Correspond à la valeur du pétrole sans correction due à l’inflation (courbe foncée)
241
Correspond à la valeur du pétrole avec correction due à l’inflation (courbe claire), c'est-à-dire qu’au début des années 1860, on achetait un
baril de brut avec moins de 10$, mais cela équivaudrait à devoir débourser plus de 120$ aujourd’hui pour la même quantité de pétrole. [DAMGE.
Le prix de l’essence n’arrête pas d’augmenter ? Faux. 2013]

70 | P a g e
ANNEXE 13 : Volatilité du prix du brut et du Gaz depuis 2007

Source: [OPEC. 2014 World Oil Outlook. 2014 p. 57 et 88]

5300 milliards de dollars sont échangés quotidiennement sur le marché des devises, contre 70 milliards
dans l’économie réelle 242 . Le pétrole est échangé sur un autre marché mais reste très lié au marché des
devises. Ces chiffres suffisent pour comprendre pourquoi dit-on que les fortes variations des prix sont
essentiellement dues à des mouvements boursiers déconnectés de la réalité.
La volatilité du prix du brut, qui représente l’ampleur des variations de ce prix sur de courtes durées (ici sur
un mois), est principalement due au fait d’être sur un marché à la demande inélastique (pas de réaction rapide
et franche de la demande après évolution du prix), avec des coûts de stockage importants et une instabilité des
capacités de production en raison d’incertitudes géopolitiques et/ou économiques, faisant de ce marché un
marché tendu. Une nouvelle influence a pris de l’ampleur depuis les années 2000, c’est l’engouement avide du
milieu financier pour ce marché très rémunérateur. Le dernier grand choc pétrolier de 2008 en a été l’illustration,
sans pour autant représenter son effondrement. Encore aujourd’hui, le volume de valeurs échangées sur le
marché pétrolier représente vingt fois la valeur physique (hors marchés de gré à gré).
Concernant le gaz, ce marché a des caractéristiques d’inélasticité encore plus soutenues, notamment du
fait des faibles capacités de stockage et de la rigidité des moyens de transport. A cause des ces contraintes, le
gaz ne peut être aussi globalisé et « liquide » que le pétrole, créant ainsi de fortes disparités entre les zones
géographiques. L’exemple le plus flagrant de ce constat se retrouve sur le graphique de droite, où à partir de
2011, c’est à dire après l’accident nucléaire de Fukushima, le prix du gaz au Japon a doublé alors que celui des
Etats-Unis et d’Europe est resté relativement stable.

→ 2.1.5 Les spécificités du gaz

242
[SEVIGNAN. Forex, le marché aux 5000 milliards de dollars quotidien. 2013]

71 | P a g e
ANNEXE 14 : Organisation du marché sismique selon les prestations et les influences
Partage des outils
Armements de formation du personnel
et des systèmes QHSE

Affrètement à temps, coque nue


ou sur partenariat en joint-venture
pour l’exploitation des navires

Compagnies sismiques
Echelle d’intégration des compagnies sismiques

Acquisition 2D pour un premier balayage de


Navires 2D
grande superficie

Imagerie informatique
Acquisition 3D en Azymuth pour les eaux
Bateaux sources profondes sous les couches sédimentaires
(WAZ, FAZ)

Equipementier
Acquisition 3D simple pour des larges surfaces
Navires 3D / 4D Géologie – Service
Investisseurs

(NAZ ou undershooting)
intégré de gestion
Communication des réservoirs
financière Acquisition HD3D pour l’obtention de données plus
précises et plus localisées
Apport Navires OBC / OBN / 4C
capitalistique
Acquisition 4D pour l’obtention de données
historiques comparables à des données antérieurs
Fournis en streamers,
canons, système informatique,
système de navigation, etc.
Géophysique – Service d’acquisition

Vente ou pré-vente
Commande direct de campagnes
pour l’estimation des ressources Commande directe de
et l’élaboration des plans de licenciement
Banque de données
campagnes spécifiques
des parcelles exploitables au contrat multi-clients

Vente ou pré-vente
Collaboration pour les prises de décisions stratégiques :
- avant les phases d’obtention d’une license d’exploration
Pression fiscale et réglementaire Compagnies pétrolières - pour la plannification des campagnes d’exploration
- pour la gestion des sites en production (par mesure en 4D)
- pour la valorisation d’un site avant revente ou démentellement

Autorités gouvernementales des pays producteurs

→ 2.2.1 Les prestations des compagnies sismiques

72 | P a g e
ANNEXE 15 : Lexique des outils d’analyse financière
Chiffre d’affaire (CA) : ensemble des activités vendus hors-taxe. Il donne une image de la taille de l’entreprise
via le volume de ses activités

Chiffre d’affaire maritime : CA propre au secteur de l’acquisition sismique marine (multi-clients et contrats
exceptionnels).

Résultat net : bénéfice partagé entre les actionnaires et l’entreprise, il permet de mesurer la performance de
l’entreprise et sa capacité à dégager des bénéfices. Le résultat net peut gommer les pertes
d’exploitation si celles-ci sont compensées par des ventes d’actifs.

Marge d’exploitation (=EBIT/CA) : elle correspond à la rentabilité et la viabilité à terme des activités de
l’entreprise

EBIT : bénéfice net avant impôts ou résultat d’exploitation. Il traduit l’accroissement des richesses dégagé par
l’activité industrielle et commerciale, donc la rentabilité de l’entreprise.

EBITDA : excédent brut d’exploitation. Similaire à l’EBIT mais ne prends pas en compte les amortissements
des immobilisations corporels et incorporelles.

Dette nette : solde des dettes financières et des placements. Elle représente la situation nette de l’entreprise
vis-à-vis des tiers hors cycle d’exploitation.

Taux d’endettement (=dette net/capitaux propres) : c’est un niveau de dépendance par rapport aux créanciers.
Un taux trop important (comme Polarcus) veut dire que l’entreprise n’est financièrement pas
indépendante et donc n’est pas solvable. Un taux faible (comme Schlumberger) veut dire que
l’entreprise n’est que faiblement dépendante du marché obligataire.

Levier financier (=dette net/EBITDA) : elle représente les capacités de l’entreprise à gérer sa dette et à la
rembourser à long terme grâce à la richesse générés par ses activités. Ce chiffre indique simplement
en combien d’année la dette sera remboursée, on en déduit les possibilité d’endettement pour
investissements supplémentaires.

Return On Equity ou rendement des capitaux propres (=Résultat net/capitaux propres) : c’est le retour sur
investissement, autrement dit la rentabilité financière. Plus le ROE est grand, plus les acteurs des
marchés financiers ont intérêt à investir dans l’entreprise.

Capitaux propres ou fonds propres : c’est la réserve financière disponible à l’investissement

CAPEX (CAsh EXpenditure) : ce sont les dépenses d’investissement qui permettent de prolonger l’efficacité
opérationnelle des actifs.

Ratio de liquidité (Actifs court-terme/passifs court-terme) : c’est la capacité à dégager rapidement des
liquidités pour rembourser la dette ou augmenter rapidement le volume d’actif (achats de navires par
exemple).

→ 2.2.2 La composition du marché sismique et la santé financière de ses acteurs

73 | P a g e
ANNEXE 16 : Caractéristiques de la flotte sismique 3D

Âge moyen de la flotte par rapport à la jauge brute des navires


construction ou derénovation

2012
Année moyenne de

2010
2008
Jeunes compagnies
2006
2004
Grosses compagnies
2002 en consolidation
2000
1998
5000 6000 7000 8000 9000 10000 11000 12000 13000
Jauge brute moyenne
CGG Westerngeco* PGS Dolphin Polarcus* BGP* COSL* Sinopec*

Ce graphique présente la répartition des caractéristiques moyennes d’une flotte en fonction de son année
de construction (ou de rénovation) et la jauge brute des navires. On distingue certains phénomènes justifiables.
Les jeunes compagnies en phase d’expansion possède une flotte très jeune mais aux capacités limités Les
grosses compagnies possède une flotte en phase de rajeunissement et ayant de fortes capacités. Les deux
dernières compagnies présentent sur ce graphiques possèdes des capacités propres à leurs besoins
individuels (BGP et Sinopec).

Date de construction par rapport au tonnage


2020

2015

2010
Année de construction

2005

2000

1995
Evolution vers des navires de plus en
1990 plus puissants et à forte capacité
1985

1980

1975
0 5000 10000 15000 20000 25000
Jauge brut (UMS)
CGG Westerngeco PGS Dolphin Polarcus BGP COSL Sinopec

Ce graphique montre un phénomène, le marché évolue vers une augmentation de la jauge des navires.
La jauge brute étant étroitement liée aux capacités de traction des navires. Une très grosse partie des navires
récents se concentrent sur une jauge entre 6000 et 14000 UMS. Les quelques exceptions dépassant les 20000
UMS sont les navires de dernière génération, la classe Titan de PGS et Amazon de Westerngeco. On
comprend ainsi que seules les grosses compagnies sont en mesure de sortir de chantier de tels navires.
Autrefois, un navire d’occasion pouvait s’obtenir en 6 mois pour 60 M€, ses capacités d’exploitation étaient
connue. Donc même si l’initiative venait des concurrents, une compagnie savait estimer l’impact de cette
initiative sur le marché. Maintenant, la mise en exploitation d’un navire moderne prends plusieurs années avec
des investissements de plus de 250 M€ (dont 60M€ d’équipement sismique).

→ 2.2.4 Les relations offre/demande sur le marché sismique

74 | P a g e
ANNEXE 17 : Evolution du prix du pétrole brut depuis 2005
160
Prox spot en dollars courant du baril de Brent

140

120

100
sur vente FOB

80

60

40

20

0
juil. 04, 2005

juil. 04, 2006

juil. 04, 2007

juil. 04, 2008

juil. 04, 2009

juil. 04, 2010

juil. 04, 2011

juil. 04, 2012

juil. 04, 2013

juil. 04, 2014


avr. 04, 2005

avr. 04, 2006

avr. 04, 2007

avr. 04, 2008

avr. 04, 2009

avr. 04, 2010

avr. 04, 2011

avr. 04, 2012

avr. 04, 2013

avr. 04, 2014


oct. 04, 2005

oct. 04, 2006

oct. 04, 2007

oct. 04, 2008

oct. 04, 2009

oct. 04, 2010

oct. 04, 2011

oct. 04, 2012

oct. 04, 2013

oct. 04, 2014


janv. 04, 2005

janv. 04, 2006

janv. 04, 2007

janv. 04, 2008

janv. 04, 2009

janv. 04, 2010

janv. 04, 2011

janv. 04, 2012

janv. 04, 2013

janv. 04, 2014


Source : [EIA. Petroleum & other liquids. 2015]

Le dernier choc pétrolier de 2008 a bouleversé le marché en le faisant chuter de près de 75% en six mois. Mais malgré cette détonation, le prix a rebondi et s’est
stabilisé au dessus d’un plancher très caractéristique de 80$, un niveau déjà progressivement atteint avant la crise du fait de l’augmentation fulgurante de la demande
mondiale et des volumes d’échange, accompagnés d’une spéculation démesurée, sur les marchés financiers. Depuis cette courte période historique, la tension sur le
marché floute toujours la visibilité, à l’image de la récente chute brutale du prix du brut depuis l’été 2014. Par nature, un marché globalisé, rentable et risqué est voué à se
financiariser. L’évolution à court terme du prix du brut sont déconnectés des fondamentaux du marché.

→ 3.1.1 2015, le contre-choc : une perspective de court terme

75 | P a g e
ANNEXE 18 : Break-even du prix du Brent par type de projet et par Etat

80$

60$

Source: [APICORP. Financing MENA energy investment : critical issues and challenges. 2014].

Le break-even (en haut) représente la limite basse du prix à lequel l’exploitation d’un produit est à la
limite de sa rentabilité243. Par exemple, pour un prix du baril de Brent à 80$, les projets marginaux – donc à
la limite de leur rentabilité – sont le pétrole de schiste (Tight Oil), l’offshore en Arctique et le brut très lourd. Si
les prévisions espérant une stabilisation autour des 80$, l’industrie offshore a toute ses chances de rester
indispensable à la production de pétrole. Quant aux projets très ambitieux comme l’Arctique ou les grosses
infrastructures de grands fonds, ils attendront une prochaine hausse des courts pour ressortir des placards.
Le fiscal break-even (en bas) des états producteurs représente la fourchette de prix du brut vendu qui
permet à l’Etat d’équilibrer son budget244. On comprend qu’en dessous de 80$, la très grande majorité des
Etats sont déficitaires. Encore faut-il qu’ils puissent vendre suffisamment de pétrole en maintenant leurs
parts de marché. Malgré la très forte réserve de change accumulée pendant la période heureuse de 2011-
2014 ainsi que le placement des fonds d’investissements des Etats pétroliers, la vulnérabilité politique de
ces pays obligent leurs dirigeants à être très rigoureux dans leurs dépenses publiques.

→ 3.1.1 2015, le contre-choc : une perspective de court terme

243
Un produit est rentable dès lors qu’il génère un résultat net, donc que son coût de production est inférieur à son prix de vente.
244
[YANAGISAWA. A different view to fiscal break-even oil prices. 2013 p. 6]

76 | P a g e
ANNEXE 19 : Coût de production de l’électricité en 2014

er
Coût de production de l’électricité au 1 trimestre 2014 selon la source d’énergie, en dollars par
mégawatheure. Source : [ALTERNATIVES ECONOMIQUES. Les chiffres. 2015 p.78]

Le pétrole n’est pas compris dans ce graphique pour la simple raison que ce n’est pas une énergie
primaire directement utilisée pour la production d’électricité.
Ce graphique montre que les progrès technologiques et économiques à mener pour rendre les
énergies renouvelables compétitives sur les énergies fossiles (GNL, charbon et nucléaire) sont importants.
Néanmoins, certaines énergies comme les barrages hydrauliques ou l’éolien terrestre, sont à un stade de
compétitivité intéressant. Encore faut-il avoir l’environnement naturel adéquat pour pouvoir les développer.
Pour exemple, l’éolien offshore, futur espoir en matière de politique énergétique durable en France, est deux
à trois fois plus cher que les énergies fossiles classiques.
Le retour du pétrole à prix modeste rend l’incitation à l’investissement dans les renouvelables moins
forte. Ces énergies n’étant pour l’instant que des compléments sur les sources fossiles, elles sont beaucoup
moins indispensables aux sociétés qui en sont équipé, ce qui implique que la moindre réduction
d’investissement dans l’avenir énergétique, que ce soit sur une initiative privée ou publique, se fera d’abord
sur les renouvelable avant d’atteindre les énergies fossiles.
Encore une fois, les énergies fossiles n’ont pas à craindre, dans l’immédiat, de développement rapide
des renouvelables, car l’implantation de ces derniers dans le tissu économique et dans l’esprit politique est
un long processus escarpé.
→ 3.1.3 L’assurance d’une domination durable du pétrole sur les autres énergies, à condition de
renouveler les ressources exploitables : une perspective de long term

77 | P a g e
ANNEXE 20 : Efficacité énergétique par pays en 2011 et évolution depuis 2002
6000 50,0%
Tonnes équivalent pétrole / millions de dollars

Pourcentage d'amélioration entre 2002 et 2011


40,0%
5000
5347
30,0%
20,0%
4000
10,0%
3475

3000 0,0%
de PIB

2888

-10,0%
2666

2000
2313
2306
2245
2107 -20,0%
2043
2013
1900
1885
1865
1856
1717
1657
1643
1621
-30,0%

1535
1478
1464
1449
1447
1000

1405
1405
1336
1291
1273
1272
1249
1216
1204
1178
1174
1172
1170
1131
1112
1102
1085
1060
1019
1012
1009
991
912
814
791
-40,0%
0 Inde -50,0%
Chine

Hongrie
Monde

Pologne

Italie

Irlande
Canada

Etats-Unis

Slovaquie
Suède

Mexique

Philippines

Portugal
Autriche
Grèce
Indonésie

Finlande

Belgique

France
Islande

Estonie

Luxembourg
Japon

UE 27
Turquie
Israël

Espagne

Suisse
Thailande

Chili
Malaisie

Pays-Bas
Norvège
Russie

Singapour
Vietnam

Nouvelle-Zélande

Australia

Slovénie
OCDE
Brésil

Royaume-Unis
Allemagne
Corée du Sud

Danemark
Afrique du Sud

République Chèque

Source : [IEA. Energy efficiency market report. 2013 p. 263]


Hors mis l’Islande, l’ensemble des pays membres de l’OCDE, certains pays émergents ainsi que la moyenne mondiale est en phase d’amélioration notable de son
efficacité énergétique. C'est-à-dire qu’elle consomme de manière de plus en plus efficacement son énergie. A titre d’exemple, l’OPEP prévoit une diminution de 2,2%/an de
la consommation de combustible par voiture sur la période 2014 – 2040245. Ce graphique ne comprends pas certains des pays les moins efficients du monde comme le
Koweït, le Qatar, le Brunei ou encore les Emirats Arabes Unis.

Grâce à ce graphique, on comprend qu’en plus de la réduction attendue de la consommation d’énergie du fait d’une faible croissance mondiale, les pays développés et
les puissances en émergences ne cessent d’améliorer leur efficacité énergétique. Globalement, la demande d’énergie et de pétrole ne devrait donc pas exploser, maintenant
ainsi le prix du pétrole sous un plafond toujours compétitif.

→ 3.1.3 L’assurance d’une domination durable du pétrole sur les autres énergies, à condition de renouveler les ressources exploitables : une perspective de long terme

245
[OPEC. 2014 World Oil Outlook. 2014 p. 37]

78 | P a g e
ANNEXE 21 : perpective d’évolution du mix energétique mondial

700 100%
90% Autres
600 renouvelables
80% Hydrolique
500 70%
Biomasse/déchets
60%
400
50% Nucléaire
300 40%
charbon
200 30%
20% Gaz
100
10%
Pétrole
0 0%
1990 2000 2010 2025 2040 1990 2000 2010 2025 2040

Demande mondiale en énergie primaire en quadrillion de BTU246 et répartition du mix énergétique (%)
Source:
En haut à gauche : [IEA. World Energy Outlook. 2014].
En haut à droite: [EXXONMOBIL. The outlook for energy : a view to 2040. 2015 p. 57]
En bas : [EXXONMOBIL. The outlook for energy : a view to 2040. 2015 p. 69]

. La consommation mondiale en énergie primaire va indéniablement augmenter, parce que la


croissance économique mondiale augmente (3,5% prévu en 2015 et 3,7% en 2016 247 ) et parce que la
démographie augmente (+1,2%/an248). On prévoit une augmentation annuelle de la demande en énergie du
même ordre, à 1,2%. Pour autant, la demande en hydrocarbures fossiles n’augmentera pas plus vite car sa
part dans le mix énergétique mondial restera stable (en moyenne +0 ,8%/an pour le pétrole et +2,1% pour le
gaz). En revanche, la consommation de charbon est prévue de rester constante entre 2040 et 2010. La
perte de sa part dans le mix énergétique – passant de 25% à 19% - sera alors compensée par le nucléaire
(+109%) et les renouvelables (+157%) 249.

→ 3.1.3 L’assurance d’une domination durable du pétrole sur les autres énergies, à condition de renouveler
les ressources exploitables : une perspective de long terme

246
Un quadrillion de BTU (British Thermal Unit) = 1024.BTU = 2,52.1016 toe (tonnes équivalent pétrole)
247
[GUELAUD. L’horizon des pays émergents s’assombrit. 2015]
248
[PRB. World Population data sheet. 2013]
249
[EXXONMOBIL. The outlook for energy : a view to 2040. 2015 p. 69]

79 | P a g e
ANNEXE 21 (suite) : Perspective d’évolution du mix énergétique mondial

Sources :
En haut: [IEA. World Energy outlook 2013. 2013 p. 9]
Graphique en bas à gauche : [BP. Energy outlook 2035. 2015 p. 14].
Graphique en bas à droite : [COLTON. The outlook for Energy : a view to 2040. 2014 p. 26].

Les perspectives d’évolution du mix énergétique mondiale sont, malgré la subjectivité de ces
sources, cohérentes. L’énergie fossile provenant du pétrole et du gaz restera nettement dominante à l’avenir.
Du fait de la petitesse des réserves de pétroles et de gaz conventionnels récemment découvertes, le
travail à fournir pour renouveler les sites d’extraction est très important (selon le graphique en bas à droite, il
sera nécessaire de découvrir 30 Mboe d’ici 2040 pour assurer la demande, soit trois fois la consommation
des Etats-Unis).

→ 3.1.3 L’assurance d’une domination durable du pétrole sur les autres énergies, à condition de
renouveler les ressources exploitables : une perspective de long terme

80 | P a g e
ANNEXE 22 : Perspective d’évolution de la demande de pétrole selon
les régions

Source: [OPEC. 2014 World Oil Outlook. 2014 p. 35]

Aujourd’hui à 90 millions de barils par jour (le zéro de ce graphique), la demande mondiale devrait
atteindre 111 millions en 2040 selon l’OPEP. Le développement économique et démographique des pays
non-OCDE compenseront la réduction de la consommation en pétrole des pays les plus avancés de l’OCDE.
Le pic de demande de l’OCDE a été dépassé en 2005. Depuis lors, chaque réduction de la croissance de la
demande de pétrole des pays hors-OCDE, du fait d’une crise ou d’une stagnation économique, ampute
rapidement la croissance mondiale de la demande de pétrole.
Cette augmentation est principalement due à l’augmentation de la population mondiale. Pour preuve,
la population est prévue d’augmenter plus vite que la demande en pétrole (26% d’augmentation de la
population contre 23% pour la demande de pétrole entre 2014 et 2040).

→ 3.1.3 L’assurance d’une domination durable du pétrole sur les autres énergies, à condition de renouveler
les ressources exploitables : une perspective de long terme

81 | P a g e
ANNEXE 23 : Perspective d’évolution de la production de pétrole en eau
profonde
Profondeur des fonds en mètres

Sources:
À gauche: [Clarksons. Global Offshore overview. 2014 p. 6]
A droite: [IEA. World Energy outlook 2013. 2013 p. 9]

L’AIE considère 10% des ressources d’hydrocarbures restantes sont en eau profonde et que d’ici 2035,
la production de pétrole et de gaz en eau profonde pourrait atteindre 8,7 Mboe/j (contre 4,8 en 2011). De
plus, entre 2014 et 2018, l’investissement en eau profonde devrait représenter 28% de l’investissement total
en mer (dont 16% pour l’ultra-profond) 250.
Depuis quelques années, le Brésil est devenu une puissance montante sur le marché pétrolier, il est
aussi leader dans l’investissement dans l’offshore ultra-profond avec 33% du total mondial en 2013. La
découverte de très gros champs en eau profonde lui a donné l’occasion d’éclaircir son avenir économique. A
ce jeu là, l’industrie sismique aura un rôle central. Une compagnie sismique offre aux producteurs offshores
des services de suivi des réserves. Lorsque l’une d’entre elle s’octroi le droit de travailler pour la surveillance
d’un tel champ, elle s’offre également une belle visibilité, puisque ce genre de contrats s’établissent sur
plusieurs années voir sur l’ensemble du cycle de production.
Le premier schéma nous montre à quel point le travail d’exploration prendra une place importante dans
les investissements à l’avenir. En fait, que ce soit des champs importants ou petits, la profondeur augmente,
donc la valeur de l’information sismique aussi. En plus de cela, comme il faudra impérativement renouveler
régulièrement les sites d’extraction, il faudra engager de plus en plus souvent des opérations d’exploration,
donc d’acquisition. Tant que le prix du pétrole se trouve au dessus du break-even, le besoin en acquisition
sera grandissant.
Le travail consistera à mesurer régulièrement par l’acquisition 4D l’évolution des réserves mais aussi à
préparer la disposition de nouveaux points d’extraction. Selon ce graphique, on voit que la production en eau
profonde pourrait tripler, ce qui demandera d’engager des manœuvres d’exploration. Or, les forages en eau
profonde étant très couteux, l’information sismique préalablement recueillie aura une très forte valeur
financière.
Le développement de l’ultra-profond (plus de 2000 mètres) stimule l’essor des navires de forage, un
autre segment dont l’industrie marine peut profiter. Ces navires se construisent pour 500 à 700 millions de
dollars et leur taux de location va de 550 000 à 700 000 dollars par jour251.

→ 3.1.3 L’assurance d’une domination durable du pétrole sur les autres énergies, à condition de
renouveler les ressources exploitables : une perspective de long terme

250
[LANZI. Les 4000 mètres en ligne de mire. 2014]
251
[SIMONEAU. Le navire prend place sur l’ultra-profond. 2014]

82 | P a g e
ANNEXE 24 : Perspective d’investissement dans la production d’énergie
pour la période 2014-2035

Source: [IEA. World energy investment outlook. 2014 p. 23]

Ce graphique nous résume l’idée que le pétrole et le gaz resteront des secteurs économiques actifs
durablement, malgré le développement de la concurrence. Ces deux secteurs représenteront 56% des
investissements à venir dans le secteur de l’énergie. L’Upstream représentant à lui seul 43% avec ses
28 706 milliards de dollars d’investissement sur vingt ans. L’industrie sismique a touché 1,8% des 733 G$
d’investissements engagés dans l’E&P en 2014 selon l’IFPEN252, soit 13 G$.
Si les proportions de répartition des investissements restent les mêmes, on estime alors que le marché
sismique obtiendra 309 G$ des 17 422 G$ investis dans l’Upstream sur le gaz et le pétrole durant les vingt
prochaines années, soit 14,7 G$ par an. Or, on considère que l’information sismique va prendre de
l’importance à l’avenir, du fait de l’augmentation inéluctable des coûts de forage et de l’ampleur des risques
d’échec, ce qui implique que le secteur sismique ne peut, à l’avenir, qu’être plus actif qu’aujourd’hui.

→ 3.2 L’offshore et l’industrie sismique détermineront l’avenir du pétrole et du gaz, à condition de gagner
en productivité

252
Voir Annexe 3 : Répartition et évolution de l’investissement dans l’E&P

83 | P a g e
ANNEXE 25 : Lieu de construction des navires 3D depuis 1986

12
Nombre de navires sorties de chantier

10
4
8

1 1
6
1 1
1
4 4
1 1 1 3 1
1 1 1 1
2 4 2
3 3 1 1 1 1
2 2 2 2
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
0

Année de livraison

Norvège Japon Dubaï France Danemark pologne Allemagne Espagne Corée du Sud Chine

Grâce à ce graphique, on a une idée globale de l’activité dominante de certains pays en matière de construction de navire sismique. La Norvège maintient une
régularité indéniable alors que Dubaï a montré ses capacités sur des unités moyennes (essentiel de la flotte de Polarcus plus le WG Tasman). Les commandes récentes
sont tenues par l’Allemagne pour la classe Amazon de Westerngeco, le Japon pour la Titan Class de PGS, la Norvège pour les navires de Dolphin et enfin la Chine pour les
navires de COSL. La France n’a construit qu’un seul navire de cette gamme, le CGG Alizé, par le service « constructions neuves » de Louis Dreyfus Armateur en 1999 253 au
chantier STX de Saint-Nazaire.

→ 3.2.2 Un progrès à la porté des sociétés occidentales


→ 3.2.3 La concurrence déloyale des Export-Credit-Agencie

253
[STXFRANCE. CGG Alizé. 1999].

84 | P a g e
LEXIQUE DES ACRONYMES

Anchor Handling Tug Supply : navire spécialisé dans la


AHTS
récupération et la pose d’ancre de plate-forme
AMF Autorité des Marchés Financiers
BGP
CAPEX Dépense d’investissement de capital : coût d’exploitation d’une opération
CDS Crédit default Swaps : produit des marchés financiers de dérivés servant à la mutualisation de l’assurance de titres obligataires.
CGG Compagnie Générale de Géophysique
COSL
CIF Cost Insurance Freight : Prix incluant les frais d’acheminement jusqu’à la frontière nationale du pays importateur.
FBCF Formation Brute de Capital Fixe
COSCO China Ocean Shipping COmpany : compagnie maritime publique chinoise
CSV Construction Support Vessel : Navires polyvalents ou spécialisés dans l’assistance à la construction de plate-forme offshore
ECA Export Credit Agency : agence privée ou publique chargé de garantir les crédits d’export
ECIE Export Credit Insurance Company : ECA des Emirats Arabes Unis
ESSA Environnemental Sensitive Sea Area : zone maritime environnementales fragile définie par l’OMI
FCA Financial Servicies Authority : autorité des marchés britanniques
Fisheries Liaison Officer : Officier de liaison aidant à la communication entre les navires engagés dans l’opération sismique et les navires de
FLO
pêches.
FMI Fond Monétaire International
FOB Free on-Board : prix excluant les fais de transport, c’est prix de référence sur les marchés des matières premières
FOD Fuel Oil Lourd : produit pétrolier pour usage industriel et générateur d’électricité (marine, centrales thermiques, sidérurgie, etc.)
FOL Fuel Oil Domestique : produits pétroliers utilisés pour usage particuliers (chauffage domestique)
FPSO Floating Production Storage and Offloading : unité de production et de stockage de pétrole
GGR Geology, Geophysic & Reservoir : filiale intégrée de CGG pour la gestion et l’analyse des réservoirs d’hydrocarbures
GIEK Garanti-instituttet for EKsportkreditt : ECA norvégien
GNL Gaz Naturel Liquéfié : gaz directement extrait de la terre
GPL Gaz de Pétrole Liquéfié : gaz extrait du pétrole brut par raffinage
ICE Inter-Continental Exchange : place de marché londonienne cotant, entre autre, de nombreux carburants dont le Brent.
IEDA Integrated Earth Data Application
International Oil Company : Compagnies pétrolières privées comme les majors et les indépendants
IOC
(ou Integrated Oil Company)
ION
MPE Ministry of Petroleum and Energy : ministère du pétrole et de l’énergie norvégien
MPSV Multi-Purpose Support Vessel : navires polyvalent d’assistance des installations offshores
National Oil Company : compagnies pétrolières publiques appartenant aux états producteurs. Elles peuvent avoir un monopole sur les eaux
NOC
nationales ou travailler en partenariat avec des IOC.
NPD Norwegian Petroleum Directory : agence gouvernementale norvégienne chargée de la régulation de la gestion des ressources pétrolières
New-York Mercantile Exchange : place boursière new-yorkaise appartenant à la Chicago Mercantile Exchange et spécialisée dans les valeurs de
NYMEX
l’énergie et des métaux
OFID OPEP Found for International Developpement : ECA de l’OPEP
BP British Petroleum
OMI Organisation Maritime Internationale
ONU Organisation des Nations-Unies

85 | P a g e
OPEC Oil Petroleum Export Countries : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP)
OSRV Oil Spill Response Vessel : navire de lutte anti-pollution
OTC Over The Cunter : vente de gré à gré, c'est-à-dire sans passer par une place de marché
PGS Petroleum Geo-Services : troisième compagnie géophysique
PLSV Pipe Lay Support vessel : navires poseurs d’oléoducs entre une plate-forme et la terre
PSV Platform Supply Vessel : navires spécialisé dans le ravitaillement d’installations offshores
QHSE Quality, Health, Safety and Environment : qualité, santé, sécurité et environnement
ROV Remotly Operated Vehicule : véhicule sous-marin piloté à distance
RSE Responsabilité Sociale des Entreprises
SEC Securities and Exchange Commission : Autorité des marchés américains
TGS Tomlinson Geophysical Services : société norvégienne de conseil et d’analyse en géophysique
TICPE Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques : taxe à la consommation spécifique aux carburants d’hydrocarbures
TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée : taxe à la consommation sur tous les produits en France
WSV Well Stimulation Vessel : navire spécialisé dans l’amélioration du rendement de la production d’hydrocarbure en accentuant le débit d’extraction.
WTI West Texas Intermediate : indice boursier du pétrole brut à New-York

86 | P a g e
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ENTRETIENS

ALLEMANDOU, Philippe. ENSM, Directeur Adjoint. Entretien le 7 janvier à La Défense.


CARADEC, Stéphane. GeofieLD, Performance Fleet Manager. Entretien le 7 janvier 2015 à Suresnes.
COULOT, Julie. CGG, Responsable des relations Investisseurs. Entretien téléphonique le 26 septembre
et le 7 octobre 2014.
KHELIL, Tamila. CGG, Strategic Marketing Senior research Analyst. Entretien téléphonique le 21 janvier
2015.
MONDIN, Jérôme. CGG, Regional Sales Manager. Entretien téléphonique le 21 janvier 2015.
TEILLARD, Thibaud. Le Marin, journaliste. Entretien téléphonique le 17 décembre 2014.
ZEKAR, Matthieu. ENSM, professeur et chercheur. Entretien le 30 septembre, le 4 décembre 2014 et le
6 mars 2015 à Sainte-Adresse.

92 | P a g e
(% d’évolution depuis
décembre 2011)
Organisation du marché sismique pour la flotte de navires 3D et 4D
189 542 (+2,6%) 9 336 (+37%) Chiffre d’affaire (M$) 3 766 (+18%) 45 266 (+18%) 1 502 (+20%) 532 (+78%) 247 (+152%) Mémoire de DESMM, Antoine Laurent, Ecole Nationale Supérieure Maritime, 2015
10 951 (-6,7%) 563 (+12%) Résultat net (M$) 664 6.774 (+35%) 238 (+600%) 43 (-9%) 12

14,9% (-21%) 9,0% (-11%) Marge d’exploitation 10,5% 20,0% 25,4% 22,2% 12,6%

17.120 (+9%) 2.578 (+24%) Dette net (M$) 2.218 (+57%) 4.443 (-9%) 667 644 (+4%) 101 (+110%)

0,41 (+21%) 2,20 (-25%) Levier financier 1,96 0,35 0,80 3,04 1,33

23% (-0,6%) 62% (+9%) Taux d’endettement 57% 11% 32% 122% 41%

14,9% (-15%) 13,5% (-1%) ROE 17,1% 17,1% 11,5% 8,1% 4,9%

73 548 (+10%) 4 157 (+13%) Capitaux propres 3 890 39 635 2 066 528 245

25 922 (+5,6%) 623 CAPEX 834 (+39%) 3.943 438 94 (-58%) 23

1,4 (+0,5%) 1,1 (+11%) Ratio de liquidité 1,5 1,9 2,2 1,4 2,1

CA segment marine (M$) 1786 1904 678 488 237

Invest. Multi-Clients (M$) 479 (+136%) 373 (+84%) 45

Invest. hors Multiclient (M$) 1 786 (+270%) 498 (+35%) 117

Total

Nombre de navires affrétés en 3D et/ou 4D


(+ mouvements de navires à venir)
60 14 15 (-6) 10 (+2) 8 6 (+1) 2 0 1 2 0 0 0

Nombre de navires de capacité 3D affrétés


en 2D
18 2 4 2 0 0 2 2 1 1 1 1 1

Age moyens de la flotte de navires à


capacité 3D selon l’année de construction
2003 2003 1999 2003 2010 2008 2003 1987 2003 2008 1988 1983 2002

Sociétés gestionnaires des


navires avec leur flotte et la Oceanic Challenger Polar Duke BGP Pioneer Akademik Nemchinov HYSY 720 Nordic Bahari Neptune Naiad
Amazon Warrior Ramform Titan Orient Explorer
nationalité du bureau de Oceanic Phoenix
Amazon Conqueror Ramform Atlas Polarcus Nadia Polar Duchess BGP Prospector (2D) FA XIAN 6
Discoverer 2 (2D)
HYSY 721
HYSY 719 (2D) (2D) (2D) (2D)
Geo Carrebean Polarcus Naila Akademik Shatskiy
direction Geo Coral Geco Emerald Ramform Titan 3
Polarcus Asima Polar Marquis (2D)
Geo Celtic Geco Diamond (2015)
Ramform Titan 4 Polarcus Alima
Alizé Geco Eagle Polar Empress
(2016) Polarcus Amani
Cette liste comprends les navires Western Trident (2015)
Ramform Sterling Polarcus Adira
Amadeus Western Neptune
conçus 3D/4D et en construction Western Regent PGS Apollo
Atlantic Explorer Babaros Hayreddin
actuellement en service Western Monarch
Pasa (Turkish
WG Amundsen (2D)
Petroleum Corp.)
Western Pride (2D) Nordic Explorer (2D) BGP Challenger
(2D)
Répartition de la flotte 3D 
Western Spirit(2D)
Geco Topaz (2D) Ramform- BGP Explorer
Western Patriot (2D) Sovereign Artemis Arctic (2D)
Oceanic-
Ship Endeavour WG Tasman
manager WG Magellan
Nationalité Oceanic Champion Vyacheslav-
WG Columbus
de la Oceanic Sirius Tikhonov
WG Vespucci
compagnie Oceanic Vega
Viking Vision
Ship 1 Vantage (2D)
Pavillon des Viking Vanquish Sanco Swift
navires Sanco Sword
Ship 2 Geowave Voyager Geco Bluefin
(2D)

18 17
Ramform Vanguard Nombre de navire par pavillon 
Ramform Challenger
Geo Caspian Ramform Valiant 9
Ramform Viking 6 6 5
3 2
Ramform- 1 1 1 1
Explorer
SCHEMA SYSTEMIQUE DU MARCHE PETROLIER
Réglementation internationale dans l’industrie maritime Acteurs
Mémoire de DESMM, Antoine Laurent, Ecole Nationale Supérieure Maritime, Le Havre, 2015 internationaux

Compagnies maritimes Formation des marins, Nations Pays


Navires de support à la Construction et réparation navale, OMI*
Transport de colis lourds : remorqueurs construction et l’exploitation maritimes
Compagnies de gestion Fiscalité adaptée pour
GeofieLD, CGGEidesvik, Whilmsen, SSV* de haute mer et semi-submersibles Brise-Glaces les marins et les armements Fixation d’objectifs
Marchés financiers Volstad, SCF*, GCRieber, Sanco, etc. (Fairmount, Dockwise, COSCO*, Posh, etc.) environnementaux ONU*
PSV*
Agences de presse et Supervision du marché
MPSV* Emplois maritimes et industriels FMI*
cabinet d’audit financiers Upstream : Exploration & Production Pays monétaire et obligataire

Gestion des navires


Platt’s, PwC, Deloitte, Ernst&Young, KPMG, IHS, Barges de construction
Bloomberg, Reuters, etc.
producteurs Autorités financières
Compagnies sismiques Exploration & Production Offshore PLSV* (SEC*, FCA*, AMF*, etc.)
Informations financières et économiques AHTS* Surveillance des marchés
Equipementiers Mesure 2D ou 3D Forage d’exploration Relations commerciales National Oil et entreprises nationaux
Cablier
(Sercel, Geostreamer, ION, etc.) avec les sociétés spécialisées1 Companies et transnationaux
Investisseurs Si découverte positive
Fonds de pension, Etats, banques d’investissement,
Navires de forage
Règlementation du
assurances, particuliers, etc. Fournis en équipement OSRV* OMC*
Pose de la plateforme et Possède et gère commerce international
Investissement des éléments de Assistance sous-marine
Marine Terrestre rapatriement à terre du (OPSV* ou RSV*) Coopération
et
Département Geophysique diplomatique entre OPEP*
Spéculation pétrole brut Chiens de garde Influence juridique et fiscale 2
Etat certains producteurs

Pression politique
Communication
Marché des actions FPSO* Conventions
financière Imagerie informatique Mesure 4D et 4C
Production OIT*
Euronext, NYSE, S&P,etc. internationales du travail
Pression (FPSO ou Plateforme) Transmet les
Crew-boats (FSV*)

Acquisition marine
actionariale bénéfices des taxes
Vente ou investissement Politique énergétique
IOC ou Multiclient Navires de déconstruction commune
UE*
Placement de substitution
ou de spéculation
NOC library
Vente Modernisation Démentellement WSV* ONG*
Population
environnementales
Source
Marché obligataire capitalistique Analyse et gestion de Pression sur les politiques
données géologiques Acquisition énergétiques nationales et
Communication (TGS, CGG-GGR, majors, etc.) Exploration & Production Terrestre Ressources fiscales
terrestre internationales
financière et économiques
Evaluation des risques financiers
Analyse les marchés IEA*
de l’énergie (OCDE*)

Influence diplomatique
GAZ NATUREL
Agences de notation Midstream

PETROLE
Traitement et valorisation du gaz

Vente FOB*

et économique
Moody’s, Fitch, S&P, Dagong
Transport de brut naturel
(Tankers, pipelines) Ressources fiscales Pays
Marché des produits et économiques « transitaires »
Transport
dérivés Vente CIF* (Gazoducs haute pression, gaziers GNL)
(futures, swaps) Couverture

Marché des Marché du brut Marché du GNL


matières
Influence sur premières et de OFFRE WTI* Brent Henry Hub Powernext Marchés
FOREX* les stocks
l’énergie DEMANDE Autres De gré à gré
Marché des devises et les flux (NYME* - USA) (ICE* - UK) (NYMEX* - USA) (Paris – Europe) réglementés

Soutien pour le maintien


commerciaux NYSE, CME*, etc.

de la sécurité
Downstream : Refienery & Marketing
Stockage RaffinagePrix indéxés sur les
produits pétroliers
(FOL*/FOD*)
6,90% 3,90%
8,60% GPL
2,40%
Carburants légers (Gasoil, Diesel, Essences,
Kéozène)
Carburants lourds (FO, HFO)
Pays consommateurs
Produits pour l'industrie pétrochimique et Distribution vers les
plastique (naphtas) régions consomatrices Inluence sur le mix énergétique Etat
54,70%
32,40% Matériaux non-carburants (Lubrifiants, (gazoduc basse pression)
wax, asphaltes, carbone) Influence sur la
Exemple de produits sortant d’une 3020 Mtep.** consommation
raffinerie à partir d’un pétrole brut Ressources fiscales finale en énergie
américain** (source : IEA)
2,19% Pression
4,42% 6,72% politique
32,87%
Transport/stockage de produits raffinés
Pétrole et GPL Pouvoir de
(gaziers, Chimiquiers, camions, trains, etc.) « consommateur final »
Population
GNL
Charbon
30,06% Nucléaire
Distribution 4185 Mtep.** Hydro électrique
Renouvelable
Consommation mondiale
en énergie primaire**
(source : BP) 23,73%

* Voir Annexe 1 : Lexique des acronymes


Influence sur les balances de paiement et les balances commerciales ** Chiffres de 2013

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