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CAHIERS DE RECHERCHES DE LINSTITUT DE PAPYROLOGIE ET D’EGYPTOLOGIE DE LILLE CRIPEL 27 (2008) EGYPTE - SOUDAN UNIVERSITE CHARLES-DE-GAULLE - LILLE 3 A quel dieu la déesse guerriére est-elle associée ? Jurr Torzsox Questions d’origines, questions de méthode La déesse guertiere, ses origines, le dévelop- pement de ses culte et icone comptent depuis longtemps parmi les sujets favoris de la recher- che. On a ainsi pu montrer que Pune des formes les plus anciennes de ce qui est devenu la déesse guerriére est la déesse tueuse du démon bufile, Mahisisuramardini. Cette derniére fut d’abord représentée dans la période kouchane, dans la région de Mathura au cours des premiers sidcles de I’ére chrétienne. Mais les témoignages des textes concernant l’apparition de la déesse guer- riére présentent plus d’ambiguités, méme s’ils viennent tous d'une période plus récente que celle des images kouchanes*. 1. Université Charlesle-Gaulle ~ Lille 3. 2. “Etant donné que le propos principal de cet article n'est pas philologique (méme si certains arguments sont fondés sur des résultats obtenus par la philologie), nous avons pas utilisé Ia translitiération scientifique pour les mots sanskrits et tamouls. La portée principale de notre étude ’est pas iconographique non plas, et notre présentation de iconographic des formes variges de la déesse guertigxe est nécessairement réductrice. 5. Danslc cadre de cetarticle, il n'est pas possible dex CRIPEL 27 (2008) Un autre précurseur de la déesse guerriére semble étre une déesse qui tue deux fréres démons au cours d'un combat de chars et qui habire les Monts Vindhya. On la désigne souvent du nom de I'Habitante des Monts Vindhya, Vindhyavasini, Son existence est attestée par les textes vers les ui et 1 siécles, mais son iconogra- phic ne se développe qu’a partir du 1x® siécle. Nous aurons loccasion de revenir au probléme que posent les icdnes de cette déesse’. Une troisiéme origine possible réside dans Ja déesse de la victoire du sud de I'Inde, appelée Korravai (Victoire) en tamoutl’. Dans son cas, 1a sur le sujet. On trouvera les , «A propos des premieres images de la Tueuse de Busfle: déesses et krishnaisme ancien », Bulletin de Uicole Francaise d Extreme Orient W91 (2008-2004) 7-87. 4. Les travaux les plus importants sur cette déesse ont 64€ fats par Yoko Yokochi dans une série d'articies et dans sa thése intitulée he Rise of the Warrior Gaddess in Ancient India — A Study ofthe Myth (cl of KawikiVindy easing i the Skandapurana, soutenue & Groningen, en décembre 2004, Nous remercions auteur de nous en avoir fourni un exem. plaire. 5. Nombreux sont ceux qui soutiennent cette hypo- these, comme Renou in Louis Renou, Jean Filliozat eval. Linde Classique tome 1 (Paris: A. Maisonneuve reimpr., 1985); 523. Un ouvrage traite des sources tamoules concer= 91 JUDITTORZSOK datation des témoignages les plus anciens qui permettent de l'identificr est plus incertaine, car les sources en tamoul sont encore plus difficiles A dater avec précision que les sources sanskrites. C'est une divinité féroce qui exige des sacrifi- ces de sang et méme de tétes humaines; mais lorsqu’on la représente couramment en Inde du sud, a partir du wr sigcle, sa figure semble avoir fusionné avec celle de la déesse tueuse de bufile. De méme, le premier texte qui la décrit en détail mentionne déja qu'elle a tué ce démon. Dans ce qui suit, nous considérerons quel ques-uns des témoignages et arguments concer- nant les origines de la déesse guerriére, en nous concentrant plus particuliérement sur la ques- tion de savoir a quelle divinité masculine elle était originellement associée. En P’état actuel des recherches, ceux visions surle sujet prédominent. Sous I'influence de développements tardifs et du culte actuel, on pense communément qu’elle a toujours été associée a Shiva. Néanmoins, dans des travaux plus récents, on a suggéré qu'elle possédait tout d’abord des traits propres a Krichna et a Vichnou'. Nous discuterons égale- ment des raisons possibles pour associer la déesse a Shiva, Krichna, Vichnou et d’autres divinités masculines, ainsi que des manires dont ces asso- ciations sont vues et représentées’. Comme on I'a remarqué, les mythes et les images semblent indiquer qu'il existait a Vorigine au moins trois déesses distinctes. Cependant, il est A noter que das qu’elles figurent dans les sources textuelles, elles sont déja identifiées les unes aux autres. En ce qui concerne les icdnes, de telles nant cette déesse et son culte en plusicurs endroits, celui ¢'Alexander M. Dubianshi, Ritual and Mythological Sources of ‘he Early aril Poetry (Groningen : Egbert Forsten, 2000). 6. "Voir Schmid, « A propos des premizres images «et ‘Schinid, « Mahibalipuram: la Prosperité au double visage », Journal Asiasique 299.2 (2005): 459-527 et les references ‘qu'elle donne. * 7. Yokochi démontre que Vindhyavisini n'étaitassociée & aucun dicu a Vorigine, meme si la reconstruction de son proco-mythe reste hypothétique. identifications sont plus difficiles & établir, mais les images semblent également les confirmer, Comme nous I'avons noté, les représentations provenant du sud de Inde de ce qui parait étre ta déesse Korravai lui attribuent également, semble-til, la mort du démon buflle. De plus, nous yerrons que les mémes traits iconographi- ques peuvent parfois caractériser les images les plus anciennes de la Tueuse de Bufile ainsi que la déesse souvent désignée sous le nom de Déesse de la Victoire. C'est pourquoi nous devons bien garder 4 l'esprit que ces trois déesses peuvent étre davantage les produits de notre esprit analy- tique que le résultat de trois origines distinctes de la déesse guerrigre’, L'Habitante des Monts Vindhya et la déesse combattante Pour présenter les témoignages, il est perti- nent de commencer par 'Habitante des Monts Vindhya, méme si elle apparait plus tard dans la littérature que les premieres images de la ‘Tueuse de Bufile. On la mentionne dans un texte krichnaite, le Harivansha (entre le premier et le quatriéme siécles de notre ére)" qui l’associe au 8. Notons également qu'il peutexister encore d'autres préfigurations de la Déesse Guernire. Yokochi 197-156 anahse Ja fusion de Vindhyavasini et de la Tueuse de Buff. 9. Chapitres 46-48 et 65. La datation de cc texte et de s¢s différentes couches est loin d'éve certaine. L’édition cit- ‘que de P-L. Vaidya (Poona: Bhandarkar Oriental Research Institute, 1969-71) présente une seconstruction assez juste du noyau original, sats étre infallible. En fait, chaque passage devrait étre reconsidésé. Nous acceptons ic le jigement de Pédition critique, selon lequel histoire de Vindhyavasint faisait partie du noyau original, Sur la réfutation de Forigine lsichnaite ou vichnouite de eette déesse et pour une discus sion détaillée des identifications des déesses dans le texte, voir Yokochi 37-78. Pour un avis contraire concernant Vorigine de la Grande Déesse, voir Charlotte Vaudeville, « Aspects dt mythe Krsna-Gopala dans "Inde ancienne » in: Manges din- stianisme & ta mémoire de .. Renow (Paris: de Boceard, 1968) 787-761 et Vaudeville, « Krishna Gopila, Radhi, and the Great Goddess « in: John Stratton Hawley et Donna Marie ‘Wall (€d.) The Divine Consort. Rédhii and the Goddess of Inia CRIPEL 27 (2008) A QUEL DIEU LA DFUSSE GUERRIERE ESTELLE ASSOCIEY, dieu noir Krichna, En fait, elle est identifiée a une secur de Krichna, une fille qui cst elle-méme Ja personnification du Sommeil de Vichnou, Nidra. Le texte relate qu'elle est née au méme moment que Krichna, pour tromper un démon qui voulait le tuer, Le démon, pensant que la fille este futur dieu qui le menacera, la brise contre un rocher. A ce momenta, elle se transforme en la déesse nommée Celle qui Vit dans le Mont Vindhya. On dit d’elle qu'elle a déja we deux démons, Sumbha et Nisumbha. A présent, elle jure de mettre en piéces le corps du démon et de boire son sang. La méme déesse, ayant des origines distine- tes et portant le nom de Kaushiki, figure dans le texte shivaite du vr ou vit sigcles clu Shandapurdna original", qui est le premier texte a raconter son exploit principal, celui de ter les deux fréres démons. Ges derniers, Sumbha et Nisumbha, furent élevés par le Mont Vindhya qui leur servit de pére ainsi que par sa femme. Sumbha courtisa la belle Habitante des Monts Vindhya (née ici de Ja peau de I’épouse de Shiva) par l’entremise d'un messager. Elle lui lanca ensuite un défi surle champ de bataille, disant que c’était la dote pour obtenir sa main. Aprés avoir consulté d'autres démons, Sumbha décida de se battre. Lorsque la guerre commenea, des déesses a tétes d’animaux et d'oiseaux surgirent du corps de !Habitante des Monts Vindhya pour lui porter secours. Elle affronta Sumbha et Nisumbha elle-méme sur un. char tiré par des lions, et les (ua tous les deux. Puis, Shiva et son épouse, Parvati, en tant que parents de la déesse, apparurent devant elle, la bénirent ct accordérent la permission de la (Berkeley: Graduate Theological Union, 1982) : 142. 10. “Sur la question dit Skendapurina originel, qui différe fondamentalement de ce qu'on connait et cite Communément sous ¢e titre, voir les » Protegomena » de Rob Adriaensen, Hans Bakker et Harunaga Isaacson, The Standapurana Critically Haited vol. (Groningen: Egbert Forsten, 1998), Yokocli 25-98 et Hans Bakker (éd.) Origin cand Crit ofthe Puranie Text Corpus with Spied Reference athe Skandajrerancs (Delhi: Molital Banarsidass, 2004) © 1-2. CRIPEL 27 (2008) consacrer. Les dieux, conduits par leur roi Indra la consacrérent, et Indra l'adopta comme secur. Kaushiki, quant a elle, atribua diverses régio et villes aux déesses qui avaient surgi de son corps. Le meme texte shivaite attribuc également la mort du démon buifle a cette déesse, quoique briévement. A la fin du récit de la mort de Sumbha et Nisumbha, on précise que quelques temps plus tard, le démon butfle, dont on dit quill est le fils de Sumbha, attaqua Kaushik? qui le tua. Lvattribution en passant de la mort du démon buffle a cette déesse est sans doute un dévelop- pement ct un ajout textuel relativement plus tardifs"'. Or, curieusement, aucune représenta- tion ancienne d’avant le ix" siécle de la guerre contre les fréres démons n*est connue. Une hypothése avance que cette absence d’images expliquerait la fusion de I’ Habitante des Monts Vindhya avec la Tueuse de Buffle, car cette derniére, en revanche, n’était représentée que dans liconographie sans appartenir a une tradi tion narrative ancienne, Gette théorie suppose que I'Habitante des Monts Vindhya était 4 Pori- gine une déesse locale qu’on ne pouvait repré- senter en images. La fusion de ces deux déesses aurait donc été une solution convenable, afin @unir une tradition narrative sans représenta- tion, celle de PHabitante des Monts Vindhya, ¢t une tradition iconique, celle de la Tueuse de Bufile". ‘explication est possible. Mais absence de représentation identifiable de I"Habitante des Monts Vindhya, ou, pour étre plus précis, 'ab- sence de représentation de cet exploit, peut étre due 2 une raison plus pratique. Alors que la mise a mort du bufle se préte aisément a la représen- tation sous forme d’icéne dominée par la figure de la déesse, la scéne de bataille de Pépisode de LL. Voir Yokoehi 128, 12. Voir Yokochi 127 et 150-156. JUDIT TORZSOK Sumbha et Nisumbha demanderait un autre type de représentation: celui qu’offre un panneau, Or, en ce qui conceme la Déesse Guerriére, les premiers panneaux représentent une bataille dans laquelle elle combat et tue le démon buttle etnon les fréres démons, puisqu’a cette époque, la figure de I'Habitante des Monts Vindhya se fond déja avec celle de Ja Tueuse de Buffle. Sur un panneau Chalukya de Badami, datant du wt siécle, on la sculpte encore 4 la fin de la bataille, transpercant le démon buffle dans une position qui n’est pas sans rappcler les premiéres représentations icOniques de la Tueuse de Buffle. Son lion est allongé sur le sol prés d’elle, et six petits ganas ou yakchas, créatures naines yentri- potentes, se tiennent derriére elle et représentent son armée"*, Mais deux panneaux Pallava, respec- tivement 4 Mahabalipuram et & Saluvankuppam, datant probablement du vu siécle, la représen- tent déja dans ce qui évoque une vraie scene mouvementée de bataille. Méme si la Déesse Guerriére dans ces panneaux combat le démon buffle et non les fréres démons, méme si elle est montée sur le lion lui-méme, et qu'elle est assis- tée par des ganas masculins plutét que par une cohorte de déesses, la scéne évoque puissamment Yépisode de Sumbha et Nisumbha'*, Car dans le texte décrivant cet exploit, tout comme sur les panncaux, la bataille est largement celle d’ar- chers jusqu’au moment oii les démons s'empa- rent de leur massue. Et bien que la déesse tienne différentes armes dans ses nombreux bras, ses bras naturels manient arc et la fléche. Voici le 13, Pour une reproduction (Kg. 30 ct $1) etanalyse de cette seéne, voir Garry Michael Tartakov et Vidya Dehejia, « Sharing, Intrusion and Influence : the Mahisasuramardini Imagery of the Calukyas and the Pallavas, » Artis Asiae 45 (0984) : 287-945. 14, Parmi les nombreuses analyses de cette sc2ne, voi ‘Tantakoy et Dehejia, ct Schmid » Mahabalipuram ». Nous 1n‘avons pas intention d’identifier la déesse guerriére repre sentée sur ces panneaux a Habitante des Monts Vindbya Notte but est d’explorer ies interprétations possibles du combat de la déesse guerriére comme archére, un trait qui la met en relation avec I'Habitante des Monts Vindhya. 94 résumé de la scéne de bataille avec Sumbha et Nisumbha selon le Skandapurdna!® Lorsqu'ils s'apercoivent que leur armée perd la bataille, Sumbha et Nisumbha, les démons rois, sortent sur Ie champ de bataille dans leur char, menant des groupes de démons guerriers et précé- dés de premiéres lignes composées de fantassins, de chevaux et d’éléphants. Préts a combattre, ils bandent leur arc. Sachant qu’ils approchent, la déesse retient ses lions attelés au char et bande ses ares. Le son de ses ares ralentit les chevaux, calme les éléphants échanffés et remplit les démons def. froi, Les démons lui décochent des fléches & grand peine, mais celles-i s‘abattent au sol sans attein- dre la déesse. Elle envoie une pluie de fléches sur larmée des démons, ce qui resemble au soleil qui darde ses rayons sur le monde entier, Transpercés par ses fléches, les chevaux tombent, les éléphants chancdtent et les démons guerriers tremblent. Kaushiki extermine Parmée des démons avec des torrents de flaches comme le few dévore Pherbe séche de ses flames, Elle décime Farmée adverse. La défiant, les démons rois couvrent Kaushiki de leurs fléches acérées dont certaines se plantent dans ses arcs, sa conductrice de char, ainsi que dans ses lions et ses étendards. Elle méprise ces pluics de fléches et transperce les démons de ses propres fléches, Ignorant celles¢i a leur tour, les tardive du démon, puisguril merge sous tine forme humaine dis cadavre du buffle. Cela semble montrer, ce méme que la shivaisation de la déesse, que ta date de ce texte est moins ancienne que Von suppose géné- alement, 54, Clappatikcram XII, 54-66, Voir aussi Dubianski 18. 101 JODIE TORZSOK Pour ce qui est de la figure de la Déesse de la Victoire en Inde du Sud, c'est peutatre en partie pour son caractére d’'icéne statique qu’on a pu Fassocier Shiva, le dieu immobile et droit, le yogi inébranlable par excellence. Il est en méme temps également possible que ce soit sous I'in- fluence shivaite que la déesse guerriére était souvent représentée de maniére droite et stat que. Or, nous devons prendre en compte V'in- fluence des préférences régionales. Ainsi, ce n'est pas un hasard si ces images verticales de majes- tueuses Déesses de la Victoire, ces manifestations statiques de la Décsse Guerriere plurent tant sous les Cholas de Tamil Nadu, qui étaient de grands défenseurs du shivaisme. Ainsi, les inflexions variées de la figure de la déesse guerriére et son association avec divers dieux sont souvent sans doute plus dues des différences et préférences régionales et dynastiques que chronologiques. Conclusion: mascutin / féminin Au cours de étude des trois déesses comme prototypes de la déesse guerriére, de ’Habitante des Monts Vindhya, de la Tueuse de Buflle et de la Déesse de la Victoire, nous avons vu qu’elles correspondaient a trois différents types de récit etd'image, méme si l'on peut rarement wouver de véritables équivalences entre mythes et icones. L'Habitante des Monts Vindhya, décrite tuant les fréres démons lors d’une bataille, est une archére soutenue par une armée, La Tueuse de Buffle, dont l'exploit n'est pas relaté en détail dans les sources textuelles les plus anciennes, est, au moins a l'origine, représentée comme une Iutteuse, et méme plus tardivement, comme une tueuse toujours solitaire de la béte. La Déesse de la Victoire et la déesse qui apparait dans es sources tamoules sous le nom de Kortavai semblent souvent correspondre a une icone droite cultuelle, Au Sud, cette déesse peut posse 102 der ses propres attributs, tels que les dévots qui pratiquent 'automutilation, On a aussi vu que ces types se manifestent rarement de facon distincte, et de nombreuses variations et combinaisons ont pu étre produites au cours du temps dans des lieux divers. Mais dans ces variations, on a aussi remarqué que la déesse change constamment d’attributs qui la lient & certaines divinités masculines. Elle posséde un certain nombre de traits vichnouites, krichnaites ou shivaites qui surgissent ou disparaissent, domi- nent ou s'estompent selon le contexte narratif ou iconographique. On peut en déduire, semble-til, que les asso- ciations de cette déesse a des dieux particuliers ne suivent pas forcément un ordre chronologique. Certains traits de la déesse rendaient possible son association avec Krichna, Vichnou, ou Shiva dés ses origines, et ainsi, telle ou telle inflexion de ses traits était parfois mise en avant dans des liewx ou contextes oft le krichnaisme, le vichnouisme ou le shivaisme étaient dominants®. Nowe bréve analyse (nécessairement réduc- trice) des préfigurations et des images types de la déesse guerriére révéle également des proble- mes généraux rencontrés dans des études sur la question. Premigrement, comme nous I’avons mentionné plus haut, il s'agit de la question de Ia relation de la déesse guerrigre aux divinités 55. Nous ne voyons donc pas un développement chro- nologique des associations de la déesse guerriere a des dicux divers (Krichna et Vichnou avant Shiva) contrairement Schmid, « A propos des premidres images » 59, qui propose Uhypothése « d'une Mahishasuramardini, guerriére déesse de montagne évoluant dans la mouvance du krishnaisme ancien comme, pourraiton dire, Pune de ses formes divines qui deviendront des avataras de Visnu, un proto-avatara feminin, mais qui connafwra un tout autre destin que celui des descentes de Visnu.» Il est néaamoins certain que son association 4 Shiva devient dominante & partir d'une certaine poque. Mais cela ne devrait pas nous mener & supposer in développement linéaire dans le temps, Nous voyons platot une forte et longue hésitation dans ces associations (que nous nterprétons comme compétition), que suit une crystallisation de image de cette déesse comme shivaite, tout en gardant certains traits non shivaites. GRIPEL 27 (2008) A QUEL DIEU LA DEESSE GUERRIERE EST-ELLE ASSOCIEE ? masculines. Nous avons proposé, au lieu d’une analyse en termes d’assimilation comme accep- tation, selon Taquelle on examine comment la déesse guerrigre, précédemment exclue, a été peu a peu assimilée dans le panthéon brahma- nique qu’elle a envahi, qu'il faudrait peutétre sefforcer de comprendre comment et pourquoi les monvements dominants ont rivalisé entre eux afin de s’approprier une déesse dont la popularité éaait probablement déja établie. Deuxiemement, en plus d’'identifier les influences des divinités masculines sur le culte et riconographie de cette déesse, il serait également important de décou- vrir en quoi son culte et son iconographie ont changé ceux des divinités masculines, méme si une telle démarche pose plus de problémes dus a absence de certains types de sources. Les dieux principaux mentionnés ne sont pas, par ailleurs, les seules sources d’inspiration pour les attributs de la déesse guerriére et de ses précurseurs. Elle peut également porter l’éclair, qui appartient le plus souvent au dieu souverain védique, Indra"; et le Devimahdimya la décrit, brandissant les armes de nombreux dieux a la fois. Néanmoins, si elle peut étre associée a tous les dieux, elle n’appartient en fait 4 aucun. Car, et sur ce sujet nos sources sont catégoriques, elle reste toujours solitaire et vierge”, conservant le pouvoir que lui confére sa pureté pour l'utiliser contre ses ennemis démons qui luttent contre elle et, dans un méme temps, la désirent éper- dument. 56. Surcetattribue, yoir Schmid, « A propas dex premié- resimages » 58.55 et Srinivasan 28590, Ilest possible que cet atuibutsignale, de méme que la consécration de ladéesse par Indra le fait que tout d’abord elle Futassociée au Toi védique des dieux, & une Epoque oii Indra était encore un thembre important du panthéon. 57. Sur la virginité perpétuelle de la déesse, voir Dubianski 17 sqq et Yokoehi 91 CRIPEL 27 (2008) 103

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