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NOUVELLES APPROCHES SIMPLIFIÉES POUR L'EVALUATION DE LA


PERFORMANCE SISMIQUE DES BARRAGES EN REMBLAI

Conference Paper · July 2018


DOI: 10.1201/9780429465086

CITATION READS

1 123

9 authors, including:

Guillaume Veylon Jean-Jacques Fry


French National Institute for Agriculture, Food, and Environment (INRAE) Électricité de France (EDF)
24 PUBLICATIONS   181 CITATIONS    73 PUBLICATIONS   346 CITATIONS   

SEE PROFILE SEE PROFILE

Boutonnier Luc Ziad Kteich


Egis Géotechnique Ecole Spéciale Des Travaux Publics, Paris, France
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Le chargement sismique est-il une force imposée ou un déplacement imposé ? View project

Seismic analysis of earth dams View project

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Q. 101 – R. 31

COMMISSION INTERNATIONALE
DES GRANDES BARRAGES
-------
VINGT SIXIÈME CONGRÈS
DES GRANDS BARRAGES
Vienne, Juillet 2018
-------

NOUVELLES APPROCHES SIMPLIFIÉES POUR L’EVALUATION DE LA


PERFORMANCE SISMIQUE DES BARRAGES EN REMBLAI

Guillaume VEYLON
IRSTEA

Moez JELLOULI
ISL

Jean-Jacques FRY
EDF

Luc BOUTONNIER
EGIS

Ziad KTEICH
ESTP

Capucine DURAND
ISTERRE - GéophyConsult

Claudio CARVAJAL
IRSTEA

Pierre LABBE
EDF

Li-Hua LUU
IRSTEA

FRANCE

525
Q. 101 – R. 31

SUMMARY

The feedback on the seismic behavior of Japanese dams highlighted the


need to evaluate the settlement of the structures taking into account the three-
dimensional vibratory effects and the degradation of the shear modulus caused
by the damage of the embankment material and the increase of pore water pres-
sure. The aim of this report is to present new simplified methods incorporating
the effect of these phenomena in order to improve their predictive capacities. The
proposed methods allow evaluation of permanent displacements, settlements and
the increase of pore pressure in embankment dams subjected to earthquakes
by means of predictive formulas (Risba method) or simplified dynamic analysis
methods (Fr-Jp method or coupled linear equivalent method). A methodology for
introducing hydromechanical coupling taking into account the compressibility of
the fluid is also proposed. The comparison of the results of calculations resulting
from these methods with the observations on Fujinuma and Aratozawa dams
showed good agreements.

Keywords: Embankment Dam, Resistance au Seisme, Settlement, Calculation


Method, Pore Pressure, Fujinuma Dam, Aratozawa Dam.

RÉSUMÉ

Le retour d’expérience sur le comportement sismique des barrages japonais


a mis en évidence la nécessité d’évaluer le tassement des ouvrages en prenant
en compte les effets vibratoires tridimensionnels et la dégradation du module de
cisaillement au cours de la sollicitation due à l’endommagement du matériau et
à la montée des pressions interstitielles. Le présent rapport s’attache à présenter
de nouvelles méthodes simplifiées intégrant l’effet de ces phénomènes dans le
but d’en améliorer les capacités prédictives. Les méthodes proposées permettent
l’évaluation des déplacements permanents, des tassements et de la montée de
pression interstitielle dans les barrages en remblais soumis à des sollicitations
sismiques par le biais de formules prédictives (méthode Risba) ou de méthodes
d’analyse dynamique simplifiées (méthode Fr-Jp ou méthode linéaire équivalente
couplée). Une méthodologie de prise en compte du couplage hydromécanique
avec prise en compte de la compressibilité du fluide est également proposée. La
confrontation des résultats de calculs issus de ces méthodes aux observations
et mesures réalisées sur les barrages de Fujinuma et Aratozawa ont montré une
bonne adéquation.

Mots-clés: Barrage en Remblai, Seismic Resistance, Tassement, Methode de Calcul,


Pression Interstitielle, Barrage de Fujinuma, Barrage D’aratozawa.

526
Q. 101 – R. 31

1.    INTRODUCTION

Les approches simplifiées modélisent rapidement, et avec peu de données


d’entrée, le comportement sismique global des barrages. Elles permettent de
réaliser facilement des études de sensibilité de l’influence des caractéristiques de
l’ouvrage sur son comportement en cas de séisme. Depuis leur apparition, elles
sont largement utilisées pour évaluer le comportement sismique des barrages
[SARMA, 1975 ; MAKDISI & SEED, 1978] ou le risque de liquéfaction [SEED
& IDRISS,1971]. Ces méthodes reposent sur de nombreuses simplifications, et
notamment celle de la géométrie, des résistances mécaniques constantes et
l’absence de drainage. Elles donnent accès à une valeur de déplacement irré-
versible sur une surface de glissement potentielle ou à un coefficient de sécurité
vis-à-vis du risque de liquéfaction. D’autres méthodes permettent une analyse
2D tout en évitant le niveau de complexité de l’analyse couplée non linéaire :
c’est le cas du modèle linéaire équivalent, de l’analyse découplée [CASCONE
& RAMPELLO, 2003] et des approches semi-couplées non linéaires [PECKER
et al., 2001]. Le modèle équivalent linéaire ne modélise pas la génération de
pressions interstitielles, et ne donne pas accès aux déplacements irréversibles.
Les méthodes semi-couplées non linéaires pallient un grand nombre de limita-
tions propres aux méthodes simplifiées en permettant notamment la modélisation
de la génération des pressions interstitielles. La justification des hypothèses et
la validation des résultats de toutes ces méthodes sont peu mises en évidence
dans la littérature. Pour cette raison, les comités japonais et français des grands
barrages ont travaillé ensemble sur des cas de validation pour extraire du retour
d’expérience sismique des barrages japonais les phénomènes fondamentaux à
prendre en compte dans toute méthode.

2.    RETOUR D’EXPÉRIENCE SUR LES BARRAGES JAPONAIS

Les grands barrages en remblai du Japon sont pour la majorité d’entre


eux des barrages zonés avec noyau en argile et recharges en enrochements
fondés au rocher. Comme ils subissent des séismes d’intensités très élevées, ces
barrages sont suivis avec une grande attention par le Japan Dam Engineering
Center (JDEC). Les accéléromètres, généralement implantés dans l’axe du barrage
au rocher, à mi-hauteur et en crête, mesurent le comportement sismique de ces
barrages et constituent une source de données précieuses pour la qualification
des méthodes d’analyse sismique.

527
Q. 101 – R. 31

2.1. AMPLIFICATION DE L’ACCÉLÉRATION EN CRÊTE

Le phénomène d’amplification de l’accélération en crête d’ouvrage est


connu depuis longtemps. Le retour d’expérience sur les barrages japonais,
notamment celui d’Aratozawa, a montré que le facteur d’amplification diminue
lorsque l’accélération au rocher augmente [SODA et al, 2012]. Ce phénomène
est interprété comme la conséquence de l’augmentation de l’amortissement et
de l’augmentation de la période propre fondamentale du barrage qui s’éloigne
alors du contenu fréquentiel de la phase forte du séisme.

2.2. DIMINUTION DU MODULE DE CISAILLEMENT

L’augmentation de la période propre fondamentale traduit la diminution du


module de cisaillement du corps du barrage au cours de la phase forte du séisme.
Le retour d’expérience sur le barrage d’Aratozawa démontre que l’origine de cette
diminution est l’accumulation des déformations liées à i) l’endommagement du
matériau lui-même et ii) la génération de surpressions interstitielles au sein du
noyau. Il a par exemple été montré que le ratio G/G0 a atteint 0,1 environ pour
une déformation de 0,1 %, alors que les courbes G/G0 classiquement utilisées
prédisent une valeur comprise entre 0,2 et 0,4 [FRY et al, 2015]. Par contre,
le rapport G/G0 était encore de l’ordre de 0,5 à la fin du séisme alors que les
distorsions sont très faibles (inférieurs à 10‑5). Il est intéressant de noter que ce
phénomène de dégradation du module est réversible, mais que cette réversibilité
s’inscrit sur deux échelles de temps différentes : la stabilisation des pressions
interstitielles s’est déroulée sur quelques semaines alors que le recouvrement de
la valeur initiale de G a pris près d’un an [OHMACHI & TAHARA, 2011].

2.3. EFFETS 3D

Le calage du modèle élastique sur la période propre fondamentale et le


facteur d’amplification de l’accélération mesurés montre qu’il est trop hasardeux
d’ignorer la géométrie 3D. Seuls les facteurs de période et les facteurs de partici-
pation de modèle 3D recoupent les mesures et observations réelles. Par exemple,
les fréquences amplifiées entre la base et la crête des barrages d’Aratozawa et
de Takami sont cohérentes avec les calculs modaux 3D et différentes de celles
données par les formules analytiques 2D [JELLOULI et al, 2015].

2.4. DÉGRADATION DE LA RÉSISTANCE AU CISAILLEMENT

Une autre leçon du comportement sismique des barrages japonais est leur
bonne tenue sous des séismes extrêmes. En particulier, le bon comportement

528
Q. 101 – R. 31

sismique des grands barrages a été attribué à la forte résistance résiduelle non
drainée des matériaux constitutifs [TATSUOKA et al, 2016]. Cette résistance est
démontrée en laboratoire grâce à la dilatance des matériaux bien compactés.
Ce constat souligne l’importance de l’énergie de compactage dans la résistance
globale des barrages soumis à de fortes secousses sismiques.

Cependant, l’effet de la dilatance des matériaux disparaît en grandes


déformations. Il existe un seuil de déformation au-delà duquel la résistance au
cisaillement du matériau atteint sa valeur résiduelle. Certains auteurs proposent
d’évaluer la largeur de la bande de cisaillement et le déplacement irréversible
pour atteindre la résistance résiduelle en fonction de la taille médiane des grains
(environ 5 et 15 fois le D50 du matériau) [OKUYAMA et al, 2003].

2.5. IMPORTANCE DU TASSEMENT

Le comportement du barrage d’Ishibuchi, après le séisme d’Iwate Miyagi de


2008, montre que le tassement supplémentaire provoqué par l’écrouissage sous
cisaillement cyclique du matériau peut être supérieur au tassement accumulé
depuis la construction jusqu’à l’occurrence du séisme [MATSUMOTO et al, 2011].

Au cours du séisme du Grand Tohoku du 11 mars 2011, le barrage de


Fujinuma a été sollicité pendant 2’30’’ à 4’. Cette durée inhabituelle a mis en
évidence l’effet destructeur de l’accumulation des déformations au cours d’un
grand nombre de cycles. Ainsi la rupture du barrage de Fujinuma est attribuée
non seulement à la génération de pression interstitielle, qui n’a pas forcément
abouti à une liquéfaction de la zone supérieure du barrage, mais à une série de
glissements supérieurs combinés au tassement de la partie inférieure conduisant
à la perte de la revanche puis à la surverse et à la ruine de l’ouvrage.

2.6. SYNTHÈSE DU RETOUR D’EXPÉRIENCE

Le retour d’expérience réalisé sur les barrages japonais a permis de mettre


en évidence les phénomènes les plus importants à prendre en compte dans les
méthodes simplifiées. Ces phénomènes sont :

• l’amplification de l’accélération dans le corps de l’ouvrage,


• la diminution du module de cisaillement résultant de l’endommagement du
matériau et de l’augmentation de la pression interstitielle,
• l’impact des effets 3D sur les modes de vibration,
• le déplacement irréversible somme de glissements et de tassements.

L’ensemble de ces phénomènes n’étant pas pris en compte dans les


méthodes simplifiées existantes, ce constat a conduit au développement de nou-
velles méthodes simplifiées détaillées dans la suite du rapport.

529
Q. 101 – R. 31

3.    DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES APPROCHES SIMPLIFIÉES

3.1. MÉTHODE RISBA

La méthode Risba [VEYLON et al, 2017] a été établie pour évaluer en


première approche la performance sismique d’un barrage en remblai homogène
de hauteur inférieure à 20 m. Toutefois, sa calibration a montré que son domaine
de validité pouvait s’étendre à des barrages plus hauts et hétérogènes. La for-
mule donne une estimation des déplacements de Newmark UN en fonction de
paramètres de l’ouvrage (accélération critique kc g, période propre fondamentale
T1) et de la sollicitation sismique (accélération maximale au rocher PGA, intensité
d’Arias Ia) et d’un paramètre de couplage (accélération spectrale Sa(1,5 T1) ) :

U  kg S (1.5T1)
ln  N  = −0.56 − 2.23 c + a
T1Ia  PGA PGA

avec

2π H
T1 =
2.4 G0 / ρ

Il est intéressant de noter que la diminution du module de cisaillement est prise


en compte à travers le coefficient 1,5 qui vient augmenter la valeur de la période propre
fondamentale. Comme la plupart des approches simplifiées, celle-ci a été dévelop-
pée sans considérer de diminution de la résistance au cisaillement des matériaux.
Cependant, ce phénomène peut être pris en compte en intégrant des caractéristiques
résiduelles dans le calcul de l’accélération critique kc g. En revanche, cette approche
ne permet pas de prendre en compte les effets vibratoires tridimensionnels.

Fig. 1
Relation empirique entre déplacements irréversibles horizontaux et verticaux
[SINGH et al, 2007]
Empirical relationship between horizontal and vertical permanent displacements
[SINGH et al, 2007]

530
Q. 101 – R. 31

Le déplacement de Newmark calculé correspond au déplacement irrévers-


ible maximal d’une surface de glissement. Il s’agit donc d’un déplacement total
qui est généralement plutôt orienté dans la direction horizontale. Il est possible de
relier empiriquement le déplacement horizontal Uh au tassement vertical Uv sur
la base d’observations in situ issues du retour d’expérience international (Fig. 1).
On observe que Uv est en moyenne de l’ordre de Uh et est compris entre un tiers
Uh/3 et 3 Uh. Ainsi, le tassement vertical sera pris égal à UN avec un intervalle
d’incertitude compris entre UN/3 et 3 UN.

3.2. METHODE FR-JP

Cette méthode de calcul dynamique simplifiée a été développée par EDF-


CIH et ISL sur la base de l’analyse des données transmises par JCOLD. Elle
est appelée Fr-Jp, car elle est née de la collaboration entre les comités Français
et Japonais, La méthode Fr-Jp, malgré son caractère simplifié (elle calcule une
réponse temporelle complète du barrage en quelques dixièmes de secondes.),
permet un calcul non linéaire, avec un couplage entre les pressions interstitielles
et les caractéristiques mécaniques. L’approche temporelle a été préférée aux
approches spectrales enveloppes parce qu’on disposait de mesures d’accélération
en crête de barrage des barrages japonais.

Nous décrivons ici les grands principes de cette approche, et renvoyons le


lecteur à une autre publication pour une description plus détaillée [LEFEBVRE
et al, 2015].

La méthode Fr-Jp consiste à déterminer l’accélération en tout point de


l’ouvrage à partir d’une décomposition modale. Les modes propres peuvent être
calculés par un modèle élastique linéaire, ou bien par des formules empiriques
qui doivent intégrer le caractère 3D de l’ouvrage. Le choix du nombre de modes
varie, en phase de validation, de 1 à 20. La méthode permet ainsi de calculer
l’accélération en n’importe quel point de l’ouvrage. Seule l’accélération en crête est
étudiée, mais des tests ont été effectués avec succès sur des accélérogrammes
mesurés à mi-hauteur du barrage. L’ensemble des données d’entrée de la méthode
est détaillé dans le Tableau 1.

531
Q. 101 – R. 31

Tableau 1
Données d’entrée du modèle Fr-Jp
Input data of the Fr-Jp model
NOTATION DÉFINITION UNITÉ
a(t) Accélération à la base du barrage m/s2
G0 Module de cisaillement initial MPa
ρ Masse volumique humide kg/m3
H Hauteur du barrage m
G/G0 (γ) Variation du module de cisaillement en fonction de la -
distorsion γ
ξ (γ) Amortissement en fonction de la distorsion -
ξr Amortissement additionnel (radiatif par exemple) -
Ai Facteur de période pour le i-ème mode propre -
FPi Facteur de participation pour le i-ème mode propre -
C1, C2 Coefficients de Byrne pour le calcul de la montée des -
pressions interstitielles
K Module tangent en contraintes effectives MPa
kc Accélération critique initiale -
kc,r Accélération critique résiduelle -

Algorithme de la méthode. Le calcul est mené en explicite, avec une projec-


tion de l’équation de la dynamique sur les premiers modes propres du barrage.
A chaque pas de temps, les étapes principales du calcul sont :

1. Calcul des n premières périodes propres Ti du barrage : Ti = Ai H / G / ρ


2. Projection modale et calcul de l’accélération en crête du barrage :

n
A = ∑ FPi ×OSC (Ti ,ξ )
i

avec OSC(Ti,ξ) :réponse temporelle d’un oscillateur simple à l’accélérogramme


à la base et FPi  : facteur de participation du i-ème mode (qui dépend princi-
palement de la déformée du mode propre).
3. Calcul de la distorsion moyenne sur un cycle γ à partir du déplacement en
crête Uc d’après la relation γ = Uc / H .
4. Calcul de la déformation volumique sur un cycle à partir de la distorsion
moyenne [BYRNE, 1991] : ∆εv = C1 γ exp (−C2 εv / γ )
5. Calcul de l’augmentation de la pression interstitielle : ∆u = K ∆εv
6. Mise à jour du module de cisaillement en tenant compte de la distorsion moy-
enne et de l’augmentation de la pression interstitielle : G = G (γ ) 1− ∆u / σ0′
7. Passage au pas de temps suivant et retour à l’étape n°1

L’équilibre des volumes potentiellement instables est estimé en calculant


l’accélération moyenne du volume (par projection modale également). Si cette
accélération moyenne dépasse l’accélération critique kc g, le glissement est calculé
et ne s’arrête que si la vitesse moyenne du volume redevient égale à celle à la

532
Q. 101 – R. 31

base du barrage. Le tassement en crête du barrage est finalement estimé en


faisant la somme du tassement volumique εv et de la projection du glissement
sur l’axe vertical.

Accélérations critiques. La résistance des matériaux est une donnée


d’entrée indirecte via les accélérations critiques. Ces accélérations critiques peu-
vent être calculées dans plusieurs configurations : i) avec les résistances statiques
“initiales” de pic, ii) avec les résistances résiduelles correspondant à la dégradation
des matériaux après un déplacement irréversible prédéfini (ordre de grandeur =
10 fois d50) ou iii) avec les résistances résiduelles non drainées post-liquéfaction
(dans le cas de matériaux sensibles à la liquéfaction).

3.3. INTRODUCTION DU COUPLAGE DANS LA MÉTHODE LINÉAIRE ÉQUIVALENTE

Principe de la méthode. Cette méthode met en œuvre un schéma itératif qui


combine un calcul linéaire équivalent 2D et un post-traitement utilisant le modèle
de densification/liquéfaction proposé par Sawicki [SAWICKI & SWIDZINSKI, 1989].
A chaque itération, les étapes de calcul sont les suivantes :

1. On effectue un calcul de la réponse du barrage en comportement élastique


équivalent. On en extrait les maxima des distorsions en chaque point.
2. Ces maxima sont utilisés pour calculer la montée de pression interstitielle
en commençant par déterminer le nombre et l’amplitude des cycles puis en
utilisant le modèle de Sawicki
3. Les modules de cisaillement sont actualisés en tenant compte de la déforma-
tion maximale et de la montée de pression interstitielle. L’amortissement est
classiquement actualisé à partir des maxima.
4. Une fois la convergence obtenue, on peut calculer le tassement

Nombre et amplitude des cycles de déformation équivalents. Concernant


les déplacements et les déformations, la réponse du barrage est majoritairement
due à la contribution du premier mode propre (cette prépondérance du premier
mode est moins claire lorsqu’on s’intéresse par exemple à la réponse en accéléra-
tion). Une conséquence en est qu’en chaque point M du barrage, la distorsion,
γ(M,t), peut être considérée comme un échantillon de processus aléatoire gaussien
à bande étroite.

En termes de nombres de cycles de déformation équivalents, nous consi-


dérons la durée de la phase forte du signal excitateur, TF, et nous en déduisons
le nombre de cycles en divisant cette durée par le période propre du premier
mode du barrage :

NF = TF / T1

533
Q. 101 – R. 31

En termes d’amplitude, ce processus est à moyenne nulle et il se caractérise par


son écart-type σγ(M) (supposé indépendant du temps car l’amplitude des cycles
est moyennée sur la durée de la phase forte). Les amplitudes des cycles sont sup-
posées suivre une loi de Rayleigh :

y y
qγ (M , y ) = exp (− 2 )
σγ (M ) 2σγ (M )

où y représente la distorsion (amplitude du cycle). L’écart-type du processus et


l’espérance mathématique de son maximum γmax(M) sont liés par le facteur de
pic (p) :

γmax (M ) = p σγ (M )

Pour des phénomènes de la durée d’un mouvement sismique fort et pour des
fréquences propres typiques de barrages en remblais, la valeur des facteurs de
pic varie entre 2 et 3 [DER KIUREGHIAN, 1980 ; VANMARCKE, 1983]. Nous reten-
ons pour la suite p = 2,5. En pratique nous utilisons cette relation pour déduire
une estimation de σγ(M) à partir de la valeur de l’amplitude maximale des cycles
de déformation γmax(M). On peut alors déterminer la distribution de Rayleigh en
chaque point du barrage qγ(M,y).

Déformation volumique. Nous commençons par calculer les déformations


volumiques plastiques cumulées au point M en utilisant le modèle de Sawicki [21].
Celui-ci a été obtenu en observant l’effet de N cycles de cisaillement d’amplitude
γ ; il s’écrit :

εvp (M ) = e0C1 ln 1 + C2Z (M )

où C1 et C2 sont déterminées expérimentalement. Dans notre cas les cycles ne


sont pas d’amplitude constante. La valeur de Z dépend de l’histoire des déforma-
tions au point M et est calculée en intégrant les contributions de tous les cycles :
2

TF  γmax (M )
Z (M ) = NF ∫ y qγ (M , y ) dy =  
0 2T1  p 

Montée de la pression interstitielle. L’augmentation de pression inter-


stitielle est alors déterminée en appliquant simplement la formule de Sawicki :

∆uw (M ) = K εvp

avec K = E / 3 (1− 2υ) Cette valeur de ∆uw est ensuite utilisée pour actualiser le
module de cisaillement corrigé du facteur 1− ∆u / σ0′ .

534
Q. 101 – R. 31

Tassement. Le profil de tassement du barrage est évalué en considérant


un ensemble de point M situés sur une même verticale passant par la crête du
barrage et situés à des cotes variant de z = 0 à z = H. Le tassement ds d’une
couche d’épaisseur dz située à la cote z s’écrit :

ds = e0 (z)C1 ln 1 + C2Z (z) dz

En règle générale C2Z est petit devant 1, ce qui permet de simplifier la formule.
On en déduit ensuite le tassement par intégration sur la hauteur du barrage.

3.4. INTRODUCTION DE LA NON SATURATION DANS LES CALCULS COUPLÉS

Les méthodes d’analyse simplifiées existantes ne prennent généralement


pas en compte le couplage hydromécanique [FRY & al, 2015]. Nous présentons
dans ce sous-chapitre les hypothèses permettant de prendre en compte le cou-
plage hydromécanique en tenant compte de la compressibilité du fluide.

Couplage hydromécanique des méthodes simplifiées. Le couplage


hydro-mécanique dans la méthode simplifiée ou dans des calculs numériques
couplés est basé sur la compressibilité du fluide suite à la déformation ∆εvp la
déformation volumique plastique isotrope, comme l’a montré Skempton en 1954.

∆u = B.∆σ

1
B=
Kd
1+ n
Kf

∆σ = ∆σ ′ + ∆u = (K d + nK f ).∆εv

Avec le module drainé de décharge/recharge isotrope sécant Kd dans la


gamme de variation de contraintes liées au séisme, qui dépend de la porosité n
du milieu et de la contrainte moyenne effective et avec le module de compress-
ibilité isotrope du fluide interstitiel équivalent Kf sécant entre la pression initiale et
finale, donné par la relation simple ∆εvf = ∆uw / K f . ou ∆εv = ∆uw n / K f , on obtient
l’expression du module de compressibilité du milieu en fonction des modules de
compressibilité du squelette solide et du fluide :

Kf
1+
K= nKs
n 1
+
Kf Ks

535
Q. 101 – R. 31

Cette démarche prenant en compte la compressibilité du fluide dans le module


de compressibilité du matériau dans toutes les méthodes décrites précédemment
permet d’évaluer la montée de pression interstitielle en fonction de l’état de satura-
tion du noyau.

Compressibilité du fluide interstitiel. La compressibilité pourrait être


évaluée in situ par la mesure du coefficient de Poisson déduit de campagnes
sismiques minutieuses ou par évaluation du coefficient B issu de l’auscultation. A
défaut elle peut être évaluée par la mesure du degré de saturation sur échantil-
lon intact. Nous considérerons le cas où le fluide interstitiel est constitué d’eau
et d’air occlus sous la forme de poches d’air occlus de rayon capillaire rbm. C’est
généralement le cas dans les noyaux de barrages en sols fins qui sont compactés
coté humide de la ligne optimale de compactage. On peut montrer que dans ce
cas, le degré de saturation du milieu peut s’exprimer sous la forme :

1
Sr (uw ) =
1− S + hS  2Tc / rbm + pa − uwg 

1− h +  re re  

 Sre  uw + 2Tc / rbm + pa − uwg 

où Sre représente le degré de saturation pour une pression interstitielle nulle, uwg la
pression absolue de vapeur d’eau, h la constante de Henry, rbm le rayon capillaire
et Tc la tension capillaire de l’eau. Ces paramètres peuvent être déterminés à partir
d’essais en laboratoire courants : essais œdométriques par paliers en analysant
les tassements immédiats [BOUTONNIER, 2010] ou bien essais de compression
isotrope non drainés au triaxial [LI et al, 2016]. Il est alors possible d’évaluer le
module de compressibilité du fluide interstitiel à partir de la relation :

1 1 1− Sr (uw ) + hSr (uw )


= +
Kf Kw uw + 2Tc / rbm + pa

Le paramètre Sre constitue le paramètre prépondérant dans le calcul de Kf.


Ce dernier est représentatif de la quantité d’air emprisonné dans le sol lors
d’un compactage. La valeur de Sre dépend de nombreux paramètres comme
la nature du sol et sa structure qui sont liés à la granulométrie, la méthode de
compactage, l’écart de teneur en eau par rapport à l’optimum Proctor. La valeur
moyenne constatée sur des sols fins compactés est de l’ordre de 96% +/- 2%
[BOUTONNIER et al, 2015]. Elle peut augmenter dans le cas d’une mise en eau
avec écoulement (exemple d’un barrage) pour se rapprocher de 100% à très long
terme [LEBIHAN & LEROUEIL, 2002]. A court terme la dissolution de l’air dans
l’eau est négligeable, ce qui se traduit par un coefficient de dissolution h égal à 0.
A long terme la dissolution est maximale et h prend la valeur de 0,02 [MAGNAN &
DANG, 1997].

536
Q. 101 – R. 31

4.    APPLICATION À DEUX BARRAGES JAPONAIS

4.1. CAS DU BARRAGE D’ARATOZAWA

La sollicitation sismique considérée est celle mesurée à la base de l’ouvrage


lors du séisme d’Iwate-Miyagi Nairiku de juin 2008. Elle est caractérisée par
une accélération maximale au rocher PGA = 10,44 m/s2 et une intensité d’Arias
Ia = 5,13 m/s. Le barrage d’Aratozawa est un barrage en enrochement zoné qui
a une hauteur de 75 m. La masse volumique moyenne du corps de l’ouvrage a
été estimée à ρ = 2100 kg/m3. Le module de cisaillement initial moyen a été pris
égal à G0 = 750 MPa. Les caractéristiques de résistance au cisaillement au pic
qui ont été prises sont : pour le noyau, une cohésion c = 50 kPa et un angle de
frottement de 30° et pour les enrochements une cohésion nulle et un angle de
frottement de 45°. L’accélération critique correspondante a été évaluée à 5,5 m/s2.
Les caractéristiques de cisaillement résiduelles qui ont été considérées sont : pour
le noyau, une cohésion c = 20 kPa et un angle de frottement de 5° et pour les
enrochements une cohésion nulle et un angle de frottement de 40°. L’accélération
critique correspondante a été évaluée à 4,0 m/s2.

4.1.1. Méthode Risba

Les caractéristiques de l’ouvrage conduisent à une estimation de la période


propre fondamentale de l’ouvrage T1 = 0,328 s. Le calcul du spectre de réponse du
signal pour un amortissement de 5 % donne Sa(1,5T1) = 8,34 m/s2. On en déduit
alors la valeur du déplacement de Newmark correspondant aux résistances de
pic U = 0,16 m et aux résistances résiduelles U = 0,22 m. Comme nous l’avons
précisé précédemment, les tassements sont du même ordre de grandeur.

4.1.2. Méthode Fr-Jp

Dans un premier temps, une analyse modale a déterminé les coefficients


de périodes A1 = 2,7 et FP1 = 2,5. Les autres paramètres d’entrée du modèle ont
été calés sur la base de l’accélérogramme mesuré en crête de l’ouvrage. Ainsi, le
coefficient d’amortissement additionnel a été calé à ξr = 5 % ainsi que les coef-
ficients de Byrne C1 = 0,5, C2 = 0,8. Le paramètre K = 350 MPa a quant à lui été
recalé afin d’avoir une correspondance entre accélération calculée numériquement
en crête du barrage et mesurée expérimentalement.

537
Q. 101 – R. 31

Fig. 2
Barrage d’Aratozawa – Evolution du coefficient ru et du module de cisaillement
Aratozawa dam – Evolution of the ru coefficient and the shear modulus

Fig. 3
Barrage d’Aratozawa – Représentation des accélérations moyenne et critique
pour un bloc glissant de hauteur H
Aratozawa dam – Representation of average and critical accelerations for a
sliding block of height H

Les calculs montrent que la montée de pression dans le noyau conduit à


une baisse significative du module de cisaillement (Fig. 2). Cependant, les déplace-
ments irréversibles calculés selon la méthode Fr-Jp restent limités et inférieurs à
ceux observés sur l’ouvrage. En effet, le tassement calculé est d’environ 16 cm,
à comparer au tassement mesuré sur les recharges qui est d’environ 20 cm et
celui du noyau qui serait 40 cm.

538
Q. 101 – R. 31

4.1.3. Discussion sur le paramètre K ajusté/calculé

Le module K dépend à la fois du module du fluide interstitiel Kf et du module


de compressibilité drainé Kd,. Le module Kd peut être évalué à partir du module
de cisaillement selon la formule K d = 2G0 (1 + υ) / 3 (1− 2υ) . Il est donc possible de
calculer le module du fluide Kf de façon indirecte. On a donc Kd = 1625 MPa et
en supposant υ  = 0,35, on trouve un module de compressibilité du fluide moyen
Kf  = 98,5 MPa.

En considérant Sre = 98 %, h = 0, uwg = 2 kPa, rbm = 10 µm et Tc = 7,


28.10-2 N/m3, il est possible de déterminer la courbe donnant le module de com-
pressibilité du fluide en fonction de la pression interstitielle (Fig. 4). On constate
alors que la valeur de Kf déterminée par calage correspond à une pression d’eau
de l’ordre de 330 kPa qui représente la moyenne de la charge hydraulique qui
règne dans le corps de l’ouvrage. La méthode de prise en compte du couplage
hydromécanique et de la compressibilité du fluide est donc cohérente avec le
modèle de comportement des sols non saturés présentée plus haut.

Fig. 4
Barrage d’Aratozawa – Evolution du module de compressibilité du fluide en
fonction de la pression interstitielle
Aratozawa dam – Bulk modulus of the fluid as a function of the fluid pore
pressure

Il est toutefois important de noter que la prévision de l’état réel de satura-


tion dans un noyau de barrage au bout de plusieurs dizaines d’années est un
problème très complexe compte tenu des phénomènes de dissolution à l’amont

539
Q. 101 – R. 31

du noyau là où les pressions d’eau sont fortes puis au transport d’air dissous et
au dégazage à l’aval du noyau [LEBIHAN & LEROUEIL, 2002].

4.2. CAS DU BARRAGE DE FUJINUMA

La sollicitation sismique considérée ici est celle qui a été mesurée lors du
séisme de mars 2011 (station FKSH11 à proximité du barrage). Elle est caracté-
risée par une accélération maximale au rocher PGA = 1,86 m/s2 et une intensité
d’Arias Ia = 1,32 m/s. Le barrage de Fujinuma est un barrage homogène de
hauteur de 18,5 m. Le corps du barrage est constitué de sables limoneux lâches
dont la masse volumique moyenne a été estimée à ρ = 1600 kg/m3. Cette valeur
extrêmement faible est justifiée par l’absence de compactage lors du montage
du remblai. Le module de cisaillement initial moyen a été estimé à G0 = 100 MPa
à partir de mesures de vitesses des ondes de cisaillement.

Fig. 5
Modèle géotechnique du barrage de Fujinuma [TATSUOKA, 2016]
Geotechnical model of the Fujinuma dam proposed [TATSUOKA, 2016]

1. Remblai supérieur 1. Top fill


2. Remblai intermédiaire 2. Middle fill
3. Remblai inférieur 3. Bottom fill
4. Mur en maçonnerie 4. Masonry wall
5. Revêtement en asphalte 5. Asphalt pavement
6. Mur de parapet 6. Parapet wall
7. Riprap en maçonnerie 7. Masonry riprap
8. Poutre en béton 8. Concrete beam

Le barrage a été décomposé verticalement en trois zones dont les caracté-


ristiques sont les suivantes : i) en zone basse, c = 83 kPa et ϕ = 16° (au pic) et
c = 33 kPa et ϕ = 7° (résiduel) ; ii) en zone intermédiaire, c = 1 kPa et ϕ = 27°

540
Q. 101 – R. 31

(au pic) et c = 1 kPa et ϕ = 24° (résiduel) et iii) en zone haute, c = 12 kPa et


ϕ = 19° (au pic) et c = 8 kPa et ϕ = 12° (résiduel). Ces paramètres de résistance
au cisaillement ont été estimés à partir de résultats d’essais triaxiaux drainés et
non drainés. Les accélérations critiques calculées valent 2,2 m/s2 pour les valeurs
de pic et 0,1 m/s2 pour les valeurs résiduelles.

4.2.1. Méthode Risba :

Les caractéristiques de l’ouvrage conduisent à une estimation de la période


propre fondamentale de l’ouvrage T1 = 0,194 s. Le calcul du spectre de réponse du
signal pour un amortissement de 5% donne Sa(1,5T1) = 4,38 m/s2. On en déduit
alors la valeur du déplacement de Newmark correspondant aux résistances de
pic U = 0,11 m et aux résistances résiduelles U = 1,38 m. Comme nous l’avons
précisé précédemment, les tassements correspondants attendus sont du même
ordre de grandeur.

4.2.2. Méthode Fr-Jp

Comme précédemment, les coefficients de périodes ont été estimés à


A1 = 2,7 et FP1 = 2,5. Le coefficient d’amortissement additionnel a été pris égal
à ξr = 5 % et les coefficients de Byrne à C1 = 0,5, C2 = 0,8. Le module de com-
pressibilité K = 60 MPa a quant à lui été choisi de manière à tenir compte d’une
rigidité plus faible du matériau.

Fig. 6
Barrage de Fujinuma – Evolution du coefficient ru calculé et du module de
cisaillement
Fujinuma dam – Evolution of ru coefficient and shear modulus

541
Q. 101 – R. 31

Fig. 7
Barrage de Fujinuma - Comparaison des accélérations moyenne et critique pour
un bloc glissant de hauteur H
Fujinuma dam - Representation of average and critical accelerations for a sliding
block of height H

Les résultats des calculs montrent que le coefficient r u atteint 100% au


moment où le séisme atteint sa phase la plus forte (Fig. 6). La liquéfaction est
associée à une augmentation brutale des déplacements permanents qui sont
de l’ordre de 2 m dans la direction verticale. Le glissement explique en grande
partie le tassement global alors que le tassement volumique n’est que d’environ
40 cm. Ces résultats suggèrent que la rupture du barrage de Fujinuma pourrait
être expliquée par la liquéfaction du corps de la digue principale dont la con-
séquence serait un glissement et un tassement de la crête de l’ouvrage qui ont
conduit à une surverse de l’ouvrage.

Fig. 8
Barrage de Fujinuma – Somme du tassement volumique et du glissement projeté
sur l’axe vertical
Fujinuma dam – Sum of the volumetric settlement and the sliding projected onto
vertical axis

542
Q. 101 – R. 31

4.2.3. Méthode linéaire équivalente couplée

L’approche a été appliquée sur le modèle du barrage présenté en Fig. 5 avec


une fondation d’épaisseur 10 m. Les caractéristiques des trois couches utilisées
sont présentées dans le Tableau 2. L’indice de vides du barrage est e0 = 0,5 et
les paramètres de Sawicki utilisés sont pris égaux à C1 = 0,00676 et C2 = 242000
en cohérence avec le degré de compactage du barrage.

Tableau 2 
Caractéristiques des matériaux par couche.
Material characteristics of each layer
COUCHE γ sat (KN/m3) E (MPa) ν
Remblai supérieur 18,0 52 0,3
Remblai intermédiaire 16,0 167 0,3
Remblai inférieur 18,0 640 0,3
Fondation - 1000 0,2

Fig. 9
Barrage de Fujinuma – (a) déformations de cisaillement maximales, (b) rapport
G/G0 atteint et (c) coefficient ru
Fujinuma dam – (a) maximum shear strain deformations, (b) G/G0 ratio and
(c) pore pressure ratio ru

543
Q. 101 – R. 31

La figure Fig. 8(a) permet de visualiser les maximums de déformation de cis-


aillement εxy générés par le séisme dans tout le modèle du barrage. On remarque
une déformation maximale égale à 1,5.10-3 atteinte dans la couche supérieure.
Cette couche est la moins compactée et la plus susceptible à l’endommagement.
Ces maximums sont utilisés dans l’algorithme du linéaire équivalent pour évaluer
la dégradation du module de cisaillement. La figure Fig. 8(b) présente les valeurs
minimales atteintes par le rapport G/G0. La couche supérieure perd quasiment
sa résistance. Enfin, l’application de la méthode linéaire équivalente couplée avec
le modèle de Sawicki permet de simuler la liquéfaction de la partie supérieure
du barrage (Fig. 8(c)).

4.2.4. Prise en compte de la compressibilité du fluide

Le même exercice que pour le barrage d’Aratozawa a été mené pour retrou-
ver les valeurs de Kf et de K. Ces modules ont été estimés pour chaque couche.
Les valeurs des modules Kf et K sont reportés dans le tableau 3. On constate que
les valeurs évaluées selon la méthodologie proposée pour Sre = 98 %, h = 0 et
n = 0,5 sont du même ordre mais sensiblement inférieure à la valeur K = 60 MPa
estimée de manière experte.

Tableau 3
Caractéristiques des matériaux pour chaque couche de remblai
Material characteristics of each layer of the embankment
COUCHE EPAISSEUR G0 KD UW SRE KF K
[M] [MPA] [MPA] [KPA] [MPA] [MPA]
Remblai sup. 6 20 43 29 10 14
Remblai int. 8.5 64 139 100 98% 20 31
Remblai inf. 4 246 533 162 33 59

4.3. DISCUSSION

En ce qui concerne le barrage d’Aratozawa, la méthode Risba et la méthode


Fr-Jp donnent des valeurs de déplacements proches des observations in situ.
Les méthodes Fr-Jp et linéaire équivalent couplée concluent au mécanisme de
liquéfaction de la partie supérieure du barrage de Fujinuma et la méthode Fr-Jp
aboutit à un tassement qui explique la surverse du barrage.

Il est intéressant de noter que si l’on fait l’hypothèse de la liquéfaction du


remblai (ky = 0), le déplacement de Newmark calculé par la méthode Risba est
égal à 1,60 m, ce qui tendrait à expliquer la rupture du barrage par surverse. La
méthode de prise en compte de la compressibilité du fluide proposée offre un
moyen de déterminer le module de fluide équivalent à prendre en compte dans
les méthodes d’analyse dynamique simplifiées.

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Q. 101 – R. 31

5.    CONCLUSION

Après avoir présenté une synthèse du retour d’expérience sur le comportement


sismique des barrages japonais, nous avons présenté des approches simplifiées
permettant d’évaluer la performance sismique des barrages en remblai en termes de
déplacements irréversibles, de tassements et de montée des pressions interstitielles.
Nous avons également proposé une méthode de prise en compte du couplage
hydromécanique dans les sols non saturés en tenant compte de la compressibilité
du fluide. La confrontation des résultats de calculs issus de ces méthodes aux
observations et mesures réalisées in situ ont montré une bonne adéquation.

REMERCIEMENTS

Nous remercions très sincèrement le Comité Japonais des Grands Bar-


rages et notamment Mr Tadahiko Sakamoto et Noriaki Hashimoto, les présidents
successifs et Norihisa Matsumoto, le Directeur, pour leur participation dans les
échanges qui ont eu lieu entre nos deux comités de 2013 à 2016.

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