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pteneids Line 112930 185 L/ORIGINE DE L'APOCRYPHE GREC DE LA PASSION DE S. ETIENNE, _ A propos dun texte de deux manuserits récemment publics tht nvr oar ut e asin Sne Sean rtm co oni ecg. Duobes texbus manips re separ dei inven ee ings hsforc-rtica expcaones pact de inven nun ne nobus ext vent récit de la Passion du protomartyr Etienne, tel qu'il nous a as sur la lapidation méme et sur |'enterrement du protomartyr. Cc sien Fe i hr Sars 1 ae Se ee gle eee ta wan in Dans le discours du prétre Grégoite, dité par N. MARR, Le synaxaire _séorgien, dan sa nnn ri artnet A ram tr si ene oer tipatriepaeres ae oe sabe eee Sette a LLAPOCRYPHE GREC DE LA PASSION DE 5. ETIENNE 19 rative, quel texie est plus ancien par rapport & autre. A cette étude, qui ‘inspire de la méthode de Mhistoire de la rédaction, serviront aussi les renvois aux versions slavonnes et géorgienne. Une fois établi le texte plus ancien nous tenterons, a l'aide de la critique historique, den déga- ger la date d’origine. ‘Nous espérons pouvoir ainsi éclairir davantage la question épineuse de la datation du récit de la Passion. Les opinions sur cette question varient d'un auteur l'autre, sans trouver aucun appui surles donnés solides. our en donner quelques exemples, citons les articles des encyclo- pédies et des dictionnaires. L’opinion de FM. Abel, qui résulte de son Etude cohérente et documentée’, débouche sur des conclusions, qui doi- vent étre corrigées & la Iumire de nouveaux donnés. Sans rapporter des arguments de poids, Abel place l'origine du récit de la Passion au Ve sitcle, peut-&tre en Fgypte®. C’est cette opinion d’ Abel que les auteurs cont repris dans les articles dédiés & s. Ftienne dans les encyclopédies, ‘comme par exemple ceux de S. Duplacy’ et de SJ. Hartdegen*. Plus prudent est G.D. Gordini, se limitant & laffirmetion qu'il « est difficile @ établir ot la Passio a été éerite et & quelle éfoque on peut dater son origine »*. ‘A part le texte de la Passion, conservé dans Ie synaxaire géorgien en Arménie, qui est une refonte complete de la Iégende, les textes grec, sla- ‘von et géorgien de I'apocryphe concordent en ce qui concemne les lignes générales du récit. La version géorgienne abrege ou omet certaines par- ties, mais n'ajoute pas de nouveaux éléments. Les textes grecs et les ‘versions slavonnes s"accordent en plusieurs détilles, ce qui fait suppo- ser que ces quatre textes proviennent d'une Vorlage commune. Les dif- {érences, dont nous parlerons plus bas, sont a attribuer facilement aux auteurs des synaxaires Sade et présentée dans Varicle FM. ABEL, «Beane», dans Dictionnaire de la ‘Bible Saplémene, vl Il, Pri 1930, col 132-1146 “ Leepinion exprimde dans Varicle FM. ABEL. « Etienne», col 1135 et dans étude ingite du mime auteur, La légende apocryphe de Saint Etiense propos de quelques txies Béorgiens (pre manuscfpo), érusalern 1931, 5'S' DuPtacy, « Elene », dans G. JACQUEMENT (ed), Catolcame hier, ajourd ha, demain, vol. IV, Puss 1956, col. S73: sil existe un récit apocryphe du martyre, dont orignal grec (Gert peu een Egypte a IV-Ve est pends» SJ, HARTDEGEN,« Stephen, St», dass New Carlie Encyclopedia, New Yotk, vo. ZAI, 1967, col 694: «This apoeryphon originated cutsde of Palestine, most probably afer the above mentioned universally Teeived testimony of Lucan the priest (415). IF the ‘Slavonic version mentions the martyrdom of Gamaliel and companions with Stephen the Georgian MSS does not. The former obviously invented it te explain the discovery oftheir ‘ois with tha of Stephen th protomaty SGD. Goroin, « Stlano protomatre, Santo, dans F. CARAFFA (ed), Bblionheca ‘Sonctoram, vo. XI, Roms 1968, ol. 1380 L'autur se demandes origin du réit ne sot pis placer an V-Vie site 2» ‘ANDRZED STRUS 1, LE CONTENU DU RECIT DE LA PASSION [Nous rapportons fe contenu apres 1a recension conservée dans 16 smanysert de I Escorial (Esc); une la forme identique, sauf un seul point, Mavjouve aussi dans le manuscrit 387 de la Bibliotheque Vaticane (Var)- ‘E toute recension, que nous nommons A, appartiennent aussi les textes jen version slavonne de Zamosc (Zn), d'une autre recension slavonne {fe Lvov (Ln) et de la version géorgicnne du mont d'Athos. Toutefois ta eésence de Pilate est décrite dans ces textes de fagons diferentes: 1 Prttion stavonne Lv contient trois particulars concemant Pilate et sa Tamille, le texte Esc et la version géorgienne rapportent seulement Tuudience devant le tribunal de Pilate, la version slavonne Zi et le texte Var ne contiennent aucune référence a Pilate, Nous complétons done le vee Bse avec les éléments du récit plus développé, celui de Ia version slavonne Lv. 1.1. La trame narrative du récit in prologue, semblable A celui de s. Luc au début de son oeuvre, eee cs gu juste Te waa de aster et garntisnt Presinilité des venements qu'il va raconter. On peut en déduire que Teateur a conmu une tradition orale, un vénérable mémoire (avinng aqudhe) qui a été transmis & ses contemporains. reo) aul ac wetmmence avec a ate pci de deux ans aus sont écoulés depuis la passion, la résurrection et I'ascension du Christ: Penal les habitants de érusalem se poursuivent les controverses au sujet ram daiseance, de 1a mort et de la résurrection de Jésus, amenant & oe ers des dosteuts &’Ethiopie, de Thébaid, d’Alexandsie, de Mau- iianie d' Asie, de Babylonic, sans parler de ceux de la ville sainte. §- ‘hanie, onts sur une pace élevée, prononce un diseours en faveur de Tanuieeance virginale, des miracles, de In descente du Christ aux enfers tiie sa résurrection. Le discours se termine par une impressionnante Sesciption des prodiges apocalyptiques du jugement de I'univers Jos de fescPhde venue du Seigneur. Au lieu de décrire le jugement, Etienne apport la scene dela session du Chris a droite du PEre, Conspué par Trenstance, Ie saint diacre est conduit devant Pilate qui, du haut des ‘egrés du parvis extérieur probablement, prend Ia défense du prévenu &t weeSche aux juts leur emportement Suit une comparution devant les Trains prétes. Caipbe fait batre Eienne de verge, tandis que le saint Jfpcre prie pour ses bourreaux. Les témoins oculaires voient les anges cervir le valeureux combattant, tandis que Pilate se fait baptiser avec sa femme et ses enfants LAPOCRYFIE GREC DE LA PASSION DE S. TENE a __ La deuxitme partic commence par une discussion qui s’engage entre TBtenne et ses contradicteurs qui, at bout de trois jours et de trois nuit, ne peuvent résister a la sagesse du diare. De guere lasse, les prétres man- dent par lettres Saul de Tarse, alors en train de perquisitionner chez les chrétiens de Césarée. Celui-c, Gant accouru, fait comparatre devant lui, Sur les degrés du Temple, son cousin Etienne, augue il adresse de véhé- ments reproches. Dans sa réplique le prévenu annonce & Saul sa conver- sion prochaine, ce qui met ce demier dans une tell fureur qu'il frappe son parent a coups de baton. Mais un rabbi du nom Gamalielintervient en faveur d’Etienne et donne un souflet & Saul, son ancien disciple. Le rabbi trahit des sentiments si profondément chrétiens que les anciens crient au blasphime et demandent la mort d’Etienne et de Gamaliel. Saul met les deux personnages en prison, mas le lendemain on soumet aux supplices seulement le diate. Toutefos Etienne sort triomphant de divers supplices ave le seco de ang de Dw podige ui cas de nombres ae sions au Christ. La remarque qu'Etienne état «le prophate et le maftre Auprés de tout le peuple » termine la deuxitme partic Le jour suivant on porte Etienne hors de la ville pou le faire moutir Mais le saint diacre, debout sur un rocher choisiprés du Mont des Oli- viers, prononce un second discours sur Ia naissance virginale de Jésus (Christ, en reprochant aux auditeurs leur dureté de coeur. Aprés une harangue que Gamaliel s’fforce en vain d'adcuei, Etienne est conduit garrotté dans la prison chez le magistrat Alexandre de la « e&lebre ville de Tibériade ». Pendant la nuit, une voix d'en haut, accompagnée d'une Sblouissante clanté, encourage le martyr, car "heute du demier combat approche. Le matin la foule se rend & a prison od ily a, 8 coté d’Etien- nev une quantité de files, ente autres Abibos, Nicodeme et Gamaiel, fet aussi Pilate avec sa femme et ses enfants, A la vue de ces adhésions, Saul demande la lapidation de peur que puisse s'acroire le nombre des conversions, et tout le peuple s'écrie: « Qu'il soit lapidé! » Les bour- eaux hésitent. Saul, furibond, enléve aux servants leurs habits qu'il {depose sur son sidge et commande a ses gens de mettre la main sur Etienne suivant le rite légal. « Saul, Sau, dit le condamné, ce que tu me fais aujourd'hui, tu auras demain a le souffrir ce la part des mémes juifs et alors tu te souviendras de moi.» De plus en plus courroucé, Saul dlnne le signal de 'exécution et la gréle de pierre se ft si dense qu'elle obscurcissait la lumiére du soleil. ‘Alors Nicodéme, Abibos et Gamalicl se précpitent pour faire & {Etienne un rempart de leur corp. Ils succombent sous les pierre et par- ticipent au triomphe céleste du protomartyr. Le saint martyr end son dime & Diew vers 10 heures en priant pour ses ennemis. Tout le peuple, en voyant leurs ames portées au ciel par les anges, mene un grand deuil pendant trois jours et trois nuits. La conclusion du récit concernant la a ANDRZED STRUS sépulture débouche sur des détails tellement dispersés que chaque mana- sett offre une version différente. Nous y revenons toute 3 l'heure. Le récit dans sa totalité manque d'unité logique. Etienne est trois fois arréé (deux fois par la foule et une fois par Saul), trois fois mis en prison, deux fois condamné & mort. En plus, on le porte pour étreenuci- fie sans l'avoir auparavant condamné & mort! Malgré les arrestations et ies supplices le valeureux diacre prononce son deuxiéme discours libre- tment, Gamaliel est mis en prison avec Etienne, mais & la suite il se com porte en homme libre. Pilate se trouve aussi dans la prison avec sa ferame Er ses enfants. Ces incohérences semblent prouver le caractére composé du récit. Les deux césures de caractére doxologique confirment cette opinion en se donnant comme certains indices de la division du récit. 1.2. La structure du récit En tenant compte des indices formels et du contenu, nous pouvons dresser le schéma suivant de sa structure: STRUCTURE INTRODUCTION 1. Premiére passion d’Etienne 1. Le discouts d'Etienne (Il, 1-42) 2. L’arrestation (IL, 1-4) 3. Le tribunal de Pilate ~ sans condamnation (II, 5-11) 4. La flagellation d'Etienne (ll, 12-17) 5. La révélation des anges (II, 17-18) 6.La conversion de Pilate et de sa famille (L¥) I Dewxiéme passion d’Etienne 1 La discussion d'Eienne avec la foule (IV, 1-11) 2. Le jugement de Saul - sans condamnation (V, 1-25) 3. La flagellation d’Etienne par Saul (VI, 1-2) 4. La défense par Gamaliel (VI, 2-14) ‘5, Lamise en Prison d’Etionne et de Gamaliel (V1, 15-17) 6. La crucifixion et autres supplices 4’Etienne (VI, 18-26) 7. Larévélation d'un ange (VI, 27-28) 8. La conversion de la foule (V1, 28-30) nt Troisidme passion eta mor d’Etienne Ie discoure tiene pres du Mont des Otvirs (VIL, 2. Varestaton (VIL, 1-11) 3. La prison d’Etienne et la vision nocturne avec I'annonce de sa ‘mort (VI, 11-17) 4. Le condamnation Etienne pale Sain (IX, 1-4) 30) LUAPOCRYPIE GREC DE LA PASSION DE 5. ETIENNE 2B ‘5. La condamnation d’Eienne par Saul (IX, 5-14) 6. La lapidation et la mort du diacre et de ses ois amis (IX, 15-28) 7. La révélation des anges et des Ames des ustes (X, 1-3) 8.La conversion de tout le peuple et le deuil d’Etienne (X, 4-5) CONCLUSION (doxotogie) Les trois parties du récit sont développées autour de I’axe structurale le discours du diacre — les supplices — la révélation des anges (d'un ‘ange) - la conversion. Dans la deuxitme parte inteviennent deux per- sonnages avec les réles différents: Saul de Tarse comme juge responsable des tortures du saint diacre, Gamaliel comme défenseur d'Etienne. Les deux personnages téapparaissent aussi dans la troisitme patie, ol Gamaliel défend encore une fois Ftienne et meurt pour lui, tandis que Saul prononce un discours contre Etienne et le condamne & mort (malgré au'auparavant une analogue sentence de condamnation ait &é émise par te Sanhédrin), et e'est Ini qui donne 'orde dele lapider®. La comparation d'Abibos et de Nicodéme, qu'on rencontre & V'im- proviste dans la prison avec Etienne, Gamaliel et Pilate avec sa famille, stun épisode isos et reste en marge du réit 1.3. Le changement de Ia structure dans la recension & et dans les, récits « non pilatiens » Le texte de la Biblioth¢que Ambrosienne (Amb) differe dans plu- sieurs points des textes de la recension A de fagon qu'il faille V’attribuer une autre recension, que nous désignons recension B. Ce texte, qui appartient au groupe des textes « pilatiens », contient les suivants chan- ‘gements par rapport la recension A: =: manque de prologue 1,5: manque de la vision des anges servant le saint diacre i, 5: on met en prison seulement Ftienne (sans Gamalie}) —IL,6: la mention de la crucifixion d'Etienne est omise =I, 1: on insére une importante section dans le discours Etienne —Il,2: la iscours de défense de Gamaliel est abréxé I, 6: le texte omet la lapidation des trois amis d"Etienne 1,7: manque de la vision des Ames des justes et le récit du deuil sur Etienne est altéré [Nous allons montrer plus bas que tous ces changements sont faits & dessein et relevent d'une tendance intentionnelle inspirée par des buts théologiques. "Le wexte Amb atribue ast Saul le commencement dela lpidaion en Ii fasant {ter a premite pierre (IX, 18) Ce dal est absent ds ates apoeryphes de la Passion 4 ANDRZEY STRUS ar les récits « non pilatiens » nous entendons les textes qui omet- tent complétement les mentions de Pilate et de sa famille; il sont deux: Te texte grec Vat et la version slavonne Zm. Dans ces textes l'arrestation d'Etienne en I, 3 est suivi directement par I'ordre des grands prétres de flageller le diacre, en I, 5 manque la mention du baptéme de la famille de Pilate, et en TIT, 4 on omet le détal sur la présence de la famille de Pilate en prison avec Etienne. Les deux textes de la recension A, & savoir le texte grec Esc et la version géorgienne, omettent la mention de Pilate en 1, 5 et IM, 4, mais conservent la comparution devant le tribunal de Pilate (1,3). A 2. ETUDE COMPARATIVE DES THEMES NARRATIFS DANS LES RECENSIONS A ET B ‘Ayant constaté que Ie texte grec Vat et les versions slavonnes et celle asorpienne appuient de concert la recension A, représentée parle texte sijous voutons coniontr elu-e ave la recension B represents par fe texte Amb Les divergences ene les deux réits se concentrent sur la présence et le réle de Pilate et de Gamaliel. Les thémes concernant Saul, Etionne et ses adversares sont peu prés identiques et ne sont pas signti- Calif pour différencier les deux recensions. Par conte, la présence de Pilate et de Gamal est capital, parce que chacun6'eux justi le choix dela stne de a sépulturerapportce dans la conclusion du eit 2.1. Le role de Pilate Le thime «pilatien » est développé avee plus de détails dans 1a recension B, mais un texte de la recension A, celui de la version Slavonne Ly, le contient aussi. Le néit de ces deus textes atibue au gouverneur romain le méme role quit a eu dans le Nouveau Testament: il doit condamner Etienne rete par les jufs. La scene du tribunal de Pilate apparaitausi, en plus de aversion slave de Lvov, dans le texte grec Ese et dans la version forgienne, mais elle est absente du texte gree Var et dela version sla Sonne Zin, les deux textes, qui omettent toutes les mentions de Pilate. TL faut constater, conte les apparences, que accusation 4’Btienne devant Pilate nest pas une imitation da jagement de Jésus dans les Evangiles Te pouverneur est debout sur les dogés, ét Bv éveaduav (Ese I, Ta recension B rapport ls note du baptéme, mais omet Ia phrase «nous vimes Tes anges de Diu servic Eaienne m,tandis gue dats larcensin A la situation est complexe: le texte Eve content la phrase ais ne dt len da baptéme de Pilate, a version Lv rapport un tau élément L-APOCRYTHE GREC DE LA PASSION DE S. ETENNE 2 4-5), expression qu’on trouve dans la défense de Paul debout sur les degrés de Ia forteresse Antonia (Ac 21, 40), mais qui ne revient pas dans le proces de Jésus; il défend Ftienne en exprimant le regret d’avoir con- damné autrefois Jésus et en reprochant aux juifs leur folie. I termine par Tappet aux juifs d’abandonner leur ignorance Un élément commun pour tous IeS textes, la demande de Pilate « pourquoi grincez-vous les dents? », fait écho 3 Ta remarque du récit de Ac, 54. La scéne de Pilate se termine en Esc avec la constatation « ils ont pris Etienne et I'ont porté en dehors du temple », ce qui semble suggérer que le tribunal aurait eu Jiew dans le temple, Le texte Amb, qui précise 2t éclare les lieux ambi- guts, le raconte de facon plus logigue: «ils ont pris Etienne du tribunal de Pilate (dx® Buccs 108 ThAGzO0) et I'ont porté en dehors du temple » (UL, 11). Une telle précision rend justice & Vhistoire et prétend & la eré- dibilicé du récit primitif. Peut-on lui accorder 'a crédibilité en dépit du texte gree Esc et des versions slavonnes Lv et Zm, qui cependant pour- rait trouver un appui dans Ac 21, 30-312 Deux autres bréves mentions de Pilate sont conservées seulement dans Amb (recension B) et dans la version slavonne Ly (recension A). Quoique les deux textes semblent avoir pris ces détails d'une source commune, ils ne dépendent pas I'un de l'autre. Amb dit immeédiatement apres la pritre intercession d’tienne pour ses bourreaux: « Les grands prétres ordonnérent de garder Etienne dans a prison. Le lendemain, Pilate, ayant pris sa femme Procla, se firent baptisé en glorifiant Dieu », Rapov {6 Thast0s TpdxAav thy yovetwa ao} éBaricdgoaw BobsCovTes Tov Ody (Amb IIL, 18-19). La version slave remplace la mention des grands prétres avec l'expression « Nous avons vu les anges de Dieu servir Etienne >", et poursuit « Le matin Pilate envoya chercher sa femme et ses deux enfants, et tous se firent baptiser et Iouerent Diet » Enfin les deux textes, Amb et la version slavonne Ly, font voir Pilate ddans la prison, avec Abibos, Nicodéme et Gamaliel, comme compa- gnons d’Etienne. Ici aussi, une Iégere différence confirme que les deux textes, quoique provenants d'une source commune, ont subi des chan- "tented a eensionB jot 3 yes eta nydwepok Dans version storgcone Pe parle du viage Beane «smblabe a seat Fun angen expression Emprmge 4Ac6, 13 "Ses tos tees sont ne formato dew opis o nae de syne on se demane ea aon de amine eer aes ister Lex dn vero savas penne texte rv Esc? Outen cert ts dew versions dependents on fete pls ancien pa es voles fens? La veson gegen spp une conection St ometant a menton ds temple part encoouo = Alo, ow severe ue de assemble past cen we pant cr N. Math Le snare pe. Le mene uoignage i naar ee eave danse tte i cee Edad sobs bong eb 60 Savers Dep (17-10) legulpouant ep pat de boptene ce Pe 26 ANDRZES STRUS ‘gements, Le texte Amb dit: « avec Etienne étaient en prison [..] Pilate fivee sa femme et ses fils », xoi 6 Tiddtas pert tc yovarsds wai sibv Semvoy cor, tandis que Ie texte slave prévise: « le gouverneur Pilate avec sa femme et ses deux enfants ». Le texte slave rapporte avec cohé- rence la mention des deux enfants de Pilate, ce que le texte gree ne semble pas connaitre. Deux questions se posent & la conclusion de ce bref apergu compa- ati, Tout d'abord, lequel des deux textes est le plus proche de la Vor- lage? Ensuite, les themes « platiens » sontils un ajout postérieur®, ou bien au contraire, fontils partie de la version originelle de la légende? 2.1.1. Les themes « pilatiens » dans les textes dé’ recensions A er B Pour répondre & la premitre question, nous voudrions rappeler <’ahord que le début de la scene de la flagellation du diare dans Te texte sib Nontient une insertion importante qui dssipe 'équivogue eoncer- nant le lieu du tribunal de Pilate, dnd Bruatos tod Mddreov. Cette inser- flan manque dans les textes de la recension A qui mentionnent seule- went Tenlovement e'Etienne en dehors du temple, comme si le fouvemeur avait son tribunal au temple! Cependant il ne faut pas ou- Bier que la seéne a son précédant dans Ac 21, 27-40 od la foule Unplre de Paul dans le temple et 'Apbtee, sauvé par les soldats 10- rene prononce sa défense sur les degrés de la forteresse Antonia. La sateiblance est frappante et elle pouvaitjutifier expression génér- que gui suagere soit Paresation denne soit Ie tebunal de Pilate dans Resctos de temple. D'autre pare, la précision du texte Amb évelle le oupgon d'étre une correction de la lectio dificilior du récit primis onservée cependant dans la recension A ‘es divergences dans les autres sc&nes concemant Pate peuventils conficmer la majeure fidlité de cete recension? Ici, il s'agit de a con- GRanttion entre les deux textes, la version slavonne (recension A) et le teats gree Amb (gecension B). La version Ly rapporte deux détails qui ‘manquent du texte Amb, & savoir la mention des deux enfants de Pilate et Tr ulge de gouvemcur dans Pépisode de sa présence avec Etienne en pri- Em Par contre, Amb appelle la femme de Pilate par son nom Procla, ‘anus que la version slavonne garde I'anonymat 2 cet gard. Il s'agit Aina MR, JAMES, The Apocrphal New Testoment, Oxford 1926: « The exte- ‘agance ofthe Slavonic text sich tha Ope canact but tink i as been improved by he [AEN and if Pilate could be gratuitously iseted ~ as I think be has been ~ by one ‘ition others may equally well have been at work» (p. $68). M, BERGER exprime Tropa crtgue vies dec ugsment,« Un indi italo-gec dela Passion legendaire de Sunt Bien », dans M. MAGCARRONE, e alii, La Chisa greca im Walia dllVIt al XVI say hut del Convegno Strico Iterevcesiale (Bar 30.04 ~ 4.05 1969), vl, Padov 1973, p 1388, COREC DE LA PASSION DE § ErENNE 2 4 ajouts ou d’omissions? Il est difficile d’y r€pondre avec certitude. Le titre de gouvemneur, ieudy, revient avec constance pour Pilate et ses suecesseurs dans 1 Evangile de Matthieu et dans les écrits de Luc'*, La littérature apocryphe, née autour de la personne de Pilate au Ile sitcle aprés J.-C.", emploie ce titre dans les écrits qui peuvent étre anciens, meieaal inno = la plupart des apocryphes « pilatiens »", Com- me Ia version slavonne V'emploie une seule fois dans les tions Ge Plat, etle grec Arb mele donne point, I tte lt méme ne nows semble pas étre significatif pour notre question. Quant au nom de la femme de Pilate et & ses deux fils, le nom de Procla est absent de lBvangile de Matthiew®, mais on le connait par les témoignages patist ques® et des apocryphes tels que la Paradosis Pilati, le Martyrium Pilati gt la Letire de Pilate @ Hérode. Ona pe de nouvelle sr Is enfants le Pilate. Deux apocryphes, outre les nétres, en parlent: on les men tionne, mais sans préciser leur nombre, dans I'spocryphe géorgien de la Passion d’Etienne™ et dans le Martyrium Pilati qui, par contre, en parle A plusieurs reprises et précise leur nombre, toat comme la version Ly. Ces détails, plutdt peu connus, sont trop originaux pour étre classés ‘comme des ajouts provenants de la fantaisie d'un copiste ou d'un moine soucieux des synaxaires. Nous sommes enclins a les attribuer au texte originel, a la Vorlage de nos textes, qui était bien informée sur les WMT) 115,227 28, Me 3128 WA 3924 26,99 Maries go nt pa a8 22877 "ann eine tr Pe oni ter esd span st cpa gh ia cats pcr ae re Pl, Ps besia Orientals XLV, a. 204, 1993, 615-687. Etant dormé cependant que l'apocryphe mie de Pari Ne cl ton, cif Tent Ce Moneta 1985.59, mone ncn hoo so FS By, Breve pte eae lcm ie ce SURV. « Neve Paws Aoki » dans Vigae Chrono 3297) 5. PSEC oo bn Pine es ei er a Ps Auton de func ie egret ede re B Raton en asc dan see Ae SOs ter Eres rf Ma 186 p50 ton a ped i Tobe nogage aan ie Marg et ees gsc set oe ton chy han ape So eae ‘ol da de sper ne eta FH the vip eine Nate Nace BH ssn Ane lode 03 ‘sae oon Maryede Pape Baar se Ha in Maca XV: 1 Maes. 26,1 sermon Soins oan Dea EE Mo pci Be Mae dP ‘ugh a pp ims ml tae M. VAN ESBROECK, « Jean II de Jérusalem », p. 101ss. mis Ga SoA 28 anozes STHUS enfants de Pilate et qui avait soin de ne pas oublier son titre d’office. Nous avons done des petites retouches opérées plut6t sur le texte Amb ‘quia éliminé la mention des deux enfants de Pilate, présente déja dans le texte grec sous-gisant a la traduction slave, On peut aussi conjecturer {que la comparution, une fois, du titre gouverneur remonte au rédacteur ‘du méme texte®. L'analyse de la structure du récit fournit un autre argument en faveur de la majeure fidéité de la version Lv. Comme nous avons relevé plus haut, chacune des trois parties de la Passion se termine parla vision bes anges (d'un ange) et par la conversion de quelqu’un. La conclusion de la premiére Passion d’ Etienne contient, dans la version Ly et dans le texte grec Esc, apparition des anges qui servent Etienne, et, dans la version slavonne seule, la conversion de Pilate avec sa famille. Ces deux €léments ont da sans doute faire partie du récit d’origine. Or, soit Esc qu’Amb alterent la structure, ear le premier supprime la conversion de Pilate, et le deuxitme omet Ia vision des anges par les témoins. Le gree ‘Amb comparé avec la version slavonne Ly résulte défectueux, car retou- ‘ché par une intervention qui a éliminé la vision des anges, un élément {important du récit primitif, Nous croyons pouvoir en donner la raison. Comme Amb a omis V'introduction de la Passion od auteur déclare vouloir transmettre le matériel regu des témoins oculaites, il s’est trouvé par conséquent contraint d’ometire ici l'expression qui, vient de ces témoins. Nous conclurons donc que les recensions A et B ont repris le récit concernant Pilate et sa famille de fagon différente et que ce théme est mieux conservé dans la version slavonne Ly au désavantage du gree ‘Amb qui a subi de petites retouches. 2.1.2. Les thames « pilatiens » et la Vorlage de la recension A ‘La deuxitme question est plus difficile. Les thtmes « platens » se retrouvent dans deux textes appartenants aux recensions A et B. Le texte de Ia recension A est celui de la version slavonne Ly que nous avons {qualifié comme représentant la forme plus ancienne de celle rapporté par le texte grec Amb. Les autres textes de la recension A contiennent tune seule mention de Pilate, la comparution d’Etienne devant son tribu- Gomme ce texte gre Gat Ia Vorlage dela version slave etd grec Es, nous suppo~ ons quil avait le mot Sryoote dans Ia phrase inyodusantIépisode de la flagliation| {TBtcdne, qu'un copiste da texte Ese avait perds. Av contaie, le am propre Pros devait manque js dans a Vorlage. car sy était la Uaducton slave Vaart conserv8, On doit se emangers ce nom prope fat pas iar pa le rdacteur dela recension B. spar conte il sere ici une information qi va bien avec sa tendance générale de ren- rea naration pus logigue, Au eu de la pirate «nous vimes alors les anges de Dic servir ‘Beane nil met «les grands petes ont live Etienne pou qu'il ft gardé dans ta prison» {atl 17) ce qui impor dan Ia logique du ei le lagelé est mis dans la prison. LLAPOCRYFHE GREC DE LA PASSION bE $. ETENNE » nal (le texte grec Esc et la version géorgienne),ou bien ignorent comple tement la figure du gouverneur (le texte grec Vat et la version slavonne Zm). Presque tous les thémes « pilatiens »® étant communs aux deux recensions, il en résulte que leur Vorlage les avait déja connus. Si on les jugeait comme résultats des interventions postérieutes, 1a Vorlage des deux recensions serait & considérer tandive et on devrait supposet Yrexistence d’un autre texte, encore plus ancier, duquel dépendraient les textes dans lesquels manguent de ces thémes (le grec Vat et la version slavonne Zm). Et que dire des deux textes qui connaissent seulement la seéne du tribunal devant Pilate? Sont-ils encore plus anciens ou bien plus récents? Peut-on les considérer comme représentants dune période wermédiaire entre les textes non « pilatiens» et ceux « pilatiens »? Heureusement nous avons deux textes grecs,I'an avec Ia scdne du tribu- nal devant Pilate (Esc) et l'autre ob elle manque totalement (Vat), nous ppermettant d’opérer la critique de la rédaction. Dans les deux textes le premier discours d'Etienne se termine par une harangue de la foule avec l'exclamation « qu'on I'éte de la terre > Ensuite Esc introduit la scéne du tribunal aver la construction syntaxi- que usuelle, un verbe en participe et un autre en temps fini: <éwe BraBadAdpevor wv Egavov: fhmov abtdv mpd MaGrov Mérovees (UL, 3)°. Une expression analogique termine Mérisode, sb:e hopveeg zby Rekpavoy fhnqov caniy Eo cod igpod, et introduit In flagellation @'Etienne, wai ovjoavees abov Sundyovt0 (Ill, 12-13). Le texte gree Var, qui manque de la sctne de Plate, passe directement la flagellation avec la phrase: tore Aapves viv Enéqanov- ovjcavees adtiv énuoati: Srepéov20%. La construction est maladroite, au liew du Schéma usuel du patticipe + le verbe fini, nous y avons les deux participes non coordonnés et une forme verbale finie. Voila la synopse de trois textes: Amb: ‘Reais oy dt as ao 00 ipod mak onfouvrs ey Stole Sanizoweo mp ead ang Moves (TL, 11-13) anne at rent Om sme Fd ome pe ta sont aot ng a se cen trate atria te cnndetr cio © yee Sor Cpe as ofa pn phos seen “xaire et s'inspire au discours d'Etienne dans Ac 6, 13-14. epee yr reagents ec oats eae ies Gop Se ee tae a a can tee a oe ea wre Tiana A |ANDRZEI STRUS Bsc: Tore Aaovtes sbv Exégaver iter adebv Eo 100 fepad> xa ochouraeg abby beus,ovt Rp ns Moves I, 12:13) Var Tite hapiveeg cv Teigmov oxjoavees abtoy Snuodig Biqudzovi0 xpd Odi ROvs Rove La construction si mal faite s'explique par le fait que l'auteur du texte Vat a omis I'épisode du tribunal devant Pilate qu'il avait dans sa Vorlage, et par conséquent il s'est trouvé obligé de recoudre le début de Ia nouvelle section dont l'expression «ils ont pris Etienne et l'ont porté en dehors du temple » se référat 81 épisode précédent. Ila donc retran- thé la deuxitme partic de la phrase intiale eta collé la partie restante & la phrase suivante sans recourir & la conjonction xai. Une parcille opé ration sest visible aussi dans la version slavonne Zim qui omet toute réf rence & Pilate, La mutilation du texte y est faite sur le texte slave et Ie résultat est encore plus grossier. En effet, aprés avoir rapporté les excla- mations de la foule, le récit poursuit: «Ils le placBrent devant et discute- rent entre eux m, sans préciser que dabord ils s'emparérent d’Etienne®. La deuxitme mention de Pilate, celle de sa conversion avec sa famille, se place aussi dans le contexte du récit primitif, car le schéma de la structure gardée dans les trois passions d’Etienne lexige. On ne peut pas dire la méme chose & propos de la scéne de la présence de Pilate et de sa famille dans la prison avec Etienne. A la rigueur on pour- rait considérer cet épisode comme un emprunt aux récits apocryphes du ‘Martyrium Pilati dont imagination abonde en épisodes de persécution ddu gouverneur par les juifs, par le roi Hérode et par l'empereur lui rméme. Mais ii le sort de Pilate s'arréte sur cet épisode banale: iL ne sera pas Fobjet de persécution, il ne participera pas au martyre d L'unique raison plausible de sa présence ici, nous semble solidarité de Pilate chrétien, & coté des autres chrétiens,tels Gamaliel, Nicodéme, Abibos et une « foule innombrable » de croyants, avec Ie héros du récit, le premicr martyr Etienne. Dans cette scene il y a une ‘confrontation des deux déploiements, d'un coté les persécutcurs avec le Sanhédrin et Saul en tite, et de l'autre Etienne avec une foule de croyants, les rabbis chrétiens et le gouverneur romain chrétien. Les rabbis prendront part au martyre du diacre, la foule ménera la lamentation des Saints martyrs quel est le re de Pilate? A notre avis, c’est le rble qu'on trouve dans la conclusion de la légende dans la version slavonne Lv, & ‘savoir celui de chef chrétien responsable de la sépulture des martyrs. La Nous suivons a traduction allemandsfsite pa I. Franko ob tout a sSqucnce est la suivante: « a eto sich ein grotes Gescre, wie das Gebravs eines grofen Strmes, und (ds Volk Fie. "Er mige vergt werden von der Erde! Er moge verilgt werden, denn er proc goteslistrliche Wore!” Und stellen ihn vorn und sprathen unereinander >, eft 1 Rano « Beitrige aus dem Kichenslavischen »,p 160, LEAPOCRYPHE GREC DE LA PASSION OE 5. ETIENNE 3 présence de Pilate et de sa famille dans la prison fonctionne au plan nar- ratif comme l’annonce du service que le gouvemeur va rendre atix saints dans leur sépulture. La critique littéraire des textes que nous avons & disposition nous permet de constater que le jugement devant Filate et la conversion du gouverneur romain sont les éléments constituifs de la Vorlage des tex- tes A. Quant aux deux autres themes, nous crovons qu’ils sont ligs entre ceux au plan narratif, mais nous ne saurions pas dire sls appartiennent au texte primitif ou s'ils en sont postérieurs. Il ne nous reste que & éta- blir quel est le rapport de la narration sur les funérailles d’Etienne et de see compagnons faites par Plate ave I Vorlage grime de la cen sion 2.1.3 Les narrations de la sépulture d’Etienne Les témoignages textuels de la seéne finale de la Passion sont ts ‘complexes et rendent extrémement difficile tout essais d’étude compa- rative. La recension B offre un récit retravaill. Le personnage princi- pale y est Gamalie, introduit apres la « grande lamentation » pour prendre soin du corps du saint et pour le porter dans sa propristé, appelée de son nom, 3 une distance de la vile d’environ 20 miles. Les textes de Ia recension A fournissent cing variantes de la sépul- ture Les grees Ese et Vat parlent de concert de lamentation de tout le peuple, de la vision des ames des quatre martyrs et du deuil fait d’Etien- ne pendant trois jours et trois nuits. Ensuite les récits des deux textes se séparent: Esc rapporte la pritre du saint diacre de cacher leurs corps dans sa propriété « Arosima »®, Ie Vat parle de apparition des saints martyrs par trois fois aux hommes pieux et de la croissance de Elise aprés leur mor. Les deux versions slavonnes sont d’accord en ce qui,concerne la la- mentation, la vision des ames des martyrs et le deuil d'Etienne pendant trois jours ~ tout comme dans les textes grecs. Mais aprés les deux récits se divisent: le texte Zm poursuit avec la mention de la fabrication de trois caisses en argent et d'une caisse en or peur les corps des saints et de Ia pritre d'Etienne de cacher leur corps dans sa propriété « Arosima » (comme dans Esc), tandis que le récit « pilatien » Lv d&veloppe un theme tout fait nouveau. Le personage principal y est Pilate qui prend >? Le texte grec a ie expression év dans son sépulee, et lui promet qu'un des ses descendants Aavera un jour les 0s des saints « avec l'aide d'une révélation ». Cette prophétie ex eventa, qui justifie invention des religues dans un Tiew fenoré par les chrétiens pendant une certaine période et éloigné de la place de la lapidation et des funérailles, constitue 1a motivation princ- pale du récit de la sépulture d’Btienne, Les funérailles faites par Pilate et ivtout le transfert des reliques de son sépulere & un autre caché, éait AnScossaire, parce que la tombe des saints martyrs état ignorée par les Chrétiens juifs et, d’apriés I'annonce du saint diacre, leur invention échut fn partage & un des « descendants du gouverneur », done &.un crétien romain ou byzantin*. ‘Nous croyons pouvoir ainsi identifier la partic finale du révit de la Passion dans la Vorlage de la recension A. Apres la bréve description du Geuil e de 1a lamentation "Etienne il y avait le récit dédi¢ 2 Pilate ‘Comme responsable des funérailles, avec le message qu'il regoit dans 1a ‘évélation de 5. Etienne et avec la conclusion concernant sa mort ainsi (que celle de sa femme. L’auteur du texte gree Esc, qui a omis déja aupa- sant les deux mentions de Pilate et qui alaisé tomber ici Ia référence a sépalture des saints, a éliminé tout le matériel concernant Pilate. Le traducteur de la version slavonne Zm, ou bien I'auteur de son original free, qui a ignoré Pilate dans son récit de la Passion, a coupé aussi tout equi concemait le gowvemeur, mais a remanié la description des funé- males en remplagant Ia personne de Pilate par le sujet collecti™. La version Ly clot la scene de la sSpulture et de I'apparition re & Pilate par T'incise sur la triple apparition des saints martyrs aux Ti Gene ropposition owve toute une problématiqu du rapport de c= réit avec inven tion des seliques des sunt decrte dans [a Tete du pte Lacien, ef. E, VANDENLINDEN, “etevelato § Stephan » dans Revue des Gudesbyzanines$ (946) 178-217. Nos voulons ‘ete a ce problme une ede & part. Pour Uinstant signlons Ypinion de I. FRANKO, sesrartoe ase de Kichensavischen >, qo prpesait défi en 1906 de voir en Lacien un SWeehen gu se vant etre on descendant dela famille de Pate (. 167), et de pace la (Mlle Invendion des rliqes &Bsenne dans I premire moitié du IVe siecle (. 170. STEERzge gue le Poe Abel. qu connaissit la plication de Frank, oa pas ragi cee hypothe. 'S Dvapts le témolgnage de I Franko, qui a taduit etext slave en allemand, aunt dela version de Zatpose taht une constants tendanced’expurger son texte: « Besos fr ad ans et dau leicht bepeiich, da der Verfertger dieser Rezension daauf austin, aoe aneckenaBige und manchal auch unzweckmaBige Steichungen dem Sticke eines fr sre does Ose moglichtinofTensiven Klang zu geben », cf. 1. FRANKO, « Bite aus tm Kircenslavischen», . 166. LEAFOCRYPHE GREC DE LA PASSION DE. ETIENNE 35 hommes « peux et fides», nese qui suit directement information sur la mort de Pilate et des femme. Ce changement de perspective nar tive nous parait étrange. On serait tenté de cire avec I, Franko que {est une interpolation une main tardive, mais le texte gree Var qu content la méme information n'autorse pas une tele opinion. Ce texte int a mot eng sve cl Es np dee ele mS apparition d'Ecenne& Pilate, mais conct la Passion avec la notice de apparition des quatre martyrs. La conclusion en Vat cadre bien dans le contexte et se présente comme une continuation logique de la narration ence qui conceme la grammaie etl syntax, Vola la phrase initiate de la conclusion, précédée par quelques expressions prises du récit de la sépulture, commun avec le texte Esc: lov wis denélovs éveringinas ci meivora ani .. xo th i éeedingiras ti obey. wai ag Seine deurooarag cs rwina ey en. Eoinoy we woREEY bro x56 ag nt sv Etgevoy spe ups wal sete nas 018 &pot 205 Xprarot jdprupes Gponaay én seis eo¥e okeoe. T1n’y aien de plus naturel que de considérer tout le texte sur Pilate comme une interpolation postérieure insérée entre les expressions: -speis iyiépag nat pets vowtas et of && depot toi Xprorod uépr restée inchangée dans la version slavonne Lv. La version plus ancienne de la Passion n'a done pas connu ’épisode de la sépulture des saints arty, ni le transfert des reliques des saints dans la propriété d’Ftienne ni annonce de invention de leurs corps par un descendant de Pilate Au contraire, elle contenait le détail de la triple apparition des saints martyrs aux hommes pieux et du développement de I'Eglise du Christ apres leur mort. Que apparition des martyrs pa: trois fois faisait patie Dans la mccecins oe wl est que is transformation de Vatice en prom personnel et pr conséquen a ‘ometion dela ponctuation dans Er soit 'ccuvs dun coping doce we ‘SOB: PP. 1000N, Grammaire de bres bilque, Rome 1965.4 Iida mots wesion géogiene ft metre en prison seulement Eicane car cl acon aus! la Spier ci sin dace faite par OamaleL Ce changement n'y depend pus dy ce Seyret da waducteur quia fait pluses remariements dans a wadacon, Pas Gece a ‘eo versions savonnessscordnt ave le gre Et et confer cet one conan nae oe ANDRZES STRUS ‘commentaire en donne le sens historique et eschatologique, tandis que dans la B il en est privé, le discours du grand rabbi y étant retranché. Esc met dans la bouche de Gamaliel un midrask qui explique 1a vision Etienne. Le rabbi commente la vision du diacre de la fagon suivante: Fienne non pas seulement a vu le Fils de I'Homme & la droite de Diew, ‘ais il a aussi entendu Ia conversation entre Jésus et son Pere. D’aprés fe midrash, Jésus, debout en train de regarder indigné ce qui se passe pour Etienne, s’adresse& son Pere: « Regarde, Pére#, comment les juifs Stemportent sur moi et ne cessent pas de persécuter ceux qui confessent ton nom ». Le Pere lui répond: « Sige a ma droite, jusqu'a ce que j'aic fait de tes ennemis un escabeau pour tes pieds ». Le midrash explique ainsi pourquoi dans la vision d’Etienne, dont parlent déja Ac 7, 56, Jésus Teste debout, tandis que, conformément 2 la théologie attestée dans les Evangiles et dans la Lettre aux Hébreue® il doit étre assis 3 Ia droite du Pore. Le commentaire de Gamaliel précise que Jésus sera assis 3 la droite de Dieu, quand le Pére aura soumis tous ses ennemis sous ses pieds. Par conséquent, la glorification de Jésus & la droite du Pere est Considérée comme consequence du jugement de Diew sur tous ses Cnnemis, Or, Etienne annonce dans son premier discours que Jésus sis gera, avec Diew Pantocrator et I'Esprit de I’Aliance, lors du jugement Eosmique sur tous les hommes, xadioracar wipios Geis 6 rartoxpdrop eal 6 EvBoos axbtod vidg 6 wipros hpdv “Inoois Xpuatig wait 1 xvetpe tii Buadians Her'exdt0d (Esc I, 38-40). Ici, Gamaliel constate Varrivé de ce moment: Etienne a entendu le Pre qui invitat Jésus a s'asseoir & sa Groite ce qui veut dire que le jugement sur ses ennemis commence & se téaliser. Dans une telle perspective du jugement de Dieu, décrit dans le premier discours du diacre avec ses dimensions apocalyptigues et vu Tnaintenant comme en train de se réaliser dans le martyre d'Etienne, on econnait 'expression de Iattente du jugement imminent. L’auteur qui a nis ce midrash dans la bouche de Gamaliel, entend le jugement comme tun événement apocalyptique ~ tout en suivant la conception judaique ~ el croit qu'il va se réaliser encore dans la génération coniemporaine Etienne. Nous a’hésiterons pas a y voir I’cho de 'ancienne eschato- logie judéo-chrétienne telle qu'elle se trouve. par exemple, dans les let- tres de Pierre et de Jude. Le tents Vara Ta voi, Pee. © Me 16,19; Mr 26,64 pars Heb 13 $6] Pan A7, 2 P3 I-14: Jude 17-19, Nous avons interpret ales ce wit doctrinal comme tein de ancieanté du rit de Ia ecenson A, eft. A. STRUS, « Cristian di or- ne iudaica unesperien sepia? Dali archeologici ed aporii dans A. STRUS (ed. in Gludaismo e Crstianesino: Qumran ~ Giudeocristian = ler, Ogg, Domani 17), LAS, Roma 1995, pp 108-110 LLAPOCRYPHE GREC DE LA PASSION DE S. ETIENNE 9 Ce caractére théologique du bref discours de Gamaliel ne se trouve pas dans le texte Amb od sculement la premire partie de la phrase est conservée. Le discours n'est pas ici originl, il est tranché a dessein. Le «but du récit dans la recension B en explique la raison: selon la pers- pective eschatologique de la recension B Jésus est déja assis & la droite du Pere. invitation du Dieu Pantocrator a Jésus « sibge & ma droite.» ¥ apparat, comme dans les réits de la recensicn A, dans la perspective Tuture, a Ja fin du jugement apocalyptique décrit dans le premier dis- cours d'Etienne, Mais I'auteur de la recension B perd de vue cette pers- pectve et consire la session de Jésus & la drcite du Pére comme déja arrivée, & partir du premier discours du dincre. Ainsi, quand Etienne parle de la glorification de Jésus dans son deuxiéme discours, il cite les paroles du Symbole des Apétres «il est monté au ciel et il sige Ala droite du Pere >, les paroles qui manguent dans ks texts de la recension A. Pareillement Etienne voit, selon ce réit, les cieux ouverts ef le Fils de Homme « assis la droite de Dieu », contairement au témoignage de Ac 7, 55-56 ot tous Tes récis de Ia recetsion AM. Cela explique pourquoi fe texte Amb interrompt le discours du Gamaliel apres les paroles « [Etienne] a contemplé les cieux ouvert et le Fils de Dieu assis, la droite de son Pre »*, Tel changement, motivé par 'intention théo- Togique de Tanteur de ta recension B, constitue un indice incontestable du remaniement postérieur du text primi. ‘La comparution suivante de Gamalicl, a liev dans la prison d'Etien- ne en compagnie de Nicodéme et d'Abibos. Les deux recensions rappor- tent identiquement ce detail”, mais les deux nouveaux personnages apparassent de fagon inatende. Nicodéme et Abibos entrent dans le récit pour la premiére fois mais, contrairement 4 "usage habituel, ils ne Sont pas introduits avec une formule approprie. Le récit ignore leur fonction et leur le dans cette histoire etn'essaye pas d’explquer pour- ils se trouvent dans la prison. On a l’impression que I’ auteur et les Til int roe ven logge sp ile ad ete A (opt cove dao tens Ss eson srs pa Met qa tok ‘tn astute sans de Fo, tedden iow ERAS taper oo Teams Hts» Apc Mas, 18. p 03.4 se unkowao aemen eve ech Ran Ge 1 PR “Beige p16) eacuge et lorena a con Pat isemleul ite soe dei "ore chngment te rlgqa: Bee vole Fl deme si ama fms gu Btne le sd Dit hs Ua deen Ae here datas ie Fs de Dieu cote ang de A, SL ee Ser, fen sey enue Ae puted aon Eee) Scent rane ele daca de Gani "ype Tein ppc cu Poni ul cot os Elect ste dae son cae de ui pos 40 ‘anos stRUS lecteurs de la Passion les connaissaient bien et n'avaient pas besoin de Jes introduire. La logique du récit boite aussi par rapport la figure de Gamaliel. 11 défendait tout a Mheure, en tant que maftre des « Fils, Csraél », le saint diate; i n°état pas areté ni mis en prison avec Fienne; maintenant il s'y trouve comme un malfateur. Cette coupure dans Ia trame narrative indique & notre avs le caractre hétérogene de ’épisode: rien n'empéche qu'on le qualifie comme une insertion posté- rieure, range au réeit primitif. Elle a &é faite pour justfir Ia mise en scene suivante des trois personnages, au moment de la lapidation du saint diacre . Nous voici la demiére rencontre avec Gamaliel, quarid se déchaine 1a fureur de la foule contre Etienne. Exe conelut la scéne de la lapidation du diacte par la remarque: « Mais Abibos, Nicodéme et Gamaliel, eentourant Htienne, regurent les coups de pirres, et ils ont rendu leurs Ames au Christ en paix », nepthoBdvtes toy Etégavoy, dine’éEavto ths tiv Aidov Bodidas, of xai tas yuxis Gnéboxav 1 Xprow év cipfivn (IX, 234). La mort décrit de fagon si prosaique, on dirait au hasard, des trois amis qui voulaient protéger Etienne, manque complétement dans la re- cension B. On les a vus, est vrai dans la prison avec Etienne, mais en- suite ils ne réapparaissent plus. C'est Etienne seul qui rend en paix son ‘ime au Christ. ‘Nous avons done dans les deux recension des différentes scdnes finales de la Passion: la lapidation des quatre saints, ou bien la lapida- tion de s. Etienne seul. Quelle recension prétend éie plus proche du texte origine!? Iya un indice incontestable en faveur de la recension A, 2 savoir Ia pritre intercession d'Etienne. Le saint implore dans cette pritre, rapportée de maniére identique dans tous les textes des recen- ions A et B, de ne pas imputer ce péché « a ceux qui nous ont apidé », T0Ig AdoPodoaaw Apis (Esc IX, 26), wig AdoBorotaw hpas (Amb IX, 25). Le pluriel du complement d’objet en Amb n'a pas de sens si ne se refer pas la lapidation des quatre saints. L’auteur de la recension B {qu a éliminé Abibos, Nicodeme ot Gamalcl de la scéne de la lapidation, 1a pas eu le souci de corriger le pluriel du pronom personnel, lissant ainst le témoignage de son remaniement du texte. analyse du theme de Gamaliel dans la Passion confime les con- clusions faites & propos du theme de Pilate. Les différences entre les Les versions slaves connaissent seulement ‘version ggrgieaneomet cet soe St Ea version géorgienne, quia besoin d'un Gamal vivant pour li confir I séputore ‘de s Evenne, ignore la lapidation de es compagnoas, Son auteur avert incobéence dans In pied Elienne et la change a fagon «Jésus Cris, regois mon me et ae tens pas Compte de ce péché q's ont commis envers tet envers moh, ton esslave », N. MARR, Le sgnaire, p. 69. mor es deux, Niodéme et Gamal: la LUAPOCRYFHE GREC DE LA PASSION DES, ETIENNE 4 deux recensions ressortent en la majeure partic du travail rédactionnel que auteur de la recension B avait fait sur le texte primitif. La forme primitive du récit est micux attestée dans la recension A, surtout dans le texte Ly qui garde les thénies plus anciens de I'apocryphe. La Passion 4 Etienne connassait, dans sa forme primitive, a conversion de Pilate et de sa famille, latitude courageuse de Gamaliel pour défendre la doc- ‘rine d’ Etienne, la mort des trois autres compagnons dEtienne et I'appa- rition des saints martyrs aux hommes pieux. A une époque plus tardive de nouveaux détails ont été inséés, tels la sépulture faite par Pilate, le transfert ainsi que la dissimulation des corps des saints demandés & Dieu par Etienne. Encore plus tard, le récit de invention des reliques a da contribuer & lélimination de toutes les références au gouvemeur, y ‘compris de la spulture des saints martyrs faite par I 3. LE MILIEU D’ORIGINE ET LE DEVELOPPEMENT DE L’APOCRYPHE DE LA PASSION Placer un texte apocryphe dans une période historique déterminge ressemble a la traversée d'une forét privée de sentiers. Si nous voulons affronter cet aspect, nous devons nous appuyer sur quelques références & ta passion de s. Etienne dans la litérature patisique. 3.1. Le contexte historique de la transformation de l’épisode des funérailles Un premier approche historique conceme Ia phase finale des trans- formations du réit. C'est dans cete phase quon a remplacé, comme nous avons dja vu, Ia personne de Pilate par Garaliel dans le ect des fanérailles. Cete opération a conduit au changement des trois éléments fondamentanx du récit:I'elimination dela figure de Pilate chetien, celle de Ia lapidation des trois compagnons d'Etienre, celle du transfer des reliques Etienne et de ses compagnons dans un lieu cach, Pa conte, la nouvelle description dela séputure a claiféV’énigme de la locale, tion de la tombe du sant. D'aprés la recension Bila lassé in Exopy- 4a? pendant une nuit et un jour et c'est probablement dans la nuit su vante que Gamalelaurait demandé aux chrtiens d'enlever le corps et de enseveir dans sa propritééloignée 20 miles dela vile®, infor Le nom fc iter, Nou avons eu wos pts co: nce cf A STRUS, «La pson py mas atu ne aon pre agi st I Plus probable. ® s On oie dans cnet infomation ples pins bcs. Tout abd on peut Pine mane comment corps pou reste por ee es de 2 hae san

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