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LJ cermin __ Dans le premier cas, on dira qu'il y a deux verbes boire, I'un objectif, autre subjectif, dotés chacun d'un signifié propre ; dans le second cas, Fadjonction d'un complément n’entrainant aucune modification séman tique, au contraire, on a affaire & une simple variante expressive, 5. LA voix Ici Voppcsition est binaire, entre une forme marquée, la voix passive et tune forme non marquée, la voix active, ce qui signifie que l'on emplot 1a voix pessive que dans des cas précis et limités, de manitre exception, nelle. On ne dira pas couramment : Ce verre a été bu par lui, mais seule, ment s'il y a une enguéte pour savoir qui a pu commetire cet acte. Le ete nme ot une action, sun ov un changement ot moweet: por sms tls pons ont il aon og bros tras ot lx choses implied ce pot sont opel as ag eee gift Paton, de el ua abhor 4 patie et qui son ems “siége du posts pour le ere ; : ai es suet un verb subj ‘ierre a beaucoup souffert ; rca ~ agent probs pour cli ui st vi avr nivel suit et i gt sur un patient (complén 'o it oe Panis (complément d'objet direct A la voix active) : Pierre bar ~ tiers (ou troisiéme) actant pour le complément d' i ioe gine po mplément d'attribution : Pierre La voix passive renverse l’ordre des act de vue du sujet mais celui du patient (celui en relief par sa position lo, Paul devient ainsi Pierre, Vans tants et présente non plus le point ! qui subit action), en le mettant gique de théme de la proposition. Pierre bat Paul est battu par Pierre (Paul est alors sujet et en. Sujet de la voix active, devient le complément d’agent), Aussi la voix passive n'estelle utiisable que dans le cas oi le vesbe est un verbe objecif transitif direct, Lex-sujet de la voix active appara sous; la forme d’un complément, le complément d’agent, eubtalene introduit pa- les prépositions par ou de. hens a 18 La proposition On éprouve parfois des difficultés & comprendre si l'on a affaire & une forme verbale conjuguée a la voix passive 04 & une construction de I’attri- but du sujet, dans laquelle le participe passé serait adjectivé. C'est que le passage dun état acquis & une description se fait insensiblement ; ainsi en disant que La maison est construite, on passe d’une action a un état descriptible durable. Deux critdres sont utilisables = soit qu’il y ait effectivement présence d'un complément d’agent, ce qui suffit 4 authentifier la voix passive ; — soit qu'il y ait un marquage temporel et chronologique précis, qui active le fonctionnement verbal (et non adjectival), puisque laptitude & marquer le temps n'est conférée qu’aux seules formes verbales. J'ai &té instruit de cela par Vexpérience (présence du complément agent). Il a fallu longtemps pour que jer sois instruit (présence d'un marquage temporel) seront analysés comme des emplois de la voix passive, tandis que Cette personne est insiruite sera regardé comme un emploi adjectival du participe passé en fonction d’attribut, sans qu’on puisse cependant tout & fait exclure une interprétation verbale, qui réintro- duirait un nécessaire complément implicite (= elle est instruite de cela) ; mais en dehors de ce cas, la valeur adjectivale va de soi et se trouve ailleurs largement lexicalisée (= une personne qui a de l'instruetion). 6, LA FORME On aura pris garde & Ia terminologie qui impose de parler de voix pour opposition actif / passif, et maintenant, de forme pour Pimpersonnel, le pronominal et le factitif. 6.1 La forme impersonnelle Nous avons pu voir que le thme de la proposition est généralement placé asa téte ob il remplit la fonction de sujet. Si, pour des raisons expressives, fon choisit de faire du verbe le théme de la proposition, son sujet va se trouver naturellement postposé : Des cavaliers arrivent. /Arrivent des cavaliers. Cette disposition est spécialement artificielle et Pose d’ailleurs des problémes d’accord avec un terme qui n'a pas encore été nommé. Simul tenémet, Evolution inguisique a rend nessa, dans la ConA a ve la présence d'un pronom (de conjugaison) qui en indiquat la phologie. On a done marqué le caractére invariable de la forme verbale dans ce cas par lutilisa indi ilisation de II servant d’indice pur et sin cette invariabilité, peepee Marrive des cavaliers, 4 n'est donc ici ni un pronom, ni un sujet : on le nommera i forme impersonnelle ; quant au “sujet”, général par le complément d’objet, on prét tifde ce fi, On peut alors rapprocher cette forme impersonnelle de la forme Uunipersonnelle, qui est celle de verbes qui n’existent qu‘d la forme impersonnelle, généralement sans ter é me complétif et qui con surtout les verbes “météorologiques " an ae zi ice de la déplacé a l'endroit occupé en érera l'appeler terme complé- 1 pleut. Il vente. On voit que Ia forme impersonnelle constitue une variamte intéressante de la diathése verbale puisqu’elle permet d’agir sur la place de Magent du roc et de le déplacer significativement de la position qu’il occupe habi tuellementet gui est celle dévolue au theme : cette fois c'est le verbe qui constitue information de départ. : _ Une difficulté apparait souvent dans ce cas. / Il apparatt souvent dans ce cas une difficutté. 6.2La forme pronominale (On sait qu’elle est marquée morphologiquement par le redoublement de la Personne du sujet sous la forme d’un pronom réfléchi. Toute la question 20 capmpsien | 1 est de savoir si ce pronom garde une autonomic et une fonction analy- sable ou s'il est désormais incorporé au verbe qu'il distingue du verbe non pronominal, La question se trouve singulitrement obscureie par la pratique “écono- mique” des dictionnaires qui ont choisi de faire figurer le verbe pronomi- nal sous ta forme de verbe non pronominal. Cette pratique singuligre fait que nous cherchons le verbe “s’arroger”, qui n’existe qu’ la forme pronominale, sous l'adresse “arroger”, laquelle n'est qu’une chimére, puisque ce mot n’existe pas dans notre langue. La grammaire optre traditionnellement, dans la classe des verbes pronominaux, une distinction entre les réfléchis (17 se lave), réciproques {ils se battent), proprement pronominaux (Elle s'évanoui) et pronomi- naux de sens passif (Cet article s'est bien vendu). Ces distinctions ne sont gudre opérantes, notamment parce qu’elles continuent a classer comme réfléchis des verbes dont la signification ne permet plus de consi- dérer que le sujet effectue une action sur lui-méme ; ils ont simplement pris un sens dérivé, ce qui oppose & l’ancien un nouveau verbe, distingué par Ia présence du pronom réfigchi. Ainsi, & cOté des verbes Douter Adresser quelque chose & quelqu’un, il existe les verbes Se douter, Svadresser a qutelqu’un dont les sens different radicalement : il s’agit bien de mots nouveaux, de signes linguistiques neufs, puisqu’ils different des précédents et par le signifié et par le signifiant, (On préférera donc proposer le classemert suivant — les pronominaux réciproques, qui ne sont concevables qu’au pluriel puisqu’ils impliquent que chaque agent est aussi en méme temps patient : représentent alors une sorte de synthése de I’actif et du passif, puisqu’on adopte alternativement le point de vue de I'agent et du patient. Dans Pierre et Paul se battent, Pierre comme Paul sont alternativement fent : chacun bat et est battu, agent et pa ~ les pronominaux réfléchis vrais, dans lesquels l'agent effectue vrai- ment Paction sur lui-méme : If se lave = une partie de 1! lave l'autre partie, de Il. La encore, il y a synthése de actif et du passif. On observera @ailleurs curieusement que si aux temps simples (Ui se lave. II se lavera), a La proposition on a bier: I'organisation habituelle de 1a voix active (Il = agent, Se patient), eux temps composés, en raison de emploi obligatoire de aux: Tiaire “etre” (Il s"est lavé. Ilse sera lavé), on trouve la configuration qui est celle du passif (= Il est lavé par se. Il sera lavé par se). ~ les verbes proprement ou essentiellement pronominaux auxquels il faut joindre tous ceux qui, sous les apparences du réfléchi, dissimulent en réalité une lexicalisation, comme Se douter, S'adresser a. Cette caté= gorie comprend de nombreux verbes, au sujet desquels il convient de ne pas se laisser abuser par la pratique des dictionnaires. Dans If se trompe, malgré les apparences, il n'y a plus action du sujet sur lui-méme (ce n'est pas une partie de 11 qui trompe autre partie de Z1), mais un sens nouveau : “commettre une erreur”. Cette catégorie est cependant difficilement ‘nommée par la grammaire ; on pourrait s’entendre sur la dénomination de Pronomincux lexicalis ~ la caiégorie des pronominaux “de sens passit”, qui n’est qu’ variante incluse dans le cas général, n'a pas a faire Pobjet a particulier, comme on le voit ci-dessous, On obtient ainsi deux classes de pronominaux : ~ d'une part, les réciproques et réfléchis, dans lesquels le pronom réflé- chi reste analysable. Comme nous avons vu, ces verbes réalisent une synthése intéressante entre I'actif et le passif ; leur valeur mixte a pu tenter certains linguistes de les traiter comme les formes d’une voix moyenne, intermédiaire entre actif et le passif, C'est 1A un programme séduisant, malheureusement irréalisable puisque toute la seconde catégo- tie des pronominaux y échappe et rend cette organisation improbable. Il convient dane de se résigner & voir dans les pronominaux une classe Composite dans laquelle la fonction est, d'une part, pour les réfléchis et réciproques, de l'ordre de la voix, et pour les autres, d’ordre lexical : ~ es pronominaux lexicalisés, qui fonctionnent done d’abord sur le plan sémaniique, mais qui sont également envisageables sur le plan fonc- tionnel. On peut y noter, en effet, un caractére récessif,lié & la présence de ce pronem séfléchi, & la fois nécessaire pour les distinguer du verbe non pronominal, et inutile, puisque inanalysable, ine ‘un traitement 22 La proposition — ide Le mot de récessif servira 8 exposer le cas pastintcn ca fore pronom personnel réfléchi que la grammaire doit reac = eer : C réfléchi,postiche des sse-vraie marque, le pronom réflé pros ‘ tenia opire de deux fagons, alternatives ou peut-Gtre, parfois, sir ane un actant ; ainsi HI trompe son a signalant ostensiblement la perte d'un ant aia g a ron a r ar la disparitio ire sera opposé & I! se trompe pr complet : és imé : son i 1 désormais un seul actant expri nper. Ce demier a en effet m seul atantexprimé : son sujet ‘au lieu de expression d’un agent et d'un patient, il n'y a plus qt idge du procts ; ; ee . a replant Ie verbe, par analogie avec la premigre snus itt onominaux (celle des réciproques et réfléchis), entre Tact ais Penal tien effagant agent, ils constituent une forme d’ expeston th puss if impersonnel : Les oranges se vender sans agent exprimé ou passi s ben ute annde (eon les vend bien). C'est ce eu I'on nommait tradition i s if, ss pronominaux de sens passi | . "aes valeurs ds ponominux lencalsés appartonenspresaie toujours au domaine des intentions expressives et stylist ques, Lome dee enfants confus expliquent & leurs parents que Le vase west wei évtent évidemment de nommer agent du proces, ce gui releve du past impersonnel” ; mais ee tour est plus que On @ cassé le asar a Be rad ava puisqu’ils se servent d'un verbe récessif 4 ars os tas, exelut a présence dun deuxitme actant, par opposition & Un wase@ &é cassé, véritable passif, qui suppose un complément dagent, alors qt le pronominal récessif le dit justement innommable. Oe rare Te a 6.3 La forme factitive Avant d'aborder ce point, il est nécessaire ay posséder un concent descriptif particulier, celui de périphrase verbale: ea i association dun verbe conjugu it sem-ausilisie ot aul es mice autrement doté dune signification pleine, mais qui est ég 23 VJ serminien Par perte de sa substance sémantique et grammaticalisation, d'entrer dans 'a constitution, avec le verbe & l'infinitif qui te suit, d'une périphrase verbale. Elle est ainsi nommée car les deux verbes associés ne désignent cependan: qu'un seul proces. Les périphrases verbales servent & marquer des nuances que Ia conjugaison est incapable de formuler ; aussi les trouve-t-on dans tous les compartiments du fonctionnement verbal, ob ailleurs nous les retrouverons, ° Sur le plan de Ia diathése verbale, les périphrases de base sont consti- tuges au moyen des semi-auxiliares “faire” et “laisser” : ee sont eux gui ont donné leur nom aux périphrases qui sont dites, en conséquence factitives, permissives, tolératives, etc. II paratt plus simple de ne pas marqer infin des nuances sémantgues possible par autant de tens Ahan on pourait ou simpement les egroupe sous le nom de pti __Le fonctionnement d'une périphrase facttive va consister a dédoubler agent du proces, donc & ajouter un actant& la construction verbale: voix active forme facti L’éleve (ait ses devoirs, L’éléve donne un livre & son voisin, Le maitre fait faire ses devoirs @ Véleve, Le maitre fait donner un livre & son voisin par Véleve, Dans le premier cas, on passe de deux actant patient = ses devoirs) & trois (I'agent causatif = le maitre ; Vagent effectif Méteve ; le patient = ses devoirs). Dans le second, on passe de trois actants Cagent, le patient, le tiers actant = /’éléve, un livre, son voisin) & quatre (agent causaif, Pagent effectf, le patient, le tiers actant = le me Uéleve, un iivre, son voisin). Cette présentation fait apparattre deux traits essentiels ~ la forrae factitive présente une option spéciale située entre la voix active et la voix passive, puisque T'agent effectif est & la fois actif, dans la mesure od c'est lui qui agit, et passif, dans la mesure od il subit la contrainte de I'agent causatif ; (agent = P'éleve ; le = le maitre, 24 = es compléments introduits par les prépositions par et @ sont diffé- rents & la fois des compléments dobjet — parce qu’ils servent désigner un agent et non plus le patient — et des compléments circonstanciels. La difficulté est de les nommer : on a vu que par introduisait le complément agent, et on peut done continuer & nommer ainsi par I'éléve dans notre texte précédent ; en ce qui concerme @, Ia €énomination usuelle est celle de complément d’attribution, et on ne voit pas pourquoi le terme ne sera pas conservé, a condition qu’on y lise bien 'expression d'un actant, parti- cipant de premier plan au proces. A cété des deux verbes types, “faire” et “laisser”, il existe une liste ouverte de verbes qui operent 1a méme transformation factitive : 1! fait faire ses devoirs &l’élbve entratine : I! loblige di les faire. Il le contraint & les faire. Il le pousse a les faire. Il Vencourege & les faire, etc. Obliger & contraindre a ; pousser d ; encourager @... sont done utilisables comme auxiliaires factitifs. On pourrait répéter l'opération avec “laisser” : I laisse jouer les enfants = Il leur permet de jouer. Illes autorise & jouer. It les invite a jouer etc. (ob Von rejoint notre liste précédente, ce qui révéle la cohésion de l'ensemble). Mais le fonctionnement factitif n’est pas assuré seulement sous forme de périphrases verbales ; il existe également un moyen simple, qui concerne les verbes subjectifs. Puisque le rendement global de la forme factitive est d’augmenter d'une unité le nombre des actants, il suffit @ajouter un actant & un verbe subjectif, en Je dotant d’un complément objet qu'il ne comporte normalement pas, pour laffecter de la méme valeur. Ainsi dans I! monte la valise au premier étage, le verbe “monter”, qui est un verbe subjectif, intransitif, regoit cependant un complément dobjet direct : “la valise”. Cette opération dissimule une transformation factitive, que l'on pourrait gloser par If fait en sorte que la valise monte au grenier. Cette opération ne se voit plus perce qu'elle est entigrement et depuis longtemps lexicalisée, mais on peut encore la percevoir dans des constructions comme Le soleil brunit ta peat, & cause de V’équivalence avee Le soleil fait brunir ta peau ou La peau brunit au soleil. La peau est brunie par le soleit. On y lit donc, quelles que soient les fonctions appa- 25 rentes des termes désignant les actants : un agent causatif : le soleil ; un agent effectif : fa peau. Brunt est bien un verbe subjectif, exceptionnelle- ‘ment utilisable transitivement, ce qui le transforme en factitif. 6.4 Les transformations multiples I est également possible de combiner entre elles plusieurs des options que nous venons de décrire, ce qui permet de disposer les actants de mani®re renouvelée. Dans Eile s’évanouit, il n'y a qu’un seul actant que l'on nomme alors le sidge du proces ; mais dans 1! [a fait s’évanouir, il y en a deux, agent causatif ilet le sibge fa. Dans Une idée me revient, comme dans I! me revient une idée, il n'y a qu'un seul actant, mais qui occupe deux positions différentes, tant6t sujet, lant6t terme complétif. De Des projets sont congus & Ces projets se congoivent et a Il se congoit beaucoup de projets, le méme actant est tantét sujet de la voix Passive, tant6t sujet de la forme pronominale lexicalisée, tantét terme compleétit. Le verte Retirer, objectif, a deux actants dans II retire de argent dla banque ; ‘1 en perd un si l'on passe & la forme pronominale récessive : Liargent se retire au guichet ou Il se retire beaucoup d'argent & ce guichet ; mais le verbe acquiert un actant supplémentaire si on le met 3 la forme factitive : I fait retirer son argent par quelqu'un. On notera donc I'infinie richesse des combinaisons possibles autour du verbe dans l'agencement des compléments essenticls, du sujet et des complémeats d'agent et d’ attribution. C’est dans cette organisation de la diathése verbale que se forme la structure de la proposition. 26 LE VERBE Nous venons de voir quel rdle essentiel le verbe était amené a jouer dans la logique de la proposition of il sert de copule et de prédicat, ainsi que dans la structure syntaxique elle-méme puisque c'est Iui qui commande le nombre et Ia disposition des actants. Reste & examiner le verbe en Iui- méme, avec ses formes et la somme des fonctions qu’il assume ; sa grande caractéristique exclusive est, en effet, de porter les marques du temps. est sans doute la raison pour laquelle Iz mot “temps” est utilisé pour nommer et classer les formes du verbe, que l'on a parfois proposé de nommer plutst des “tiroirs verbaux”, tant les dénominations usuelles des “temps” sont source de méprise et de confusion. Il conviendra done de ne regarder les dénominations apprises que comme autant de termes simple- ment conventionnels, mais sans valeur signifiante, 1, Les FORMES On se reportera aux tableaux de conjugaison du volume d’ Exercices et complémenis. Le classement, tel qu’il est congu, groupe sous le nom de mode des réalités hétéroclites ; il faut en réalité opposer les formes que sont le parti- cipe et I'infinitif (et on entend par 1a que ces formes se situent aux fron- tigres de la catégorie du verbe, au moment oii elle est mitoyenne, de la catégorie de I’adjectif, pour le participe, et de la catégorie du nom, pour Pinfinitif : le participe est donc la forme adjective du verbe, comme l'infi- nitif en est la forme nominale) aux modes véritables ; encore faut-il bien comprendre que les modes sont disposés en opposition binaire entre le 21 2 | serere degré 260 du mode qu'est lindicatif et les modes proprement dits que sont done Ie subjonctif, le conditionnel et l'impératit. FORMES adjective nominale verbales Participe Infinitit autres formes MODES non modal ‘modal “| Indicatit Subjonetit| Conditionne! Impératit | Remarque : Aux formes banales de la conjugaison viennent s'ajouter, dans tous les champs que nous venons de délimiter, des périphrases verbales, zoncues selon le modéle défini précédemment (semi-auxiliaire + inti et qui forment des variantes lexicales de toutes les fonetions du ver ; Le premier enseignement de cette répartition est qu'une forme du verbe ne peut avoir de fonction que dans I’aire qui lui est propre. Le second est que les formes sont spécialisées respectivement dans un ty] de fonction dont il nous faut préalablement comprendse le mécanisme ot la nécessité “° 2. LES FONCTIONS La spécifcité du verbe, par rapport & toutes les autes classes d’unité inguistiques, est son aptitude & marquer le temps ; mais il faut bien voir } {que nous rous faisons du temps une double représentation : it que nous ’appréhendions comme un point situé sur une échelle et par rapport & un repére c’est le temps mesuré, celui du mot “temps” dans la locution En ce temps-Id ; = soit que nous le saisissions dans son déroulement, en flux, comme dans expression 1! lui a fallu du temps, beaucoup de temps. 28 savene | 2 A la premitre définition du temps correspond le concept linguistique du temps proprement dit ; 2 la seconde, aspect. Or, le systeme Finguis- tique frangais a tendance a dissimuler I'aspect sous Ie temps, ou plus. exactement, les descriptions que l'on donne ordinairement du verbe obli- tarent aspect par le temps et Ie reléguent, lorsqu’elles veulent bien en tenir compte, dans des catégories purement sémantiques. Nous tenterons au contraire de voir la parité et les échanges qui se sont établis entre les deux fonctions, temporelle et aspectuelle, Reste le mode, dont nous avons déja parlé ; il est peut-étre temps de le détinir. Selon une vielle conception scolastique, dans tout énoneé, se combinent le dictum (ce que Von dit, l'information que l'on donne) et le modus (les intentions dans lesquelles on dit cela, Faction que I'on veut exercer sure destinataire, ce que l'on veut obtenir). Ladifficulté de définition du modus tient 2 ce qu'il est double, soit qu'il traduise iruption de la subjectivité sujet parlant, soit qu'il marque phutdt fa rationalité de la démarche et recouvre une opération logique ; comme on le voit, le modus releve aussi bien de l'afectivité que de ls logique. De 1, par exemple, l'ambivalence du subjonctif qui apparait aussi bien dans Je désire ardemment qu'il vienne {alfectif) que dans Je Iai fit afin qu’llvienne (logique). Or le modus transparait dans le dictum, sous la forme de modalités qui affectent spécialement la phrase d’une pari, et le verbe de autre. Leur marquage dans le verbe se fait par le mode. Remarque : Ces fonctions peuvent également étre exercées par des péri- phrases verbales ; aussi existe-t-il des périphrases temporelles (Hl va venir), aspectuelles (II se mit & chanter) et modales (I! peut venir. Il doit venir). Ces demniéres, étant évidemment les plus nombreuses et les plus fréquentes, ont valu aux semi-auxiliaires modaux le nom concurrent d'auxiliaires de mode, Le point important dans Ia définition du fonctionnement verbal est que les trois fonctions du verbe que nous venons de définir sont réparties dans 29 ‘ans chevauchement ni redondance, comme le veut une jon en sysitme : ~ pour I’exercice de la fonction temporelle, il faut nécessairement que le proces soit immobilisé, afin que son repérage sur un axe de la chrono- logie soit possible : il ne peut done étre saisi dans son déroulement ; expression du temps exclut alors celle de la durée. Cette indifférence la durée signifie que le proces est désigné comme circonscrit par un commencement et une fin, et qu'il est pergu globalement. Son immobili sation, qui est indifférence A sa durée interne et qui note done le degré zéro de aspect, s’appelle l'aspeet perfectif. Cet aspect est porté par les formes de lindicatif nommées passé simple et futur simple : ~ pour activer le fonetionnement aspectuel, il faut en revanche que soit pris =n compte le déroulement interne du proces : cette activation est le fait de l'aspect imperfectif, qui est le propre de l'imparfait et du conditionnel présent, Mais on aura bien compris que du coup ces formes verbales sont dans I’ineapacité de marquer autre chose que "aspect : elles he peuvent marquer que tres difficilement le temps au sens n°1, le temps comme chronologie, qui n’appartient qu’au seul aspect perfectif ; L’epposition fondamentale est done celle de I'aspect perfectif par lequel le proves est pergu comme un tout circonscrit quelle que soit sa durée interne et de Faspect imperfectif par lequel Ie proces est saisi dans son déroule- ment et sa durée, ~ comme nous l'avons déjt vu, la fonction modale est exereée en propre par le subjonctif, le conditionnel et Pimpératif. Ce qui signifie que es formes sont également incapables d’assurer les fonctions temporelles et aspectuelles, Or, on peut remarquer que Je conditionnel figure aussi bien dans les formes de I’aspect imperfectif que dans les formes modales ; c'est 1d une de ces ramifications complexes du systme qui en ternissent a limpidité et dont nous aurons a rendre compte. On pevt également remarquer que l"impératif, défectif dans sa conjue gaison, est réservé Ala communication orale et au discours direct ; il n'a done pas la méme extension ni la méme importance que le reste du systéme décrit ici. 30 3, LES FORMES COMPOSEES Nous n'avons nommé jusqu’ici que les temps simples du verbe. On sait que chacun deux est doublé par un temps composé de la forme : auxi liaire (@tre ou avoir) + participe passé. La désignation de ces temps ccomposés n’étant pas absolument paralléle dans les divers “modes” de la conjugaison, on se reportera, pour leur nomenclature, au volume d’Exer- cices et compléments. pee On peut également signaler existence de formes surcomposées, qu'il nest pas nécessaire inclure formellement dans le tableau de a conjugai- son puisque leur création reste libre ; telles sont par exemple, celles des temps composés de la voix passive : Ila été appelé a d’autres fonctions. Les formes composées, quelles qu’elles soient, sont porteuses d'une valeur aspectuelle particuligre : l'aspect aecompli, et s’opposent done & toutes les formes simples, qui marquent l’aspect non accompli. Contraire- ment aux lois d’incompatibilité fonctionnelle que nous avons posées, aspect accompli est compatible avec les fonctions temporelles et avec les fonctions modales ; sculement il va se combiner et &tre capté par le fonetionnement tempore et par le fonctionrement modal. C'est ainsi que le passé composé qui est la forme d'accompli du présent de Vindicatif va se trouver absorbé par Ia fonction temporelle de son non accompli et servir, dans notre usage actuel, & exprimer 'antérieur du présent, c’est-i- dire le passé. (Ainsi dans I! est venu la semaine demnidre et m'a parlé de cela, équivalent de I! vint la semaine demniére et me parla de cela.) Ou encore, le subjonctif plus-que-parfait, accompli du subjonctif impar- fait, pris dans le fonctionnement modal de ce demier, deviendra porteur des fonctions modales dirréel du passé : Sil arrivait qu’il fit beau et qu’on Vette prévu, nous partions a la campagne. Nous pouvons maintenant tenter de décrire chacune des fonctions exer- cées par le verbe. 2 Le verbe 4, LA FONCTION TEMPORELLE Rappel : cette fonction est spécifique de l'indicatif, non aspectuel et non modal ; elle est portée par le passé simple et le futur simple, ainsi que les formes composées qui leur correspondent : le passé antérieur et le futur antérieur. Pour exprimer le temps au sens oi! nous l’entendons, c'est-d-dire la chronologic, le systéme linguistique prockde de maniére rudimentaire par rapport & un repere donné, il est capable de situer un proc’s dans Pavan; Ie concomitant ou apres : I'antériorité sera donnée par le passé simple, V'ultériorité par le futur simple, Crest 18 un fonctionnement sans équivoque possible, mais aussi sans raffinement. On peut le schématiser par un axe, sur lequel 0 (zéro) marque le point de repére : ——_n. Passé simple Toute Ia difficulté, on le voit, est dans le choix du point de repre 0 : celui-ci ne peut pas étre défini linguistiquement, puisqu’il doit étre absolu, On va done se servir de I'acte méme de communication et le point de repére 0, ou présent, sera défini comme I’actualité du locuteur : le présent est le moment oi je parle. On voit combien les fondements du systéme linguistique s"appuient sur Ja pratique orale, seule vraie base de la langue. La langue écrite n'est jamais qu'un moyen conservatoire second, II n’en reste pas moins que la définition du présent écrit devient relativement compliquée ; c'est jouer sur les mots que de dire que le présent serait alors “I'actualité de I’écri- ture”, On peut surtout constater que le présent est toujours la marque évidente et obligatoire dun discours direct plus ou moins dissimulé, done tune évocation de l'oralité du fonctionnement. Il dé&oule de cette situation les contraintes suivantes 32 + Pour le présent : — Tout présent postule une énonciation et Ia présence occulte ou expli- cite d’un locuteur, ~ Le présent correspondant au moment de cette énonciation a vocation particuligre & exprimer le performatif. On nomme ainsi la coincidence entre le dire et le dit, les cas oit Paction exprimée par le verbe consiste précisément a dire ce verbe, Ainsi en disant Je le jure, j'effectue juste- ‘ment un serment ; le présent ne fait que doubler cette valeur performative = Mais on sait aussi que, loin de ne pouvoir marquer que cette coinci- dence entre action et la parole, le présent s’accommode fort bien d'une certaine indétermination temporelle qui accepte autour du moment de la parole un certain halo d’approximation ; aussi le présent peut-il exprimer Te passé récent (Il arrive a U'instant) ou le futur proche (If arrive dans wn instant) — Le présent n’ayant Ini-méme aucun repere linguistique se trouve ¢tre hors du temps mesuré : il est proprement atemporel, c’est-2-dire, en bonne linguistique, omnitemporel, capable de s'appliquer n’importe quelle époque. Les interminables considérations des grammaires qui essaient de rendre compte des diverses temporalités du présent, ne font que gloser le contenu des contextes des exemples proposés ; ainsi on dit que L’homme est un foup pour Vhomme est un présent gnomique ou de vérité générale ; que Pierre est grand est un présent de caractérisation ; gue La terre rourne est un présent de vérité éternelle, Mais le présent lui-méme ne dit rien de cela et, en fait, c’est notre expérience que nous transposons. Tous ces présents se prétent & toutes les manipulations temporelles, parce qu’ils sont atemporels. — Le fait que la m&me forme de présent de Pindicatif puisse alternati- vement étre regardée comme un présent actuel ou comme un présent ‘atemporel est tout & fait significatif de l'ambition d’une bonne partie de la liuérature a valoir circonstanciellement dans un temps donné et éternelle- ment, hors des contingences temporelles. En disant, sans autre marquage temporel, Il fait beaw dans ce pays, je dis aussi bien Mactuel (II fait beau en ce moment) que l’omnitemporel (II y fait toujours beau). 33 , le présent n’est pas non plus marqué d'un aspect particulier : il est tout aussi bien omni-aspectuel. Ainsi I! fume une cigareiie est actuel et d’aspect momentang, tandis que I! fume depuis vingt aas est un présent-passé, d’aspect fréquentatif (= qui connait de nomibreuses répétitions). + Pour le passé simple : —Chaque proces exprimé a aspect perfectif constitue un tout parfaite- ment circonscrit et détimité. Il est donc impossible de marquer la simulta- néité de deux proces & l’aspect perfectif, puisque chacun deux forme un tout intangible avec lequel autre ne peut interférer. Cette situation est particuligrement génante dans la narration au passé. I! semble que curieu- sement, dans un récit anticipation au futur, le narrateur se soucie peu de Pexacte chronologie des événements qui sont encore & venir ; en revanche, le narrateur tient fermement & exprimer la coincidence drama- tique de deux faits passés. Si je veux raconter la tragique histoire de X, assassiné alors qu’il fumait paisiblement une cigarette, je ne peux me servir de deux passés simples, car en écrivant : Jifuma une cigarene ; sasin tira je dis qu'il fuma d’abord entidrement une cigarette, puis, cette action terminée (car elle est entigrement circonscrite), que assassin tira, Le passé smple n’est done apte qu’a marquer la succession des faits. Pour dire la simultangité, je suis obligé de me servir d'une forme extérieure au systéme temporel et done de construire i funait une cigarette Vassassin tira. — Une des difficultés d’emploi de l'aspect perfectif dans la narration, spécialement dans Ja narration au passé et & la premidre personne, est que la vision globale du procts circonscrit implique évidemment un regard extérieur porté sur Ie procés. Or nous savons que le je du locuteur-narra- teur se ‘rouve précisément situé dans le présent, qu’il fonde par son actua- lité. Si bien que l'emploi du passé simple & la premitre personne implique tun narrateur disant froidement et objectivement son passé en le mettant & 34 distance, Cette considération psychologique est aux antipodes des inten- tions dune pareille narration. La encore il va falloir ruser pour éviter cette situation conflictuelle. + Pour les formes composées : — Dune maniére générale, les formes composées ne sont pas seulement interprétées comme I'aspect accompli du temps simple qui leur corres- pond : au sein de l'indicatif, elles vont se rouver captées par la fonction temporelle et seront interprétées comme des antérieurs de celle-ci. En répondant A une demande : ZI est sorti, je ne dis pas seulement accompli du présent mais aussi le passé. = Aussi cette valeur acquise du passé composé va-t-elle, elle, étre utili sée pour compenser les défaillances psychologiques du passé simple, notées ci-dessus : dans la mesure oi le pissé composé reste en contact avec le présent dont il est I'accompli, il marque un passé qui n'est pas détaché de ce présent et qui reste en contact avec le narrateur. passé simple Jit. 0 HUH zone du passé composé Le méme mécanisme est inutile pour marquer I'antérieur du futur ; on ne s’en sert guére que par une sorte de plaisanteric pour évoquer par dGtour le présent : Vous aurez lu dans cette page quelque chose d’intéres- sant, futur simple 0. 1. Te zone du futur antérieur ~ Enfin, le passé antérieur est dun maniement extrémement délicat : il 35 2 | sere cumule en effet les valeurs du perfectif et de la narration distanciée et objective qu'il implique avec aspect accompli il y a surabondance des marques de achévement. Aussi ne peut-il guére étre utilisé que : [> comme accompli dans les syst@mes temporels od il est en relation avec le passé simple : A peine eutil terminé qu'il sortt. [> comme marque de l’action instantanée et sans durée Ecle drole eut lapé le tout en un moment. Aussi conviendra-til de recourir ici encore & la forme paralléle du plus-que-parfait de l'indicatif pour marquer lantérieur du passé dans Pordinaire de la nareation : M avait & peine terminé : il sortit. 5, LA FONCTION ASPECTUELLE Tout nous indique qu'il existe un systéme paralltle A celui du perfectif que nous venons de voir : il s'agit cette fois d’un marquage de I'aspect, ce gue l'on nomme aspect imperfectif et qui va donner Ia vision du temps dans son déroulement, sa perception en flux. Celle-ci, & encontre de ce qui se passait pour l'aspect perfectif, ne peut étre que le fait du sujet percevant le procés de 'intérieur, dans son déroulement. Le marquage de Vraspec: (imperfectif) n’est qu’une indication globale qui peut s"interpré- ter, dans chaque cas particulier, de manire variée, soit comme durat fréquentatf, et. Notre juste perception des choses est cependant brouillée ici par un probléme de classement dans la tradition grammaticale : les formes verbales qui relevent de imperfectif (V'imparfait de indicatif et le conditionnel présent, pour les temps simples ; les plus-que-parfait de Vindicatif et le conditionnel passé, pour les formes composées qui leur correspondent) sont, en effet, dissociées dans ta classification ordinaire et les tableaux de conjugaison, Nous en verrons la justification ultérieure- 36 Le verbe ment, mais il convient dds & présent de comprendre combien il faut transgres- ser d'idées recues pour retrouver la réalité du fonctionnement linguistique. Fondamentalement, comme nous Ie savons déja, un systtme est toujours monovalent ; si donc le présent systéme est aspectuel, il ne saurait 6ire temporel. On constate 2 I’évidence que 'imparfait de I'indica- tif m’est pas temporel, non plus que le conditionnel présent. Il est omni- temporel comme le montrent ces exemples construits : L'année dernidre il faisait beau. An! s'il faisait beau aujourd’h Aht s'il faisait beau |'année prochaine. L’année derniére, je croyais qu'il ferait beau la semaine passée..qu'il ferait beau aujourd'’hui..qu'il ferait beau ta semaine prochaine. L’aspect imperfectif ne marque done pas le temps mais te déroulement du procs percu de MintSrieur i est incapable de circonserire le procts ni en donner les limites et on peut le schématiser ainsi (2). x. fon) (ou X désigne la présence du sujet, en train de vivre Ie procés dans son déroulement). Impossible a repérer autrement que par rapport au sujet, aspect imper- fectif est impuissant & structurer un systéme, ou plutét cette structuration ne va pouvoir s’opérer que par des voies obliques. 5.1 La structure morphologique La structure morphologique du futur simple et du conditionnel présent, formes verbales de formation romane, les organise paralltlement. Le futur simple est fait de les clésinences du présent de “avoir” ; le conditionnel présent est fait de l'infinitif saivi des désinences de 'impar- fait; ce que I’on peut écrire sous la forme approximative d’ équations : Futur = Infinitif + (désinences de) Présent 37 2 | seve Cond, Présent = Infinitif + (désinences d")Imparfait Ce qui signifie que le conditionnel présent est & imparfait ce que le futur simple est au présent de Pindicatif. Par parallélisme avec le systtme du perfectif, nous pouvons done construire le conditionnel présent en regard da fatur, comme ’imparfait en regard du présent, Systéme I = Perfectifl ML —_____/ passé simple présent futur simple Systéme Il = Imperfecti (j__Xx. {_) imparfait Mince erate conditionnel présent 5.2 La fréquence des associations La fréquence des associations entre I’imparfait et le passé simple, lorsqu’il s‘agit de pallier une déficience du systtme perfectif, incapable comme nous I’avons vu ’exprimer la concomitance dans le passé, va également instaurer une passerelle entre ces deux formes appartenant & des sytdmes différents. On odtient donc un réseau particulier de relations transversales puisque Pimpariait se trouve lié a Ia fois au passé simple et au présent, tandis que le conditionnel présent se trouve lié au seul futur simple. I passé simple _présent 1 imparfait imparfait futur simple conditionnel présent 5.3 V’interprétation de l’aspect imperfectif Elle ne se fait pas seulement dans l’opposition a I'aspect perfectif ; Paspect imperfectif posstde également une caractéristique propre qui est 38 sewer | 2 aque le sujet pergoit le procs de l'intéricur, dans son déroulement (Nous avons schématisé cette présence du sujet dans le proces par le signe X) ; cette caractéristique se recombine avec les “passerelles” que nous venons de voir et qui font de limparfait un passé / présent pour organiser le mécanisme général de la transposition au discours indirect, Ce dernier pose en effet un probleme apparemment insurmontable puisqu’il impose, au passé, deux chronologies incompatibles : = celle de la narration qui s*inscrit dans Te passé du narrateur, lui méme installé dans le présent fondateur de la chrorologie : Je lui parlai. — celle de la personne dont il rapporte les propos (et qui peut éventuel- Jement étre lui-méme) et qui s’est obligatoirement exprimée au présent de Prénonciation “I fait beau”, se dit-il D'ot Je lui parlai ; il me dit qu'il faisait beau. Seul Vimparfait peut combiner ces deux chronologies : — parce qu'il est mixte, passé / présent ; — parce que la présence du locuteur au sein de son dire est une caractéris- tique de l’aspect imperfectif. (On obtient alors la configuration suivante : 0. ML — passé simple présent du narrateur = El imparfait = présence de I'énonciateur ‘Au discours direct : I! affirma : “Vous avez tort” (avec un verbe décla- ralif appartenant & la narration au perfectif et dans le discours direct le présent de !’énonciation) se substitue le discours indirect : II affirma que _nous avions tort (avec le méme verbe déciaraif au passé simple, mais au 39 2 | seven sein du discours, un imparfait & la fois passé pour le narrateur et présent pour I’énoneiateur), Un tel imparfait sera dit de transposition, plutdt que “de discours indirect”, car on le rencontre aussi bien dans le discours indi- rect libre et dans toutes les formes marginales qui ne sont pas exactement du discours indirect mais usent de ce moyen, Selon le méme mécanisme, le conditionnel présent sera utilisé pour transposer, dans le discours indirect au passé, le futur du discours direct. Crest ce que l'on nomme traditionnellement “le futur dans le passé”, dénomination approximative qui ne recouvre pas tous les cas de transpo- sition, puisque le conditionnel vaut aussi comme “passé dans le passé” et “présent dans le passé”. On peut en effet construire aussi bien : Liannée derniére il affirma qu il ferait beau hier. Liannée derniére il affirma qu'il ferait beau aujourd'hui. Liannée dernitre il affirma qu'il ferait beau demain. Ce sont successivement un passé dans le passé, un présent dans le passé et un futur dans le passé. Il sera plus simple de parler exclusivement de conditionnel de transposition. Ce sont Jes mémes lois qui valent également pour les temps composés, te plus-que-parfait de lindicatiftransposant le passé composé, et le condi- tionnel passé le futur antérieur, 5.4 La dérive modale de l’imperfectif de transposition Elle intervient ensuite. Lorsque je rapporte un fait au passé simple, ce temps élant fondé en structure sur le présent de mon énonciation, c"est ‘moi qui me pose comme caution de mon affirmation : 11 fir beau ce jour {a et aucun soupgon ne pese sur la véracité de mon propos. En revanche, avec : Il affirma qu’il faisait beau ce jour-ta, le je ne se fait caution que de il affirma et va donc bien rapporter honnétement ce qu’il a entendu ; ‘mais il ne garantit pas ce que l'autre a affirmé. Si on considére alors cette altitude comme délibérée, ce qui se produit mieux encore dans les formes obliques ou libres de la transposition indirecte, telles que : Il faisait beau 40 Le verbe ce jour-la, selon Iui. Il faisait beau, paratt-il I faisait beau, hum? hum!, on fait naftre un sentiment de suspicion qui envahit l'ensemble du propos celui-ci n’est plus cautionné et devient douteux. II y a done modalisation, puisque j’y lis expression du scepticisme de je 3 V'endroit du propos rapporté Ie fait de “faire beau” est marqué par I'éventualité (= qui a pu ou non se produire), 5.5 Le cumul fonctionnel de l’imperfectif Il n’est pas sans poser des problémes spécifiques. On aboutit en effet, pour nous résumer, & la situation complexe saivante, Nous sommes obligés d’avoir recours & l'aspect imperfectif, chaque fois que l'aspect perfectif est insuffisant, notamment : = pour marquer le proc’s non circonscrit dans le temps, comme celui des descriptions qui nécessitent pour le moins l'aspect duratif ; mais aussi le fréquentatif et, surtout, le concomitant : ‘La maison avait des volets verts. I fumait depuis vingt ans. I fumait une cigarette lorsque assassin tira, — pour marquer la transposition indirect: Ul affirma que nous avions tort Nous avions tort selon lui. — pour exprimer la modalité éventuelle : Nous avions, parait-il, tort. Une méme forme d’imparfait, choisie & dessein dans ces exemples, peut are chargée de trois fonctions : une fonction temporelle, une fonc- tion transpositrice (ce qui releve de I’énonciation) et une fonction modale d’expression de I'éventualité, Elle est polyvalente, ce qui complique évidemment la tache du destinataire, qui va devoir interpréter I'informa- tion et choisir celle des fonctions qui lui parattra la plus légitime 5 ce faisant, il devra parcourir l'ensemble des fonctions possibles et les 4 2 | sever compacer pour en retenir une : ce qui signifie qu’a cété de la fonction principale retenue, se profilera, en filigrane, l'une ou l'autre des fonctions annexes, voire les deux : il y aura connotation d'une seconde, ou d'une itoisitme fonction. Ainsi dans nos exemples ci-dessus, on peut mesurer quelques effets de connotation. Dans La maison avait des volets verts, & c6té de la fonetion principale qui est de dire la description, on peut noter : ~ la suggestion d'une transposition indirecte : notamment si je situe action en 1830, il est évident que je ne suis pas le descripteur d'origine et que je ne fais que reprendre et citer une précédente description ; je dis qu'on a dit que. = la suggestion d’un fonctionnement modal éventuel : je peux laisser percer mon scepticisme & lendroit de cette affirmation et laisser entendre que c'est peut-dtre faux. len résulte qu’aucun des emplois de l’aspect imperfectif n'est simple cet univoque : ils relevent tous de l’analyse et débouchent nécessairement sur une interprétation stylistique. D’autant plus que la coutume litéraire intervient ici, qui a eréé pour nous des automatismes. Ainsi la fameuse expression de la concomitance dans le récit, par l'association imparfait / passé simple, constitue une recette dramatique élémentaire, mais qai marche toujours. 11 suffit done de commencer un paragraphe par un imparfait “d’ambiance” pour que le lecteur se mette dans Tattente dur passé simple qu'il croit devoir automatiquement surgi. Commencer un récit par I! pleuvait... c'est faire attendre le surgissement d'un événement. Rien n’interdit évidemment de prolonger l'attente. On trouvera dans le volume II, Exercices et compléments, de nombreux exemples, commentés et commenter, de la pratique analytique & mettre en ceuvre pour le traite- ment des formes verbales de I'imperfectif. 5.6 La classification Nous avons surtout présenté ici le fonctionnement de l'imparfait de I'indi- ccatif, rarce qu’il est le plus complet. Il est temps cependant de revenir au 42 cas général de l'ensemble du systéme de imperfectif. II souflze, nous Vavons vu, d’une incohérence de classification : deux de ses formes (Vimparfait et Ie plus-que-parfait) sont rangées dans I'indicatif, les deux autres (conditionnel présent, conditionnel passé) forment un “mode” & part. On peut rendre comple de cette distorsion. Sculs ’imparfait et le plus-que-parfait ont trois fonctions possibles leur est réservée en propre la fonction narrative qui les met en relation avec des formes de perfectif, notamment dans l'expression de la concomi- tance (pour 'imparfait) ou de Pantériorité (pour le plus-que-parfait) La victime était en train de fermer (ou fermait) la fenérre quand le coup partit. A peine te médecin érait-it entré que le malade soupira. lis ont done vocation particuligre & cet apparentement aux formes du perfectif, ce qui a déterminé leur entrée dens lindicatif. Le conditionnel présent et le conditionnel passé, auxquels mangue cette aptitude, n'ont done plus en propre que la fonction transpositrice et la fonction modale ; c'est cette demidre qui a capté ta dénomination et a conduit & en faire un mode. Un mot d'une stupide dénomination de It grammaire scolaire : i est aber- rant de parler de conditionnel passé 2: forme : il s’agit d’un plus-que- parfait du subjonctif, qui a la possibilité d’entrer dans les systtmes conditionnels par si oi il peut certes prendre la place du conditionnel passé, ce qui pourrait & la rigueur autoriser ce nom de “conditionnel passé 2 forine”, si "aptitude qu'il a & prendre également la place du plus-que- parfait de indicaif ne la rendaitentidrement caduque. Pour une logique absolue, il faudrait réunir ensemble les formes de Vimperfectit ; en attendant, il convient de considérer comme sans signifi- cation a classification des formes : le conditionnel n'est pas seulement modal, tout comme limparfait n'est pas seulement temporel, 2] seve 6. LA FONCTION MODALE A cété d’un systtme purement temporel (le perfectif) et d’un systtme aspectuel (I"imperfectif) existe un systme modal, qui, par soustraction, ne comporte plus que l'impératif et le subjonctif. Certes, le systéme imperfectif empiete, comme nous venons de le voir, sur le domaine modal, mais il ne le fait qu’obliquement et sous forme de fonction associée, dans la dépendance des mécanismes de Ia transposition. ‘Aussi devons-nous ici nous intéresser 3 la pure expression modale. revewe | subjonctif est omnimodal et que toute expression de la modalité passe par lui. Ce qui signifie que, des que le contexte ménage les conditions d”une modalisation, on doit avoir recours a lui : il devient done un mode en dépendance, objet de contraintes sémantiques et syntaxiques. Désorm: il suffit de rendre compte de ces contraintes pour expliquer l'emploi du subjonctif. On peut construire le systéme suivant, qui est celui du sub- jonetif en dépendance 6.1 impératif Moccepe une place a part, réservé qu’il est 3 1a seule communication orale et au discours direct. Sa conjugaison le manifeste assez, qui le voue & Vinterpellation du destinataire. Il est vrai que notte systéme s’est adjoint tune curieuse premiére personne du pluriel qui est venu altérer le fonction nement modal, puisqu’elle substitue & expression de l'ordre, celle, margi- nale, de exhortation. En commandant Marchez & ses troupes leur chef Jeur intime bien un ordre, mais I'hymne national, avee Marchons, n'est plus un ordre, mais une décision dans laquelle s'implique celui qui parle. On ne peut envisager que chaque personne de la conjugaison ait une valeur différente : aussi est-il beaucoup plus probable que c'est dans son ensemble que le fonctionnement de Vimpératif se wouve altéré et qu'il nexprime plus qu'une forme mixte d’ordre atténué, d’injonction et dencouragement 2 la fois. Tout cela fait qu'il ne forme pas systéme et se déploie aux marges de la grammaire, plus proche de I’énonciation que des structures de I’énoneé. 1 énoneé (on Ia trouve parfois sous la forme “le ire / le dit”) est celle du message (I'énoncé) opposé a son acte d’émission dans la communication, 6.2 Le subjonctit Il constitue done Ia seule forme authentique d'expression de la modalité du verbe, purement modale, mais aussi seule Tétre. Il en résulte que le 44 type de propos facteur contraignant indépendante intonation exclamative subordonnée. —complétive verbe de la principale —circonstancielle type de subordonnée = relative antécédent 6.3 La concordance des temps En principe le systéme modal du subjonctif n'a pas vocation & exprimer le temps. C'est ce que révele aptitude du présent du subjonctif & exprimer aussi bien le présent que le futur Je souhaite qu'il vienne aujourd'hui a semaine prochaine Cependant, il existe un certain nombre de recommandations qui permettent de passer des autres formes vorbales du systéme & celles du subjonetif, et qui relevent des mécanismes de contrainte qui affectent tout subjonctif, mode dépendant. Les quatre “temps” du subjonctif sont employés relativement au contexte tempore! oi ils se trouvent, selon des lois que l’on nomme “concordance des temps”. Nous disons bien que la concordance concerne ies temps du subjonctif et ze constitue mullement une justification :u mode | 45 al

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