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COURS ETHIQUE PUBLIQUE (STG3, CF3, MCV3, ECOMO3)

MODULE 1 : DEFINITION ET GENERALITES

L’éthique est, indubitablement, la pierre angulaire de l’action publique. Son


enracinement dans la conscience et la pratique des agents publics conditionne le respect et la
confiance que les citoyens accordent à leur administration. Quels que soient le niveau
d’instruction et de développement des peuples ou leur culture administrative et politique,
l’exigence d’une gestion publique rigoureuse, soucieuse du bon usage de l’impôt et de l’intérêt
général, se répand dans le monde en accompagnement de la globalisation de l’information et
de la transparence accrue qu’elle implique. C’est ainsi que l’éthique, en tant que concept, tend
à se diffuser et à être plus fortement visible dans les agendas politiques. Mais sa mise en œuvre
au quotidien demeure difficile. La conciliation entre bonnes intentions, cadre législatif et
pratique effective est au centre du présent ouvrage, issu des 12e Rencontres internationales de
la gestion publique. Il confronte les résultats de recherches scientifiques sur la nature, les causes
et les techniques d’éradication de la corruption, et les témoignages de praticiens issus
d’administrations d’État et d’organisations internationales sur les stratégies globales et
sectorielles de prévention et de lutte contre ce fléau. Une attention particulière est portée aux
marchés publics, qui constituent autant une source de difficultés qu’un élément de solution.
La Nouvelle Gestion Publique consiste à gérer l'Administration « au plus près » d'une
entreprise privée.
Pour cela, elle impose à l'État un objectif de performance et de transparence au profit des
citoyens-usagers-contribuables, comparable à ce qu'une entreprise doit à ses actionnaires,
personnels et clients.
La nouvelle gestion publique implique aussi l'utilisation d'outils nouveaux empruntés au privé
: contrôle interne, audit interne, audit externe, gestion par objectifs, approche par les risques...
sans oublier un important volet de lutte contre la fraude et la corruption.
Les visions que l’on peut avoir de l’entreprise publique sont diverses. Le rôle qui leur
est attribué va au-delà de la simple fonction économique, elle serait désormais un acteur social
engagé. L’éthique apparaît comme un des enjeux, c’est du moins un des discours émergents

1-Définition de «l’éthique» et de «l’éthique dans le Service public»


Le terme « éthique » a pour origine le mot grec êthos, qui a pour signification « mœurs », ou
« coutume », et par extension « l’habitude » ou encore « l’usage ». Ce mot est souvent maladroitement
employé comme synonyme de « morale », les termes pouvant tous deux faire référence à un art de diriger
sa propre conduite.

D’une manière générale, on entend par «éthique» les principes, les normes et les valeurs d’ordre
moral régissant une société ou un groupe social.

L’organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) entend par éthique


«un système de règles qui traduit les idéaux caractéristiques ou l’ethos de l’administration publique dans
la pratique quotidienne». En fonction de la législation et de la tradition administrative, ces règles font
partie intégrante d’une culture d’entreprise implicite ou d’un cadre juridique bien défini.

En se fondant sur le secteur privé, les administrations publiques tentent, depuis quelques années,
de formuler pour leurs agents des règles éthiques, à caractère contraignant.

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Kernaghan définit l’éthique dans le Service public comme un ensemble de «principes et de
normes de comportement correct au sein de l’administration publique».

L’éthique dans le Service public sert à empêcher des délits de fonction qui sont en nette
augmentation. Elle se doit également de rétablir la confiance du public dans l’administration. Par
ailleurs, l’éthique administrative vise une reformulation des règles de conduite en cette époque de
restrictions budgétaires et de réformes administratives. Si autrefois le conflit entre les intérêts privés et
publics était au centre de l’éthique dans l’administration, aujourd’hui, les nouvelles doctrines prennent
également en compte l’insécurité provoquée par la modernisation du Service public. Des normes de
comportement doivent être adaptées à l’élargissement de la marge de manœuvre de l’administration.

2-La transparence

Généralement, “la transparence” implique l’ouverture, la communication et la responsabilité. Il s’agit


d’une extrapolation métaphorique du sens d’un objet “transparent” qui est celui à travers lequel on peut
voir. En ce qui concerne les services du secteur public, cela signifie les titulaires de postes de la fonction
publique doivent être aussi ouverts que possible sur toutes les décisions et les actes qu’ils prennent. Ils
doivent donner les raisons de leurs décisions et ne limiter l’information que lorsque les intérêts du grand
public l’exigent (Chapman, 2000). La transparence radicale en matière de gestion exige que toutes les
prises de décisions soient entreprises publiquement. Tous les projets de documents, tous les arguments
pour ou contre une proposition, la décision relative au processus de prise de décision lui-même, et toutes
les décisions finales, sont prises publiquement et demeurent publiquement archivées. L’article 12 de la
Charte de la fonction publique en Afrique exige que :

“Les décisions administratives devront toujours être prises conformément à des procédures
transparentes, simples et compréhensibles, tout en veillant à la responsabilité.

Toutes les unités administratives devront rendre disponibles toutes les informations nécessaires relatives
aux actes et procédures dans leurs domaines respectifs, ainsi que les informations requises pour évaluer
leurs dirigeants en vue de permettre à ceux qui sont intéressés d’y avoir libre accès.

L’administration devra informer la personne concernée de toute décision prise, relative à l’intéressé afin
de permettre à ce dernier de contester cette décision.

L’administration devra établir ou renforcer les cellules d’accueil et d’information à l’intention


des usagers afin de les aider à avoir accès aux services et à faire consigner leurs opinions, leurs
suggestions ou leurs plaintes. Par conséquent la transparence assure la promotion de la responsabilité
et donne des informations pour les citoyens au sujet de ce que leurs gouvernements et leurs agents sont

entrain de faire.

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3-Le professionnalisme

Dans le contexte du présent cours, le professionnalisme dans la fonction publique est défini
comme étant la valeur supérieure à toutes autres, qui comprend toutes les autres valeurs qui gouvernent
la fonction publique. Elles comprennent la loyauté, la neutralité, la transparence, la diligence, la
ponctualité, l’efficacité, l’impartialité et les autres valeurs qui pourraient être spécifiques à la fonction
publique des pays individuels (UNDESA, 2000). Le professionnalisme dans la fonction publique
implique la notion qu’il devra être inculqué aux personnes qui rejoignent la fonction publique la notion
de valeurs partagées et que ces personnes devront être formées pour acquérir des compétences
fondamentales aux fins de pouvoir accomplir professionnellement leurs fonctions officielles. Ce
principe est conforme aux dispositions de l’article 21 de la Charte pour la fonction publique en Afrique
qui stipule que :

“Le professionnalisme se manifeste dans le comportement des employés de la fonction publique au


travail et dans leurs efforts constants visant à améliorer, à renforcer et à actualiser leurs connaissances,
raffiner les compétences qui sont nécessaires à l’accomplissement de leurs tâches et à l’amélioration de
leur rendement et de leur productivité”.

La raison qui sous-tend le professionnalisme est que les fonctionnaires du secteur public doivent être
neutres, impartiaux, juste, compétents et doivent servir l’intérêt public dans l’exercice de leurs fonctions.
Ils doivent être les personnes en première ligne qui sont rémunérées à leur juste valeur et ayant bénéficié
de la formation appropriée pour assumer leurs fonctions.

Selon Sarji (1995), le professionnalisme, en un sens signifie une culture du travail excellent, et dans un
sens plus trivial, c’est un devoir internalisé de bien faire. Il s’agit d’une sorte d’éthique de la
performance, proche d’un appel noble, par lequel les professionnels sont simplement invités à faire de
leur mieux, parce que tout ce qui serait moindre, serait embarrassant pour eux. C’est une fierté inhérente
à la performance. Il ajoute que le professionnalisme est une adhésion à une série d’attentes normatives
et du comportement, habituellement partie intégrante d’un code d’éthique. Pratiques et comportements
qui sapent les bases de l’éthique, de la responsabilité, de la transparence, de l’intégrité et du
professionnalisme.

Les pratiques et comportements qui sapent les bases des principes sont nombreux, mais cette
présentation mettra l’accent sur les suivants : i. La corruption ; ii. Le conflit d’intérêt ; et iii. Les
malversations en matière de gestion des ressources humaines.

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Module 2 : L’ETAT-LA NATION- LE CITOYEN

I-L’ETAT : définition et caractères

a-Définitions : les auteurs n’arrivent pas à s’entendre sur une définition unique de l’Etat. Duguit
l’analyse comme un fait social, où se distinguent gouvernants et gouvernés. Hauriou définit
l’Etat comme une institution. Selon les internationalistes « L’Etat est une personne morale
titulaire de la souveraineté, qui exerce un pouvoir de contrainte sur une population déterminée,
installée sur un territoire défini ».

b-Caractères : on distingue généralement trois éléments- un pouvoir de contrainte-une


population déterminée-un territoire défini.

*Un pouvoir de contrainte : l’Etat a le pouvoir de fixer les règles juridiques et de les faire
appliquer par la force s’il le faut. Pour ce faire, il dispose de la force publique c’est-à-dire de la
police et de l’armée. Il a le pouvoir de contrainte qui lui permet, et à lui seul de faire exécuter
ses ordres, ses décisions par la force physique s’il en a besoin. L’Etat a le pouvoir de sanctionner
soit directement soit par l’intermédiaire de la justice, les citoyens qui ne respectent pas les règles
juridiques. Il doit maintenir l’ordre public aussi bien à l’intérieur par la police et en veillant au
bon fonctionnement de la justice mais aussi à l’extérieur vis-à-vis des autres Etats par les
affaires étrangères et la défense nationale., NB Il ne peut y avoir dans un Etat de pouvoirs de
contrainte différents de ceux de l’Etat, comme par exemple l’utilisation de la violence par des
individus ou par des groupes terroristes.

*Une population déterminée : le pouvoir de contrainte exercé par l’Etat va s’appliquer à un


groupe humain identifié appelé la population. Cette population a le sentiment d’appartenir à
une même communauté, une même Nation. Le nationalisme et le patriotisme peuvent entraîner
la ségrégation qui consiste à exclure tous ceux qui n’appartiennent pas à la nation. L’accent est
généralement mis sur l’unité de la nation : le fait que les individus vont privilégier leurs
similitudes au détriment de leurs différences. La distinction se fait couramment entre les
nationaux et les étrangers. La population d’un Etat a la nationalité de celui-ci (camerounais,
tchadien, gabonais…).

*Un territoire défini : Pour qu’un Etat soit reconnu, il faut non seulement une autorité exercée
sur une population déterminée, mais un territoire défini. Si l’un de ces éléments fait défaut,
l’Etat n’existe pas. Exemple la Palestine malgré la présence d’une population et d’une
organisation politique n’existe pas tant qu’il ne dispose pas d’un territoire bien précis. Le

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territoire fait référence à un espace terrestre bien délimité. Au-delà des frontières, c’est un autre
Etat qui exerce sa souveraineté. Il est souvent difficile de déterminer avec précision les
frontières. Elles peuvent provenir des situations géographiques (un fleuve délimite la frontière
entre deux Etats par exemple) ou historiques ‘la deuxième guerre mondiale a déterminé le
découpage de l’Allemagne). Les contestations de frontière sont souvent à l’origine des conflits
internationaux voire des guerres mondiales. En dehors de l’espace terrestre la communauté
internationale a reconnu aux Etats le droit à la souveraineté sur le territoire maritime et aérien.
L’espace extra atmosphérique n’est pas susceptible d’appropriation nationale.

II-LA NATION

La Nation : Le mot « nation » vient du latin natio, qui dérive du verbe nascere « naître ». Le terme
latin natio désigne les petits d'une même portée, et signifie aussi « groupe humain de la même
origine ». Natio est utilisé aussi pour désigner un « peuple » ou une « partie d'un peuple ». Dans
les langues romaines, le terme nation est indigène et semble avoir été longtemps utilisé pour
désigner le lieu de naissance, (un territoire). On note aussi une utilisation pour désigner un groupe
de personnes ayant une « souche commune » (nation peut prendre le sens actuel de corporation :
la nation des étudiants ou de commerçants établis dans une ville. La Nation se définit comme un

groupement humain dans lequel les individus se sentent unis les uns aux autres par des liens
matériels (langue, religion, histoire, culture, habitude de vie) et des liens spirituels (une même
volonté d’appartenir à une communauté unique). Il convient de distinguer en ce
sens nation et état. Nation implique une idée de spontanéité, de communauté
d'origine. État implique une idée d'organisation politique et administrative. Une nation peut être
partagée, appartenir à plusieurs états, un état peut comprendre plusieurs nations . Nation désigne
un groupe humain envisagé sous le rapport de la communauté d'origine, de langue; peuple désigne
un groupe humain envisagé du point de vue du gouvernement et des rapports politiques. Ces
familles ainsi réunies en un corps, forment une nation sous le rapport de la communauté d'origine.

III-LE CITOYEN

Définition

La notion de citoyen trouve son origine dans la cité grecque ou romaine. Pour Aristote le citoyen
se définissait par la participation aux fonctions judiciaires et aux fonctions publiques en général.
En droit le citoyen désigne la qualité juridique qui autorise une personne à prendre part à la vie
de l’Etat en jouissant des droits civiques et politiques et en étant assujettie en contre partie à
certaines obligations telles que le vote obligatoire. En règle générale, le citoyen est réservé par
l’Etat à ses nationaux qui, membre de la cité participent au gouvernement de la cité. Est citoyen

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toute personne ayant la nationalité d’un Etat. La citoyenneté est un statut susceptible de conférer
des droits et des devoirs.

Les droits et les devoirs du citoyen camerounais


Tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits
inaliénables. Sur le territoire de la République, ces droits sont garantis à chacun et chacun a le
devoir de les respecter. A la qualité de citoyen camerounais s’attachent en outre des droits et
devoirs particuliers, tels que le droit de participer à l’élection des représentants du peuple et le
devoir de concourir à la défense nationale. Tout citoyen camerounais âgé de dix-huit ans et
jouissant de ses droits civiques est électeur. Chaque citoyen ayant la qualité d’électeur peut faire
acte de candidature dans les conditions prévues par la loi. Voter est un droit, c’est aussi un
devoir civique.

Module 3 : SERVICES PUBLICS-BIENS PUBLICS- BIENS COLLECTIFS

I- SERVICES PUBLICS

LES SERVICES PUBLICS Une activité constitue un service public quand elle est assurée ou
assumée par une personne publique en vue d’un intérêt général.

*Modes de gestion des services publics

Les trois grandes modes classiques de gestion des services publics sont : la régie,
l’établissement public et la concession de service public. Les deux premiers constituent des
modes de gestion par des organes eux-mêmes publics au contraire de la concession, la gestion
de service public est confiée à une personne privée.

La régie : Une régie est une entreprise dans laquelle l'État joue le rôle d'un entrepreneur
privé. C'est dire qu'il fournit les capitaux, assure la gestion, supporte les pertes ou encore
s'attribue les bénéfices. Dans certaines cas, la collectivité compétente assure avec son propre
personnel la gestion du service (transports, cantine, piscine, etc.). Elle procède à l'ensemble
des dépenses et à leur facturation à l'usager.

L’établissement public : est un mode de gestion des services publics caractérisé par le fait que
le service tout en étant confié à un organisme public reçoit une certaine autonomie sous forme
de la personnalité morale. Les universités, les lycées et les hôpitaux sont par exemple des
établissements publics.

La concession de service public : Mais une concession est une entreprise dans laquelle l'État
concède à un particulier le pouvoir d'exploiter une activité dans les conditions spécifiques.

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. La théorie de la concession du service public tourne autour de deux idées en apparence
contradictoire qu’elle vise à concilier.

-Quoi concédé ? Le service reste un service public c’est l’idée dominante. Elle entraître
l’ensemble des règles normalement liées à la notion de régime général du service public.

-Le gérant du service public est ici un particulier qui n’accepte de gérer le service que s’il trouve
son intérêt spécialement pécuniaire.

Les clauses de la convention entre l’administration et le concessionnaire sont contenues dans


un document : le cahier de charge.

*Principes du service public

Principe de mutabilité : il signifie en effet que le régime des services publics doit pouvoir
être adapté chaque fois qu’il le faut à l’évolution des besoins collectifs et aux exigences de
l’intérêt général. Il impose qu’il n’y ait pas d’obstacles juridiques aux mutations à réaliser. Les
usagers du service n’ont pas de choix qu’ils pourraient opposer aux modifications de son régime
(paiement des frais de l’hôpital, péage de la route). De ce qui précède on peut retenir que les
usagers ont droit au « fonctionnement normal du service » qui doit être assuré conformément
aux règles qui le régissent tant qu’elles n’ont pas été modifiées. Les modifications décidées ne
peuvent avoir légalement effet que pour l’avenir. Elles ne sauraient rétroagir. Exemple :
redevances perçues sur les usagers CRTV et CF.

Principe d’égalité : Implique la neutralité du service public. Cela implique et impose le respect
des « situations appréciables ». Si elles sont prises en considération c’est de façon que des
« situations différentes soient réglées de façon différentes ». la neutralité du service public
interdit qu’il soit assuré de façon différenciée en fonction des convictions politiques ou
religieuses de son personnel ou de celles des usagers du service. Le principe d’égalité impose
l’égalité d’accès aux emplois publics sans discrimination en raison particulièrement des
opinions politiques du candidat, égalité de traitement des fonctionnaires d’un même corps.

Principe de continuité : signifie fonctionnement régulier des services sans interruption autre
que celle prévue par la réglementation en vigueur (continuité n’est pas permanence).

La reconnaissance du droit de grève des agents des services publics par la constitution a porté
un coup très rude au principe de continuité.

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Gratuité des services publics : des dispositions législatives peuvent imposer ou exclure cette
gratuité, de façon plus ou moins absolue. Exemple gratuité de l’enseignement primaire public.

II- BIENS PUBLICS

Un bien public est un bien que chaque individu peut consommer. Un bien est dit public
lorsqu'il répond à deux critères : la non-rivalité et la non-exclusion. La non-rivalité d'un bien
signifie que sa consommation par un individu ne prive pas un autre individu de le consommer
de la même manière. Tel est le cas par exemple des réverbères dans la rue qui permettent
d'éclairer tous les individus.

La non-exclusion désigne le fait qu'une personne ne peut en aucun cas être privée de
consommer ce bien. La consommation d'un bien public ne peut pas être individualisée, il est
impossible d'en tarifer l'usage. La majorité des biens publics sont nécessaires au
fonctionnement de la société. La notion de bien public mondial est apparue pour qualifie r les
biens publics très étendus, tels que la biodiversité, le réseau internet.

 non rival : cela signifie que la consommation de ce bien par un usager


n'entraîne aucune réduction de la consommation d'autres usagers (le bien n'est
pas appropriable : il ne peut pas appartenir à une personne en propre) ;
 non-exclusif : il est impossible d'exclure quiconque de la consommation de ce
bien ; il est, par conséquent, impossible de faire payer l'usage de ce bien (on
dit aussi que l'offre est indivisible).

Comme exemple de bien public, on peut citer l'éclairage public. Tout d'abord,
l'éclairage public n'appartient à personne en propre. Lorsqu'une rue est éclairée, on
ne peut pas acheter des portions de lumière uniquement pour le trottoir de sa maison.
L'éclairage public est non rival. On ne peut pas se l'approprier aussi facilement que
lorsqu'on s'achète une voiture ou un livre. Ensuite l'éclairage public est non exclusif.
Si on paie pour éclairer sa rue, on ne peut pas empêcher son voisin d'en profiter,
même s'il ne paye pas ses impôts.

Par exemple, une émission de radio est un bien public. C'est un bien non-rival au sens où
lorsqu'un agent écoute une émission de radio, il n'empêche aucun autre agent de l'écouter.
C'est un bien non-excluable au sens où avec les technologies des ondes radio ne permet pas de
restreindre l'accès à ce bien à ceux qui le financeraient.

« Le Bien Collectif est un bien à consommation indivisible c’est-à-dire que c’est un bien dont
la quantité disponible est entièrement consommée par chacun des agents économiques
membre de la collectivité ». Cette définition conduit à introduire une distinction entre
l’indivisibilité de l’offre et l’indivisibilité d’usage. Un pont est indivisible du point de vue
l’offre, mais il est divisible du point de vue de l’usage et on peut donc pratiquer l’exclusion
par les prix (cas du viaduc). Par contre une émission de télévision non cryptée est indivisible à
la fois du point de vue de l’offre et du point de vue de l’usage.

Les biens communs (« common goods ») sont les biens rivaux mais non exclusifs. Il
s'agit par exemple des stocks de poissons, des forêts ou du service national de

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santé ou de l'éducation. Ce type de bien s'épuise quand il est consommé (rivalité),
mais on ne peut en restreindre aisément l'accès (non exclusivité).

Les biens de club sont des biens qui sont non rivaux, mais excluables par les prix. Un premier
exemple vient à l’esprit, celui d’une séance de cinéma. Dans la limite de la taille de la salle,
c’est un bien non rival (indivisibilité d’usage) et l’entrée d’un nouveau spectateur dans une salle
en partie vide où la projection doit avoir lieu a un coût marginal nul (ou négligeable).
Cependant, les normes sociales admises ainsi que les possibilités techniques (contrôle de
l’entrée) conduisent à la mise en place d’une exclusion par les prix. Cela s’applique à la plupart
des spectacles, mais aussi à des équipements sportifs (terrains de golf, club de tennis, etc.).

Module 4 : DIGNITE HUMAINE ET DROIT DE L’HOMME

Le Dictionnaire Larousse définit la liberté comme l’état d’une personne libre, non contrainte
– possibilité de penser, d’agir, de s’exprimer selon ses propres choix – indépendance d’un
peuple. Les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en droits. La liberté consiste à
pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.

I Les principales libertés


A-La liberté d’aller et venir
Tout homme a le droit de se fixer en tout lieu et de se déplacer librement sous réserve des
prescriptions relatives à l’ordre, à la sécurité et à la tranquillité publique. Elle comprend la
liberté de mouvement et la liberté de séjour.
1-La liberté de mouvement
La liberté dont il est question renvoie à la circulation à l’intérieur des Etats et à la liberté
de mouvement d’un Etat à l’autre. La circulation à l’intérieur des Etats, bien que libre, peut être
soumise au contrôle d’identité au niveau des barrières de police ou de gendarmerie. Ce sont là
des restrictions à la liberté d’aller et de venir qui sont fixées pour des raisons de sécurité
intérieure, d’ordre public et même de santé publique. La liberté de mouvement d’un Etat à
l’autre se compose en droit de quitter et de revenir dans son propre pays et en la possibilité
d’entrer dans un pays étranger. En se fondant sur la souveraineté des Etats, l’entrée dans un
pays étranger est par définition limitée. Il suit de là que le séjour dans un pays étranger ne sera
pas toujours facile.
2-la liberté de séjour
En principe, le séjour à l’étranger est soumis à l’autorisation préalable de l’Etat
d’accueil. Le citoyen devra se munir du titre l’y autorisant lequel titre peut être de courte, de
moyenne, ou de longue durée. La convention de Genève du 28 juillet 1951 accorde un régime
particulier aux réfugiés « tout Etat contractant accordera aux réfugiés se trouvant régulièrement
sur son territoire le droit d’y choisir leur lieu de résidence et d’y circuler librement sous les
réserves instituées par la réglementation applicable aux étrangers en général dans les mêmes

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circonstances ». L’expiration de la période de séjour autorisée, met fin au séjour et l’étranger
doit quitter le territoire de l’Etat hôte. Il faut signaler que dans un espace communautaire, la
liberté de séjour est plus poussée pour les citoyens de la communauté. C’est ce qui devrait être
le cas dans l’espace CEMAC. Le camerounais, le centrafricain, le congolais, l’équato-guinées,
la gabonais et le tchadien devrait séjourner dans tous les pays de la CEMAC sans trop de
tracasseries. On doit donc regretter l’attitude égoïste de certains Etats de la sous-région qui
refusent d’appliquer les dispositions communautaires, érigent de ce fait des obstacles au
développement harmonieux de la communauté.

B-La liberté d’opinion


Le préambule de la constitution du Cameroun prévoit la liberté d’opinion : « Nul ne peut
être inquiété en raison de ses origines de ses opinions ou croyances en matière religieuse,
philosophique ou politique sous réserve de l’ordre public et des bonnes mœurs ». la liberté
d’opinion sera plus respectée et garantie si on se trouve dans un Etat libéral encore qualifié
d’ouvert. Tel ne sera pas le cas si on est dans un Etat autoritaire ou dans un Etat totalitaire (dans
Etat totalitaire, l’Etat est au service d’une idéologie. Il existe une foi officielle. Les doctrines
ou attitudes intellectuelles non conformes sont totalement proscrites. Dans l’Etat autoritaire, il
n’existe pas de liberté d’opinion véritable. Mais l’Etat ne repose pas sur un principe religieux
ou idéologique. L’Etat confisque le jeu politique à son seul profit en refusant à ses adversaires
le droit et la possibilité de s’exprimer. Dans l’Etat autoritaire, on n’impose pas une idéologie.
On impose le silence. On comprend donc que l’Etat doit s’impliquer pour que les citoyens
puissent jouir de leur liberté. Il le fera bien à travers le principe de neutralité, une neutralité qui
peut être positive (l’Etat doit intervenir pour protéger la liberté d’opinion) ou négative (le
service public ne doit faire aucune différence entre les usagers en se fondant sur leurs croyances,
leurs opinions ou leur origine ethnique. Allant dans le même sens, on peut se poser la question
de savoir si le fonctionnaire doit faire preuve de discrétion dans l’expression de ses opinions. Il
est généralement admis que le fonctionnaire doit respecter le principe de neutralité du service
public. Par ailleurs, tout fonctionnaire est tenu à une obligation de discrétion sur tout ce qu’il
peut apprendre dans l’exercice de ses fonctions. Il suit de là que si le fonctionnaire peut
exprimer librement ses opinions, il doit cependant veiller à ce que cette expression ne gêne pas
le fonctionnement normal du service public. En d’autres termes, en gardant le sens de la mesure,
le fonctionnaire peut librement adhérer à un parti politique.
C-La liberté de foi ou de conscience
Le Cameroun a choisi le régime de la séparation tolérante de l’Etat et des religions.
Autrement dit l’Etat camerounais est laïc car, il ne reconnaît particulièrement aucune religion.
Il les tolère toutes.
La neutralité religieuse de l’Etat s’exprime essentiellement par l’obligation qui est
faite à la puissance publique de ne financer aucun culte. Il n’ya pas de religion d’Etat, encore
moins de religion officielle. L’Etat et les religions sont et demeurent distincts. Le principe est
celui de la liberté totale de culte. Mais pour des raisons d’ordre public, une police doit
nécessairement s’exercer. Si la foi élève l’homme vers ce qu’il croit lui être supérieur et
absolu, la question se pose de savoir si l’Etat doit laisser prospérer les sectes. Débordements
de la liberté religieuse, les sectes posent des difficultés particulières aux pouvoirs publics et
aux grandes religions. N’étant pas juridiquement encadrées, les sectes ont en principe le statut

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de religion. En effet, les sectes réunissent généralement en elles les deux critères qui font une
religion : le critère subjectif c’est-à-dire la foi en un être ou une force supérieure, et le critère
objectif, c’est-à-dire l’insertion de l’individu dans une communauté de croyance. Mais dans la
pratique, leur liberté de culte connait d’importantes restrictions. Cela s’explique parce que les
sectes de temps en temps causent des troubles à l’ordre public.
L’Etat doit prévenir ou le cas échéance, limiter les débordements de la liberté
religieuse afin d’éviter l’éclatement de la société en bastions d’intolérance confessionnelle.
D-Les limites ou restrictions de la liberté
– La liberté d’expression : ai-je le droit de tout dire ? Insulte, reproche, mépris, humiliation…
Quelles sont les limites à ma liberté d’expression ?
La liberté de circulation : ai-je le droit d’aller dans un endroit dangereux ? Si oui, ai-je intérêt
à la faire ?
La liberté de la presse : les journaux peuvent-ils parler de tous les sujets ?
La liberté de culte : A-t-on le droit de pratiquer toutes les religions ? Quelles sont les religions
présentes en Cameroun ?
II-les droits de l’homme
Ce sont les droits qui permettent aux individus de s’épanouir, ou encore de réaliser
leur destinée personnelle
A-Le droit au respect de la personnalité
Il s’agit de mener une réflexion sur le droit à la vie, le droit de disposer son propre corps, le
droit à la différence et le droit au respect de l’intégrité physique
1- le droit à la vie
Le préambule de la constitution du Cameroun ne dit pas autre chose que la déclaration
Universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948 : « toute personne a droit à la vie »,
ce droit ne peut être assuré que si l’Etat crée des conditions nécessaires à la garantie de la
sécurité des personnes et garantit le droit à une vie décente.
2- le droit de disposer son propre corps
Cela soulève de nouvelles questions éthiques, mais aussi la reconnaissance de nouvelles libertés
en ce qui concerne aussi bien l’accueil de la vie que l’interruption de la vie. Pour ce qui est de
l’accueil de la vie ou du don de la vie, ou encore du droit à la vie. Il se présente sous deux
aspects : le droit de vivre et le droit de donner la vie, lequel a connu en quelques années, de
rapides et spectaculaires développements en raison des progrès accomplis dans le domaine de
la procréation médicalement assistée. Deux techniques permettent désormais de répondre à la
demande de personnes qui désirent un enfant hors des relations sexuelles : l’insémination
artificielle et la fécondation in vitro. (L’insémination artificielle de la femme est pratiquée à
l’aide du sperme du conjoint ou du concubin et là c’est l’insémination intraconjugale.
L’insémination peut aussi se faire à l’aide du sperme d’un donneur et là on parle d’insémination
avec donneur. Ce dernier cas soulève de nombreux problèmes juridiques. Quant à la
fécondation in vitro, elle s’effectue, comme son nom l’indique, hors de l’utérus avec transfert
d’embryons. Cette technique soulève le problème du statut juridique de l’embryo n).

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Quant à l’interruption de la vie, elle pose la question du suicide, celle de l’interruption
volontaire de grossesse et celle de l’euthanasie.
3- droit à la différence
4- le droit au respect de l’intégrité physique
B-Le droit de propriété
C-Le droit à l’instruction
D-Les droits liés au suffrage
Le respect dû à la personne interdit toute atteinte à sa dignité. Le corps humain est inviolable.
Nul ne peut être inquiété pour ses opinions pourvu que leur manifestation ne trouble pas
l’ordre public. Tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus
de cette liberté dans les cas prévus par la loi.

MODULE 5 : EGALITE, JUSTICE ET EQUITE

I-Egalité

C’est à la fois le principe fondamental du service public et l’une des valeurs de la République.
Les services publics sont le principal instrument de ce principe et l’égalité d’accès aux services
publics est déterminante pour l’accomplissement de cette “mission”.

« {Le principe d’égalité implique qu’aucune distinction ne soit faite entre usagers quant à
l’accès au service public comme au service rendu lui-même. Chacun doit être à même de
bénéficier des prestations du service public sans se trouver en position d’infériorité en raison
de sa condition sociale, de son handicap, de sa résidence, ou de tout autre motif tenant à sa
situation personnelle ou à celle du groupe social dont il fait partie.

Mais égalité des droits ne veut pas dire uniformité de la prestation. Le principe d’égalité d’accès et de
traitement n’interdit pas de différencier les modes d’action du service public afin de lutter contre les
inégalités économiques et sociales. Les réponses aux besoins peuvent être différenciées dans l’espace et
dans le temps et doivent l’être en fonction de la diversité des situations des usagers». On ne peut pas
confondre l'égalité avec l'uniformité. C'est pour ça que des situations semblables doivent être
traitées dans la même façon. Alors, il n'y a pas d'obstacle à ce que des situations différentes
soient traitées de façon différente. II. Le principe d'égalité régit le fonctionnement des services
publics Le principe d'égalité doit tenir compte du fait si les personnes sont placées dans des
situations analogues ou différentes Tous les usagers se trouvant placés dans une situation
identique doivent être régis par les mêmes règles Le principe impose de traiter de façon égale
ceux qui se trouvent dans les situations semblables.

1-Application de principe de l'égalité .


Le principe peut être bénéfique pour les usagers des services publics, qui doivent être traitées
de manière égale mais aussi par les agents des services publics eux-mêmes, il s'agit ici de
l'égalité d'accès aux emplois publics. Chaque citoyen a droit que son cas soit traité dans la même
façon et dans les mêmes conditions que les autres cas semblables. D'un autre côté, il s'agit ici

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de la possibilité réelle de l'accès de l'usager aux services. On peut parler dans cette place de
principe de la neutralité qui impose la neutralité de service public par rapport aux citoyens
quelles que soient leur religion, croyances politiques, etc. Ce principe doit être particulièrement
respecté dans l'enseignement.

La portée du principe quant aux agents des services publics. Il s'agit ici de l'égalité d'accès aux
emplois publics et ce principe interdit toute discrimination. On ne peut pas discriminer les gens
pour des raisons politiques, religieuses. Il impose ensuite, l'égalité de traitement des
fonctionnaires du même corps interdit toute discrimination politique au lieu de travail. L'égalité
entre femme et homme est aussi très importante quant à l'accès aux fonctions publiques. Le
principe s'applique tel aux usagers qu'aux agents des services publics.

Le principe d'égalité ne s'oppose ni à ce que le législateur règle de façon différente des situations
différentes, ni à ce qu'il déroge à l'égalité pour des raisons d'intérêt général, pourvu que, dans
l'un et l'autre cas, la différence de traitement qui en résulte soit en rapport avec l'objet de la loi
qui l'établit.

2-. Egalité de quoi ?

On distingue égalité des droits, égalité de tous les citoyens devant la loi (même droits pour
tous).
Egalité des chances : Au sens large : possibilité pour tous d'accéder à n'importe quelle position
sociale / Au sens strict : même probabilité pour tous d'accéder à n'importe quelle position
sociale. Ce qui implique que la mobilité sociale soit possible.
Egalité des situations : Egalité réelle des individus.

II-Egalité et Equité
Montrer que l’égalité ne s’oppose pas à l’équité. Dans nos sociétés, les inégalités sociales sont
dites justes et sont jugées acceptables si elles découlent de qualités individuelles telles que
l’effort fourni ou le talent et non de facteurs hérités à savoir, le sexe ou l’origine sociale. La
croyance en un monde juste c’est croire en des inégalités justes et par conséquent à faire
intérioriser le principe suivant : chacun a qu’il mérite
.
La méritocratie a pour fondement l'égalité des chances, la liberté Individuelle et la
reconnaissance de la "réussite"
.
La Méritocratie est un système politique, social et économique où les Privilèges et le pouvoir
sont obtenus par le mérite. Celui-ci est basé sur la reconnaissance de la valeur par les diplômes,
l'expérience, les qualités, les vertus
L’équité peut conduire à une conception plus exigeante de l’égalité mais pas à renoncer à
l’égalité. L’égalité est un fait, on peut la mesurer. Le critère d’équité correspond à la recherche
de quelque chose que l’on considère comme juste.
L’équité, ce n’est pas renoncer à l’égalité. Au contraire, c’est mettre en œuvre les Moyens
d’assurer la dimension de l’égalité que l’on juge essentielle. Tout le monde n’a pas la même
appréhension de ce qui est équitable :
on peut considérer équitable de modifier la répartition des richesses, afin de donner davantage
aux ménages les plus modestes pour aller vers une plus grande égalité des revenus,

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-on peut aussi juger nécessaire de donner beaucoup plus de moyens à ceux qui sont victimes de
handicaps pour qu’ils parviennent à exploiter leurs aptitudes et à réaliser leurs projets,
-on peut aussi considérer que l’équité doit porter sur les conditions de la compétition pour
accéder aux différentes positions sociales, et non sur les revenus. Dans ce cadre, les internats
d’excellence peuvent répondre à un principe d’équité.

Le principe d’équité : ce principe affirme que l’égalité est proportionnelle et, à situations
différentes, traitements différents. L’équité est une notion difficile à définir. Elle est néanmoins
communément perçue comme un correctif permettant de pallier les insuffisances de la loi et
visant à faciliter le traitement des cas particuliers. Elle véhicule l’idée selon laquelle il est
nécessaire de dépasser la généralité de la règle de droit et d’attribuer à chacun ce qui lui est dû,
en référence à un principe de justice naturelle. L’équité s’intègre dans le droit positif dans un
rapport dual avec le principe d’égalité. Elle assure une fonction de complément à ce principe
sous une forme généralement implicite et empreinte de subjectivité

III-Neutralité
La Charte des services publics introduit un principe de neutralité : « Corollaire du principe
d’égalité, la neutralité garantit le libre accès de tous aux services publics sans discrimination.
Intimement liée à la nature de l’État républicain, à son rôle de gardien des valeurs républicaines,
la neutralité doit s’inscrire dans l’activité quotidienne des services publics. Elle implique la
laïcité de l’État, l’impartialité des agents publics et l’interdiction de toute discrimination fondée
sur les convictions politiques, philosophiques, religieuses, syndicales ou tenant à l’origine
sociale, au sexe, à l’état de santé, au handicap ou à l’origine ethnique. Tout usager dispose donc
des mêmes droits face à l’administration et les procédures doivent être garantes de son
impartialité »

Les partisans de l'équité, par opposition à l'égalité, ont notamment comme référence un
professeur américain, le professeur Rawls, selon lequel il convient de distinguer parmi les
inégalités celles qui sont justes de celles qui sont injustes. Seules seraient justifiées les inégalités
profitant aux plus défavorisés et n'affectant pas les droits fondamentaux. Mais de quel type
d'inégalités peut-il s'agir ? D'une inégalité vis-à-vis du droit. Il faut pouvoir déroger au droit
pour peu que cette dérogation bénéficie aux plus défavorisés.

 l’équité territoriale, correspondant au « principe de liberté », dans laquelle la société


doit garantir partout les droits d’accès aux emplois, biens et services ;
 l’équité horizontale, correspondant au « principe d’égalité des chances », qui relève de
l’égalité de traitement entre usagers et notamment du principe usager-payeur ;
 l’équité verticale, correspondant au « principe de différence », qui prend en compte
explicitement les inégalités sociales et leurs conséquences en matière de transport.

IV- La Justice
«Le terme de justice s'entend en différents sens, car si la justice, en tant qu'observation des lois,
est universelle, considérée comme ce qui régit les partages ou les échanges de biens, elle est
dans ce cas une justice particulière. Et c'est pourquoi Aristote distingue trois types de justice.
Le premier est celui de la justice réparative ou de redressement. Indifférente aux mérites des
personnes, elle régit les transactions en considérant les parties comme égales et sans prêter
attention au fait, par exemple, que c'est un homme bon qui aurait fait du tort à un homme

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mauvais. Le juge a ici pour fonction uniquement de réparer les préjudices causés.la justice
corrective consiste à agir sur la répartition existante des situations au nom d’une norme morale
ou politique (exemple: si on se place du point de vue de la justice corrective, une politique de
redistribution des revenus primaires par le biais des revenus de transfert notamment peut être
considérée comme une politique« juste » car il s’agit de réduire les inégalités de revenus
considérées alors comme « injustes » car déterminées dans une grande mesure par l’origine
sociale).l’égalité des chances l’égalité des situations

Le second type de justice [commutative] est celui de l'échange. Cette justice d'échange préside
aux relations commerciales et repose sur l'institution et l'usage de la monnaie, dont la fonction
principale est de rendre égales des choses originellement inégales afin de fonder la possibilité
de l'échange qui repose, on l'a deviné, sur la justice de la transaction.la justice commutative
est fondée sur un principe arithmétique d’équivalence qui est à la base des échanges : chaque
individu contractant doit retirer le même avantage que les autres ;

Le troisième type de justice est celui de la justice distributive qui s'exprime dans l'élaboration
d'une proportion et qui s'occupe de déterminer, entre les personnes, le partage des biens
proportionnellement à leur mérite».la justice distributive correspond à une égalité
proportionnelle selon laquelle les richesses et les charges se répartissent selon les compétences
de chacun (effort et mérite) : « A chacun selon ses mérites et ses efforts ».

Module 6 : LA DISCRIMINATION

I- Définition des notions de ‘discrimination’ et de


‘stigmatisation’

A- définition
-La discrimination

Le mot ‘discrimination’ vient du latin discriminare, qui signifie ‘faire une


distinction’. Ainsi, exercer une discrimination sociale signifie qu’on fait une
distinction entre les personnes en fonction de la classe ou de la catégorie sans tenir
compte du mérite individuel, ce qui constitue une atteinte à la théorie éthique de
l’égalitarisme fondée sur l’égalité sociale. On parle de discrimination ségrégation,
exclusion dans l’emploi quand une personne est traitée de manière défavorable
par rapport à une autre personne, dans une situation comparable et pour une raison
interdite. Lorsque le législateur évoque le mot de discrimination, c’est pour
signifier « le fait de séparer un groupe social des autres en le traitant plus mal »
(Dictionnaire Robert). Elle est associée à l’idée d’un préjudice que les individus,
seuls ou en groupe, subiraient en raison de la couleur de leur peau ou du fait de

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leur sexe. Les gens sont majoritairement droitiers, donc on écrit de gauche à
droite. Cette convention pénalise et cause préjudice à tous les gauchers.
Les critères de discrimination prohibés sont : l’origine, le sexe, l’appartenance ou
la non appartenance, vraie ou supposée à une ethnie, une nation ou une race, les
opinions politiques, les convictions religieuses, l’apparence physique, l’Etat de
santé, le handicap, l’état de grossesse, la situation de familles.

Il y a discrimination directe si le refus d’embaucher est motivé par des critères


discriminatoires comme la couleur de la peau, l’âge, le sexe ou l’origine ethnique.

La discrimination indirecte se produit lors que le refus d’embaucher est justifié par un critère,
une pratique apparemment neutre, comme par exemple fixer entre 28 et 32 ans l’âge limite de
repérage des cadres à haut potentiel. En effet à cet âge-là qu’elles mettent momentanément leur
carrière entre parenthèses pour élever leurs enfants.

Pourtant la discrimination est un délit puni par la loi. Toute personne qui s’estime victime d’une
discrimination peut porter plainte au procureur de la république, commissariat de police,
gendarmerie. L’entreprise peut être condamnée comme personne morale, ainsi que l’ensemble
des personnes physiques ayant participé à l’acte discriminatoire même de manière non
intentionnelle.

-La stigmatisation

Selon l’Encyclopaedia Britannica, la ‘stigmatisation’ est un processus consistant


à discréditer un individu qui est considéré comme ‘anormal’ ou ‘déviant’. Celui-
ci est réduit à cette unique caractéristique aux yeux ou dans l’opinion d’autres
personnes pour lesquelles cette ‘étiquette’ justifie une série de discriminations
sociales et même l’exclusion. Au plan social, la stigmatisation se traduit par un
certain nombre de comportements négatifs envers les personnes stigmatisées,
comportements qui peuvent aboutir à une véritable discrimination en ce qui
concerne, par exemple, l’accès à des services sociaux tels que les soins de santé
et l’éducation, l’emploi et l’avancement professionnel, le niveau des revenus et la
vie familiale

B-L’analyse des différences de salaire une discrimination?

Est-on sûr que toutes les différences observées dans certaines situations correspondent à une
expression des préférences d’un groupe à l’encontre d’un autre — c’est-à-dire à une
discrimination ?

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On peut aisément illustrer ce point par l’exemple des différences de salaires selon le sexe ou
la race.
Les salaires et les revenus peuvent varier selon : 1. la localisation, la profession ou les
caractéristiques de l’emploi occupé (risqué ou non) ; 2. Le type de marché sur lequel la firme
exerce ses talents (exposé à la concurrence ou non) ; 3. La nature du contrat de travail (salaire
aux pièces ou mensuel) ; 4. L’absence ou la présence d’un syndicat. Ils varient aussi avec les
caractéristiques individuelles : 5. l’âge ou l’expérience ; 6. le niveau d’éducation ; 7. le sexe ;
8. la race ; 9. la religion ; 10.la nationalité d’origine ; 11.le statut matrimonial, etc. Pour
éliminer les effets consécutifs à la localisation, à la profession
Imaginons que l’homme et la femme aient le même âge, le même niveau d’éducation et la
même expérience. Admettons aussi que l’on observe encore une différence de salaire. Cette
différence peut-elle être imputée à une discrimination ? Non, pas encore. Il y a à cela une raison
: le recrutement de quelqu’un présente des coûts fixes. Il faut prospecter et trouver la personne,
l’embaucher et la former au savoir-faire propre à l’entreprise. Embaucher un homme ou une
femme, c’est finalement un investissement pour l’employeur. Il sacrifie des ressources pour
embaucher et former ses employés, dans l’espoir d’en tirer un bénéfice plus tard. Ce qui compte
pour l’employeur, c’est la valeur capitalisée de la productivité de l’homme et de la femme et
non leur productivité courante. Or, si l’employeur anticipe que la femme va interrompre sa
carrière professionnelle pour élever ses enfants, l’investissement qu’il a fait dans la femme,
comparativement à l’homme, risque de ne pas être récupéré ou de ne pas être rentable. Pour
éviter ce risque, il rémunère la femme à un salaire moindre. Ou, plus précisément, pour être
embauchée, la femme devra accepter un salaire inférieur. Les femmes mariées qui élèvent des
enfants tout en exerçant une activité professionnelle ont une double charge. Elles sont plus
souvent absentes. L’employeur prend en compte, de la même manière, ces pertes de
productivité et se couvre aussi contre ce risque. Cela est tellement vrai que les femmes
célibataires d’un certain âge obtiennent un salaire comparable à celui des hommes célibataires
du même âge. Le statut matrimonial joue un rôle très important non seulement à l’égard de la
productivité, mais aussi à l’égard de la mobilité. Une femme mariée n’est pas aussi mobile
qu’une femme célibataire.
Admettons, cependant, qu’il existe entre deux individus une différence de salaires que l’on
n’arrive pas à attribuer à autre chose qu’à des différences de goûts. Cela ne veut pas dire, pour
autant, que cette discrimination soit le seul fait de l’employeur. C’est une chose que l’on oublie
trop vite. Par exemple, dans les établissements de plaisirs, les clients peuvent vouloir être servis
par des femmes (ou des Blancs) et non par des hommes (ou des gens de couleur). Si les clients
préfèrent être servis par des femmes (ou des Blancs), les hommes qui sont employés dans cette
entreprise recevront un salaire moindre ou devront être plus qualifiés que les femmes, parce
qu’il en coûte au patron d’embaucher du personnel non désiré par ses clients ! Non seulement
des clients peuvent exprimer des préférences vis-à-vis de certains employés, mais les employés
eux-mêmes peuvent préférer travailler avec des gens auxquels ils ressemblent. Les hommes,
dans la police ou l’armée, supportent mal d’être commandés par des femmes. Ce qui est vrai de
ces professions est vrai de n’importe quelle profession où les hommes (ou les Blancs) quittent
leurs emplois si leurs préférences pour travailler avec un tel ou un tel ne sont pas satisfaites.
Les employeurs, s’ils veulent les retenir, sont incités à les payer davantage.

II- Discrimination pression concurrentielle et intervention de l’Etat

La rivalité et la compétition entre employeurs empêchent que la discrimination soit un


phénomène durable. Un employeur, par exemple, n’aime pas les femmes, et encore moins les
Noirs. Il ne veut pas les embaucher dans son entreprise. Ces deux groupes, pour obtenir un
emploi, devront être moins exigeants sur les salaires que les autres travailleurs. S’ils sont

17
embauchés, leurs salaires seront donc plus bas, à productivité identique, que celui des autres
salariés, hommes. Mais si les discriminés acceptent de travailler avec la même productivité que
les non-discriminés, le profit dégagé avec les femmes et les Noirs est plus élevé. Pourquoi alors
perdre de l’argent à embaucher des hommes et des Blancs que l’on rémunère à un salaire plus
élevé ? En embauchant des femmes et des Noirs, l’entreprise diminuerait ses coûts salariaux,
pourrait faire des prix plus bas, prendrait des parts de marché et augmenterait ses profits.
Discriminer signifie donc une chose simple pour l’employeur : se priver de profit. Peut-il, à
long terme, accepter de perdre de l’argent systématiquement pour satisfaire ses goûts ? Dans
une situation de compétition et de rivalité, de telles préférences ne peuvent se maintenir. Les
concurrents qui ne discriminent pas rémunèrent leurs employés au taux de salaire que les
femmes et les Noirs sont prêts à accepter pour travailler. Ces firmes ont des coûts
moindres et font des prix plus bas. Si l’employeur qui discrimine maintient sa politique, il
finira par être éliminé par ses concurrents. La sanction peut venir également des actionnaires.
Ceux-ci sont intéressés au profit de la firme, non aux objectifs propres des gérants. Ils peuvent
sanctionner ce comportement en changeant de gérant. Si les profits moindres ont pour seule
source la discrimination qu’exercent les gérants à l’encontre de certains employés, d’autres
actionnaires peuvent voir là une occasion de profit : ils pratiqueront une OPA et remplaceront
l’équipe dirigeante par des gens plus soucieux de maximiser les profits. La discrimination par
l’employeur ne peut durer dans un environnement compétitif. En revanche, dans une situation
où la firme est protégée de la concurrence, parce qu’elle bénéficie d’un monopole. Mais
comment une telle situation de monopole peut-elle exister sans l’intervention de l’État ?

L’âge, et parfois sur des critères politiques ou religieux, comme dans l’enseignement.
En fait, une discrimination de la part des employeurs ne peut être durable à long terme que si
l’État, d’une façon ou d’une autre, offre aux firmes déjà installées sur le marché des privilèges
leur permettant de se protéger contre des entrants potentiels. En l’absence de ces protections,
les groupes qui sont discriminés ont un avantage comparatif sur le marché, qui empêche les
employeurs de pratiquer leur goût pour la discrimination.

L’intervention de l’État est souvent une des grandes causes de la discrimination, de la


ségrégation ou de l’exclusion Prenons un exemple simple : le salaire minimum. Si un travailleur
rapporte 800 frs dans un mois de travail et que l’on oblige l’employeur à le payer 1 000 frs,
celui-ci refusera de l’embaucher. En revanche, s’il produit pour 1 200 frs, il sera embauché. Les
employés les moins productifs — faute, par exemple, d’expérience ou de qualification, comme
l’intervention de l’État est souvent une des grandes causes de la discrimination, de la
ségrégation ou de l’exclusion Prenons un exemple simple : le salaire minimum. Si un travailleur
rapporte 800 frs dans un mois de travail et que l’on oblige l’employeur à le payer 1 000 frs,
celui-ci refusera de l’embaucher. En revanche, s’il produit pour 1 200 frs, il sera embauché. Les
employés les moins productifs — faute, par exemple, d’expérience ou de qualification, comme
les jeunes ou les immigrés — seront exclus du marché du travail et seront discriminés (entre un
homme blanc et un homme noir qui rapportent juste 1 000 frs, l’employeur peut préférer
l’homme blanc). L’homme noir ne peut se faire embaucher, car il ne peut offrir un salaire plus
faible pour emporter l’emploi et éliminer son concurrent, l’homme blanc. Cette législation du
salaire minimum pénalise et discrimine les gens de couleur ou les femmes. On remarquera que
la discrimination statistique jouera à plein et que le marché ne peut corriger les anticipations
erronées. Si les employeurs pensent que les femmes, comme les Noirs, ont une moindre
productivité que les hommes et les Blancs, ils embaucheront de préférence les hommes et les
Blancs. Les minorités exclues du marché ne peuvent faire la preuve que leur productivité est
identique à celle des autres, faute de pouvoir proposer des salaires inférieurs.

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III- Les mesures de lutte contre les discriminations

Discrimination : différence de traitement en raison d’un critère, comme l’âge, le sexe, l’origine
ethnique, la préférence sexuelle, le handicap, le lieu de résidence ou encore l’apparence
physique. La discrimination est prohibée par la loi, l'Etat cherche donc à lutter contre car les
discriminations sont un obstacle à l'égalité des chances. L'Etat peut donc lutter contre des
discriminations en les interdisant par la loi, mais cela ne suffit pas toujours car la discrimination
est par nature cachée. L'Etat peut donc aussi mettre en place des mesures de discrimination
positive. Désigne un traitement préférentiel volontairement accordé aux membres d’une
minorité, afin de compenser les désavantages associés à cette appartenance
.
Certains groupes sociaux ne bénéficient pas objectivement des mêmes chances que les autres,
malgré l'égalité de droit dont ils jouissent en principe. C'est le cas des minorités visibles, des
femmes, des handicapés, etc. Ces discriminations sont souvent difficiles à prouver car elles se
cachent sous des raisons qui semblent objectives (moindre performance de l’individu, logement
déjà loué...).
Pour rétablir un équilibre des chances, les États engagent des politiques de lutte contre les
discriminations de plusieurs façons :
.
Cette lutte passe ensuite par un traitement préférentiel pour les populations discriminées. C’est
le principe de la « discrimination positive »qui consiste à "donner plus à ceux qui ont moins"
.
Des handicapés : la loi de 1987 oblige les entreprises de plus de 20 salariés à embaucher un
quota de 6% de personnes handicapées. Les entreprises qui ne respectent pas cette obligation
doivent verser une compensation qui a été alourdie en 2005.
Des pauvres : ils reçoivent des aides particulières qui sont sensées compenser en partie leur
handicap (bourses, allocation logement, prestations d’assistance...).
Quels moyens peuvent-ils être mis en œuvre pour réaliser cette "discrimination positive"?
On peut alors considérer qu’il existe un panel de « mesures positives » que l’on pourrait
différencier en fonction de l’entorse plus ou moins importante qu’elles représentent par rapport
au « droit à l’égalité formelle de traitement». On édicte des lois qui permettent de réduire les
inégalités et les discriminations, les lois portant sur l’interdiction des discriminations raciales
sexuelles tentent de favoriser l’égalité des droits et de la sorte une égalité des chances d’accès
aux ressources
Les quotas correspondent à un certain pourcentage de places que l’on veut réserver à telle
ou telle population jugée discriminée.
Le soutien privilégié: les zones d’éducation prioritaire (ZEP) reçoivent ainsi plus de
moyens financiers et humains pour encadrer des jeunes de milieux défavorisés.
Parallèlement, il existe des mesures plus offensives qui supposent qu’à compétences égales,
on favorise, par exemple, la femme à l’homme, si la femme est sous-représentée dans tel ou tel
secteur.
À l’autre extrême enfin, advient des actions « très offensives » qui remettent en cause l’égalité
de traitement, en impliquant notamment de favoriser les membres des minorités ethniques
En matière de soins de santé, certains groupes ont besoin de plus de protection que d’autres. Il
s’agit par exemple des enfants en bas âge et des personnes âgées, des malades du SIDA, des
patients atteints de troubles mentaux ou d’une dépression.
Cependant, la question de savoir si un exemple de discrimination donné est positif ou négatif
est souvent affaire de jugement subjectif.

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Module7: L’INTEGRITE
Etymologie : du latin integritas, état d'être intact, totalité, innocence, chasteté, probité,
venant de integer, non entamé, non endommagé, non diminué, intact, entier, complet.
L'intégrité est l'état d’une chose qui est demeurée intacte, qui a toutes ses parties, à laquelle
rien ne manque. Il réfère à quelqu’un ou quelque chose qui n’est pas contaminé, pas
endommagé. S'agissant du caractère d'une personne, l'intégrité signifie qu'elle est d'une probité,
d'une honnêteté irréprochable, qu'elle ne se laisse pas corrompre.
En informatique, l'intégrité des données est assurée si lors de leur traitement, de leur
conservation ou de leur transmission, elles ne subissent aucune altération, destruction volontaire
ou accidentelle. Dans le contexte de ce cours, l’« intégrité » se rapportera à l’application des
normes et valeurs généralement acceptées dans les pratiques quotidiennes. La question se porte
alors, évidemment, sur ce que sont ces valeurs et normes. Les déterminer et les définir sera en
effet une fonction importante du cadre de gestion de l’intégrité.

La gestion de l’intégrité réfère aux activités entreprises pour stimuler et renforcer l’intégrité et
prévenir ses violations dans une organisation particulière.

I-LES APPROCHES DE LA GESTION DE L’INTEGRITE

Il y a une distinction fondamentale dans la littérature traitant de la gestion de l’intégrité


(Lewis 1991 ; Paine 1994 ; Maesschalck 2005). L’approche « contrôlante » met en valeur
l’importance de contrôles externes sur le comportement des membres d’une organisation. Elle
privilégie les règles et les procédures formelles et détaillées, pour réduire les transgressions et
prévenir la corruption. La conception sous-jacente de la nature humaine pense les êtres humains
comme des êtres « égoïstes » : ils poursuivront toujours leurs propres intérêts. Si on prend en
compte cette conception de la nature humaine et que l’on veut que les membres de
l’organisation se comportent de manière éthique, l’organisation sera façonnée dans ce but,
même si les gens sont guidés par leurs intérêts. Cela signifie essentiellement que les membres
seront punis s’ils agissent de façon non éthique, et récompensés s’ils adoptent la bonne
conduite.

« L’approche stimulante » se focalise sur le conseil et le contrôle « interne », c’est-à-dire le


contrôle exercé par les membres de l’organisation. La conception sous-jacente de la nature
humaine est que les gens ont une tendance naturelle à agir avec intégrité, mais ils ne savent pas
toujours quelle est l’attitude adéquate, quel est le comportement éthique à adopter dans une
situation en particulier. Ainsi, plutôt que de contrôler, cette approche vise à supporter et
stimuler, toujours partant de l’idée que les intentions des gens sont bonnes. Cette approche
s’attache donc à stimuler la compréhension, l’application quotidienne des valeurs et
l’amélioration des compétences dans la prise de décision éthique, au travers de formations
interactives, d’ateliers, de codes de valeurs, de coaching personnel, etc.

II-LES INSTRUMENTS DE LA GESTION DE L’INTEGRITE


Cette partie reprend un certain nombre d’instruments de gestion de l’intégrité qui sont
communément utilisés dans les organisations du secteur public. La liste n’est pas exhaustive ;
elle donne seulement une idée de la large variété d’instruments disponibles.

II1-CODE D’ETHIQUE OU CODE DE CONDUITE


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Les codes éthiques sont probablement les instruments les mieux connus de la gestion de
l’intégrité. La littérature anglo-saxonne fait souvent la distinction entre « code de conduite » et
« code éthique ». Cette différence fait référence au contenu du code, et à la façon dont il est mis
en place.

Le « code de conduite » est l’instrument typique d’une approche contrôlante à la gestion de


l’intégrité. Il part de la conviction que les gens agissent surtout dans leur propre intérêt et qu’ils
ne se comporteront de façon éthique, seulement si cela coïncide avec leur intérêt. Par
conséquent, un code de conduite décrira de la manière la plus spécifique et claire possible la
conduite attendue. Un tel code établira aussi les procédures strictes pour renforcer ce code : une
surveillance systématique et des sanctions strictes pour ceux qui briseraient les règles.

Le « code éthique » est par contre fondé sur l’approche stimulante. Il se concentre sur les valeurs
générales, plus que sur des instructions spécifiques sur le comportement, accordant ainsi plus
de confiance dans les capacités des membres de l’organisation à avoir un raisonnement moral
autonome. Plutôt que de dire ce qu’il faut faire, l’organisation fournit à ses membres un cadre
qui établit les valeurs générales et apporte le support, la formation et le coaching pour
l’application de ces valeurs dans les situations quotidiennes.

Le choix entre les deux types de code se place aussi par rapport à un équilibre entre les
approches contrôlantes et stimulantes, qui prend également en considération le contexte
extérieur. S’il existe déjà un cadre légal très développé en dehors de l’organisation mais
applicable à celle-ci, on pourrait défendre l’idée qu’un code de conduite n’est pas nécessaire.
Par ailleurs, on pourrait affirmer qu’un code éthique est nécessaire, quand il peut restaurer
l’équilibre entre les approches de contrôle et de stimulation du cadre d’intégrité de
l’organisation. D’autre part, s’il n’existe que peu d’instructions générales en dehors de
l’organisation, celle-ci pourrait compenser cette lacune en développant un code de conduite
plus approfondi.

Beaucoup d’organisations choisissent un système hybride entre les différents types de code. Par
exemple, elles peuvent opter pour un code organisé autour d’un certain nombre de valeurs, où
chacune de celles-ci est déterminée en fonction de principes spécifiques et de standards, afin de
fournir les instructions à l’application de ces valeurs, lorsque c’est nécessaire.

II2-FORMATION A L’INTEGRITE

La formation à l’intégrité est probablement un des outils de gestion les plus utilisés et
les plus connus. Cependant, c’est un concept très large qui inclut une variété de types de
formation, inscrites dans la continuité des approches contrôlantes et stimulantes. Cette partie
du cours reprend brièvement trois de ces types.

D’un côté de cette continuité se situe le type de formation à l’intégrité purement axée sur le
contrôle. Le cadre typique en serait une salle de classe et un formateur expliquant les attentes
des membres de l’organisation, en accord avec les lois, les règlements, les codes et les
conséquences en cas de violation. Le but principal de cette formation est de transmettre cette
connaissance et l’hypothèse est que, ce faisant, le comportement des stagiaires serait influencé.

Du côté de l’approche stimulante de la continuité, les sessions de formation sont purement


inductives, mieux décrites comme des sessions de discussion. Ce sont les stagiaires qui

21
réfléchissent et parlent, le consultant est uniquement là en tant que facilitateur, suscitant la
discussion, provoquant la réflexion, jouant l’avocat du diable.

Entre ces deux types existent bien d’autres types qui combinent les deux précédents. Un
exemple en serait les sessions de formation aux dilemmes. L’échange de vues entre collègues
sur les situations de dilemmes, sous l’égide d’un facilitateur, augmenterait la chance que de tels
problèmes soient débattus ouvertement dans le futur, ouvrant à la création d’une culture de
communication ouverte, coopérative et éthique.

Le choix d’un type de formation en particulier, parmi tous les instruments de gestion de
l’intégrité, dépendra des circonstances locales et de l’équilibre global entre les instruments
contrôlants et stimulants. Deux recommandations générales additionnelles peuvent faciliter
ce choix.

Premièrement, il est important de ne pas limiter la formation à l’intégrité, à l’arrivée de


nouveaux employés. Le début d’une carrière est bien entendu un moment très adéquat pour
exposer les nouvelles recrues aux attentes de l’organisation mais ce n’est pas suffisant. Les lois,
les règlements, les codes et les attentes venant des parties prenantes changent avec le temps et
une mise à jour des sessions de formation est utile.

Nous en venons à la deuxième recommandation : un suivi de la formation à l’intégrité va


accroître fortement son efficacité. Cela peut se traduire par une mise à jour régulière des
nouveaux éléments du cadre normatif et par une pratique répétée des techniques.

II3-INCLURE L’INTEGRITE DANS LE DISCOURS USUEL DE L’ORGANISATION

Un des facteurs de succès du cadre de gestion de l’intégrité est son impact, le point
jusqu’auquel il stimule les membres de l’organisation à agir de façon éthique dans leurs activités
quotidiennes. Une voie cruciale pour y parvenir consiste à intégrer le discours d’intégrité (le
terme « intégrité » lui-même, les valeurs et les « prescriptions » dans le code, les techniques
proposées lors des formations, etc.) dans la communication quotidienne, des membres de
l’organisation. Le langage forme la pensée et le simple fait d’utiliser un discours sur l’intégrité
a un effet important.

Il existe bien entendu plusieurs outils pour concrétiser cet impact. En voici quelques-uns :

Faire connaître la politique d’intégrité et la teneur du code à travers les canaux de


communication externe, par exemple le magazine de l’entreprise, le site web, les lettres
d’information, etc. ;

Avoir des discussions régulières sur les dilemmes éthiques ou d’autres questions et solutions
en la matière, au travers des canaux officiels de la communication interne de l’organisation, par
exemple le magazine interne, l’intranet, les lettres d’information, les mailings ciblés, etc. ;

L’institutionnalisation de discussions fréquentes sur les questions éthiques dans les réunions du
personnel. A intervalle régulier, une partie de ces réunions de staff peut être consacrée aux
dilemmes éthiques ou à d’autres sujets liés. Cela pourrait être une excellente façon d’assurer un
suivi à la formation à l’intégrité, et ainsi renforcer son impact ;

22
Forcer les managers et les employés à aborder la question de l’intégrité peut servir d’excellent
vecteur d’institutionnalisation du discours éthique ;

La création d’une culture de communication ouverte où les questions d’intégrité peuvent être
débattues aisément. Bien que cette recommandation soit moins tangible, en tant qu’instrument,
elle est d’une importance cruciale.

Comme beaucoup d’instruments de gestion de l’intégrité, ceux-ci n’ont qu’un impact très limité
quand ils sont utilisés individuellement, et il y a toujours un risque qu’ils soient perçus comme
une façade. Cependant, lorsqu’ils sont liés à d’autres outils et qu’ils sont intégrés dans un cadre
global de gestion de l’intégrité, alors ils peuvent avoir un impact important, grâce aux
mouvements de synergie.

II-4 LES POLITIQUES DE DENONCIATION

La dénonciation (whistle-blowing,) peut être définie comme « la divulgation, par les


membres d’une organisation, de pratiques illégales, immorales ou illégitimes sous le contrôle
de leurs employeurs, à des parties aptes à agir en conséquence » Il s’agit d’un problème
complexe. D’un côté, il est clair que les fonctionnaires qui prennent ce genre de risque dans
l’intérêt public ou pour prévenir tout dommage méritent le respect et du soutien. D’un autre
côté, il est également évident que l’acte de dénonciation abîme généralement l’image de
l’organisation concernée, qui peut à son tour conduire à réduire la confiance parmi le public de
l’organisation elle-même, mais souvent aussi du secteur public en général. Les politiques de
dénonciation ont en conséquence pour but de maintenir les effets désirables de la divulgation
(le fait que les infractions soient signalées) tout en essayant de réduire les effets indésirables
au-delà de l’image de l’organisation. Les politiques de dénonciation comportent ainsi deux
éléments : un système pour divulguer les infractions et un système de protection pour ceux qui,
de bonne foi, appliquent ces politiques.

En premier lieu, une politique de dénonciation offrira des canaux de reporting accessibles à
ceux qui veulent rapporter des dysfonctionnements, en dehors de la hiérarchie. Ces canaux
peuvent être entre autres :

Le deuxième élément essentiel de la politique de dénonciation est la protection


des dénonciateurs contre les représailles. Ces dernières peuvent prendre divers
aspects :

Il serait non éthique pour une organisation d’encourager ses membres à la


délation, sans fournir une protection si l’un de ses membres réagit à cette demande
et subit des représailles en retour. Toutefois, éviter les représailles n’est pas chose
aisée. Les formes sérieuses de vengeance sont assez visibles et peuvent être efficacement
évitées par des protections légales.

L’idée même de politique de dénonciation provoque souvent de la résistance. Elle est associée
aux grands scandales (qui furent en effet souvent rendus publics par des dénonciateurs) ou à la
« chasse aux sorcières ». Ces inquiétudes ne sont pas nécessaires, à la condition au moins que
la politique de divulgation soit bien développée. Les politiques de délation ont en réalité pour
objectif d’éviter les scandales publics. En pourvoyant des canaux de dénonciation

23
supplémentaires, elles permettent aux employés de rapporter les dysfonctionnements, sans
avoir à utiliser la presse ou d’autres moyens publics de communication.

Voici trois recommandations de politique générale en matière de dénonciation :

Premièrement, il faut savoir qu’une mauvaise politique de dénonciation peut causer beaucoup
de préjudices à l’organisation et à son cadre de gestion de l’intégrité, notamment la création ou
le renforcement d’une atmosphère de paranoïa. Il faut donc prendre suffisamment de temps
pour élaborer la politique générale en la matière et apprendre autant que possible des meilleures
pratiques existantes ;

Deuxièmement, c’est en général une bonne idée de compléter les deux éléments d’une politique
de dénonciation (canal de divulgation et protection de ceux qui en font l’usage) par un
mécanisme de correction pour les cas où les accusations seraient non fondées. Ces situations
peuvent engendrer de sérieux dégâts à la réputation et aux possibilités de carrière de ceux qui
ont été faussement accusés, et il serait juste d’organiser une forme de réparation ou de
compensation pour ceux-ci. Un tel arrangement pourrait également aider à contrecarrer la
résistance à l’encontre des politiques de dénonciation ;

Troisièmement, aussi importante qu’une politique de divulgation puisse être, elle ne sera
jamais l’instrument principal du cadre de gestion de l’intégrité. Il s’agit d’un instrument légal,
réactif qui sert de filet de protection pour le rapportage des infractions à l’éthique, dans la
mesure où tous les autres instruments ont échoué. Accorder trop d’importance à la politique de
divulgation, dans la communication interne comme externe, pourrait envoyer le mauvais signal
et déprécier l’aspect stimulant d’une gestion de l’intégrité. Il est donc utile de lancer et
d’annoncer une politique de dénonciation, en même temps ou après l’introduction
d’instruments stimulants.

MODULE 8: LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX


I-Aperçu historique
Historiquement, la notion de blanchiment d’argent est apparue dans les années 20 aux Etats-
Unis, à l’époque de la prohibition. La première technique utilisée fut de se servir de laveries
automatiques, commerce ou les paiements se font par nature en monnaie fiduciaire, afin de
mêler l’argent « sale », provenant de la vente illégale d’alcool, à de l’argent « propre », issu des
revenus réguliers de l’activité de blanchisserie.
Le phénomène a pris de l’ampleur dans les années soixante-dix, avec la progression des
ressources par les trafics de drogue aux grandes organisations criminelles.
Les principaux besoins de blanchiment sont directement liés aux activités de la criminalité
organisée dont le développement est caractérisé par un double mouvement de diversification et
d’internationalisation. Les voies, les moyens et les lieux utilisés pour la réalisation d’opération
de blanchiment sont très variés ; cela étant, l’objectif recherché est toujours le même ;

24
l’optimisation des conditions dans lesquelles les capitaux à recycler pénètrent dans les circuits
de l’économie légale.
II- Les étapes du blanchiment
Les techniques de blanchiment d’argent, qui varient considérablement et sont souvent très
complexes, se déroulent généralement en trois étapes :
-Le prélavage ou placement ou immersion qui consiste à introduire les produits de la criminalité
dans le système financier. Le but est de placer l’argent liquide sur un compte bancaire en
masquant son origine illégale. C’est la phase la plus vulnérable pour le criminel.
- La dispersion ou le brassage ou empilement : il s’agit de brouiller les pistes par des transactions
financières complexes afin de masquer l’origine des fonds ou en légitimer la possession.
(Exemple : l’achat et la vente d’action, de biens et de propriétés).
-L’intégration ou l’essorage ou recyclage : qui consiste à réintroduire les bénéfices d’origine
criminelle dans l’économie afin de donner aux fonds une apparence légitime. L’argent étant
donc blanchi et son origine masqué, les investissements dans l’économie légale peuvent
commencer.
III-Les méthodes de blanchiment
Avec la lutte de plus en plus importante contre le blanchiment d’argent auprès des banques et
des paradis fiscaux, ainsi que la levée du secret bancaire sur ordre de justice, les criminels sont
obligés de se tourner vers d’autres intermédiaires pour blanchir leur argent. Les commerces
comme les bijouteries et les entreprises d’import-export sont les premières cibles pour blanchir
l’argent. On distingue :
*La méthode de « schtroumpfage » ou le fractionnement de dépôts bancaires
Elle est la plus courante. Cette technique entraine l’implication de nombreuses personnes. Elle
consiste à déposer l’argent sale sous forme de liquide en petites sommes sur un ensemble de
comptes différents. Pour ne pas éveiller les soupçons, les sommes d’argent déposées ne doivent
pas dépasser le seuil de déclaration, qui varie selon les pays.
*Achat de biens au comptant : les blanchisseurs achètent et paient en espèce des biens de grande
valeur tels que les automobiles, des bateaux ou certains biens de luxe tels que les bijoux ou de
l’équipement électronique. Ils utiliseront ces articles, mais ils s’en distancieront en les
enregistrant ou en les achetant au nom d’un associé.
*Casino : les blanchisseurs se rendent au Casino, où ils se procurent des jetons en échange
d’argent comptant pour ensuite encaisser leurs jetons sous forme de chèque.
*Arnaque à la loterie : les trafiquants sont amenés à acheter un ticket de type PMUC, jeu à
gratter ou bulletin de loto gagnant au prix de la somme remportée pour blanchir une somme
moyenne d’argent sale.
*Raffinage : cette technique consiste à échanger de petites coupures contre des grosses dans le
but d’en diminuer le volume. Pour ce faire, le blanchisseur échange des sommes d’argent d’une
banque à l’autre afin d’éviter d’éveiller les soupçons. Cela sert à diminuer les grandes sommes
d’argent.

25
*Altération des valeurs : un blanchisseur peut acheter un bien immobilier d’une personne
disposée à déclarer un prix de vente sensiblement inférieur à la valeur réelle du bien et se faire
payer la différence en argent comptant « en cachette ». le blanchisseur peut acheter, par
exemple, une maison d’une valeur de deux millions de francs pour seulement un million et
transmettre en secret au vendeur le reste de l’argent qu’il lui doit. Après une certaine période
de rétention du bien immobilier, le blanchisseur la vend à son prix réel, soit deux millions de
francs.
Auto-prêt : pour les besoins de cette technique, le trafiquant remet à un complice une somme
d’argent illicite. Ce complice lui « prête » une somme équivalente, document de prêt à l’appui,
pour créer l’illusion que l’argent du criminel est légitime. Le calendrier de remboursement de
l’emprunt par le criminel ajoute à l’apparence de légitimité de cette combine, et procure encore
un autre moyen de transférer des fonds.

IV-Importance des flux financiers générés par le blanchiment

Par sa nature même, le blanchiment de capitaux est en dehors du champ normal couvert par les
statistiques économiques. Néanmoins, comme pour d'autres aspects de l'activité économique
souterraine, on a pu avancer des estimations afin de donner une idée de l'ampleur du problème.

D'après le Fonds monétaire international (FMI), le volume annuel des opérations de


blanchiment dans le représente entre 2% et 5% du PIB mondial.

Le trafic de stupéfiants représenterait 34% de l'argent blanchi, la fraude douanière (19%) et les
autres activités criminelles telles que la corruption, le vol, le trafic d'êtres humains, le trafic
d'organes... (46%). Quant au terrorisme il ne représenterait que 1%.

Le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) estime
que le trafic illicite des drogues produit chaque année environ 400 milliards de dollars de vente
au détail, soit près du double du revenu de l'industrie pharmaceutique mondiale ou 10 fois
environ le montant total de l'aide publique au développement.

V-Conséquences du blanchiment des capitaux


Les conséquences se présenteront sur le plan macroéconomique et microéconomique

Sur le plan macro-économique, l'importance des flux en jeu inquiète les experts qui
commencent à en mesurer les effets néfastes sur l'ensemble de l'économie mondiale. La
confiscation des revenus criminels nuit à la répartition normale des richesses et donc à la
croissance mondiale. Par ailleurs, l'afflux d'argent "sale" peut, localement, déstabiliser un
marché, voire une économie. Il est indéniable que les activités criminelles, difficiles à mesurer,
faussent les statistiques économiques disponibles et empêchent tout diagnostic précoce d'une
crise en germe. Une variation de la demande d'une monnaie nationale, par exemple, a des effets
sur le taux de change et les taux d'intérêts; si l'origine en est un mouvement de capitaux dû au
blanchiment d'argent, il n’apparaitra pourtant pas dans les statistiques. Enfin, l'argent "sale"
présente un risque pour le fonctionnement efficient des marchés dans la mesure où les
déplacements de capitaux se font hors de toute logique économique: ceux qui veulent blanchir

26
de l'argent recherchent non pas le meilleur rendement, mais le meilleur compromis entre
sécurité du recyclage des fonds et objectif de rentabilité de l'opération.

En d'autres termes, les blanchisseurs d'argent se préoccupent non pas d'obtenir un bon
rendement de leurs investissements, mais de protéger leurs gains. C'est pourquoi ils <<
investissent >> leurs fonds dans des activités qui ne sont pas nécessairement rentables pour le
pays dans lequel se trouvent ces fonds. En outre, dans la mesure où le blanchiment et la
délinquance financière privilégient des investissements de faible qualité qui masquent leurs
gains, au détriment d'investissements judicieux, la croissance économique du pays risque d'en
souffrir.

Ainsi, dans certains pays, des secteurs entiers comme le bâtiment et l'hôtellerie sont financés,
non pas en réponse à la demande, mais en fonction des intérêts à court terme des blanchisseurs
de capitaux. Quand ces secteurs cessent d'intéresser les blanchisseurs de capitaux, ces derniers
les abandonnent, causant ainsi leur effondrement. Cette situation engendre des pertes énormes
pour les Etats, et compromet sérieusement les politiques de développement économique, en
particulier s'il s'agit de pays pauvres.

L'un des effets micro-économiques les plus graves du blanchiment d'argent est ressenti
dans le secteur privé. En effet, les blanchisseurs d'argent utilisent souvent des sociétés de façade
qui mêlent le produit d'activités illicites à des fonds légitimes pour masquer leurs gains mal
acquis. Par exemple, des études ont démontré que le secteur de la criminalité organisée utilise
les entreprises pour dissimuler les bénéfices provenant du trafic de la drogue. Ces sociétés de
façade ont accès a d'importants fonds illicites qui leur permettent de subventionner leurs
produits et leurs services a des niveaux nettement inférieurs aux prix du marché. Dans certains
cas, ces sociétés de façade sont en mesure d'offrir des produits a un prix inférieur au prix de
revient, ce qui leur donne un avantage concurrentiel sur les entreprises légitimes qui obtiennent
leurs capitaux sur le marché financier.

Le blanchiment des capitaux entraine pour la société des risques importants. Il augmente les
dépenses publiques étant donné la nécessité d'un accroissement des forces de l'ordre et des
dépenses de santé (par exemple pour la désintoxication des toxicomanes) afin de combattre ses
graves conséquences.

Il en est de même pour un vendeur de drogue qui effectue son commerce par le biais d'un
restaurant. En plus de répandre ses substances toxiques auprès de sa clientèle, en l'occurrence
les jeunes de la société, il va à l'encontre des valeurs morales fondamentales et est susceptible
de générer des coûts pour l'Etat au moment de désintoxiquer tous ces toxicomanes et dealers.
Dans les cas extrêmes, il peut même entrainer le renversement du pouvoir légitime. Il ressort
donc de ce qui précède que, tant sur les plans macro que micro-économique, la lutte contre le
phénomène de blanchiment d'argent entraine des conséquences néfastes et doit
vraisemblablement être d'un enjeu mondial.

V-Lutte contre le blanchiment d’argent


Avec la mondialisation et les échanges de capitaux qui sont de plus en plus importants et
fréquent, la lutte contre le blanchiment d’argent est maintenant effectuée à l’échelle
internationale. De nombreuses actions ont été menées par différents organismes au plan
international pour lutter contre le phénomène du blanchiment d'argent.

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*Les déclarations de soupçon : Le principe consiste pour des professionnels assujettis à ces
obligations, à déclarer les opérations ou les sommes qui pourraient provenir de certains délits.
Réservées à l’origine au seul blanchiment du produit du trafic de stupéfiants, les déclarations
de soupçon concernent dorénavant le blanchiment du produit des délits suivants : trafic de
stupéfiants, financement du terrorisme, corruption et activité criminelle organisée. Des
déclarations de soupçon doivent aussi être effectuées lorsque les établissements financiers ne
sont pas à mesure de connaître avec certitude l’identité du véritable donneur d’ordre d’une
opération.
*Les mesures de vigilance : L’obligation de déclaration de soupçon s’accompagne d’un certain
nombre de mesures de vigilances générales (lors de l’entrée en relation et dans le cadre du
fonctionnement du compte) et des mesures de vigilances particulières (mesures d’identification
spécifiques pour les ouvertures de comptes à distance ou relation avec une personne
politiquement exposée par exemple.
*Le financement du terrorisme : Les mesures particulières destinées à lutter contre le
financement du terrorisme consistent principalement dans la comparaison (le plus souvent
informatique) entre des listes de terroristes connus avec les noms des donneurs d’ordre ou de
bénéficiaires des virements internationaux ou des titulaires de comptes bancaires. Ce dispositif
est appelé « gel des avoirs » puisqu’il permet, en cas de doute au MINFI d’ordonner à
l’établissement de bloquer les fonds.
*Le secret bancaire : Quasiment tous les pays du monde ont été obligés d’assouplir leur
législation relative au secret bancaire pour les impératifs de lutte contre le blanchiment des
capitaux. Les établissements de crédits ont ainsi souvent la possibilité de communiquer à leur
maison mère des informations normatives sur leurs clients avec possibilité d’échange
d’informations entre les établissements de crédit.
*Il a été créé par le G-7 lors du sommet de l'Arche à Paris en 1989 le Groupe d'Action
Financière contre le blanchiment d'argent (GAFI) qui est un organisme intergouvernemental
qui a pour objectif de concevoir et de promouvoir des politiques de lutte contre le blanchiment
de capitaux et le financement du terrorisme, aussi bien à l'échelon national qu'international. Ce
Groupe d'action est donc un organisme de décision qui s'efforce de susciter la volonté politique
nécessaire pour réformer, au sein de chaque pays membre, les lois et réglementations dans les
domaines de sa compétence.

Enfin FMI et la banque mondiale apportent également leur contribution dans la lutte contre le
blanchiment.

*A l'heure actuelle, les trois grands domaines d'activité du FMI sont les suivants:

- Evaluations : toutes les évaluations des forces et des faiblesses du secteur financier réalisées
dans le cadre du programme d'évaluation du secteur financier (PESF) ou du programme des
places financières comprennent une évaluation du mécanisme de lutte contre le blanchiment
des capitaux (LBC) et le financement du terrorisme (FT) de la juridiction concernée.

- Assistance technique : de concert avec la Banque mondiale, le FMI a fortement augmenté


ses concours d'assistance technique aux pays membres pour leur permettre de renforcer leurs
cadres juridiques, réglementaires et financiers dans le cadre des activités de LBC/FT, ainsi que

28
leurs cellules de renseignement financier. Depuis janvier 2002, le FMI et la Banque mondiale
ont mis en œuvre plus de trois cent (300) projets d'assistance technique, dont près des deux-
tiers durant les dix-huit derniers mois. Dans la pratique, il peut s'agir de séminaires de
formations, de conférence, d'ateliers de réflexion, etc... organisés au sein des pays membres sur
des thèmes ayant trait à la lutte contre le blanchiment de capitaux.

- Elaborations des politiques: le FMI et la Banque mondiale recensent et analysent les


mécanismes de LBC/FT mis en place au plan international en vue de fournir des conseils et une
assistance technique aux pays membres dans ce domaine. Les deux institutions coordonnent
étroitement leurs efforts avec ceux du GAFI et des organismes régionaux du même type. Elles
accordent une attention particulière aux envois de fonds en raison de l'importance
macroéconomique de ces opérations, notamment dans les pays pauvres et en voie de
développement.

Module 9: La corruption

I-LA CORRUPTION : DEFINITION ET CARACTERISTIQUES


La corruption a constitué, et continue de l’être, à des degrés et façons divers, un sujet
prégnant dans un grand nombre de pays. Elle apparaît comme une pratique ancienne, mais
aussi actuelle. La corruption, un phénomène mal compris, Pots-de-vin, concussion,
prévarication, trafic d’influence, pantouflage, abus de biens sociaux, abus de pouvoir,
népotisme, favoritisme…, concepts juridiques, là où le commun des citoyens ne perçoit que
corruption. Du bakchich pur et simple au cadeau le plus délicat, de la transaction financière
anonyme ou ambiguïté de l’amitié, de l’intérêt personnel aux préférences familiales, la
corruption constitue un phénomène souvent difficilement identifiable. Or, rares sont les
individus sachant la définir. Nous proposons plusieurs définitions opératoires, utile à la
compréhension notre cours. La corruption constitue en droit camerounais un comportement
pénalement répréhensible par lequel une personne (le corrompu) sollicite, agrée ou accepte un
don, une offre ou une promesse, des présents ou des avantages quelconques en vue d'accomplir,
de retarder ou d'omettre d'accomplir un acte entrant, d'une façon directe ou indirecte, dans le
cadre de ses fonctions. Elle affecte les personnes physiques et morales (par exemple, une
entreprise), de droit public (tel un maire ou un fonctionnaire de l’État) ou privé (comme le
salarié d’une société commerciale ou le fondé de pouvoirs d’une banque).
L’infraction de corruption revêt certaines particularités. D’abord, elle recouvre
l'existence d'un corrupteur et d'un corrompu distinguent, en effet, la corruption active et passive.
La première reste le fait du corrupteur, auteur de l'offre, de la promesse, de l’attribution de
présents, d'avantages. La seconde est effectuée par le corrompu, qui, grâce à sa fonction, accepte

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ou sollicite cette offre. Ainsi, si un administré ou un client donne de l'argent en échange d'une
faveur, il devient corrupteur. De l’autre côté, si une personne se laisse payer pour accomplir
certains actes, elle apparaît corrompue. Ensuite, le commencement d'exécution d’une action de
corruption n’avère pas incriminé, dès lors, la tentative de corruption ne se trouve pas
sanctionnée.
La corruption forme l'agissement par lequel une personne investie d'une fonction
publique ou privée, sollicite ou accepte un don, une offre ou une promesse en vue d'accomplir,
retarder ou omettre d'accomplir un acte entrant, d'une façon directe ou indirecte, dans le cadre
de ses fonctions. Malgré l’aspect complet de cette définition, l’infraction existe uniquement
lorsque 3 éléments se trouvent réunis : les éléments légal (A), moral (B) et matériel (C), qu’il
convient, dès lors, d’examiner.
A) L’élément légal
L’incrimination de toute infraction se fonde sur un texte. Sans ce dernier, un acte ne
saurait être réputé punissable. En ce sens, la corruption, et ses infractions connexes, se trouvent
précisément incriminées dans le code pénal. Elles sont également déterminées de façon
accessoire dans le code de commerce, et d'autres textes.
B) L’élément moral
Une infraction ne peut être commise qu’intentionnellement. La corruption ne déroge pas
à cette règle : elle constitue une infraction intentionnelle. Elle nécessite donc la démonstration
d'un dol spécial portant sur un but déterminé : soit provoquer l'accomplissement, ou
l’inexécution, par l'agent public ou privé, d'un acte de sa fonction (pour le corrupteur), soit
accepter d'accomplir ou de ne pas accomplir un acte de sa fonction (pour le corrompu).
C) L’élément matériel
L'acte, ou l’omission, révélant l’intention ou la faute pénale, constitue l'élément
matériel de l’infraction. Ce dernier est extérieur et réalise l’infraction. Toutefois, le résultat est
dépourvu d’intérêt. De cette manière, peu importe que la proposition de corruption ait été
acceptée, sa seule formulation suffit à caractériser l'infraction. De même, concernant la
corruption passive, la seule acceptation de la proposition suffit à caractériser matériellement
l’infraction. L’élément matériel concerne les actes commis pour l’infraction et les personnes
qui en sont les auteurs.
Les personnes commettant l’infraction de corruption sont le corrupteur et le corrompu.
Le corrupteur constitue la personne, physique ou morale, qui sollicite d’une personne,
l'accomplissement ou l'abstention d'un acte de sa fonction, ou facilité par elle. Le corrompu est
la personne en direction de laquelle sont dirigés les agissements de corruption active et qui les
accepte.
Le législateur a posé des conditions relatives à la nature et à la finalité des agissements
coupables. D’abord, il a déterminé l'activité matérielle délictueuse. Le corrupteur sollicite,
propose, offre un avantage, directement ou par personne interposée. Le corrompu, quant à lui,
accepte l’offre ou la sollicitation. Cet accord scelle les volontés univoques des deux
protagonistes, souvent désigné antérieurement par la jurisprudence sous le nom de « pacte de
corruption ».

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II-CAUSES DE LA CORRUPTION
La corruption a des racines multiples, mais peut être généralement attribuée à la
faiblesse de la conception des institutions. Certaines des racines les plus profondes
comprennent les points suivants:
i. Des lois et règlements opaques, complexes, en changement fréquent : lorsque les lois sont
contradictoires ou requièrent une interprétation compliquée, le pouvoir discrétionnaire des
officiels est amplifié, augmentant le risque qu’ils prendront des décisions arbitraires à leur
propre profit. Lorsque les lois sont imprévisibles, les entrepreneurs ne connaissent pas leurs
droits et obligations, par conséquent, ils ne peuvent pas s’y conformer complètement, ni se
défendre par exemple vis-à-vis des inspections illégales. La corruption devient alors un moyen
pour contourner l’inefficacité et les actions arbitraires officielles.
ii. Le manque de transparence et de responsabilité : lorsque des négociations sont faites à
huis clos, il s’avère impossible d’évaluer les critères qui se cachent derrière les décisions,
qu’elles servent les intérêts du public et respectent la loi. Si les violateurs tant du côté du secteur
public que du secteur privé cachent leurs transactions, ils fuient leurs responsabilités.
iii. Les bas salaires de la fonction publique : lorsque les officiels ne peuvent pas faire face à
ce qu’ils estiment être leurs besoins quotidiens au moyen de leurs salaires, ils ont recours à la
corruption pour suppléer à leurs revenus. Toutefois, la simple augmentation des salaires des
officiels ne va pas mettre un terme à la corruption aussi longtemps que perdureront les
opportunités de violation du système.
iv. L’insuffisance, l’incohérence et l’injustice dans l’application des lois et règlements :
Même si les lois visant à combattre la corruption se trouvent dans les livres, l’application laxiste
peut donner lieu à des abus. La faiblesse du système judiciaire, les sanctions légères et le coût
élevé du respect des règlements peuvent rendre les lois inefficaces.
La corruption fait des ravages partout dans le monde.
III- CONSEQUENCES DE LA CORRUTION
Les entreprises et la société supportent le lourd fardeau de la corruption :
i. La mauvaise affectation des ressources : Les ressources qui pourraient être affectées à des
fins productives sont en revanche consacrées à la corruption. Des entreprises perdent du temps
et des ressources sur la recherche de favoritisme, entretenant des relations avec les officiels et
dépensant pour des pots-de-vin. Des officiels qui prennent des décisions tronquées (par exemple
en matière d’investissement) qui ne servent pas l’intérêt public, et les contribuables qui en
supportent les coûts. • Le niveau peu élevé des investissements – Les investisseurs étrangers et
locaux sont découragés par les coûts imprévisibles. La corruption généralisée donne le signal
aux investisseurs potentiels que l’état de droit, et ainsi les droits de propriété, sont très faibles
dans le pays, faire un investissement dans ce pays est une opération à risque, un volume
d’investissements plus faible, signifie une plus faible croissance.
ii. La réduction de la concurrence, de l’efficacité et de l’innovation : La recherche du
favoritisme signifie que les entreprises favorisées ne font pas la concurrence uniquement sur la
base des signaux du marché, tandis que les nouvelles entreprises sont confrontées à des barrières
élevées qui empêchent l’accès. Les clients finissent par payer en termes de prix plus élevés,
pour une qualité moindre et des offres de produits limitées.
iii. Les politiques inadéquates et faiblesse de l’administration : Les organes de décisions
dans les systèmes corrompus font usage de leurs pouvoirs pour avantager les chercheurs de
favoritisme, et non les citoyens dans leur ensemble. Les bureaucrates ne sont pas tenus pour
responsables de leurs performances et en réalité bénéficient de mesures incitatives pour retarder
les services afin de soutirer des pots-de-vin.

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iv. La pauvreté exacerbée : La corruption réduit les potentiels de revenus des pauvres parce
qu’il y a moins d’opportunités dans le secteur privé. Elle limite également l’accès des pauvres
aux services publics de qualité, tels que les soins de santé et l’éducation.
IV-LES PERSONNES PHYSIQUE OU MORALE CONCERNEES
Avant dans le code pénal seule la personne physique commettait l’infraction de
corruption. De manière générale, jusqu’en 1994, le système pénal camerounais ne connaissait
que la responsabilité des personnes physiques, les personnes morales échappant aux poursuites
judiciaires. Avec l’entrée en vigueur, en 1994, du nouveau code pénal, la notion de
responsabilité pénale des personnes morales a été inscrite dans le droit camerounais. Cette
disposition autorise donc de poursuivre pénalement une personne morale, coupable d’actes de
corruption.
V- LA CORRUPTION ACTIVE ET PASSIVE
La corruption passive apparaît lorsqu'une personne exerçant une fonction publique
profite de cette fonction en sollicitant ou en acceptant des dons, promesses ou avantages, en
vue d'accomplir ou de s'abstenir, d'accomplir un acte de sa fonction. Cette personne reçoit le
nom de corrompu. Nous relèverons que le droit camerounais ne prend pas en compte les
situations où le corrompu, acteur passif, serait la victime du mécanisme. En effet, une personne
paraît susceptible d’être contrainte, menacée, ou obligée d’accepter la corruption. Ainsi
notamment dans la concussion (la concussion est « le fait, par une personne dépositaire de
l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public, de recevoir, exiger ou
ordonner de percevoir à titre de droits ou contributions, impôts ou taxes publics, une somme
qu'elle sait ne pas être due, ou excéder ce qui est dû », mais cette dernière n’est applicable
que lors qu’un agent public est en cause. Cela pourrait également être le cas de l’extorsion(«
l'extorsion est le fait d'obtenir par violence, menace de violences ou contrainte soit une
signature, un engagement ou une renonciation, soit la révélation d'un secret, soit la remise
de fonds, de valeurs ou d'un bien quelconque »), cette infraction ne prend, toutefois, pas en
compte le mécanisme de la corruption et ne s’applique pas aux atteintes à la probité. Nous
regretterons donc que le droit français n’ait pas prévu les cas où le corrompu constitue la
victime de la corruption.
La corruption active survient lorsqu'une personne physique ou morale obtient ou essaie
d'obtenir, moyennant des dons, promesses ou avantages, d'une personne exerçant une fonction
publique, qu'elle accomplisse ou retarde ou s'abstienne d'accomplir ou de retarder un acte de sa
fonction ou un acte facilité par elle. . En effet pour qu'il y ait corruption, deux personnes, au
moins, doivent être présentes pour réaliser le « pacte de corruption », que ce dernier soit accepté,
ou rejeté.
VI- LA CORRUPTION NATIONALE ET INTERNATIONALE
La corruption nationale, c’est-à-dire s’accomplissant sous la juridiction d’un État, a été
la première à être poursuivie. La corruption internationale s’accomplit hors de la juridiction de
l’État concerné, par exemple, des actes réalisés par ses ressortissants nationaux à l’étranger ;
elle peut aussi affecter les relations entre différents États, organisations internationales ou à
l’intérieur de la CMAC.

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VII-PISTES DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION

- Le premier outil dans la lutte contre la corruption auquel les entreprises ont recours semble
être les codes de conduite. Si ces codes se sont multipliés depuis quelques années, on peut se
demander quelle est leur réelle efficacité.
- Echanges d’expérience entre les entreprises.
-Des entreprises peuvent prévoir des systèmes, type « hot line », permettant en interne de
dénoncer des actes contraires au contenu de ces codes;
-Des systèmes de contrôle et d’audit peuvent être mis en place pour lutter contre le
détournement de fonds, la corruption, les pots-de-vin et les commissions occultes.
Les Chinois ne disent‐ils pas qu’un long voyage commence par un pas ? Commençons
par adopter une journée sans corruption dans notre pays. Organisons des manifestations dans
nos écoles, nos lycées, nos communes. Libérons la Parole afin que des personnes intègres ou
réputées, viennent témoigner de leur expérience personnelle contre le monstre de la corruption.
Par exemple enseigner l’art de régler les factures des entrepreneurs en moins de 90 jours sans
exiger l’ignoble passe ‐droit de 10% auquel sont accrocs certains de nos fonctionnaires des
Régies financières. En bloquant 10% du montant de la facture d’un
Entrepreneur c’est faire du mal non pas à ce dernier mais à la société tout entière. Car si les
10% de sa facture n’avaient pas été méchamment happés par certains fonctionnaires véreux,
l’entrepreneur aurait pu augmenter le salaire de ses employés voire embaucher des
collaborateurs supplémentaires. Et l’effet de levier induit par les 10% aurait eu sur l’ensemble
notre économie des répercussions très positives en faisant justement circuler l’argent.
Une autre piste pour combattre la corruption : Imitons Warren BUFFET l’éminent
financier Et troisième homme Le plus riche au monde selon le magazine américain FORBES.
Cet homme à une leçon à nous enseigner. Car Bien qu’étant milliardaire il n’a jamais regardé
l’argent comme l’étalon de mesure de sa réussite. Il Vit en ‐ dessous de ses moyens. Beaucoup
de camerounais devraient apprendre à vivre en dessous de leurs moyens afin de ne pas entrer
sur le territoire de l’esprit de corruption.

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