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Roche 2008
Roche 2008
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Article original
La pétrectomie combinée
Bases anatomiques, technique chirurgicale et indications
The combined petrosal approach
Anatomical principles, surgical technique and indications
P.-H. Roche a,∗ , H.-D. Fournier b ,
T. Sameshima c , T. Fukushima c
a Service de neurochirurgie, hôpital Sainte-Marguerite, CHU de Marseille, AP–HM, 13009 Marseille, France
b Service de neurochirurgie et laboratoire d’anatomie, hôpital Larrey, CHU d’Angers, 49933 Angers, France
c Department of Neurosurgery, Duke University, Durham, NC 27710, États-Unis
Abstract
Management of large petroclival tumors requires the use of extensive surgical approaches that usually jeopardize the intrapetrous neuro-otologic
structures. To confirm the interest of the combined petrosal approach in this indication, we describe the relevant anatomy and the surgical steps of
this procedure.
After making a periauricular skin incision and muscle elevation, an occipitotemporal bone flap is shaped. Then a retrolabyrinthine exposure is
undertaken, with optimal skeletonization of the semicircular canals. Around the internal auditory canal, the retromeatal area and the petrous apex
are resected. The retrosigmoid dura is opened followed by the incision of the subtemporal and posterior fossa dura along the superior petrosal
sinus. The sinus is coagulated and divided. The tentorium is sectioned transversally toward its free edge behind the porus of the trochlear nerve.
The combined petrosal approach is able to provide a wide multidirectional corridor toward the ventral surface of the pons, the basilary trunk
and the ipislateral cranial nerves from the oculomotor to the lower cranial nerves.
This study confirms that despite a significant extra time needed for proper achievement, the combined petrosal approach is a valuable conservative
approach when the petroclival area, ventral brain stem and basilary trunk are targeted. This approach should be included in the panel of the
transpetrous routes available by expert skull base teams.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Résumé
Rationnel. – La prise en charge de certaines lésions de la région pétroclivale requièrt une exérèse optimale qui fait appel à des voies d’abord
larges mais délabrantes, ou conservatrices mais parfois insuffisantes. Afin de montrer l’intérêt et les limites de la pétrectomie combinée, les
auteurs en décrivent les différentes étapes à partir d’une étude anatomique sur spécimens injectés et illustrent ses indications par un cas
clinique.
Méthode. – La pétrectomie combinée débute par un volet occipitotemporal, suivi d’une résection du segment rétrolabyrinthique de l’os pétreux
en squelettisant au mieux les canaux semicirculaires. Par la même incision, on procède à une approche de la fosse cérébrale moyenne avec résection
du triangle rétroméatal suivie d’une pétrectomie de l’apex du rocher. La dure-mère présigmoïdienne est alors incisée. La dure-mère temporobasale
est ouverte de part et d’autre et dans l’axe du sinus pétreux supérieur, suivie de la section transversale de la tente du cervelet jusqu’à son bord libre.
Résultats. – Cette approche permet une exposition large et sécurisée de la face ventrale du pont et de la région pétroclivale. Le tronc basilaire y
est exposé dans son ensemble de même que les nerfs crâniens ipsilatéraux depuis le nerf oculomoteur jusqu’aux nerfs mixtes.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : proche@mail.ap-hm.fr (P.-H. Roche).
0028-3770/$ – see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.neuchi.2007.08.006
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Conclusions. – Cette étude indique que la pétrectomie combinée, en dépit de sa durée de mise en œuvre, est une approche conservatrice qui
préserve les structures neuro-otologiques du rocher et convient à l’exposition optimale des lésions pétroclivales étendues. Elle devrait trouver une
place de choix parmi les voies transpétreuses utilisées en neurochirurgie de la base du crâne.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Keywords: Meningioma; Petroclival tumors; Posterior fossa tumors; Surgical anatomy; Transpetrous approach; Skull base tumors
Mots clés : Anatomie chirurgicale ; Approches transpétreuses ; Méningiomes ; Tumeurs de la base du crâne ; Tumeurs de la fosse cérébrale postérieure ; Tumeurs
pétroclivales
Le principe général de cette procédure est de combiner en un Un volet osseux occipitotemporal est découpé au craniotome
seul temps deux voies transpétreuses habituellement utilisées (Fig. 3.B). Ce volet passe en pont au-dessus du sinus transverse
de manière indépendante, la voie rétrolabryrinthique et la voie et du coude du sinus sigmoïde. Il est nécessaire d’en décoller
suspétreuse élargie. Cette combinaison justifie d’une exposition la dure-mère en évitant une plaie veineuse toujours délicate à
spécifique des parties molles ainsi que d’un schéma particulier contrôler à cet endroit. On peut donc effectuer deux trous de
d’ouverture de la dure-mère de surface et de la tente du cervelet. trépans de part et d’autre du sinus, comme recommandé par
certains auteurs (Al-Mefty et al., 1988), ou bien exposer le coude
3.1. Installation, positionnement de la tête et incision du sinus à la fraise diamantée et décoller la dure-mère d’avant
cutanée en arrière.
Le patient est installé en décubitus dorsal, la tête fixée dans 3.3. Le temps de fraisage transpétreux
un étrier à trois pointes et tournée à 80 degrés vers le côté opposé
en prenant soin de ne pas occlure le drainage jugulaire controla- Le fraisage initial comporte une mastoïdectomie complé-
téral. Les électrodes de monitoring du nerf facial sont mises en tée en voie rétrolabyrinthique comme décrite précédemment
place, de même que le dispositif d’enregistrement peropératoire (Alliez et al., 2006 ; Pellet et Cannoni, 1990). Grossièrement,
des potentiels évoqués auditifs lorsqu’on en dispose. En vue de il convient de squelettiser le sinus sigmoïde jusqu’au bulbe
la fermeture, un champ de graisse abdominale est préparé et jugulaire et d’exposer progressivement la dure-mère présig-
soigneusement recouvert. L’obtention d’une meilleure détente moïdienne et la dure-mère basitemporale en dégageant l’angle
cérébrale peropératoire peut être favorisée par la mise en place sinusodural (angle de Citelli). En profondeur, on progresse dans
d’un drainage lombaire externe peropératoire. Le rasage du scalp le segment postéro-externe de la pyramide pétreuse en ouvrant
se fait à l’économie. Afin de diminuer le saignement initial et progressivement les cellules mastoïdiennes jusqu’à identifier
de favoriser la dissection des plans, il est proposé d’infiltrer le l’antre. À la face antéromédiale de l’antre dans sa partie anté-
scalp à la Xylocaïne® adrénalinée. rieure, l’os compact du relief externe du CSC externe est repéré.
L’incision cutanée est faite autour de l’oreille avec une marge Ce repérage peut être facilité par l’utilisation de la neuronavi-
de deux doigts autour du pavillon. En avant, il faut revenir vers gation. Progressivement, sous irrigation, on s’attache à exposer
la racine du zygoma dans la région prétragale (Fig. 3.A). Le les contours du labyrinthe postérieur en repérant successive-
muscle temporal est décollé d’arrière en avant avec son aponé- ment le CSC externe, le CSC postérieur, puis le CSC supérieur.
vrose, puis récliné en bas et en avant en dégageant la racine du Le triangle formé par la crus commune, la partie haute du golfe
zygoma et la grande aile du sphénoïde. En vue de l’exposition jugulaire et l’angle sinusodural, ou triangle de Trautman, consti-
de la fosse cérébrale moyenne, il est important d’optimiser le tue la limite d’exposition de la dure-mère présigmoïdienne. Sans
décollement musculaire vers l’avant. En arrière, les muscles prendre le risque d’ouvrir les CSCs, il est nécessaire d’optimiser
sous-occipitaux sont désinsérés pour exposer l’écaille occipi- la résection osseuse attenante. En particulier, il est utile de frai-
tale, la corticale mastoïdienne et la gouttière du ventre postérieur ser au maximum la crête pétreuse en dedans et en avant du CSC
du muscle digastrique (Fig. 3.A). supérieur (triangle rétroméatal). Certains auteurs ont proposé
Fig. 3. Exposition des premiers temps opératoires d’une pétrectomie combinée gauche.
A. Les parties molles ont été réclinées, permettant l’identification des repères osseux suivants : A : astérion, DG : gouttière digastrique, HS : épine de Henlé, PTS :
suture pariétotemporale, RZ : racine du zygoma.
B. Le volet osseux occipitotemporal a été découpé (cartouche), le fraisage mastoïdien a débuté. La tête de flèche blanche indique le coude du sinus sigmoïde.
Fig. 3. Management of the posterior part of the approach, on the left side of an operative case.
A. Elevation of the superficial tissues, and exposure of the mastoid and occipitotemporal bones. A: asterion, DG: digastric groove, HS: Henle spike, PTS: parieto-
temporal suture, RZ: root of zygoma.
B. The occipitotemporal bone flap has been removed and the mastoid has started drilling. The white arrowhead indicates the sigmoid sinus.
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Une fermeture méticuleuse est exigée si l’on veut préve- Une femme de 39 ans, sans antécédent notable, est admise
nir au maximum les fuites de liquide cérébrospinal. Il est en dans un hôpital de proximité devant l’installation progressive de
effet impossible de fermer la dure-mère de manière étanche. Il troubles de l’équilibre et de la marche. Elle signale également
convient également de combler la cavité d’évidement de l’os la survenue de céphalées depuis trois mois, d’intensité et de
pétreux causé par le fraisage extensif en utilisant la graisse fréquence croissante. L’examen initial notait un élargissement
qui avait été prélevée en quantité suffisante dans la région du polygone de sustentation et un ralentissement de la vitesse
abdominale. Nous utilisons des fragments volumineux qui sont de marche sans signe de focalisation patent. L’IRM mettait en
appliqués dans l’évidement rétrolabyrinthique et dans l’aire de évidence une lésion de la partie moyenne et inférieure de la
pétrectomie antérieure. Ces fragments sont enchassés dans les région pétroclivale gauche s’étendant vers l’angle pontocérébel-
zones de perte de substance de dure-mère et sont solidarisés et leux et la région prépontique ipsilatérale, responsable d’un effet
enrobés par de la colle biologique. Le toit de la caisse du tympan de masse sur le tronc cérébral et d’une hydrocéphalie obstruc-
est également systématiquement recouvert de graisse. Le volet tive (Fig. 8). Dans un premier temps, et devant des signes francs
occipitotemporal est reposé et fixé après avoir suspendu la dure- d’hypertension intracrânienne surajoutés, une intervention de
mère temporale. Les muscles sont soigneusement réinsérés et le dérivation ventriculopéritonéale était effectuée et la patiente était
scalp fermé en deux plans sans drainage. Notre attitude est de secondairement transférée dans notre service. Nous constations
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alors un déficit de l’hémicorps droit avec une composante pyra- résidu tumoral modéré (Fig. 9) pour lequel s’engage actuelle-
midale, une hypoesthésie de l’ensemble de l’hémiface gauche ment une discussion autour d’un traitement complémentaire de
et une parésie de l’hémilangue gauche. Le paquet acoustico- type radiochirurgical.
facial était indemne de tout déficit. L’angiographie cérébrale
montrait un refoulement sans infiltration de l’axe vertébrobasi- 5. Discussion
laire et un blush tumoral, principalement alimenté par l’artère
pharyngienne ascendante gauche. Cette lésion était opérée par 5.1. Rationnel
une pétrectomie combinée gauche (Fig. 9) sans problème per-
opératoire notable, en préservant la continuité anatomique des La justification de la pétrectomie combinée trouve sa source
nerfs crâniens exposés du trochléaire à l’hypoglosse gauche. dans le caractère incomplet ou invasif des autres approches clas-
L’exérèse était subtotale, laissant en place une zone de dure-mère siquement utilisées pour la prise en charge de certaines lésions
pathologique à la partie basse de l’insertion. L’histologie confir- volumineuses de la fosse cérébrale postérieure.
mait le diagnostic de méningiome bénin (grade 1 OMS). Cette La voie rétrosigmoïdienne est une approche qui utilise un cor-
patiente devait quitter l’hôpital à la troisième semaine postopé- ridor naturel constitué par les espaces cisternaux. Elle est bien
ratoire avec une atteinte partielle du nerf abducens et un discret connue, très reproductible et de réalisation rapide mais elle offre
déficit du nerf facial gauche. Au troisième mois postopératoire, un jour assez étroit sur la région pétroclivale et la face antérieure
elle était revue à la consultation, totalement ambulatoire, ayant du pont (Bricolo et al., 1992 ; Samii et al., 1989). Elle requiert
récupéré de son déficit en dehors du nerf XII et avec une audition une certaine rétraction du parenchyme cérébelleux et place les
normale. Son imagerie de contrôle confirmait l’existence d’un nerfs crâniens (paquet acousticofacial et nerf trijumeau) en inter-
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position constante entre la tumeur et l’opérateur. Elle offre un lier, l’exposition postérieure et inférieure en direction des nerfs
contrôle vasculaire tardif des tumeurs insérées sur la dure-mère, mixtes est médiocre. La voie transcochléaire (House et al., 1978)
n’en permet pas la résection et encore moins l’accès à l’étage est une pétrectomie radicale qui expose parfaitement l’ensemble
supratentoriel. La voie présigmoïdienne, dite rétrolabyrinthique, de la face postérieure du rocher mais comporte l’inconvénient
expose les tumeurs de l’angle pontocérébelleux (APC) et celles majeur, outre la cophose inhérente à la destruction de l’oreille
insérées depuis le porus acoustique interne jusqu’au coude du interne, de mobiliser le nerf facial intrapétreux et d’en altérer
sinus sigmoïde (Alliez et al., 2006). Toutefois, elle offre un angle systématiquement la fonction motrice et sécrétoire, notamment
et une surface d’ exposition insuffisants de la région pétroclivale celle de la lacrymation, du fait de la section nécessaire des nerfs
(Desgeorges et al., 1995). La voie présigmoïdienne transtento- pétreux. En outre, le contrôle de l’extension supratentorielle est
rielle (Hakuba et al., 1977), améliore l’exposition de la partie réduit. La voie sub- et infratemporale préauriculaire (Sekhar et
supérieure de l’APC, ainsi que des nerfs trijumeau et trochléaire. al., 1987) donne un jour suffisant sur la région prépontique et
Elle permet la résection de la tente du cervelet et des lésions clivale mais est encore plus délabrante. L’articulation tempo-
qui s’y insèrent. Elle reste conservatrice mais ne contrôle pas romandibulaire est luxée, la parotide et le nerf facial cervical
suffisamment l’apex pétreux et la gouttière pétroclivale. disséqués, la trompe d’Eustache liée.
La pétrectomie antérieure optimise l’exposition de la jonction La pétrectomie combinée comporte plusieurs avantages. Elle
pétroclivale et du tiers moyen du clivus en restant conservatrice préserve les structures neuro-otologiques du rocher en conser-
(Kawase et al., 1991 ; Velut et Jan, 1988). Toutefois, elle ne vant potentiellement les fonctions vestibulaire et auditive. Le
peut prétendre exposer les tumeurs à extension locorégionale nerf facial intrapétreux reste protégé dans son aqueduc ; toute-
qui dépassent les limites de la région pétroclivale. En particu- fois, même si les NPSs sont anatomiquement conservés lors
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de leur mobilisation, des troubles de la lacrymation peuvent le foramen jugulaire en direction caudale. Dans ce contexte, si
être observés, tout du moins de manière transitoire. Cette l’on considère qu’il est légitime de réséquer du mieux possible
approche offre des corridors multiples en orientant la chirurgie la base d’implantation ostéoméningée de la tumeur, la pétrec-
par voie postérolatérale mais aussi par voie supérolatérale en tomie combinée est alors indiquée. Il en est de même pour
contournant au mieux le labyrinthe postérieur grâce aux angles certains chordomes et chondrosarcomes à développement laté-
d’accès offerts par deux approches transpétreuses majeures. ral. Les processus expansifs dont le développement est purement
À ce titre, soulignons que l’approche du CAI par cette voie cisternal, tels les kystes épidermoïdes de la fosse postérieure,
se fait de manière plus oblique en direction ventromédiale que peuvent en général être réséqués par des voies moins larges,
lors d’une pétrectomie antérieure classique. En d’autres termes, même lorsqu’ils sont très volumineux. En pathologie vascu-
le CAI est masqué par le relief de l’eminencia ; l’utilisation de laire, certains anévrismes sacciformes ou fusiformes du tronc
la neuronavigation sur coupes TDM millimétriques du rocher basilaire et de ses branches sont largement exposés par cette
en fenêtres osseuses apporte une sécurité supplémentaire dans voie ; des techniques de revascularisation par anastomoses extra-
l’identification du toit du CAI de même que pour la squelet- intracrâniennes sont également réalisables (Day et al., 1997).
tisation optimale des CSCs. Insistons encore sur la nécessité Néanmoins, ces indications sont devenues marginales compte
d’optimiser l’ouverture de la dure-mère une fois le temps osseux tenu des développements que connaissent les techniques endo-
achevé. La région pétroclivale est exposée dans son ensemble, vasculaires.
mais aussi la région périmésencéphalique vers le haut et la
citerne cérébellomédullaire en direction caudale. L’inconvénient 6. Conclusion
principal de cette approche est sa longueur de mise en œuvre et la
nécessaire connaissance de l’anatomie pétreuse et péripétreuse La pétrectomie combinée est une voie transpétreuse
si l’on prétend exploiter au mieux la voie sans morbidité sur- complexe qui exploite au mieux l’anatomie du rocher pour pro-
ajoutée. La fermeture se doit d’être extrêmement méticuleuse, poser une exposition optimale des lésions de gros volume situées
le rocher ayant été ouvert à plusieurs endroits avec les risques dans la région pétroclivale et à la face ventrale du pont. Cette
de fuite de LCS que cela comporte. Le problème de la rétraction approche reste conservatrice et peut être proposée à la place
temporobasale doit être souligné même s’il est rarement men- d’autres voies transpétreuses plus agressives. La maîtrise de cette
tionné dans la littérature qui s’intéresse aux abords suprapétreux. voie nécessite une parfaite connaissance de l’anatomie pétreuse
Les problèmes veineux inhérents à cette rétraction prolongée et une phase d’apprentissage au laboratoire d’anatomie avant
sont, dans certains cas, à la source de déficits à type d’aphasie d’envisager sa réalisation sécurisée sur le vivant.
de sévérité variable ou de crises comitiales postopératoires. Ces
phénomènes sont en général transitoires. Références
Une étude anatomique a récemment comparé et quantifié
l’exposition offerte par cette voie par comparaison à des voies Alliez, J.R., Pellet, W., Roche, P.H., 2006. Value of retrolabyrinthine
plus classiques déjà mentionnées (Siwanuwatn et al., 2006). approach for surgical resection of meningiomas inserted around the late-
Les conclusions de ce travail suggéraient que la pétrectomie ral sinus between the transverse and sigmoid parts. Neurochirurgie 52,
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combinée n’offrait pas une meilleure exposition que la voie Al-Mefty, O., Fox, J.L., Smith, R.R., 1988. Petrosal approach for petroclival
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