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Neurochirurgie 54 (2008) 1–10

Article original

La pétrectomie combinée
Bases anatomiques, technique chirurgicale et indications
The combined petrosal approach
Anatomical principles, surgical technique and indications
P.-H. Roche a,∗ , H.-D. Fournier b ,
T. Sameshima c , T. Fukushima c
a Service de neurochirurgie, hôpital Sainte-Marguerite, CHU de Marseille, AP–HM, 13009 Marseille, France
b Service de neurochirurgie et laboratoire d’anatomie, hôpital Larrey, CHU d’Angers, 49933 Angers, France
c Department of Neurosurgery, Duke University, Durham, NC 27710, États-Unis

Reçu le 9 janvier 2007 ; accepté le 16 août 2007


Disponible sur Internet le 4 Mars 2008

Abstract
Management of large petroclival tumors requires the use of extensive surgical approaches that usually jeopardize the intrapetrous neuro-otologic
structures. To confirm the interest of the combined petrosal approach in this indication, we describe the relevant anatomy and the surgical steps of
this procedure.
After making a periauricular skin incision and muscle elevation, an occipitotemporal bone flap is shaped. Then a retrolabyrinthine exposure is
undertaken, with optimal skeletonization of the semicircular canals. Around the internal auditory canal, the retromeatal area and the petrous apex
are resected. The retrosigmoid dura is opened followed by the incision of the subtemporal and posterior fossa dura along the superior petrosal
sinus. The sinus is coagulated and divided. The tentorium is sectioned transversally toward its free edge behind the porus of the trochlear nerve.
The combined petrosal approach is able to provide a wide multidirectional corridor toward the ventral surface of the pons, the basilary trunk
and the ipislateral cranial nerves from the oculomotor to the lower cranial nerves.
This study confirms that despite a significant extra time needed for proper achievement, the combined petrosal approach is a valuable conservative
approach when the petroclival area, ventral brain stem and basilary trunk are targeted. This approach should be included in the panel of the
transpetrous routes available by expert skull base teams.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Résumé
Rationnel. – La prise en charge de certaines lésions de la région pétroclivale requièrt une exérèse optimale qui fait appel à des voies d’abord
larges mais délabrantes, ou conservatrices mais parfois insuffisantes. Afin de montrer l’intérêt et les limites de la pétrectomie combinée, les
auteurs en décrivent les différentes étapes à partir d’une étude anatomique sur spécimens injectés et illustrent ses indications par un cas
clinique.
Méthode. – La pétrectomie combinée débute par un volet occipitotemporal, suivi d’une résection du segment rétrolabyrinthique de l’os pétreux
en squelettisant au mieux les canaux semicirculaires. Par la même incision, on procède à une approche de la fosse cérébrale moyenne avec résection
du triangle rétroméatal suivie d’une pétrectomie de l’apex du rocher. La dure-mère présigmoïdienne est alors incisée. La dure-mère temporobasale
est ouverte de part et d’autre et dans l’axe du sinus pétreux supérieur, suivie de la section transversale de la tente du cervelet jusqu’à son bord libre.
Résultats. – Cette approche permet une exposition large et sécurisée de la face ventrale du pont et de la région pétroclivale. Le tronc basilaire y
est exposé dans son ensemble de même que les nerfs crâniens ipsilatéraux depuis le nerf oculomoteur jusqu’aux nerfs mixtes.

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : proche@mail.ap-hm.fr (P.-H. Roche).

0028-3770/$ – see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.neuchi.2007.08.006
2 P.-H. Roche et al. / Neurochirurgie 54 (2008) 1–10

Conclusions. – Cette étude indique que la pétrectomie combinée, en dépit de sa durée de mise en œuvre, est une approche conservatrice qui
préserve les structures neuro-otologiques du rocher et convient à l’exposition optimale des lésions pétroclivales étendues. Elle devrait trouver une
place de choix parmi les voies transpétreuses utilisées en neurochirurgie de la base du crâne.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Keywords: Meningioma; Petroclival tumors; Posterior fossa tumors; Surgical anatomy; Transpetrous approach; Skull base tumors

Mots clés : Anatomie chirurgicale ; Approches transpétreuses ; Méningiomes ; Tumeurs de la base du crâne ; Tumeurs de la fosse cérébrale postérieure ; Tumeurs
pétroclivales

1. Introduction et al., 1994 ; Dolenc, 2003). Pour la partie postéro-externe


transmastoïdienne de l’approche, le triangle mastoïdien externe
La chirurgie minimale invasive, la neuroendoscopie et le (Day et al., 1997) est délimité par les lignes rejoignant les
développement des techniques radiochirurgicales ont largement trois points suivants : Astérion, racine du zygoma à sa par-
modifié nos pratiques neurochirurgicales dans de nombreux tie la plus postérieure et pointe du processus mastoïdien
champs, notamment celui de la prise en charge des lésions de la en bas.
base du crâne. Toutefois, le traitement des volumineuses tumeurs Pour la partie supérieure de l’approche, un certain nombre de
de la région pétroclivale, en particulier de celles qui en dépassent repères sont nécessaires à la description des différents triangles
les limites, reste problématique. Cette chirurgie justifie en effet qui intéressent la face supérieure du rocher (Fig. 1). En arrière,
le choix d’approches multiples ou délabrantes si l’objectif est se situe l’éminencia arcuata (EA) que l’on affine en exposant au
l’exérèse radicale (House et al., 1978 ; Sekhar et al., 1987 ; Sen besoin sa ligne bleue, sans ouvrir la boucle du canal semicircu-
et Sekhar, 1990). L’option d’approches limitées peut aussi être laire (CSC) supérieur. En avant et en dehors de l’EA, on repère le
proposée avec comme corollaire une capacité d’exérèse réduite hiatus de Fallope et le ganglion géniculé. Ce dernier est masqué
et une sécurité moindre en terme de contrôle et de préservation par une petite coque osseuse dans trois cas sur quatre. On repère
des structures neurovasculaires adjacentes.
La pétrectomie combinée est une procédure qui associe en un
seul temps et par une seule incision une voie rétrolabyrinthique à
une résection de l’apex pétreux (Day et al., 1997 ; Spetzler et al.,
1992). Bien que comportant les avantages d’offrir des corridors
multiples tout en restant conservatrice pour les structures neuro-
vasculaires intrapétreuses, elle est mal connue et peu utilisée par
les neurochirurgiens, notamment en Europe. L’objectif de ce tra-
vail est de rappeler l’anatomie chirurgicale qui s’applique à cette
approche et de décomposer les différentes étapes de cette procé-
dure. Les indications de la pétrectomie combinée sont également
décrites et illustrées par un cas clinique.

2. Rappel d’anatomie chirurgicale

L’os pétreux est une pyramide osseuse à base externe et à


sommet antéro-interne. Cette pyramide comporte trois faces
(supérieure, postérieure et inférieure) et une base constituée par
le processus mastoïdien. L’anatomie descriptive de cet os est
complexe, et a été détaillée de manière extensive dans des études
Fig. 1. Triangles d’ouverture de la partie supérieure de la pétrectomie combinée
précédentes auxquelles il est conseillé de se référer (Fournier et
(côté droit).
al., 1995 ; Fournier et al., 2007 ; Pellet et al., 1989). L’approche La dure-mère temporobasale est élevée et protégée par une lame d’écarteur dont
que nous décrivons utilise deux corridors transpétreux que l’on la pointe est disposée au contact de la gouttière du sinus pétreux supérieur. Les
traverse, l’un par la base et le second par la face supérieure du lignes pointillées serrées délimitent le triangle rétroméatal, les lignes pointillées
rocher. Ces reliefs comportent des repères stricts qui déterminent de largeur moyenne le triangle préméatal et les lignes à large pointillé gris clair le
triangle postéromédial de Kawase. Les lignes noires correspondent aux limites
des triangles d’accès. L’ouverture de ces couvercles osseux tri-
de la fosse rhomboïde qui inclut les trois triangles.
angulaires donne accès à des volumes ou segments intrapétreux Fig. 1. Middle fossa opening triangles of the combined petrosal approach (right
que l’on résèque. side).
The temporobasal dura mater has been elevated from the floor of the middle
2.1. Les triangles d’accès fossa and a rigid retractor has been wedged in the grove of the superior petrosal
sinus. The retromeatal triangle is delineated by the dark grey dotted lines. The
premeatal triangle is delineated by the middle size dotted lines, and the poste-
Ceux qui nous intéressent s’inscrivent dans une plus large romedial triangle by the clear long dotted lines. These triangles are included in
description des limites triangulaires de la base du crâne (Day the rhomboid fossa (black lines).
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le nerf pétreux superficiel (NPS) qui surcroise la face supérieure


de l’artère carotide interne dans sa portion horizontale. On iden-
tifie en avant la face postérieure de la gaine méningée du nerf
trijumeau, depuis le foramen ovale jusqu’au porus trigéminé. En
dedans, en limite de décollement de la dure-mère temporobasale,
on repère la crête pétreuse. Les différents triangles d’intérêt sont
d’arrière en avant :

• le triangle rétroméatal est délimité par la ligne de l’axe de


l’EA, la ligne de la partie postérieure de la crête pétreuse
(gouttière du sinus pétreux supérieur) et la ligne de l’axe
du conduit auditif interne (CAI) que l’on peut nommer
ligne supraméatale. Cette ligne correspond à la bissectrice
de l’angle que décrivent le NPS et l’EA ; elle n’est donc pas
visible à la face supérieure du rocher ;
• le triangle préméatal emprunte en arrière la ligne supraméa-
tale, en dedans et en avant la crête pétreuse, et en dehors la
ligne que l’on trace entre le porus trigéminé et le ganglion Fig. 2. Segmentation pétreuse et zones de résection au cours de la pétrectomie
géniculé ; combinée (côté droit, vue supérieure). Figure de W. Pellet et al. modifiée avec
la permission de l’auteur.
• le triangle, dit postéromédial, ou triangle de Kawase (Kawase
En cartouche, sont rappelés les segments pétreux selon la classification de Pellet
et al., 1991). Ce triangle est limité par la ligne formée par et al. (16). SRL : segment rétrolabyrinthique, SL : segment labyrinthique, SC :
le trajet du NPS, la ligne qui passe par le bord postérieur du segment carotidien, ST : segment tympanique.
trijumeau et la ligne supraméatale. La zone 1 en gris foncé correspond à la résection rétrolabyrinthique. La zone 2
correspond à la résection rétroméatale. La zone 3 correspond à la pétrectomie
antérieure.
Considérés ensemble, ces trois triangles s’inscrivent dans
Fig. 2. Petrous bone segmentation and the three consecutive areas of resection
une surface losangique encore nommée fosse rhomboïde (Day during a right-sided combined petrosectomy. Figure from W. Pellet et al. modi-
et al., 1994). fied with permission of the author.
At the right bottom of the picture, the four segments are shown. SRL: retro-
2.2. Les segments de résection labyrinthine segment, SL: labyrinthine segment, ST: tympanic segment, SC:
carotid segment. The area number 1 represents the resection of the SRL. The
area number 2 represents the resection of the retromeatal triangle and area. The
Il convient ici de reprendre le concept de segmentation area number 3 illustrates the petrous apex resection.
pétreuse (Pellet et al., 1989) selon deux axes, l’un transverse
représenté par l’axe des conduits auditifs qui sont effectivement
sur la même ligne, l’autre suivant l’axe principal du rocher, repré-
senté en arrière par l’antre mastoïdien et le noyau labyrinthique Le segment carotidien est exposé et réséqué après ouverture
et en avant par l’artère carotide interne intrapétreuse dans sa du capot osseux que forme le triangle postéromédial. Ce segment
portion horizontale. Les quatre segments ainsi délimités sont est limité en dehors par le relief interne de la portion horizontale
représentés en Fig. 2. de la carotide intrapétreuse, en dedans par la dure-mère de la face
Le segment mastoïdien est limité en arrière par la dure- postérieure du rocher entre les sinus pétreux supérieur (SPS) et
mère rétrosigmoïdienne, en bas par le golfe jugulaire, en haut inférieur (SPI), en avant par la pointe du rocher. En arrière, la
par la dure-mère temporobasale, en avant par le mur posté- limite est déterminée par un plan vertical frontal passant par la
rieur du conduit auditif externe et la troisième portion du canal berge antérieure du CAI, du porus au fundus. Sous la première
de Fallope, encore nommé aqueduc du nerf facial, qui court portion de l’aqueduc du nerf facial depuis le fundus jusqu’au
verticalement depuis son coude sous le CSC externe jusqu’au ganglion géniculé, se situe la surface médiale de la cochlée dont
trou stylomastoïdien. Ses trois faces se rejoignent en direction l’os cortical est la limite inférolatérale du fraisage. Le segment
du labyrinthe postérieur situé à la partie antérosupéromédiale carotidien peut être l’objet de multiples variations dont certaines
du segment. Ce « noyau labyrinthique » est de forme com- doivent être connues du chirurgien : Le toit du canal carotidien
plexe, recouvert d’un os compact qui protège les CSCs et leurs est en règle découvert sur une longueur variable, en dehors, puis
ampoules. Le segment mastoïdien est constitué d’un os pneu- sous le cavum trigéminal. Le nerf pétreux superficiel surcroise
matisé, celui des cellules mastoïdiennes au sein desquels la plus la carotide d’arrière en avant et de dedans en dehors, il est le
grosse d’entre elles, la cellule antrale, est constante. Il peut être plus souvent unique et parfois double, formant les grand et petit
l’objet de variations toujours prédictibles sur le scanner préopé- nerfs pétreux. Les diamètres respectifs des SP sont variables
ratoire en fenêtres osseuses. Ces variations sont relatives à son mais le SPI est le plus souvent de gros volume. La structure
volume et à sa structure. Les variations de volumes sont liées de l’apex peut être faite d’un os spongieux à forte composante
aux procidences veineuses, celles du coude du sinus sigmoïde adipeuse, parfois très pneumatisé ou enfin compacte, parfois
qui déterminent une petite mastoïde, dite « contractée » et celles remanié par un ostéome d’insertion en cas de méningiome en
du golfe jugulaire (Roche et al., 2006). plaque.
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3. Technique chirurgicale 3.2. Volet osseux

Le principe général de cette procédure est de combiner en un Un volet osseux occipitotemporal est découpé au craniotome
seul temps deux voies transpétreuses habituellement utilisées (Fig. 3.B). Ce volet passe en pont au-dessus du sinus transverse
de manière indépendante, la voie rétrolabryrinthique et la voie et du coude du sinus sigmoïde. Il est nécessaire d’en décoller
suspétreuse élargie. Cette combinaison justifie d’une exposition la dure-mère en évitant une plaie veineuse toujours délicate à
spécifique des parties molles ainsi que d’un schéma particulier contrôler à cet endroit. On peut donc effectuer deux trous de
d’ouverture de la dure-mère de surface et de la tente du cervelet. trépans de part et d’autre du sinus, comme recommandé par
certains auteurs (Al-Mefty et al., 1988), ou bien exposer le coude
3.1. Installation, positionnement de la tête et incision du sinus à la fraise diamantée et décoller la dure-mère d’avant
cutanée en arrière.

Le patient est installé en décubitus dorsal, la tête fixée dans 3.3. Le temps de fraisage transpétreux
un étrier à trois pointes et tournée à 80 degrés vers le côté opposé
en prenant soin de ne pas occlure le drainage jugulaire controla- Le fraisage initial comporte une mastoïdectomie complé-
téral. Les électrodes de monitoring du nerf facial sont mises en tée en voie rétrolabyrinthique comme décrite précédemment
place, de même que le dispositif d’enregistrement peropératoire (Alliez et al., 2006 ; Pellet et Cannoni, 1990). Grossièrement,
des potentiels évoqués auditifs lorsqu’on en dispose. En vue de il convient de squelettiser le sinus sigmoïde jusqu’au bulbe
la fermeture, un champ de graisse abdominale est préparé et jugulaire et d’exposer progressivement la dure-mère présig-
soigneusement recouvert. L’obtention d’une meilleure détente moïdienne et la dure-mère basitemporale en dégageant l’angle
cérébrale peropératoire peut être favorisée par la mise en place sinusodural (angle de Citelli). En profondeur, on progresse dans
d’un drainage lombaire externe peropératoire. Le rasage du scalp le segment postéro-externe de la pyramide pétreuse en ouvrant
se fait à l’économie. Afin de diminuer le saignement initial et progressivement les cellules mastoïdiennes jusqu’à identifier
de favoriser la dissection des plans, il est proposé d’infiltrer le l’antre. À la face antéromédiale de l’antre dans sa partie anté-
scalp à la Xylocaïne® adrénalinée. rieure, l’os compact du relief externe du CSC externe est repéré.
L’incision cutanée est faite autour de l’oreille avec une marge Ce repérage peut être facilité par l’utilisation de la neuronavi-
de deux doigts autour du pavillon. En avant, il faut revenir vers gation. Progressivement, sous irrigation, on s’attache à exposer
la racine du zygoma dans la région prétragale (Fig. 3.A). Le les contours du labyrinthe postérieur en repérant successive-
muscle temporal est décollé d’arrière en avant avec son aponé- ment le CSC externe, le CSC postérieur, puis le CSC supérieur.
vrose, puis récliné en bas et en avant en dégageant la racine du Le triangle formé par la crus commune, la partie haute du golfe
zygoma et la grande aile du sphénoïde. En vue de l’exposition jugulaire et l’angle sinusodural, ou triangle de Trautman, consti-
de la fosse cérébrale moyenne, il est important d’optimiser le tue la limite d’exposition de la dure-mère présigmoïdienne. Sans
décollement musculaire vers l’avant. En arrière, les muscles prendre le risque d’ouvrir les CSCs, il est nécessaire d’optimiser
sous-occipitaux sont désinsérés pour exposer l’écaille occipi- la résection osseuse attenante. En particulier, il est utile de frai-
tale, la corticale mastoïdienne et la gouttière du ventre postérieur ser au maximum la crête pétreuse en dedans et en avant du CSC
du muscle digastrique (Fig. 3.A). supérieur (triangle rétroméatal). Certains auteurs ont proposé

Fig. 3. Exposition des premiers temps opératoires d’une pétrectomie combinée gauche.
A. Les parties molles ont été réclinées, permettant l’identification des repères osseux suivants : A : astérion, DG : gouttière digastrique, HS : épine de Henlé, PTS :
suture pariétotemporale, RZ : racine du zygoma.
B. Le volet osseux occipitotemporal a été découpé (cartouche), le fraisage mastoïdien a débuté. La tête de flèche blanche indique le coude du sinus sigmoïde.
Fig. 3. Management of the posterior part of the approach, on the left side of an operative case.
A. Elevation of the superficial tissues, and exposure of the mastoid and occipitotemporal bones. A: asterion, DG: digastric groove, HS: Henle spike, PTS: parieto-
temporal suture, RZ: root of zygoma.
B. The occipitotemporal bone flap has been removed and the mastoid has started drilling. The white arrowhead indicates the sigmoid sinus.
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Fig. 5. Pétrectomie combinée, dissection finale sur un spécimen du côté gauche.


Fig. 4. Exposition de la face supérieure du rocher droit après fraisage et surim-
La dure-mère temporobasale est réclinée par une lame d’écarteur. En arrière,
position des triangles d’accès.
on identifie le sinus sigmoïde (SS). Le fraisage mastoïdien de type rétrolaby-
Les lignes pointillées serrées délimitent le triangle rétroméatal, les lignes poin-
rinthique squelettise le labyrinthe postérieur où l’on repère la crus commune
tillées de largeur moyenne le triangle préméatal et les lignes à large pointillé
(flèche blanche). Sous la boucle du CSCE est exposée la deuxième portion du
gris clair le triangle de Kawase. Les lignes noires correspondent aux limites de
nerf facial intrapétreux (flèche noire). En avant, on expose la dure-mère du CAI
la fosse rhomboïde qui inclut les trois triangles.
(tête de flèche noire), puis l’apex pétreux (double flèche noire). On dédouble la
Fig. 4. Exposure of the superior aspect of the drilled petrous bone.
dure-mère qui recouvre le cavum trigéminal pour exposer le ganglion trigéminé
The retromeatal triangle is delineated by the dark grey dotted lines. The premea-
(flèche pointillée noire).
tal triangle is delineated by the middle size dotted lines, and the posteromedial
Fig. 5. Final drilling of a combined petrosectomy on the left side of an injected
triangle by the clear long dotted lines. These triangles are included in the rhom-
specimen.
boid fossa (black lines).
Arrowhead: dura over the internal auditory canal, black arrow: second portion
of the facial nerve under the lateral semicircular canal, dotted arrow: dura over
d’ouvrir et de fraiser la boucle de ce canal pour améliorer l’angle the trigeminal ganglion, double black arrow: petrous apex drilling, SS: sigmoid
d’exposition vers la région pétroclivale (Horgan et al., 2001 ; sinus, white arrow: common crus.
Sekhar et al., 1999) mais une telle procédure expose au risque
de cophose. Il n’est pas utile de squelettiser l’aqueduc du nerf conduit auditif externe lorsque la tête est installée pour une voie
facial qui constitue la limite antéromédiale de l’exposition. suspétreuse, mais ici avec une légère obliquité d’arrière en avant
Cette étape étant achevée, on peut maintenant modifier et de dehors en dedans. Le temps osseux de la voie d’abord est
l’orientation du microscope opératoire et se positionner en maintenant finalisé (Fig. 5) et les limites de la résection sont
regard du vertex pour décoller la dure-mère de la face supérieure illustrées en Fig. 6.
du rocher d’arrière en avant et de dehors en dedans. L’artère
méningée moyenne est identifiée à son émergence au foramen 3.4. Ouverture de la dure-mère
spinosum, elle est coagulée et sectionnée. Juste en dedans et en
avant, la gaine méningée qui entoure la branche mandibulaire Ce temps est essentiel et doit être optimisé pour ne pas être
du nerf trijumeau est exposée dans le foramen ovale dont on bridé dans l’exposition intradurale. Il convient d’inciser suc-
fraise les 180 degrés de l’hemicirconférence externe. Le ou les cessivement la dure-mère présigmoïdienne, puis la dure-mère
NPS sont décollés de la dure-mère temporobasale et laissés en temporobasale en restant parallèle et juste au-dessus du SP
place sur le canal carotidien. Cette manœuvre justifie d’avoir supérieur depuis l’angle sinusodural jusqu’au-dessus du porus
repéré ces fins rameaux nerveux sous magnification optique et trigéminé. Lors de cette incision, il est capital de repérer et de
de les détacher délicatement à l’aide d’un microdissecteur tran- préserver l’abouchement des veines temporales postérieures qui
chant. Le décollement se poursuit jusqu’à la crête pétreuse en se fait de manière directe au niveau du coude du sinus ou parfois
avant du tubercule supra-acoustique au contact du porus trigé- par l’intermédiaire du SP supérieur ou d’une veine tentorielle. La
miné. L’écarteur extradural est alors repositionné sous le SP dure-mère de la face postérieure du rocher est également coupée
supérieur, entre les deux lèvres de la crête pétreuse. Les limites sous le SP supérieur, permettant alors la coagulation et la section
du triangle postéromédial et du triangle préméatal étant ainsi du sinus. Idéalement, on conserve les veines pétreuses de Dandy,
exposées, on en fraise le couvercle cortical. La pyramide que ou tout du moins, son groupe antérieur. Le temps suivant est celui
constitue l’apex pétreux est maintenant fraisée en optimisant de l’ouverture de la tente du cervelet qui se fait de manière trans-
l’exposition de la portion préméatale de la dure-mère de la verse, depuis le SPS jusqu’au bord libre, en restant en arrière du
face postérieure du rocher, jusqu’au SP inférieur en bas et en point de pénétration du nerf trochléaire à la face inférieure du
avant (Fig. 4). Une des difficultés de l’approche est de prédire ligament pétroclinoïdien dans la partie postérieure du sinus ca-
l’orientation du conduit auditif interne (CAI) ; en effet, du fait verneux. En fonction de la pathologie à exposer, la ligne
de la combinaison d’approches, le chirurgien n’est pas stricte- d’incision varie d’avant en arrière. Si la tente est elle-même
ment positionné à l’aplomb du CAI, lui-même à la verticale du infiltrée par le processus pathologique, cette approche en permet
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Fig. 7. Pétrectomie combinée, exposition des nerfs crâniens après ouverture de


la dure-mère. Dissection finale sur un spécimen du côté gauche.
Fig. 6. TDM postopératoire de la base du crâne, en fenêtres osseuses, après SS : sinus sigmoïde. La flèche courbe indique que la réclinaison postérieure du SS
réalisation d’une pétrectomie combinée gauche. permet d’exposer les nerfs mixtes et le nerf grand hypoglosse à la partie inférieure
Les limites de la résection osseuse sont montrées après réalisation d’une du champ. La tête de flèche noire indique le nerf facial et le nerf cochléovestibu-
pétrectomie combinée du côté gauche. La flèche noire indique la pétrectomie laire dans l’angle pontocérébelleux et dans le conduit auditif interne. La tête de
rétrolabyrinthique, alors que la flèche en contourage montre la pétrectomie anté- flèche blanche montre le nerf abducens dans son trajet cisternal. La racine sensi-
rieure. tive du nerf trijumeau et le ganglion de Gasser sont repérés par la flèche noire. Le
Fig. 6. Postoperative CT scan after the microsurgical resection of a left petro- nerf trochléaire est montré par la flèche en pointillés noire, le nerf oculomoteur
clival tumor using a combined petrosectomy. est indiqué par la flèche blanche. Sur cette dissection, le canal semicirculaire
The black arrow indicates the retrolabyrinthine part of the approach. The black supérieur a été fraisé.
unfilled arrow indicates the anterior petrosectomy. Fig. 7. The combined petrosectomy has been achieved and the dura opened.
Cranial nerves are shown on the left side.
SS: sigmoid sinus. The curved arrow indicates that the backward shifting of
une résection large mais la continuité anatomique du nerf tro- the SS allows the exposure of the lower cranial nerves and hypoglossal nerve.
chléaire peut alors être compromise. The black arrowhead shows the facial and cochleovestibular nerves. The white
En fin d’ouverture et après repositionnement des écarteurs, arrowhead indicates the abducens nerve in its intradural course. The black arrow
la voie expose les nerfs crâniens de l’oculomoteur jusqu’aux displays the sensitive root of the trigeminal nerve and the Gasserian ganglion.
The trochlear nerve is materialized by the dotted black arrow. The oculomotor
nerfs mixtes et au grand hypoglosse (Fig. 7), la partie haute de nerve is shown by the white arrow.
la moelle allongée, la totalité de la face latérale du pont et le
sillon pontomésencéphalique. L’artère basilaire depuis sa jonc-
tion avec l’artère vertébrale ipsilatérale jusqu’à l’artère cérébrale laisser une capeline compressive pendant les 48 à 72 premières
postérieure est également clairement exposée (Fig. 7). heures postopératoires.

3.5. Fermeture 4. Illustration

Une fermeture méticuleuse est exigée si l’on veut préve- Une femme de 39 ans, sans antécédent notable, est admise
nir au maximum les fuites de liquide cérébrospinal. Il est en dans un hôpital de proximité devant l’installation progressive de
effet impossible de fermer la dure-mère de manière étanche. Il troubles de l’équilibre et de la marche. Elle signale également
convient également de combler la cavité d’évidement de l’os la survenue de céphalées depuis trois mois, d’intensité et de
pétreux causé par le fraisage extensif en utilisant la graisse fréquence croissante. L’examen initial notait un élargissement
qui avait été prélevée en quantité suffisante dans la région du polygone de sustentation et un ralentissement de la vitesse
abdominale. Nous utilisons des fragments volumineux qui sont de marche sans signe de focalisation patent. L’IRM mettait en
appliqués dans l’évidement rétrolabyrinthique et dans l’aire de évidence une lésion de la partie moyenne et inférieure de la
pétrectomie antérieure. Ces fragments sont enchassés dans les région pétroclivale gauche s’étendant vers l’angle pontocérébel-
zones de perte de substance de dure-mère et sont solidarisés et leux et la région prépontique ipsilatérale, responsable d’un effet
enrobés par de la colle biologique. Le toit de la caisse du tympan de masse sur le tronc cérébral et d’une hydrocéphalie obstruc-
est également systématiquement recouvert de graisse. Le volet tive (Fig. 8). Dans un premier temps, et devant des signes francs
occipitotemporal est reposé et fixé après avoir suspendu la dure- d’hypertension intracrânienne surajoutés, une intervention de
mère temporale. Les muscles sont soigneusement réinsérés et le dérivation ventriculopéritonéale était effectuée et la patiente était
scalp fermé en deux plans sans drainage. Notre attitude est de secondairement transférée dans notre service. Nous constations
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Fig. 8. Iconographie IRM préopératoire du cas illustratif.


La séquence pondérée en T1 sans gadolinium (A) montre le refoulement postérieur du tronc cérébral en regard de la jonction pontobulbaire et l’hydrocéphalie
obstructive susjacente. Après injection (B), on repère la large zone d’insertion du méningiome sur le tiers moyen et le tiers inférieur du clivus. Le flèche blanche
indique le pôle inférieur de cette insertion (C) alors que la dure-mère de l’incisure du nerf trijumeau à la partie haute de l’apex pétreux n’est pas infiltrée.
Fig. 8. Preoperative MRI study of the illustrative case.
The T1 weighted sequence shows the backward shifting of the brainstem and evidence of obstructive hydrocephalus (A). Post gadolinium MR study demonstrates
(B) the broad-based insertion of the meningioma. The T2 weighted axial MR study indicates the lower pole of the tumor insertion (C) while it shows the lack of
petrous apex involvement (D).

alors un déficit de l’hémicorps droit avec une composante pyra- résidu tumoral modéré (Fig. 9) pour lequel s’engage actuelle-
midale, une hypoesthésie de l’ensemble de l’hémiface gauche ment une discussion autour d’un traitement complémentaire de
et une parésie de l’hémilangue gauche. Le paquet acoustico- type radiochirurgical.
facial était indemne de tout déficit. L’angiographie cérébrale
montrait un refoulement sans infiltration de l’axe vertébrobasi- 5. Discussion
laire et un blush tumoral, principalement alimenté par l’artère
pharyngienne ascendante gauche. Cette lésion était opérée par 5.1. Rationnel
une pétrectomie combinée gauche (Fig. 9) sans problème per-
opératoire notable, en préservant la continuité anatomique des La justification de la pétrectomie combinée trouve sa source
nerfs crâniens exposés du trochléaire à l’hypoglosse gauche. dans le caractère incomplet ou invasif des autres approches clas-
L’exérèse était subtotale, laissant en place une zone de dure-mère siquement utilisées pour la prise en charge de certaines lésions
pathologique à la partie basse de l’insertion. L’histologie confir- volumineuses de la fosse cérébrale postérieure.
mait le diagnostic de méningiome bénin (grade 1 OMS). Cette La voie rétrosigmoïdienne est une approche qui utilise un cor-
patiente devait quitter l’hôpital à la troisième semaine postopé- ridor naturel constitué par les espaces cisternaux. Elle est bien
ratoire avec une atteinte partielle du nerf abducens et un discret connue, très reproductible et de réalisation rapide mais elle offre
déficit du nerf facial gauche. Au troisième mois postopératoire, un jour assez étroit sur la région pétroclivale et la face antérieure
elle était revue à la consultation, totalement ambulatoire, ayant du pont (Bricolo et al., 1992 ; Samii et al., 1989). Elle requiert
récupéré de son déficit en dehors du nerf XII et avec une audition une certaine rétraction du parenchyme cérébelleux et place les
normale. Son imagerie de contrôle confirmait l’existence d’un nerfs crâniens (paquet acousticofacial et nerf trijumeau) en inter-
8 P.-H. Roche et al. / Neurochirurgie 54 (2008) 1–10

Fig. 9. Vue peropératoire et imagerie postopératoire du cas illustratif.


En cartouche de l’image A, la position de la tête et le dessein de l’incision sont montrés. Cette image montre l’exposition de la dure-mère une fois la résection osseuse
achevée. La tête de flèche noire indique la crus commune et les noyaux semicirculaires squelettisés. L’IRM sagittale en T1 avec gadolinium (B) montre le résidu
tumoral en place sur la zone d’insertion de dure-mère. La flèche noire montre ce même résidu à la face ventrale de la charnière bulbopontique (C). La partie haute
de la pétrectomie occupée par de la graisse ainsi que la décompression du tronc sont illustrées en D.
Fig. 9. Peroperative view and postoperative imaging study of the illustrative case.
In the upper left corner of the image A, head positioning and skin incision are shown. The black arrowhead indicates the operative position of the common crus, after
elevating the temporal dura. The postgadolinium MR (B & C) shows a remnant tumor insertion at the level of the midclivus. The packing of the petrosectomy using
fat is displayed in D.

position constante entre la tumeur et l’opérateur. Elle offre un lier, l’exposition postérieure et inférieure en direction des nerfs
contrôle vasculaire tardif des tumeurs insérées sur la dure-mère, mixtes est médiocre. La voie transcochléaire (House et al., 1978)
n’en permet pas la résection et encore moins l’accès à l’étage est une pétrectomie radicale qui expose parfaitement l’ensemble
supratentoriel. La voie présigmoïdienne, dite rétrolabyrinthique, de la face postérieure du rocher mais comporte l’inconvénient
expose les tumeurs de l’angle pontocérébelleux (APC) et celles majeur, outre la cophose inhérente à la destruction de l’oreille
insérées depuis le porus acoustique interne jusqu’au coude du interne, de mobiliser le nerf facial intrapétreux et d’en altérer
sinus sigmoïde (Alliez et al., 2006). Toutefois, elle offre un angle systématiquement la fonction motrice et sécrétoire, notamment
et une surface d’ exposition insuffisants de la région pétroclivale celle de la lacrymation, du fait de la section nécessaire des nerfs
(Desgeorges et al., 1995). La voie présigmoïdienne transtento- pétreux. En outre, le contrôle de l’extension supratentorielle est
rielle (Hakuba et al., 1977), améliore l’exposition de la partie réduit. La voie sub- et infratemporale préauriculaire (Sekhar et
supérieure de l’APC, ainsi que des nerfs trijumeau et trochléaire. al., 1987) donne un jour suffisant sur la région prépontique et
Elle permet la résection de la tente du cervelet et des lésions clivale mais est encore plus délabrante. L’articulation tempo-
qui s’y insèrent. Elle reste conservatrice mais ne contrôle pas romandibulaire est luxée, la parotide et le nerf facial cervical
suffisamment l’apex pétreux et la gouttière pétroclivale. disséqués, la trompe d’Eustache liée.
La pétrectomie antérieure optimise l’exposition de la jonction La pétrectomie combinée comporte plusieurs avantages. Elle
pétroclivale et du tiers moyen du clivus en restant conservatrice préserve les structures neuro-otologiques du rocher en conser-
(Kawase et al., 1991 ; Velut et Jan, 1988). Toutefois, elle ne vant potentiellement les fonctions vestibulaire et auditive. Le
peut prétendre exposer les tumeurs à extension locorégionale nerf facial intrapétreux reste protégé dans son aqueduc ; toute-
qui dépassent les limites de la région pétroclivale. En particu- fois, même si les NPSs sont anatomiquement conservés lors
P.-H. Roche et al. / Neurochirurgie 54 (2008) 1–10 9

de leur mobilisation, des troubles de la lacrymation peuvent le foramen jugulaire en direction caudale. Dans ce contexte, si
être observés, tout du moins de manière transitoire. Cette l’on considère qu’il est légitime de réséquer du mieux possible
approche offre des corridors multiples en orientant la chirurgie la base d’implantation ostéoméningée de la tumeur, la pétrec-
par voie postérolatérale mais aussi par voie supérolatérale en tomie combinée est alors indiquée. Il en est de même pour
contournant au mieux le labyrinthe postérieur grâce aux angles certains chordomes et chondrosarcomes à développement laté-
d’accès offerts par deux approches transpétreuses majeures. ral. Les processus expansifs dont le développement est purement
À ce titre, soulignons que l’approche du CAI par cette voie cisternal, tels les kystes épidermoïdes de la fosse postérieure,
se fait de manière plus oblique en direction ventromédiale que peuvent en général être réséqués par des voies moins larges,
lors d’une pétrectomie antérieure classique. En d’autres termes, même lorsqu’ils sont très volumineux. En pathologie vascu-
le CAI est masqué par le relief de l’eminencia ; l’utilisation de laire, certains anévrismes sacciformes ou fusiformes du tronc
la neuronavigation sur coupes TDM millimétriques du rocher basilaire et de ses branches sont largement exposés par cette
en fenêtres osseuses apporte une sécurité supplémentaire dans voie ; des techniques de revascularisation par anastomoses extra-
l’identification du toit du CAI de même que pour la squelet- intracrâniennes sont également réalisables (Day et al., 1997).
tisation optimale des CSCs. Insistons encore sur la nécessité Néanmoins, ces indications sont devenues marginales compte
d’optimiser l’ouverture de la dure-mère une fois le temps osseux tenu des développements que connaissent les techniques endo-
achevé. La région pétroclivale est exposée dans son ensemble, vasculaires.
mais aussi la région périmésencéphalique vers le haut et la
citerne cérébellomédullaire en direction caudale. L’inconvénient 6. Conclusion
principal de cette approche est sa longueur de mise en œuvre et la
nécessaire connaissance de l’anatomie pétreuse et péripétreuse La pétrectomie combinée est une voie transpétreuse
si l’on prétend exploiter au mieux la voie sans morbidité sur- complexe qui exploite au mieux l’anatomie du rocher pour pro-
ajoutée. La fermeture se doit d’être extrêmement méticuleuse, poser une exposition optimale des lésions de gros volume situées
le rocher ayant été ouvert à plusieurs endroits avec les risques dans la région pétroclivale et à la face ventrale du pont. Cette
de fuite de LCS que cela comporte. Le problème de la rétraction approche reste conservatrice et peut être proposée à la place
temporobasale doit être souligné même s’il est rarement men- d’autres voies transpétreuses plus agressives. La maîtrise de cette
tionné dans la littérature qui s’intéresse aux abords suprapétreux. voie nécessite une parfaite connaissance de l’anatomie pétreuse
Les problèmes veineux inhérents à cette rétraction prolongée et une phase d’apprentissage au laboratoire d’anatomie avant
sont, dans certains cas, à la source de déficits à type d’aphasie d’envisager sa réalisation sécurisée sur le vivant.
de sévérité variable ou de crises comitiales postopératoires. Ces
phénomènes sont en général transitoires. Références
Une étude anatomique a récemment comparé et quantifié
l’exposition offerte par cette voie par comparaison à des voies Alliez, J.R., Pellet, W., Roche, P.H., 2006. Value of retrolabyrinthine
plus classiques déjà mentionnées (Siwanuwatn et al., 2006). approach for surgical resection of meningiomas inserted around the late-
Les conclusions de ce travail suggéraient que la pétrectomie ral sinus between the transverse and sigmoid parts. Neurochirurgie 52,
419–431.
combinée n’offrait pas une meilleure exposition que la voie Al-Mefty, O., Fox, J.L., Smith, R.R., 1988. Petrosal approach for petroclival
rétrosigmoïde pour la région pétroclivale alors qu’elle conser- meningiomas. Neurosurgery 22, 510–517.
vait l’avantage pour l’approche de la partie antérolatérale du Bricolo, A.P., Turazzi, S., Talacchi, A., Cristofari, L., 1992. Microsurgical remo-
tronc. Il faut souligner que la surface et l’angle d’exposition ne val of petroclival meningiomas: A report of 33 patients. Neurosurgery 31,
sont pas les seuls paramètres pertinents à analyser. Le contrôle 813–828.
Cho, C.W., Al-Mefty, O., 2002. Combined petrosal approach to petroclival
de la dure-mère pathologique, de la vascularisation normale et meningiomas. Neurosurgery 51, 708–716.
tumorale ainsi que l’exposition des nerfs crâniens en condition Day, J.D., Fukushima, T., Giannotta, S.L., 1994. Microanatomical study of the
pathologique sont d’importance majeure pour évaluer l’intérêt extradural middle fossa approach to the petroclival and posterior caver-
de telle ou telle approche, alors que ces travaux ont été menés nous sinus region: description of the rhomboid construct. Neurosurgery 34,
sur des cadavres injectés dépourvus de lésions pétroclivales. 1009–1016.
Day, J.D., Fukushima, T., Gianotta, S.L., 1997. Cranial base approaches to
posterior circulation aneurysms. J Neurosurg 87, 544–554.
5.2. Indications Desgeorges, M., Sterkers, O., Poncet, J.L., Rey, A., Sterkers, J.M., 1995. Surgery
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La pathologie tumorale de la base du crâne constitue and results. Neurochirurgie 41, 265–290.
aujourd’hui la principale indication de la pétrectomie combi- Dolenc, V.V., 2003. Microsurgical anatomy and surgery of the central skull base.
Springer, New York, 185.
née (Cho et Al Mefty, 2002 ; Little et al., 2005). Sont à citer Fournier, H.D., Mercier, P., Menei, P., AlHayek, G., Guy, G., 1995. Transpe-
en priorité, les tumeurs pétroclivales de gros volume au pre- trosal approaches to the clivus: surgical anatomy, pretentions and limits.
mier rang desquelles se situent les méningiomes. En effet, Neurochirurgie 41, 6–28.
ces lésions de part leur extension en plaque souvent observée, Fournier, H.D., Mercier, P., Roche, P.H., 2007. Surgical anatomy of the petrous
dépassent les limites de la région pétroclivale pour rejoindre apex and of the petroclival region. Adv. Tech. Stand. Neurosurg. 32,
91–146.
vers le haut l’étage moyen de la base du crâne en infiltrant la Hakuba, A., Nishimura, S., Tanaka, K., Kishi, H., Nakamura, T., 1977. Clivus
tente du cervelet, le cavum de Meckel et le sinus caverneux. meningioma: Six cases of total removal. Neurol. Med. Chir. (Tokyo) 17,
En arrière, ces lésions rejoignent l’angle pontocérébelleux et 63–77.
10 P.-H. Roche et al. / Neurochirurgie 54 (2008) 1–10

Horgan, M.A., Delashaw, J.B., Schwartz, M.S., Kellogg, J.X., Spektor, S., Samii, M., Ammirati, M., Mahran, A., Bini, W., Sepehrnia, A., 1989. Surgery
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