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Bucarest en 1906
Bucarest en 1906
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CHAMPAIGN «AY 3,9 APR2 5 1978 L161 — O-1096 •
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FREDERIC DAME uRaclu Dimiu NS44 9 Se EN 1906 V EGA ^ '.' D. SOCEC * Cil,
É biTEURS = 1907 =
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V REFdCE ^fê à Tonnerre — France— , en 1851, Frédéric Damé fit ses études
au lycée St.-Louls. Doué par excellence d'un tempérament de publiciste, il se fit
connaître de bonne heure — il était à peine étudiant — par des articles pleins de verve
et de bon sens, qui parurent dans tous les grands journaux de Paris: le Figaro, le Gaulois,
l'Evénement illustré, etc. Il collabora à la Revue populaire, comme critique tliéâ tral et à
la Cloche. Pendant la guerre franco- allemande, il publia PInvasion, puis après la
Commune, la Résistance. — Rappelons qu'à cette époque il fut le secrétaire de M. Thiers.
Venu en Roumanie en 1872, ses premiers articles, publiés dans le Journal de Bucarest,
d'Ulysse de Marsillac, produisirent une grande sensation. En 1873 il fonda la Roumanie,
premier journal français de grand format qui parut à Bucarest. En même temps, il
fondait à Paris la revue mensuelle: La Roumanie contemporaine. Tour à tour professeur
et journaliste, il écrivit à / Orient, au Româ nul, à l'Indépendance Roumaine et à La
Roumanie; il fut professeur de français au lycée de Craïova, puis à Bucarest; enfin il
écrivit diverses pièces de théâ tre, dont Le Rêve de Dochia, représente en 1877 et qui eut
le plus retentissant succès.
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IV Devenu Roumain par adoption, il fut un des fils qui justifia le mieux la
faveur obtenue. Possédant admirablement la langue roumaine — son dictionnaire
roumain-français en est le plus éloquent témoignage —, il écrivait indifféremment en
roumain ou en français. Il connaisait à fond l'histoire du pays, et sa sagacité signala bien
des fois les conséquences que devaient produire certaines mesures politiques
inconsidérées. Doué d'une mémoire prodigieuse, d'une activité inlassable et d'une
puissance de travail extraordinaire, Frédéric Damé ignorait le repos. Sa pensée toujours
à l'œuvre suffisait non seulement à l'énorme tâ che quotidienne qu'il réalisait, mais
encore formait bien avant dans l'avenir d'innombrables projets. Son imagination
ardente, saisie par le cô té artistique et original de Bucarest, voyant, chaque jour
disparaître un à un les coins de rues caractéristiques du passé, conçut le projet d'un
livre qui s'emparerait de tous ces vestiges, en reproduirait l'image et transmettrait aux
générations à venir le souvenir vivant de ce que fut Bucarest en 1906. La mort
implaccable vint malheureusement le surprendre au milieu de son travail. Son
manuscrit, pieusement recueilli, a été coordonné par les soins de sa famille et c'est
aujourd'hui cette œuvre que sa sincère et profonde affection pour sa ville adoptive avait
vérité en reconnaissance des années qu'il y avait vécu, que nous livrons au public, très
imparfaite, en bien des points, mais qui est la regrettable conséquence d'un travail
inachevé et repris par d'autres. S'il est un désir que nous puissions exprimer, c'est que
le public fasse à ce livre V accueil qui est dû non pas tant à fourrage lui-même, qu'il la
mémoire de celui qui fut Frédéric Damé.
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tes, on doit faire des fouilles profondes, par exemple lorsqu'on a construit le
Palais des Postes, il y a quelques années Un autre ruisseau, la Dâ mbovicioara, venait du
quartier Minai- Voda et se jetait dans la Dâ mbovitsa en face de la Curtea-Vechie. De tous
cô tés, autour de la ville, on rencontrait des étangs. Sur la rive gauche, celui d'Icoana,
celui de Soutzo (derrière Coltsea), celui de Cismegiu, celui de Sf. Elefterie, et un autre qui
se trouvait là où l'on voit aujourd'hui la grande école primaire de la Strada Clementsei ;
sur la rive droite, les étangs que l'on nommait au XVIII-e siècle lacul de la Postâ vari,
lacul Antim, lacul Dudescului, Balta de lâ ngd Tigdnia Mitropoliei, lacul Tlrca, etc., toute
une série presque ininterrompue de marécages, qui allaient de Vitan jusqu'à Grozâ vesti,
sans compter la ligne des grands étangs de la rive gauche, loin de la ville, qui vont de
Cernica à Herestreu, et qui existent encore. La rive droite de la Dâ mbovitsa jusqu'au
XVII-e siècle resta inhabitée. On n'y voyait que le monastère Mihai-Vodâ et les huttes de
ces gueux ( Calicii), estropiés de toutes les guerres qui avaient désolé le pays, semées le
long de la route de Craïova 1 (calea Rahova). Les boyards s'étaient établis sur la rive
gauche, près du Palais princier. Un point essentiel à fixer pour bien comprendre
l'histoire de Bucarest, c'est que la maison d'un grand boyard du temps jadis ne
ressemblait aucunement aux maisons des riches propriétaires de nos jours. Pour
donner une idée de ces maisons, nous emprunterons la description qu'en a faite Ion
Ghica dans ses Convorbiri economice. La maison du boyard, dit Ion Ghica, ne
ressemblait en rien à nos confortables habitations modernes; toutefois le corps
principal, la demeure du maître, était construite 1 Appelée aussi Calea l<> Magurele.
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13 de telle façon qu'elle fut chaude en hiver et fraîche en été, avec un toit à
pente très rapide pour l'écoulement des eaux et des neiges. La maison du boyard était
bâ tie comme une citadelle ; les murs avaient une épaisseur de quatre à six briques.
Beaucoup de pièces très vastes, des caves profondes et voû tées, un sous-sol, des
chambres au premier et un immense grenier. Le plancher des chambres était fait de
briques placées sur champ. Le toit était en bardeaux. «Le corps principal, ajoute Ion
Ghica \ se composait d'une grande salle qui allait d'un bout à l'autre de la maison, ayant
les chambres à droite et à gauche, avec des corridors en croix qui permettaient de
communiquer avec les autres parties de l'édifice. «Les plafonds étaient de chêne; les
toits débordaient d'un mètre afin de donner de l'ombre l'été, de protéger la maison de la
pluie pendant l'automne et Je printemps, et de la garantir l'hiver contre les vents glacés
et contre la neige. «La cour était entourée de murs percés d'une seule ouverture voû tée
que fermaient des doubles portes de chêne bardées de fer et que surmontait un
observatoire du haut duquel un Albanais armé veillait nuit et jour; sous la voû te, se
trouvait une chambre pour la garde en temps de peste. Une galerie ouverte conduisait à
la chapelle, car chaque grande maison avait une chapelle (paradis), soit dans la cour,
soit dans le corps de logis.» Ion Ghica nous décrit la maison de Dudescu. Rien ne vaut
cette description ; bien que cette maison date du XVIII e siècle, on nous excusera d'en
reproduire ici la description tout entière, car elle montre bien ce qu'étaient, en ces
temps déjà anciens, une maison de boyards. 1 Convorbiri economice (Entretiens
économiques). Bucarest.
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14 «Une maison de boyards était une véritable forteresse, un Etat dans l'Etat;
ni la police ni la justice princière n'osaient lranchir le seuil d'un Ban ou d'un Vornic, bien
qu'une pareille immunité ne fû t écrite nulle part. Au besoin, le boyard pouvait fermer
ses portes et vivre des mois entiers avec sa famille, ses domestiques et les gens^de sa
maison, quatre-vingts ou cent personnes, sans avoir en quoi que ce soit besoin des gens
du dehors. Les offices regorgeaient de denrées coloniales et de salaisons; dans le
quartier (empruntée au livre de M. Ionnescu-Gion, sans indication de date). des tsiganes,
il y avait des boulangers, des tailleurs, des bottiers, etc. Dans les cas extrêmes, le boyard
pouvait, avec ses gens, se défendre contre le pouvoir princier, quand celui-ci n'était pas
appuyé d'un ordre venu de Constantinople. «La partie delà maison qui donnait sur ie
grand escalier, avait qualre chambres à droite et à gauche de l'antichambre, ornées de
tapis et de rideaux tissés et brodés dans la maison, des sofas avec des coussins tout le
long des murs, et deux ou trois chambres Aaison de boyard
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18 les bords de la petite rivière vers l'actuelle strada Decebal, des tanneurs
installés sur les bords de la Dâ mbovitsa «au dessous de Sarindar jusqu'à Zlatari1». 11 y
avait sans doute aussi quelques cabarets, car Bucarest comptait une nombreuse
garnison et un certain nombre d'artisans libres, maréchaux-ferrants et serruriers,
cardeurs de laines et cordonniers. Mais cette classe intermédiaire entre les boyards et
les paysans, dans ce pays où le travail manuel et le commerce étaient méprisés et
considérés comme serviles, ainsi que dans l'ancienne Rome, cette classe d'artisans et de
commerçants devait être presque exclusivement formée d'étrangers, Serbes, Grecs,
Bulgares, qui parlaient le roumain et étaient orthodoxes et que le peuple— à cette
époque où la religion était tout et la nationalité rien — ne considérait pas comme des
étrangers, puisqu'ils priaient le même Dieu au pied du même autel. Pour lui, les
étrangers, c'étaient le païen Turc, l'hérétique arménien2, le juif, le protestant et le
catholique. Pliot. de l'auteur. Hutte (Bordei) telle qu'il en existe encore aujourd'hui dans
quelques quartiers excentriques. Celui-ci a été photographié, en Octobre 1906. calea
Dudesti. 1 Les tanneurs quittèrent cette partie de la ville en 1668, pour aller s'établir au
dessous de Radu-Vodà <>ù ils sont encore. 2 Les Arméniens étaient considères à
Bucarest comme les Juifs en Occident au moyen-â ge; <>n leur interdit d'habiter dans la
ville; ils durent s'établir hors des barrières, <>ù ils fondèrent le
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20 terrains vagues, des carrières à sable, des marécages, des iorêts, et, deci
delà , des églises en bois, de petites maisons basses et des huttes dont le toit seul
émergeait de terre. tel est l'aspect que pré— — 1 sentait la future capitale. Pas de rues,
des sentiers qui allaient d'un groupe de maisons à un autre, contournant ici un
marécage, là une vigne, le verger du propriétaire ou la carrière à sable creusée par lui
pour construire sa maison. Ces sentiers faisaient les plus Phot. de l'auteur. 1
invraisemblables zig Un ancien quartier de Bucarest. ZagS ; ils SOnt devenus plus tard
des rues et l'on n"a pas encore complètement réussi à en redresser les courbes
fantaisistes. Comment ce village serait-il devenu une ville en cette fin de siècle où il
n'existait aucune bourgeoisie, où la vie, la fortune des habitants étaient sans cesse
menacées, où nul n'était sù r du lendemain? Tantô t c'était Michel-le-Brave qui arrivait
avec son armée dans les rangs de laquelle il y avait autant de Hongrois, de Serbes et de
Cosaques que de Roumains, et ces mercenaires rançonnaient la population comme en
pays conquis; tantô t c'étaient les Turcs qui occupaient la ville et achevaient le pillage
(1595); tantô t c'étaient les Tatars (1596—1597) qui venaient mettre tout à feu et à
sang. En 1601, ce sont les Polonais de Jean Potoczki et les Moldaves du prince Siméon
Movila qui occupent la ville et la pillent à leur tour. On s'étonne qu'après tant de maux,
tant de ruines, tant de meurtres, Bucarest n'ait pas disparu, comme d'autres capitales
autrement puissantes.
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23 Bassarab leur livra bataille sous Bucarest et les défit après une lutte qui
dura deux jours. Les boyards vaincus s'enfuirent en Moldavie. On cite parmi eux : le
vornic Hrizea. le spathar Mihul, Catargi et le vistier Dudescu. Les premières années du
règne de Mathieu Bassarab furent tranquilles. Le prince rappelle les boyards émigrés,
répare la Curtea-Vechie et entretient dans Bucarest une forte garnison. Aussi, lorsque
les Turcs vinrent en 1640 menacer la ville, l'armée princière les força à se retirer. Mais,
à la mort de ce prince (1654), la révolte du corps des mercenaires serbes, bulgares et
albanais qu'il avait formé sous le nom de Seimeni troubla de nouveau Bucarest. L'année
suivante, ce sont les Dorobaiiti qui se révoltent contre les boyards, brû lent leurs
maisons, les pillent et égorgent ceux qui tombent entre leurs mains l. En 1656, Bucarest
revoit les Turcs qui dévastent tout. L'anarchie la plus complète règne dans la ville où
une soldatesque nombreuse et indisciplinée fait la loi. Mihnea III (1658—1659), grec
qui était connu à Constantinople sous le nom de Gioa-Bey, veut faire massacrer tous les
Turcs qui sont à Bucarest. Les boyards s'y opposent. Mihnea, furieux de cette résistance,
fait tuer dans son palais le vieux vornic Preda Brancovan. Le prince Constantin Sherban.
1 II faut noter ici un fait capital dans l'histoire roumaine. Les moines grecs, qui, depuis le
règne de Neagoë Bassarab, avaient peu à peu chassé les moines roumains des
monastères riches, avaient en même temps chassé les représentants du slavonisme. Un
jour vint où l'on ne trouva plus de prêtres sachant le slavon et la langue roumaine
rentra dans Féirlise.
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24 Les boyards indignés, réclament auprès de la Porte; ils appellent les Turcs
et les Tatars qui dévastent le pays. Mihnea fait tuer un grand nombre de boyards, mais
finalement il est déposé par la Porte et s'enfuit en Transylvanie. Georges Ghica le
remplace (1659 — 1660). Celui-ci est à peine sur le trô ne que Constantin Sherban l'en
chasse; mais, apprenant que Georges Ghica a appelé à son recours les Tatars et les
Turcs, il s'enfuit en Transylvanie, laissant la ville en proie à de nouvelles dévastations,
auxquelles vinrent s'ajouter la disette et la peste. ^^^^^ En 1 660, Grégoire Ghica,
Cantacuzène. En i672, Grégoire Ghica revient sur le trô ne et les persécutions contre les
Cantacuzène recommencent. Il est remplacé par Georges Douca (1674—1678), grec
d'origine., mais élevé dans le pays; les Cantacuzène se réfugient à Constantinopole. En
1676, la peste éclate dans la ville. Le prince s'en1 Les Cantacuzène étaient déjà investis
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Tatars, mais qui se rend odieuse par ses exactions et sa brutalité. Rentré à
Bucarest, Constantin Brancovan fait décapiter l'aga Constantin Balaceanu, gendre de
son prédécesseur, démolit sa maison (là où est aujourd'hui le Palais des Postes), et, sur
les terrains qui lui appartenaient et qui furent confisqués, il fait construire le Han
Constantin Vodd. Il répare le palais de son aïeul Preda Brancovan, sur la rive gauche l,
et, en face de ce palais, à travers les terrains de la famille Balaceanu et de la famille
Cantacuzène, il fait percer le Podul Mogosoaiei (Calea Victoriei)2 (1692). On lui doit la
réparation d'un grand nombre d'églises et de sages mesures pour la protection du
commerce. Entré en relations avec Pierre-le-Grand, qui était en guerre avec les Turcs,
Brancovan hésitait à se prononcer ; il avait promis aux Russes de les ravitailler et il ne
se hâ tait pas de le faire, attendant de savoir de quel cô té tournerait la chance, du cô té de
la Russie ou du cô té de la Turquie. Tout à coup, il apprend que le spathar Thomas
Cantacuzène avec 70 boyards avait passé dans le camp des Russes. Quelques jours
après, ceux, ci étaient battus par les Turcs et forcés de signer la paix d'Iassi. Pierre-le-
Grand ne pardonna pas à Brancovan ce qu'il appelait sa trahison et le fît dénoncer à
Constantinople. Les Turcs, furieux de la conduite équivoque du prince valaque et
poussés par les boyards ennemis de Brancovan, 1 Par suite de la rectification de la
Dâ mbovitsa, en 1883, le Palais Brancovan se trouve aujourd'hui sur la rive droite. 2
Cette nouvelle rue qui menait du palais de Brancovan (à cô té du Balais de justice actuel)
et alors sur la rive gauche de la Dâ mbovitsa, jusqu'au monastère de Sarindar, porta à
cette époque le nom de Ulitsa mare spre Sarindar (la Grand' rue vers Sarindar). — la
véritable grande rue alors (Hait celle qui porte aujourd'hui le nom de Strada Lipseani et
qu'on appelait Ulitsa mare tout court. Do Sarindar, la nouvelle rue se raccordait à la
route dite Dnimul Braçovului et passait devant la terre de Mogosoaia.
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3 I étrange: d'un cô té, les bohémiens esclaves; de l'autre, tous les gueux, tous
les estropiés, tous les mendiants de la capitale qu'on avait relégués dans ce coin perdu;
deux villages de huttes où l'on était en querelles, en rixes perpétuelles. En 1670, la
famille Rudeanu devient propriétaire de grands terrains sur la rive droite. ♦
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CHAPITRE II BUCAREST AU XVIII E SIÈ CLE e XVIII e siècle ouvre pour les
Provinces roumaines une ère nouvelle. L'Empire ottoman est en pleine décadence. Il
voit se dresser devant lui un grand empire chrétien, la Russie, qui, pendant près de deux
siècles, n'aura d'autre objectif que de chasser les Turcs d'Europe. Les Roumains
respirent. Leur pays n'est plus la proie des armées turques occupées ailleurs; mais, par
contre, ils perdent leurs princes indigènes. Le dernier prince roumain de Valachie,
Etienne Cantacuzène, est décapité (1716), et l'on voit se succéder sur le trô ne, au gré du
caprice ou de la vénalité des vizirs, les princes Phanariotes (1716—1822). En même
temps, un changement profond se produit dans l'économie générale du pays. jusqu'alors
les propriétaires s'étaient exclusivement occupés d'élevage: moutons qu'on exportait en
Turquie; bœufs et porcs qu'on envoyait en Allemagne; chevaux qui étaient utilisés dans
le pays et étaient recherchés en Turquie et en Allemagne; abeilles dont le miel allait en
Turquie et la cire à Venise; et ils ne produisaient que 6613