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Approches didactiques

Lecture critique appliquée à la médecine vasculaire


Approches didactiques

Approches didactiques
de la lecture critique

Introduction
L’enseignement de la lecture critique peut s’aborder de deux manières complé-
mentaires. La première est celle de l’autoformation du praticien, dont l’objec-
tif est de rechercher uniquement l’information qui permettra de juger rapide-
ment de l’intérêt de l’étude pour sa pratique. La deuxième est celle des épreu-
ves classantes nationales, dont l’objectif est de préparer au mieux l’étudiant à
une épreuve de lecture critique.
Dans la première approche, qui correspond à l’utilisation de la lecture criti-
que dans une pratique médicale, la formation se fait à partir de résumés et d’ar-
ticles complets. Le principe fondamental est alors d’apprendre à l’étudiant à se
concentrer sur la compréhension de la question posée et sur les éléments de
jugement de la pertinence de cette question et de l’étude. Dans la plupart des
articles, ce jugement de la pertinence peut être fait dès la lecture du résumé. Le
rejet rapide des articles non pertinents est source de considérables économies
de temps. Cette approche fait avant tout appel au bon sens clinique et repousse
les questions méthodologiques à une phase tardive de l’apprentissage. Elle ne
nécessite pas une lecture complète de l’article, un objectif pédagogique impor-
tant étant d’apprendre à l’étudiant à ne rechercher que l’information fonda-
mentale, là où elle doit se trouver dans un article. D’un point de vue didacti-
que, cette approche peut être utilisée en première intention dans un enseigne-
ment, car elle permet d’illustrer les points fondamentaux qui seront utiles
d’une part pour la rédaction du résumé de l’article, et d’autre part lors de la
réponse aux questions les plus importantes.
Dans la deuxième approche, la formation se fait à partir d’articles dont le
résumé, le nom de la revue et l’origine des auteurs ont été masqués. Cette
approche, qui reflète les conditions des épreuves classantes nationales, vise à
apprendre à l’étudiant à lire de manière méthodique l’intégralité d’un article à
la recherche de deux types d’éléments : premièrement, les éléments clés de la

Chapitre rédigé par L. Rachid Salmi et par le CEMV

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© 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
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structure de l’article, à partir desquels il aura à construire un résumé de l’arti-


cle ; deuxièmement, les éléments de jugement de la qualité et de la pertinence
de l’étude, qui lui permettront de répondre à des questions précises.
La présentation de ces deux approches repose, dans cet ouvrage, d’une part
sur une introduction sur la structure générale d’un article médical et, d’autre
part, sur l’utilisation d’un outil unique de présentation synoptique de la lecture
critique (cf. affiche couleur). La présentation des approches didactiques, dans
ce chapitre, reprend chaque élément de l’outil en différenciant, quand cela est
nécessaire, les points qui s’appliquent plutôt à l’autoformation ou qui sont spé-
cifiques pour chacun des objectifs de l’examen classant : construire un résumé
et répondre aux questions. Pour certains éléments, des précisions sont données
en fonction de l’objet de l’étude : étude thérapeutique (y compris les éléments
s’appliquant à la prévention), étude diagnostique (y compris les éléments s’ap-
pliquant au dépistage), étude pronostique, étude étiologique. Les éléments
méthodologiques sont volontairement présentés de manière succincte. Le lec-
teur intéressé pourra se référer à deux documents complémentaires pour
approfondir ces points méthodologiques : d’une part l’article d’introduction à
la lecture critique publié dans EMC-Médecine 1, d’autre part un ouvrage de
référence sur la lecture critique et la communication médicale scientifique 2.

Structure générale d’un article original


L’article original doit apporter au lecteur la réponse à une question qu’il se
pose. Cette réponse doit résulter d’une étude bien menée. La structure de l’ar-
ticle doit donc refléter les différentes étapes d’une étude : poser une question,
mener l’étude, obtenir des résultats, interpréter ces résultats.

Première partie : la question posée


Une étude, c’est tout d’abord une question qui doit apparaître dès le titre et
doit être formulée de manière complète à la fin de l’introduction, sous la forme
d’un objectif de l’étude. Cet objectif doit indiquer le type de question (théra-
peutique, diagnostique, pronostique ou étiologique) et refléter, en termes géné-
raux, la population concernée.
L’objectif est aussi le premier élément rapporté dans le résumé.

1. Salmi LR. Lecture critique d’un article médical : à la recherche des innovations réellement
utiles. EMC-Médecine 2004 ; 1 : 178-86.
2. Salmi LR. Lecture critique et communication médicale scientifique : comment lire, présenter,
rédiger et publier une étude clinique ou épidémiologique (2e éd.). Paris : Elsevier ; 2002.

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Approches didactiques

Exemple 1
« L’étude CARDS a eu pour but d’évaluer l’efficacité de l’atorvastatine 10 mg
par jour par rapport au placebo dans la prévention primaire de maladie cardio-
vasculaire chez les patients atteints de diabète de type 2. »
(Adapté de : Colhoun HM, Betteridge DJ, Durrington PN, et al. Primary prevention of car-
diovascular disease with atorvastatin in type 2 diabetes in the Collaborative Atorvastatin
Diabetes Study [CARDS] : multicentre randomised placebo-controlled trial. Lancet 2004 ;
364 : 685-96.)

Cette question doit être justifiée dans la première partie de l’introduction.


Cette justification doit reposer sur une revue brève de la littérature, faisant res-
sortir les lacunes dans les connaissances (points 4 et 5 de l’affiche couleur).

Deuxième partie : la conduite de l’étude


Une étude, c’est ensuite une série de quatre étapes logiques qui constituent les
méthodes :
la définition de la structure générale de l’étude (schéma d’étude ou dessin de
l’étude) ;
la sélection d’une population d’étude ;
un recueil des informations pertinentes pour répondre à la question posée ;
une analyse statistique des données ainsi recueillies pour obtenir les résultats
informatifs.
Le schéma d’étude doit être adapté à la question posée (point 9). Il doit être
décrit au début de la section « Méthodes » et doit être énoncé dans le résumé.
Il peut déjà être annoncé dans le titre ou l’objectif.

Exemple 2
« Nous avons réalisé un vaste essai international, multicentrique, randomisé, en
double insu (essai THRIVE). »
(Adapté de : Fiessinger JN, Huisman MV, Davidson BL, et al. Ximelagatran vs low-mole-
cular-weight heparin and warfarin for the treatment of deep vein thrombosis : a randomi-
zed trial. JAMA 2005 ; 293 : 681-9.)

La population d’étude doit être bien définie, adaptée à la question posée


(point 11 : critères d’inclusion et d’exclusion) et ses modalités pratiques de
sélection doivent être décrites et correctes (points 12 et 13). Ces éléments doi-
vent être détaillés dans la deuxième partie de la section « Méthodes » et énon-
cés succinctement dans le résumé.

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Exemple 1 (suite)
« Les patients des deux sexes, âgés de 40 à 75 ans et atteints d’un diabète sucré
de type 2 diagnostiqué 6 mois au moins avant l’entrée dans l’étude, pouvaient
être inclus dans l’étude pourvu qu’ils présentent au moins un des critères sui-
vants : antécédent d’hypertension artérielle, rétinopathie, microalbuminurie ou
macroalbuminurie, ou tabagisme actuel. » (ccritères d’inclusion)
Commentaire
Il n’y avait pas de critères d’exclusion.
(Adapté de : Colhoun HM, et al. Ibid.)

Le recueil des informations pertinentes doit comporter une définition des


variables importantes (point 16) et une description des modalités pratiques de
mesure (point 17). Ces éléments doivent être détaillés dans la troisième partie
de la section « Méthodes » et énoncés succinctement dans le résumé.

Exemple 3
« La mesure de la marche a été effectuée par un appareil porté par le patient,
nommé PADHOC pour “Peripheral Arterial Disease Holter Control” (d définition de
la variable principale). Celui-ci est composé d’un boîtier enregistreur attaché à la
ceinture, relié par des fils à deux pastilles ultrasonores fixées à la cheville, et à un
boîtier de commande tenu à la main. Ce système mesure la distance de marche
physiologique, la vitesse de déambulation ainsi qu’un index de récupération, qui
permettent d’évaluer la sévérité de l’artériopathie (bien ou mal compensée) et
son retentissement sur l’autonomie du patient… Chez l’angiologue, quatre visi-
tes (M0, M3, M6 et M12) ont été réalisées, au cours desquelles a été pratiqué le
test de marche. » (d définition et modalités pratiques)
(Adapté de : Boccalon H, Lehert P, Mosnier M. Effet du naftidrofuryl sur la distance de
marche physiologique chez des patients au stade de claudication intermittente. Ann
Cardiol Angéiol 2001 ; 50 : 175-82.)

L’analyse statistique doit décrire des méthodes adaptées à la question posée ;


ces méthodes, notamment les tests statistiques (tests d’inférence), doivent aussi
être adaptées aux données recueillies (point 18). Elles doivent aboutir à l’esti-
mation de paramètres informatifs (cf. plus loin la notion de résultats informa-
tifs). Ces éléments doivent être énoncés succinctement dans le résumé et détail-
lés dans la dernière partie de la section « Méthodes ».

Exemple 1 (suite)
« Des tests d’hétérogénéité préspécifiés ont été utilisés pour déterminer si les
effets observés dans certains sous-groupes (âge, sexe et profil lipidique initial)

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différaient entre les groupes et nous avons spécifié préalablement que nous rap-
porterions l’effet du traitement séparément pour les accidents coronaires aigus,
les revascularisations coronaires et les accidents vasculaires cérébraux. »
méthodes adaptées aux données, mais il manque l’estimation de paramètres
(m
informatifs)
(Adapté de : Colhoun HM, et al. Ibid.)

Cette partie doit aussi inclure un calcul des effectifs nécessaires pour aboutir à
des résultats pertinents (point 20).

Exemple 2 (suite)
« La taille prévue de l’échantillon était de 1650, estimée à partir d’un taux de
récidive de 4 % avec une marge de non-infériorité de 4 %, en acceptant une
erreur bilatérale de type I de 5 % et de type II inférieure à 5 %. »
(Adapté de : Fiessinger JN, et al. Ibid.)

Troisième partie : les résultats obtenus


L’application des méthodes précédemment décrites doit aboutir à des résultats.
Ces résultats doivent comporter :
une description de la population effectivement étudiée ;
une réponse à l’objectif principal ;
des réponses aux objectifs secondaires éventuels.
La population réellement étudiée doit être quantifiée et décrite (point 21).
Les effectifs étudiés doivent être détaillés, depuis l’éligibilité des sujets jusqu’à
l’inclusion dans les analyses statistiques (point 22). La description de la popu-
lation doit porter sur toutes les variables cliniques pertinentes et sur tous les
groupes (point 23). Cette description doit apparaître dès le début de la section
« Résultats ».

Exemple 1 (suite)
« Sur les 4053 patients initialement présélectionnés, 3249 (80 %) ont participé à
la phase initiale (figure 1). La non-satisfaction des critères de randomisation a
été le principal motif de non-inclusion dans cette phase (n = 647, 81 %) ; les
autres patients n’ont simplement plus désiré ou n’étaient plus en mesure de par-
ticiper. Parmi ceux inclus dans la phase initiale, 2838 ont été randomisés et ont
pris au moins une dose du médicament à l’étude. » (e effectifs étudiés) « Les deux
groupes de traitement étaient parfaitement équilibrés en ce qui concerne l’âge,

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le sexe, les facteurs de risque cardiovasculaire initiaux et les caractéristiques spé-


cifiques du diabète (tableau 1). » (ddescription de la population)
(Adapté de Colhoun HM, et al. Ibid.)

La réponse à l’objectif principal doit reposer essentiellement sur l’estimation de


paramètres statistiques constituant des résultats informatifs, y compris une
mesure de précision (intervalle de confiance par exemple) et de la signification
statistique (point 24). Le résultat est informatif s’il apporte effectivement une
réponse à la question posée (tableau 1).
Pour certaines études, la présence de résultats secondaires est informative.
Par exemple, les résultats informatifs principaux d’une étude thérapeutique
sont les mesures d’efficacité, mais l’article doit aussi fournir des résultats de
tolérance.

Tableau 1. Types de résultats informatifs selon la question posée et paramètres statis-


tiques correspondants*
Type de question Résultats informatifs Paramètre statistique
Thérapeutique Mesures d’efficacité Réduction absolue du risque ; réduction
relative du risque ; nombre de patients à
traiter pour obtenir un succès
Diagnostique Mesures de prédiction Sensibilité et spécificité du test ;
valeurs prédictives d’un test positif
et d’un test négatif
Pronostique Mesures d’association Risque relatif ; sensibilité et spécificité
et de prédiction du marqueur ; valeurs prédictives
d’un marqueur positif et d’un
marqueur négatif
Étiologique Mesures d’association Risque relatif ; rapport de cotes ;
coefficient de corrélation

* Adapté de Salmi LR. Lecture critique d’un article médical : à la recherche des innovations
réellement utiles. EMC-Médecine 2004 ; 1 : 178-86.

Quatrième partie : l’interprétation des résultats


Les résultats doivent être interprétés dans la section « Discussion ». Cette dis-
cussion doit comporter :
un bref résumé des résultats principaux ;
un exposé des limites éventuelles de l’étude ;

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une mise en perspective des résultats par rapport aux connaissances scienti-
fiques et médicales internationales ;
une discussion des implications pratiques des résultats principaux.
Le résumé des résultats doit faire l’objet du premier paragraphe de la discus-
sion. La discussion des limites éventuelles doit être objective et justifier la cré-
dibilité de l’étude (point 29). La mise en perspective doit reposer sur une ana-
lyse synthétique de la littérature récente (point 31). Les implications pratiques
doivent découler logiquement des résultats de l’étude et de l’état des connais-
sances (point 32).

Autres éléments d’un article


Outre le texte constituant la structure IMRD (Introduction, Méthodes,
Résultats, Discussion), l’article doit comporter : des auteurs, un titre, un
résumé et des références. Le texte principal est habituellement illustré de
tableaux, de figures ou des deux types d’illustration.
Les auteurs de l’article sont les personnes qui ont effectivement eu la respon-
sabilité de l’étude et de la rédaction de l’article. La définition d’un auteur et les
règles de construction d’une liste d’auteurs font l’objet de conventions interna-
tionales 3.
Le titre de l’article doit être bref mais spécifique, c’est-à-dire qu’il doit reflé-
ter le contenu significatif de l’article. Un bon titre rappelle les éléments clés de
l’objectif principal.

Exemple 1 (suite)
« Prévention primaire des maladies cardiovasculaires par l’atorvastatine chez
des diabétiques de type 2 dans l’étude CARDS (Collaborative Atorvastatin
Diabetes Study) : essai multicentrique randomisé et contrôlé versus placebo). »
Commentaire
Titre complètement informatif.
(Adapté de : Colhoun HM, et al. Ibid.)

Le résumé de l’article doit être un reflet complet mais court de toutes les étapes
de l’étude. Les éléments constituant un résumé informatif ont été évoqués ci-
dessus et seront repris dans une section ultérieure.
Les références sont des documents récents (point 33), issus de la littérature
internationale. Elles doivent être facilement accessibles (point 34). Les règles de

3. International Committee of Medical Journal Editors. Uniform requirements for manuscripts


submitted to biomedical journals. Writing and editing for biomedical publication. Arch Med
Res 2004 ; 35 : 450-64.

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présentation des références doivent respecter les conventions internationales


(point 35) 4. Des références doivent être présentées par les auteurs chaque fois
qu’ils évoquent des idées ou des résultats qui ne découlent pas directement de
leur étude (point 30).

Exemples de référence
« 1. Nevit MP, Ballard DJ, Hallett JW. Prognosis of abdominal aortic aneurysms :
a population-based study. N Eng J Med 1989 ; 321 : 1009-14.
2. Partsch H, Rabe E, Stemmer R. Traitement compressif des membres. In :
Chirurgie des varices. Paris : Éditions Phlébologiques Françaises ; 2000. »
Commentaire
Un article et un livre (références accessibles) ; il manque l’indication des coor-
donnateurs du livre.

Les tableaux doivent être utilisés pour rapporter des résultats importants,
nombreux et similaires (point 26), par exemple des résultats des mêmes mesu-
res importantes dans plusieurs groupes. Les figures doivent être réservées à la
présentation de distributions de variables ou de tendances pour lesquelles les
données brutes ne sont pas nécessaires (point 27). Tableaux et figures doivent
être logiquement appelés dans le texte et commentés succinctement ; leur
contenu ne doit pas être répété dans le texte ou dans une autre illustration
(point 28).

Lecture critique en médecine praticienne


Cette approche de la lecture critique repose sur la nécessité du médecin prati-
cien, d’une part, de ne pas perdre de temps et, d’autre part, de ne retenir que
les articles qui lui apporteront réellement de l’information crédible et utile
pour sa pratique. Cette approche est recommandée en première intention lors
d’un enseignement de la lecture critique pour plusieurs raisons : premièrement,
elle correspond à l’utilisation de la lecture critique dans une pratique ulté-
rieure ; deuxièmement, elle ne nécessite pas la lecture de tout l’article ; troisiè-
mement, elle ne considère les aspects méthodologiques qu’aux phases tardives
de la lecture, seulement pour les articles dont l’intérêt potentiel pour la prati-
que clinique est apparu aux phases préliminaires de la lecture. Cette approche

4. International Committee of Medical Journal Editors. Uniform requirements for manuscripts


submitted to biomedical journals. Writing and editing for biomedical publication. Arch Med
Res 2004 ; 35 : 450-64.

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de lecture critique en vue de l’autoformation ultérieure des praticiens permet


aussi de montrer rapidement aux étudiants quels sont les points les plus impor-
tants à rechercher dans un article.
La lecture critique en vue de l’autoformation d’un praticien repose sur une
série de sept questions fondamentales (figure 1). Dans l’outil synoptique de
lecture critique (affiche couleur), ces étapes sont indiquées par les lettres

Le titre reflète-t-il une question et une


Non
population pertinentes pour votre pratique ?
Ne perdez pas de temps
Oui
à lire cet article
Le résumé fournit-il des résultats informatifs
Non
potentiellement utiles pour votre pratique ?

Oui

L'objectif de l'étude reflète-t-il une question et


Non
une population pertinentes pour votre pratique ?

Oui

Le schéma d'étude est-il adéquat pour


Non
fournir une réponse à la question posée?
Ne continuez pas la
Oui
lecture de cet article
Les modalités d'utilisation de l'innovation sont-
Non
elles décrites et applicables à votre pratique ?

Oui

Les méthodes de l'étude sont-elles libres


Non
d'erreurs remettant en cause les résultats ?

Oui

La signification clinique est-elle suffisante


Non
pour justifier de modifier votre pratique?
Oui
Incorporez l'innovation N'incorporez pas l'innovation
dans votre pratique clinique dans votre pratique clinique

Figure 1. Étapes d’une lecture critique en vue de l’autoformation.


Adapté de Salmi LR. Lecture critique d’un article médical : à la recherche des innovations réel-
lement utiles. EMC-Médecine 2004 ; 1 : 178-86.

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majuscules A à G dans la dernière colonne. En l’absence de réponse claire à


chacune des questions ou si la réponse est négative, le lecteur peut rejeter l’ar-
ticle.

Première étape : lire le titre


La lecture du titre est la première étape logique, d’abord parce que le titre est
le premier contact avec l’étude, lors de la lecture du sommaire de la revue, par
exemple. C’est aussi le premier endroit logique pour comprendre la question
posée par les auteurs.
Cette lecture du titre doit rechercher trois éléments :
l’objet de l’étude : le lecteur doit reconnaître rapidement s’il s’agit d’une
étude thérapeutique (y compris la prévention), diagnostique (y compris le
dépistage), pronostique ou étiologique ;
la question posée : cette question doit être exprimée de manière suffisam-
ment explicite pour que le lecteur puisse en juger la pertinence pour sa prati-
que (point 1) ;
la population étudiée : la population concernée par l’étude, même si elle n’est
pas précisément définie dans le titre, doit apparaître suffisamment clairement
pour que le lecteur puisse en juger la pertinence par rapport aux patients qu’il
voit habituellement (point 2).
Si le titre n’est pas clair, la lecture peut s’arrêter là. Le lecteur indulgent ou
curieux – et qui a le temps – passera à l’étape suivante.

Exemple 3 (suite)
« Effet du naftidrofuryl sur la distance de marche physiologique chez des patients
au stade de claudication intermittente. »
Commentaire
Le titre est suffisamment spécifique pour indiquer qu’il s’agit d’une question thé-
rapeutique concernant le patient ayant une artériopathie et qui est claudicant ;
si le praticien est confronté à ce type de situation et de population, il pourra
continuer la lecture.
(Adapté de : Boccalon H, et al. Ibid.)

Deuxième étape : lire le résumé


La lecture du résumé est la deuxième étape logique, d’abord parce que le
résumé est souvent facilement accessible avant même d’avoir obtenu un article.
C’est aussi l’endroit logique pour chercher rapidement quels sont les résultats
principaux de l’étude et juger leur pertinence. Quand le titre n’est pas spécifique,

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le résumé est souvent le premier endroit où trouver une formulation plus com-
plète de la question posée.
Cette lecture doit donc rechercher essentiellement la formulation des résul-
tats informatifs (point 3). Le lecteur se posera alors la question suivante : « En
supposant que les résultats soient crédibles – ce que l’on peut rarement garan-
tir à la lecture exclusive du résumé – sont-ils pertinents pour ma pratique ? »
Si les résultats ne sont pas pertinents ou ne sont pas informatifs par rapport à
la question posée (tableau 1, page 26), la lecture peut s’arrêter là.

Exemple 1 (suite)
Extraits du résumé
Objectif : « Nous avions pour but d’évaluer l’efficacité de l’atorvastatine 10 mg
par jour en prévention primaire des accidents cardiovasculaires majeurs chez
des patients présentant un diabète de type 2 sans concentration élevée de LDL-
cholestérol. »
Résultats : « Cent vingt-sept patients assignés au placebo et 83 assignés à l’ator-
vastatine ont présenté au moins un événement cardiovasculaire majeur (diminu-
tion du taux de 37 % [IC à 95 % –52 à –17]). Le traitement devrait permettre la
prévention d’au moins 37 événements vasculaires majeurs pour 1000 patients
de ce type traités pendant 4 ans. »
Commentaire
Le lecteur trouve une formulation de l’objectif plus précise que dans le titre (cf.
ci-dessus). Le résultat principal est exprimé sous forme d’une mesure d’effica-
cité : réduction de 37 % du risque cardiovasculaire, 37 événements épargnés
pour 1000 patients traités pendant 4 ans. Le lecteur peut ainsi vérifier la perti-
nence de cette réduction de risque pour sa pratique.
(Adapté de : Colhoun HM, et al. Ibid.)

Troisième étape : rechercher l’objectif complet


La lecture de l’objectif complet est l’étape logique suivante parce que le résumé
n’est jamais suffisant pour juger de la qualité d’une étude. Le lecteur doit donc
vérifier rapidement que la question posée par les auteurs est effectivement per-
tinente pour sa pratique, avant de se lancer dans une lecture plus approfondie
de l’article.
Cette étape implique, pour la première fois, que le lecteur saute une partie de
l’article pour rechercher seulement l’information qui l’intéresse. La lecture de
l’objectif, que l’on doit donc trouver à la fin de l’introduction, doit rechercher
les trois éléments évoqués à propos du titre :
l’objet de l’étude : étude thérapeutique, diagnostique, pronostique ou étiolo-
gique ;

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la question posée : pertinence pour sa pratique (point 7) ;


la population étudiée : pertinence par rapport aux patients vus habituelle-
ment (point 8). Si la question se révèle finalement peu pertinente, la lecture
peut s’arrêter là.

Exemple 1 (suite)
Titre : « Prévention primaire des maladies cardiovasculaires par l’atorvastatine
chez des diabétiques de type 2 dans l’étude CARDS : essai multicentrique ran-
domisé et contrôlé versus placebo. »
Objectif du résumé : « Nous avions pour but d’évaluer l’efficacité de l’atorvasta-
tine 10 mg par jour en prévention primaire des accidents cardiovasculaires
majeurs chez des patients présentant un diabète de type 2 sans concentration
élevée de LDL-cholestérol. »
Fin de l’introduction : « De plus, ces recommandations ne sont pas concordan-
tes en ce qui concerne les patients diabétiques chez qui le traitement hypolipé-
miant est justifié. De nouvelles données provenant d’études cliniques sont donc
nécessaires pour démontrer le bénéfice des statines dans la prévention primaire
des maladies cardiovasculaires dans le diabète de type 2 et pour quantifier plus
précisément ce bénéfice (q question posée). L’étude CARDS a eu pour but d’éva-
luer l’efficacité de l’atorvastatine 10 mg par rapport au placebo dans la préven-
tion primaire de maladie cardiovasculaire chez les patients atteints de diabète de
type 2. » (oobjet de l’étude, population étudiée)
Commentaire
L’objectif de l’introduction est ici un peu moins précis que celui du résumé,
puisqu’il n’y est pas précisé que les diabétiques traités ne doivent pas avoir de
concentration élevée de LDL-cholestérol. Le lecteur pourrait trouver ici un man-
que de précision dans la définition de la population étudiée, sans la lecture préa-
lable du résumé.
(Adapté de : Colhoun HM, et al. Ibid.)

Quatrième étape : rechercher le schéma d’étude


La recherche du schéma d’étude est l’étape suivante, d’une part parce que c’est
l’élément des méthodes qui est le plus facile à localiser dans l’article, et d’autre
part parce que c’est le premier élément méthodologique critique pour lequel un
article est susceptible d’être rejeté rapidement. Habituellement, le schéma
d’étude est précisé au tout début des méthodes, mais il peut être évoqué dès le
titre ou dans l’objectif. Il doit être évoqué dans le résumé. Le schéma d’étude
est parfois représenté dans une figure. Si le schéma d’étude n’est pas un schéma
adapté à la question posée (tableau 2), il est inutile de continuer la lecture de
l’article.

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Approches didactiques

Tableau 2. Schémas d’étude adaptés aux différents types de question


Type de question Schéma d’étude
Thérapeutique Essai randomisé contrôlé
Diagnostique Étude cas-témoins ou étude de cohorte comparant les résultats du test évalué
aux résultats d’un test de référence
Pronostique Étude de cohorte
Étiologique Tous types de schémas épidémiologiques

Exemple 2 (suite)
Objectif : « Comparer l’efficacité et la sûreté du ximélagatran à celles du traite-
ment de référence par enoxaparine/warfarine dans la prévention des récidives
thromboemboliques veineuses. »
Début des méthodes : « L’essai thérapeutique THRIVE, randomisé en double
insu, a débuté en fait par deux essais séparés, quasi identiques, dont chacun
était conçu pour démontrer la non-infériorité du ximélagatran par rapport au
traitement par enoxaparine/warfarine dans la prévention des récidives throm-
boemboliques veineuses. »
Commentaire
Le texte des méthodes décrit correctement le schéma de l’étude, ici un essai ran-
domisé, qui est un schéma adapté à cette étude thérapeutique. Il ne précise pas
qu’il s’agit d’une étude multicentrique, mais il attire d’emblée notre attention sur
le fait qu’il s’agit de deux essais de schéma identique, fusionnés pour leur per-
mettre de donner une réponse à la question dans un délai raisonnable. Les
auteurs annoncent cela très clairement au début des méthodes, mais le lecteur
devra chercher plus loin pour quelles raisons le schéma initial des deux essais
séparés n’a pas pu être mené à son terme.
(Adapté de : Fiessinger JN, et al. Ibid.)

Cinquième étape : comprendre l’innovation proposée


La question est pertinente, les résultats présentés sont informatifs et le schéma
d’étude est adapté à la question posée. Une approche purement méthodologi-
que de la lecture critique consisterait à vérifier que les méthodes sont de qua-
lité suffisante pour garantir la crédibilité des résultats. Avant de se lancer dans
cette lecture plus méthodologique de l’article, le lecteur doit cependant s’assu-
rer qu’il pourra utiliser les résultats.

33
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S’entraîner à la LCA. Médecine et chirurgie vasculaires

La recherche de la description de l’innovation proposée implique de lire la


partie correspondante des méthodes (point 15). Une étude, aussi crédible soit-
elle d’un point de vue méthodologique, peut perdre tout intérêt si certaines
modalités pratiques ne sont pas décrites. Ces modalités d’utilisation concer-
nent l’application de l’innovation proposée et doivent être suffisamment détail-
lées pour permettre au lecteur d’intégrer cette innovation dans sa pratique.
Pour une étude thérapeutique, les auteurs doivent décrire qui a fait quoi, à
qui, avec quel produit ou quel matériel, à quelle dose, dans quelles circonstan-
ces et pour quelle durée. La description de la prise en charge doit aussi préciser
la conduite à tenir en cas d’effet inattendu ou toxique ou d’échec. Une étude
diagnostique doit décrire la préparation des patients ainsi que les étapes de
l’application du test et d’interprétation des résultats.

Exemple 4
« L’épaisseur intima-media de la carotide commune était définie par la moyenne
de 24 mesures de la paroi proximale et distale des deux carotides communes,
enregistrées chacune en position antérolatérale, médiolatérale et postérolaté-
rale. Des images zoomées de la carotide commune, sur lesquelles la limite de
l’intima-media pouvait être identifiée clairement, étaient prises à 1,5–2 cm de la
bifurcation. Toutes les images étaient synchronisées avec l’ECG. Le curseur était
placé manuellement, et les mesures de l’épaisseur intima-média étaient faites
par une estimation visuelle. »
Commentaire
Cet exemple illustre plus les problèmes méthodologiques de qualité des mesures
que les modalités pratiques. La méthode de mesure de l’épaisseur intima-media
est décrite dans le détail, mais il apparaît que les auteurs ont utilisé une méthode
« manuelle », moins reproductible que les méthodes semi-automatiques. Si les
méthodes manuelles peuvent être défendues à l’échelle d’une grande étude épi-
démiologique, pour une étude portant sur 31 patients, la variabilité des mesures
obtenues par cette méthode peut paraître inacceptable pour certains lecteurs,
qui ne liront pas la suite de l’article ou au moins la partie concernant l’épaisseur
intima-media.
(Adapté de : Van der Loo B, Krieger E, Katavic J, et al. Carotid intima-media thickness,
carotid wall shear stress and restenosis after femoro-popliteal percutaneous transluminal
angioplasty [PTA]. Eur J Vasc Endovasc Surg 2005 ; 30 : 469-74.)

Sixième étape : vérifier la validité de l’étude


Cette question est la plus délicate, car elle implique de vérifier si l’étude est
effectivement fondée sur une démarche libre d’erreurs. Les erreurs possibles
sont soit communes à tous types d’études, soit spécifiques d’une question ou

34
2-01.qxp 25/04/2006 11:17 Page 35

Approches didactiques

d’un schéma d’étude. Cette recherche active des erreurs implique de lire l’inté-
gralité des méthodes et la première partie des résultats.
Les erreurs peuvent survenir au moment de la sélection des individus
(points 11, 12, 13, 21 et 22), au moment des observations prises sur ces indi-
vidus (points 16 et 17) ou au moment de l’analyse des données (points 18 et
19). Un problème de sélection sera d’autant plus problématique qu’il survien-
dra de manière différente dans les groupes comparés ou s’il entraîne l’observa-
tion d’individus qui ne représentent pas la réalité de la population dans
laquelle la question se pose. Un problème d’observation sera aussi d’autant
plus problématique que la performance des outils de mesure n’est pas la même
dans les groupes comparés. Le principal problème d’analyse de l’étude est l’ab-
sence de prise en compte des défauts de comparabilité des groupes vis-à-vis des
variables de confusion ou pronostiques principales.
Ces éléments méthodologiques seront repris dans la quatrième partie de ce
chapitre.

Septième étape : juger la signification clinique des résultats


La lecture détaillée des résultats principaux de l’étude arrive tard dans une
démarche de lecture critique. Le jugement de leur intérêt est en effet condition-
nel à la validité des méthodes.
Pour être utile, un résultat doit signer un avantage réel pour la prise en
charge des individus concernés. Par exemple, il ne suffit pas de rapporter une
réduction du risque de complication, dans un essai randomisé, pour que le
résultat soit informatif. Cette réduction de risque, si elle est synonyme d’effica-
cité du traitement évalué, ne signe pas obligatoirement un avantage suffisam-
ment important pour justifier un changement de pratique de la part du lecteur.
Pour que les résultats justifient ce changement de pratique, il faut en effet qu’ils
soient cliniquement significatifs. La notion de signification clinique correspond
à l’importance que peut avoir le résultat pour la pratique clinique. Un lecteur
dira qu’un résultat est cliniquement significatif si ce résultat le pousse à chan-
ger sa pratique pour y intégrer l’innovation proposée par l’article.

Exemple 1 (suite)
« L’atorvastatine a été associée à une diminution de 37 % de la fréquence des
événements cardiovasculaires majeurs (p = 0,001). […] L’incidence des événe-
ments cardiovasculaires majeurs a été de 24,6 pour 1000 années-patients à risque
dans le groupe placebo et de 15,4 pour 1000 années-patients à risque dans le
groupe atorvastatine. Par conséquent, l’assignation de 1000 patients à l’ator-
vastatine 10 mg par jour devrait permettre d’éviter la survenue de 37 événe-

35
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S’entraîner à la LCA. Médecine et chirurgie vasculaires

ments cardiovasculaires majeurs inauguraux au cours d’une période de 4 ans. Il


faudrait traiter 27 patients pendant 4 ans pour prévenir un événement. »
Commentaire
Les résultats sont exprimés de façon claire et utile. La signification statistique des
résultats est établie. Le lecteur peut juger s’il est cliniquement valide de traiter
27 patients pendant 4 ans pour éviter un événement.
(Adapté de : Colhoun MH, et al. Ibid.)

Construction d’un résumé


Contrairement à la démarche de lecture critique en médecine praticienne, la
construction d’un résumé – lors de l’épreuve de lecture critique ou à la fin de
la rédaction d’un article – nécessite de lire l’intégralité du texte de l’article. Il
s’agit, à partir des notions développées dans les deux sections précédentes de ce
chapitre, d’extraire les huit éléments clés de l’étude.
Dans l’outil synoptique de lecture critique (affiche couleur), ces éléments
sont indiqués par les nombres romains I à VIII.
En pratique, il s’agit d’effectuer une lecture linéaire du texte et de repérer –
l’utilisation d’un surligneur est recommandée – les phrases qui rapportent les
éléments clés (figure 2). Ces phrases peuvent ensuite être recopiées et, selon la
longueur du texte ainsi obtenu, reformulées, raccourcies ou fusionnées. Le
résumé ne doit contenir ni abréviations, ni références.

Premier élément : la justification de l’étude


C’est probablement une des parties les plus difficiles, car elle dépend essentiel-
lement de la capacité des auteurs à avoir structuré et rédigé clairement leur
introduction. Il faut repérer, dans l’introduction, quelles lacunes dans les
connaissances les auteurs essayent de combler par leur étude (point 4). Cette
justification ne doit pas faire plus d’une phrase et n’est pas nécessaire dans le
résumé si la question est évidemment importante.

Exemple 5 5
Introduction : « La technique des pontages croisés fémorofémoraux a été décrite
pour la première fois par Freeman et Leeds [1] en 1952. L’année suivante,
Oudot et Beaconsfield [2], dans un article sur les remplacements aortiques par
homogreffe artérielle, décrivent la technique du pontage croisé ilioiliaque

5. L’exemple développé dans cette section est repris en détail dans le chapitre sur l’item 105,
p. 53.

36
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Approches didactiques

Section Contenu Éléments à extraire

Objet de l’étude
Titre
Type de population

Raisons de l’étude Phrase de justification (f)


Introduction
Objectif de l’étude Objectif principal (o)

Schéma d’étude Schéma d’étude (o)


Méthodes
Critères d’inclusion
Sélection prévue principaux (o)
Variables et mesures
Mesures prévues principales (o)

Analyse statistique

Effectifs et caractéris-
Sélection effective tiques principales (o)
Résultats
Résultat principal
Résultats les plus
informatifs (o)
Résultats mineurs

Résumé des faits


Discussion Conclusion (o)

Limites éventuelles

Mise en perspective

Recommandations
Figure 2. Contenu des sections d’un article et éléments à en extraire pour construire le résumé.
Le (o) indique un élément obligatoire et le (f) un élément facultatif ; les flèches indiquent les
sous-sections où rechercher l’élément en priorité (trait plein) ou éventuellement (trait poin-
tillé).

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S’entraîner à la LCA. Médecine et chirurgie vasculaires

externe comme traitement de l’occlusion d’une homogreffe iliaque. Ces ponta-


ges extra-anatomiques étaient initialement réservés aux ischémies sévères surve-
nant chez des malades à risque chirurgical élevé chez lesquels un abord aortique
ou iliaque primitif direct était jugé contre-indiqué. La première série clinique fut
rapportée par Vetto [3] en 1962. Dès 1966, la simplicité technique et les bons
résultats à distance des pontages interfémoraux croisés conduisaient cet auteur
[4] à en élargir les indications aux malades sans risque chirurgical particulier qui
étaient candidats à une chirurgie aortofémorale ou iliofémorale directe.
Toutefois d’autres auteurs décrivaient la possibilité de vol hémodynamique par le
pontage croisé [5] et avaient montré le risque de progression de l’athérome au
niveau de l’axe iliaque donneur [6]. Ces critiques avaient limité les indications
des pontages croisés qui restaient un sujet de controverse.
C’est dans ce contexte que le groupe vasculaire de l’Association universitaire de
recherche en chirurgie (AURC) a entrepris en mai 1986 une étude randomisée
multicentrique pour comparer la perméabilité des pontages prothétiques aorto-
ou iliofémoraux directs à celle des pontages croisés dans les revascularisations
iliaques unilatérales des malades à bon risque chirurgical. »
(Extrait de : AURC, Ricco JB. Lésions occlusives iliaques unilatérales : revascula-
risation directe ou pontage croisé ? Une étude prospective randomisée multicen-
trique. Ann Chir Vasc 1992 ; 6 : 209-19.)
Propositions pour le résumé
« L’intérêt de la revascularisation des lésions occlusives iliaques unilatérales par
pontage croisé reste controversé. »

Deuxième élément : l’objectif principal de l’étude


Il s’agit ici de repérer, dans l’introduction ou, à défaut, dans le titre ou dans les
méthodes, quelle était la question posée par les auteurs (points 7 et 8). Si néces-
saire, il faut reconstruire l’objectif à partir des éléments discutés dans la pre-
mière section de ce chapitre ou reconnaître, parmi plusieurs objectifs énoncés,
quel était le plus important. Cet objectif doit constituer la deuxième phrase du
résumé – la première quand la justification de l’étude n’est pas problématique.

Exemple 5 (suite)
Dernière phrase de l’introduction : « C’est dans ce contexte que le groupe vas-
culaire de l’Association universitaire de recherche en chirurgie (AURC) a entre-
pris en mai 1986 une étude randomisée multicentrique pour comparer la per-
méabilité des pontages prothétiques aorto- ou iliofémoraux directs à celle des
pontages croisés dans les revascularisations iliaques unilatérales des malades à
bon risque chirurgical. »
(Extrait de : AURC, et al, Ibid.)

38
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Approches didactiques

Proposition pour le résumé


« L’objectif était de comparer la perméabilité des pontages prothétiques aorto-
ou iliofémoraux directs à celle des pontages croisés dans les revascularisations
iliaques unilatérales des malades à bon risque chirurgical. »

Troisième élément : le schéma d’étude


Il s’agit ici de repérer, dans les méthodes, l’intitulé du schéma d’étude (essai,
cohorte, cas-témoins…) ou les éléments qui constituent la comparaison princi-
pale (comparaison d’un nouveau test et d’un test de référence, par exemple)
[point 9]. Le schéma d’étude ne devrait pas faire l’objet de plus d’une phrase
(exceptionnellement deux) du résumé.

Exemple 5 (suite)
Début des méthodes : « La perméabilité primaire et secondaire des pontages
directs et croisés a été le principal critère de jugement retenu dans cette étude
prospective randomisée. Les critères de perméabilité primaire adoptés ont été
ceux du Comité Ad Hoc de la SVC/ISCVS [7]. D’après ceux-ci, tout nouveau
geste chirurgical fait sur le pontage, sur ses anastomoses ou sur l’axe artériel
immédiatement adjacent au pontage interrompt la perméabilité primaire du
pontage, même si celui-ci est perméable. Les autres critères de jugement de
cette étude sont la morbidité et la mortalité postopératoires. »
(Extrait de : AURC, et al. Ibid.)
Proposition pour le résumé
« Dans une étude prospective randomisée… »

Quatrième élément : la population prévue


Il s’agit de repérer, dans les méthodes, la formulation des critères d’inclusion et
d’exclusion principaux (point 11) et, éventuellement, des modalités pratiques
de sélection (point 12). Pour certains schémas d’étude, la répartition dans dif-
férents groupes doit être décrite (notamment la randomisation) ; pour d’autres
études, la sélection doit être rapportée séparément pour les différents groupes
(cas et témoins par exemple). Ces points peuvent faire l’objet de deux phrases
du résumé. Pour faciliter la rédaction, certains points peuvent être évoqués dès
la phrase de description du schéma d’étude.

39
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S’entraîner à la LCA. Médecine et chirurgie vasculaires

Exemple 5 (suite)
Deuxième chapitre des méthodes :
« Critères d’inclusion : Les critères d’inclusion ont été artériographiques, ultraso-
nographiques et cliniques. Les malades inclus avaient tous sur l’artériographie
de face et de trois quarts une occlusion ou une sténose iliaque primitive ou
externe unilatérale, égale ou supérieure à 50 %. Le caractère significatif de cette
sténose iliaque a été confirmé par la diminution de l’index systolique à la cheville
et par l’existence d’une claudication intermittente invalidante. Dans tous les cas,
la normalité de l’axe iliaque controlatéral sur l’examen artériographique de face
et de trois quarts était un critère indispensable à l’inclusion du malade. En cas de
doute, la recherche d’un gradient de pression dans l’axe iliaque donneur a été
réalisée au cours du retrait du cathéter d’artériographie.
Critères d’exclusion généraux : Nous avons exclu de l’essai les malades âgés de
plus de 75 ans et ceux qui avaient une pathologie associée impliquant un risque
vital à court terme (cancer évolutif) ainsi que les malades sous hémodialyse.
Nous avons aussi exclu les malades ayant des facteurs de risques généraux ren-
dant une laparotomie éventuellement dangereuse et en particulier les malades
qui avaient une coronaropathie à risque, définie par un angor de décubitus ou
un infarctus du myocarde récent, une obésité importante avec un rapport
poids/(taille – 100) supérieur à 1,5, ou une insuffisance respiratoire avec hypoxie
inférieure à 75 mm Hg et hypercapnie supérieure à 50 mm Hg au repos et un
VEMS inférieur à 50 % de la valeur calculée.
Critères d’exclusion spécifiques : Nous avons exclu les malades dont les lésions
iliaques pouvaient être traitées par dilatation endoluminale ou par endartériecto-
mie et ceux qui avaient déjà eu une revascularisation aortique, iliofémorale,
fémorofémorale ou axilofémorale. Nous avons aussi exclu les malades qui
avaient une pathologie septique intra-abdominale, y compris vasculaire, les
malades qui avaient une éventration abdominale majeure et ceux qui avaient
subi plus de deux laparotomies itératives ou une radiothérapie abdominale, pel-
vienne ou inguinale. »
(Extrait de : AURC, et al. Ibid.)
Proposition pour le résumé
« Nous avons inclus les malades atteints de claudication intermittente invali-
dante et qui présentaient une occlusion ou une sténose iliaque significative.
Nous n’avons pas inclus les sujets de plus de 75 ans ou présentant un risque chi-
rurgical élevé, ni ceux qui pouvaient être traités par voie endoluminale ou qui
avaient déjà eu une revascularisation au même étage. »

Cinquième élément : les mesures principales


Il s’agit de repérer, dans les méthodes, la définition des variables principales et
des outils de mesure correspondants (points 16 et 17). Cet élément peut

40
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Approches didactiques

commencer par une description des caractéristiques principales de l’innovation


éventuelle (traitement, test diagnostique, marqueur pronostique) [point 15].
Ces points peuvent faire l’objet de deux phrases du résumé. En pratique, le
choix des méthodes à sélectionner pour le résumé dépendra beaucoup des
résultats principaux sélectionnés pour le résumé.

Exemple 5 (suite)
Début des méthodes : « La perméabilité primaire et secondaire des pontages
directs et croisés a été le principal critère de jugement retenu dans cette étude
prospective randomisée. Les critères de perméabilité primaire adoptés ont été
ceux du Comité Ad Hoc de la SVC/ISCVS [7]. D’après ceux-ci, tout nouveau
geste chirurgical fait sur le pontage, sur ses anastomoses ou sur l’axe artériel
immédiatement adjacent au pontage interrompt la perméabilité primaire du
pontage, même si celui-ci est perméable. Les autres critères de jugement de
cette étude sont la morbidité et la mortalité postopératoires. »
(Extrait de : AURC, et al. Ibid)
Proposition pour le résumé
« La perméabilité primaire et secondaire des pontages directs et croisés a été le
principal critère de jugement, évalué selon les critères du Comité Ad Hoc. Les
critères de jugement secondaires étaient la morbidité et la mortalité postopéra-
toires ».

Sixième élément : la population sélectionnée


Il s’agit de repérer, dans les résultats, les effectifs et principales caractéristiques
des sujets effectivement inclus et faisant l’objet de l’analyse (points 21 et 22).
Cette information est parfois retrouvée dans les tableaux, les figures ou leurs
titres. Dans certains articles mal structurés, ces informations peuvent apparaî-
tre à tort dans les méthodes, mélangées aux critères d’inclusion et d’exclusion.
Ces résultats peuvent faire l’objet d’une ou deux phrases du résumé.

Exemple 5 (suite)
L’effectif de l’étude apparaît dans le tableau I et les caractéristiques de la popu-
lation au début du paragraphe « Résultats » et dans le Tableau II 6.
Début de la section « Résultats » : « Analyse des groupes : La répartition des fac-
teurs de risque (Tableau II) et des symptômes cliniques préopératoires

6. Les tableaux de l’article original ne sont pas fournis dans ce chapitre ; la reproduction de
l’article complet apparaît dans le chapitre d’illustration sur l’item 105, p. 53.

41
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S’entraîner à la LCA. Médecine et chirurgie vasculaires

(Tableau III) était comparable dans les deux groupes. Les lésions iliaques
(Tableau IV) et fémorales superficielles (Tableau V) étaient comparables dans
ledeux groupes. Les lésions iliaques étaient représentées par des occlusions ou
des sténoses iliaques primitives et externes étendues. »
(Extrait de : AURC, et al. Ibid.)
Proposition pour le résumé
« Cent quarante-trois malades ont été inclus, dont 69 ont eu un pontage direct
et 74 un pontage croisé. Il n’y avait pas de différence significative entre ces deux
groupes de malades pour les différents facteurs de risque vasculaire. »

Septième élément : les résultats principaux


Il s’agit de repérer, dans les résultats, l’énoncé du résultat informatif principal,
sous forme du paramètre statistique principal, de son intervalle de confiance
ou d’une autre mesure de variabilité et d’un degré de signification statistique
(point 24). Ce résultat principal doit faire l’objet d’au moins une phrase dans
le résumé. Si des résultats secondaires sont importants, ils peuvent faire l’objet
d’une phrase similaire. Pour faciliter la rédaction, il est toléré d’indiquer une
méthode complémentaire, notamment statistique, non énoncée auparavant,
avec le résultat correspondant.

Exemple 5 (suite)
Extraits de la section « Résultats » : « Perméabilité primaire : La perméabilité pri-
maire des pontages directs est indiquée dans le Tableau VI. Elle était respective-
ment à 36 et 48 mois de 89,8 %. Pour les pontages croisés (Tableau VII) elle
était à 36 et 48 mois de 78,6 % et de 52 %. Cette différence est significative
(figure 3A) avec p < 0,05. Les 12 échecs primaires des pontages croisés se
répartissaient ainsi : sept occlusions, une sténose anastomotique et quatre sté-
noses de l’axe iliaque donneur. Les trois échecs primaires des pontages directs
étaient représentés par trois occlusions. Trois malades qui avaient une revascu-
larisation directe ont développé une sténose de l’axe iliaque controlatéral qui a
nécessité deux dilatations angioplastiques et une revascularisation complémen-
taire qui n’a pas affecté la perméabilité primaire de ces pontages.
Perméabilité secondaire : La perméabilité secondaire des pontages directs a été
à 36 et 48 mois de 92,9 % (Tableau VIII). La perméabilité secondaire des pon-
tages croisés a été à 36 et 48 mois de 93,6 % (Tableau IX). Cette différence
n’est pas significative (Figure 3B). Parmi les trois occlusions des pontages directs,
trois ont été thrombectomisées avec succès. Parmi les 12 échecs primaires des
pontages croisés, une sténose fémorale et quatre sténoses de l’axe iliaque don-

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Approches didactiques

neur ont été dilatées et quatre des sept occlusions prothétiques ont été throm-
bectomisées avec succès.
Complications générales et locales : Les complications générales ont été plus
fréquentes chez les malades ayant eu une revascularisation directe que chez
ceux ayant eu une revascularisation croisée. Cette différence n’est pas significa-
tive (Tableau X). Parmi les malades qui avaient eu une revascularisation directe,
un malade est décédé d’un infarctus du myocarde et trois malades ont eu une
insuffisance respiratoire aiguë postopératoire qui a nécessité une intubation de
plus de 24 h.
À l’opposé, les complications locales ont été significativement plus fréquentes au
niveau du triangle de Scarpa dans les revascularisations croisées (Tableau XI)
avec 10 complications dont 4 hématomes, 4 lymphocèles et 2 infections dont
1 infection prothétique. Dans les revascularisations directes, une lymphocèle a
été mise en évidence et un malade a fait une éviscération. »
(Extrait de : AURC, et al. Ibid.)
Proposition pour le résumé
« La perméabilité primaire des pontages directs était respectivement à 36 et
48 mois de 79 et 52 % (p < 0,05). Pour la perméabilité secondaire, cette diffé-
rence n’était pas retrouvée (92,9 % à 48 mois pour les pontages directs contre
93,6 % pour les pontages croisés). Dans le groupe revascularisation directe, il y
a eu un peu plus de complications générales, et dans le groupe revascularisation
croisée, un peu plus de complications locales (différences sans signification sta-
tistique). »

Huitième élément : la conclusion principale


Il s’agit de repérer, dans la discussion, la conclusion principale des auteurs. Elle
peut être exprimée sous la forme d’une phrase indiquant la portée du résultat
principal ou d’une implication pratique importante. Elle peut être complétée
par l’évocation d’une limite notable ou d’une recommandation précise. Cette
conclusion ne doit pas faire l’objet de plus de deux phrases du résumé.

Exemple 5 (suite)
Dernier paragraphe de la discussion : « Dans cette étude, les techniques chirur-
gicales utilisées pour les revascularisations directes et croisées ont donné des
résultats comparables. Dans les revascularisations croisées, le pontage fémoro-
fémoral, qui nécessite un abord des deux artères fémorales communes au trian-
gle de Scarpa, expose cependant à plus de complications locales que le pontage
croisé iliofémoral. Les bons résultats de nos revascularisations directes aorto- ou
iliofémorales unilatérales sont comparables à ceux obtenus par Couch et al. [15]
et Kalman et al. [8], et justifient tout à fait le principe des revascularisations
directes unilatérales quand il existe une oblitération ou une sténose iliaque non

43
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S’entraîner à la LCA. Médecine et chirurgie vasculaires

dilatable. Les pontages croisés nous paraissent donc devoir être réservés aux
malades à risque, en surveillant l’évolutivité ultérieure de l’axe iliaque donneur.
Cette stratégie thérapeutique pourra cependant évoluer rapidement en fonction
des progrès des techniques chirurgicales endovasculaires. »
(Extrait de : AURC, et al. Ibid.)
Proposition pour le résumé
Les pontages croisés nous paraissent donc devoir être réservés aux malades à
risque, en surveillant l’évolutivité ultérieure de l’axe iliaque donneur.

Réponse à des questions spécifiques


Ces questions spécifiques correspondent à la deuxième partie d’une épreuve de
lecture critique. Elles peuvent porter sur des objectifs pédagogiques qui sont
rassemblés en six groupes 7 (identifier l’objet et la question ; critiquer les
méthodes ; critiquer la présentation des résultats ; critiquer l’analyse des résul-
tats et la discussion ; évaluer les applications cliniques ; critiquer la forme de
l’article) susceptibles d’évoluer. Dans l’outil synoptique de lecture critique
(affiche couleur), ces objectifs pédagogiques sont indiqués en chiffres arabes
dans l’avant-dernière colonne. Pour répondre à une question, l’étudiant doit
rechercher l’information correspondante dans une ou plusieurs sections de
l’article et repérer les grandes erreurs méthodologiques remettant en cause la
crédibilité d’une étude (tableau 3).

Questions concernant l’étude


Un étudiant doit savoir identifier l’objet de l’étude (objectif pédagogique
[OP] 1), soit dans le titre, soit à la lecture de l’objectif. Cet objet peut être
l’étude d’une intervention (thérapeutique ou de prévention), l’étude d’un test
diagnostique ou de dépistage, une étude pronostique ou une étude étiologique
(souvent appelées de manière limitative « étude épidémiologique »). À partir
de la formulation de l’objectif, l’étudiant doit être capable d’identifier la ques-
tion posée par les auteurs (OP 2).
Dans les méthodes, l’étudiant doit être capable d’identifier les caractéristi-
ques de la population étudiée (OP 3) et d’analyser les modalités de sélection
(OP 4), y compris les critères d’inclusion et d’exclusion. Ces analyses doivent
aussi porter sur la description des sujets effectivement inclus, au début des
résultats. Dans les études thérapeutiques, la lecture des méthodes doit aussi
analyser la technique de randomisation (OP 5). À partir des méthodes et des

7. Par le conseil scientifique du Centre national des concours d’internat.

44
2-01.qxp 25/04/2006 11:17 Page 45

Approches didactiques

résultats, il faut aussi pouvoir discuter la comparabilité des groupes (OP 6),
tels qu’ils ont été sélectionnés, et repérer d’éventuelles techniques statistiques
(assortiment, appariement, stratification, standardisation, modélisation) qui
auraient permis de rendre les groupes comparables pour l’analyse statistique.
Enfin, l’étudiant doit, dans les méthodes, vérifier que le choix des effectifs a
reposé sur un calcul de la taille d’échantillon nécessaire (OP 7). Cette recher-
che doit être complétée par une analyse complète des effectifs à toutes les éta-
pes de l’étude, depuis l’éligibilité jusqu’aux résultats, pour garantir que les
effectifs sont identifiables dans tout l’article.
L’étudiant doit aussi vérifier la cohérence des méthodes avec la question
posée (OP 8), notamment le fait que le schéma d’étude puisse effectivement
apporter une réponse à la question posée. Dans l’exposé des méthodes statisti-
ques et des résultats principaux, il doit vérifier la cohérence des analyses statis-
tiques avec la question posée (OP 9), notamment le fait que les analyses prin-
cipales consistent à rapporter l’estimation de paramètres informatifs. Il faut
aussi discuter l’interprétation des analyses statistiques, en notant l’absence de
discussion de la précision des estimations ou les interprétations qui se concen-
trent sur la signification statistique. Il faut enfin vérifier le respect des règles
d’éthiques (OP 10), concernant le consentement libre et éclairé des sujets, la
confidentialité des données et l’anonymat.
Dans les méthodes, l’étudiant doit savoir repérer et juger de la nature et de la
précision des critères de jugement (OP 13), à partir des définitions et des
modalités de mesure des variables principales (effet attendu dans les études
thérapeutiques ; tests évalué et de référence dans les études diagnostiques ;
marqueurs et événements prédits dans les études pronostiques ; exposition aux
facteurs de risque et survenue de la maladie dans les études étiologiques).
La lecture des différents éléments méthodologiques déjà évoqués doit per-
mettre à l’étudiant de relever les biais liés à des défauts dans la sélection des
sujets (OP 4 et 5), la mesure des variables principales (OP 13) ou la compara-
bilité des groupes (OP 6). Dans la discussion, l’étudiant doit repérer si les
auteurs ont discuté de manière objective et complète ces limites méthodologi-
ques.
À partir des résultats présentés, l’étudiant doit savoir discuter la signification
statistique en termes de fluctuations d’échantillonnage (OP 16). Il doit notam-
ment savoir faire référence au seuil de signification défini par les auteurs et
tempérer les conclusions sur des résultats non significatifs quand les petits
effectifs ne garantissent pas une puissance statistique suffisante. L’étudiant doit
aussi savoir utiliser la signification statistique pour discuter la signification cli-
nique (OP 17). La signification clinique résulte de la disponibilité de résultats
informatifs, de l’importance de l’efficacité observée (thérapeutique) ou de la

45
2-01.qxp

Tableau 3. Objectifs pédagogiques de l’épreuve de lecture critique des épreuves classantes nationales et erreurs à rechercher

46
pour répondre aux questions
Objectif pédagogique*
25/04/2006

No Intitulé Points** Quelques erreurs possibles


1 Identifier l’objet 1, 7, 8 Formulation pas claire, ni dans le titre, ni dans l’objectif
11:17

2 Identifier la question 7, 8 Formulation pas claire dans l’objectif


Plusieurs questions non hiérarchisées
Page 46

3 Identifier la population 11, 21, 22 Critères d’inclusion et d’exclusion pas clairs


Population pas pertinente pour la question
Indication pas pertinente (thérapeutique)
Panorama incomplet de sujets (diagnostique/pronostique)
Début du suivi non précisé
4 Analyser la sélection 11, 12 Méthodes pas claires
Sélection différente dans une partie de la population
5 Analyser la randomisation 13 Randomisation non décrite (thérapeutique)
S’entraîner à la LCA. Médecine et chirurgie vasculaires

Fausse randomisation (thérapeutique)


6 Discuter la comparabilité 19, 21 Comparabilité des groupes non décrite
Pas d’ajustement statistique ou d’assortiment des groupes
7 Vérifier les effectifs 20, 21, 22 Absence de calcul de la taille d’échantillon nécessaire
Sorties d’études pas rapportées ou pas décrites
Effectifs variant d’un résultat à l’autre
Puissance statistique faible due à un effectif trop petit
8 Vérifier la cohérence des méthodes 9, 10, 22 Schéma d’étude pas clair
Schéma d’étude pas cohérent avec l’objet de l’étude
Analyse pas faite en intention de traiter (thérapeutique)
2-01.qxp

Tableau 3. Suite
Objectif pédagogique*
25/04/2006

No Intitulé Points** Quelques erreurs possibles


9 Vérifier la cohérence des analyses statistiques 18, 24 Méthodes statistiques pas claires
11:17

10 Vérifier le respect des règles éthiques 10 Règles éthiques pas discutées


Consentement non demandé
11 Analyser les tableaux et figures 26, 27, 28 Tableaux et figures illisibles ou inutiles
Page 47

Titres insuffisamment précis


Tableaux et figures mal appelés dans le texte
Redondance entre texte et tableaux ou figures
12 Vérifier les nombres 23, 24, 26, 27, 28 Distributions pas décrites ou sans indice de dispersion
Décimales trop nombreuses ou variables
Pas d’explication des valeurs zéro ou manquantes
13 Discuter les critères de jugement 16, 17 Variables principales pas définies ou pas standard
Variables principales mal mesurées
Absence de procédures d’insu
14 Relever les biais 12, 13, 16, 17, 19, Absence de discussion des limites méthodologiques
22, 23, 29 Extrapolation trop large par rapport à la population étudiée
(cf. erreurs des objectifs 4, 5, 6, 7 et 13)
15 Vérifier la discussion 29, 30 Opinions non argumentées
Citation insuffisante de la littérature
Citation de littérature non pertinente pour la question posée
16 Discuter la signification statistique 20, 24 Ne pas indiquer le seuil de signification
Multiplier les tests statistiques sans ajustement

47
Approches didactiques
2-01.qxp

Tableau 3. Suite

48
Objectif pédagogique*
25/04/2006

No Intitulé Points** Quelques erreurs possibles


17 Discuter la signification clinique 15, 20, 24, 25 Conclusion forte mais efficacité faible (thérapeutique)
Absence de discussion des conséquences des erreurs de
11:17

prédiction (diagnostique/pronostique)
Pas de discussion du rôle de la prévalence (diagnostique)
Signification statistique mais effet faible ou pas pertinent
Page 48

18 Vérifier la réponse à la question 18


Discordance entre résultats, limites et conclusions
(cf. éléments de réserve discutés pour les autres objectifs)
19 Vérifier les conclusions 25, 29, 32
20 Indiquer le niveau de preuve 32 Cf. tableau 4

21 Discuter les décisions médicales 15, 24 Résultats sans signification clinique réelle
Modalités pratiques de l’innovation pas décrites
S’entraîner à la LCA. Médecine et chirurgie vasculaires

22 Identifier la structure IMRD 4 à 31 Erreurs dans le contenu et l’ordre de l’introduction (I),


des méthodes (M), des résultats (R) et de la discussion (D)
23 Analyser les références 33, 34, 35 Références trop anciennes
Références non accessibles
Références incomplètes
24 Analyser le titre 1, 2 Titre pas assez spécifique ou trop long

* Tels que définis par le conseil scientifique du Centre national des concours d’internat.
** Dans l’outil synoptique de lecture critique (cf. affiche couleur).
2-01.qxp 25/04/2006 11:17 Page 49

Approches didactiques

force de la prédiction (diagnostique ou pronostique) ou de l’association entre


facteur de risque et maladie (étiologique) et de la pertinence de l’innovation
proposée en termes d’avantages pour le patient. En interprétant les significa-
tions statistique et clinique des résultats, l’étudiant peut ainsi vérifier que les
résultats apportent une réponse à la question annoncée par les auteurs (OP 18)
et vérifier que les conclusions sont justifiées par les résultats (OP 19). Ces der-
nières vérifications doivent intégrer les réserves éventuelles liées aux biais évo-
qués plus haut.
À partir des éléments critiques recueillis précédemment, l’étudiant doit être
capable d’indiquer le niveau de preuve de l’étude (OP 20), selon la grille de
l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (tableau 4). Un
niveau de preuve trop bas, l’absence de description de l’innovation ou une fai-
ble signification clinique doivent faire discuter les décisions médicales que les
auteurs suggèrent (OP 21).

Tableau 4. Niveaux de preuves, selon l’Agence française d’accréditation et d’évalua-


tion en santé*
Niveau Type d’étude
Fort Protocole adapté pour répondre au mieux à la question posée
Réalisation effectuée sans biais majeur
Analyse statistique adaptée aux objectifs
Puissance statistique suffisante
Intermédiaire Protocole adapté pour répondre au mieux à la question posée
Anomalies mineures ou puissance statistique insuffisante
Faible Autres études
* Adapté de : Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé. Guide d’analyse de la
littérature et gradation des recommandations. Paris : Anaes ; 2000.

Questions concernant la forme de l’article


La critique de la forme peut porter sur la structuration de chaque partie de
l’étude, sur la clarté de chaque élément ou sur le style de rédaction. Chaque fois
que les éléments d’une réponse à une question concernant l’étude (section pré-
cédente) ne sont pas retrouvés, ou sont retrouvés ailleurs qu’aux endroits où le
lecteur devrait les retrouver, l’étudiant doit en prendre note.

49
2-01.qxp 25/04/2006 11:17 Page 50

S’entraîner à la LCA. Médecine et chirurgie vasculaires

Ainsi, l’étudiant doit savoir identifier la structure IMRD (Introduction,


Méthodes, Résultats, Discussion) ainsi que la bonne organisation et le carac-
tère complet de chaque section (OP 22). Les éléments correspondants sont
ceux évoqués dans la première partie de ce chapitre.
Dans les résultats, l’étudiant doit savoir analyser les tableaux et les figures
(OP 11) : tableaux et figures doivent être lisibles, avoir des titres explicites sur
leur contenu et l’étude ; ils doivent être appelés à bon escient dans le texte et
toujours apporter de l’information utile. Le texte les commentant doit être suc-
cinct. L’étudiant, en complément des questions portant sur l’objectif pédagogi-
que 9 (voir plus haut), doit savoir vérifier la présentation des nombres
(OP 12) ; notamment il doit savoir dire si les indices de dispersion sont des
valeurs extrêmes, des quantiles, des écarts types ou des variances et si l’impré-
cision des estimations correspond à des intervalles de confiance ou des erreurs
types du paramètres.
L’étudiant doit pouvoir vérifier la logique de la discussion (OP 15) qui doit
comporter tous les éléments évoqués dans la première partie de ce chapitre. Il
doit aussi pouvoir reconnaître ce qui découle des résultats de l’étude (les résul-
tats sont évoqués mais pas détaillés ou répétés), ce qui relève des données de la
littérature (la phrase doit être complétée par au moins une référence) et ce qui
est une opinion des auteurs (qui doit être clairement argumentée).
L’étudiant doit savoir analyser les références (OP 23) quant à leur caractère
récent, leur présentation selon les normes évoquées dans la première partie de
ce chapitre et le fait qu’elles soient toutes facilement accessibles. L’étudiant doit
aussi savoir analyser le titre (OP 24), quant à son caractère concis et spécifi-
que, permettant de reconnaître l’objet de l’étude, voire la question posée.
Enfin, l’étudiant doit savoir reconnaître les erreurs de style :
défauts de précision (oubli d’éléments clés, résultats non quantifiés…) ;
défauts de clarté (abréviations ou termes techniques non définis, expressions
émotionnelles…) ;
défauts de concision (répétitions, détails sur des éléments non pertinents…).

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