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David Hume: Traité de la nature humaine

De l’amour et de la haine

Bonjour à toutes et à tous, aujourd’hui je vais vous parler de David Hume,


vous initier à sa philosophie et vous présenter sa pensée au sujet des émotions,
plus particulièrement celles de l’amour et de la haine.
Voici donc le plan que je vais suivre: Pour commencer, je parlerai de David
Hume, sa vie, sa philosophie et le contexte historique qui l’entoure.
Pour continuer, je contextualiserai le passage dans l'œuvre du Traité de la nature
humaine, et j’exposerai la problématique du texte, la thèse que soutient le
philosophe et les thèmes qu’il aborde.
Ensuite j’analyserai l’extrait qui m’a été distribué et j'essaierai de rendre compte
du discours du philosophe, en le simplifiant au maximum pour faciliter sa
compréhension tout en rapportant tous les éléments nécessaires à cette
dernière.
Ensuite, je conclurai cette présentation en résumant les points clés de l’analyse
et en rappelant le cheminement de pensée de Hume.
Pour finir, je vous partagerai mon opinion au sujet du philosophe, de sa
philosophie, de sa thèse et de ses arguments.

Commençons donc par David Hume. Il s’agit d’un philosophe, écrivain,


économiste et historien écossais du XVIIIe siècle, né en 1711 et mort en 1776.
Il est également l’un des principaux fondateurs de l’empirisme, un
ensemble de théories philosophiques qui basent les croyances et les
connaissances de l’Homme sur ses expériences sensibles.
David Hume s’inspire également d’une des formes du scepticisme, bien
que soutenant une philosophie lui étant opposée, en traitant un sujet avec son
contraire, pour tirer des caractéristiques communes, parvenir à trouver leurs
différences et en tirer leurs définitions.
Le philosophe s’inscrit dans la philosophie des Lumières. Cette
philosophie provient d’un mouvement culturel, intellectuel, littéraire et
humaniste qui combat lui aussi le scepticisme. Il rentre en opposition à
l'irrationnel et se bat contre l’obscurantisme et les oppressions religieuses.
Durant cette période, où l’on reconsidère l’Homme, on cherche à savoir ce qui
est vrai, à déterminer les choses réelles.

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Poursuivons avec la contextualisation de l’extrait dans l'œuvre.
Ce dernier se situe dans l’essai philosophie du Traité de la nature humaine,
publié en 1739-1740, où il traite de la conscience et de la perception, en passant
par les émotions. C’est dans le deuxième des trois livres, Les passions, plus
précisément dans la partie deux de ce dernier, intitulé De l’amour à la haine, que
se situe notre extrait. C’est dans cet extrait que Hume parlera de l’amour et de la
haine, qu’il cherchera à définir ces passions en tirer leurs caractéristiques et
leurs origines.
La problématique que nous pouvons donc poser est la suivante: Comment
se manifestent et s'expliquent l’amour et la haine? Donc quelles sont les
caractéristiques et les conditions d’apparition de ces passions.
La thèse que défend le philosophe est la suivante: Ces passions se
manifestent à l’encontre d’un objet pensant et extérieur à nous, lorsqu’ une cause
existe, et s’explique par la présence de la sympathie. Cette thèse s'affinera après
l’analyse de son raisonnement.
Les thèmes importants abordés, les mots principaux et les concepts avec
lesquels le philosophe jonglera au fil de son analyse sont, naturellement, l'amour
et la haine, mais aussi l’orgueil et l’humilité, la sympathie et la compassion,
l’estime et le mépris, la bienveillance et la colère.

Attaquons-nous maintenant à l’extrait. Il commence par définir le concept


de l’objet. Il s’agit donc de la chose vers laquelle sont destinées les passions, ici
étant une chose pensante, un être sensible extérieur à nous. Hume dément
l’amour-propre en expliquant qu’on ne peut pas éprouver une émotion de la
sorte à son encontre, car il ne s’agit pas de la même émotion naissante que lors
de l’amour d’un ami ou d’une maitresse. Idem pour la haine de soi, de ses actions
ou de ses fautes qu’on ne peut éprouver, selon Hume, qu’à cause des offenses
d’autrui. Ici pour l’amour et la haine, à l’inverse de l’orgueil ou de l’humilité qui
ont très clairement pour objet nous-même, ont pour objet un être extérieur. Les
objets sont inconscients et ne permettent pas à l’inverse de l’orgueil et de
l’humilité d’être saisi par la conscience. (§1)
Ensuite le philosophe explique que l’objet n’est pas suffisant pour faire
naître la passion, il y a obligatoirement une cause. Cette cause ne peut pas être
la même que l’objet car l’amour et la haine étant opposés dans la sensation, s’ils
ont un objet commun, ce dernier produirait donc à la fois l’amour et la haine à un
degré égal et donc ces passions s'autodétruiraient instantanément, démontrant
alors que leur cause ne provient pas de l’objet. (§2)

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Hume cherche donc à définir les causes, mais peine, car ces dernières ont
trop peu de points communs et sont très diverses. Il y a des causes
intellectuelles comme la vertu, l’intelligence ou l’esprit ou leurs inverses; des
causes physiques comme la force, la rapidité ou la beauté ou leurs inverses; et
des causes extérieures comme les origines, la famille, la richesse, les vêtements
ou leurs contraires. Pour définir ces causes et donc établir leurs caractéristiques
communes, Hume proposera une définition plus générale des causes. Le plaisir
crée l’amour et la gêne crée la haine. Ces causes doivent tout de même être, elles
aussi, liées à des être pensants. Hume explique ceci en disant que la beauté et la
laideur ne produisent ni amour ni haine sur des objets inanimés; que la vertu et
le vice ne font naître aucune de ces deux passions si on les considère
abstraitement; et que la pauvreté et la richesse ne produisent elles non plus ces
passions sur une tierce personne. (§3-4)

Cependant, maintenant que le philosophe a posé les bases, il cherchera à


affiner sa définition. C’est dans cette optique qu’il introduit la notion de relation
de l’objet à nous. L’auteur prend comme exemple un carré et traite l’amour et la
haine avec deux autres paires de passions contraires, l’orgueil et l’humilité. Il tire
donc un trait entre l’amour et la haine et entre l'orgueil et l’humilité. Puis un
autre trait entre l’amour et l’orgueil, car étant tous deux des sentiments
agréables, et entre la haine et l’humilité, car étant tous deux des sentiments
désagréables. Hume affirme que: “rien ne peut produire ces passions sans
soutenir avec elle une double relation”. La première de ces relations est la
relation d’idée, qui sous-entend une relation d’appartenance ou un rapport à
l’objet que nous avons ou qu’une personne que nous connaissons a. La deuxième
de ces relations est la relation d’impression, qui se définit comme l’idée agréable
ou désagréable que l’on a d’un objet. (§8-9)

Pour prouver la nécessité de ces deux relations, le philosophe va suivre la


méthode empiriste et prouver sa thèse au travers de quatre expériences
sensibles.

Dans la première expérience, Hume et un inconnu regardent un objet


quelconque, ne possédant aucun lien avec les deux hommes, il n’y a aucune
relation d’idée et ne possédant aucune appréciation sur cet objet, il n’y a aucune
relation d’impression. Il est évident qu’aucune passion ne naîtra pour cet objet.
(§11)

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Dans la deuxième, Hume et un inconnu regardent un objet ayant une
relation d’idée seule, donc ayant un rapport ou une appartenance à l’un des deux
individus. Malgré le calme secret que procure à l’esprit la contemplation d’un
objet connu, il ne fait lui non plus naître aucune passion, car cette relation
d’idée, sans aucune relation d’impression, donne une impulsion égale vers deux
passions opposées, qui s’annulent donc instantanément et nous laissent le choix
de toutes affections. Il n’y a donc aucune naissance de passion. (§12)

Dans la troisième, Hume et un inconnu regardent un objet ayant une


relation d’impression seule. Cet objet est donc agréable ou désagréable. Bien que
ce dernier ne produise pas deux passions opposées de forces égales, le simple
petit penchant pour une passion au lieu de l’autre ne suffit pas à produire un
sentiment fort et vivace ou ferme et durable, car l’objet, sans relation d'idée, n'a
aucun lien ou connection avec nous. Ici non plus, aucune passion ne naît.(§13)

Puis, dans la dernière expérience, Hume et un ami visitent un pays qui n’a
aucune relation avec l’un des deux individus, il ne peut donc être ni la cause
immédiate de l’amour ou de l'orgueil, mais uniquement un simple épanchement
d’une disposition noble plutôt qu’une réelle passion.(§14)

Hume a donc prouvé par les expériences sensibles que pour créer une
passion il faut une cause concernant un être pensant, un objet extérieur à soi qui
obéit à la relation d’idée et la relation d’impression. Ces relations sont
essentielles à la formation d’une passion. Le sujet ne peut donc pas s’en passer.

Cependant, pour continuer à expliquer le fonctionnement des passions, le


philosophe dit que la raison et la bonne fois peuvent aider à atténuer les
passions, sans pour autant les supprimer.
Hume prend alors l’exemple suivant: Si quelqu’un veut nous nuire mais
pour l’équité et la justice n’attire pas sur lui toute notre colère si nous raisonnons
et sommes conscient de nos fautes. Ici le philosophe expose alors le
raisonnement comme moyen d’atténuer ces passions. (§16)

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Il prend cependant un autre exemple pour prouver que les passions ne
peuvent être supprimées est le suivant: Lors d’un procès, peu de criminels,
même s’ils savent qu’ils sont en tort peuvent s’empêcher d’avoir de la
malveillance à l'encontre du juge. Ici Hume démontre que les passions, tirées de
l’inconscient, ne peuvent disparaître. (§17)

Il est temps d’introduire le concept originel et essentiel de toutes les


passions: la sympathie, que l’on peut définir comme une contagion affective d’un
individu permettant de percevoir les sentiments de l’autre. (§18)
Son argument est le suivant: “Nous ne pouvons former de souhait sans
qu’il n’y ait pas de références à la société”, autrement dit l’humain encore plus
que l’animal a besoin de l’autre pour se sentir valorisé et donc pouvoir émettre à
son tour des jugements de valeur comme la haine ou l’amour. Quelles que soient
ces passions, elles n’ont aucune force si l’on devait s’abstenir des pensées et des
sentiments d’autrui, expliquant pourquoi cette sympathie est le principe qui
anime toutes les passions. Cette sympathie donne naissance au mépris et à
l’estime. Hume argumentera ces propos avec plusieurs exemples. (§19)
Un de ces exemples est le suivant: Lorsqu’un ami nous montre sa belle
maison, nous ressentons aussi de la joie, car notre sympathie nous partage ses
sentiments et nous éprouvons donc sa satisfaction (§20)
Un autre serait: Une peinture évoquant des formes non équilibrée est
désagréable car elle communique des idées de dommages et de souffrances,
idées pénibles quand elle acquiert de la force et de la vivacité à cause de la
sympathie (§21)
Un dernier pourrait être: Une personne belle est, par exemple, l’apparence
de santé et une structure de membres qui nous laissent entrevoir une bonne
force et une bonne activité.Cette idée de beauté est donc elle aussi expliquée par
la sympathie. (§23)
Nous avons donc vu que la sympathie est à l’origine de toutes nos passions
et qu'elle permet leur création. Ainsi, l'esprit des hommes fonctionne en miroir
et ils réfléchissent mutuellement leurs émotions, expliquant par exemple la
sensation de honte que l’on éprouve lorsque quelqu’un est honteux, malgré le fait
que lui-même ne vive pas ce sentiment. C’est grâce à la sympathie que d'autres
sentiments secondaires dont nous allons parler plus tard naissent. Elle permet
une diversité de sentiments provenant d’une même passion. Dans ces
sentiments secondaires, dérivés de l’amour et de la haine , nous trouvons par
exemple la bienveillance et la colère.

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Le philosophe explique le principe suivant: l’amour amène la
bienveillance, une aversion de malheur et un désir de bonheur pour la personne
aimée; la haine amène la colère, une aversion pour le bonheur et un désir de
malheur pour la personne haïe. (§25-26)
Hume essaye d’expliquer cette conjonction entre désir et aversion en
émettant l’hypothèse que les passions ont peut-être en plus d’un objet et d’une
cause, un but. Mais finira par s’éloigner de cette hypothèse car d’une part ils ne
sont pas les seuls sentiments qui découlent de ces passions et d’autre part la
Nature aurait pu changer la sensation du bonheur et du malheur sans changer la
tendance du désir et de l’aversion. De plus les passions peuvent s’exprimer de
nombreuses manières et subsister pendant un long moment sans que nous
réfléchissions au bonheur ou au malheur de leurs objets.(§26-27)

Pour finir, Hume utilise la sympathie pour définir d’autres passions, liées à
la haine et l’amour. La pitié est un intérêt que nous prenons au malheur d'autrui
par sympathie car nous mettant à sa place, la souffrance de quelqu’un devient
notre souffrance. Ce principe marche grâce à la sympathie, même sur de parfaits
étrangers. Elle dépend entièrement de l’imagination, de l'image qu’on se fait
d’une situation en nous mettant à la place d’autrui. (§28-30)
Il en va de même pour la compassion, sentiment très lié à la pitié que
Hume définit comme provenant d’une sympathie partiale, c’est-à-dire d’une
sympathie qui voit ses objets que d’un seul côté sans considérer l’autre et n’ayant
donc pas un effet contraire qui détruirait l’émotion à sa première apparition.
(§31)

En conclusion, nous avons parcouru tous les arguments permettant à


Hume d’identifier l’origine des deux passions et leurs caractéristiques, offrant
alors l’accès à une définition de ces dernières. Pour que la passion de l’amour ou
de la haine voit le jour il faut donc réunir un objet, une personne pensante
extérieur à moi qui obéit aux deux relations (celles d’idée et celle d’impression),
une cause, le plaisir ou la gêne, qui est liée à un être pensant extérieur à moi et la
sympathie qui crée cette passion et empêche la création simultané de deux
passions opposées. De ces deux passions découleront ensuite pleins de
sentiments et d’affections, trouvant eux aussi leurs origines dans la sympathie.
Hume a alors parfaitement posé les bases des passions, leurs trouvant une
définition, des caractéristiques communes et expliquant leurs origines.

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Je vais donc pour terminer cette analyse vous partager mes impressions,
positives comme négatives sur l’extrait et sur la thèse que défend Hume
Les bons points du texte sont une très bonne définition des passions,
s’attaquant vraiment à l’essentiel tout en étant précise au maximum, un
ensemble cohérent et pertinent, des facteurs nécessaires à la définition bien
détaillés, des expériences claires et indiscutables dans l’ensemble, permettant
une belle mise en valeur de l’optimisme, et surtout une philosophie expliquant le
besoin des autres, merveilleuse dans sa considération de l’Homme et la nature
de ce dernier.
Les moins bons points sont une prise en compte des présupposés
obligatoires, comme lorsque ce dernier affirme que la cause de l’amour est le
plaisir, si l’on n’admet pas cette cause, alors on ne peut pas continuer le texte.
Cet exemple soulève parfois un certain manque d’argumentation ou en tout cas
d’une argumentation trop faible, car Hume ne nous argumente jamais le fait que
la cause de passion est le plaisir, c’est à prendre ou à laisser, entraînant donc une
remise en question des propos de l’auteur un peu trop fréquentes. Pour critiquer
l’empirisme, je dirai qu’il y a certaines de nos connaissances que nous ne
pouvons pas acquérir par les sens seuls. Je prend l'exemple de l’air invisible,
imperceptible si l’on ne savait pas grâce à la science qu’il est omniprésent et
vital. Je peux aussi prendre une situation ou j’ai l’impression de toucher mon
bureau, alors qu’il n’y a jamais un vrai contact au niveau atomique.
Cependant, la philosophie de Hume m’a beaucoup plu, je la trouve
complète et intéressante. Il n’est pas compliqué d’adapter l’empirisme au monde
d'aujourd'hui, la majorité des connaissances s'acquiérant par les sens. J’aime
aussi beaucoup, la nécessité d’autrui pour ressentir des passions, elle véhicule un
beau message d'entraide, d'amour et de soutien dans la nature humaine en plus
de sembler extrêmement cohérente. Après avoir étudié Hume, sa vie, sa
philosophie et cet extrait du Traité de la nature humaine, je suis convaincu par
les propos du philosophe et espère avoir été suffisamment clair pour
transmettre ma compréhension de l’extrait ainsi que mon avis à travers ma
présentation.

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