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De l’amour et de la haine
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Poursuivons avec la contextualisation de l’extrait dans l'œuvre.
Ce dernier se situe dans l’essai philosophie du Traité de la nature humaine,
publié en 1739-1740, où il traite de la conscience et de la perception, en passant
par les émotions. C’est dans le deuxième des trois livres, Les passions, plus
précisément dans la partie deux de ce dernier, intitulé De l’amour à la haine, que
se situe notre extrait. C’est dans cet extrait que Hume parlera de l’amour et de la
haine, qu’il cherchera à définir ces passions en tirer leurs caractéristiques et
leurs origines.
La problématique que nous pouvons donc poser est la suivante: Comment
se manifestent et s'expliquent l’amour et la haine? Donc quelles sont les
caractéristiques et les conditions d’apparition de ces passions.
La thèse que défend le philosophe est la suivante: Ces passions se
manifestent à l’encontre d’un objet pensant et extérieur à nous, lorsqu’ une cause
existe, et s’explique par la présence de la sympathie. Cette thèse s'affinera après
l’analyse de son raisonnement.
Les thèmes importants abordés, les mots principaux et les concepts avec
lesquels le philosophe jonglera au fil de son analyse sont, naturellement, l'amour
et la haine, mais aussi l’orgueil et l’humilité, la sympathie et la compassion,
l’estime et le mépris, la bienveillance et la colère.
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Hume cherche donc à définir les causes, mais peine, car ces dernières ont
trop peu de points communs et sont très diverses. Il y a des causes
intellectuelles comme la vertu, l’intelligence ou l’esprit ou leurs inverses; des
causes physiques comme la force, la rapidité ou la beauté ou leurs inverses; et
des causes extérieures comme les origines, la famille, la richesse, les vêtements
ou leurs contraires. Pour définir ces causes et donc établir leurs caractéristiques
communes, Hume proposera une définition plus générale des causes. Le plaisir
crée l’amour et la gêne crée la haine. Ces causes doivent tout de même être, elles
aussi, liées à des être pensants. Hume explique ceci en disant que la beauté et la
laideur ne produisent ni amour ni haine sur des objets inanimés; que la vertu et
le vice ne font naître aucune de ces deux passions si on les considère
abstraitement; et que la pauvreté et la richesse ne produisent elles non plus ces
passions sur une tierce personne. (§3-4)
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Dans la deuxième, Hume et un inconnu regardent un objet ayant une
relation d’idée seule, donc ayant un rapport ou une appartenance à l’un des deux
individus. Malgré le calme secret que procure à l’esprit la contemplation d’un
objet connu, il ne fait lui non plus naître aucune passion, car cette relation
d’idée, sans aucune relation d’impression, donne une impulsion égale vers deux
passions opposées, qui s’annulent donc instantanément et nous laissent le choix
de toutes affections. Il n’y a donc aucune naissance de passion. (§12)
Puis, dans la dernière expérience, Hume et un ami visitent un pays qui n’a
aucune relation avec l’un des deux individus, il ne peut donc être ni la cause
immédiate de l’amour ou de l'orgueil, mais uniquement un simple épanchement
d’une disposition noble plutôt qu’une réelle passion.(§14)
Hume a donc prouvé par les expériences sensibles que pour créer une
passion il faut une cause concernant un être pensant, un objet extérieur à soi qui
obéit à la relation d’idée et la relation d’impression. Ces relations sont
essentielles à la formation d’une passion. Le sujet ne peut donc pas s’en passer.
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Il prend cependant un autre exemple pour prouver que les passions ne
peuvent être supprimées est le suivant: Lors d’un procès, peu de criminels,
même s’ils savent qu’ils sont en tort peuvent s’empêcher d’avoir de la
malveillance à l'encontre du juge. Ici Hume démontre que les passions, tirées de
l’inconscient, ne peuvent disparaître. (§17)
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Le philosophe explique le principe suivant: l’amour amène la
bienveillance, une aversion de malheur et un désir de bonheur pour la personne
aimée; la haine amène la colère, une aversion pour le bonheur et un désir de
malheur pour la personne haïe. (§25-26)
Hume essaye d’expliquer cette conjonction entre désir et aversion en
émettant l’hypothèse que les passions ont peut-être en plus d’un objet et d’une
cause, un but. Mais finira par s’éloigner de cette hypothèse car d’une part ils ne
sont pas les seuls sentiments qui découlent de ces passions et d’autre part la
Nature aurait pu changer la sensation du bonheur et du malheur sans changer la
tendance du désir et de l’aversion. De plus les passions peuvent s’exprimer de
nombreuses manières et subsister pendant un long moment sans que nous
réfléchissions au bonheur ou au malheur de leurs objets.(§26-27)
Pour finir, Hume utilise la sympathie pour définir d’autres passions, liées à
la haine et l’amour. La pitié est un intérêt que nous prenons au malheur d'autrui
par sympathie car nous mettant à sa place, la souffrance de quelqu’un devient
notre souffrance. Ce principe marche grâce à la sympathie, même sur de parfaits
étrangers. Elle dépend entièrement de l’imagination, de l'image qu’on se fait
d’une situation en nous mettant à la place d’autrui. (§28-30)
Il en va de même pour la compassion, sentiment très lié à la pitié que
Hume définit comme provenant d’une sympathie partiale, c’est-à-dire d’une
sympathie qui voit ses objets que d’un seul côté sans considérer l’autre et n’ayant
donc pas un effet contraire qui détruirait l’émotion à sa première apparition.
(§31)
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Je vais donc pour terminer cette analyse vous partager mes impressions,
positives comme négatives sur l’extrait et sur la thèse que défend Hume
Les bons points du texte sont une très bonne définition des passions,
s’attaquant vraiment à l’essentiel tout en étant précise au maximum, un
ensemble cohérent et pertinent, des facteurs nécessaires à la définition bien
détaillés, des expériences claires et indiscutables dans l’ensemble, permettant
une belle mise en valeur de l’optimisme, et surtout une philosophie expliquant le
besoin des autres, merveilleuse dans sa considération de l’Homme et la nature
de ce dernier.
Les moins bons points sont une prise en compte des présupposés
obligatoires, comme lorsque ce dernier affirme que la cause de l’amour est le
plaisir, si l’on n’admet pas cette cause, alors on ne peut pas continuer le texte.
Cet exemple soulève parfois un certain manque d’argumentation ou en tout cas
d’une argumentation trop faible, car Hume ne nous argumente jamais le fait que
la cause de passion est le plaisir, c’est à prendre ou à laisser, entraînant donc une
remise en question des propos de l’auteur un peu trop fréquentes. Pour critiquer
l’empirisme, je dirai qu’il y a certaines de nos connaissances que nous ne
pouvons pas acquérir par les sens seuls. Je prend l'exemple de l’air invisible,
imperceptible si l’on ne savait pas grâce à la science qu’il est omniprésent et
vital. Je peux aussi prendre une situation ou j’ai l’impression de toucher mon
bureau, alors qu’il n’y a jamais un vrai contact au niveau atomique.
Cependant, la philosophie de Hume m’a beaucoup plu, je la trouve
complète et intéressante. Il n’est pas compliqué d’adapter l’empirisme au monde
d'aujourd'hui, la majorité des connaissances s'acquiérant par les sens. J’aime
aussi beaucoup, la nécessité d’autrui pour ressentir des passions, elle véhicule un
beau message d'entraide, d'amour et de soutien dans la nature humaine en plus
de sembler extrêmement cohérente. Après avoir étudié Hume, sa vie, sa
philosophie et cet extrait du Traité de la nature humaine, je suis convaincu par
les propos du philosophe et espère avoir été suffisamment clair pour
transmettre ma compréhension de l’extrait ainsi que mon avis à travers ma
présentation.