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Philosophie - Lamarque
Philosophie - Lamarque
Nicolas Cattaneo
Introduction
Première partie
Dans le but d’introduire son sujet, Peter Lamarque nous décrit une scène de la pièce
Othello, le Maure de Venise de William Shakespeare : cette scène nous décrit le moment ou
Othello, pris d’une folle jalousie, tue sa femme qui se trouve sur son lit, clamant son
innocence. Lamarque insiste sur les sentiments que nous éprouvons à ce moment de la
pièce, à savoir la colère et la pitié que ne procure l’atrocité et l’horreur de celle-ci.
À la suite de cette description, il se posera les questions suivantes : ressentons-nous de la
peur et de la pitié ? Est-ce que ce sont de vraies émotions ? Comment cela pourrait être
possible, alors que nous savons que nous assistons à une fiction ?
Il commence son argumentation en nous exposant le paradoxe sur les croyances. En effet,
celui-ci met en opposition un adulte faisant preuve de raison et les réponses d’ordre
émotionnel. Le premier cas implique que l’adulte ne sera pas absorbé par la fiction, car il est
au courant de l’état fictionnel de celle-ci. Ainsi, le deuxième cas implique une réponse
d’ordre émotionnel comme la peur ou la pitié. Dans le but d’approfondir le sujet des
croyances, Lamarque met en lumière la tension entre trois croyances distinctes. La première
est la croyance au sujet de la nature de la fiction, la deuxième est la croyance nécessaire à
l’explication de nos émotions au sujet de la fiction et la troisième est la croyance du réel ou
de l’irréel. Cette dernière croyance implique un glissement entre croyance et fiction ainsi
qu’en parallèle le glissement des émotions aux objets des émotions. Lamarque termine cette
argumentation en se posant la question suivante : a quoi réagissons-nous quand nous
craignons un personnage et quand nous avons de la pitié pour un autre ?
Afin de poursuivre son argumentation, Lamarque expose la thèse de Kendall Walton qui est
la suivante : les personnages d’une fiction peuvent avoir une certaine affection sur nous.
Cependant, nous ne pouvons pas affecter un personnage fictionnel. Par exemple, l’histoire
tragique D’Hippolyte dans Phèdre peut nous affecter de tristesse, de pitié ou autre, mais
nous ne pouvons pas affecter Hippolyte de ces émotions. Ce phénomène est la fracture
logique entre monde réel et monde fictionnel.
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La thèse de Kendall Walton se poursuit avec l’étude de cette fracture logique, qui va mettre
en évidence deux intéractions entre le monde réel et le monde fictionnel. La première est
l'interaction physique, qui a pour caractéristique une barrière logique qui nous empêche de
toucher les personnages et qui les empêche de nous toucher. La deuxième interaction est
psychique. Celle-ci a pour caractéristique une barrière plus facile à franchir. Effectivement,
d’après Walton les émotions sont ressenties dans un monde fictionnel ce qui a pour
conséquence que nous ne sommes pas réellement effrayés et donc que nous ressentons de
“quasi-émotions”.
Dans l’objectif de construire sa thèse, Lamarque s’oppose à celle de Walton. De ce fait,
Lamarque avance une thèse selon laquelle nous devons faire entrer les personnages
fictionnels dans le monde réel afin de montrer que nous interagissons psychologiquement
dans le monde réel. En somme, si cette thèse est correcte, alors nous sommes réellement
effrayés ou émus.
Deuxième partie
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reprenons l’exemple de l’espace. Je peux être terrifié par la pensée qu’on m’envoie sur la
lune bien que la probabilité que cela arrive est nulle. Le quatrième point est le fait que nous
ressentons de réelles émotions et non des "quasi-émotions".
Pour continuer, Lamarque continue son opposition à la thèse de Walton. En effet, Walton
avance que Charles, un personnage fictif, ne ressent pas la peur en regardant une fiction en
conséquence de ses croyances. Argument que Lamarque contredira en disant que Walton
ne montre pas que Charles a peur. Puis, Walton affirme que Charles n’a pas le
comportement (il n’appelle pas la police.) ce que Lamarque contredira en disant que Charles
est au courant que l’entité n’existe pas et que celui-ci a le comportement manifeste pour
quelqu’un qui est effrayé par la pensée d’une entité. En somme, les représentations
mentales sont les causes de nos émotions indépendamment de nos croyances.
Troisième partie
Pour poursuivre son argumentation Lamarque, se pose les questions suivantes : “Comment
les contenus de pensée sont-ils dérivés des fictions ?” Et “Comment les contenus de pensés
sont-ils identifiés ? ” Pour y répondre Lamarque avance que le monde fictionnel est une
dérive des contenus descriptifs des œuvres fictionnelles ainsi le caractère fictionnel est la
force avec laquelle le contenu est conforme aux conventions. Cependant, l’auteur n’affirme
pas que le contenu est véridique et le lecteur ne croit pas en sa vérité, mais l’imagine
comme vrai.
Ensuite, Lamarque parle de deux perspectives : celle interne, qui est ce à quoi le nom fait
référence dans le monde réel et qui est l’ensemble des qualités qui correspondent au
contenu descriptif et à celle interne, qui est ce à quoi le nom fait référence de la monde
fictionnel et cela s’applique à des personnes, à leur destin tragique ce qui a pour
conséquence d’être l’intérêt de notre imagination. En effet, la description fait partie du
monde réel et la référence au personnage fait partie du monde fictionnel. Donc, ce qui
reprend la fracture logique.
Cinquième partie
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Dans l’appendice, le philosophe nous fait part de deux objections. La première, de Kendall
Walton, explique que “dans les cas où les spectateurs prétendent être “effrayés”, par
exemple par un film d’horreur, les pensées ne sont pas des candidats plausibles comme
objet de peur”. La seconde objection est de Bijoy Boruah. Selon lui, les émotions ressenties
lors d’une fiction ne sont pas dirigées vers un personnage fictionnel particulier, mais elles ont
pour objet “quelque chose dont la caractérisation peut se faire en termes généraux”.
Lamarque contredira ces objections dans la première et la deuxième partie de son texte.
Lors du deuxième paragraphe, Lamarque nous démontre que les émotions sont bien réelles
et non des quasi-émotions. Il prend “ pour prémisse que Charles “ joue un jeu de simulation
”. Il s’imagine donc lui-même face au monstre. L’imagination suite à ce jeu peut provoquer
une réelle peur. En effet, la réaction automatique à la peur est la fuite, et lors de ce jeu, la
fuite prend comme forme le fait d’interrompre son imagination en pensant à autre chose.
Suite à cela, Lamarque va différencier “ce par quoi il [Charles] est effrayé : c’est la cause de
la peur, et, ce dont il s’effraie : le contenu intentionnel de la peur. Ce qui effraie réellement
Charles est la pensée d’être dévoré par le monstre tandis que ce dont il est effrayé est, c’est
le monstre imaginé.
Lamarque poursuit son raisonnement en nous parlant des prédispositions, qui rendent les
choses plus ou moins effrayantes selon l’appréciation de chacun.
Dans son quatrième paragraphe, Peter Lamarque corrige à nouveau Walton sur un point
bien précis. Un homme ayant des problèmes cardiaques n’aura pas peur du contenu de sa
pensée (le monstre), comme l’affirme Walton, mais de “l’acte de penser au monstre”.
Lamarque soulève deux questions dans les paragraphes cinq et six : quel est le véritable
enjeu et comment comprendre les paroles de Charles lorsqu’il dit qu’il a peur du monstre ?
Pour la première interrogation, il en conclut que l’enjeu concernant les émotions se situe
dans la limite que peut atteindre le jeu de simulation. Lorsque l’on imagine un monstre nous
dévorer, plusieurs facteurs vont agir sur nos émotions : l’engagement imaginatif, les
prédispositions à être effrayé par un monstre et la limite de ce jeu.
Il poursuit donc avec la deuxième interrogation. Selon lui, la phrase “le monstre me fait peur”
est un abus de langage. Il s’agit simplement d’une idée mal exprimée, Charles devrait, pour
être précis dans son énoncé, dire que le monstre fictionnel lui fait peur. Dans le dernier
paragraphe de cette partie, Lamarque démontre qu’il ne faut ni croyance, ni existence pour
faire ressentir des émotions.
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Durant la deuxième partie, Lamarque répond à l’objection de Bijoy Boruah, qui pense que
nos émotions n’ont pas comme objet un personnage précis d’une fiction, mais un objet plus
général. Lamarque nous explique donc la particularité d’une fiction. Si nous prenons Harry
Potter comme exemple, sa particularité tient de notre imagination ; nous acceptons ce récit
comme vrai. Il appelle cela la perspective interne. Il ajoute à cela que nous n’avons pas
d’émotion pour Harry Potter, mais pour nos pensées dont l’objet est Harry Potter.
L’universalité d’une œuvre est donc très importante, afin que chacun s’approprie la fiction en
question. Suite à l’imagination d’Harry Potter, nous pouvons réfléchir à sa situation de
manière plus globale. Il s’agit donc d’un retour au monde réel, comparer la situation d’Harry
Potter à notre situation ou celle de la société nous englobant.
Lors de la troisième partie, Lamarque distingue deux émotions : les émotions que nous
éprouvons pour nous-même (la situation de Charles) et les émotions que nous éprouvons
pour un personnage fictionnel (Candide, observant un monde cruel d’un œil naïf). Il
mentionne, au moyen de citations d’Aristote, la symétrie entre peur et pitié, deux émotions
semblables sur de nombreux points.
Une tragédie est selon lui plus universelle qu’une fiction quelconque en raison des
similitudes entre les personnages fictionnels et les spectateurs. Il conclura sa partie
argumentative en expliquant que la peur et la pitié passe par l’imagination, et que
contrairement à ce qu'affirme Walton, il s’agit de vraies émotions. Lorsque l’on lit Candide,
nous éprouvons une certaine pitié, en imaginant ce jeune homme perdu dans un monde
dont il n’imagine pas la cruauté. L’émotion n’est donc pas générale. Néanmoins, avec un
travail de réflexion sur sa situation et une certaine sympathie humaine, nous pouvons
ressentir une émotion dont l’objet est plus général. On se sent trahi par ce monde et donc
faible.
Lamarque termine son texte citant deux opinions divergentes du XVIIIe siècle. Dr Johnson,
ne croit pas en l’empathie imaginative du publique, il est donc externaliste. À son opposé,
William Kenrick ne pense pas que l’on distingue le vrai du faux lorsque l’on est plongé dans
une fiction. Il est donc internaliste. Lamarque dit être le juste-milieu et se situer entre ces
deux pensées.
Selon nous, le texte de Lamarque est une excellente réponse à la question des émotions et
des fictions. L’efficacité de son argumentaire face à la philosophie de Walton est très
convaincante. Néanmoins, il n’aborde pas, selon nous, pas suffisamment certains aspects.
Premièrement, le fait que les personnes ressentent des émotions différentes et à différents
degrés face à une œuvre est selon lui une question de prédispositions. Il n’approfondit pas
plus que cela et il serait intéressant de le faire. De plus, lors de fictions, notre état
émotionnel peut changer du tout au rien en très peu de temps. Se pose alors la question de
la vitesse à laquelle nous construisons et déconstruisons ce monde imaginé habité par les
personnages de fiction. En effet, ce point n’est pas non plus précisément abordé et la
question est, selon nous, tout à fait légitime.